Vincente Minnelli (1903-1986)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Supfiction
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Message par Supfiction »

C'est bien la dernière fois que les parents eurent droit d'accompagner leurs progénitures danser. Dès lors, ils resteront à la porte et priés de se faire discret.. Déjà dans The young philadelphians (1959), les jeunes de la haute société s'étaient, au moins en apparence, affranchis de leur tutelle. Le contexte londonien est cela dit à prendre en considération.

Cela dit, le scénario de cette comédie manque singulièrement de piquant mais le film est porté par un Rex Harrisson amusant et qui n'en fait jamais trop dans ce rôle de père complice. On aurait aimer le voir d'avantage mis en avant. Je n'en dirai pas autant de Kay Kendall dans le rôle de la belle-mère entremetteuse que j'aurai bien vu tenu par Deborah Kerr qui aurait peut-être apporté davantage de fantaisie. Et ce n'est pas l'innofensive Sandra Dee qui pouvait y remédier. Quant à Angela Lansbury, elle aurait pu faire office de cousine anglaise de Rosalind Russell mais sa partition est bien trop limitée.
Le résultat est une comédie parfois charmante mais jamais vraiment drôle ni même romantique.
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Thaddeus
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La Femme Modèle (1957)

Message par Thaddeus »

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Du sport et de la mode


Il n'est pas évident de résumer la signification de La Femme Modèle. S'agit-il d'un divertissement sans portée ou d'une satire virulente de certains aspects caractéristiques de la société américaine ? Avant d'en décider, il convient de constater que Vincente Minnelli est soucieux de tenir la balance égale entre les protagonistes d'une histoire qui pourrait aisément verser dans le drame. Cette neutralité bienveillante assure au film une efficacité qu'il n'aurait pas si l'auteur avait adopté le parti paresseux et commode de s'indigner. Il a beaucoup trop le sens des demi-teintes pour verser dans un moralisme facile, et laisse à d'autres le soin de vitupérer, d'enseigner et de prophétiser. Il s'agit donc d'une comédie de mœurs, mais aussi d'une comédie de caractères qui concentre tous les développements sur le mince sujet de la querelle conjugale. En décrivant avec précision deux modes de vie radicalement et irréductiblement étrangers l'un à l'autre, on met en valeur des individualités qui coïncident tellement avec ces styles d’existence qu'il y a tout lieu de penser que, privées de ce support, elles se volatiliseraient instantanément. Ce reporter sportif, cette modéliste qui décident tout de go de se marier, qui seraient-ils privés de leurs habitudes confortables, de leurs préjugés, de leurs petites malices ? Rien, déterminés par leurs milieux respectifs à un point que la moindre perturbation les affole. On ne saurait pour autant parler de pessimisme car l’ironie des notations est toujours motivée par la légèreté de la touche. Minnelli est animé d'un grand souci d'impartialité : aussi donne-t-il libéralement la parole à chacune des parties en cause, mais c'est paradoxalement cette équité qui dévoile l'instabilité des personnages, à la fois vaguement inconscients et extrêmement sympathiques. Les personnalités de Mike et Marilla sont aussi transparentes que du cristal de Bohême, leurs mobiles aussi simples à déchiffrer que les secrets de la règle de trois. En dépit des différences qui les séparent, ils se soumettent sans effort au conformisme du groupe ou de la coterie. On ne s’étonne donc pas de les voir se réconcilier. Le happy end n'est pas une concession, il est parfaitement logique. Qui se ressemble finit par s'assembler.


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Mais alors une question se pose : comment favoriser notre connivence avec des êtres a priori aussi futiles ? D’ailleurs le sont-ils vraiment ? Notre journaliste, à y regarder de plus près, n’est pas seulement un bon garçon, naïf et honnête, fidèle en amitié et généreux dans ses idées. Parce que le base-ball et la boxe le passionnent, il sait être courageux et risquer sa vie pour la défense du noble art. Et Marilla, vestale de la mode, est capable de perturber son ménage pour mettre à la disposition d'artistes snobs, mais travailleurs et consciencieux, son somptueux appartement de Park Avenue. Un maître de danse peut malgré les apparences s’avérer aussi courageux et viril que n'importe quel sportif. Et le superflu est là où l'on ne s'attend pas la trouver : vaut-il mieux consacrer ses loisirs à jouer au poker ou à monter un show ? C'est donc d’abord par le biais de leur métier que les héros, ennemis de l’à peu près et du laisser-aller, acquièrent une véritable consistance. Ce qu'on fait est somme toute moins important que la manière dont on le fait. Cette discrète apologie de l'ouvrage bien accompli transparaissait déjà dans Tous en Scène, où l'on voyait Jack Buchanan et Fred Astaire défendre avec cœur deux points de vue radicalement différents de la mise en scène à grand spectacle. La lucidité du cinéaste sait être indulgente toutes les fois que les personnages ne considèrent pas leur profession comme une simple partie de plaisir. Et il est révélateur que l’année précédente, il traitait Van Gogh comme un artiste se sacrifiant délibérément à son œuvre. Voilà pour une première lecture.

La seconde repose sur une matière plus brute de l’œuvre qui en constitue peut-être le sujet même : la mémoire, sa sélectivité, sa subjectivité. À un moment, Marilla assiste à la répétition d'un numéro musical où s'exhibe sa rivale (croit-elle) en amour, Lori Shannon. Soudain elle se fige et écarquille les yeux, venant de reconnaître, à la faveur d'une pose suggestive, les fragments anatomiques d'une photo dont elle ramassa naguère les morceaux dans l'appartement de son époux. Un truquage grossier mais efficace nous fait partager son impression, les jambes et une partie du torse de la danseuse venant s'incruster sur les morceaux de l’image déchirée au sol telle qu’elle s'en souvient. Ces échantillons, à l'échelle du film tout entier, constituent un emblème à la fois formel et narratif. C’est que La Femme Modèle est une sorte de comédie musicale en hors-champ : des numéros en puissance y sont délibérément et systématiquement sabotés — soit gênés par un technicien agité qui indique à la caméra un cadre fictif, soit exécutés en costume de répétition, soit vus des coulisses, et dans tous les cas parasités par le panache de la comédie. Mais un morceau de bravoure vient démentir à la dernière minute cette éternelle figure de musical interruptus : la bagarre dansée par Jack Cole, qui assomme un régiment de gangsters en dessinant des arabesques de ballet. Dans son rôle secondaire, ce fameux chorégraphe est d'ailleurs l'irremplaçable pivot du film : c'est sur lui que repose sa cohérence et une bonne partie de son dynamisme visuel, bien que ses apparitions soient limitées dans le temps.


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Le quiproquo enclenchant le récit est d'abord celui qui fait croire à Marilla que son mari la trompe, mais c'est aussi une figure de style, héritée de Lubitsch, qui se délecte d'objets ou de phrases perpétuellement détournés de leur fonction. Le jonglage des méprises est basé sur la subjectivité mensongère des perceptions. Celle-ci est soulignée dès la première séquence par la gueule de bois du héros, Mike entendant chaque son au centuple (le bruit d’une aiguille produit un vacarme de tonnerre, idée géniale) et souffrant d’une altération oculaire pour le moins violente (le ciel lui paraît rouge, pour dire comme la cuite a été carabinée). Un changement de couleur peut changer les destins, c'est ce que racontait entre autres La Vie Passionnée de Vincent Van Gogh. Cette vision faussée de l'environnement est rendue apparente suite à la remarque anodine d'une inconnue qui deviendra son épouse, et se double automatiquement d'un imbroglio : puisqu’il ne se souvient pas qu'ils ont fait connaissance la veille, il pense qu'elle cherche à le racoler. Ce qu'elle finit d’ailleurs par faire puisqu'elle s'aperçoit vite de cette amnésie temporaire et continue de jouer le jeu plutôt que lui rafraîchir la mémoire. La mise en scène très maligne de Minnelli atteint ici une sophistication du ténu, du presque rien, tout en s’autorisant quelques savoureuses explosions burlesques. Au bord d’une piscine de Beverly Hills, sur un voilier ou devant un bassin d’otaries, il invente ainsi le split-screen avant tout le monde puis se lance dans un ballet de monologues, de ruminations et d’adresses à faire pâlir les plus fanatiques des mankiewicziens. Les personnages vont longtemps évoluer dans un malaise perpétuel, source pour le spectateur d’un plaisir jouissif obtenu grâce à un artifice remarquablement utilisé : le dialogue continue des voix off qui se répondent sans s'écouter tout au long de l’intrigue, sorte de démonstration pratique de l'efficacité du malentendu. Ce dispositif nous permet de faire toujours le point, de prendre tel ou tel en flagrant délit d'inconséquence ou de mensonge. Par ailleurs, l'une des clés du grand bonheur procuré par le film réside précisément dans le contre-emploi de ses comédiens. Le toujours formidable Gregory Peck, héros de tant de drames torturés, et Lauren Bacall, sirène du mélodrame noir, rivalisent de charme, d’humour et d’aisance dans des rôles que n’auraient pas renié, disons, Katharine Hepburn et Spencer Tracy.

La commutation est chez Minnelli la figure de ce qu'on pourrait appeler le "rêve diurne". Elle n'est possible ou gratifiante que si son corollaire étymologique est réussi : l'échange, qu’il soit d’ordre culturel, social, artistique ou affectif. Le changement d’habitude et de milieu social est la partie la plus apparente de ce motif récurrent. Le pugilat final n’en acquiert que plus de force, en explicitant un va-et-vient socio-culturel et personnel à la fois : il fait éclater les tensions narratives devenues inextricables et résout du même coup les tensions psychologiques. Mike découvre que la danse, ce rituel "efféminé", peut sauver des vies, et Marilla que la violence n’est pas que l’apanage des brutes et des gangsters. La mémoire, quant à elle, forme dans les drames du cinéaste la texture du cauchemar ; dans ses comédies, elle constitue un inépuisable réservoir de gags. Le film brode d'infinies variations sur ce thème : mémoire subjective (le prologue où chacun refuse de raconter objectivement l'histoire), trou de mémoire, réminiscence (la photo de Lori), amnésie véritable (le personnage hilarant de Maxie, boxeur simplet qui dort les yeux ouverts et croit rêver la réalité : c'est sur lui que se clôt le film)… Lorsque Mike se fait renverser des raviolis sur son costume, il garde soigneusement cette expérience en tête et son souvenir est resservi subtilement quand, pendant un match de boxe, il explique à sa compagne déjà au bord de l'évanouissement que les spectateurs des premiers rangs ouvrent leur journal pour se protéger des éclaboussures de sang. Mais s’il fallait ne retenir du film qu’un seul motif, ce serait peut-être une locution verbale. Ayant demandé à sa femme des sandwiches au salami et au fromage pour agrémenter sa partie de poker entre amis, Mike se voit servir une espèce de pavé blanchâtre décoré des quatre couleurs du jeu de cartes. Le salami et le fromage, lui indique Marilla, sont à l'intérieur. Plus tard il précise de la même façon que celui qu'elle surnomme le garçon sans nez a en réalité bien un nez, mais lui aussi à l'intérieur. Tromperie des apparences, inversion des évidences. Dans une pièce de l'appartement, Jack Cole répète ce qui doit être le spectacle chanté et dansé du siècle. Or, derrière la porte fermée, on n'en voit pratiquement rien. Si La Femme Modèle est la plus brillante et réjouissante comédie de Minnelli, c'est peut-être parce qu'il s'agit, en fait, d'un musical — mais seulement à l'intérieur.


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Alexandre Angel
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Message par Alexandre Angel »

Tes parallèles entre le nez de Maxie Stulz et ce qu'il y a à l'intérieur du pavé, ainsi qu'entre le sang du match de boxe et les raviolis sont marrants et astucieux.
Je n'y avais jamais pensé! :D
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Profondo Rosso
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Message par Profondo Rosso »

Il faut marier papa (1963)

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Veuf depuis peu de temps, Tom Corbett vit avec son fils, Eddie, un charmant petit garçon de 8 ans. Une gouvernante prend en charge les soucis domestiques de la petite famille, mais rien ni personne ne vient combler le vide affectif laissé par la défunte. Lorsqu'Eddie tombe malade, il est ravi des soins que lui prodigue une voisine de palier, la ravissante Elizabeth Marten.

Il faut marier papa est un petit bijou de sensibilité où le talent de Vincente Minnelli transcende ce qui n'aurait pu donner qu'une bluette sucrée. Le film adapte un roman à succès de Marc Toby dont la MGM en flairant le potentiel a acheté les droits avant parution. Le film s'inscrit dans un courant de films plus intimistes pour Minnelli, ou du moins plus modeste dans les enjeux et/ou la recherche formelle que ses comédies musicales ou mélos flamboyants. On pense à La Femme modèle (1957) ou Qu'est-ce que maman comprend à l'amour ? (1958). Après les premiers pas d'un couple mal assortis pour le premier et l'émancipation amoureuse de la jeune fille du second, on en reste à cette observation intimiste d'un moment clé d'une famille dans Il faut marier papa. C'est cependant un passage bien plus douloureux à vivre puis Tom Corbett (Glenn Ford) doit se remettre avec son jeune fils Eddie (Ron Howard) de la récente disparition de sa femme. La première scène dissémine par la seule situation et les réactions des personnages cette nouvelle donne. Tom est dans l'urgence de celui qui n'a jamais fait les préparatifs matinaux basiques de départ à l'école, Eddie a quitté sa chambre dans la nuit pour dormir dans la chambre de son père. L'absence de la mère est une situation neuve plutôt qu'un drame auxquels le père et le fils doivent faire face. Tout cela tient jusqu'à la déchirante question que pose innocemment Eddie à Tom au moment d'entrer en classe : Maman est-elle vraiment morte ?

Cette tristesse contenue traduit un déni du drame qui s'exprime dans la façon désinvolte dont l'évoque Eddie (qui va courir raconter la mort e sa mère à un camarade comme il le ferait de ses dernières vacances) ou encore l'agacement de Tom face à la sollicitude de ses collègues de travail. Cette retenue ne peut que voler en éclat au moindre évènement qui ravive la tragédie et Minnelli bouleverse par la démonstration crue de la douleur de ses personnages. L'enfant laisse instinctivement s'exprimer sa détresse dans un cri face à un de ses poissons rouges mort, l'adulte se montre plus autodestructeur par l'alcool et une agressivité injuste envers sa voisine Elizabeth (Shirley Jones). Ce lien père/fils est le ciment qui empêche les deux de sombrer et le scénario excelle à montrer de façon très naturelle la complicité qui règne entre eux. C'est d'ailleurs par l'enfant espérant voir son père refaire sa vie que passent des dialogues étonnamment osés. Les questionnements triviaux sur l'attirance d'un homme pour une femme naissent ainsi des tirades innocentes d'Eddie, ayant parfois des idées bien arrêtées (les femmes sournoises ont des yeux plissés et de grosses poitrines), plus incertaines (quelles sont les mensurations idéales d'une femme) ou certainement amenées à changer (les filles ne sont pas belles de dos papa). C'est une manière finalement subtile de placer Tom face à ses contradictions et traduire son éveil possible à une nouvelle vie sentimentale. Le film est donc une grande œuvre sur la solitude, celle urbaine où l'espace de la ville intimide au moment de renouer avec un registre e séduction, mais aussi celle de nos entraves intimes. Il y a évidemment le drame du deuil pour Tom, mais la richesse et la subtilité du scénario y ajoute une dimension féministe avec Elizabeth jeune divorcée livrée à elle-même, Rita Behrens (Dina Merrill) femme indépendante mais esseulée et Dollye Daly (Stella Stevens pétulante) jeune femme manquant de confiance en elle. C'est la dernière qui sous la drôlerie est la plus consciente de ses manques et les surmonter, les deux autres se cherchant jusqu'au bout sans forcément se trouver. Là encore Minnelli se montre très fin, ne cédant pas au cliché de la méchante belle-mère pour Rita (mais plutôt en ne la montrant dans son élément uniquement au sein de cadre mondain tandis qu'elle force sa bienveillance avec Eddie) et avec Elizabeth en explicitant peu à peu que son affection sincère pour Eddie est aussi un moyen de se rapprocher de Tom. Cette idée de déni se traduit d'ailleurs par les rapports orageux entre Tom et Elizabeth, la crainte de trop se livrer et souffrir provoquant le conflit.

L'alchimie entre Glenn Ford et un tout jeune Ron Howard est assurément l'atout majeur u film. Glenn Ford se montre magnifiquement humain et vulnérable, attentif puis distrait face aux sollicitations constantes de l'enfant, bienveillant puis injustement colérique comme peut l'être n'importe quel parent malgré toute sa bonne volonté. Il en va de même avec Ron Howard, impertinent et étonnamment mature pour redevenir le garçonnet vulnérable qu'il est encore dans la minute. Cet équilibre constant contribue à un ton toujours juste entre comédie romantique réellement drôle et enlevée puis vrai drame. La dernière partie est un sommet d'émotion à ce niveau, tant dans le mélo donc (la réaction écorchée d'Eddie, la frayeur de Tom) que la candeur confondante avec l'amorce de cette réconciliation téléphonique savamment orchestrée. La magie Minnelli a encore frappée ! 5/6
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Jeremy Fox
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Message par Jeremy Fox »

"You know what? I'm Happy!" 8) Un des 10 dvd que j'emmenerais sur une ile déserte.
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Roilo Pintu
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Message par Roilo Pintu »

Vu Melinda; grosse déception pour ma part.
Pas du tout captivé par cette histoire de réincarnation interprétée par Barbra Streisand et Yves Montant. Long, assez soporifique, aucune chanson ni numéro n'auront réussi à me sortir de ma léthargie. J'ai même du arrêter le film pour le reprendre le lendemain.
bruce randylan
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Message par bruce randylan »

Story of three love (Vincente Minnelli & Gottfried Reinhardt - 1953)

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Souvent oublié dans la filmographie du cinéaste, The story of three loves est un film à sketch constituée de 3 intrigues indépendantes, vaguement reliées par des personnages se trouvant sur un paquebot lançant des flash-backs. Comme son nom l'indique, il s'agit de trois histoires d'amour, romantiques certes mais pas vraiment comédies romantiques. On est davantage dans le registre d'histoires condamnées, compliquées ou torturées.
J'avais acheté le DVD Warner Archives évidement pour la présence de Vincente Minnelli derrière la caméra de la seconde histoire où un un garçon n'appréciant guère sa professeure particulière de français (Leslie Caron) se retrouve dans le corps d'un adulte le temps d'une journée et voit d'un nouvel œil cette dernière.
Le format réduit de 30 minutes n'est pas suffisant pour rendre l'évolution des personnages crédible. Tout va trop vite et on ne croit pas beaucoup à ce coup de foudre improbable même si Leslie Caron est assez touchante dans l'espoir et la promesse d'une rencontre miraculeuse. Pour le reste, hormis le plan d'ouverture et la direction artistique de la demeure de la "sorcière", la mise en scène de Minnelli est assez fonctionnelle et ne trouve que timidement sa délicatesse frémissante alors que tout était en place pour : la lecture de poésies, les références au conte de fée (il y a quelque chose de Cendrillon), l'amour naissant lors d'une ballade nocturne, une certaine pureté des sentiments, une mélancolie sur des rêves chimériques...
Assez décevant.

Cela dit le film vaut franchement le coup pour les deux autres segments signés Gottfried Reinhardt dont je n'avais jamais entendu parlé et dont je n'attendais strictement rien. Son premier épisode est ironiquement typiquement Minnellien et se hisse aisément au niveau de ce dernier. On sent aussi l'influence tragique des Chaussons Rouges, et pas seulement parce qu'on y retrouve Moira Shearer dans le rôle principal, celui d'une danseuse qui se donne corps et âme à sa passion autant par dévotion que par amour à un artiste (James Mason) pris d'une fièvre créatrice en la regardant danser.
Cela donne ainsi deux scènes de danses sensationnelles, par ailleurs admirablement mises en scènes. Les couleurs, la conception des décors, la grâce des mouvements de caméra, le lyrisme des cadrages... Reinhardt y fait preuve d'un raffinement certainement plus proche d'une sensibilité européenne que des yesman de la MGM.

Le dernier épisode dure un peu plus d'une heure et est également une remarquable réussite dans un registre différent avec une très touchante histoire d'amour où deux écorchés à vif pansent lentement leurs plaies : une jeune femme sortant d'une tentative de suicide et un trapéziste se sentant responsable de la mort de sa partenaire - et compagne - lors d'un numéro.
Le duo formé par Kirk Douglas et Pier Angeli est pour le moins poignant et ils sont vraisemblablement conquis par le scénario et la complexité des relations entre leur deux personnages. Reinhardt leur fait d'ailleurs amplement confiance et plusieurs scènes intimistes se concentrent sur leur visages en limitant les déplacements, les figurants et les décors.
Les 20 dernières minutes sont même à couper le souffle avec plusieurs numéros de hautes voltiges aussi spectaculaires qu'intenses psychologiquement. Non seulement la mise en scène possède un découpage virtuose, conférant un rare sens du vertige, mais en plus les comédiens exécutent autant que possible leurs propres acrobaties. Le final devient ainsi un sublime acte d'amour et de confiance dont l'enjeu n'est pas la prouesse physique de l'acte mais de renouer tout simplement avec l'envie de vivre.

Le DVD warner est correct au niveau de l'image (disons potable) mais le son est vraiment faible, ce qui n'aide pas étant donné l'absence de sous-titres.

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Sybille
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Message par Sybille »

Merci pour ton avis.
Ce film ne m'a jamais attirée malgré Minnelli, les acteurs/actrices car je ne suis pas amatrice de films à sketchs, mais tes arguments sont convaincants.
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Barry Egan
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Message par Barry Egan »

Un Américain à Paris

Un Paris de carte postale, un Gene Kelly de carte postale et un Gershwin de jukebox qui offre des moments isolés plus beaux que la somme du film, un peu décousu avec des personnages qui disparaissent d'un coup d'un seul (Milo Roberts ???) et un happy end trop court pour être honnête. Les scènes chantées sont très belles, le travail sur les couleurs somptueux. Pas de moment mort pendant la longue séquence de 17 minutes que j'ai pourtant trouvé un peu longue. Un peu mitigé en fait.

Brigadoon

Le début très mystérieux (je ne connaissais rien de l'intrigue) m'a bien happé, ensuite j'ai trouvé ça un peu poussif et superficiel (ces décors peints !), parfois même un peu trop naïf. Et puis au bout d'une heure et demie, les personnages principaux changent d'endroit et la valeur de ce qui s'est passé avant resplendit magnifiquement. La fin est puissante. Je suis bon client pour les histoires à la "Lost Horizon" et là, ça a marché à un très grand degré. J'ai adoré le numéro dans le village avec le jeune marié qui accueille les deux étrangers. Sera meilleur la deuxième fois, c'est certain.

Il faut marier papa

J'ai un peu de mal avec Glenn Ford mais beaucoup moins avec Shirley Jones :oops: Une scène m'a beaucoup touché, c'est celle où Glenn Ford va passer le réveillon du nouvel an chez la styliste de mode, et où en un mouvement de caméra de quelques secondes on comprend qu'il n'est pas du tout à sa place. Mais pour le reste, il y a un déséquilibre dans le sens où parfois, on se croit dans une sorte de téléfilm avant l'heure esthétiquement et le traitement du sujet oscille entre le très noble et le très profane. Je ne sais pas, j'ai beaucoup aimé, mais ce n'est pas autant une oeuvre de "cinéma" que les deux critiquées plus haut. Enfin, on va pas cracher dans la soupe non plus. Le personnage de Dollye la miss Montana est très touchant, et quand l'animateur de radio la voit telle qu'elle est pendant son solo de batterie, c'est très émouvant. Ce qui me semblait au départ être une digression dispensable pour le film n'est au final en rien superflu. J'ai l'impression que le film parle de l'évidence, et des difficultés que nous avons à la reconnaître (dès que Glenn Ford ouvre la porte de son appartement sur Shirley Jones en infirmière, on sait à son regard comment ça va se finir et le génie du cinéaste est de parvenir à nous intéresser à comment on va arriver à cette fin à travers cet enfant/médiateur à la fois réel et symbolique).

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Jeremy Fox
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Message par Jeremy Fox »

Dirk Diggler a écrit : 11 oct. 20, 09:43 mais beaucoup moins avec Shirley Jones :oops:
Prochains sur la liste : "Les Ensorcelés" et "Tous en scène !"


Tu m'étonnes ! :oops:

Pour ma part, 5 chefs d'oeuvre avec Brigadoon dans mon top 10
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Barry Egan
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Message par Barry Egan »

Veux-tu faire dégénérer le topic Minnelli en topic photos de Shirley Jones ? :mrgreen:
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Message par Jeremy Fox »

Dirk Diggler a écrit : 11 oct. 20, 10:06 Veux-tu faire dégénérer le topic Minnelli en topic photos de Shirley Jones ? :mrgreen:
Pourquoi pas :mrgreen: Je me rends compte ne pas en avoir mis assez.

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Alexandre Angel
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Message par Alexandre Angel »

Ah oui mais ci-dessus c'est Stella Stevens!
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit : 11 oct. 20, 10:39 Ah oui mais ci-dessus c'est Stella Stevens!
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Pas de bagarres comme ça : je vous laisse Shirley et moi je prends Stella :uhuh:
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Alexandre Angel
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Re: Vincente Minnelli (1903-1986)

Message par Alexandre Angel »

Moi aussi :oops:
Elle a toujours été sexy Stella même dans L'Aventure du Poseidon.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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