François Truffaut (1932-1984)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

les premiers films de Truffaut : le meilleur ?

Les 400 coups
57
41%
Tirez sur le pianiste
5
4%
Jules et Jim
9
7%
La peau douce
32
23%
Baisers volés
19
14%
Fahrenheit 451
6
4%
La mariée était en noir
10
7%
 
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Kiké
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Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Kiké »

Baisers Volés

On connait la genèse particulière de ce film, avec un Truffaut qui était occupé par d'autres événements et un scénario largement improvisé

Clairement, on ressent parfois ce côté brouillon devant "Baisers volés" : scènes inégales, et personnages qui apparaissent ou disparaissent de manière fort aléatoire.

Mais pourtant, malgré tout, cela reste un vrai Truffaut, et la magie finit par opérer. On finit par s'attacher à Doinel et à son éducation sentimentale.
A ce niveau-là, on peut retrouver la dualité entre un amour rationnel et passionnel, dans la lignée de monuments comme Vertigo ou Two Lovers.

J'ai trouvé très réussi la relation entre Doinel et Madame Tabard, qu'il décrit justement comme une "apparition". Mine de rien, cette relation est très touchante :
Spoiler (cliquez pour afficher)
la première rencontre dans le magasin de chaussure la nuit, filmée comme un rêve, avec une référence à Cendrillon ; le fameux génial quiproquo "vous aimez la musique, Antoine? - Oui, monsieur!" et le monologue de la dame dans la chambre du jeune garçon.
Truffaut a joliment cristallisé cette fascination masculine pour la femme inaccessible, 'irréelle'.

Par contre, j'ai plus de mal en ce qui concerne la relation avec Christine, même si je comprends bien sa fonction d'amour réel, authentique. Mon problème se situe
Spoiler (cliquez pour afficher)
dans la place que joue ce personnage, présent au début, disparaissant ensuite pour revenir comme un cheveu sur la soupe pour le final. Du coup, je ne crois pas trop au changement d'attitude de Doinel, je ne ressens pas la difficulté du choix comme je la ressens avec Scottie ou d'autres.
A part ça, j'ai bien aimé le personnage de Michael Londsale, et la thématique de l'espionnage a piqué ma curiosité : il y a l'espionnage réel, mais ça va plus loin : tout le monde s'espionne, se surveille, se juge. Le dernier monologue du film est
Spoiler (cliquez pour afficher)
celui d'un homme qui avoue avoir espionné Christine depuis le début, ce n'est sans doute pas innocent.
Mais je ne sais pas trop où Truffaut voulait en venir. A méditer!

Bref, pas mon Truffaut préféré, mais comme toujours, il me va droit au coeur.
You said it, man. Nobody fucks with the Jesus.
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kiemavel
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Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par kiemavel »

3 archives radiophoniques

Impromptu de vacances (1965) : 1h05 rediffusé dans le cadre des "nuits de France Culture". Pas de lien à part entière sur le site de la radio mais en écoute ou téléchargement sur itunes
Truffaut y évoque longuement son enfance et sa découverte du cinéma.

Au film des pages (1972) : 50 min
https://www.franceculture.fr/emissions/ ... =1&xtcr=10

L'invité du lundi (1975) : env. 3h
https://www.franceculture.fr/emissions/ ... p=1&xtcr=3
Des hauts et des bas dans ce très long entretien mais des choses passionnantes
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Jeremy Fox
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Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Jeremy Fox »

Ca y est ; le fait que tu ais remonté le topic et j'ai envie de voir du Truffaut. Je pense que je vais m'en faire un ce mois-ci du coup ; il faut que je poursuive la vision de mon coffret Blu-ray.
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Jeremy Fox
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Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Jeremy Fox »

La Femme d'à côté - 1981

Sur le papier, c'est le film de Truffaut qui aurait tout pour me plaire encore plus que les autres : un tournage dans ma vallée, une histoire de passion tragique, Gérard Depardieu, le thème musical le plus déchirant de Delerue, le cinéma français du début 80... Au final, même si je continue à le trouver très bon, j'ai du mal à ressentir la passion qui devrait l'animer pour la principale raison est que j'ai du mal à m'identifier au personnage principal dans sa relation passionnelle et destructrice avec Fanny Ardant. Non pas que l'actrice soit mauvaise mais j'avoue avoir du mal à y croire d'autant qu'au contraire je trouve Michème Baumgartner charmante. La construction un peu éclatée et les nombreuses ellipses ne m'aident pas plus à m'y accrocher trouvant paradoxalement que le film manque d'émotion et de sensualité. Bref un ressenti complètement subjectif -car j'ai souvent lu le contraire- car sinon la mise en scène est impeccable tout comme l'interprétation d'ensemble. Un bon film mais que j'aimerais tant encore plus apprécier.
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Thaddeus
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Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Thaddeus »

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Les 400 coups
Truffaut est un écorché vif, très imprégné du cinéma de ses pères tutélaires. La poésie surgit ici d’un style et d’une inspiration prosaïques ; la mise en scène, dynamique, fluide, se met en totale synchronisation avec la logique de son jeune héros, enfant refusé, ignoré par des parents qu’il encombre, et dont l’intensité, la spontanéité, la curiosité, les aspirations, les blocages affectifs, la solitude, l’esprit de révolte se heurtent constamment au besoin éperdu de tendresse et de reconnaissance. Du bonheur ou du malheur d’Antoine Doinel, comme de la part de vérité ou de fiction qu’il porte en lui, personne ne peut dire ce qu’ils sont. À la fois drôle et cruel, savoureux et touchant, frais et triste, ce très beau premier film apporte à chaque plan la certitude qu’un auteur s’y exprime à la première personne. 5/6
Top 10 Année 1959

Tirez sur le pianiste
Faits avec des bouts de ficelles, éclairé en lumière naturelle, mixant un humour à la Queneau et une sorte de lyrisme féérique hérité de Cocteau, le film constitue le parfait compagnon d’À Bout de Souffle. Il s’agit en effet de la première lettre d'amour du cinéaste à la série noire américaine, subvertie par un tout un jeu de décalages colorés, mi-burlesques mi-poétiques, et par la description pittoresque d'un milieu parisien relevant autant du folklore que de la notation sociologique. D'un collier de situations cocasses ou dramatiques, Truffaut extrait une impression tenace de tragédie en sourdine, brodant autour d'Aznavour, anti-héros timide et fiévreux, de beaux portraits féminins, dans l'innocence romantique (Marie Dubois, fragile et gouailleuse) ou dans la sensualité (Michèle Mercier et ses seins). 4/6

Jules et Jim
D’un argument assez scabreux, Truffaut tire une œuvre à la pureté harmonieuse et à la douceur totale. Pudeur, célébrité, audace, prétéritations, prose sèche et faux romantisme stendhalien : tout ici est dans le mouvement, celui des ombres qui passent sur les visages, des courses à vélo dans la campagne, des années qui filent, des parties de dominos jamais finies et toujours recommencées. À la fois hymne à la vie et danse des morts, le film parvient à faire sentir ensemble la palpitation au présent de l’amour et la mélancolie d’un temps révolu, d’une histoire déjà passée. Libre, aérienne, rapide comme le tourbillon de la chanson de Jeanne Moreau, cette œuvre magique, véritablement touchée par la grâce, emporte les plans et le récit dans une course tragique, tendue vers un terme inéluctable, mais avec la légèreté d’un papillon. 6/6
Top 10 Année 1962

La peau douce
Truffaut décide alors de réaliser dans l’urgence un film qu’il veut indécent, complètement impudique, assez triste mais très simple. Son style se fait sec, découpé, bien plus tranchant que dans le précédent opus, pour répondre à l’angoisse nerveuse du protagoniste. Il tire d’un banal drame adultérin une autopsie conjugale grave et inquiète, aux accents de tragédie, qui traduit avec une sincérité glacée son mal-être face à la reconnaissance, à la routine bourgeoise et à l’hypocrisie de la société française vis-à-vis du couple. Par son centrage des visages et des objets, sa diffusion d’une morbidité latente dans la réalité banale, son inquiétante étrangeté, son implacable descente vers un enfer programmé, sa densification angoissante du visible, l’œuvre s’affirme comme l’une de ses plus hitchcockiennes. 4/6

Fahrenheit 451
En s’emparant de la dystopie totalitaire inventée par Bradbury, fondée sur les idées d’une civilisation excessivement technocrate et d’un bonheur collectif obligatoire, Truffaut dénonce avec une sorte de fureur sarcastique et contenue la dictature d’une inquisition fantôme qui résorbe peu à peu, au nom d’une nécessaire uniformité du corps social, toute velléité individualiste. Anarchiste avisé, il fait l’apologie de la résistance rusée contre une autorité abêtissante et traite son sujet comme les rebelles narguent la dictature : il préfère au larmoiement pathétique, à l’homélie lourdaude ou au grand prêche solennel sur les dangers du progrès matériel une série d’élusions, de litotes, d’émondages, de dissonances qui, dans ses meilleurs moments, entraînent la fiction vers une rêverie bachelardienne des éléments. 4/6

La mariée était en noir
Les intrigues policières ont toujours été pour Truffaut des véhicules tout trouvés à l’entêtement obsessionnel de ses personnages. Le cinéaste utilise ici le roman d’Irish comme tremplin, pour mieux apprivoiser dans ses meilleurs moments une poésie extravagante à la Cocteau. Mais le mariage n’est pas totalement abouti, car ses intentions de faire un film décalé, irréaliste, butent sur la froideur d’une narration calculée dont la structure épisodique n’entretient pas toujours un intérêt constant. Pour le plaisir des numéros d’acteurs, dont la verve contraste avec l’impassibilité quasi marmoréenne de Jeanne Moreau en statue vengeresse, pour la singularité d’un ton étrangement cynique qui refuse tout apitoiement, le film maintient cependant davantage qu’une attention polie. 3/6

Baisers volés
Bonheurs fanés, rêves mouvants, temps qui glisse sur soi comme l’eau de pluie coule sur le visage : voici la suite des aventures d’Antoine Doinel. Le jeune homme nous fait partager sa crainte perpétuelle d’être trop heureux ou trop malheureux, sa réticence à reconnaître l’événement, ses incertitudes adolescentes participant d’une philosophie de la vie. Tour à tour grave et légère, toujours touchante, la chronique surprend par la saveur de ses croquis, de ses dialogues et de son peinture du Paris pré-mai 68. Premières conquêtes amoureuses et déboires sentimentaux sont évoqués en une sorte de vaudeville pittoresque, drôle et attachant, voilé d’une certaine nostalgie mélancolique, et qui marque un retour surprenant à une cette tradition populaire qui fait la part belle aux seconds rôles truculents. 4/6

La sirène du Mississipi
Lassé des triangles amoureux, Truffaut trouve dans le récit de cette passion l’occasion de se focaliser sur un couple. Sous couvert de roman-photo avec paysages exotiques, il réalise un film d’amour au romantisme échevelé, s’aventure sur le fil du ridicule sans jamais en tomber et utilise ses deux stars avec un sens remarquable du contre-emploi : à Belmondo la vulnérabilité enfantine, la candeur rougissante et tourmentée, à Deneuve la violence froide, méthodique, calculatrice et vénale. Glissant du suspense hitchcockien vers l’analyse d’une pathologie sentimentale, l’œuvre, d’une étonnante crudité sexuelle, expose les comédiens à la lumière de la chair et des blessures qui déchirent le papier glacé, et maintient un équilibre subtil entre ironie distanciée et lyrisme tragique qui lui confère toute sa valeur. 4/6

L’enfant sauvage
Assez éloigné de la souplesse et de l’harmonie des précédents films, c’est une œuvre que l’on devine très personnelle, et dont l’apparente austérité formelle est constamment désamorcée par la sensibilité avec laquelle elle exalte l’importance de la culture, de la pédagogie et de la transmission. Truffaut verse dans une forme d’épure pré-classique qui revient aux origines du dix-huitième siècle rationaliste, à une époque encore vierge de tout freudisme où l’on estimait que l’homme était entièrement créé par la société alors qu’elle ne pouvait que modifier des données innées. Le récit patient et émouvant d’un éveil, d’une éducation, des progrès affectifs et intellectuels, se développe à travers à travers un refus rigoureux de la psychologie, au profit d’une observation stricte des gestes et des comportements. 5/6

Domicile conjugal
Joies et difficultés de la vie de couple, adultère, séparation : Truffaut poursuit la saga Doinel en se calant à l’évolution intérieure de son personnage. Si elle ne retrouve pas le charme de Baisers Volés, cette nouvelle tranche de vie n’en témoigne pas d’une fraîcheur permanente, dépassant la banalité ordinaire de ses situations (dans lesquelles on peut tous se reconnaître) par une verve et un humour qu’on pourrait croire hérités de Lubitsch. Cette obstination à paraître inactuel, à ne pas suivre les mouvances et les automatismes de son temps, à privilégier une voie romanesque pouvant paraître datée, est susceptible de provoquer l’irritation, mais la croyance du réalisateur se situe bel et bien ici. Traiter de situations rebattues de manière à toujours surprendre, amuser, séduire : c’est tout l’enjeu du film. 4/6
Top 10 Année 1970

Les deux anglaises et le continent
Neuf ans après Jules et Jim, le cinéaste en inverse les données à travers l’initiation amoureuse de trois jeunes personnages romantiques habités par la fièvre charnelle et spirituelle. Les fermetures à l’iris, la fermeté des cadres et des enchaînements, la pureté de la lumière naturelle d’Almendros, la surabondance du commentaire off décliné par la voix blanche de Truffaut chargent le récit d’une âpreté tranchante et cruelle. L’oxymore régit d’un bout à l’autre les tiraillements de ce drame passionnel : crudité totale sous les conventions et les pudeurs puritaines (sang, sueur et vomissements), affleurement de sentiments grattés jusqu’à l’os mais restitués avec une littéralité froide, qui confèrent aux obstacles des amours assouvies ou contrariées un étrange alliage d’exigence et de bouillonnement. 4/6

La nuit américaine
Le cinéma est-il supérieur à la vie ? Cette fameuse question, qui hante toute l’œuvre de Truffaut, n’a jamais trouvé de meilleur terreau que dans ce film magique, sans doute l’un des points les plus névralgiques de sa carrière. Loin des affres felliniennes de la création, il s’agit d’un véritable reportage romancé sur le sujet, qui organise un jeu de vases communicants entre la réalité vécue (problèmes d’alcool d’une diva vieillissante, mort d’un acteur, vie sentimentale chaotique d’une star instable, grossesse d’une actrice) et les péripéties romanesques que le septième art invente sous nos yeux. Authentique profession de foi envers tous les métiers d’acteurs, de techniciens, d’artisans de la pellicule, l’hommage, poétique et vibrant, gagne sur les tableaux du documentaire pédagogique et de la fiction idéaliste. 5/6
Top 10 Année 1973

L’histoire d’Adèle H.
Histoire d’amour à un personnage, celle vécue par une héroïne écrasée par les absences conjuguées de son père (figure imposante, quasiment dévorante), de sa sœur disparue et de l’amant qui se refuse constamment à elle. Souhaitant mixer, de son propre aveu, le climat émotionnel des Deux Anglaises et la rigueur de L’Enfant Sauvage, Truffaut se laisse happer par le visage de son actrice, comme s’il exécutait sur elle un gros plan d’une heure et demie. Obsessionnel et monochrome, sans modèle ni tradition, vampirisant le romantisme de l’intrigue par son traitement presque maladif, c’est la dissection sans espoir de l’aliénation d’une femme enterrée vivante dans une passion fantasmée. Un film assez singulier, qui frappe par son absence de distance et l’interprétation intense d’Adjani. 4/6

L’argent de poche
Truffaut livre en quelque sorte la version lumineuse, idéalisée, insouciante des 400 Coups et offre à la préadolescence un tableau sans cruauté tranchant avec le quotidien douloureux qui était celui d’Antoine Doinel. La souplesse du scénario lui permet d’intégrer des situations et des paroles captées sur le vif, d’accumuler des épisodes et anecdotes inspirés de faits divers, de souvenirs et d’histoires inventées. Petits lutins candides ou facétieux, parents affectueux, instituteurs bienveillants, chaque personnage dénote la pudeur d’un regard posé sur un monde dont le cinéaste se sent proche et qui pourtant ne sera plus jamais le sien. Que le film flirte parfois avec un certain populisme de la débrouille et des petits métiers n’atténue pas le bonheur éprouvé devant sa drôlerie, sa tendresse et sa fantaisie. 4/6

L’homme qui aimait les femmes
Truffaut a sans doute voulu réaliser le portrait d’un suicidaire voluptueux qui cambriolerait la féminité presque malgré lui, d’un séducteur peu brillantiné dont la gravité du regard, la solitude conquérante, les gestes d’oiseaux aux aguets traduiraient le caractère marginal et passionné. Mais son héros apparaît davantage comme un adolescent immature emprisonné dans un corps d’adulte, et dont l’obsession fétichiste pour les jambes du beau sexe, la quête d’un idéal féminin resté bloqué au stade de l’Œdipe et le donjuanisme irréversible relèvent davantage de la pathologie. Le fait que toutes ces dames lui succombent, et que le cinéaste cherche à rendre belle et poétique son obsession de chasseur fragile, accentuent la vague antipathie que dégage ce film pourtant alerte et brillant, d’un cynisme pathétique. 3/6

La chambre verte
Étrange folie que celle de ce journaliste rescapé de la Grande Guerre, qui se lie avec une jeune femme hantée comme lui par la mort pour établir un mausolée d’images et de lumière en l’honneur de tous leurs disparus. L’interprétation neutre de Truffaut, la photographie mate et feutrée d’Almendros, la partition symphonique de Jaubert évitent à l’œuvre de tomber dans la morbidité qu’appelle naturellement son sujet. Mais on assiste à un troublant processus de vampirisation, celle d’un présent englouti par la religion passéiste des défunts, le refus de l’oubli et la fidélité aux idées fixes, qui font de cette chapelle commémorative un temple magique gardant la présence vive de tous les morts. C’est le film mystique de l’auteur, sans doute très sincère mais, curieusement, un peu froid. 4/6

Le dernier métro
Le grand film classique (ou académique, pour ses détracteurs) du cinéaste, celui qui entérine définitivement son penchant pour une "qualité française" traditionnellement honnie par les Turcs de la Nouvelle Vague. Ici Truffaut s’intéresse moins au sens sociologique et politique de l’histoire qu’à ses mythologies porteuses de souvenirs et de romanesque ; et puisqu’il parle du théâtre, il tient à la distance de l’artifice cinématographique, même s’il s’intéresse aux évènements influant sur la destinée des hommes. Il y a beaucoup à admirer et à s’enthousiasmer dans la complexité des rapports entre ses personnages vibrants, écartelés, vrais, dans la justesse de son regard sur une époque troublée, et dans la richesse de sa réflexion sur les rapports entre le spectacle et la vie, la réalité et l’illusion. 5/6
Top 10 Année 1980

La femme d’à côté
Un film qui prend gaiement les choses graves et tragiquement cette chose légère que devrait être l’adultère. Ce qu’il dit, c’est que le vrai privilège n’est pas de vivre mais d’aimer, et que la mort qui réunit les amants a le sourire du bonheur. Truffaut fait la subtile autopsie d’une passion amoureuse en tordant le réalisme sobre et analytique de la chronique bourgeoise par des éclats brutaux de violence psychologique, comme nourris par un fantastique obsessionnel rappelant Hitchcock. Le tranchant des dialogues et du découpage, l’implication du couple Depardieu-Ardant battent en brèche la banalité des stéréotypes très français qui menacent le récit. C’est presque un remake de La Peau Douce mais sur un mode plus tourmenté, et qui en aurait troqué la retenue sèche par une fièvre radicale. 4/6

Vivement dimanche
Un meurtre au bout d’un étang, un suspect relâché, son épouse assassinée à son tour… : le dernier film de Truffaut est une charmante fantaisie autour des motifs de la série noire, qui fait le choix d’une fraicheur tonifiante et malicieuse, loin des tonalités tragiques de l’opus précédent. Le cinéaste s’amuse à bousculer les règles du genre, donne à la femme (son égérie Fanny Ardant, qui laisse éclater une fantaisie, une liberté de mouvement, un pétillement épatants) un rôle actif et entreprenant, invente une plasticité ludique et stylisée (visage de cire, mannequins, jambes féminines passant en ombre chinoise sur l’écran d’un soupirail). Il disait avoir voulu réaliser un film du samedi soir, conçu pour faire plaisir, et c’est réussi : le divertissement est à la fois subtil et désinvolte, plein de charme et d’humour. 4/6


Mon top :

1. Jules et Jim (1962)
2. L’enfant sauvage (1970)
3. Les 400 coups (1959)
4. La nuit américaine (1973)
5. Le dernier métro (1980)

Pilier tutélaire du cinéma français, auteur d’une œuvre intime et fiévreuse qui oscille entre le dépassement subversif des conventions et le recours aux formes classiques, Truffaut est un réalisateur dont la magie et la force des films m’ont souvent emporté.
Dernière modification par Thaddeus le 8 juil. 23, 17:37, modifié 6 fois.
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Jeremy Fox
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Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Jeremy Fox »

L'argent de poche : 1976

Quelle délice que cette chronique de l'enfance faite de vignettes tour à tour drôles, fantaisistes, surréalistes ou émouvantes ! Sans réelle intrigue, le cinéaste nous fait vivre une année d'une classe de collège à Thiers dans le Puy de Dôme. Le fait de faire jouer des enfants amateurs -même si le jeu de ceux-ci laisse souvent à désirer- amène encore plus de fraicheur et de spontanéité à ce film qui restera toujours pour moi comme l'un des sommets de Truffaut qui en profite pour nous redire tout l'amour qu'il porte au cinéma et à ses salles de province. L'attention portée à tous les petits détails du quotidien permet de nous replonger avec délice à cette époque alors que Jean-François Stévenin est inoubliable dans le rôle de ce professeur assez progressiste pour l'époque et qui nous délivre un très beau message à 5 minutes de la fin. Un film idéal pour bien débuter l'année cinématographique.
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Joshua Baskin
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Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Joshua Baskin »

Mon tout premier Truffaut alors que je devais avoir moins de 12 ans et le début d'une longue histoire d'amour avec l'un de mes cinéastes de chevet.
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AtCloseRange
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Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par AtCloseRange »

Le seul que je n'ai pas vu.
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Jeremy Fox
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Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Jeremy Fox »

L'amour en fuite - 1979

Antoine Doinel (Jean-Pierre Léaud) est marié depuis huit ans à Christine (Claude Jade) ; il a eu récemment pour maitresse Liliane (Dani), l’une des meilleures amies de son épouse, et vit désormais avec Sabine (Dorothée), femme qu’il a cherchée partout à partir d’une photo qu'il a trouvée déchirée en petits morceaux, tombé follement amoureux du visage reconstitué. Aujourd’hui les Doinel est le premier couple à divorcer par consentement mutuel. Le soir même Antoine doit conduire son fils au train puisque ce dernier part en classe de neige ; sur le quai de la gare, il tombe sur Colette, l’un de ses premiers coups de foudre d’adolescence, amour qui est resté platonique. Il décide de monter dans le train afin de renouer connaissance mais va surtout lui parler durant ce voyage de son roman "Les Salades de l'amour" dans lequel il conte toutes ses aventures sentimentales...

"Il me semble que je devais profiter d'une chance que presque aucun cinéaste n'a eue [...] Lorsque l'on a la chance d'avoir filmé quelqu'un à l'âge de 13 ans et demi, dix-neuf ans, vingt-quatre ans, vingt-huit ans, et qu'on le reprend à trente-trois ans, on a entre les mains un matériel qui est précieux, pas gai parce que la transformation physique de quelqu'un n'est pas forcément exaltante, mais riche quand même [...] Alors voilà la chance dont je voulais profiter : avoir filmé le même garçon à des âges différents de sa vie, le retrouver jouant le même personnage et raconter une nouvelle lui permettant d'apparaitre en homme, en adolescent ou en petit garçon." Cette chance unique qu'il invoque à plusieurs reprises, il en aura profité jusqu'à L'amour en fuite, sa dernière collaboration avec Jean-Pierre Léaud.

L’Amour en fuite est le dix-huitième long métrage de François Truffaut, la cinquième et ultime chronique mettant en scène celui qu’il s’amusait à appeler son alter ego, Antoine Doinel. Il y eut tout d’abord Les 400 coups qui narrait l’adolescence tourmentée du jeune Antoine, séchant les cours, errant dans les rues de Paris pour échapper à la tristesse de sa vie familiale puis finissant dans une maison de redressement de laquelle il allait réussir à s’enfuir. Le court métrage Antoine et Colette se déroulait trois ans après ; Antoine vivait désormais dans un modeste appartement, avait trouvé un travail chez Philips et son seul souci était désormais de réussir à convaincre une jeune bourgeoise, Colette, de tomber dans ses bras. Ses tentatives s’étaient toutes soldées par un échec et, après un laps de temps de cinq années, nous le retrouvions dans Baisers volés en tant qu’engagé volontaire dans l’armée au sein d’une caserne parisienne. Trop instable, il sera limogé et deviendra veilleur de nuit puis détective. Alors qu’il semblait que son amie Christine le fasse tout autant lanterner que Colette, elle finissait cependant par accepter le mariage. Le film se terminait sur une note assez insolite, un homme inconnu venant déclarer sa flamme à Christine devant un Antoine tellement déstabilisé qu’il n’osa rien dire ni rien faire. Ils repartaient néanmoins silencieusement, main dans la main, dans les rues d’un Paris ensoleillé. Ce fait a priori anodin avait cependant jeté un froid et l’on ne savait pas comment les deux nouveaux amants allaient réagir. Une fin ouverte qu’Henri Langlois ne voulut pas accepter tellement il s’était pris de sympathie pour le couple ; à la fin de la projection du film, il dit à Truffaut qu’il souhaiterait ardemment les voir mariés.

S’étant fait le reproche d'avoir proposé une vision "complaisante" de l'adultère dans Jules et Jim, motivé par son mentor et directeur de la Cinémathèque Française, Truffaut décida alors de poursuivre son cycle Doinel avec Domicile conjugal qu’il voyait comme un remake "gai" de La Peau douce dont il regrettait également la trop grande tristesse. Comédie de mœurs sur un couple marié, sa complicité et ses petits tracas quotidiens, puis enfin, dans une dernière partie, à propos de l’adultère et ses conséquences, le film se situait dans la droite lignée douce-amère de son prédécesseur, seulement plus rigoureux dans son écriture ainsi que plus posé, tant au travers des situations qu’au niveau du rythme et de l’interprétation. Ce regain de sobriété n’empêchait aucunement une toujours aussi grande virtuosité de la mise en scène, une toute aussi belle maîtrise formelle ainsi qu’une toute aussi revigorante vitalité. On ne peut malheureusement pas en dire de même de L’Amour en fuite, un film de Truffaut qui une fois n’est pas coutume n’a pas volé sa réputation de mineur et ce même si les fans du réalisateur y prendront comme moi à nouveau énormément de plaisir alors même que le réalisateur l’a en quelque sorte répudié en disant à ces copains des Cahiers du Cinéma qu’en le tournant il faisait "une belle connerie". Même si ça nous rend triste de l’avouer, on peut donc assez objectivement décréter que le dernier Doinel nous laisse en bouche un petit arrière-goût d’inachevé et de déception ; c’est clairement un film bâclé, paraissant écrit et réalisé à la va-vite, mal rythmé et à vrai dire sans grand intérêt si on n’a pas vu les ‘épisodes’ préalables. Reste qu’il demeure néanmoins très sympathique ne serait-ce que pour le plaisir de revoir des morceaux choisis de la saga (18 minutes d’emprunts aux films précédents) et surtout pour les comédiens : si Marie-France Pisier en fait un peu trop, Claude Jade est toujours aussi juste, Léaud fait du Léaud avec délectation et sinon on peut regretter que Dorothée n’ait pas été plus longuement utilisée dans ce film et même plus globalement qu’elle n'ait pas fait une carrière dans le cinéma car elle s’avérait ici parfaite et surtout délicieuse et d'une grande fraicheur. Et puis la nostalgique chanson du duo Voulzy/Souchon nous ramenant à cette époque de plus grande insouciance finit de nous rendre cet opus très attachant malgré ses défauts.

Il faut quand même dire que cette saga Doinel est un cas unique dans l’histoire du cinéma comme le disait Truffaut en préambule de ce texte. Même si Richard Linklater a signé son splendide Boyhood après en avoir tourné des séquences durant plusieurs années afin de pouvoir nous montrer ses personnages grandir et évoluer sur une longue période, et si tout récemment Sébastien Lifhstitz a fait de même sur une durée de cinq ans pour son magnifique documentaire Adolescentes, il n’existe pas d’autres exemples d’une série de films qui sur 20 ans d’écart ont gardé les mêmes comédiens pour tenir le rôle des mêmes personnages. Ne serait-ce que pour ce côté unique, L’amour en fuite mérite d’être reconsidéré d’autant que comme je l’ai dit ci-avant, il n’est pas du tout désagréable à suivre grâce aussi bien évidemment au talent du réalisateur ainsi qu'à sa fantaisie toujours aussi réjouissante, en l'occurrence ici au travers de ses dialogues surtout au cours de la longue séquence dans le train une fois encore visiblement en partie tournée en hommage à son maître de toujours, Alfred Hitchcock. Quant à l’émotion, le cinéaste ne l’a pas oublié en chemin, témoin la très belle séquence au cimetière entre Antoine et l’ex-amant de sa mère (Julien Bertheau) ou encore cette naïve jubilation qui découle du final peu crédible mais oh combien plaisant pour le spectateur 'fleur-bleue' qui comme Truffaut croit qu’au cinéma tout est possible même pour un Antoine Doinel immature, toujours aussi bavard que snob, toujours aussi drôle qu’égoïste, bref toujours aussi attachant qu’agaçant. "Il a besoin d'une femme, d'une maîtresse, d'une petite sœur ou d'une nourrice, d'une infirmière et moi je me sens incapable de jouer tous les rôles à la fois" diront à plusieurs années d’intervalle sa femme et sa maitresse.

Pour clore cette saga Doinel, quoi de mieux que de relire ce que disait Truffaut à propos de l’évolution de son personnage d’éternel adolescent et de ce touchant happy-end que certains trouveront démodé et improbable mais que les cinéphiles au cœur de midinette délecteront avec le sourire aux lèvres. C’était en 1978 dans le dossier de presse du film alors qu’il était interrogé par Simon Mizrahi : "Dans le cas d'Antoine Doinel, ce n'est pas la vie exaltante, ce n'est pas la vie prodigieuse, c'est une vie tout court, celle d'un être avec ses contradictions et ses défauts. On me le reproche quelquefois mais quand j'ai un homme comme personnage central sur l'écran, j'insiste sur ses faiblesses [...] Dans le cas d'Antoine Doinel ses mensonges m'intéressent beaucoup. Il a l'air tellement sincère quand il ment, qu'on a l'impression qu'il est la première victime de ses mensonges. Je n'ai jamais vu quelqu'un montrer autant de bonne foi dans ses mensonges. Antoine Doinel a le désir d'être heureux et une sorte d'impossibilité à préserver le bonheur quand il le trouve, ou quelque chose qui lui ressemblerait. C'est un homme en fuite. C'est aussi l'homme pressé, aussi, toujours projeté en avant […] En général les fins, dans les films Doinel, étaient ouvertes [...] Dans l'amour en fuite, étant donné qu'on y brasse tout un matériel mélancolique (il s'agit pratiquement d'une biographie filmée) j'ai voulu une fin délibérément, effrontément, ou si l'on veut, désespérément heureuse. En même temps elle marque bien que l'on y reviendra pas : le film est récapitulatif et sa fin conclusive". Un film/puzzle – parfois en forme de poupées russes - paresseux et bancal mais qui pour les fans de Truffaut et de son alter-ego Doinel devrait pouvoir contenter.
Max Schreck
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Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Max Schreck »

L'Enfant sauvage, 1970
Assez miraculeux la puissance de ce "petit" film. Petit parce qu'étonnamment économique dans ses effets. Que ce soit par un manque de moyens qui va limiter les possibilités de reconstitution historique, ou parce que ça correspondait exactement à sa volonté, Truffaut raconte son histoire en collant son sujet de très près, épousant scrupuleusement, pour ne pas dire scientifiquement, le point de vue d'un narrateur, interprété par nul autre que lui-même. Evidemment, parce que film sur l'enfance, et l'enfance abandonnée, on devine à quel point ce projet lui tenait à cœur. J'ai été touché par la bienveillance de son regard, que ce soit sur l'enfant lui-même (quel prodigieux acteur que ce gamin !), ou sur les personnages secondaires (et les réactions assez émouvantes de la gouvernante). Passé les premières scènes où Victor sera victime de la cruauté des autres, Truffaut abandonne le côté bête de foire et se concentre sur la question de l'apprentissage, sans chercher à truquer sa narration en développant des relations parallèles qui seraient juste là pour distraire le spectateur d'un sujet qui pourrait être jugé austère. Et ces tâtonnements, cette approche expérimentale faite d'erreurs et d'apprentissages (pour le maitre comme pour l'élève d'ailleurs), m'a assez profondément bouleversé. Il faut dire que c'est le genre d'histoires qui personnellement me fascine, résonne en moi sans que je cherche à en creuser les raisons, et il était inévitable que le film m'évoque le Kaspar Hauser d'Herzog, que j'avais aussi beaucoup aimé.

J'avoue avoir été cependant un peu frustré par une fin qui arrive un peu vite, et qui laisse encore beaucoup de choses en suspens. Mais j'ai conscience que c'est par rapport à une curiosité personnelle (que s'est-il passé ensuite ?), tout en reconnaissant que d'une certaine manière, le parcours des personnages avait été bien mené.

Enfin, un dernier truc que je ne m'explique pas : j'étais persuadé que j'allais découvrir un film en couleurs, sans doute trompé par des photographies de plateau qui ont été pendant longtemps les seules images que j'ai connues du film. Du coup, je m'attendant à ce qu'à un moment ou un autre, le film bascule du noir et blanc à la couleur, peut-être pour coïncider avec l'instant où Victor ouvre véritablement les yeux sur le monde. Mais non. C'est d'ailleurs l'occasion de préciser que le DVD du film est vraiment dégueu, ne rendant pas honneur au travail sur l'image et sur les cadre ici particulièrement bien composés (et c'est pas toujours le cas chez Truffaut qui pour moi n'a jamais été un grand styliste).
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Boubakar
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Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Boubakar »

Jeremy Fox a écrit :Une belle fille comme moi - 1972

Voulant écrire une thèse de sociologie sur les femmes criminelles, un jeune homme un peu timoré (André Dussolier) vient interroger une prisonnière qui n'a pas la langue dans sa poche ni froid aux yeux, Marie (Bernadette Lafond). A travers les différents rendez-vous qu'ils ont dans sa cellule, nous allons connaitre son histoire, celle d'une garce qui, pour arriver, profite des hommes et de leur obsessions sexuelles...

Dans cette comédie totalement amorale, Truffaut met en scène une galerie de personnages tous aussi pourris les uns que les autres, notamment des garces et des obsédés sexuels. Il faut avoir vu Charles Denner en dératiseur catholique, Guy Marchand en chanteur macho, Claude brasseur en avocat véreux ou encore Philippe Leotard en garagiste simplet croiser chacun leur tour (malheureusement pour eux) le chemin de la pétillante Bernadette Lafont sur laquelle le film repose entièrement. A son image il n'est donc pas dépourvu de verve ni de vitalité qui font de ce Truffaut certes mineur un assez réjouissant moment à passer, entre situations cocasses et personnages truculents. Je n'ai pas été déçu alors que je m'attendais au pire.

6/10
Je pense être même un peu plus enthousiaste car je pense que la présence de Jean-Loup Dabadie a quelque peu apporté un côté pétillant et sexy qu'on ne voit pas souvent dans le cinéma de Truffaut. Et aussi un humour absurde (le disque de course de Formule 1 que passe Guy Marchand à chaque fois qu'il doit coucher avec une femme :mrgreen: ) qui me plait beaucoup.
Dommage que ce film soit autant ignoré aujourd'hui : aucun dvd alors que l'ensemble de la filmo de Truffaut existe soit chez feu MK2 ou MGM. Etrange.
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Jeremy Fox
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Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Jeremy Fox »

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:fiou:

Et pas de sous titres imposés :wink:
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Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Jack Carter »

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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Boubakar
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Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Boubakar »

Jack Carter a écrit :sinon, en edition simple : https://www.amazon.co.uk/Gorgeous-Girl- ... s=TRUFFAUT
Excuse-moi, j'aurai dû dire dvd sorti en France, car j'avais vu qu'il était disponible en Angleterre :oops: .
Mais j'ai découvert le film qui est uniquement sorti dans le coffret Truffaut qu'on m'a prêté, et encore, c'est un dvd allemand : curieux, alors qu'il y a bien un logo Mk2 au départ :|.

Du coup, je vais attendre la promo pour le coffret blu-ray UK.
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Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par bruce randylan »

Truffaut scénariste :

Une grosse tête (Claude de Givray - 1962)

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Alors qu'il survole des terrains vague dans son planeur, Napoléon Dubois aperçoit un vieil homme se faire agresser par deux hommes. Il se pose en urgence pour lui venir en aide avant d'apprendre que ceux-ci convoitent son terrain. Devenus amis, Napoléon - surnommé Naps - se voit confier la maison le temps que le propriétaire sorte de l'hôpital. Avec l'aide d'un mécano, il décide de transformer le site en une piste de course pour Kart.

Je garde un bon souvenir de Tire-au-flanc 62 signé du même duo De Givray/Truffaut, j'étais donc très curieux de cette grosse rareté avec en plus Eddie Constantine.
Le début laisse penser à une relecture des westerns avec de vils exploitants cherchant à faire main basse sur une maison en rase campagne.
On déchante au bout de 4-5 minutes le temps de constater que la mise en scène est sans inspiration, que le monteur était en vacances et que les dialogues sont sans le moindre éclat.
Pour un Eddie Constantine, c'est vraiment tristounet et sans rythme, avec un scénario surréaliste qui se fait jamais choisir une direction et qui du coup ne raconte rien, oublie ses personnages en court de route (le vieux propriétaire ?), s'enlise dans un humour lourdingue, n'arrive même pas à proposer des scènes d'actions digne de ce nom (combat affligeant de bourre-pif, accident automobile hors-champ) et propose même une écriture pour le moins misogyne.
La seconde moitié bascule dans le grotesque avec cette sous-intrigue pathétique de course de Kart (une première dans le cinéma français cela dit ?) et sa rivalité masculine qui recycle fadement la rivière rouge de Hawks.
De temps en temps, on retrouve fugacement le style de Truffaut avec quelques dialogues plus littéraires (mais qui tombent à plat), quelques thèmes à la Jules et Jim ou des copains venus faire un coucou comme le caméo de Pierre Etaix pour une séquence burlesque muette sans éclat.
Plus atypique dans l'univers du cinéaste, il y a aussi les Chaussettes Noires qui viennent interpréter "Le rock des Kart"



On aimerait apprécier le duo de comédiens, la relecture d'un genre hollywoodien dans une France en mutation, la liberté de tons dans les relations féminines ou les fréquentes ellipses (parfois percutantes)... Et puis, non. Tout ou presque, tombe à l'eau pour un résultat gênant.

Reste à savoir si Truffaut était vraiment là dès le début du projet ou s'il est venu aidé De Givray comme script docteur pour sauver les meubles.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
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