Le Virginien (1962-1971) Universal

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Morgan
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Re: Le Virginien

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Jeremy Fox a écrit :The Payment avec Lloyd Nolan, Bruce Dern et la ravissante Lisabeth Hush : un grand épisode avec un excellent Clu Gulager ; ça faisait longtemps qu'il se faisait trop discret. Lorsqu'il est mis en avant, il se donne à fond et c’est très plaisant.
Tout à fait d'accord avec toi, Clu Galager dans les épisodes où il est très présent apporte un plus à la série !
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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

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Lloyd Nolan

3.14- The Payment

Réalisation : John Florea
Scénario : Thomas Thompson
Guest Star : Lloyd Nolan
Première diffusion 16/12/1964 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7.5/10

Le pitch : Ryker a invité à Medicine Bow un nommé Abe Clayton (Lloyd Nolan) malgré le fait qu’on lui ait dit que c’était une mauvaise idée, l’homme venant de purger une peine de 10 ans de prison pour divers actes criminels. Il s’agit en fait de celui qui l’a élevé à la mort de ses parents et qu’il a ainsi toujours considéré comme son père même s’il quitta son foyer lorsqu’il comprit que sa famille adoptive était une bande de hors-la-loi. Il espère désormais lui faire reprendre le droit chemin mais les sceptiques vont se révéler avoir raison. En effet, ayant fait venir d’autres membres de son ancien gang, Clayton compte s’emparer des troupeaux du juge Garth…

Mon avis : John Florea est avec Don McDougall l’un des réalisateurs de la série auquel on peut le plus faire confiance. Au cours de cette même saison il avait récemment déjà filmé le très bon The Girl from Yesterday avec Ruta Lee, l’épisode qui mettait un terme aux aventures de Steve : on pouvait alors se féliciter de la rigoureuse direction d’acteurs de Florea, lui qui nous avait auparavant déjà démontré tout son talent dans le domaine puisqu’il fut précédemment aux manettes de l’excellent The Thirty Days of Gavin Heath, le fameux épisode dans lequel Leo Genn tenait le rôle d’un riche immigrant britannique dont le médecin ne laissait comme espoir qu’environ 30 jours à vivre et qui décidait donc de passer ses dernières heures en actions philanthropiques. C’est à nouveau la direction d’acteurs qui est avant tout remarquable pour cet épisode et en l’occurrence nous retrouvons un Clu Gulager des grands jours, aussi inoubliable que dans celui qui lui était consacré en début de saison pour introduire le personnage de Ryker -dont nous apprendrons ici quelques informations supplémentaires sur la jeunesse- ainsi que pour ses deux précédentes apparitions en Guest Star lors des deux premières saisons, interprétant d’abord dans le magnifique The Judgment le bad guy le plus mémorable de la série puis dans Run Quiet un sourd-muet formidablement plausible. Des registres tous différents mais à chaque fois une interprétation exceptionnelle de la part de ce comédien qui n’est jamais meilleur que lorsqu’on lui attribue le rôle principal, au contraire très effacé lorsqu’il ne sert que de faire-valoir.

Dans cette histoire écrite par Thomas Thompson -scénariste qui depuis son travail sur Libre comme le vent (Saddle with the Wind) de Robert Parrish n’a ensuite quasiment œuvré que pour des fictions de westerns télévisuels-, même si Lloyd Nolan est la convaincante Guest Star de The Payment, c’est donc Clu Gulager qui emporte le morceau. Sa façon de bouger, de se déplacer, de parler, ses gestes et regards, ce subtil jeu d’acteur n’a rien à envier à celui des meilleurs comédiens formés à l’Actors Studio. Lorsque débute l’épisode, Ryker est fébrile sur le quai de gare mais repart dépité car la personne qu’il attendait depuis plusieurs jours ne se trouve toujours pas à la descente du train. Arrivé à son bureau, l’on comprend immédiatement que cet étranger qu'il a invité dans la région n’est pas le bienvenu, le shérif lui disant vertement que l’idée de faire venir cette ‘vermine’ n’était pas forcément judicieuse, Abe Clayton étant un ancien bandit venant de purger 10 ans de prison. Et l’on apprend aussi vite que ce vieil homme n’est autre que le père adoptif de Ryker que ce dernier a décidé de remettre dans le droit chemin en lui trouvant du travail à Medicine Bow. L’on ressent avec émotion les relations très fortes qui unissent les deux hommes mais également tout ce qui les sépare, Ryker ayant quitté sa famille d’adoption à l’adolescence alors qu’il avait commencé à comprendre comment elle subvenait à ses besoins, pas moins qu’en pillant banques, troupeaux et trains. Un hold-up ayant foiré, Abe avait alors payé pour tout le gang familial en refusant de dénoncer ses comparses et du coup les autres membres du groupe se sentent désormais redevables malgré le fait d’être maintenant retirés, peu inquiétés et à l'abri du besoin.

C’est ainsi que l’oncle et le cousin adoptif de Ryker ont accepté de venir donner un coup de main à leur ancien chef de bande pour monter un dernier coup, par pure loyauté malgré les risques insensés qu’ils prennent. C’est ainsi que Rita aux côtés de qui il a grandi et qui fut même son premier amour de jeunesse est là elle aussi et qu’elle est sur le point d’épouser un jeune outlaw violent et sans scrupules superbement campé par un tout jeune et inquiétant Bruce Dern. Fatiguée de passer de bras en bras dans des endroits peu fréquentables, Rita a accepté de se marier avec le premier homme lui en ayant fait la proposition, au grand dam de Ryker qui semble toujours éprouver des sentiments à son égard. Des drames semblent inéluctables pour beaucoup et c’est en premier lieu de cette constatation que provient la tension qui sourd durant tout le récit. Mais le suspense psychologique est encore bien plus insoutenable lorsque l’on se rend compte que Ryker ne va pas pouvoir apporter son soutien très longtemps à son ex-famille mais qu’il va même au contraire devoir la contrer jusqu’à la tragédie. En effet, ayant entendu parler du plus gros rassemblement de bétail de la région, Clayton décide de prendre sa part au passage. Après que Ryker ait tenté par tous les moyens de dissuader chaque membre du groupe, leur demandant expressément de faire machine arrière, il prend enfin la décision de rester auprès des cowboys du ranch Shiloh et de leur apporter son aide sur la dernière partie du parcours du troupeau jusqu’à la gare. Nous assisterons ainsi à une longue séquence au cours de laquelle les convoyeurs s’attendront à tout moment à être attaqués par le sommet d’un canyon. L’on sent à ce moment-là le manque de moyens alloué à l’équipe puisque ce sont presque tout le temps les mêmes plans qui reviennent ; mais le crescendo du suspense devant en passer par un étirement de la durée, le réalisateur n’avait peut-être pas trop le choix. Quoiqu’il en soit, une surprise attend nos protagonistes ainsi que les spectateurs ; surprise que je garderais bien de vous dévoiler mais qui entérine un scénario remarquablement bien écrit, se servant des ellipses avec une belle efficacité, et dont le final n’est absolument pas décevant, tout au contraire ; puissant et très touchant grâce aux interprétations de Lloyd Nolan, Clu Gulager et dans l'épilogue de la charmante Lisabeth Hush qui arbore lors de cette dernière séquence une tenue qui lui va à ravir.

Honorable interprétation également du comédien Ed Peck dans le rôle de l’oncle qui tient absolument à payer sa dette envers son frère quitte à en mourir. Les amateurs de continuité scénaristiques au sein même de la série seront peut-être étonnés puis déçus par le remplacement durant 5 épisodes dans le rôle du shérif de Ross Elliott par Harlan Warde ; non pas que ce dernier soit mauvais comédien mais malgré les noms différents de leurs personnages, John reprend non seulement toutes les caractéristiques physiques et vestimentaires de de Mark mais le scénariste lui fait également endosser l'histoire de celui qu'il remplace, par exemple le fait d’avoir décidé d’embaucher Ryker. C’est vrai que ceci ne fait pas très sérieux mais si l’on prend chaque épisode indépendamment l’un de l’autre, ça n’a finalement qu’assez peu d’importance. Enfin, l’auteur aborde une thématique assez passionnante et progressiste, les dures conditions de détention qui selon lui ne favoriseraient pas la réinsertion mais aboutiraient au contraire à ce qu’à leurs sorties, les prisonniers n’aient qu’une seule envie au lieu de se ranger, se venger des humiliations et coups reçus durant leur emprisonnement. Un épisode sombre de très grande qualité.


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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Avec Man of the People réalisé par William Witney, nous tenons déjà le troisième grand épisode de ce coffret saison 3 / volume 2. En fait je pense que les auteurs ont compris que la série pouvant se permettre des digressions là où le 7ème art n a que rarement l’occasion ni le temps de le faire, en abordant des thèmes à priori pas spécialement captivants pour un western en salles, ils pouvaient les rendre passionnants au sein d'une série dont nous connaissons déjà le background et les personnages. Et cet épisode politique l'est d'autant plus que son intrigue et ses situations n'ont jamais été vues au cinéma auparavant. Bien évidemment l'interprétation et la mise en scène font le reste. A suivre.
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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

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James Dunn


3.15- Man of the People

Réalisation : William Witney
Scénario : True Boardman & William Fay
Guest Star : James Dunn
Première diffusion 23/12/1964 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7.5/10

Le pitch : Le Virginien emmène son patron rendre visite à un groupe d’émigrants dont les membres semblent déterminés à vouloir rester sur les terres de Shiloh, un député du nom de Cossgrove (James Dunn) les ayant fait venir en leur affirmant qu’ils seraient dans leur bon droit de s’y installer. Cet homme politique étant attendu à Medicine Bow, Garth qui l’a autrefois bien connu va tenter de savoir ce qu’il en est exactement, estimant non seulement que ses terres lui appartiennent toujours mais qu’elles seraient également impropres à la culture… Pendant ce temps, Betsy tombe sous le charme du neveu de Cossgrove, un militaire en mission sur place…

Mon avis : 7ème des 10 épisodes que réalisera pour la série le vétéran du ‘Serial’ William Witney, avec Man of the People nous tenons déjà la troisième excellente fiction de ce deuxième tiers de saison. All Nice and Legal peu avant m’avait déjà fait m’interroger sur la même chose qu'en visionnant l'épisode qui nous concerne ici, à savoir qu’il me semblerait que les auteurs du Virginien aient compris que la série pouvant se permettre des digressions là où le 7ème art n’a que rarement l’occasion ni le temps de le faire, en abordant des thématiques à priori pas spécialement captivantes pour un western en salles, ils pouvaient les rendre passionnantes au sein d'une série dont nous connaissons déjà le background et les personnages qu’il n’est donc plus utile de présenter. Et cet épisode politique est d'autant plus séduisant que son intrigue et ses situations n'ont à ma connaissance jamais été vues au cinéma auparavant. Bien évidemment l'interprétation et la mise en scène sont là pour faire le reste. Et comme nous le disions déjà précédemment, si True Boardman était à craindre en tant que scénariste en solitaire, dès qu’il adapte une histoire déjà écrite par un autre -en l’occurrence William Fay, l’auteur du pourtant moyen Brother Thaddeus- ça se passe en général relativement bien ; pour preuve ce Man of the People, le meilleur épisode pour l’instant signé par le réalisateur William Witney qui dans le même temps et dans le même domaine, fut relativement décevant sur grand écran.

Cet épisode médian de la saison 3 aborde principalement la thématique de la répartition des terres entre ranchers et fermiers et l’arrivée de nouveaux habitants orchestrée par un député un peu roublard, avec néanmoins pour rendre l’épisode un peu plus léger, la naissance d'une romance qui se noue entre Betsy et un jeune officier de cavalerie. Alors que pendant des années les éleveurs n’avaient pas besoin de renouveler leurs baux qui l’étaient automatiquement par accord tacite, sans le leur informer, en cette fin de 19ème siècle le gouvernement de Washington a décidé d’annuler ce genre de reconduction et de rendre publiques les terres dont les propriétaires n’auraient pas signé de prorogation. Les ranchers tombent de haut mais ne peuvent pas contrer les lois même si ces dernières ne leur ont pas été dévoilées ni expliquées dans les temps. Du coup ils se retrouvent coincés, ne pouvant pas dire grand chose lorsque des citadins à qui l’on a fait miroiter ce jardin d’Éden arrivent par centaines pour s’approprier un lopin de leur domaine sur lequel pouvoir s'installer et cultiver la terre. Le juge Garth qui comprend bien la situation va néanmoins devoir prouver à ces nouveaux arrivants, qu’ils soient d’origine italienne, irlandaise ou allemande, que la région qu’on leur a tant vanté par l’intermédiaire de prospectus malhonnêtes est totalement impropre à la culture et que les pâturages ne sont bons qu’à l’élevage. Ces familles d’immigrants ont été ‘chapeautées’ et menées en ces lieux par un député qui compte ainsi s’accaparer les voix des différentes communautés conduites sur cette ‘terre promise’.

Un homme politique qui fait dans un populisme très d’actualité, qui ne s’est pas assez bien renseigné sur la valeur et la fertilité de cette contrée et qui va en payer les conséquences, le propriétaire de Shiloh ayant annoncé à juste titre à ceux qui voudraient s’installer sur son domaine "if you take a plow to that land, within two to three years every grain of topsoil will have blown away". Le comédien qui tient ce rôle de politicien mielleux et haut en couleurs n’est autre que James Dunn dont le nom ne vous dira sans doute rien mais qui eut néanmoins un Oscar bien mérité pour Le Lys de Brooklyn (A Tree Grows in Brooklyn) d’Elia Kazan. Après avoir été dans les années 30 un simple faire-valoir de Shirley Temple -il a très souvent interprété son père à l’écran-, devenu entre-temps alcoolique, il trouvait avec le personnage du père dans ce film très attachant le rôle de sa vie et livrait une performance admirable et touchante. Dans cet épisode, en membre du congrès de new York et ancien camarade de jeunesse de Garth, il parvient à être à la fois agaçant et attendrissant. Il est accompagné d’un Lee J. Cobb qui fait acquérir à son personnage de juge une dimension supplémentaire, politique cette fois ; "everyone's making adjustments around here. I guess we can make some, too" dira-t-il à ses amis éleveurs en fin d’épisode, ce qui prouve à nouveau son intelligence, son ouverture d’esprit et son sens des responsabilités. Autre acteur d’importance au sein de cet épisode, le jeune Martin West que l’on retrouvera plus tard dans des films comme Complot de famille (Family Plot) d’Alfred Hitchcock ou Assaut de John Carpenter et qui s’avère ici éminemment sympathique en jeune officier de cavalerie. Neveu du Congressman, il sera vexé d’entendre dire de ce dernier par le père de sa bien aimée qu’il n’est rien d’autre qu’un opportuniste et un démagogue. Cette piètre opinion du juge envers son oncle conduira à des fâcheries/réconciliations assez cocasses entre lui et Betsy.

Cette romance qui lie les deux jeunes gens apporte donc un contrepoint de légèreté à cet épisode pas spécialement grave mais en tout cas assez sérieux (manipulations politiques, spoliations des terres…) ; leur rencontre au milieu de la poussière, leurs retrouvailles à Shiloh puis au bord du pont que le détachement a pour mission de reconstruire, ainsi que la course poursuite à cheval qui s’ensuit... toutes ces séquences entre les deux jeunes comédiens sont vives et très bien réalisées. La manière ‘sémaphorique’ et ‘serialesque’ pour le jeune soldat de rattraper l’associé de son oncle -très convaincant Arthur Space pour un personnage assez richement dépeint- qui se fait la malle avec l’argent des immigrants en fin d’épisode est assez originale et esthétiquement assez plaisante. Parfaitement bien écrit, joliment photographié, très correctement interprété et solidement réalisé, Man of the People démontre une fois de plus le caractère très adulte de cette série trop souvent décrite avec un arrière fond de mépris comme simplement ‘familiale’. L’épilogue va également dans ce sens, tout le monde essayant de trouver des compromis pour que personne ne soit dupé.


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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

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Tom Tully


3.16- The Hour of the Tiger

Réalisation : Richard L. Bare
Scénario : Harry Kleiner
Guest Star : Tom Tully & Leo Gordon
Première diffusion 30/12/1964 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 4.5/10

Le pitch : Alors qu'un important troupeau est ramené à Shiloh avant l’hiver, un éboulement a lieu qui bouche le défilé par lequel les bêtes devaient passer. Il n’y a plus d’autres solutions que de traverser les terres du rancher Junius Antlow (Tom Tully), ce qui ne va pas se révéler facile étant donné que Garth et lui sont devenus ennemis jurés depuis que lors d’une précédente War Range, le juge a accidentellement privé son adversaire de ses deux jambes. Et effectivement ce dernier ne lui a toujours pas pardonné ; dernier recours, faire construire un tunnel pour acheminer le bétail avant les grands froids. Des coolies chinois vont être mis à contribution…

Mon avis : Après plusieurs épisodes/digressions que certains n’auront pas manqué de trouver "hors sujet" -alors qu’ils se seront avérées au contraire souvent passionnants-, avec The Hour of the Tiger la série revient à une intrigue westernienne plus classique et nous replace donc sur les rails du genre ; mais paradoxalement il s'agit de l’un des épisodes les plus faiblards de la saison et malheureusement celui qui pourrait conforter ceux qui parlent de mièvrerie en décrivant ce classique de la petite lucarne ; car -une fois n’est pas coutume- la romance qui se fait jour et qui nous est dépeinte ici entre le Virginien et la jeune chinoise se vautre bel et bien dans la guimauve la plus sucrée faute notamment à des dialogues débités par l’actrice Cely Carillo frisant souvent le ridicule. James Drury a beau garder la tête haute et son personnage continuer à se montrer d’autant plus humain qu’il nous dévoile à nouveau ses mauvais côtés un peu machistes ("she thinks like any other woman, with her heart instead of her head"), le personnage écrit pour sa partenaire est tellement mièvre qu’il est difficile de croire à cette histoire d’amour surtout prétexte à comparer deux modes de vie antagonistes, le modèle occidental américain et le chinois, le premier finissant par remporter la victoire haut la main sur les coutumes orientales, sans aucune subtilité de la part de Harry Kleiner qui a beau avoir signé les scénarios de quelques classiques du film noir durant les années 50, ne ressort pas grandi de cet épisode dans lequel l’histoire d’amour prend bien trop le pas sur les conflits entre les deux ranchers, la conclusion se révélant également bâclée concernant cette partie de l’intrigue qui semblait devoir être l'épine dorsale du récit au vu des premières séquences.

Effectivement, les 20 premières minutes étaient alléchantes, l’arrivée des travailleurs chinois modifiant la donne, le reste ne tenant malheureusement pas les promesses initiales. L’épisode débute par une vue assez impressionnante sur un défilé escarpé dans la montagne, un immense éboulement venant le boucher et interdire aux troupeaux du juge Garth de pouvoir le franchir. Il faut pourtant que les bêtes soient amenées au train avant le retour des grands froids. Une seule solution, traverser les terres d’un certain Antlow, propriétaire de la même génération que Garth, autrefois dans les meilleurs termes avec le juge mais désormais son ennemi juré, souhaitant même ardemment sa mort depuis que ce dernier lui a accidentellement fait perdre l’usage de ses jambes. Tout à son idée de vengeance christique -il se réfère constamment à sa bible pour trouver des solutions à ses problèmes- ce vieil homme aigri va non seulement interdire à Garth de couper à travers ses propriétés mais va également tout mettre en œuvre afin que son élevage périsse sur place. En effet, alors que les hommes de Shiloh ont eu pour idée de faire creuser un tunnel sous la montagne par des ouvriers chinois, Antlow va lancer des opérations de sabotage dans le but qu’il ne soit pas terminé d’être construit dans les temps. S'ensuivront donc explosions et effondrements assez efficacement mis en scène et qui vont causer des drames, des blessés et des morts ; parmi les blessés, le Virginien qui va profiter de sa convalescence pour vivre une histoire d’amour avec une des autres victimes qui s’est avérée être une femme déguisée en homme.

On ne va pas entrer dans les détails des causes de ce travestissement tellement ils sont déjà ennuyeux à l’écran. On aura néanmoins compris qu’il s’agissait pour la jeune femme d’un moyen pour pouvoir quitter son pays aux mœurs ‘barbares’ et rester auprès de celui à qui on l'a destiné à être mariée. Il va sans dire qu’elle va tomber sous le charme de ce ‘beau ténébreux’ que lui semble être le Virginien, mais leur idylle ne sera constituée que d’une succession de discussions qui se vautrent dans les clichés les plus éculés sur les coutumes des uns et des autres. Comme je l’écrivais au début, on a connu la série beaucoup plus inspirée, bien plus délicate et subtile dans l’écriture ; même la sous-intrigue qui relate la rivalité entre les deux propriétaires terriens est racontée sans nuances et s’avère totalement prévisible y compris dans son dénouement tragique après que le fils se soit retourné contre son père. Dommage car le postulat de départ était intéressant, l’image de ces travailleurs chinois assez rare au sein du genre pour la rendre attrayante ; mais dès le départ la description de cette communauté se révèle non seulement très paternaliste mais également un peu hautaine, ce qui nous met d’emblée assez mal à l’aise. Tout comme nous gêneront des toiles peintes assez hideuses devant lesquelles se mettra même à chantonner Randy, des scènes d’action vite expédiées et une réalisation plutôt banale de Richard L. Bare dont ce sera le dernier -et le moins satisfaisant- des six épisodes qu’il signera pour la série. Plus que Tom Tully il est vrai peu gâté par un personnage monolithique, nous serons en revanche très contents de retrouver des seconds rôles aussi bons que Robert J. Wilke ici en vicieux homme de main du vieil homme haineux, ainsi que le toujours excellent Leo Gordon cette fois-ci dans un rôle positif, celui du jovial conducteur de travaux.

Alors que Hour of the Tiger aurait voulu rendre hommage à cette communauté de travailleurs chinois ayant participé à l’expansion de l’Ouest américain et s’appesantir sur leurs coutumes et leur culture, il rate malheureusement son but dans les grandes largeurs faute à un scénario un peu trop naïf et condescendant. Nous aurons néanmoins eu droit à un très bon premier quart d’heure avec notamment la confrontation entre Garth/J. Cobb et Antlow/Tully, ce dernier acceptant la requête du premier à la seule condition "qu’il lui rende ses jambe"s, un rire tonitruant mettant fin à cette rencontre qui promettait un grand épisode qui se noiera malheureusement un peu trop dans la guimauve. Quant au titre de l’épisode, il est expliqué au Virginien par la jeune chinoise, “The Hour of the Tiger is When we are snatched away from life, by the claws of death." Décevant mais pas honteux pour autant !



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Re: Le Virginien

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Fabian


3.17- Two Men Named Laredo

Réalisation : William Hale
Scénario : Don Brinkley
Guest Star : Fabian
Première diffusion 06/01/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 3/10


Le pitch : Eddie Laredo (Fabian), jeune cowboy embauché par le Virginien le temps de ramener un troupeau à Shiloh, sauve la vie de Trampas alors qu’il allait être piétiné lors d’un Stampede. Ce dernier réussit à convaincre le juge et le régisseur de le prendre définitivement au sein leur équipe ; ce dont tout le monde se félicite tellement ce héros est apprécié et fait l'unanimité. Seulement d’étranges meurtres ont lieu à Medicine Bow dont celui d’un cow-boy puis d’une prostituée. Alors qu’il dit n’avoir pas quitté le ranch lorsque eurent lieu ces crimes, Laredo est pourtant strié de griffures sur la figure et Trampas lui dit l’avoir aperçu en ville la nuit des drames…

Mon avis : Le duo William Hale à la réalisation et Don Brinkley au scénario sera à nouveau réuni pour un épisode de la saison suivante. Espérons que le résultat sera tout autre car après le très moyen The Hour of the Tiger, voici que notre série préférée nous déçoit à nouveau encore plus en nous proposant consécutivement un autre épisode cette fois totalement raté ayant pour thématique le dédoublement de personnalité. Le fait de lorgner vers le thriller psychologique et psychanalytique aurait très bien pu aboutir à une fiction passionnante si le comédien choisi pour le rôle de ce personnage complexe et instable avait été à la hauteur ainsi que si le scénario n’avait pas semble t'il été écrit autant à la va-vite. Alors que l’un des principaux atouts du Virginien a toujours été que les auteurs paraissaient avoir la possibilité de prendre leur temps afin de bien poser leurs intrigues, ici l’on remarque d’emblée l’utilisation d’ellipses totalement foireuses qui font avancer l’épisode à vitesse grand V sans que ce n’ait été ni souhaitable ni nécessaire. L’on sent des scénaristes peu à l’aise avec la mise en place de leur récit à tel point que nous n’avons même pas l’impression de nous être fait présenter le principal protagoniste tenu par l’acteur Fabian que l’on avait par exemple déjà pu voir dans l’amusant North to Alaska (Le Grand Sam) réalisé par Henry Hathaway, jeune bellâtre qui par ailleurs chantait assez bien dans ce western humoristique mais qui ne possédait que très peu de charisme.

Sur ce dernier point, il est évident qu’il en va de même pour cet épisode du Virginien alors qu’au contraire nous aurions très bien vu à la place de cet acteur falot les excellents et méconnus Chris Robinson ou Peter Brown qui avaient brillé peu de temps avant dans la série et notamment le second très récemment dans l’épisode Return a Stranger. Le fait de ne pas rendre crédible une seule seconde cet avatar de Dr Jekyll et Mister Hyde -que cite d’ailleurs le juge Garth toujours aussi cultivé- n’aide pas à nous immerger dans cette fiction qui s’avère finalement assez ridicule alors qu’elle avait pour louables ambitions tour à tour de nous faire frissonner et nous interroger sur la culpabilité ou non d’un malade mental. Car ce n’est pas dévoiler grand-chose –le titre est déjà là pour nous aiguiller- que d’écrire que le doux et lettré sauveur de Trampas est également un fou qui ne se souvient plus des meurtres qu’il a commis la veille étant donné qu’il souffre d’un trouble dissociatif de l'identité. Tout ceci aurait pu donner une intrigue captivante si tout le monde s'en était donné la peine. Les scénaristes, réalisateur et acteur principal se révélant au contraire tous médiocres, cet épisode nous emmène de déception en déception. L’écriture manque tellement de rigueur que l’on a même du mal à comprendre ou les auteurs veulent en venir lorsqu’ils lancent le juge Garth dans la bataille pour plaider la folie et sauver le criminel de la peine de mort.

Il est évident qu’ils veulent à nouveau au travers cette histoire finalement assez décousue malgré sa simplicité mettre en avant le progressisme des idées de Garth ("Clémence, compassion et sagesse" dira-t-il) sans que ce ne soit donc ni très évident ni très fluide. D’autres gros trous du scénario apparaissent constamment, l’histoire sautant d’une séquence à l’autre sans véritable liant, le Virginien disparaissant sans que l’on ait appris pourquoi et les comédiens ne semblant pas très convaincus par ce qu’ils ont eu à interpréter. Dommage car une fois encore les premières séquences avaient laissé à penser que nous nous serions trouvés devant un très bon épisode, témoin ces images de rues boueuses et de pluie discontinue pendant que le Virginien cherche à recruter des hommes afin de ramener son troupeau, le train étant empêché d’arriver faute à un éboulement. Les scènes initiales dépeignant les premiers jours de travail de Laredo au ranch étaient également assez intéressantes d’autant plus que les situations montrées étaient rarement vues dans un western comme celle du sciage des troncs de bois par équipe de deux ; des touts petits riens qui contribuent pourtant à la valeur de la série et sur lesquels il n'est pas inutile de revenir de temps à autre d'autant plus lorsque le reste de l'épisode s'avère aussi frustrant.

Un homme aux forts troubles de la personnalité, une réflexion sur la peine capitale, un peu de suspense, des meurtres mystérieux, un des protagonistes récurrents qui manque de peu de se faire tuer… tout ceci était d’autant plus alléchant que nous sommes au final encore plus déçus que pour un récit à priori plus classique. Faute non seulement à de bien médiocres scénaristes mais également à une mise mise en scène assez indigente signé par l’obscur William Hale. Restera néanmoins une plutôt bonne interprétation de l’actrice Elizabeth MacRae dans le rôle de la Saloon Gal ainsi que le retour tant attendu de Doug McClure après qu'il se soit éclipsé un bon bout de temps. L’interprétation de Fabian n’était pas spécialement marquante dans Say Goodbye to All that de William Witney, le 18ème épisode de la série dans lequel il interprétait le fils du tyrannique Charles McGraw qui espérait faire de lui "un homme, un vrai" ; ici il gâche en grande partie l'ensemble, cependant guère aidé par ceux qui lui ont écrit son personnage ou celui qui l’a dirigé. Dommage !


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Morgan
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Re: Le Virginien

Message par Morgan »

Tout à fait d'accord un épisode que l'on oublie très rapidement, l'acteur Fabian étant d'une fadeur exubérante (pour paraphraser Desproges) :uhuh:
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Re: Le Virginien

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Andrew Prine & Forrest Tucker


3.18- Hideout

Réalisation : Don McDougall
Scénario : Cy Chermak
Guest Star : Forrest Tucker & Andrew Prine
Première diffusion 13/01/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 6/10


Le pitch : Alors qu’elle chevauche dans les montagnes, Betsy tombe sur un troupeau de chevaux sauvages qu’un certain Clint Evers essaie de capturer. Effrayée par un puma, Betsy est conduite par Clint jusqu’à une cabane où il vit retiré avec son père (Forrest Tucker). Betsy pense intéresser ses nouvelles connaissances en leur apprenant que l’armée est actuellement demandeuse en montures. Mais les Evers semblent vouloir rester cachés. Sur le chemin du retour Betsy est mordue par un serpent ; Clint est forcé de la conduire chez le médecin où il est reconnu par un homme qui file avertir le shérif que son père est recherché pour meurtre…

Mon avis : Un épisode remake d’un western de cinéma, au sein de la série qui nous concerne, il y eut déjà des précédents comme Duel at Shiloh qui reprenait l’histoire de L’homme qui n’a pas d’étoiles (The Man without a Star) de King Vidor ou encore The Stallion repartant du récit qui servait de trame à Black Horse Canyon de Jesse Hibbs, allant même jusqu’à se servir de séquences entières du film pour les stock-shots. Hideout quant à lui se base sur un roman de Stuart Hardy, The Mountains are my Kingdom, qui avait été adapté une première fois en 1938 par Wyndham Gittens pour les studios Universal ; il s’agissait de Forbidden Valley avec dans les rôles principaux, Noah Berry Jr. et Frances Robinson. En 1950, Sierra d’Alfred E. Greenen en était une seconde version, avec cette fois l'apport d'un glorieux Technicolor utilisé à merveille par le chef-opérateur Russell Metty qui nous dévoilait dans toute leur splendeur les magnifiques paysages de Kanab (Utah) et photographiait d'amples et impressionnants déplacements de hardes de chevaux sauvages. L’épisode du Virginien réalisé par le toujours très bon Don McDougall réutilise d’ailleurs des images de cet honnête western de série B qui fut l’un des premiers films du jeune Audie Murphy. Celui-ci jouait aux côtés de Wanda Hendrix -alors son épouse à la ville-, Dean Jagger ainsi que Burl Ives dans des rôles repris ici respectivement par Andrew Prine (le fils), Roberta Shore, Forrest Tucker (le père) et Douglas Fowley (le Old Timer).

C’est l’histoire d’un père et son fils terrés depuis des années dans une modeste cabane isolée, située dans un coin reculé en pleine montagne. L’on apprend vite que le plus âgé se cache de la police pour avoir été accusé du meurtre de son associé alors qu’ils étaient tous deux prospecteurs. Depuis, reclus, ils gagnent leur vie grâce au commerce de chevaux, passant par l’intermédiaire du vieux Sorrowful -homme haut en couleurs "à la Walter Brennan"- pour vendre leurs bêtes. Lors d’une balade à cheval, Betsy découvre cette cachette et leurs habitants pour qui elle se prend d’amitié (voire plus si affinités avec le jeune homme) ; elle leur apprend par la même occasion que l'armée est en ce moment activement à la recherche d'achat de montures et ainsi qu'avec leur cheptel ils pourraient gagner une forte somme d'argent. Le père s’étant grièvement blessé refuse qu’on aille chercher un médecin en ville de peur de perdre à jamais la tranquillité dont ils profitent suite à leur exil dans ces montagnes. Besty qui croit fermement à l’innocence du mourant jure qu’elle ne dévoilera jamais le secret de leur tanière ni de leur identité mais insiste pour que l'accidenté se fasse soigner. Elle retourne donc chercher du secours à Medicine Bow malgré sa promesse initiale de ne pas intervenir : le shérif comprend alors très vite qu’il vient de trouver un criminel recherché… La thématique principale de cet épisode est la confiance ; confiance qu’à le Virginien en les dires de Betsy ("He trusted me...Because I asked him to, and I never gave him any reason not to)", confiance aveugle qu’à Betsy dans le duo terré dans la montagne et crédulité exagérée en la bonté humaine, confiance ou scepticisme qu’ont les deux hommes pour le médecin venu les soigner…

Confiance, prudence ou défiance qui amènent quelques séquences dotées d’un efficace suspense comme celle où le jeune homme reconduit le docteur en bas de la montagne sans que nous ne sachions si c'est par pure politesse ou s’il a dans l'intention de supprimer un témoin gênant. Sinon nous avons à faire à une jolie histoire réalisée avec une grande douceur par Don McDougall qui n’a pas encore commis un seul faux pas même si Hideout est loin d’être un sommet de la série, faute surtout à une interprétation très moyenne de Andrew Prine, ainsi qu'à un manque à la fois de tension dramatique et de fantaisie. En revanche l’épisode bénéficie de beaux extérieurs -même si pas nécessairement raccords avec les stock-shots du western d’Alfred E. Green-, d’excellents dialogues comme lors de la scène au cours de laquelle Forrest Tucker explique à Betsy qu’elle voit le monde avec trop de candeur et de naïveté, les bons n'étant pas toujours gagnants et l'injustice n'étant pas forcément un mythe, ainsi justement que d’une très bonne prestation de ce comédien que l’on a vu dans nombre de séries B westerniennes des années 50 et notamment aux côtés de Randolph Scott dans les productions Harry Joe Brown (La Vallée maudite - Gunfighters de George Waggner ; Ton heure a sonné - Coroner Creek de Ray Enright ; L'Homme du Nevada - The Nevadan de Gordon Douglas) ou encore dans La Femme aux revolvers (Montana Belle) de Allan Dwan... parmi tant d'autres.

Grâce aux bonnes séquences filmées pour le western avec Audie Murphy assez bien intégrées aux scènes tournées par McDougall, le dernier quart d’heure nous propose quelques beaux moments au grand air au sein de superbes paysages désertiques avec moult chevauchées et superbes chevaux sauvages. L’ensemble manque certes aussi d’un peu de vigueur et de conviction dans l’expression des sentiments de tout un chacun, mais il bénéficie d’une écriture assez rigoureuse pour réussir à nous intéresser tout du long d’autant que Clu Gulager s’avère très bon, que Roberta Shore parvient aisément à porter l’épisode sur ses frêles épaules et à faire oublier la prestation assez terne de son partenaire masculin, et enfin que le happy-end se révèle ma foi plutôt très plaisant. Pas une grande cuvée mais un honnête épisode qui vient nous faire un peu oublier les deux médiocres précédents.


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Jeremy Fox
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John Doucette & Clu Gulager


3.19- Six Graves at Cripple Creek

Réalisation : Maurice Geraghty
Scénario : Carey Wilber
Guest Star : John Doucette
Première diffusion 27/01/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 5.5/10


Le pitch : Alors qu’ils cambriolaient la banque de Medicine Bow, deux bandits se font abattre par Ryker ; parmi eux, il reconnait l’un des quatre assassins qu’il piste depuis des années pour le meurtre d’une femme qu’il aimait. Parvenant à le faire parler avant qu’il ne rende son dernier souffle, il apprend le nom du dernier survivant du quatuor. Abandonnant son poste d’adjoint, il décide alors de partir à sa recherche mais il s’avère que cet homme aurait été tué par les indiens à Cripple Creek et qu’il y serait enterré. Ryker veut en avoir le cœur net et se rend sur place accompagné d’une femme ayant perdu son père lors de ce même massacre…

Mon avis : Décidément la série a beaucoup de mal à reprendre son souffle et ne parvient toujours pas en ce deuxième tiers de saison à se hisser au-dessus de la moyenne. Maurice Geraghty était pourtant jusqu'à présent avec Don McDougall l’un des réalisateurs les plus inspirés et talentueux de la série (voir les excellents A Matter of Destiny, The Accomplice et surtout le magnifique Impasse), mais ici il est bien incapable de rattraper un scénario assez raté signé Carey Wilber, auteur dont nous avons déjà constaté à de nombreuses reprises que malgré des pistes scénaristiques intéressantes, il avait toujours beaucoup de mal à en tirer quelque chose de fort et de captivant contrairement par exemple à un autre scénariste prolifique pour Le Virginien, Frank Chase. Et pourtant l’épisode démarrait vraiment sur les chapeaux de roue, promettant non seulement monts et merveilles mais un ton d'une cruauté inaccoutumée. La première séquence d’une violence assez sèche montre Ryker en chaussettes -en train d’essayer de nouvelles santiags, il n’avait pas eu le temps de les chausser- courir dans la rue au son de coups de feu et tirer sur deux hommes qui sortaient de la banque qu’ils venaient de cambrioler. Suite à cette fusillade et sous les yeux médusés de ses concitoyens dont Trampas, il refuse catégoriquement de faire soigner l’un des deux moribonds gravement blessé et se vidant de son sang tant qu’il n’aura pas répondu à ses questions. En effet, ayant reconnu en lui un criminel qu’il piste activement depuis plusieurs années, il a des choses à apprendre de sa part et notamment un nom.

Deux ans auparavant, une mère et sa fille avaient été assassinées par un groupe de quatre hommes. Il semblerait que Ryker était amoureux de la jeune femme et qu’il avait décidé de se venger. Ayant déjà réussi à en tuer deux, il lui en restait autant à trouver ; quelle aubaine de tomber sur ce bandit qui allait enfin pouvoir le mettre sur la piste du dernier. Et effectivement, de peur de mourir, le moribond lui donne non seulement l’identité de son complice -un certain McMasters- mais également le lieu où il se serait réfugié depuis, Silver City. Une excellente séquence à propos de la loi et l'ordre se déroule alors entre Ryker et son patron qui lui rappelle que porter un badge ne donne pas le droit de commettre un meurtre ; sur quoi Ryker lui rétorque "killing him wouldn't be murder." La discussion se poursuit, le shérif espérant compter sur la maturité qu'aurait acquit son adjoint depuis qu’il est passé du bon côté de la loi (se reporter au premier épisode de cette saison où nous faisions sa connaissance) : "You know better than that. Maybe not two years ago, but I don't think you're the same man you were two years ago." Néanmoins, sans plus attendre, Ryker rend son insigne et décide d’en finir avec sa quête de représailles. A Silver City il tombe sur un drôle de shérif qui l’emprisonne "pour le garder en sécurité" puis qui lui confie une mission en échange de sa liberté, conduire ‘un ami à lui’ à Cripple Creek, le lieu où auraient été massacrés et enterrés l’homme que Ryker recherche ainsi que le père de celui qui devra être son compagnon de route. Quelle n’est pas sa surprise de constater que celui-ci est en fait une jeune fille ! Et si le père de la jeune femme et le meurtrier recherché étaient un seul et même homme ?

S’ensuivent une embuscade assez rondement menée, la trouvaille des tombes ainsi qu'un voyage jusqu’au fort le plus proche où notre duo de fortune apprend que l’un des six blancs tombés dans l’embuscade indienne s’en serait sorti. Et s'il s'agissait de McMasters ou du paternel perdu ? Avouez qu’à la lecture de cette histoire il y avait vraiment de quoi penser être captivé. Ce qui n'aurait pas été loin d’être le cas si l’écriture avait été moins lâche ; en effet l'on ne comprend pas tout alors que le récit semblait devoir être d’une remarquable clarté. Et donc, même si la première partie avait réussi à faire illusion, après cette première demie-heure assez efficace l’ennui commence à poindre pour ne presque plus nous lâcher. Beaucoup de morts et d’action violente, quelques idées assez réussies comme la bombe fabriquée par Ryker pour se sortir d’un mauvais pas… et pourtant la tension dramatique n’est que rarement de mise. Le personnage interprété par la toute jeune Sheilah Wells était également assez intéressant, pas mièvre pour un sou puisque la fille n’ayant pas connu son père, elle est partie à sa recherche avant tout pour l’argent qu’il lui aurait laissé. La comédienne débutante à la voix grave se sort plutôt bien de son rôle qui vers la fin sera lui aussi assez mal écrit, le fait d’apprécier avoir retrouvé son père même sans être certaine que ce soit bien lui n'étant pas crédible une seule seconde. Les autres protagonistes d'importance interprétés par ces trognes connus du western que sont John Doucette (le shérif) et Paul Birch (le père) ne sont guère plus convaincants, le spectateur ayant du mal à cerner leurs motivations, leurs réactions et leurs buts faute une fois encore au scénariste qui ne parait pas s’être relu, rendant flou des situations pourtant à priori très fluides.

Un épisode dramatique et purement westernien louchant même vers le sérial lors du final dans la grotte et qui avait tout pour plaire. Non pas qu’il soit honteux ni pénible… seulement décevant et un poil ennuyeux dans sa seconde partie. Heureusement Clu Gulager est à nouveau impeccable et permet à cette fiction de ne pas trop nous faire sombrer dans la torpeur malgré un bavardage intempestif qui semble vouloir être destiné à meubler les 75 minutes règlementaires. Néanmoins une interprétation correcte et quelques bonnes scènes d’action pour les amateurs. Mais nous sommes tellement habitués à mieux...


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Heureusement, après 4 épisodes au mieux moyens, le coffret médian de la saison 3 se rattrape in extremis avec Lost Yesterday et l'exquise Shirley Knight (Doux oiseaux de jeunesse). A suivre
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Re: Le Virginien

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Shirley Knight

3.20- Lost Yesterday

Réalisation : Don McDougall
Scénario : True Boardman
Guest Star : Shirley Knight
Première diffusion 03/02/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7/10


Le pitch : A Laramie, un homme mourant informe son épouse (Shirley Knight) de la cachette d’un important butin aux environs de Medicine Bow. Pour échapper à deux inquiétants individus qui la forcent à dévoiler ce secret, la femme fait croire à son suicide et s’enfuit. En chemin, la diligence où elle avait pris place tombe dans un ravin ; elle est sauvée par le Virginien qui était lui aussi passager et qui la conduit à Shiloh. A son réveil, on se rend compte qu’elle est devenue amnésique et qu’elle ne se souvint même plus de son identité. Le Virginien qui est tombé sous son charme va lui proposer d’aider l’institutrice en attendant qu’elle recouvre la mémoire…

Mon avis : On peut encore et toujours compter sur Don McDougall pour relever le niveau d’une baisse qualitative de la série ainsi que par la même occasion revenir sur mon jugement un peu trop hâtif et sévère concernant le scénariste True Boardman qui, même s’il est à l’origine à ses débuts de quelques-uns des moins bons épisodes du Virginien, s’est depuis montré capable d’accoucher de très bons récits dans cette troisième saison comme par exemple ceux excellents de Return a stranger avec en Guest Star Leif Erickson ainsi que Man of the People avec James Dunn. Pour Lost Yesterday True Boardman est seul crédité au travail d’écriture et autant dire qu’il se sort plutôt bien de cette histoire d’amnésie, plus tournée vers la romance et le polar que vers le western et qui aurait pu facilement sombrer dans le ridicule par manque de rigueur ou faute à une interprétation médiocre. Ce qui n'est évidemment pas le cas d'autant plus que l'invitée principale de l'épisode est l’exquise Shirley Knight (Doux oiseaux de jeunesse - Sweet Bird of Youth de Richard Brooks d’après Tennessee Williams) qui illuminait déjà le précédent auquel elle avait participé lors de la première saison, The Man from the Sea, qui narrait l’histoire de jumelles, l’une un peu folle estimant ne faire qu’une avec sa sœur et qui pour ne plus se sentir ‘prisonnière’ et trouver sa liberté pensait qu'elle devait la tuer. Shirley Knight interprétait alors la sœur équilibrée face à Carol Linley. La comédienne est à nouveau ici toute aussi charmante que talentueuse, l'idylle qui se met en place entre elle et James Drury se révélant tout à fait crédible et extrêmement touchante.

Lost Yesterday débute par un prologue immédiatement prenant se déroulant à Laramie. Un homme est en train de rendre son dernier souffle dans les bras de son épouse, Clara. Se sachant condamné, il refuse qu’elle appelle un médecin et lui dévoile par la même occasion le secret de la cachette d’un butin. Même si ce n’est pas vraiment dit, l’on comprend immédiatement qu’il pourrait s'agir d’un hors-la-loi d’autant plus que peu de temps après, la jeune femme est interpellée et agressée par deux hommes qui sans aucun doute sont des complices de son défunt mari puisqu’ils l’obligent à divulguer le lieu où a été planqué l’argent. Pour ne plus être importunée, elle fait croire à son suicide et se rend à Medecine Bow, ville près de laquelle se trouverait cette 'manne financière'. La diligence qui la transporte se renverse et Clara manque de se faire dévorer par un incendie qui s'est déclenché suite à cet accident ; elle serait morte sans l’intervention du Virginien qui se trouvait lui aussi à bord, qui s'en sort sans égratignures et qui la conduit à Shiloh. On constate alors que le choc a rendu Clara amnésique, qu’elle ne se souvient plus de rien pas même de son identité ; c’est le début d’une idylle entre elle et le Virginien, ce dernier s'avérant bien plus attentionné qu'à l'accoutumée envers cette femme qu'il décide de nommer April comme le mois où ils se sont rencontrés, l’institutrice à qui il la confiera répondant à la question de cette dernière “He has been very helpful to me ever since I came here, hasn’t he?” par un très lucide “Uh, devoted would be a more accurate word.”

Toute la partie romantique est vraiment très réussie grâce à la qualité de l’interprétation des deux comédiens et à la douceur des relations qui se font jour entre les deux protagonistes ; les auteurs font une fois encore se retrouver leur couple dans cet endroit idyllique au bord d’une petite cascade déjà maintes fois vu au cours de la série. True Bordman prend son temps pour nous décrire cette belle histoire d’amour sans jamais oublier les à-côtés, et notamment ici les diverses tentatives pour faire retrouver la mémoire à la jeune femme ainsi que les manigances que mettent en place les ex-complices du mari pour arriver à leurs fins. Ayant dépistés Clara et ayant appris son état, l’un des deux va se faire passer pour son frère pour pouvoir ‘la prendre en charge’ et l’amener loin d’ici en espérant qu’elle pourra rapidement lui apprendre 'la cachette au trésor'. Le suspense est constant y compris au moment où, ayant recouvré ses esprits, la 'femme du hors-la-loi' doit faire croire aux deux bandits que ce n’est pas le cas, risquant de se couper à tout moment. Le scénario aux petits oignons aurait pour une fois nécessité bien un quart d’heure de plus car la dernière partie plus mouvementée semble un peu vite expédiée -tout ce qui se passe dans l’enceinte d’un fort de studio étant assez faible-, ou peu crédible –le message crypté de Trampas- le final un peu abrupt et ‘déjà vu’, le virginien finissant à nouveau sur le quai de gare en faisant des adieux à une femme qu’il ne reverra probablement jamais, condition sine qua non pour que la série puisse se poursuivre. Sinon côté seconds rôles, c’est du tout bon, qu'ils soient féminins ou masculins : avec ses faux airs de Ida Lupino, Monica Lewis en institutrice est assez attachante alors que John Kellogg -que l'on a pu voir dans le très sympathique Le Fouet d’argent - The Silver Whip de Harmon Jones et également déjà présent dans l’excellent 11ème épisode de cette saison, All Nice and Legal- et Simon Scott forment un savoureux duo de canailles sans scrupules.

Pour les accros à la série, sachez que dans cet épisode le Virginien donne des détails sur sa venue à Shiloh voilà six ans en arrière ainsi que sur les précédents lieux où il s’est déjà rendu, à savoir aussi bien St Louis que San Francisco dont il semble avoir gardé d’excellents souvenirs. A noter aussi toujours le mettant en scène, une sympathique séquence de bal, une image surréaliste pour un western de ‘pause puzzle’, ainsi qu’une très jolie scène au cours de laquelle il donne un baiser à une Clara/April confuse mais touchée alors qu’elle a retrouvé la mémoire sans le lui dire et du coup ne se souvenait plus de leur romance, tout ce qu'elle a vécu entre les deux chocs s'étant volatilisé. Sans atteindre des sommets faute à un dernier quart un peu plus faible, un épisode cependant très agréable et très attachant.


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Re: Le Virginien

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Doug McClure & Kathryn Hays

3.21- A Slight Case of Charity

Réalisation : Richard Benedict
Scénario : True Boardman & Howard Browne
Guest Star : Kathryn Hays & Warren Oates
Première diffusion 10/02/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 2/10


Le pitch : Une association de ranchers de Medicine Bow confie à Trampas la mission de conduire et vendre son troupeau à Albuquerque ; il en retire une coquette somme qu’il doit cacher le temps de quelques jours de repos dans cette ville qui ne manque pas de divertissements. Il fait d’ailleurs la connaissance de la charmante Charity (Kathryn Hays) qui recherche un guide et qui va l’entrainer dans de rocambolesques aventures après lui avoir dérobé une partie de l’argent de la vente du bétail. C’est le début d’une course poursuite assez incompréhensible entre plusieurs personnages pour s’accaparer un bijou de grande valeur…


Mon avis : Quel rapport entre la vente de bétail et la recherche d'une pierre précieuse me direz-vous ? J'avoue avoir encore du mal à l'expliquer après le visionnage de cet épisode écrit probablement dans un état d'ébriété avancé ! L’auteur Howard Browne a pourtant déjà adapté plusieurs de ses histoires pour la série Le Virginien dont la superbe If You Have Tears avec Robert Vaughn, Dana Wynter et Nancy Sinatra ; il était également scénariste du très bon Run Away Home, toujours dans la saison 1, avec de savoureux dialogues à la clé, un épisode qui était de plus parfaitement bien interprété par Karl Swenson, James Drury et surtout Jeannine Riley qui trouvait quasiment toujours le ton juste entre charme et cabotinage. Campant un personnage qui pourrait lui être apparentée, ce n’est ici malheureusement pas le cas de Kathryn Hays qui s’avère être extrêmement pénible à l’image de cette fiction qui pourra très probablement vous sembler laborieuse et jamais drôle alors qu’elle cherchait clairement à l’être. Arrivé à cette date du 10 février 1965, A Slight Case of Charity se révèle donc être le plus mauvais épisode du Virginien. Il y a de fortes chances pour que ceux qui tomberaient sur une telle fiction en ne connaissant pas la série au préalable risquent d’abandonner sans se poser plus de questions quant à sa qualité globale. Il s'avère donc indispensable de prévenir afin d’éviter de se lancer dans sa découverte par certains épisodes comme celui-ci, heureusement dans l’ensemble assez rares. Ceci dit, à quelques exceptions y compris au sein du Virginien qui a déjà proposé quelques pépites dans le domaine -dès The Big Deal avec Ricardo Montalban, épisode 3 de la première saison-, les tentatives de mélange comédie et western se sont souvent avérées ratées y compris sur grand écran.

Non seulement l’ensemble peine à nous faire sourire mais le scénario est tellement mal écrit que l’on a du mal à comprendre les tenants et aboutissants d’une intrigue qui se voudrait subtile mais qui nous perd totalement dans ses imbroglios à propos d’un bijou que tout le monde semble rechercher, d’une femme de chambre qui se fait passer pour sa maitresse ainsi que d’une course poursuite multipliée par quatre, l’un poursuivant l’autre déjà pisté par un troisième lui-même suivi par un quatrième… Il faut dire que l’ensemble est tellement peu captivant que l’on se moque un peu de ce qui se déroule sous nos yeux, que l’on décroche donc vite d’où le fait de ne peut-être pas avoir été assez attentif pour remettre en place cet écheveau qui à priori devait se révéler fluide. L’épisode paraissait pourtant débuter de la plus sympathique des manières, la fantaisie et l’humour de la première séquence nous ayant mis dans de très bonnes dispositions, la suite n’étant malheureusement suivi d’aucuns effets. L’on assistait donc directement dès le générique terminé à une chanson poussée par Randy s’accompagnant comme d’habitude à la guitare suivi par les chamailleries potaches entre lui et Trampas à propos de leurs relations avec la gent féminine. On constate ainsi que le comédien Randy Boone ainsi du coup que son personnage ont pris beaucoup d’assurance comparativement à 'leurs' débuts.

Les deux séquences suivantes font entrevoir les 'thèmes' abordés, font comprendre d’une part que Trampas est missionné par une association d’éleveurs pour aller vendre leur bétail à Albuquerque malgré le fait que le président semble ne pas accorder une grande confiance au cowboy de Shiloh, de l’autre qu’une servante de cette même ville parait vouloir escroquer sa maitresse en prenant son identité pour pouvoir s'accaparer un bijou de grande valeur. Bien évidemment que Trampas va croiser le chemin de cette coquine de Charity qui par sa roublardise et en le prenant pour un autre le mettra en une fâcheuse posture ; en effet les éleveurs l’accuseront d’avoir subtilisé une partie de l’argent de la vente –en fait volée par la jeune femme- et ses amis s’inquiéteront de ne pas le voir revenir, certains pensant qu’il s’est effectivement fait la malle avec la somme dérobée, d’autres -les plus nombreux- estimant qu’il a besoin d’aide. C’est ainsi que Charity et Trampas partiront à la recherche d’un bijou rare nommé l’étoile de San Carlos, qu’un bandit les suivra pour se l'approprier à son tour et que tout ce petit monde sera encore pisté par Ryker voulant absolument retrouver Trampas dont il ne doute pas une seule seconde de l’honnêteté et pensant à juste titre qu’il s’est fourré dans de sales draps, ainsi que par l’époux de la femme pour qui Charity se fait passer et qui lui aussi voudrait retrouver cette pierre précieuse appartenant à sa famille. Le bandit c’est Warren Oates, le mari c’est Jerome Courtland, aussi peu concernés et inspirés l’un que l’autre, paraissant ne pas comprendre grand chose de plus que les pauvres spectateurs.

Comme dit déjà plus haut et d’autant plus que la mise en scène de Richard Benedict se contente de filmer le tout avec une désolante platitude, tout ceci s’avère souvent inutilement emberlificoté, très peu amusant mais au contraire très lourd, complètement décousu et surtout totalement inintéressant et pas du tout rythmé, faisant ainsi beaucoup penser à un épisode similaire de la fin de la saison 2, A Bride for Lars dans lequel Trampas convoyait déjà une petite peste (Katherine Crawford) toujours au sein des mêmes décors naturels réemployés jusqu’à plus soif, la poursuite n’étant quasiment constituée que de plans du même chemin filmé toujours au même endroit bien reconnaissable. Une conclusion quasi identique irait comme un gant à cet épisode peut-être même encore moins bon faute à son actrice principale qu'il nous démangerait presque de gifler : plus stupide que truculent, on oubliera très vite cette déplaisante et ennuyeuse pantalonnade pour passer à autre chose de plus consistant ! Ce qui va être le cas avec un épisode suivant remarquable.


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Re: Le Virginien

Message par Lockwood »

J'avoue avoir mis de côté temporairement la série après le 3x15 car je sentais la lassitude pointer un peu de son nez.. mais le jour où je vais reprendre, je sens que je vais devoir enchaîner une poêlée d'épisodes pas forcément réussis
la mise en scène de Dirk Benedict
Heu... :lol:
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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Lockwood a écrit :J'avoue avoir mis de côté temporairement la série après le 3x15 car je sentais la lassitude pointer un peu de son nez.. mais le jour où je vais reprendre, je sens que je vais devoir enchaîner une poêlée d'épisodes pas forcément réussis
la mise en scène de Dirk Benedict
Heu... :lol:

Le suivant est en revanche remarquable !
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Re: Le Virginien

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Diana Lynn & Richard Beymer

3.22- You Take the High Road

Réalisation : John Florea
Scénario : Daniel B. Ullman & Frank Fenton
Guest Star : Richard Beymer & Diana Lynn
Première diffusion 17/02/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7.5/10


Le pitch : Après la mort de leur père, Mark Shannon (Richard Beymer) et sa sœur Peggy (Diana Lynn) se retrouvent à la tête d’un immense cheptel qu’ils décident d’aller vendre. Mais le régisseur -qui est amoureux de Peggy- a du mal à se faire respecter par Mark. Le Virginien qui a assisté à une bagarre entre les deux qui se termine par le départ de Mark, décide de prendre le jeune homme sous son aile et de le faire travailler à Shiloh. On apprend entre temps que les bêtes des Shannon transporteraient le virus de la peste bovine, ce qui inquiète fortement les éleveurs de Medecine Bow puisqu'il est prévu que le troupeau traverse leurs terres…

Mon avis : Avec ce nouveau remarquable épisode, il est maintenant clairement avéré que John Florea est avec Don McDougall l’un des réalisateurs de la série auquel on peut désormais faire le plus confiance. Au cours de cette même saison, il avait récemment déjà filmé les très bons The Girl from Yesterday avec Ruta Lee -l’épisode qui mettait un terme aux aventures de Steve- ainsi que The Payment avec Lloyd Nolan et une mémorable prestation de Clu Gulager. On pouvait alors se féliciter de la rigoureuse direction d’acteurs de Florea, lui qui nous avait auparavant déjà démontré tout son talent dans le domaine puisqu’il fut précédemment aux manettes de l’excellent The Thirty Days of Gavin Heath, le fameux épisode avec Leo Genn en milliardaire mourant. C’est à nouveau le cas pour ce magnifique épisode cosigné par deux grands noms du western, Daniel B. Ullman et Frank Fenton. Le premier est le fabuleux scénariste de westerns réjouissants mais encore trop peu connus que sont Fort Osage de Lesley Selander, Un jeu risqué (Wichita) de Jacques Tourneur, Le Salaire de la haine (Face of a Fugitive) de Paul Wendkos ou Good Day for a Hanging de Nathan Juran ; quant au second, une valeur sure de la série avec déjà quatre très belles réussites à son actif, il a également écrit dans le genre des films tout aussi formidables que ceux de Ullman comme Fort Bravo (Escape from Fort Bravo) de John Sturges ou Le Jardin du diable (Garden of Evil) de Henry Hathaway. Autant dire qu’une bonne fée veillait sur cet épisode qui naissait ainsi sous les meilleurs auspices.

C’était sans compter sur le casting lui aussi de première catégorie. Outre d’excellentes prestations de James Drury et Clu Gulager, les trois invités se révèlent à la hauteur de ces comédiens récurrents de la série. Dans le rôle du jeune garçon au sang un peu chaud nous retrouvons l’inoubliable Tony de West Side Story, Richard Beymer ; dans celui du chef de convoi du troupeau sans doute atteint de la peste bovine, l’un des acteurs fétiches d’Allan Dwan pour ses superbes productions Bogeaus, le brillant Myron Healey qui joua également dans Fort Osage ou Man without a Star de King Vidor dont d’ailleurs certains stock-shots sont utilisés pour le stampede de la fin de cet épisode ; enfin, dans son avant dernier rôle, la charmante et talentueuse Diana Lynn qui était par exemple déjà mémorable dans le curieux mais passionnant Track of the Cat de William Wellman. L’intrigue de You Take the High Road part sur différentes pistes à la fois et brasse plusieurs thèmes avec une remarquable fluidité ; le résultat est un scénario d’une incroyable densité et d’une belle richesse. Tout d’abord il nous décrit les relations assez tendues entre un trio composé d’un frère (Mark) et d’une sœur (Peggy) ayant hérité d’un important cheptel suite au décès de leur père ainsi que du chef de convoi qui doit amener le troupeau jusqu’au Colorado afin d’y être vendu à l’armée. Ce dernier semble être fortement amoureux de la jeune femme mais à fort à faire avec son frère qui s'avère être une forte tête et qui semble ne pas vouloir lui obéir. Sans que ce ne soit dit, il pourrait y avoir dans cette haine entre les deux hommes une sorte de jalousie car certaines poses et certains gestes entre le frère et la sœur font penser qu’il pourrait y avoir eu inceste ou plus probablement un simple et fort amour fraternel qui ne supporte pas l’intercession d’un troisième membre. Quoiqu’il en soit tout ce qui se passe entre ces trois personnages s’avère sacrément puissant ou (et) touchant, la douceur de Peggy (magnifique Diana Lynn) envers les deux hommes étant d’autant plus émouvante que l’on sent que la jeune femme souffre profondément de la dualité entre eux, n'arrivant en fait pas à se décider dans quel 'camp' se ranger ayant préféré une absence de conflits.

Mark ayant été plus ou moins congédié de son propre convoi par l'homme chargé de conduire le troupeau, le Virginien qui a assisté à une teigneuse bagarre entre eux deux prend en pitié ce jeune homme de nature à priori assez violente mais qui n'a pas eu le dessus et, ayant senti chez lui un certain potentiel, décide de le prendre sous sa coupe en lui proposant de l'embaucher. S’entame toute une thématique autour de la vengeance et des armes, les auteurs étant toujours aussi progressistes à ce propos : à la demande de son protégé le régisseur de Shiloh lui apprend à se servir d’un pistolet "uniquement au cas où il ait à se défendre" promet Mark. Son ‘professeur’ lui rétorque d’ailleurs que "the important thing about a gun is not knowing how to use it but knowing when not to ; a 'man' doesn't settle his problems with a gun." Une autre thématique fait alors son apparition, une maladie dont serait porteur le troupeau qui doit traverser les terres aux alentours de Medicine Bow et l’inquiétude des éleveurs de la région qui se réunissent afin de décider quoi faire ; les laisser passer ou les obliger à faire demi-tour même si ça couterait probablement la fortune des jeunes gens faute à une vente probablement annulée pour cause de retard. Réunions, questionnements et discussions à bâtons rompus avec à leur tête un Virginien qui représente ici le bon sens et la diplomatie : il explique attentivement à ceux qu’il pourrait chasser de ses terres que ce serait sans aucun plaisir et qu’il souhaiterait au contraire qu’une solution et des compromis soient trouvés qui conviendraient à tout le monde. Pour commencer, il va donc s’agir en priorité d’enquêter quant à la véritable santé des bêtes, d’où découleront les décisions à prendre. Il faudra réussir à prouver que les bovins ne portent pas les germes d’une maladie qui si elle s’avérait réelle risquerait de contaminer et dévaster tous les troupeaux de la vallée. Le Virginien se dit même prêt même à verser aux jeunes propriétaires du bétail une somme pour compenser les pertes si jamais la vente du troupeau à l’armée venait à échouer.

Ayant entre temps acquit une belle assurance grâce au Virginien, Mark le trahit en quelque sorte en rejoignant le convoi et en provoquant sans plus attendre et pour une raison mineure l'homme qui convoite la main de sa sœur. Il manque de peu de le tuer mais reprend la tête du groupe, décidant en toute irresponsabilité et contre l’avis de tout le monde -y compris de Peggy- de traverser les terres de Medicine Bow coute que coute en déclenchant pour se faire un stampede sans attendre de savoir si son troupeau est porteur ou non de la maladie. Une War Range est sur le point d’éclater et voilà que même Ryker craint d'être obligé d'intervenir quitte à entrer en conflit avec le Virginien ; la tension est à son comble tellement la situation parait inextricable ! Je vous laisse tomber en plein 'climax' car il serait dommage de spoiler plus avant un récit absolument passionnant qui finira néanmoins par une prise de conscience de notre Virginien avouant avoir manqué de discernement quant au jeune homme qu’il avait décidé de prendre sous son aile. Un épisode sombre et très dramatique, tendu, riche et d’une incroyable densité scénaristique. Pour cette raison nous excuserons quelques vilains zooms et faux raccords et nous nous féliciterons d'être tombé sur ce superbe épisode de western pur et dur après quelques grosses déconvenues récentes au sein de la série.


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