James Mason (1909-1984)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Profondo Rosso
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Re: Notez les films naphtas - janvier 2011

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Le Septième Voile de Compton Bennett (1945)

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Une nuit d'été Francesca Cunningham, autrefois pianiste mondialement renommée, s'échappe de sa chambre d'hôpital et tente de se suicider en sautant d'un pont. Elle est sauvée et ramenée à l'hôpital où elle suit une thérapie avec le Dr Larsen. Celui-ci veut absolument connaître les évènements et les personnes qui l'ont conduite à attenter à sa vie.

The Seventh Veil est un des film les plus populaire et célébré du cinéma britannique, son mélange puissant de mélodrame, romance et psychanalyse n'ayant rien perdu de sa force. La séquence d'ouverture happe d'emblée dans ce tourbillon d'émotions exacerbée lorsqu'une jeune patiente s'évade de sa chambre d'hôpital pour se suicider en se jetant d'un pont. Sauvée de justesse, elle est prise en main par le Docteur Larsen (Herbert Lom) qui va chercher à savoir ce qui l'a conduite à ce geste. Ce dernier a une théorie originale pour guérir les âmes tourmentées. A l'image de Salomé lors de sa célèbre danse, l'esprit humain dispose de sept voile dont il se délestera selon l'interlocuteur. A des amis proches trois ou quatre voiles peuvent être écartés, à un être aimé cela peut aller jusqu'au sixième voile mais il restera toujours le jardin secret et intime qu'est le septième voile. C'est pourtant bien ce septième voile que devra lever le Docteur Larsen s'il souhaite connaître la nature du ma de Francesca (Ann Todd).

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Le Septième Voile est un des premiers films (avec La Maison du Docteur Edwardes de Hitchcock sorti la même année) à user de la psychanalyse comme l'un des moteur dramatique d'une trame narrative et certains aspects pourront sembler lourds et démonstratifs (toute les longues tirades de Lom entre chaque grands tournant du récits où il explique les réactions de Ann Todd) au spectateur moderne mais le réel brio de Compton Bennett pour traduire cela visuellement et les performances des acteurs rendent le tout finalement très fluide. La preuve en est de la séquence d'hypnose qui amorce un long flashback jusqu'à l'adolescence de Francesca où un fondu enchaîné progressif (qui annonce les expérimentations de Mankiewicz dans Soudain l'été dernier) incruste le passé dans le présent, les éléments autour d'Ann Todd sur le divan s'estompant par un jeu sur la profondeur de champ séparant les deux mondes pour peu à peu pour donner corps à cette nouvelle réalité. Les nombreuses transitions en fondus enchaînés, les effets de montages s'accrochant à un objet d'une séquence à une autres et les ellipses constamment déroutantes appuie cet effet de rêve et de souvenir dans lequel on s'enfonce plus profondément. On découvre ainsi la jeune Francesca amenée à séjourner chez un oncle à la parenté vague suite à la mort de son père. Célibataire froid et distant, Nicholas (James Mason) ne prête guère attention à elle jusqu'au jour où il découvre ses exceptionnelles aptitudes au piano. Dès lors s'engage un apprentissage impitoyable destiné à en faire une artiste virtuose.

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La nature de leur lien devient trouble dans la manière impitoyable et autoritaire qu'à le tuteur d'écarter le premier prétendant sérieux de Francesca. James Mason tout en ambiguïté s'avère aussi bienveillant qu'inquiétant, délivrant de son timbre suave les saillies les plus cruelles et sa prestance nonchalante pouvant être brisée à tout moment par des élans de brutalité. Mais comme souvent avec lui la subtilité de l'interprétation est telle que le vrai sentiment caché par ses attitudes contradictoires n'est bientôt plus un secret. Ann Todd aussi à l'aise en jeune fille sautillante qu'en jeune femme torturée trouve là le rôle de sa vie. La nature involontairement autobiographique de son personnage soulève quelques moment d'une fulgurante intensité à son interprétation. Elle même fille d'un pianiste elle fut elle même destinée à une grande carrière de musicienne avant que son incapacité à se produire devant une audience ne stoppe net ce bel avenir. Deux scènes du film font écho à cette expérience personnelle, la première lorsque adolescente elle est punie de coup de bâton sur les mains par un professeur ce qu'il empêche d'être à son niveau lors d'une audition qu'elle va rater. La seconde est lors de son premier concert où terrassée par l'anxiété elle s'évanouit sur scène après sa performance. Toute les scène musicales sont d'ailleurs brillantes, le premier rapprochement entre Francesca et Nicholas au piano, le fameux premier concert où le lien musique/image se fait virtuose dans le montage porté par une Ann Todd possédée et également le concert au Albert Hall où le cadrage dévoile un Mason fier (et amoureux) en coulisse parallèlement à Francesca au sommet de son art face à son instrument sur du Rachmaninoff. La formation de Ann Todd lui permet d'ailleurs de jouer elle même de nombreux moments (les plan d'inserts trop virtuose étant eux assuré par la pianiste Eileen Joyce) accompagné par l'orchestre du London Philarmonic Orchestra pour l'occasion.

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Sans trop en dévoiler la nature du trouble de Francesca viendra du doute qu'un terrible évènement lui donnera sur sa capacité à jouer à nouveau. La dernière partie donne donc la part belle à Herbert Lom et à sa thérapie de guérison, où Francesca devra faire face à ses peurs et ses sentiments pour pouvoir pratiquer son art. Malgré le côté surexplicatif de cette touche psychanalytique elle distille l'émotion de manière inédite et forte car on a plus l'habitude de ce type d'artifices dans un thriller que dans un drame. La magnifique scène finale permet donc à une Francesca désormais apaisée et équilibrée d'ouvrir les yeux sur le seul homme où se confond son amour pour la musique et celui de son coeur de femme. Le Septième voile est levé. Le film est un succès immense l'un des plus grand du cinéma anglais avec 18 millions d'entrée et recvra l'Oscar du scénario pour son originalité tandis que les carrière de Ann Todd et Herbert Lom seront lancées. Quant à James Mason c'est une performance mémorable de plus au compteur et parmi ses plus reconnues. 5/6

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Ann Harding
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Re: James Mason (1909-1984)

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Spring and Port Wine (1969, Peter Hammond) avec James Mason, Diana Coupland, Hannah Gordon et Susan George

Rafe Crompton (J. Mason) est à la tête de quatre enfants, la plupart déjà grands. Mais il gére la famille avec une autorité sans faille. Un jour, sa fille cadette, Hilda (S. George) refuse le hareng qu'on lui sert au dîner...

Avec ce film tourné à Bolton dans le Lancashire, James Mason retrouve ses racines. Celui qu'en France on considère comme la quintessence de l'anglais distingué à l'accent Oxbridge (contraction de Oxford et Cambridge) était en fait né dans le Yorkshire, à Huddersfield. Avec de telles origines, il devait avoir un accent épais comme du porridge. Etant donné que l'accent du nord vous classe automatiquement parmi la working class, il a dû sans aucun doute travailler d'arrache pied pour s'en débarrasser. Ici, il retrouve l'ambiance du nord de l'Angleterre, cette région industrielle et minière. Il reprend du même coup son accent du nord pour un rôle de paterfamilias qui terrorise toute sa famille. Son épouse acquiesce à tous ses commandements et ses enfants doivent contribuer financièrement à la maintenance du ménage. Personne n'ose élever la voix face à lui. Son fils aîné n'ose même pas fumer une cigarette en sa présence. Mais, nous sommes à la fin des années 60 et les enfants vont demander plus d'indépendance. La première à se rebeller est Hilda, la fille cadette. Elle refuse catégoriquement d'avaler le hareng frit préparé par sa mère. Le père demande que le plat lui soit représenté jour après jour jusqu'à ce qu'elle l'avale. Cet incident va révéler les frustrations de toute la famille face à ce tyran domestique. Le scénario écrit par Bill Naughton, l'auteur d'Alfie, nous plonge avec minutie dans l'univers de cette époque de transition au sein d'une famille traditionnelle de la classe ouvrière. On prend son tea, qui en fait un repas complet accompagné de thé, au retour du travail, en famille. L'intrigue est mince, mais met en lumière les contradictions de ce paterfamilias. James Mason est parfait dans ce rôle atypique dans sa carrière. Il se révèle à la fin comme un père aimant, qui cachait sous une autorité cassante, une vraie bonté. Il y a une vraie chaleur humaine dans cette description de la vie des gens du nord. On peut imaginer que l'auteur y décrit probablement une expérience vécue. Ce n'est pas à proprement parler un film social, mais plutôt une tranche de vie. Un film qui permet de découvrir James Mason sous un autre jour.
Le DVD Z2 UK Optimung Home Releasing n'a pas de sous-titres. Attention: l'accent du nord n'est pas toujours facile à comprendre!
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Ann Harding
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Re: James Mason (1909-1984)

Message par Ann Harding »

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The Wicked Lady (1945, Leslie Arliss) avec Margaret Lockwood, Patricia Roc, James Mason et Griffith Jones

Au XVIIè siècle, Barbara Worth (M. Lockwood) arrive chez sa cousine Caroline (P. Roc) pour assister à son mariage avec Sir Ralph Skelton (G. Jones). Mais, celui-ci s'éprend de la belle Barbara et l'épouse. Barbara s'ennuit rapidement dans sa nouvelle vie. Elle devient bandit de grand chemin pour le plaisir...

Cette production Gainsborough fut l'un des plus gros succès du cinéma britannique des années 40. Margaret Lockwood est indissociable de ce film en costumes où elle joue une anti-héroïne sans concession: elle est infidèle, elle ment, elle tue et elle vole. On ne pourrait pas imaginer une créature à l'âme plus noire que la sienne. Les scénaristes peuvent laisser libre court à leur imagination et ignorer la censure: c'est un film qui se déroule au XVIIè siècle. Margaret Lockwood porte des robes avec de profonds décolletés (censurés en Amérique) et elle entend vivre sa vie comme elle l'entend. Elle commence par voler le fiancé de sa cousine Caroline avec une série de mensonge et de roueries. Elle n'éprouve rien pour lui, mais il est riche. Malheureusement, la vie à la campagne lui pèse. Suite à une partie de cartes où elle a perdu une broche auquelle elle tenait, elle se transforme en bandit de grand chemin. Habillé en homme, masque sur le visage, elle attaque les carosses et diligences pistolet au poing. Elle ne le fait pas tant par appât du gain que pour l'excitation qu'elle en retire. Le film suggère que son époux falot ne lui apporte pas la satisfaction sexuelle qu'elle espérait. Elle se tourne donc vers une vie de crime pour compenser. Mais, en chemin, elle rencontre un autre bandit, Jerry Jackson (J. Mason) qui devient son amant. A eux deux, ils attaquent diligences et voyageurs. Elle mène cette double vie durant un certain temps: Lady marié au magistrat du coin le jour, voleuse et criminelle la nuit. Mais, elle n'hésitera pas à éliminer toute personne qui se mettra sur son chemin. Elle empoisonne un domestique qui a découvert sa duplicité (avant de l'étouffer avec un oreiller pour l'achever!) et dénonce son amant lorsqu'il lui est infidèle. James Mason est un superbe bandit qui conserve certains principes alors que sa complice n'en a aucun. Il joue brillamment son capitaine Jackson aimé des femmes et craint de tous. Margaret Lockwood n'est pas une très grande actrice. Mais, avec ce rôle, elle devient l'archétype de la créature criminelle et calculatrice, à la fois sensuelle et venimeuse. Malgré des rebondissements parfois tirés par les cheveux, le film est extrêmement divertissant et on prend un plaisir coupable en suivant le parcours criminel de l'héroïne.
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Le DVD Z2 UK est de très belle qualité et comprend des ST anglais.
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Re: James Mason (1909-1984)

Message par Federico »

Les personnages de Lockwood et Mason de ce Wicked Lady ressemblent beaucoup au duo infernal qu'ils interprétèrent deux ans auparavant dans le somptueux The man in grey, non ?
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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Ann Harding
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Re: James Mason (1909-1984)

Message par Ann Harding »

Bien sûr, Gainsborough Pictures exploitait la veine des films en costumes avec Lockwood et Mason dans les rôles de méchants. Wicked Lady est un grand classique en GB. A l'époque où le Museum of the Moving Image existait, on pouvait admirer le costume d'homme de Lockwood en vitrine.
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Ann Harding
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Re: James Mason (1909-1984)

Message par Ann Harding »

J'ajoute ce film au topic réservé à Mason bien qu'il n'ait qu'un rôle secondaire. En tout cas, c'est un excellent film.

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The High Command (1937, Thorold Dickinson) avec Lionel Atwill, Lucie Mannheim, Steven Geray, Leslie Perrin et James Mason

En 1921, en Irlande, le major général Sangye (L. Atwill) se retrouve sous le feu des partisans irlandais. Son chauffeur est tué. Il reste seul avec le Major Challoner (Philip Strange) et il le tue car il a épousé la femme qu'il aimait. 16 ans plus tard, en Afrique de l'ouest, Sangye est à la tête d'une colonie pénitentiaire. Il se retrouve face au Major Carson (L. Perrin) qui a les preuves qu'il est coupable du meurtre commis en 1921...

Le réalisateur de ce film, Thorold Dickinson est un nom oublié du cinéma anglais. Pourtant, cet ancien monteur devenu réalisateur avait tout autant de talent qu'Asquith, Powell ou Hitchcock. Il a réalisé peu de films, mais on trouve parmi eux le superbe Gaslight (1940) et une superbe adaptation de Pouchkine Queen of Spades (1949). Cet High Command nous offre une vision des colonies britanniques qui n'a rien de romantique. La pochette du DVD semble suggérer un film de guerre classique avec des batailles et de l'action. En fait, le film ne nous emmène jamais au coeur de l'action. Mais, il nous fait découvrir la vie des officiers et des coloniaux anglais en Afrique de l'ouest à travers le personnage central du Major General Sangye. Lors du prologue, il a tué un de ses officiers suite à un conflit personnel. En effet, celui-ci avait épousé la femme qu'il aimait qui était enceinte de lui. Il profite d'une escarmouche pour se débarrasser de lui. Le Major Carson qui a autopsié le corps a trouvé la balle qui l'a tué. Il sait donc que Sangye est probablement coupable, mais il ne fait rien. Lorsque nous retrouvons ces différents personnages au Nigeria, les années ont passées, mais cette affaire reste en mémoire de Carson. Petit à petit, un faisceau d'intrigues de développe. La femme d'un riche industriel colonial, Diana Cloam (jouée par Lucie Mannheim, l'épouse de l'acteur Marius Goring) a des aventures avec de jeunes officiers. Son époux est d'une jalousie maladive. Tout cela donne de la vie coloniale une vision guère reluisante, et probablement plus proche de la réalité que les films triomphants qui innondaient les écrans. Mais, ce qui retient aussi l'attention, c'est l'évolution du personnage de Sangye. Au premier abord, il est antipathique. C'est un officier imbu de sa personne et qui ne recule pas devant le meurtre. Mais, la fin du film apporte presque un retournement complet de sentiments à son égard. Dickinson fait preuve d'un sens visuel remarquable dans les cadrages et la composition. On n'est pas du tout face à un film de série à la réalisation statique. Et le montage montre le grand talent de Dickinson, à l'égal d'un Lean. Lionel Atwill, le spécialiste des rôles de méchant fait une superbe composition. Dans un second rôle, on reconnaît un tout jeune James Mason au visage alongé. Un excellent film qui permet de redonner la place qu'il mérite à un grand cinéaste britannique.
(Pas de ST sur le DVD.)
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Re: James Mason (1909-1984)

Message par blaisdell »

Lord Henry a écrit :Robert Parrish disait à qui voulait l'entendre que James Mason était le plus grand acteur de cinéma au monde.
Personne ne s'étonnera que je partage le même avis..

Top 10 dans le désordre,sachant qu'il y a pas mal de ses classiques que je n'ai pas vu à ce jour (les Carol Reed et plus de souvenir de A star is born):
1.La mort aux trousses
2.Lolita
3.L'affaire Cicéron
4.Derrière le miroir
5.Jules César
6.20 000 lieues sous les mers
7.Voyage au centre de la terre
8.Pandora
9.The deadly affair
10.Le verdict

Je reviendrai très vite sur sa carrière, et notamment sa période 1965-1984 où on va le voir jouer dans pas mal de coproductions européennes improbables notammentKill de Romain Gary, dont la scène finale est l'une des plus ridicules de l'histoire du cinéma.
Mais contrairement à un Kirk Douglas il reviendra régulièrement dans de grands films et de belles prestations:Mandingo, Croix de fer, Le piège ou Le verdict de Lumet qui lui vaudra une nomination à l'oscar peu de temps avant sa disparition.

Ceci dit, sa prestation dans le Gengis Khan d'Henry Levin, ça a l'air d'être quelque chose !
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Re: James Mason (1909-1984)

Message par blaisdell »

Ann Harding a écrit :Image
Spring and Port Wine (1969, Peter Hammond) avec James Mason, Diana Coupland, Hannah Gordon et Susan George
Film qui a l'air effectivement très intéressant, avec en plus l'actrice des Chiens de paille !
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Re: James Mason (1909-1984)

Message par blaisdell »

Le renard du désert (1951) de Henry Hathaway.
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Biographie du maréchal Rommel assez biscornue dans le fond comme dans la forme.
La scène d'ouverture consiste en l'attaque d'un QG allemand dans le désert mais une scène similaire m'avait paru nettement mieux filmée dans Amère victoire de Nicholas Ray.
Ensuite un soldat allié nous raconte son admiration pour Rommel et son désir de retrouver sa trace via sa famille et ses proches après la guerre.
Enfin, le film passe à une description plus classique des épisodes saillants de la vie du maréchal jusqu'à son suicide forcé et alterne stock-shots et scènes filmées par Hathaway.
Malgré quelques décors un peu tocs et une esthétique forcément moins homogène que dans Le jardin du diable, c'est du professionnalisme à la Hathaway.

Sur le fond, il s'agit d'un portrait très élogieux qui nous est présenté, celui d'un homme raisonné face à un fou, Adolph Hitler.
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Rommel avait déjà été incarné par Erich Von Stroheim dans Les cinq secrets du désert de Wilder.
James Mason lui ressemble sans doute moins mais peu importe:
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Mais peu importe: Mason réussit totalement à donner l'image d'un Rommel chevaleresque voulu par les concepteurs du film. Pas sûr que le "renard du désert" ait été dans la vraie vie un tel humaniste.
La part belle est donnée à l'opération Walkyrie, attentat contre Hitler qui sera évoqué dans bien d'autres films.
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Après tout peu importe, sa composition est des plus convaincantes, sa voix et son regard blessé font merveille.
Pas non plus de pittoresque germanique à la Gert Frobe pour citer le cas le plus extrême.
Après tout l'Anglais était souvent le méchant (cf Spartacus de Kubrick) dans le ciné hollywoodien.
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En tous cas James Mason-Rommel reviendra dans les rats du désert et l'acteur rempilera en tant qu'officier de l'armée allemande dans les rares productions américaines choisissant le point de vue du Reich: Le crépuscule des aigles de Guillermin (film se déroulant en 14-18 mais où il se fera la même tête que dans le Hathaway) et Croix de fer de Peckinpah.

Par conséquent, un film qui n'est pas un chef-d'oeuvre absolu mais se révèle franchement intéressant et fondamental dans la carrière de James Mason.
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Re: James Mason (1909-1984)

Message par bogart »

blaisdell a écrit :Le renard du désert (1951) de Henry Hathaway.
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En tous cas James Mason-Rommel reviendra dans les rats du désert et l'acteur rempilera en tant qu'officier de l'armée allemande dans les rares productions américaines choisissant le point de vue du Reich: Le crépuscule des aigles de Guillermin (film se déroulant en 14-18 mais où il se fera la même tête que dans le Hathaway) et Croix de fer de Peckinpah.
Le crépuscule des aigles est un film que je revois avec grand plaisir, notamment pour ses séquences aériennes. Et puis, c'est un des rares rôles où Ursula Andress révèle autre chose que sa beauté.
blaisdell a écrit :
Par conséquent, un film qui n'est pas un chef-d'oeuvre absolu mais se révèle franchement intéressant et fondamental dans la carrière de James Mason.
Je possédais ce film en VHS dans la collection "Fnac et j'en conserve plutôt un bon souvenir même si James Mason a eu des rôles plus marquants.
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Re: James Mason (1909-1984)

Message par Music Man »

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LES PIANOS MECANIQUES (Los pianos mecánicos) de JA BARDEM - ESPAGNE - 1965
Avec Melina MERCOURI, Hardy KRUGER, James MASON, Renaud VERLEY, Didier HAUDEPIN et Maurice TEYNAC

Vincent, un jeune parisien, se rend à Caldeva(1), un petit village espagnol, pour y passer des vacances. Il est reçu par Pascal Reignier, écrivain désabusé et alcoolique. Il s'éprend de Jenny, une quadragénaire propriétaire d'un bar branché...

Adaptation du roman éponyme de Henri-François Rey (Prix Interallié en 1962), Les pianos mécaniques bénéficie d’une belle distribution internationale. JA Bardem, auréolé par ses réussites des années 50 (mort d’un cycliste et grand rue) était alors un cinéaste très prestigieux et le film sera même sélectionné pour le festival de Cannes…où il sera très froidement accueilli.
Je n’ai pas été touché par les peines de cœur et le mal de vivre de cette petite communauté d’intello blasés, qui noient peines, déceptions et tout leur fric dans l’alcool, et trompent leur ennui en couchant avec le premier venu. J’avoue que les vicissitudes de ce genre de microcosme a du mal à m’émouvoir, quelle que soit la qualité intrinsèque du film. Certes, le film est bien mis en scène et on suit les heurts et malheurs des gens friqués de ce très joli St Tropez espagnol car les acteurs ont du charisme (Melina Mercouri en tête) et que la réalisation est fluide, mais on n’y croit pas vraiment. James Mason incarne le romancier toujours ivre, Hardy Kruger un jeune homme, protégé d’un vieil homosexuel, tenté par une aventure avec une femme qui pourrait être sa mère. Encore aurait-il fallu un peu de folie et d’outrance pour faire décoller le tout (la dolce vita de Fellini).Cela dit, ça reste très honnête et c’est loin d’être une catastrophe , comme j’ai pu le lire ailleurs.
(1) En fait, le film est tourné à Cadaques
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blaisdell
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Re: James Mason (1909-1984)

Message par blaisdell »

Pour la petite histoire, James Mason devait retrouver son ami Bardem et le rôle du capitaine Némo, qu'il avait immortalisé dans le 20000 lieues sous les mers de Fleischer, dans la mémorable adaptation par l'ORTF de L'île mystérieuse que Bardem co-réalisera en 1973 avec Henri Colpi.
Hélàs les retrouvailles n'eurent pas lieu et c'est Omar Sharif qui reprendra avec talent le rôle du capitaine du Nautilus.
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Re: James Mason (1909-1984)

Message par Music Man »

blaisdell a écrit :Pour la petite histoire, James Mason devait retrouver son ami Bardem et le rôle du capitaine Némo, qu'il avait immortalisé dans le 20000 lieues sous les mers de Fleischer, dans la mémorable adaptation par l'ORTF de L'île mystérieuse que Bardem co-réalisera en 1973 avec Henri Colpi.
Hélàs les retrouvailles n'eurent pas lieu et c'est Omar Sharif qui reprendra avec talent le rôle du capitaine du Nautilus.
Ce que j'ai pu adorer ce feuilleton TV! :D
Il a aussi fait aussi l'objet d'une version condensée qui fut exploitée dans les salles de cinéma en 1973.
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Re: James Mason (1909-1984)

Message par Hitchcock »

Mon top James Mason (qui est en train de devenir mon comédien favori avec James Stewart) :
1. Lolita
2. La Mort aux Trousses
3. Huit Heures de Sursis
4. L'Affaire Cicéron
5. Une étoile est née
6. Pandora
7. Derrière le miroir
8. 20 000 lieues sous les mers
9. Les Désemparés / Caught
10. Le Septième Voile
Dernière modification par Hitchcock le 27 janv. 15, 08:53, modifié 1 fois.
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Re: James Mason (1909-1984)

Message par Jeremy Fox »

Hitchcock a écrit :Mon top James Mason (qui est en train de devenir mon comédien favori avec James Stewart) :
1. Lolita
2. La Mort aux Trousses
3. Huit Heures de Sursis
4. L'Affaire Cicéron
5. Une étoile est née
Je te rejoins totalement. 5 films que j'adore.
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