Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Là vous me mettez la pression ; j'espère qu'hellrick et toi ne serez pas déçu :oops:
Strum
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Strum »

Très bon western que The Tall Men - une histoire de survie où la nature regarde, indifférente et majestueuse, les passions et les principes des hommes guider leur vie. Quelle vista de Walsh quand il filme ces sublimes paysages. Et il faut bien cette vista pour faire oublier de temps en temps le principal défaut du film : le jeu monocorde et limité de Jane Russel, qui m'a empêché d'y adhérer totalement.
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monk
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par monk »

Satisfait ou remboursé, de toute façon, non ? :mrgreen:
Ne t'en fais pas, ça va très bien se passer !
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Strum a écrit :le principal défaut du film : le jeu monocorde et limité de Jane Russel, qui m'a empêché d'y adhérer totalement.

Je l'ai trouvé vraiment pas mal du tout pour une fois mais c'est vrai qu'elle gâchait déjà un autre très bon film de Walsh dans lequel elle avait un rôle encore plus important : Bungalow pour femmes.
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Message par someone1600 »

Un autre western qui a l'air bien bon. Et que j'ai en enregistrement TCM en plus. :D
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Commissaire Juve
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Message par Commissaire Juve »

A propos de Les implacables...
Commissaire Juve a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
Un bon bol d'air pur :wink:
Je ne suis pas très client de mister grandes oreilles, mais je vois que c'est du scope... je me le prendrai.

EDIT : ayé, je l'ai commandé. 8)
Hé, Jérémy, je l'ai reçu... Effectivement, l'image est chouette (y compris en upscalée). Je suis très content 8) . Seul regret : c'est un Calysta première période avec de gros sous-titres :? . ça, pour moi, c'est le truc tue-l'amour par excellence (en DVD).

PS : l'image est bien, mais il y a quand même quelques transparences un peu moisies à la Hitchcock, argl ! :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Commissaire Juve a écrit :
PS : l'image est bien, mais il y a quand même quelques transparences un peu moisies à la Hitchcock, argl ! :mrgreen:
Oui, j'en parle rapidement d'ailleurs ; mais elles sont quand même assez rares
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par homerwell »

Revision hier soir histoire de faire un petit bout de chemin avec le cow boy du forum. J'adore ce western au grand souffle qui a pour cadre les paysages naturels du far west. De multiples scènes sont un égrainage des situations classiques que l'on rencontre dans le western, mais sans que cela ne devienne un inventaire à la Prévert (reproche que je faisais dernièrement à Winchester 73), et Jeremy a bien raison de citer des titres comme Red River, Wagonmaster, The Big Sky comme autant de références à comparer à The Tall Man. Et c'est bien la multiplicité de différentes intrigues enchevêtrées qui va tenir en haleine le spectateur dans le rythme pourtant nonchalant de ce scénario, mais aussi la complicité à l'écran des trois stars que sont Clark Gable, Jane Russell et Robert Ryan. D'ailleurs je ne connais pas bien la carrière de Jane Russell mais je n'ai aucun reproche à lui faire sur cet opus de Raoul Walsh.
Le film comprend une introduction et un final que je trouve chacun éblouissants de simplicité et de force. Le petit loupé ne provient pas me concernant des transparences que vous avez évoquées mais plutôt du traitement réservé au frère, Clint (Cameron Mitchell), dont
Spoiler (cliquez pour afficher)
la mort est attendue et surtout largement pressentie
comme une façon d'évacuer un personnage "patate chaude" dont on ne sait plus quoi faire.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

C'est vrai que face aux trois stars, il semble un peu oublié et en tout cas très en retrait.
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Commissaire Juve
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Commissaire Juve »

Je termine The Tall men à l'instant... sacré Jérémy :mrgreen:

C'est un western sympa, sans être un super "grand cru".

En fait, j'ai trouvé le film assez "familial". Et si je suis tenté d'ajouter "fait-pour-le-petit-garçon-que-j'étais-fin-années 60 / début années 70", je tempère un peu. Pourquoi ? Simplement à cause de deux tunnels -- Clark et Jane dans la cabane... et... dans une moindre mesure... Robert qui drague Jane avant le départ du troupeau -- qui m'aurait sûrement ennuyé lorsque j'avais 8 ans.

Sinon, la balade est très sympa. Beaux décors naturels, filmés avec soin. Pendant l'attaque des Indiens -- particulièrement couillons ici :lol: -- le vieux crouton que je suis devenu s'est bien marré ; mais je suis sûr que le gamin aurait adoré.

Remarques en vrac : j'ai trouvé Jane Russell assez hommasse, moi aussi, mais ça colle avec la situation*... Toujours concernant Jane Russell, le doublage français ne l'aide pas beaucoup (notamment pendant les parties chantées)... Finalement, il n'y avait pas beaucoup de transparences (ouf !)... le transfert DVD est très bien (dommage pour les gros sous-titres)... enfin, quelle idée d'avoir mis un doc sur Errol Flynn sur le disque. Tsss ! C'est vraiment du "supplément" pour "du supplément" et ça occupe une place précieuse pour le film lui-même. Ah lala !


* Il paraît que Jean Giono était très sceptique à l'idée de voir Gérard Philipe interpréter le rôle d'Angelo dans "Le hussard sur le toit", disant qu'un gars dans son genre mourrait tout de suite du choléra ! :mrgreen: Bon, ben, à la place de la Jane Russell des Implacables, on voit difficilement une jolie pépée diaphane ! :uhuh:
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Commissaire Juve a écrit :enfin, quelle idée d'avoir mis un doc sur Errol Flynn sur le disque. Tsss ! C'est vraiment du "supplément" pour "du supplément" et ça occupe une place précieuse pour le film lui-même. Ah lala !
J'ai soulevé ce 'problème' dans mon futur test du DVD ; non seulement il n'a pas sa place ici mais il est réalisé et monté avec les pieds.

Content que ça t'ai plu quand même ; d'ailleurs je ne le range pas dans les super grand cru non plus mais dans les westerns bougrement agréables et attachants :wink:

Bon et bien je me suis senti bien accompagné sur le coup ; ça fait plaisir et ça motive toujours 8) Ce qui ne sera pas le cas des deux suivants :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Fort Yuma

Message par Jeremy Fox »

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Fort Yuma (1955) de Lesley Selander
BEL-AIR PRODUCTIONS


Avec Peter Graves, Joan Vohs, John Hudson, Joan Taylor, Abel Fernandez
Scénario : Danny Arnold
Musique : Paul Dunlap
Photographie : Gordon Avil (Technicolor 1.33)
Un film produit par Howard W. Koch pour la Bel-Air Productions


Sortie USA : 04 octobre 1955

Après Shotgun (Amour Fleur Sauvage) et Tall Man Riding (La Furieuse Chevauchée), Fort Yuma est le troisième film (et troisième western) que Lesley Selander réalise durant l’année 1955. Avoir pu visionner ces trois titres à quelques semaines d’intervalle me fait conclure que la qualité est allée en décroissant, le prolifique cinéaste (jusqu’à une quinzaine de films par an durant les années 40) semblant même s’être cruellement désintéressé de sa mise en scène, bien trop approximative ici, tout comme le montage d’ailleurs. On trouve néanmoins, comme dans de nombreux de ses westerns, pas mal de petits détails insolites, un tournage en extérieurs, quelques réflexions intéressantes et une violence assez inaccoutumée pour l’époque, celle-ci ayant d’ailleurs fait réagir la censure dont l’intervention a abouti à de sacrés coupes et fait par exemple descendre le nombre de soldats du convoi tués de vingt-quatre à une dizaine seulement. Quelques séquences sont néanmoins passées au travers telles celle de la pendaison de l’indien, du meurtre du messager ou de la lance venant se ficher dans le dos d’un des soldats. Bien évidemment, aujourd’hui tout ceci paraitra anodin mais les films de Selander étaient vraiment plus crus que la moyenne en ces années là, témoin aussi des personnages principaux souvent assez durs. Après celui interprété par Sterling Hayden dans Shotgun, le soldat joué par Peter Graves s’avère lui aussi loin d’être un tendre.

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Dans les années 1860, alors qu’un traité de paix est en train d’aboutir avec les Apaches Mimbreno, leur chef est assassiné dans l’enceinte de Fort Yuma par un pionnier pris d’un coup de folie. Manga Colorado (Abel Fernandez), son fils, décide donc de repartir en guerre pour anéantir la forteresse. Le commandant envoie un messager à Fort Apache expliquer la nouvelle situation et demander des compagnies en renfort ; en cours de route il se fait appréhender par Manga Colorado qui le transperce de flèches. A Fort Apache, un convoi militaire s’apprête à partir vers Fort Yuma, l'habituel ravitaillement en vivres et munitions. Le détachement sera dirigé par le lieutenant Ben Keegan (Peter Graves), un officier dont la haine qu’il voue aux indiens lui fait contester dans un premier temps être accompagné par un éclaireur Apache, le Sergent Jonas (John Hudson). La raison cachée de ce refus est qu’il ne veut pas que Jonas découvre qu’il est en fait amoureux de sa sœur Francesca (Joan Taylor) qui doit les accompagner avec pour mission de veiller sur une jolie institutrice, Melanie Crowne (Joan Vohs), qui fait également partie du voyage. Des relations vont se nouer entre la jeune femme et l’éclaireur indien malgré le fait que ce dernier ait du mal à concevoir et à approuver des rapports interraciaux. Les Indiens ne vont pas tarder à les harceler, décimant le convoi au fur et à mesure de son avancée, récupérant les uniformes pour pouvoir attaquer sous couvert Fort Yuma...

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Un western assez curieux malgré le fil directeur de l'intrigue d’une grande simplicité : le voyage à haut risque d’une colonne de la cavalerie américaine (accompagnée par deux femmes) d’un fort à l’autre à travers les territoires de tribus indiennes parties sur le sentier de la guerre sans que les soldats du détachement en aient été informés. Du même réalisateur, Fort Osage était déjà un film pro-indien assez original, aucunement paternaliste ni manichéen. On peut en dire autant de Fort Yuma sauf que le bâclage de l’ensemble le rend bien moins réussi que son prédécesseur, bien moins puissant et attachant, quasiment anodin. Au final, il s’agit d’une série B pas spécialement ennuyeuse mais, à l’image de sa première séquence, celle de l’assassinat du chef indien, sans grande intensité dramatique, le figurant étant chargé de personnifier le colon qui tire sur l’indien, grimaçant d’une manière clownesque, rendant la scène guère convaincante voire presque risible. Il y avait pourtant un postulat de départ assez intéressant avec aussi une double romance interraciale, le tout gâché par un trop grand laisser-aller à tous les niveaux, que ce soit dans la réalisation, le scénario et même l’interprétation dans l’ensemble assez terne à l’exception de Joan Taylor dont le personnage d’indienne est peut-être le mieux écrit. Francesca est une squaw persuadée être plus heureuse auprès d’un homme blanc que d’un guerrier de son peuple auprès duquel elle pense ne pas trouver sa place, voire même être rabaissée. Malgré tout, sa fierté fait qu’elle ne supporte pas la pitié de la jeune missionnaire, son maladroit paternalisme et sa volonté farouche de se lier d’amitié avec elle. Une femme forte et butée qui se heurte non seulement à la respectable institutrice mais également à son frère qui voit d’un mauvais œil sa relation avec un homme blanc.

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Les trois autres principaux protagonistes ne sont pas inintéressants eux non plus, tout du moins sur le papier. Peter Graves (le chef de groupe dans la série Mission Impossible) interprète un officier xénophobe et cruel qui, paradoxalement, dit détester les indiens tout en s’étant épris de l’une d’entre elle. Il ne voudra cependant pas que sa relation soit connue, trop honteux de pouvoir éprouver des sentiments pour une indienne et il n’hésitera pas à lyncher un ‘peau-rouge’ sans autre forme de procès et malgré le fait que l'institutrice le lui ait fortement déconseillé, trouvant cet acte barbare et inhumain. Le personnage de la missionnaire était également assez bien vu ; bien que très respectable et éminemment charmante, le scénariste la rend agaçante à force de vouloir bien faire, symbole d’une Amérique paternaliste et bien pensante. A leurs côtés encore un individu aussi cocasse qu’attachant, celui du sergent vieillissant voulant à tout prix devenir lieutenant et gentleman malgré son analphabétisme, sincèrement frustré de ne pas pouvoir récolter des galons à cause de son illettrisme. Dommage que tous ces portraits bien croqués soient aussi ‘tiédassement’ personnifiés par des comédiens peu connus mais décidément assez peu inspirés ou alors qui se croient d’un seul coup sur une scène de théâtre, cabotinant sans raison, notamment au moment de rendre l’âme.

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Le minuscule budget n’excuse pas toutes ces approximations, ce bavardage intempestif et le manque cruel d’intensité malgré de forts enjeux dramatiques. Si les intentions étaient éminemment louables et les paysages de Kanab (dans l’Utah) plutôt bien utilisés, l’ensemble du film échoue à nous donner autre chose qu’un western agréable pour dimanche après midi pluvieux. C’est mieux que rien et ce n’est pas mauvais mais on pouvait raisonnablement s’attendre à mieux de la part de Lesley Selander dont la filmographie recèle quelques bonnes surprises. Il est donc néanmoins possible de retirer du plaisir de ce western qui respecte les indiens (les figurants sont d’ailleurs très crédibles) et qui nous délivre quelques scènes d’action assez nerveuses et notamment celle où les soldats sont acculés par les indiens dans un endroit rocheux et où ils se font descendre un par un. Quelques images rarement vues (sauf dans Ambush (Embuscade) de Sam Wood) comme celle des indiens creusant la terre pour se cacher dessous et attaquer les soldats par surprise et par l’arrière. Le tout en Technicolor, ce qui n’est pas déplaisant ! Seulement, il faut bien prévenir à nouveau : pour aficionados seulement.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par homerwell »

:mrgreen: Celui-ci je ne l'ai pas en dvd, et je ne suis pas sûr de me lancer dans l'aventure...

Pour revenir rapidement sur The Tall Man, Raoul Walsh et ses scénaristes ont tout de même réussi à glisser une petite symbolique sympathique dans le fait que les frères Allisson qui ont fait la guerre de sécession côté Sudiste se voient tendre la main (même si un peu contraint :mrgreen: ) par Stark qui présente toutes les marques du Nordiste argenté entrepreneur et qu'ils vont réussir ensembles la périlleuse entreprise.
Dernière modification par homerwell le 9 déc. 12, 23:31, modifié 2 fois.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

homerwell a écrit ::mrgreen: Celui-ci je ne l'ai pas en dvd, et je ne suis pas sûr de me lancer dans l'aventure...

Pour revenir rapidement sur The Tall Man, Raoul Walsh et ses scénaristes ont tout de même réussi à glisser une petite symbolique sympathique dans le fait que les frères Allisson qui ont fait la guerre de sécession côté Sudiste se voit tendre la main (même si un peu contraint :mrgreen: ) par Stark qui présente tous les marques du Nordiste argenté entrepreneur et qu'ils vont réussir ensembles la périlleuse entreprise.
Côté sudiste version trash puisqu'il s'agissait quand même des francs tireurs de Quantrell. Mais oui, Walsh veut très certainement montrer un rapprochement entre les deux 'clans'.
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Jeremy Fox
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Oklahoma

Message par Jeremy Fox »

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Oklahoma (1955) de Fred Zinnemann
R & H PRODUCTIONS


Avec Shirley Jones, Gordon McRae, Glen Nelson, Gloria Grahame, Rod Steiger, Eddie Albert, Charlotte Greenwood
Scénario : Sonya Levien & William Ludwig
Musique : Richard Rodgers
Photographie : Robert Surtees (Cinemascope 2.55 ou Todd-Ao 2.20)
Un film produit par Arthur Hornblow Jr pour la Rodgers & Hammerstein Productions


Sortie USA : 11 octobre 1955


Que les allergiques à la comédie musicale westernienne se rassurent ; il s'agit de l'une des dernières ! :mrgreen:

Dans le domaine du ‘Broadway Musical’, Oklahoma fut la première collaboration entre le compositeur Richard Rodgers et le librettiste Oscar Hammerstein II. A cette occasion le duo entama une carrière pas spécialement prolifique mais d’une rentabilité ahurissante. Les autres titres de gloire de leur coopération furent (tous adaptés ensuite au cinéma) State Fair (La foire aux Illusions), South Pacific, Carousel et surtout, plus connus dans nos contrées, Le Roi et moi - The King and I (rendu célèbre par l’interprétation de Yul Brynner sur grand écran) ainsi que La Mélodie du bonheur (The Sound of Music) somptueusement mis en scène au cinéma par Robert Wise avec dans le rôle principal Julie Andrews. Ces six comédies musicales rapportèrent aux deux homme une fortune ; elles sont toujours constamment jouées, Oklahoma demeurant la plus appréciée du public américain. La première du spectacle sur Broadway eut lieu le 31 mars 1943 ; il fut ensuite joué 2243 fois sans interruption cinq années durant dans la même salle jusqu’au 29 mai 1948 ! Il faudra attendre My Fair Lady en 1956 pour que ce record soit battu. En 1944, le duo obtint un prix Pullitzer spécial pour son œuvre. La comédie musicale d’origine, sur les planches, eut pour metteur en scène non moins que Rouben Mamoulian et pour interprètes Alfred Drake, Howard Da Silva et Celeste Holm. Devant ce succès retentissant, la plupart des grands studios hollywoodiens essayèrent d’acquérir les droits pour l’adaptation cinématographique mais même la toute puissante MGM (la reine en la matière) n’y réussit point.

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Claremore, Oklahoma au début du 20ème siècle. Curly (Gordon McRae) est heureux : il chevauche le long des immenses champs de maïs en louant cette radieuse matinée ensoleillée (‘Oh what a Beautiful Mornin’). Il se rend en effet chez sa tante Eller (Charlotte Greenwood) où il espère réussir à convaincre la nièce de cette dernière, la jolie Laurey Williams (Shirley Jones), d’être sa cavalière lors de la soirée dansante qui aura lieu dans les heures qui viennent. Faisant mine de ne pas être intéressée, Laurey commence à changer d’avis quand Curly lui fait miroiter qu’il la conduira dans une superbe carriole de conte de fées (‘The Surrey with the Fringe on Top’). Par fierté mal placée, ne voulant pas faire croire à Curly avoir été charmée, elle décide que son cavalier demeurera le taciturne garçon de ferme, Jud Fry (Rod Steiger), à qui elle avait déjà fait cette promesse. Tante Eller se rend à la gare à la rencontre de Will Parker (Glen Nelson), cow-boy du coin tout content d’avoir pu gagner une somme d’argent suffisante pour pouvoir épouser la dévergondée Ado Annie Carnes (Gloria Grahame). Tout émoustillé, il raconte à ses amis sa virée en ville où il s’est trouvé confronté à la civilisation (‘Kansas City’). Lorsqu’il retrouve sa fiancée chez Tante Eller, elle est accompagnée d’un voyageur de commerce, Ali Hakim (Eddie Albert), à qui elle a promis le mariage, ne se souvenant plus l’avoir déjà fait à Will, ayant la mémoire d’un poisson rouge et incapable de dire non à n’importe quel garçon (‘I Cain’t say no’). Arrivent aussi à la ferme, des quatre coins de la région pour y faire une halte, tous les habitants se rendant à la fête du village. Les jeunes filles s’enferment toutes dans la chambre de Laurey pour se faire belles (‘Many a new Day’). Qui de Curly, Will, Ali ou Jud arriveront à s’attirer les faveurs de Ado Annie et Laurey ?

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Les producteurs de cinéma s’inquiétant de plus en plus de l’émergence grandissante de la petite lucarne dans les foyers américains, ils ne chôment pas pour trouver des idées afin de continuer à attirer un public toujours plus nombreux dans les salles. Après la 3D et le cinémascope, ils voient encore plus grand et, parallèlement au Cinérama, c’est le Todd-Ao qui fait son apparition. Oklahoma est le premier film à avoir été filmé à l’aide de cette technique exploitant un format de pellicule de 70mm. Ce sera également un des seuls avec aussi Le Tour de Monde en 80 jours de Michael Anderson car non seulement le procédé était couteux mais il fallait également que toutes les salles soient rééquipées à neuf avec projecteurs 70mm, optiques adaptées et écrans incurvés. Ce système au rendu parait-il impeccable (aussi bien de l’image que du son) ne fut donc que très peu exploité. Techniquement, alors que le cinérama nécessitait trois caméras et trois projecteurs (avec deux bandes verticales trop visibles en projection : on se rappelle de La Conquête de l’Ouest par exemple), le Todd-Ao n’utilisait qu’une seule caméra équipée d’un unique objectif. Son format de projection est moins large que le 2.35 voire 2.55 du Cinémascope traditionnel, à savoir 2.20, une partie plus importante que la moyenne (en l’occurrence 5mm) étant dévolue aux pistes sonores qui pouvaient s’élever au nombre de six. Les deux premiers films ayant bénéficiés de cette nouvelle technique (ceux évoqués ci-dessus) devant être projetés à la vitesse de 30 images par seconde et peu de salles étant équipées pour (seulement une quarantaine le seront), ils ont nécessité d’être tournés en parallèle en cinémascope afin de pouvoir être massivement distribués. Quoiqu’il en soit, la première projection en Todd-Ao fut donc celle du film qui nous concerne ici et eut lieu le 11 octobre 1955 au cinéma Rivoli de New York. Le succès fut au rendez-vous et ne s’est jamais démenti depuis (aux USA).

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Peu satisfait de l’adaptation du pourtant charmant State Fair par Walter Lang en 1945 (avec pour duo vedette Jeanne Crain et Dana Andrews), Richard Rodgers et Oscar Hammerstein se lancèrent dans la production à l’occasion d’Oklahoma. Il est étonnant de constater encore aujourd’hui que la cote d’amour et de popularité de ce film aux USA n'est pas redescendue d’autant qu’on a beaucoup de mal à la comprendre à sa vision. Ceci dit, Carousel, l’adaptation suivante d’un succès de Rodgers et Hammerstein par la 20th Century Fox (avec à nouveau le couple vedette Gordon McRae/Shirley Jones), pourtant réalisée par Henry King, sera encore plus calamiteuse même si ça semble difficile à concevoir devant déjà tant d'indigence ! Qu’Oklahoma ait récolté l’Oscar de la meilleure musique s’avère tout à fait compréhensible et justifié tellement Richard Rodgers s’est toujours avéré l’un des plus talentueux mélodistes du genre et qu’ici encore il a frappé très fort ; mais pour le reste, on se demande encore ce que Fred Zinnemann est venu faire dans cette galère, semblant d’ailleurs aux abonnés absent derrière sa caméra ultra-statique. Ce sera son unique incursion dans la comédie musicale et le résultat me conforte dans le fait de penser que ses meilleurs films se situent en tout début de carrière, durant les années 40 avec par exemple les excellents mais peu connus La Septième Croix (The Seventh Cross), implacable suspense durant la Seconde Guerre Mondiale avec Spencer Tracy, Acte de Violence (Act of Violence), très bon film noir avec Van Heflin et Robert Ryan ou encore C’étaient des Hommes (The Men), le premier film avec Marlon Brando en tête d’affiche. Je continue à me demander comment, dans la carrière du très inégal Fred Zinnemann, ces films ont pu être à ce point oubliés au profit des célèbres mais laborieux Le train Sifflera trois fois (High Noon) ou Tant qu’il y aura des Hommes (From Here to Eternity).

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Oklahoma est donc une nouvelle comédie musicale qui prend pour cadre et décors le Far West américain après une petite poignée de prédécesseurs (à peine une dizaine). Elle comporte son lot de cow-boys et de fermiers, le thème d’une des chansons (‘The Farmer and the Cowman’) relatant d’ailleurs les fameuses rivalités ayant eu lieu entre ces deux catégories d’hommes de l’Ouest dès le milieu du 19ème siècle. Mais que les amateurs de westerns purs et durs passent leur chemin car l’intrigue sans aucune intensité dramatique ne comporte pas la moindre pincée d'action, le climax du film (hormis le petit coup de folie final perpétré par le personnage interprété par Rod Steiger) étant constitué par une vente aux enchères de paniers garnis ! Autant dire qu’il ne faut pas s’attendre ni à des chevauchées ni à des fusillades, pas même à des bagarres à poings nus (ou tellement vite expédiées) mais à diverses romances et triangles amoureux d’une assez grande mièvrerie. Si le scénario avait été réussi, le film aurait pu être plaisant mais il s’avère d’une indigence totale ; idem en ce qui concerne la mise en scène sans aucune inspiration, incapable de donner le moindre souffle, la moindre ampleur à n’importe quelle séquence. Quant au casting, il n’est pas des plus enthousiasmants. Si Gordon McRae était un très bon chanteur à la voix chaleureuse (son ‘Oh what a Beautiful Mornin’’ qui ouvre le film est merveilleux), il n’était qu’un piètre acteur. Il en va de même pour Gene Nelson qui en revanche (et on ne le répétera jamais assez) était un formidable danseur mais qui n’a malheureusement que peu d’occasion de nous le montrer ici. Shirley Jones, sorte de sosie de Jane Powell, reste assez terne ; quant à la présence de Gloria Grahame et de Rod Steiger, elle est aussi incongrue que si nous étions tombé sur John Wayne nageant aux côtés d’Esther Williams dans une des innombrables comédies musicales nautiques de cette dernière ! Nous n’aurions donc guère été plus étonnés de trouver James Dean à la place de Gordon McRae ; et cette fois ce n’est pas une blague puisqu’il fut réellement auditionné en interprétant la chanson 'Pore Jud’ dixit Fred Zinnemann dans son autobiographie ! Restent Eddie Albert, Charlotte Greenwood et James Whitmore qui font mouche à deux ou trois reprises ; mais tout ceci reste bien maigre.

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Quant aux amateurs de comédies musicales, ils peuvent facilement se passer de cet Oklahoma qui n’a finalement pas inventé ni révolutionné grand-chose si l’on ne s’en tient qu’aux divers numéros musicaux qui le parsèment et malgré le fait que ce soit Agnès de Mille qui ait été chorégraphe sur le film comme sur scène. Sans quitter la comédie musicale exclusivement westernienne, pour une séquence similaire à celle de l’habillage des femmes, se tourner plutôt vers le survitaminé Les 7 Femmes de Barberousse (Seven Brides for Sevent Brothers) de Stanley Donen ; idem pour celle de la ‘fête champêtre. Pour admirer des décors studios totalement irréalistes, voire joliment surréalistes comme ceux qui jonchent la séquence du rêve (interminable et guère enthousiasmante ‘Out of My Dreams’ malgré quelques belles toiles peintes), se reporter principalement vers le très curieux Les Jarretières Rouges (Red Garters) de George Marshall ; idem pour la parodie des éléments constitutifs du western. Les spectateurs plus fleurs bleues qui souhaiteraient entendre des têtes à têtes en amoureux et en chansons au sein de beaux paysages du Far-West, feraient mieux de se jeter sur The Harvey Girls de George Sidney ; idem pour une chorégraphie spectaculaire près d’un train en marche. Pour ceux qui souhaiteraient vraiment rire (même si ce n’est pas finement), ne pas hésiter à voir ou revoir plutôt Calamity Jane (La Blonde du Far-West) de David Butler ou Annie Reine du Cirque (Annie Get your Gun) de George Sidney. Autant dire qu’Oklahoma ne fait pas le poids face à toutes ces autres amusantes et (ou) charmantes comédies musicales. Mais je ne voudrais pas vous écœurer, les avis positifs sur ce film de Zinnemann étant assez nombreux surtout Outre-Atlantique. A vous de juger sur pièce ! En tout cas, même si on peut se passer de voir ce ‘Musical’ sans rythme et sans vie, il serait dommage de ne pas l’écouter, Richard Rodgers signant ici un petit chef-d’œuvre à la fois très élaboré et parfaitement accessible. Peut-être aussi en allant découvrir le spectacle sur scène ?!
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