Le Virginien (1962-1971) Universal

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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

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Lee J. Cobb & Leo Genn

2.18 - The Thirty Days of Gavin Heath

Réalisation : John Florea
Scénario : Mel Harrold
Guest Star : Leo Genn
Première diffusion 22/01/1964 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7.5/10

Le pitch : Gavin Heath (Leo Genn), un immigrant britannique ayant autrefois été propriétaire d’un ranch aux environ de Medicine Bow, revient sur les lieux après s’être enrichi, bien décidé à se réintégrer à la communauté. Malheureusement il est mordu par un chien enragé et le médecin ne lui laisse comme espoir qu’environ 30 jours à vivre. Après une période dépressive chez le juge Garth, il décide de passer ses dernières heures en actions philanthropiques, néanmoins toujours torturé par son passé dans l’armée britannique où il fut considéré comme lâche ainsi que par un conflit avec Trampas qui ne semble pas avoir été résolu…

Mon avis : Vous venez d’être bénéficiaire d'une grosse fortune mais on vous apprend qu’il ne vous reste plus que 30 jours à vivre ? Qu’allez-vous faire de ce dernier mois sur terre et comment allez vous dépenser l'argent acquis ? C’est le postulat de départ que nous proposent le réalisateur de télévision John Florea en collaboration avec Mel Harrold dont cet épisode du Virginien sera le seul et unique travail en tant que scénariste, voire même sa seule activité pour le cinéma ou la télévision. Malgré la relative 'virginité' de l'auteur de l'histoire, autant dire d’emblée qu’il s’agit d’une des très belles réussites de cette deuxième saison, un épisode captivant et d’une densité assez étonnante, surtout que le résumé ci-dessus ne reflète que très partiellement tous les éléments mis en avant au cours de ce récit pétri d’une belle humanité sans pour autant tomber dans la mièvrerie. Sans trop en dévoiler, essayons cependant de vous en faire saisir toutes les richesses thématiques et d’écriture d’autant que tout ce qui va vous être raconté ci-après ne l’est absolument pas par ordre chronologique au sein de cette fiction ! Gavin Heath, citoyen britannique, prend part à l'âge de 19 ans à la fameuse charge de la brigade légère qui a lieu durant la guerre de Crimée en 1855. Faisant semblant d’être touché en tombant expressément de cheval, il se fait passer pour mort au tout début de la bataille ; accusé de lâcheté il est dégradé puis chassé de l'armée. Plus tard, après qu’il eut émigré aux USA, il acquiert un ranch proche de celui de Shiloh dans une vallée lui rappelant les lieux de cette bataille. Une autre couardise lui fait se mettre Trampas à dos ; honteux et désargenté, il part dans le Colorado où il fait fortune.

De retour dans la petite bourgade de Medicine Bow en homme désormais riche, il espère se réinstaller dans cette région où il s’était lié d’amitié avec la plupart des habitants et où il souhaite enfin se poser après avoir réglé quelques dettes non seulement financières mais aussi morales. En effet ses démons sont toujours présents, l’empêchant de goûter à la sérénité que sa fortune aurait du lui apporter, le tout renforcé par la froideur de Trampas à son égard, le cowboy de Shiloh ne semblant pas avoir encore digéré ce qui s'était déroulé voici trois ans en arrière et qui avait failli le tuer. Quoiqu’il en soit, Gavin décide de fêter en grande pompe sa richesse et son retour ; il reprend contact avec la plupart de ses anciennes connaissances et notamment avec Sally, une Saloon Gal au cœur d’or qui ne l’avait pas oublié (superbe personnage interprété par Ina Victor). Betty et Garth paraissent eux aussi ravis de ce retour et sont agacés par les réactions de Trampas à son encontre : "I don't hate him any more than I hate that mad dog--I just don't want to be around either of them." Tout aurait été pour le mieux si le jour où Gavin s'était rendu sur ses anciennes terres il ne s'était pas fait mordre par un chien dégoulinant de bave aux lèvres (celui dont parle justement Trampas dans la phrase précédente et qu'il avait croisé peu avant avec inquiétude). Un citoyen étant agonisant par le fait d’avoir attrapé la rage, les ‘chances’ pour que ce soit également le cas pour l’anglais sont très grandes ; le médecin lui annonce que si ça se confirme, il n’aura plus qu’une trentaine de jours à vivre. Sa première réaction est de se cloitrer volets fermés, de se replier sur lui et de désespérer. Sur quoi le juge Garth l’invite au contraire à profiter au maximum de son dernier mois sur terre et éventuellement de retourner mourir dans le Royaume Uni qu’il chérit tant.

Ayant beaucoup à se faire pardonner sur place et estimant ne pas avoir le temps d’entreprendre un tel voyage, il va avoir l’idée non seulement de se racheter de sa veulerie mais également de faire de Medicine Bow un petit coin d’Angleterre par quelques décisions philanthropiques mais aussi par des 'cocasseries' au contraire peu appréciées de ses concitoyens comme le fait de demander à hisser l’Union Jack en plein centre de la ville et surtout à deux jours du 04 juillet, fête de l’indépendance. A cette occasion, il se défendra avec une belle éloquence par un passionnant exposé historique, rappelant à ses concitoyens que sans les anglais, l’Amérique ne serait pas ce qu’elle est devenue, leur remémorant que la plupart de leurs ancêtres sont des descendants des habitants de l’Angleterre, qu’ils devraient ainsi aussi bien respecter son drapeau que lui respecte le leur. Je ne vous en dirais pas plus mais sachez que le final devrait plaire aux amateurs d’action, se déroulant alors que l’on se lance à l’attaque d’une bande d’indiens renégats qui se sont enfuis de prison après avoir pris Trampas en otage. Une séquence d’une belle efficacité, ample et pleine de panache, se terminant sur une note fortement émouvante. Si la direction d’acteurs s’avère parfaite, Leo Genn est admirable et domine l’ensemble de l'excellent casting par une prestation mémorable dans la peau de cet anglais richissime dépressif et en quête de rédemption qui se définit comme "a ghost of a man without a family, country, or soul" ; si son nom ne vous dit pas grand-chose vous connaissez surement le visage de cet comédien britannique qui tourna pour tous les principaux cinéastes anglais, de Carol Reed à Laurence Olivier en passant par Michael Powell et Zoltan Korda, et qui aux USA fut entre autres le Petronius du Quo Vadis de Mervyn LeRoy ou le Strabuck du Moby Dick de John Huston.

Un épisode au récit assez vertigineux qui en plus d’être d’une extrême gravité et bourré de références historiques provoque des réflexions sur la mort, la philanthropie, la seconde chance, la rédemption, le courage et la lâcheté grâce à d’excellents dialogues et à des déclamations enflammées de magnifiques tirades de Shakespeare ou Tennyson. Bien réalisé –avec notamment lors de la séquence de la fête une superbe contre plongée accompagnée d’un léger mouvement de caméra s’avançant sur Leo Genn resté seul dans le saloon à demi éclairé au milieu des bouteilles disséminées-, superbement écrit, magnifiquement interprété, une histoire non seulement totalement inédite dans un western, d’une densité assez étonnante pour seulement 70 minutes d’un épisode télévisé, mais également remplie d’émotion et de notations originales pour le genre comme ce décor du salon de thé ou ce pasteur au discours plutôt progressiste. Un must de cette deuxième saison !


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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

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Mariette Hartley & Leif Erickson

2.19 - The Drifter

Réalisation : Don McDougall
Scénario : Carey Wilber & Frank Fenton
Guest Star : Leif Erickson & Mariette Hartley
Première diffusion 29/01/1964 aux USA - 22/01/1967 en France
DVD : VOSTF et VF
Note : 7/10

Le pitch : S’arrêtant devant une ferme à l’abandon, le Virginien se remémore son arrivée à Medicine Bow sept ans plus tôt. Traversant les terres du ranch Shiloh, il se fait tirer dessus par les hommes de main du juge Garth qui le soupçonnent de faire partie des cow-boys de leur voisin et ennemi, Peterson (Leif Erickson). Se liant d’amitié avec un des hommes de ce dernier, le Virginien le sauve d’un passage à tabac ; pour le remercier Peterson lui offre un emploi. Il tombe amoureux de la fiancée de son régisseur ce qui met d’autant plus sa vie en danger qu’il commence aussi à entrevoir les dessous peu glorieux du conflit qui oppose les deux ranchs…

Mon avis : Après des épisodes 'flashback' qui nous avaient narrés comment Steve (Duel at Shiloh à la moitié de la première saison) et Trampas (Ride a Dark Trail qui ouvrait la deuxième saison) étaient arrivés à Medicine Bow, il fallait bien qu’un jour le personnage titre de la série ait aussi cet insigne honneur de se voir attribuer une fiction nous expliquant le parcours l’ayant mené dans cette région du Wyoming. Comme dans le premier épisode cité ci-dessus et qui était un remake de L'homme qui n'a pas d'étoiles (Man Without a Star) de King Vidor, ce semblant de 'pilote' se déroule à nouveau au travers un récit ayant pour thème principal une ‘War Range’ -autrement dit un conflit entre plusieurs éleveurs-, nos héros travaillant au début dans le ranch adverse à celui qu’ils intégreront plus tard, à savoir Shiloh que dirige le juge Garth. Une intrigue qui pour les aficionados du genre ne proposera certes que très peu de surprises mais que l’excellent scénariste Frank Fenton (L’aigle vole au soleil, Le Jardin du diable, Rivière sans retour, Fort Bravo…) réussit à mener jusqu’au bout avec une solide assurance dans l’écriture et une belle richesse dans la description des personnages. Bref, une bonne cuvée même si son manque d’originalité ne peut pas la faire côtoyer les sommets de la série.

C’est en s’approchant d’un domaine à l’abandon sur les terres du juge Garth que le Virginien se remémore ce qui s’y est produit sept ans auparavant. Lorsque, avant de plonger dans ses pensées et son passé, il dit à Steve que les habitants de cette ferme fantôme sont tous morts, on sait d’emblée que nous allons assister à un drame, le fatalisme de cette phrase apportant à l’épisode une sorte d’aura de mélancolie qui le rend encore plus poignant, le compositeur de la musique s’étant lui aussi engouffré dans ce ton. Le flashback peut alors débuter ! Le Virginien -dans une tenue autre que celle noire et rouge qu’il arbore dans quasiment tous les épisodes lorsqu’il n’est pas en costume de ville- galope dans les plaines du Wyoming lorsque qu’un coup de feu fait s’écrouler son cheval sous lui, raide mort. Ce sont des hommes de main travaillant à Shiloh qui l’ont pris pour un cowboy du ranch voisin avec qui ils sont en conflits depuis quelque temps sans que personne ne semble se souvenir de l’élément déclencheur. C’est ainsi que, un peu molesté, Le Virginien fait la connaissance de son futur patron, le juge Garth ; et autant dire que la rencontre s’avère glaciale. Puis notre héros sans nom se rend au saloon pour oublier dans un verre la réception peu cordiale qu’on vient de lui faire. Là, un homme lui demande de partager son moment de détente dans le seul but de pouvoir s’amuser un petit moment avant de se faire tomber dessus par un groupe d’inquiétants personnages l’attendant aux quatre coins de la pièce pour lui faire sa fête. Ayant pitié de lui et reconnaissant dans ces ‘bourreaux’ quelques uns de ceux ayant fait partie de son ‘comité d’accueil’, le Virginien fait en sorte qu’une bagarre générale se déclare pour 'brouiller les pistes' et attirer l'attention ailleurs ; ce qui donne lieu à une séquence aussi cocasse qu’efficace, la plupart du mobilier en faisant les frais.

L’on se rend ainsi compte d’emblée que, comme je l’avais déjà auparavant décelé, Don McDougall demeure l’un des meilleurs réalisateurs de la série, sa gestion de l'action, l'ingéniosité de ses placements de caméra et les effets qu'il obtient des cascadeurs s'avérant d'une redoutable efficacité. Cette dantesque bagarre sera l’une des dernières séquences avec un peu d’humour, le reste allant sombrer dans le drame et la plus profonde noirceur. Après une nuit en prison, le Virginien est délivré par le patron de l’homme qu’il a ‘sauvé’ d’un passage un tabac ; cet important rancher paie sa caution et rembourse les dommages occasionnés avant de lui offrir un emploi dans son domaine. Là, le Virginien va tomber amoureux de la fille de ce gros éleveur au grand dam du régisseur qui outre s’être fiancé à cette dernière avec de vilaines idées derrière la tête s’avère être celui par qui le conflit avec Shiloh est arrivé. Je ne vous en dirais pas plus afin de ne pas vous gâcher toute la découverte de ce récit formidablement bien mené sauf à vous dire que les morts violentes vont s’accumuler alors que dans le même temps le Virginien va se lier d’amitié avec son futur patron lors de scènes réellement émouvantes alors qu’ils se rendent compte s’être trompés sur leurs comptes respectifs. A cette occasion le Virginien sortira l’une des phrases emblématiques qui pourrait résumer la non violence et le progressisme de la série en disant en substance au juge qu’il rêvait d’un homme qui œuvrerait pour l’avenir mais qu’il n’en avait jamais connu avant lui, à savoir un gros rancher capable de travailler pour les générations futures avant de penser à lui-même.

Les aficionados du genre trouveront probablement l’intrigue déjà vue mais l’intelligence du scénario, l’efficacité de la réalisation et la qualité de l’interprétation font de cet épisode un très bon cru. Concernant le casting, outre un James Drury qui ne nous déçoit pas, on se souviendra surtout d’un Gregg Palmer inquiétant à souhait, d’un excellent Leif Erickson dans le rôle du rival de Garth ainsi et surtout de Mariette Hartley qui fut déjà le personnage féminin principal aux côtés de James Drury dans l’un des plus grands westerns de l’histoire du cinéma, Coups de feu dans la Sierra (Ride the High Country) de Sam Peckinpah. Ici elle a à nouveau la chance de s’être fait octroyer un personnage richement dépeint, celui d’une jeune fille aux idées modernes mais se trouvant seule et isolée par le fait d’être en quelque sorte ‘emprisonnée’ au sein de sa famille. Pour couronner le tout d’efficaces scènes d’action et des séquences de dialogues mémorables grâce à la complicité de Lee J. Cobb et James Drury. Ce mélange de romance malheureuse, de récit policier (qui a pu tirer les cartouches qui ont tué un certain personnage et blessé le Virginien ?) et de pur western devrait plaire au plus grand nombre d’autant qu’il permet de découvrir le background de notre héros-titre.


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Lockwood
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Re: Le Virginien

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2.19 - The Drifter

Réalisation : Don McDougall
Scénario : Carey Wilber & Frank Fenton
Guest Star : Leif Erickson & Mariette Hartley
Première diffusion 29/01/1964 aux USA - 22/01/1967 en France
DVD : VOSTF et VF
Note : 7/10
Le manque de renouvellement des carcans narratifs est un des points négatifs de cette saison..
Après, je serai un poil moins sévère car je suis assez bon client de ce genre d'épisodes plus mélancoliques..
Et ce genre de mécanique en flashback a le mérite de placer des personnages que nous connaissons bien hors de leur zone de confort. Et je trouve que cela fonctionne à merveille dans cet épisode: 7,5/10

Bon, maintenant, tu vas pouvoir faire la connaissance de ce sale mioche de Randy! Un personnage assez irritant qui ressuscite le mythe du cow-boy chantant. Je ne serai pas aussi rude que le Duke en la matière, mais force est constater que ce n'est pas la meilleure idée qu'ont eu les producteurs de la série..
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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Lockwood a écrit : Bon, maintenant, tu vas pouvoir faire la connaissance de ce sale mioche de Randy! Un personnage assez irritant qui ressuscite le mythe du cow-boy chantant. Je ne serai pas aussi rude que le Duke en la matière, mais force est constater que ce n'est pas la meilleure idée qu'ont eu les producteurs de la série..

Vu hier soir et j'ai trouvé ce personnage super attachant et surtout excellent chanteur de Country Blues. Content qu'il intègre l'équipe au contraire :wink:
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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

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Bruce Dern

2.20 - First to Thine Own Self

Réalisation : Earl Bellamy
Scénario : Les Crutchfield
Guest Star : Bruce Dern
Première diffusion 12/02/1964 aux USA - 30/08/1983 en France
DVD : VOSTF et VF
Note : 7/10

Le pitch : Après avoir fait fortune, Silas se rend à Medicine Bow y retrouver sa sœur. Sur le chemin il recueille un jeune guitariste, Randy. Alors que celui-ci est parti chercher de l’eau, Silas se fait tuer et cambrioler par deux bandits. Seule sa petite fille Mélanie est témoin du meurtre, mais elle est tellement sous le choc qu’elle n’arrive pas à innocenter Randy lorsque les hommes du ranch Shiloh le découvrent sur les lieux du crime. De peur de se faire lyncher, Le jeune homme s’enfuit ; une longue et laborieuse traque se met en place alors que Betsy, persuadé de l’innocence de Randy qu’elle a importunément rencontré, va tout faire pour lui venir en aide…

Mon avis : First to Thine Own Self est un épisode non seulement très réussi mais important pour l’ensemble de la série puisqu’il introduit un nouveau personnage qui restera en son sein durant 70 épisodes jusqu’à la fin de la quatrième saison. Il s’agit de Randy Benton, un jeune vagabond orphelin qui est accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis, le seul témoin du crime, une fillette de 6 ans, tellement choquée par le drame auquel elle a assisté qu’elle n'arrive même pas à l’innocenter. Un jeune homme tout aussi attachant que s'avère être le comédien, d’une étonnante droiture pour quelqu’un n’ayant pas eu la chance d’avoir une enfance heureuse, mais qui malheureusement a 'appris' à être méfiant et à ne faire confiance en personne. A la constante recherche de petits boulots à droite à gauche, il ne quitte jamais sa guitare dont il joue à merveille, chantant du Country Blues d’une manière tout à fait remarquable, sa voix jurant avec son visage poupin, bien plus rocailleuse qu’attendu. Le comédien s’avère donc non seulement tout à fait sympathique mais également sacrément talentueux dans le domaine musical, interprétant ici trois mélodies dont une -I'm So Lonesome I Could Cry- signée par le grand Hank Williams. A la fin de cet épisode mouvementé, le Virginien lui proposera de rester travailler pour lui et de rejoindre son équipe de cow-boy. Il gagne ainsi le droit de s'incorporer aux principaux protagonistes, ce qui à mon humble avis nous promet de bons moments puisque je suis aussi ravi de son intégration que Betsy semble l'être, elle qui est tombée sous son charme en tout bien tout honneur et qui est en fin de compte le personnage principal de cet épisode, la seule à avoir immédiatement cru en l’innocence de ce jeune homme et qui n’en a jamais démordu malgré les avis contraires de ses proches.

Leur rencontre représente d’ailleurs le côté cocasse de ce récit par ailleurs très dramatique. Nous n’avions encore jamais eu l’occasion de voir Betsy aussi espiègle ; alors qu’elle voit Randy dans son plus simple appareil en train de se baigner dans un immense abreuvoir, elle s’amuse de la situation tout en le titillant, lui ‘volant’ ses vêtements en lui disant que s’il veut les récupérer il devra s’approcher d’elle. Une séquence tout à fait délicieuse et qui nous prouve que la charmante Roberta Shore a encore fait des progrès en tant qu’actrice, les scènes qu’elle partage avec James Drury s’avérant elles aussi d’une étonnante justesse dans un registre beaucoup plus grave. En effet, totalement sûre d’elle, Betsy veut rester loyale à Randy tout en sachant que si elle veut lui sauver la vie elle devra le 'dénoncer' au Virginien qui a dans l’idée de le faire arrêter croyant au contraire en sa culpabilité. Lors de ces moments de fortes émotions, le Virginien citera Shakespeare pour parler de loyauté –confirmant ainsi le fait d’être cultivé- et Roberta Shore versera des larmes tout à fait crédibles alors qu’elle ne sait plus quoi faire pour démêler l’inextricable situation dans laquelle s’est mis son protégé, pour éviter le danger qui pèse sur sa propre tête ainsi que sur celle de la petite fille, cette dernière par le fait d'avoir été témoin du meurtre et étant à priori capable de reconnaître les coupables. Randy qui a surpris une conversation chez la tante de Mélanie le confirme et annonce à Betsy que les criminels vont tout faire pour les éliminer sans néanmoins penser à prévenir les hommes de loi par peur de se faire arrêter.

'Enquête policière', cachette dans une grotte, mystère, suspense et traque impitoyable pour un épisode qui devrait plaire aux amateurs d’extérieurs et d’action, Earl Bellamy filmant le tout avec ampleur et efficacité, témoin toutes ces séquences où l'on voit les cow-boys de Shiloh galopant sur les terres alentour du ranch à la recherche du jeune homme, ou encore celle teigneuse qui oppose à mains nues le Virginien et l’un des meurtriers, d’une violence et d’une hargne assez étonnante pour une série télévisée réputée ‘familiale’. Alors certes le caractère noble de Randy, son amitié avec la fillette et les chansons qu’il entonne pourront faire penser à de la mièvrerie mais il n’en est rien ; toutes ces séquences se maintiennent toujours sur le fil du rasoir, bien plus sensibles, douces et tendres que ridicules, nunuches et moralisatrices. Il faut dire que la petite Claire Wilcox ne manque pas de charme elle non plus. Dommage que par ailleurs le casting soit un peu bancal, Mary Laroche et Jan Merlin n’étant pas très convaincants dans les rôles de la sœur et du beau frère du chercheur d'or assassiné, L.Q. Jones étant pris ‘en flagrant délit’ de cabotinage lors d’une séquence de cartes au réfectoire, lui qui jusqu’à présent s’était révélé assez juste. En revanche, Bruce Dern est inquiétant à souhait dans la peau d’un personnage haïssable alors que l’on note l’absence dans cet épisode du juge Garth et de Trampas et que par contre Steve nous octroie quelques scènes assez amusantes.

Une histoire assez prévisible, parfois invraisemblable dans les réactions de certains personnages, sans réelles surprises mais néanmoins parfaitement bien charpentée pour un scénario de Les Crutchfield fluide, efficace et carré. Nous sommes contents de retrouver de nombreux thèmes musicaux déjà entendus et appréciés par ailleurs, de leur voir ajouter trois bonnes chansons, un peu d’humour, pas mal d’extérieurs, beaucoup d’émotion et de tensions. Un beau patchwork qui, sans faire atteindre à l'épisode les sommets de la série n’en demeure pas moins extrêmement agréable. Et très bon capital de sympathie pour Randy Boone –le cousin de Richard Boone- à qui l’on souhaite d’autre aussi beaux moments que ceux que les auteurs lui ont offert ici.



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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

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Pas de soucis, la suite arrive... faut juste patienter jusqu'à ce que je reçoive le prochain coffret. Hâte de revoir Randy Benton :)
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Re: Le Virginien

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Peter Graves & James Drury

2.21 - A Matter of Destiny

Réalisation : Maurice Geraghty
Scénario : Al C. Ward
Guest Star : Peter Graves & Richard Jaeckel
Première diffusion 19/02/1964 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7/10

Le pitch : Robert Gaynor (Peter Graves), riche entrepreneur de Chicago, a décidé de connaître la chaine de la viande de A à Z. Pour se faire il achète un ranch près de Shiloh et s’y rend pour apprendre auprès des meilleurs. Sans le vouloir il va bouleverser la vie de beaucoup de monde à Medicine Bow à commencer par Trampas dont il ‘s’empare’ de la fiancée. Un certain Pat Wade (Richard Jaeckel) arrive quasiment en même temps ; il s’agit d’une vieille connaissance de Trampas que le Virginien accepte dans son équipe pour le gros travail qui les attend pour rassembler le bétail ; il semble pourtant être venu pour une raison précise, bien moins noble…


Mon avis : Après son arrivé à Shiloh dans l’épisode précédent, le désarmant comédien Randy Boone semble s'être confortablement installé et se sentir très à son aise au milieu des cow-boys du ranch. Ici, dans un épisode réalisé par le très bon Maurice Geraghty déjà signataire de l'excellent Impasse, il prend en sorte la place d’un Steve qui est aux abonnés absents ; son caractère et son tempérament sont toujours aussi attachants et en bonus il nous octroie en duo avec Betty, Paper of Pins, une chanson entrainante lors d’une séquence de fête organisée par le juge Garth. Son capital de sympathie demeurant au beau fixe, les amateurs de la série se réjouissent donc à nouveau du fait qu’il poursuive l’aventure durant encore de nombreux épisode d’autant que l’alchimie fonctionne très bien que ce soit avec Roberta Shore ou avec James Drury. Quoiqu’il en soit, c’est en l’occurrence dans cet épisode l’une des deux Guest Star qui domine le reste du casting, le futur Jim Phelps de Mission impossible que l’on avait déjà pu voir à plusieurs reprises au cinéma y compris dans le domaine du western ; il était effectivement très bien dans les superbes Wichita (Un jeu risqué) de Jacques Tourneur ou encore dans Le Raid (The Raid) de Hugo Fregonese. Dans A Matter of Destiny, il s’avère remarquable, bien plus charismatique que l’autre invité de prestige, Richard Jaeckel, que l’on a parfois du mal à trouver crédible en… tueur à gages sombre et taciturne.

Car oui, la surprise est éventée assez vite et l’on devine assez rapidement que ce jeune homme n’arrive pas à Medicine Bow par hasard mais que c'est ce qu'on pourrait appeler une sorte 'd'infiltré' ; il s’avère en effet que des concurrents de Gaynor le paient pour se débarrasser de ce rival encombrant ; l’ex cowboy -qui a autrefois travaillé avec Trampas- a pris un mauvais chemin, ce nouveau métier lui rapportant bien plus et étant bien moins éreintant. L’acteur est loin d’être mauvais mais son personnage n’apporte pas grand-chose à l’intrigue pas plus que l’idée d’avoir ajouté ce personnage de Gunmen, le scénario étant déjà bien assez riche sans qu’il n’y ait eu besoin de rajouter un suspense inutile qui au contraire affaiblit un peu l’ensemble. Car sinon, l’épisode est principalement centré sur Robert Gaynor, homme d'affaires et millionnaire de l’Est des États-Unis venu se rendre compte sur place de la gestion d’un ranch après en avoir acheté un pour avoir la mainmise sur toute la chaine de la viande, de l’éleveur au consommateur ; un nouveau capitaliste qui n’hésite pas à relever les manches et à participer à toutes les tâches pour mieux appréhender le travail de tout un chacun. Ce qui permet au spectateur d’avoir un aperçu documentaire très intéressant concernant l’organisation d’un grand rassemblement de bétail. Où l'on apprend en même temps que Gaynor comment on établit un camp principal où sera stocké le matériel ainsi que des camps secondaires éparpillés sur le domaine, comment on attrape les bêtes pour vérifier la présence de tiques, comment on s'organise entre les différents éleveurs… ?

Des idées vont pouvoir être échangées entre le régisseur et l’entrepreneur, chacun apportant son expérience à l’autre pour rendre cet imposant travail tout à la fois encore plus productif et moins exténuant ; tout se passe pour le mieux jusqu’au jour où, une fois le troupeau rassemblé, sans le dire à ses voisins, Gaynor va s’accaparer tous les trains disponibles pour le transport de ses bêtes, faisant comprendre que le fait de leur laisser plus d’espace en les 'dispatchant' dans un plus grand nombre de wagons les fera moins stresser, les gardera en meilleure santé tout en les amaigrissant moins. Il n'a évidemment pas tort mais ce à quoi il n’a pas immédiatement pensé c’est que les autres ranchers finiraient perdants : arrivant plus tard sur le marché, les prix auront entre temps chuté et les acheteurs seront pour beaucoup déjà servis. Mais ce sont les nouvelles règles du jeu de ce capitalisme naissant et de l'ouverture à la concurrence ; ce qui est certes pénalisant pour les ‘rivaux’ mais pas pour autant illégal. Et c’est la grande force du scénario de faire de ce personnage qui aurait facilement pu être odieux un homme finalement très attachant par sa capacité d’écoute et de compréhension, l'immense talent de Peter Graves faisant le reste. Les manigances de Gaynor n’en sont en fait pas vraiment puisque le magnat acceptera sans problèmes des concessions après avoir discuté avec les concurrents dont il ne s’imaginait pas forcément qu’ils les mettraient ainsi dans une situation aussi difficile.

Gaynor, un personnage très original richement dépeint, un gentleman magnat débonnaire et à priori dénué d’états d’âme mais au final d’une belle noblesse et sachant se montrer humble. On ne lui en veut même pas lorsqu’il s’accapare la fiancée de Trampas puisque rien n’est calculé : ils tombent sous le charme l’un de l’autre et décident de convoler en juste noce. N’empêche que Trampas devra in fine faire un choix cornélien : choisir entre sauver la vie d’un homme qui lui a subtilisé sa femme ou celle d’un vieil ami qui a sombré sur une mauvaise pente. Sur un rythme assez paisible, un scénario bien ficelé pour une histoire assez captivante juste un peu plombée par un dernier quart d’heure au suspense pas nécessaire et à une Jean Hale qui a un peu tendance à surjouer, tout comme ici Doug McClure que l’on avait connu plus subtil, rendant ainsi assez faible l’aspect romance de l’épisode. Sinon au programme des réjouissances un combat à poings nus extrêmement teigneux entre Peter Graves et Doug McClure et quelques notifications passionnantes sur l'arrivée du capitalisme aux États-Unis à la fin du 19ème siècle. Un très bon épisode !


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Lockwood
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Re: Le Virginien

Message par Lockwood »

Tout à fait d'accord avec toi sur cette critique ! sauf pour ce chenapan d'Andy qui m'est peu sympathique entre son tempérament bougon et ces interludes musicaux hors sujets..

Peter Graves est excellent et campe parfaitement un personnage qui attire à la fois la sympathie et la suspicion.. Une variation différente du capitaliste tel que l'interprétait Ed Begley dans "The Invaders"
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Re: Le Virginien

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Doug McClure & Richard Carlson

2.22 - Smile of a Dragon

Réalisation : Andrew V. McLaglen
Scénario : Cy Chermak & Don Ingalls d'après une histoire de Borden Chase
Guest Star : Richard Carlson
Première diffusion 26/02/1964 aux USA - 12/06/1966 en France
DVD : VOSTF et VF
Note : 7/10

Le pitch : Durant l'attaque d'une diligence, tous les passagers sont tués à l'exception de Trampas qui en réchappe miraculeusement mais qui n'arrive pas à convaincre le shérif Marden (Richard Carlson) ni de son identité ni de son innocence dans ce massacre. Une course poursuite est alors entamée, Trampas tentant d'échapper à l'homme de loi qui n'a qu'une seule idée en tête, le lyncher. Le cowboy de Shiloh va trouver de l'aide en la personne d'une jeune chinoise qu'il prend dans un premier temps en otage. Quant à Steve qui est venu chercher la dépouille de son ami soi-disant mort, il se joint à la milice partie à la poursuite des meurtriers...

Mon avis : Cet épisode assez linéaire style ‘survival’, avec Trampas comme protagoniste principal, a été réalisé par Andrew V. McLaglen qui a beaucoup œuvré pour le western au cinéma. Fils de l’acteur Victor McLaglen et assistant de John Ford, son premier film était en 1956 le très prometteur Gun the Man Down avec James Arness. En 1961, il eut énormément de succès avec l’amusant western humoristique McLintock qui mettait en scène le duo John Wayne/Maureen O’Hara. Juste après sa seule et unique contribution à la série Le Virginien, il signera encore quelques très belles réussites dans le genre avec surtout le très beau et très fordien Shenandoah (Les Prairies de l’honneur) mais également, malgré sa réputation calamiteuse qui m’est toujours assez incompréhensible, La Route de l’Ouest (The Way West) aux ambitions encore plus vastes et au budget bien plus conséquent, un western épique qui narrait les aventures et le long périple d’une caravane de pionniers se rendant en Oregon. Souvent malmené par la critique française, le réalisateur prouvait à nouveau avec l'épisode qui nous concerne ici qu’il était loin d’être maladroit ou ridicule derrière une caméra !

En effet, filmé dans de nombreux décors naturels que McLaglen utilise à merveille, Smile of a Dragon est rondement mené et très efficace, la mise en scène s’avérant constamment rigoureuse et très précise. Outre l’attachante jeune actrice japonaise Miyoshi Ume qui apporte beaucoup de fraicheur à ce sombre et sanglant épisode, la Guest Star est ici Richard Carlson dans le rôle d’un homme de loi impitoyable, "an ambitious man without a heart and therefore dangerous". Cet artiste hollywoodien un peu oublié fût entre autre réalisateur d’un bon western en 1954, Four Guns to the Border (Quatre tueurs et une fille) -deuxième des six films qu’il signa- mais était surtout connu en tant que comédien. Il fût en 1948 la tête d’affiche de L'Antre de la folie (Behind Locked Doors) de Budd Boetticher, et plus tard de deux des films de science-fiction parmi les plus célèbres des années 50, Le Météore de la nuit (It Came from Outer Space) ainsi que L’étrange créature du lac noir (Creature from the Black Lagoon), tous deux signés par Jack Arnold. Entre temps, dans le domaine du western, il faisait partie du casting de L'Expédition de Fort King (Seminole) -à nouveau réalisé par Budd Boetticher- dans lequel il était très convaincant en officier psychotique, maniaque de la discipline et du règlement. Il se sera certainement souvenu de ce rôle antipathique pour son monolithique shérif Marden ici présent.

L’histoire est assez simple. Lors d’un voyage en diligence, Trampas est le seul survivant de l’attaque de celle-ci. Sa lettre d’introduction signée par le juge Garth ayant été retrouvée sur un des morts, Trampas passe pour décédé alors que dans le même temps il est pris pour l’un des meurtriers par un homme de loi qui semble refuser d’écouter ses explications. Ayant réussi à s’échapper des griffes de ce shérif coriace, Trampas n’aura alors de cesse que de le fuir pour sauver sa peau ; il sera aidé par une jeune chinoise rencontrée sur son chemin et qui connait très bien les cachettes de la région. A Shiloh, Steve ayant appris ‘son décès’, il se rend dans cette contrée californienne chercher sa dépouille et en profite pour se joindre au posse organisé pour rechercher les bandits ; ayant cru deviner la méprise concernant la mort de son ami, il va alors devoir le défendre et lui éviter le lynchage. L’intrigue très linéaire ne consiste qu’en une efficace course-poursuite avec en filigrane le thème de la difficulté d’intégration aux USA de la population asiatique et de leurs conditions de vie déplorables, par l'intermédiaire des personnages d’une jeune chinoise et de son père venus aux États-Unis faire fortune mais ayant été déçus par l’accueil qui leur a été fait ainsi que par le racisme de leurs concitoyens : "When I was a little girl my father told me I was like a beautiful doll to be adored and have the blood of royalty in my veins. But in America I was less than a woman and my blood was yellow.”

Tout ceci n’est pas particulièrement ni surprenant ni très original mais dans l'ensemble plutôt bien scénarisé (il faut dire aussi qu'il s'agit au départ d'une histoire écrite par Borden Chase), le récit fait par la jeune femme étant assez émouvant d’autant que Kim Ho tombe dans le même temps sous le charme de Trampas. Le twist final est assez prévisible mais la résolution ne manque ni de punch ni de rythme, McLaglen ayant l’habitude de mettre en boite de dynamiques scènes d’action et étant très à l’aise dans le domaine. Entre temps Kim Ho aura appris de Trampas qu’il valait mieux lutter que fuir et nous aura dépeint un beau portrait du cowboy de Shiloh qui sort encore plus grandi de ce très joli épisode : "You are kind, even gentle with a love for life […] You are modest, and this is a quality to be admired. You are also tall and handsome, so I'm sure if you did not seek out the ladies the ladies would seek you". Une réussite que cette fiction mouvementée, touchante et non dénuée de sagesse.


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Morgan
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Re: Le Virginien

Message par Morgan »

Sacré boulot que tu fais là Jeremy, bravo !!!

Je suis en train de regarder en ce moment la saison 4, l'épisode du départ de Roberta Flack. Dommage, je ne sais si c'est l'actrice ou les scénaristes qui ont décidé ce départ.

A noter que plusieurs acteurs et actrices apparaissent plusieurs fois dans des rôles différents au fil des saisons.

Je suis d'accord avec toi Randy Boone est un excellent chanteur de country et un pas si mauvais acteur !
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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Morgan a écrit :
Je suis d'accord avec toi Randy Boone est un excellent chanteur de country et un pas si mauvais acteur !
8)
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Alexandre Angel
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Re: Le Virginien

Message par Alexandre Angel »

A Jeremy,
Le fait que tu continues sur ta lancée prouve la pérennité de ton intérêt.
Ça pourrait être intéressant que, de temps à autre, tu fasses un bilan de parcours, comme une ponction personnelle dans ton ressenti à un instant T qui exprimerait si, à ton sens, la série garde la même ligne qualitative...ou moins (ce qui pourrait arriver). Mais peut-être l'as-tu fait et je l'ai un peu zappé.
Merci en tout cas pour le boulot abattu et ton investissement :wink: !
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit :A Jeremy,
Le fait que tu continues sur ta lancée prouve la pérennité de ton intérêt.
Ça pourrait être intéressant que, de temps à autre, tu fasses un bilan de parcours, comme une ponction personnelle dans ton ressenti à un instant T qui exprimerait si, à ton sens, la série garde la même ligne qualitative...ou moins (ce qui pourrait arriver).
Merci en tout cas pour le boulot abattu et ton investissement :wink: !
Oui, je le dis d'ailleurs de temps à autre ; pour l'instant je n'ai pas remarqué de baisse qualitative. :wink: Il semblerait que James Drury ait veillé à ce que ça n'arrive pas, contrôlant assidument et assez sévèrement l'ensemble des scénarios. Et je continue à me féliciter de pouvoir visionner ainsi autant de bons westerns, ce qui s'est probablement fait de mieux dans le genre dans les années 60 cinéma inclus.
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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

D'ailleurs merci à vous pour vos encouragements et l'épisode visionné ce matin confirme cette qualité qui reste égale
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Lockwood
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Re: Le Virginien

Message par Lockwood »

En ce qui me concerne, j'ai trouvé un léger creux qualitatif sur le 2eme coffret de la saison 2, mais la série se reprend bien avec la poignée d'épisodes que tu as récemment chroniqué.

Et surtout, l'épisode qui suit, « Another's Footsteps » (2x24) constitue l'une des plus grandes réussites de cette saison 2 et j'avais envi de revenir de manière plus approfondi sur celui-ci.
Donc ma foi, allons-y (attention aux spoilers, assez nombreux.. j'essaye d'être évasif mais c'est pas toujours évident) :



Lorsque l'on aborde « Another's Footsteps », on part sur un a priori plutôt positif car le script est signé Franck Chase, scénariste à l'origine de l'apprécié « If you have tears » de la saison 1 et du très bon « The Evil That Man Do » sur cette saison 2. Il signera également l'excellent script de l'avant dernier épisode de la saison 2, « Dark Destiny », contribuant dans cette histoire à donner un peu d'épaisseur au personnage d'Andy. A l'issue de cette seconde salve, on peut parler d'un quasi sans faute !

L'épisode du jour présente un point de départ présentant quelques similarités avec le décevant « The Fatal Journey » (2x10), à savoir le meurtre brutal d'une personne proche du Virginien. Dan Grant est un jeune homme fougueux du ranch Shiloh, que notre héros a pris sous son aile. Ce personnage n'ayant jamais été introduit précédemment dans la série, les deux premières minutes de l'épisode sont consacrés à exposer la dynamique de la relation entre les deux personnages; plutôt bien résumée, mais un peu courte, puisque la scène qui suit nous met directement aux prises avec un hold up dans une banque, le jeune homme y trouvant la mort d'une manière étrangement bête, il faut le dire
Spoiler (cliquez pour afficher)
(celui-ci ne veut se résoudre à lâcher son nouveau colt qu'il chérit un peu trop et s'arrache pour le ramasser par terre.. alors que ce dernier est vide).
Nous voilà donc dans un nouveau récit de vengeance, mais la comparaison avec l'épisode cité plus haut s'arrête là. Dans ce dernier, j'avais trouvé James Drury particulièrement en dedans, jamais vraiment à la hauteur de la dimension tragique du récit (la mort d'un personnage régulier de la série), ce qui aurait pu interroger sur ces capacités à endosser un récit plus grave et dramatique. Ces doutes sont littéralement balayés dans cet épisode car il est absolument remarquable, du début à la fin, dans une histoire beaucoup plus riche que celle de la vengeance de Molly.

En effet, l'épisode ne prends pas vraiment la direction qui est attendue car la deuxième partie de l'épisode, consacrée à la traque des auteur du hold up s'avère relativement rapide. Le jeu de piste commence lors de la découverte d'un Alesan présentant la marque d'un ranch. Cet arc est plutôt bien mené mais sans surprise, le principal intérêt de cette partie étant la performance d'un James Drury pugnace, celui-ci se livrant à quelques accès de colères noires (il faut le voir assaisonner brutalement un maréchal ferrant qui a le malheur de monnayer sa mémoire en échange d'informations) et d'une détermination froide à venger la mort de son ami. Une excellente surprise qui interroge un peu sur les raisons de sa sous-performance dans « The Fatal Journey » où il aurait pu « marquer le coup » avec un épisode inhabituel et au postulat encore plus dramatique ; peut-être n'y croyait-il tout simplement pas, les scénaristes ayant tricoté un épisode de départ pour une actrice qui n'était déjà plus présente dans la série depuis une bonne année..

Autre curiosité de cette partie, l'identité de 2 des 3 auteurs du hold-up puisqu'il s'agit tout simplement de « frères de » que nous connaissons (j'ai laissé une balise spoiler pour vous laisser deviner, épisode à l'appui!) :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Pour le premier, John Mitchum qui a eu pas mal de petits rôles sur des westerns avec son frère ainé et pour le second, Jon Drury, acteur peu prolifique (seulement 5 rôles, petits et grands écrans confondus, dont une autre apparition dans un épisode du Virginien) qui aura l'occasion de se prendre une bonne mandale par son frangin qui lui a certainement dégoté le rôle.
Nous voilà donc à 1/3 de l'épisode seulement et comme je le disais, celui-ci prend un tout autre tour. Dans l'épisode 2x10, la vengeance du Virginien était mis à mal par le projet des assassins d'attaquer un train. Le parti pris de cet épisode est de contrarier cette vengeance en confrontant le Virginien avec la potentielle famille du meurtrier de son ami (la mère et son enfant)

Certains avis ont noté les similitudes de l'épisode avec « Hondo » de John Farrow (à cela près que les indiens n'y font qu'une brève apparition). Le Virginien s'installe en effet, pour un temps, au sein de cette famille, constatant le désintérêt du père absent pour l'entretien de l'exploitation familiale.. et s'attache à tout ce beau monde. En effet, au fur et à mesure de l'épisode, il se lie à la fois avec le fils (le scénario fait un parallèle entre la fascination de celui-ci pour les armes et le destin du jeune ami du Virginien... ce dernier s'attachera donc à faire mesurer un peu abruptement auprès de l'enfant la violence réelle impliquant cet attrait) et la jeune femme. Cette dernière est joué par une touchante Sheree North, beauté un peu fanée écrasée par la solitude et dont l'on perçoit peu à peu sa prise de conscience d'avoir épousé le mauvais homme.

Cette 3ème partie est parsemé de moments de vie quotidienne (l'entretien de la maison, la pose de clôture, l'éducation du jeune fils, le danger occasionnel pouvant venir de quelques indiens égarés) et il n'est parfois pas bien difficile de constater par moments, le désir de notre cow-boy à chemise rouge, d'avoir un jour son propre pied à terre, une femme et ces enfants.. ou alors de faire cette famille la sienne !
Cependant, comme on peut se douter, le Virginien se gardera bien de faire ce pas.
Dans ce nouveau climat où il va peu à peu prendre une place importante, celui-ci apparaît plus doux et devient cet homme qui ne « paraît pas agressif avec une arme » dixit la jeune mère. James Drury parvient avec pas mal de nuances à montrer ses tiraillements, étant de plus en plus mal à l'aise à l'idée de jouer - et d'apprécier- être le père et le mari de substitution mais aussi de devoir, un jour peut-être, rencontrer le meurtrier se résolvant enfin à rentrer chez lui.
Une bien belle performance comme je le disais, sur des registres très différents !

Le dernier acte confronte finalement le Virginien avec l'auteur du hold up. Celui-ci est tenu par John Agar, compagnon de western de John Wayne. Il bénéficie d'un temps de présence limité (10 minutes tout au plus) mais sa performance apparaît particulièrement marquante. Il campe un personnage faible, préférant certainement la vie de patachon à une existence modeste et rangée au sein de sa famille. Sans avoir le mal chevillé au corps (il ne voulait pas tuer Dan Grant), il n'en est pas moins rance car prêt à toutes les saloperies et manipulations pour sauver sa peau... ce qui occasionne une scène, surprenante, d'une tension telle que la série n'a que rarement connu !

L'épisode se termine finalement dans la plus pure tradition des fins amères de western, le virginien partant sur son cheval vers de nouveaux horizons !

En bref, un épisode de vengeance contrarié, excellemment mené, au scénario riche, bien dialogué.. et qui dans la série apporte de nouvelles touches bienvenues au personnage du Virginien !
On peut regretter que l'introduction du personnage de Dan Grant n'ait pas été faite un peu plus tôt dans la série car cela affaiblit un peu l'impact émotionnel de sa mort.. ou alors imaginons plutôt un épisode 2x10 qui serait parti sur cette base plutôt qu'un récit d'attaque de train n'arrivant jamais !

Mais toutes ces considérations ne servent pas à grand chose et il est préférable d'apprécier cet épisode pour ce qu'il est, à savoir un des grands épisodes que la série nous ait offert ! 8,5/10
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