Le Virginien (1962-1971) Universal

Tout sur les séries à la TV, en DVD, en Blu-ray ou VOD.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Lockwood
Assistant(e) machine à café
Messages : 125
Inscription : 23 août 15, 20:39

Re: Le Virginien

Message par Lockwood »

Y a un petit creux qualitatif dans les épisodes du coffret n°2 à mon sens mais j'ai apprécié globalement tous les épisodes du n°3 pour le moment (j'arrive au 2x25)

Bref, revenons au coffret n°2 justement.

Déjà, une remarque préliminaire; on rentre dans un cycle de 7 épisodes où verra assez peu le Virginien, ce qui m'a paru assez étrange, même si l'on prend en compte le turnover pratiqué habituellement dans la série. Comme l'affirme Alain Carrazé dans le premier coffret, on entre dans une configuration où Trampas s'avère presque le personnage principal de la série, celui-ci étant mis en avant dans la trame principale de 4 de ces 7 épisodes.
C'est pas déplaisant en soit car je trouve que Doug McClure est un parfait contrepoint à James Drury, mais je me demande si la relative discrétion du Virginien n'est pas due à des raisons externes à la série.. James Drury ne disait-il pas qu'il n'hésitait pas à taper le poing sur la table pour que les épisodes puissent garder un niveau qualitatif constant et qu'il lui arrivait de ne pas venir tourner pour obtenir des garanties supplémentaires ?

Quant à Gary Clarke, il est également de moins en moins présent.. D'ailleurs, connait-on les raisons de son départ dans la saison 3?

Revenons aux épisodes à proprement parler..

Un des personnages réguliers de série revoit un amour de jeunesse, qui se retrouve au milieu de l'épisode impliqué dans un meurtre..
Un canevas déjà utilisé pour "No Tears for Savannah" et qui concerne également le 2x12 "A Time Remembered"
Une redondance un peu agaçante mais heureusement gommée par les qualités intrinsèques de l'épisode.
Déjà, il y a le choix du protagoniste qui va s'adonner à cette cure de nostalgie; Lee J. Cobb a eu peu l'occasion de jouer les amoureux transi et il faut avouer que regarder un personnage d'ordinaire un peu dur faire des yeux doucereux à la belle Yvonne de Carlo (la guest star du jour) a un côté plutôt amusant.. d'autant que l'alchimie entre les 2 personnages est parfaite. L'intrigue se met en place très lentement, sans que ce soit vraiment problématique. Puis le meurtre accélère le tout, le procès se met en place
Spoiler (cliquez pour afficher)
et les zones d'ombres autour du personnage d'Yvonne de Carlo apparaissent peu à peu.
Bref, un épisode de bon aloi, entre une première partie plus intimiste et une deuxième partie plutôt intrigante ; 6,5/10
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Lockwood a écrit :regarder un personnage d'ordinaire un peu dur faire des yeux doucereux à la belle Yvonne de Carlo (la guest star du jour) a un côté plutôt amusant.. d'autant que l'alchimie entre les 2 personnages est parfaite.

Miam 8) Et sinon je ne peux pas m'empêcher de tout lire y compris tes spoilers... mais ça ne m'a jamais gêné donc ne te gêne pas pour continuer :mrgreen:
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Lockwood a écrit :
2ème épisode d'affilée sur le thème de la ré-insertion, "It takes a big man" (2x06) est le pendant
Spoiler (cliquez pour afficher)
tragique
du précédent.. Une grande réussite, bien appuyé par le talent de Chris Robinson (que je ne connaissais pas) qui parvient à un joli tour de force; attirer la sympathie du spectateur avec un personnage haineux et absolument détestable (la première scène le montre, avec un air d'authentique psychopathe, en train de tourmenter un indien). Violent - comme l'était le personnage de Robert Redford dans le précédent épisode - mais plus tourmenté et complètement suicidaire, le personnage devient passionnant au fil de ses rencontres dans le ranch de Shiloh et des révélations sur son passé... et l'acteur parvient à insuffler des tonalités très intéressantes, ce qui donne un épisode avec beaucoup de souffle dramatique.
La dernière partie est un peu moins réussie, pour un détail qui m'a un peu chiffonné ;
Spoiler (cliquez pour afficher)
Le dernier rejeton de la famille finit par provoquer Trampas en duel... Et ce dernier apparaît beaucoup moins réticent à régler son compte à cet inconscient - dans l'épisode 1x18 "Say Goodbye to All that", il affichait beaucoup plus de remords à devoir flinguer le rejeton de Charles McGraw
Un problème de cohérence qui modère un peu mon enthousiasme, mais qu'importe, il s'agit d'un épisode très riche (que Jeremy se fera un plaisir d'analyser je pense, car je vais un peu vite mine de rien) qui restera certainement comme l'un de mes préférés: 7,5/10
Tu m'étonnes ! Quelle puissance et quelle interprétation ! Entièrement d'accord avec toi sauf sur ta petite réticence. Chris Robinson est formidable ainsi que tous les autres. Très grand épisode !
Avatar de l’utilisateur
Lockwood
Assistant(e) machine à café
Messages : 125
Inscription : 23 août 15, 20:39

Re: Le Virginien

Message par Lockwood »

Jeremy Fox a écrit :
Lockwood a écrit :regarder un personnage d'ordinaire un peu dur faire des yeux doucereux à la belle Yvonne de Carlo (la guest star du jour) a un côté plutôt amusant.. d'autant que l'alchimie entre les 2 personnages est parfaite.

Miam 8) Et sinon je ne peux pas m'empêcher de tout lire y compris tes spoilers... mais ça ne m'a jamais gêné donc ne te gêne pas pour continuer :mrgreen:
J'avoue que je n'aime pas trop manier les spoilers, donc je reste inconsciemment assez vague quand je les emploie.. donc aucun pb à continuer de cette manière !
Entièrement d'accord avec toi sauf sur ta petite réticence. Chris Robinson est formidable ainsi que tous les autres. Très grand épisode !
Concernant cette réticence, je trouve que ça reste une facilité de scénario... qui peut s'entendre car on arrive à la fin de l'épisode et le scénario ne peut plus vraiment se permettre de tergiverser sur les états d’âmes de Trampas.
Donc, une facilité qui permet d'aller vers la résolution de l'intrigue, mais qui m'a fait un peu tiquer

Il n'empêche que cela reste un excellent cru (je ne vois pour l'instant que 2 épisodes à suivre dans cette saison 2 qui rivalisent) et j'ai hâte de lire ton analyse !
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image
Chris Robinson

2.06 - It Takes a Big Man

Réalisation : Bernard McEveety
Scénario : Harry Kronman
Guest Star : Lloyd Nolan, Ryan O’Neal & Chris Robinson
Première diffusion 23/10/1963 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 8/10


Le pitch : Pour lui acheter des poulets, le juge Garth rend visite à Wade (Lloyd Nolan), un de ses meilleurs amis qu’il n’a pourtant pas revu depuis des années. Ce dernier est ravi de leurs retrouvailles mais demande un service à Garth : qu’il embauche quelques mois son ainé Hank (Chris Robinson), un jeune homme instable et violent avec qui il a beaucoup de mal et dont il n’arrive pas à gérer le caractère fielleux et les violents emportements. Garth se sent dans l’obligation d’accepter ; ce qui va très mal se passer et même provoquer un drame par le fait que Hank ait pris Trampas en haine…

Mon avis : Juste après le fort honorable The Evil that Man do avec Robert Redford en Guest Star, ce deuxième épisode signé Bernard McEveety -après le curieux The Mountain of the Sun et ses trois nonnes parties aider une tribu d’indiens belliqueux- aborde à nouveau le thème de la tentative d'éducation d’un jeune homme instable et violent même s'il ne s'agit pas cette fois de réinsertion, le garçon n'ayant pas été un quelconque prisonnier. Sauf que le ton est beaucoup plus tragique et que cette fiction acquiert une dimension supplémentaire grâce à la perfection de son script, de sa réalisation et de sa direction d’acteurs qui en font jusqu'à présent l’un des sommets de la série, un épisode mémorable. Mea Culpa tout d’abord en ce qui concerne Bernard McEveety que j’avais assaisonné un peu violemment lors de mon avis sur son épisode précédent, écrivant que la relative faiblesse de l’ensemble pesait surtout sur les épaules du réalisateur qui fera néanmoins encore beaucoup moins bien dans le cinéma avec par exemple le minable Marqué au fer rouge (Ride Beyond Vengeance) avec Chuck Connors, un western tout à fait pitoyable. Je ne reviens évidemment pas sur ces dires mais je relativise désormais au regard de son travail remarquable et de la réalisation sans failles de cet épisode. Comme quoi tout est possible et qu’avec un bon scénario un tâcheron peut se motiver, se sentir plus concerné et se révéler bien meilleur qu’à son habitude ! Dans cet épisode, le juge Garth accepte, en l’embauchant comme homme de main de son ranch, de prendre en charge pour un temps l’éducation du fils de son meilleur ami que ce dernier n’arrive pas à maitriser tellement il est indiscipliné et foncièrement méchant. Ne parvenant néanmoins pas plus à s’intégrer à Shiloh, il va provoquer la colère de tous les cowboys et se heurter à Trampas qu’il ne va cesser de provoquer… jusqu’au drame !

Non seulement Bernard McEveety dirige ses acteurs à la perfection mais ses choix de mise en scène s’avèrent tous impeccables, parvenant à créer, faire monter et maintenir une tension palpable de bout en bout par la manière qu’il a également de placer ou cadrer ses comédiens ainsi que par ses choix de montage, utilisant tout ceci à très bon escient, avec solidité et sans aucune emphase. Revenons en d’abord à sa direction d’acteurs grâce à laquelle il réussit un petit miracle, rendre attachant l’un des personnages les plus haïssables de la série, celui d'un jeune homme odieux et haineux joué par le méconnu Chris Robinson qui au vu de sa prestation dans cet épisode du Virginien aurait mérité une carrière plus glorieuse que d’être obligé d’en arriver à squatter des soap comme Hôpital central ou Amour, gloire et beauté. Ici, aidé par une écriture magistrale d’Harry Kronman, le comédien parvient à un joli tour de force, nous faire ressentir de l'empathie pour son personnage méprisant, raciste et violent. La première fois qu’il apparait à l’écran, il est en train d’injurier et de violenter un indien avec un air de psychopathe qui fait froid dans le dos ; il s’agit d’ailleurs de la première fois que la série aborde le sujet du racisme même si c'est ici en filigrane. Plus tard, au ranch Shiloh, il se comportera en rustre avec une vieille indienne à qui il demande de bouger pour qu’il puisse passer au lieu de la contourner. Pour l’anecdote, ce fait irrespectueux a lieu au cours d’une séquence où la vieille squaw et Betsy sont en train -en extérieurs- de fabriquer du savon : il s'agit encore d'un de ces éléments originaux qui font de la série une petite mine en situations rarement vues au sein d’un western. En parlant d’extérieurs, à signaler que cet épisode n’utilise quasiment aucun décors de studio notamment par le fait de ne jamais se dérouler de nuit, ce qui aide à le rendre encore plus réaliste et satisfaisant. Quoiqu’il en soit, pour en revenir à Hank, même s’il est détestable à priori, il va se révéler relativement attachant par le fait de le découvrir suicidaire, s’avérant au fur et à mesure de l'avancée de l'intrigue plus riche et passionnant que de prime abord, évoluant au fil de ses rencontres et des révélations sur son passé.

Vous aurez deviné que pour que nous ayons pu concevoir de la compassion pour ce violent écorché vif, il aura fallu que ce dernier ait eu un secret à dissimuler qui l’ait rendu aussi sournois, provocateur et somme toute totalement ingérable. Et effectivement nous l’apprendrons dans le courant de l’épisode lorsqu’il se confiera au juge qui ne souhaite pas le garder au ranch où il se comporte trop mal : Hank en veut à la terre entière par le fait que son père lui ait caché la vérité sur sa naissance et sur la véritable identité de sa mère ; depuis qu'il a découvert ce qu'il en est réellement, Hank pense que son père a toujours eu honte de lui et le fait payer à tout son entourage. Même si ça ne fera aucun doute pour la plupart d’entre vous quant à ce que cache plus avant ce secret, je ne me vois pas en dévoiler davantage afin de ne pas être critiqué de spoiler intempestivement. Je vous laisse donc le découvrir ou vous le faire confirmer. Sachez juste que le scénario pourrait s’apparenter à une tragédie grecque avec des relations familiales larvées, des frères totalement dissemblables, un drame suivi d’une vengeance, la faute de tout ceci reposant plus ou moins sur le père qui a beaucoup à se reprocher, plus par omission que par action. Ce protagoniste de patriarche dépassé et qui aura causé le malheur de ses deux rejetons par le fait de ne pas leur avoir assez parlé, est campé par un très bon Lloyd Nolan –comédien prolifique qui tournera jusqu’à la fin de sa vie et notamment dans Hannah et ses sœurs de Woody Allen- alors que le fils cadet est joué par un tout jeune Ryan O’Neal –Love Story, Barry Lyndon- qui tire lui aussi assez bien son épingle du jeu dans la peau de ce personnage introverti qui va vouloir in fine chercher à se faire remarquer par son père, les deux frères ayant toujours cru qu’ils étaient délaissés au profit de l’autre.

Si les trois Guest Star s’avèrent tous remarquables, il en va de même ici de Doug McClure mais surtout de Lee J. Cobb qui donne ici une interprétation encore plus imposante qu’auparavant notamment lors des séquences qui l’opposent à Lloyd Nolan, leurs deux personnages permettant la description d'une belle amitié aux violents soubresauts. Roberta Shore est toujours aussi attachante ; quant à James Drury, il ne fera qu’une seule apparition lors d’un des rares moments légers de l’épisode au cours duquel il tacle gentiment Trampas ; scènes qui permettent de respirer et de décompresser un peu. Dans ce superbe épisode qui bénéficie également d’un beau travail sur la photographie, même David Buttolph à la musique parvient à rester plus sobre qu’à son habitude. Une magistrale réussite qui ne manque pas de souffle dramatique et qui se clôt par un final tendu et poignant au cours duquel la plupart des protagonistes doivent faire face aux conséquences de leurs actes passés et à venir ! Aussi puissant que touchant.


Avec illustrations sur DVDclassik
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Lockwood a écrit :
Après 2 épisodes d'excellentes qualités, le soufflet de dégonfle brusquement. "Brother Thaddeus" (2x07) est un épisode on ne peut plus anecdotique et inintéressant. Le scénario se traîne et Doug McClure apparaît lui-même assez peu convaincu par ce qu'il joue. Reste une scène de règlement de compte final bien réalisée. C'est toujours ça; 3,5/10

Je l'ai trouvé au contraire délicieux avec un scénario aux petits oignons et une interprétation de premier ordre. A suivre :wink:
Avatar de l’utilisateur
Lockwood
Assistant(e) machine à café
Messages : 125
Inscription : 23 août 15, 20:39

Re: Le Virginien

Message par Lockwood »

Jeremy Fox a écrit :
Lockwood a écrit :
Après 2 épisodes d'excellentes qualités, le soufflet de dégonfle brusquement. "Brother Thaddeus" (2x07) est un épisode on ne peut plus anecdotique et inintéressant. Le scénario se traîne et Doug McClure apparaît lui-même assez peu convaincu par ce qu'il joue. Reste une scène de règlement de compte final bien réalisée. C'est toujours ça; 3,5/10

Je l'ai trouvé au contraire délicieux avec un scénario aux petits oignons et une interprétation de premier ordre. A suivre :wink:
Je me souviens que je l'ai vu en deux fois (le sommeil me tenaillant)..
Un tel écart, j'ai dû manquer un truc... Il va falloir que je le revoie pour le ré-évaluer
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Lockwood a écrit :
Jeremy Fox a écrit :

Je l'ai trouvé au contraire délicieux avec un scénario aux petits oignons et une interprétation de premier ordre. A suivre :wink:
Je me souviens que je l'ai vu en deux fois (le sommeil me tenaillant)..
Et moi au contraire je l'ai vu deux fois de suite :mrgreen:
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image
Albert Salmi

2.07 - Brother Thaddeus

Réalisation : John English
Scénario : William Fay
Guest Star : Albert Salmi
Première diffusion 30/10/1963 aux USA - 16/08/1983 en France
DVD : VOSTF et VF
Note : 7/10

Le pitch : Ex-bandit, Willy (Albert Salmi) est entré en religion, devenant Brother Thaddeus. Il est envoyé à Medicine Bow afin de soutenir le religieux en place dont la santé décline. Ce dernier devant partir en mission, le moine novice se voit dans l’obligation de s’occuper de la paroisse et de l’éducation des enfants. Lorsque d’anciens complices viennent à cambrioler un train, on l’accuse de faire partie du coup d’autant qu’il avait laissé de mauvais souvenirs aux habitants. Trampas qui ne croit pas en sa culpabilité va faire en sorte de retrouver la bande d’escrocs dont fait partie Floss (Kathie Browne), une femme qu’il a aimé…

Mon avis : D’après tout ce que j’ai eu l’occasion d’en lire ici et là, il semblerait que Brother Thaddeus soit un épisode globalement et malheureusement assez peu apprécié, souvent décrit comme une pénible farce ou une pantalonnade assez balourde alors qu’à mon avis il n’en est rien, l’humour étant certes présent mais l’épisode ne pouvant pas vraiment s’apparenter à une comédie, le drame -la vie de l'un des membres du gang ne tient qu'à un fil- et la violence -l'attaque d'un train allant mettre des enfants en danger, une femme agressée avec vigueur...- n'étant d'ailleurs jamais très loin, s'invitant également une romance très mélancolique ainsi que brièvement le thème de la vente de chevaux à l'armée. Malgré sa médiocre réputation, je pense donc qu’il s’agit au contraire d’un cru absolument délicieux, une fiction dans l'ensemble évidemment légère et sans véritable tension mais bénéficiant néanmoins d’un scénario aux petits oignons et d’une interprétation plus qu’honorable ; hormis Doug McClure, les autres protagonistes réguliers ne font que de brèves apparitions -voire même, comme Le Virginien, ne montrent pas le bout de leur nez-, l’ensemble de l’épisode reposant avant tout sur les épaules de ses invités, Albert Salmi ne tombant jamais dans les pièges du cabotinage outrancier alors que son personnage le lui prédestinait, Kathy Browne se révélant aussi talentueuse que charmante dans la peau de la saloon gal, et les méconnus Joe Maross et Christopher Dark ne déméritant pas, le premier dans le rôle du détestable chef de gang et amant violent de la chanteuse, le second dans celui du complice secrètement amoureux de la maîtresse de son patron, un personnage d’ailleurs grandement attachant par sa maladresse et sa timidité.

Willy, ancien bandit assez minable, a décidé d’entrer en religion, sincèrement attiré par la foi. Il a autrefois laissé de très mauvais souvenirs aux habitants de Medicine Bow, ayant saccagé une partie de la ville un soir de forte cuite, étant également réputé pour être le seul à avoir réussi à s’évader de son 'inviolable' prison. Autant dire qu’il ne serait pas le bienvenue si on venait à le rencontrer dans les parages ; mais pas de chance, ses supérieurs l’envoient en mission aux environs de cette petite bourgade, sur les terres mêmes du ranch Shiloh où se trouve la paroisse tenue par un moine en mauvaise santé et qui ne doit pas tarder à quitter les lieux. Venu pour lui porter soutien, Brother Thaddeus se retrouve du jour au lendemain devoir s’occuper de l’apprentissage aux enfants des rudiments en mathématique et en français, lui qui est très lucide quant à son inculture, son manque total d’éducation et sa faible intelligence. N’ayant pas le choix, il décidera d’apprendre les leçons la veille du jour auquel il devra les dispenser à ses jeunes élèves ; ce qui n’ira pas sans quelques cocasseries, certains enfants s’avérant bien plus au fait que leur professeur en ce qui concerne la grammaire et la conjugaison. Mais une fois encore, alors qu'il aurait été très facile de sombrer dans la caricature, rien de lourdaud ni de laborieux mais au contraire une belle subtilité dans les situations et le jeu d’Albert Salmi que je m’étonne d’avoir lu qu’il était grimaçant et pénible ; comme quoi le cabotinage est une notion elle aussi -comme de nombreuses autres dans le domaine artistique- totalement subjective. La deuxième évasion ‘miraculeuse’ de la prison est à ce propos un bon exemple des pièges que le comédien évite tout du long, le résultat se révélant gentiment amusant et non pachydermique.

Quelques autres séquences assez réjouissantes de drôlerie comme les retrouvailles de Willy et Steve, les sursauts de ce dernier à chaque fois que le moine s’approche trop près de lui, se souvenant trop bien de leur dernière rencontre au cours de laquelle il s’était fait envoyer valdinguer au travers le saloon par l’ex-bandit ivre, ou encore celle au cours de laquelle Betsy est surprise par son père en train de fredonner une chanson plutôt leste avec une étonnante ardeur et alors qu’elle se croyait seule. Cet épisode signé par le britannique John English qui avait déjà réalisé celui avec Ida Lupino - A Distant Fury - ainsi que le très bon et récent A Killer in Town avec Broderick Crawford, comporte également l’une des plus belles scènes romantiques vues jusqu’à présent au sein la série, celle très touchante au cours de laquelle Trampas raccompagne la nouvelle Saloon Gal jusqu’à son hôtel ; s'étant autrefois déjà entiché d’elle sans qu’il ne se soit rien passé, Trampas, toujours aussi amoureux, retente sa chance sans que ça n’aboutisse plus que précédemment, la jolie Floss le décourageant en lui faisant comprendre qu’elle n’est pas faite pour lui : une scène d’une douceur, d’une tendresse et d’une mélancolie qui en font l’une des plus mémorables non seulement de l’épisode mais de la série toute entière d'autant qu'elle est de plus très joliment éclairée et formidablement interprétée par la ravissante Kathie Browne. Christopher Dark n'est pas en reste et l’on éprouve une profonde empathie à son égard lorsque lui aussi est gentiment évincée par la charmante jeune femme qui par ailleurs est tombée sous la coupe d’un amant jaloux et violent ; la gifle que ce dernier lui assène alors qu’elle tente de se révolter nous fait bien comprendre qu’il ne s’agit pas nécessairement d’un épisode aussi léger que nous aurions pu le croire d'emblée.

Les amateurs d’action n’auront pas été oubliés non plus puisque cette intrigue se termine par une longue fusillade autour d’un relais de diligence surplombé d'un vertigineux aplomb rocheux ; une séquence très efficace et plutôt musclée qui devrait combler ceux qui aiment le mouvement. Comme pour A Killer in Town, la réalisation de John English s’avère très solide et non dénuée de petites fulgurances, tout comme l'interprétation d'ensemble et l'astucieux scénario à première vue pas nécessairement rigoureux -par le fait de parfois passer d'un personnage à l’autre avec une délicieuse indolence- mais au final remarquablement bien écrit. A signaler également parmi les points positifs une bonne humeur souvent bienvenue, une entêtante chanson parfaitement bien interprétée par Kathie Browne, de très beaux paysages, de jolies plongées du haut du clocher, des cadres légèrement penchés assez curieux mais qui font leur effet déstabilisant, de jolies nuits américaines, des dialogues assez savoureux, un David Buttolph assez inspiré à la musique... Pas un sommet de la série mais un épisode néanmoins délicieux, attachant, souvent attendrissant sans pour autant tomber dans la mièvrerie et bien plus subtil qu’il semblait devoir être de prime abord !

En images sur DVDclassik
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image
Skip Homeier & Peter Mark Richman
2.08 - A Portrait of Marie Valonne

Réalisation : Earl Bellamy
Scénario : Dean Riesner
Guest Star : Skip Homeier
Première diffusion 06/11/1963 aux USA - 20/03/1966 en France
DVD : VOSTF et VF
Note : 6/10

Le pitch : Le Virginien est venu avec Steve à la Nouvelle Orléans pour y vendre un troupeau. A cette occasion il rencontre Marie Valonne (Madlyn Rhue), une évanescente jeune femme de la haute société dont il tombe amoureux. Après un premier diner en tête à tête, elle disparait mystérieusement et demeure introuvable. Le Virginien se rend demander de l’aide au Sergent Bohannon (Skip Homeier) qui semble avoir plus important à s’occuper et notamment le meurtre d’un important politicien. Le régisseur du ranch Shiloh décide alors de mener lui-même l’enquête au cours de laquelle il va découvrir le passé tumultueux de la disparue…

Mon avis : Troisième épisode réalisé par Earl Bellamy, A Portrait of Marie Valonne pourra très logiquement décevoir ceux qui se souviennent des deux précédents, à savoir le délicieux The Big Deal avec Ricardo Montalban, et surtout The Judgment avec Clu Gulagher qui peut être considéré comme un des indéniables sommets de la série. Même si cet épisode ‘mélodramatico-romantico-policier’ s’avère bien en deçà, la mise en scène reste très agréable, le réalisateur ayant également signé dans le courant de cette même décennie quelques bons westerns pour le grand écran dont La Parole est au colt (Gunpoint) avec Audie Murphy ou Sans foi ni loi (Incident at Phantom Hill) avec Robert Fuller et Dan Duryea. Après deux épisodes où il ne faisait au mieux qu’une brève apparition, James Drury revient ici au premier plan, à nouveau ‘amoureux malheureux’, cette fois d’une femme rencontrée une nuit à la Nouvelle Orléans où il s’était rendu avec Steve pour y vendre du bétail. Un petit dépaysement pour les habitués de la série que ce déplacement de l’intrigue dans le Sud urbain des États-Unis ma foi plutôt bien reconstitué malgré les faibles moyens alloués, les quelques rues et décors de studio arrivant à nous rendre assez ‘crédible’ ce changement de lieu et de climat.

La vente du troupeau s’étant bien déroulée, les deux hommes du ranch Shiloh, les poches pleines de billets, se font immédiatement agresser dans l’encoignure d’une rue étroite par des voleurs qui n’y vont pas de main morte avec coups vigoureux et teigneux assénés, le réalisateur et les cascadeurs se révélant en l’occurrence chevronnés et efficaces. Les larrons sont mis en fuite par un agent de police interprété par l’un des meilleurs seconds rôles de westerns au cinéma, Skip Homeier, que l’on avait plus souvent l’habitude de croiser dans la peau d’acariâtres Bad Guy que du bon côté de la loi, inoubliable par exemple chez Boetticher, que ce soit dans The Tall T (L’Homme de l’Arizona) ou dans Comanche Station. Sous la 'défroque' de ce détective qui semble ne pas avoir envie de se sentir concerné par les ennuis de ces étrangers du Wyoming pas plus que par la disparition mystérieuse de la jeune femme dont était tombé amoureux le Virginien, il est parfait, sa confrontation ‘musclée’ avec James Drury faisant parfois des étincelles. On comprendra par la suite le manque de motivation de ce personnage de policier à vouloir prendre en main cette enquête lorsque l’on se rendra compte que la thématique principale de l’épisode est la corruption, l’auteur décrivant en quelque sorte la naissance d’une certaine mafia avec ces hommes de loi achetés par des notables véreux, ceux qui auraient eu envie de faire évoluer cette situation inextricable se faisant remettre à leur place par leurs supérieurs, finissant par se persuader qu’il faut composer avec cette dégénérescence morale, du moment que l’on puisse encore s’occuper de sauver la vie de certaines gens.

C’est le cas du protagoniste rêche et gentiment insurgé interprété par Skip Homeier qui lutte comme il peut contre toutes les compromissions tout en sachant qu’il ne pourra jamais faire vaciller les politiciens et juristes corrompus. Concernant ces derniers, de très bonnes prestations de Peter Mark Richman et de Ken Lynch, ce dernier haïssable à souhait lorsqu’on le voit s’accaparer la maîtresse de son homme de main sous les yeux de ce dernier qui ne peut rien faire sous peine de se faire tuer. De cette situation découlera tout l’embrouillamini de cette trouble intrigue policière que nous ne divulguerons évidemment pas plus d’autant qu’elle nous est dévoilée par flashback interposés lorsque le Virginien vient à enquêter sur le passé de Marie Valonne, la mystérieuse jeune femme qui lui a tourné la tête lors d’une excellente première partie à l’ambiance délicate et éthérée. Des retours en arrière moyennement convaincants dans leur intégration au sein de l’histoire et qui sont à l’origine de la faiblesse d’ensemble d’un épisode malgré tout loin d’être déplaisant, abordant non seulement la gangrène politicienne mais également la soumission d’une femme à plusieurs hommes qui se la repassent, le portrait de cette femme malchanceuse, convoitée et tombée sous la coupe de ‘mafieux’ s’avérant finalement assez touchant. Si la police émet des réticences à la rechercher, c’est peut-être parce qu’elle a reçu des ordres de personnalités haut placées très influentes et que cette disparue ferait bien mieux de rester introuvable. Je vous laisse imaginer ce qui a bien pu lui arriver ; dommage que Madlyn Rhue manque un peu du charisme qui aurait permis de rendre ce personnage au passé peu reluisant plus émouvant et de nous attacher plus avant à l’enquête du Virginien.

Un épisode un peu hors contexte westernien -ce qui n’est pas forcément désagréable- qui aurait mérité plus de rigueur dans son écriture et une construction un peu plus linéaire ; le scénariste s’avèrera plus habile lorsqu’il travaillera dans les années 70 pour Don Siegel et Clint Eastwood. On prendra cependant un grand plaisir à constater les atermoiements risibles de Steve à trouver New Orleans ennuyeuse à mourir, à suivre le parcours tragique d’une femme attachante mais happée par le milieu criminel, à écouter, lors d’un voyage romantique en buggy, le Virginien s’épancher sur son avenir qu’il rêve au sein de son propre ranch avec femme et enfants ("Well, it's in Wyoming country. A river runs through there, called The Sweetwater. It snows some in the winter, but in the spring the whole valley comes up green. A man can get a couple of sections pretty cheap. Start a herd, even a family maybe…") Lors de cette très jolie séquence, on commencera un peu à regretter Percy Faith et ses belles mélodies écrites notamment pour les thèmes musicaux romantiques de la première saison, autrement plus entêtants et mélancoliques que ceux –pour l’instant- de cette deuxième. Un épisode pas totalement réussi faute surtout à un scénario un peu faible et à une interprétation inégale, mais qui a le mérite de partir sur des sentiers un peu différents et inhabituels, pas loin du film de gangsters. Pour l’anecdote, ce scénario sera ‘remaké’ cinq ans après pour un épisode de L’Homme de fer.

En images sur DVDclassik
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image
Clu Gulager
2.09 - Run Quiet

Réalisation : Herschel Daugherty
Scénario : Norman Katkov & Ed Adamson
Guest Star : Clu Gulager & L.Q. Jones
Première diffusion 13/11/1963 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7/10

Le pitch : Jud (Clu Gulager), un jeune sourd-muet clochardisé, arrive tout dépenaillé à Medicine Bow. Molesté par deux cow-boys, il est pris en pitié par Steve qui décide de l’emmener à Shiloh et de le faire embaucher par le Virginien le temps qu’il gagne assez d’argent pour repartir sur de bonnes bases. Mais cet homme au tempérament violent va lui causer des ennuis surtout lorsqu’on le surprend sur les lieux d’un crime qui vient d’avoir lieu sur la personne d’un joueur professionnel contre qui il vient de perdre. Principal suspect, il fuit la prison et trouve refuge chez une femme seule…

Mon avis : Run Quiet est en très peu de temps d’intervalles le troisième épisode de cette deuxième saison à être construit sur un modèle assez similaire, celui d’un récit d’apprentissage qui se transforme en tragédie à partir du moment où le jeune homme violent en ‘réinsertion’ est accusé de meurtre alors même que le spectateur connait parfaitement son innocence pour avoir été témoin des faits, ayant une fois de plus un temps d'avance sur les protagonistes. Il y eut The Evil that Men do, le cinquième épisode avec Robert Redford en bagnard orphelin, puis immédiatement après le superbe It Takes a Big Man avec un étonnant Chris Robinson dans le rôle d’un délinquant véhément et haineux. L'épisode dont il est question ici, réalisé par Herschel Daugherty -déjà signataire de l’original The Man from the Sea avec un excellent Tom Tryon dans le rôle d’un marin tombant amoureux d’une jumelle assez trouble-, raconte l’histoire de Jud, un sourd-muet rejeté par tout le monde sauf par ceux qui, le considérant comme un idiot, décident de profiter de son handicap pour l'exploiter. Justement, alors qu’il avait été embauché pour aider à un travail de manutention, il a été lâché par ses employeurs une fois sa tâche effectuée sans bien évidemment recevoir quelconque salaire en retour. C’est suite à cette injustice que de bon matin, alors qu'ils allaient prendre ensemble leur petit déjeuner -encore un de ces détails du quotidien qui font tout le charme de la série-, Steve et le shérif le voient arriver pieds nus, sale et dépenaillé dans les rues de Medicine Bow.

D’après ce que les citoyens comprennent, Jud aurait suivi jusqu’ici les hommes qui lui devaient de l’argent ; en les retrouvant, il se fait rejeter à nouveau mais réagit avec violence. Heureusement le shérif l’arrête avant qu’il n’aille trop loin comme ce fut déjà le cas quelques années auparavant, ce qui causa son emprisonnement. Steve qui s'attache immédiatement à ce paria chez qui il perçoit intelligence et bonté, décide de le prendre sous son aile et de le conduire à Shiloh afin de le faire embaucher par le régisseur du ranch. Comme à son habitude le Virginien, toujours aussi sèchement pragmatique, a quelques réticences à prendre un étranger à son service sans le connaitre ; ce tempérament continue de constituer l’une des originalités de la série en faisant de son personnage-titre un homme peu facile de prime abord. Devant l’insistance de Steve, il accepte néanmoins mais sans grand enthousiasme. Nous assistons alors à la partie ‘apprentissage’ au cours de laquelle les cow-boys tentent d’amadouer cette nouvelle recrue qui n’a pas un grand sens de l’humour et qui s’avère assez soupe-au-lait. Les auteurs en profitent pour donner à leur histoire un plaisant aspect documentaire sur le travail des cow-boys, à lui insuffler pas mal d’humour -le débourrage du soi disant étalon sauvage, les différentes blagues pour dérider le muet-, de l'émotion notamment au travers l'amitié grandissante entre Steve et Jud et enfin un ton parfois bon enfant loin d'être désagréable grâce notamment au duo L.Q. Jones et Slim Pickens qui interprètent tous deux des cow-boys de Shiloh, le premier ayant déjà fait partie du 5ème épisode de cette saison et allant pour notre plus grand plaisir revenir à plus de vingt reprises dans ce rôle de Belden.

Une fois mis à l’aise, Jud s’intègre parfaitement bien à l’équipe, perd son tempérament violent et montre de sacrés talents aux cartes au point de vider les poches de ses acolytes de Shiloh ; une bonne ambiance familiale s’est installée. Mais, alors qu’il se rend en ville et qu’il prend place à une table de jeu, un joueur professionnel le prévient avec un grand fair play qu’il sera difficile à battre et qu’il est toujours temps de se retirer. Alors que l’on se serait attendu à ce que le sourd-muet remporte à nouveau la mise comme dans la plupart des westerns assez légers, la crédibilité semble être à nouveau la priorité des auteurs qui le font perdre. S’ensuit une tragédie qui conduit le héros de cet épisode en prison, suspecté de meurtre, puis vers une seconde partie encore un peu différente au cours de laquelle, après son amitié avec Steve -Gary Clarke n’a peut-être encore jamais été meilleur ; il faut dire que son personnage a acquis en l'occurrence encore un peu d’épaisseur- il est pris en charge par une jeune femme seule qui, après des malheurs sentimentaux et la perte de ses illusions, est devenu acariâtre. Elle va cependant s’adoucir au contact de cet homme recherché par la police. Si certains trouveront l’épisode un peu mièvre et moralisateur, d’autres seront ravis de tomber à nouveau sur une histoire assez progressiste, proposant, plutôt que de les rejeter ou de les prendre en pitié, d’offrir des opportunités et une deuxième chance aux hommes malchanceux devenus violents par la force des choses, l’intégration à un groupe désireux de les aider et l’apprentissage de la vie en collectivité faisant tomber leurs mauvais penchants avérés.

Comme Robert Reford dans The Evil that Men do, Clu Gulager porte l’épisode sur ses épaules et comme un Léonardo Di Caprio alors inconnu à l’époque nous faisait penser qu’il devait être un véritable handicapé mental en le découvrant dans Gilbert Grape, Gulager, sans trop en faire, sans caricaturer mais au contraire toujours extrêmement juste, s’avère formidablement plausible en sourd-muet. Après au cours de la série nous avoir octroyé la plus grande interprétation de Bad Guy dans le superbe The Judgment, il se révèle ici de nouveau formidable dans un rôle à total contre emploi. Du coup, je ne cache pas ma curiosité et mon impatience de le voir ensuite revenir régulièrement et durant quatre saisons dans la peau du shérif Emmet Ryker. A ses côtés Gail Kobe –sorte de Gena Rowlands au visage plus dur- s’en tire très bien tout comme Stacy Harris en élégant joueur professionnel qui aura malheureusement un temps de présence très limité. On regrettera un scénario de bonne facture mais prévisible et sans grandes surprises, une fin un peu trop vite emballée ainsi qu’une musique parfois envahissante surtout durant les séquences mouvementées –d’ailleurs très bien mises en scène et notamment la fusillade finale en extérieurs- mais l’ensemble soigné, pétri d’humanité et au rythme soutenu se révèle tout à fait honorable voire même très agréable, le Happy End nous mettant en joie tout comme la réjouissante complémentarité entre Clu Gulager et Gary Clarke. Très sympathique !


En images sur DVDclassik
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image


2.01 Ride a Dark Trail réalisé par John Peyser : 7/10
2.02 To Make this Place Remember réalisé par Robert Ellis Miller : 5.5/10
2.03 No Tears for Savannah (En souvenir du passé) réalisé par Don McDougall : 7.5/10
0.04 A Killer in Town (Le Tueur) réalisé par John English : 7/10
2.05 The Evil that Men do réalisé par Stuart Heisler : 7/10
2.06 It Takes a Big Man réalisé par Bernard McEveety 8/10
2.07 Brother Thaddeus (Une vieille connaissance) réalisé par John English : 7/10
2.08 A Portrait of Marie Valonne (Marie Valonne) réalisé par Earl Bellamy : 6/10
2.09 Run Quiet réalisé par Herschel Daugherty : 7/10
2.10 Stopover in Western Town (Intermède à Medicine Bow) réalisé par Richard L. Bare : 7/10


Un excellent début de saison 2
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image
Dick York
2.10 - Stopover in Western Town

Réalisation : Richard L. Bare
Scénario : Carey Wilber
Guest Star : Dick York & Warren Oates
Première diffusion 27/11/1963 aux USA - 19/03/1967 en France
DVD : VOSTF et VF
Note : 7/10

Le pitch : Alors que la jeune Caroline Witman (Joan Freeman) revient à New York après un séjour à San Francisco, le train qui la conduit est immobilisé suite à un pont éboulé. Elle va devoir faire un ‘intermède’ de quelques jours dans cette ‘exotique petite ville de l’Ouest’ qu’est Medicine Bow ; tombée sous le charme du Virginien et souhaitant le faire tomber dans ses bras malgré les réticences de ce dernier, elle va faire en sorte de le rendre jaloux en séduisant Jefferson Tolliver (Dick York) arrivé par le même train et ex-meilleur ami du régisseur de Shiloh. Mais ce qu’elle estime être un jeu de séduction va aboutir à une tragédie…

Mon avis : Souvenez-vous de l’étonnant West de Douglas Heyes avec Steve Cochran, Claude Akins & Leo Gordon, le 10ème épisode de la série qui débutait d’une manière allègre et joviale, le sérieux s’infiltrant subrepticement et par petites doses jusqu’à une conclusion se déclinant sur un ton de tragédie funèbre assez bouleversant. Il en va de même pour ce 10ème épisode de la saison 2, divertissement à priori léger mais dont l’inconséquence du principal protagoniste féminin causera des drames mortels et un dénouement abrupt en forme de couperet implacable et désespéré, assez sidérant pour une série télé dite ‘familiale’. Lors de son voyage retour à New York, après avoir fait la connaissance d’un homme pittoresque -il a été mis dans le train totalement ivre par quatre Saloon Gal avec qui il semble avoir passé la nuit- la jeune Caroline est obligée de faire une pause à Medicine Bow suite à l’éboulement d’un pont sur la voie de chemin de fer -sympathique séquence qui voit James Drury démontrer ses belles qualités de cavalier en enlevant la jeune fille de terre et l’installant sur l’avant de son cheval qu’il lance au grand galop ; Caroline va profiter de cet intermède (Stopover) pour étudier les usages ‘rustres et barbares’ de ces hommes de l’Ouest et s’en amuser un peu en faisant tourner quelques têtes ; au grand dam de sa tante qui la chaperonne à la demande du père de la jeune fille qui désapprouvait ses mœurs un peu dissolues, ne supportait plus ses amis et qui l’avait envoyé voyager à l’autre bout du pays pour leur ‘repos’ à tous deux. Pas malveillante mais totalement irréfléchie, cette capricieuse et charmante ‘petite fille riche’ va rendre fou amoureux un cow-boy sans le sou, meilleur ami du Virginien, qui autrefois avait travaillé sous ses ordres à Shiloh et qui va s’engager dans la voie de la criminalité pour éblouir cette femme frivole.

Ayant des vues sur le régisseur du domaine -Le Virginien donc- et constatant que ce dernier l’a bien cerné et qu'il ne s'en laissera pas conter ("I'm not as much a greenhorn as you think I am") au point de s’en méfier et de s’en détourner, elle décide néanmoins de l’attirer en essayant de le rendre jaloux et pour se faire d’encourager les avances et de jeter son dévolu sur le personnage interprété par le Darrin (Jean-Pierre) de Ma Sorcière bien aimée, Dick York, tout à fait convaincant dans ce rôle d’un homme étourdi et indolent, allant préférer, plutôt que de travailler pour un faible salaire, suivre une mauvaise voie ; en effet, il a dans l’idée et est de plus en plus déterminé à gagner l’amour de la riche jeune femme, ce qu’il ne pourra faire sans argent puisque -sans y croire une seule seconde et uniquement pour s'amuser- elle lui a mis en tête de l’épouser à condition qu’il ait lui aussi une bonne situation financière. Témoin du dépeçage illégal d’un bœuf volé par un homme sans le sou qui n’a trouvé que ce moyen de revendre la viande pour survivre, il commence à déraisonner en souhaitant l’imiter à une plus grande échelle. A propos de ce pauvre bougre joué par Ed Peck dont le visage prématurément vieilli reflète toute la misère du monde, jamais peut-être encore auparavant un western n’avait réussi à dépeindre la difficulté du métier de cowboy et nous faire comprendre leur faible niveau de vie. A sa première apparition, on le voit aller demander du travail à Shiloh, le contremaitre lui expliquant que son équipe est au complet mais que s’il veut cependant au moins se restaurer il est le bienvenue et peut se joindre à eux ; une séquence poignante et d’une profonde humanité qui nous fait mettre le doigt à cette occasion sur le fait que le chômage était déjà un fléau de l’époque.

Le réalisateur Richard L. Bare n’accomplit pas vraiment de miracles au niveau de la mise en scène mais a eu en revanche la chance d'être très bien secondé comme c’était déjà le cas pour les deux précédents épisodes qu’il signa, le superbe If You Have Tears avec Dana Wynters ainsi que le plus qu’honorable Run Away Home avec Karl Swenson. Les extérieurs sont bien choisis, l'ensemble est très joliment photographié, le scénario et les dialogues volent assez haut et enfin nous sommes en présence d’un casting de grande qualité, Dick York se faisant même voler la vedette par une fougueuse Joan Freeman qui dévore l’écran -bien meilleure que dans le précédent épisode dans lequel elle avait joué, The Devil’s Children- ainsi que par Warren Oates, comédien fétiche de Sam Peckinpah et qui jouait déjà avec James Drury dans le sublime Coups de feu dans la Sierra, tous deux interprétant des membres de la terrible fratrie des Hammond. Caroline est une sorte de post Scarlett O’Hara dans ses manières et son caractère ; l’actrice a parfaitement bien compris son personnage qu’elle arrive à rendre aussi agaçant qu’attachant. On pressent que toutes ses tentatives de séduction pour ‘s’amuser’ ("It's the danger that makes the animal exciting") vont se solder par un drame mais l’on comprend aussi que la jeune femme n’est pas foncièrement vénale et n’imagine pas que l’on puisse commettre de vils actes par amour. Comme le Virginien le lui fait remarquer, c’est une enfant gâtée totalement inconséquente ("reckless and headstrong without a thought of consequences"), ce qu’elle prend très mal, le traitant de rustre et d’arrogant ; des relations entre les deux protagonistes aussi tendues que captivantes comme on peut l'imaginer au vu de ces quelques extraits de dialogues. C’est par le fait de vouloir lui donner une leçon que Caroline va enclencher un irrémédiable enchainement de situations aboutissant à une double tragédie... Mais je vous laisse le soin de découvrir tout ça.

En plus de l’intrigue romanesque tournant autour des 'manipulations amoureuses' de la fille émancipée issue d'une bonne famille de l’Est et qui sert de base au scénario, les auteurs abordent à nouveau la thématique du lynchage, les éleveurs étant excédés par des vols de bétail et voulant entrer en action pour 'faire des exemples'. La séquence de l’arrestation nocturne des voleurs fait étonnement penser à celle du célèbre The Ox-Bow Incident (L’étrange incident) de William Wellman sans qu'au final ça n'en arrive à de telles extrémités, le shérif et le Virginien arrivant à temps pour éviter les pendaisons qu’ils exècrent plus que tout, ayant déjà été témoins quelques années plus tôt des massacres occasionnés par de telles décisions. Alors que ces actes odieux sont empêchés de justesse, il n'en sera pas de même de l'inévitable tragédie due à la frivolité de la charmante jeune femme. Sa repentance de dernière minute n’y fera rien : ses agissements ont entrains des hommes sur une pente savonneuse et le drame aura bien eu lieu ! Cet épisode au départ nonchalant -à l’image de sa construction qui semble assez lâche-, flirtant tout d'abord avec la comédie savoureuse autant que futile bascule dans la tragédie la plus sombre et nous rend la série encore plus précieuse d’autant que les tueurs/voleurs sont loin d’être haïssables, de simples hommes aux abois. Ça manque d’une mise en scène un peu rigoureuse mais sinon c’est du tout bon !


En images sur classik

Et premier véritable mauvais pas avec l'épisode suivant :(
Avatar de l’utilisateur
Lockwood
Assistant(e) machine à café
Messages : 125
Inscription : 23 août 15, 20:39

Re: Le Virginien

Message par Lockwood »

Dick York se faisant même voler la vedette par une fougueuse Joan Freeman qui dévore l’écran -bien meilleure que dans le précédent épisode dans lequel elle avait joué, The Devil’s Children-
J'avais pas du tout percolé que c'était la même actrice.. Elle est en effet bien meilleure dans cet épisode!
Et premier véritable mauvais pas avec l'épisode suivant :(
Ah tiens, étonnant... J'étais un peu revenu sur la relative déception que j'avais ressenti après cet épisode, compte tenu de l'ambition de départ de son scénario (ou plus exactement sa volonté d'exploiter des ressorts dramatiques plus inhabituels), mais je le considère pas non plus comme un vrai faux-pas
(Me voilà bien curieux de lire ta prochaine chronique, du coup...)

Par contre, il y en a quelques uns par la suite - il faut que je revienne dessus dans la semaine...
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Ben voilà alors ; pas la peine de te faire patienter plus longtemps :wink: Je n'intégrerais le texte sur le site qu'en début de semaine prochaine mais les captures sont déjà présentes
Image
Robert Lansing
2.11 - The Fatal Journey

Réalisation : Bernard McEveety
Scénario : John Hawkins
Guest Star : Robert Lansing
Première diffusion 14/12/1963 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 4/10


Le Pitch : Alors qu’il s’apprête à épouser Molly, la journaliste de Medicine Bow, le Virginien apprend par Steve qu’elle vient de se faire tuer lors d'une fusillade en guise de représailles par des outlaws sévissant dans la région et qui n'ont pas supporté son éditorial demandant au Président d'envoyer du renfort en troupes pour se débarrasser d'eux. Le Virginien part avec les hommes du shérif à la recherche de la bande de meurtriers dirigée par un ex-colonel de l'armée (Robert Lansing). Lorsque le groupe, bredouille, fait demi-tour, le Virginien décide de poursuivre seul, bien décidé à venger sa bien-aimée…

Mon avis : Il fallait bien que ça arrive à un moment ou un autre ; et ce n’est pas de gaieté de cœur d’avouer m’être ennuyé et avoir trouvé raté ce 11ème épisode de la saison 2, plus encore que Riff-Raff qui bénéficiait au moins d’une première demi-heure plutôt amusante. Le point de départ de The Fatal Journey était pourtant alléchant puisqu’il allait conter l’assassinat de la pétillante Molly dont l’interprète Pippa Scott avait certes quitté la série au milieu de la première saison mais dont aucune explication ne nous avait été jusqu’à présent fourni quant à l'absence de son personnage depuis tout ce temps, alors qu'il avait pourtant été l’objet de toutes les attentions au début de la série, Steve, Trampas et Le Virginien n’étant pas insensibles à son charme ; à tel point que l’on apprend au début de cet épisode que le contremaitre du ranch Shiloh est sur le point de convoler avec elle en juste noce, le juge ayant même engagé des dépenses pour la construction sur la colline face au ranch d’une maison pour le futur couple. Tout ce préambule est excellent y compris les notations -déjà présentes dans l’épisode précédent- sur le chômage qui frappe selon les habitants de Medicine Bow à peu près ¾ des nouveaux arrivants dans la région. L’éditorial de Molly qui fustige les agissements des bandes organisées de la région et qui demande au gouvernement du soutien en hommes et en argent pour aider à les éradiquer est à nouveau le point de départ de discussions assez intéressantes sur la loi et la justice.

Puis, après encore quelques scénettes dans l’ensemble plutôt légères -par exemple celle au cours de laquelle Steve tente de résoudre un casse-tête que le Virginien dénoue en deux temps trois mouvements-, l’on est témoin de l’entrée en ville de quatre inquiétants cavaliers qui, arrivés devant la devanture du journal se mettent à cribler de balles cette dernière, la silhouette de la journaliste s’étant détachée quelques secondes auparavant en contre-jour, les spectateurs se doutant alors d’emblée qu’elle a été victime de cette fusillade. Effectivement, Steve qui a entendu les coups de feu puis les débris de verre et qui s’est rendu immédiatement en courant voir ce qui s’était passé, ressort des locaux bouleversé et annonce sans tarder la mort de la jeune journaliste. Peu après il doit communiquer la triste nouvelle à son ami et boss ; apprenant le décès de Molly, le visage du régisseur de Shiloh se referme et il se dirige sans attendre vers le dortoir où il fait son paquetage, bien décidé à partir venger la femme qui allait devenir son épouse. S’ensuivent des recommandations du juge qui comprend le chagrin de son homme de main mais qui lui demande quand même de respecter la loi et ne pas se lancer dans une vendetta personnelle. Lorsqu’il retrouvera les coupables, le Virginien refusera d’ailleurs de tuer les criminels de sang froid, ce qui le conduira à être découvert mais qui nous confortera dans le caractère non-violent et progressiste de la série. Il se fait alors passer pour un récent évadé afin de sauver sa peau et rester infiltré au sein du gang. Son dilemme va alors être de continuer à penser à se venger ou à empêcher le coup très meurtrier que les bandits sont sur le point de mettre en branle, la première solution -les représailles- allant probablement mettre la vie de beaucoup d'innocents en danger. Tout le suspense va reposer sur cette alternative et sur le fait que les hors-la-loi sont sur le point de découvrir sa véritable identité ainsi que celle d’un autre infiltré en même temps que lui, un shérif, ce dernier point se révélant d'ailleurs assez invraisemblable.

Hormis cette situation assez peu crédible qui nous fait nous étonner d’un tel manque de rigueur dans le scénario –ce qui n’était pas vraiment une constante de la série-, le reste ne permet pas d’oublier ces défauts d’écriture dans un script qui compte aussi de longues séquences de bavardages intempestifs et inintéressants ainsi qu’une brochette de Bad Guys aux caractères et aux tempéraments sans aucunes nuances. Le reste concerne donc surtout une interprétation très moyenne y compris celle du comédien que je m’efforce de porter au pinacle depuis le début de cette anthologie, à savoir James Drury. Étonnement il a rarement été si peu convaincant qu’ici alors qu’il doit exprimer de la tristesse et de la colère froide, lui que l’on a connu pourtant charismatique, sec et puissamment déterminé à de très nombreuses reprises. Dans cet épisode, on a l’impression qu’il ne s’est pas spécialement senti concerné par l’histoire qui semble surtout avoir été imposée pour se débarrasser une fois pour toutes de Molly dont certains spectateurs se souvenaient et qui devaient se demander ce qu'elle était devenue. Le jeu ici bien trop intériorisé de l'acteur principal de la série rejaillit sur tous ses partenaires et notamment les comédiens interprétant les différents outlaws, soit grandement fades (Robert Lansing) soit totalement ridicules (Steve Inhat). Avant d’être embêtés par tous ces éléments scénaristiques et d’interprétation, le manque de budget nous avait déjà fait tiquer lors des séquences décrivant la recherche des bandits par les hommes de loi au sein des terres désertiques, les mêmes montagnes et concrétions rocheuses se faisant jour à chaque plan, le réalisateur n’ayant pas même pensé à changer l’angle de sa caméra pour donner le change, l’impression de ‘sur-place’ peu 'authentique' étant assez gênante pour le spectateur. Bernard McEveety avait été beaucoup plus inspiré pour le précédent et superbe It Takes a Big Man.

Malgré quelques bonnes idées -le chef de gang est un ancien colonel de l’armée qui utilise ses connaissances pour réussir ses coups- et quelques touchantes preuves d’amitié de la part de Steve et de Garth, l’ensemble manque non seulement de rigueur et d’ampleur mais, plus décevant encore, d’émotion et de tension ; il faut dire qu’une fois que l’on est arrivé à mi-parcours dans le repaire des bandits au sein des Badlands, on n’en sort plus, le rythme devient anémié et les séquences d’action finales ont bien du mal à nous sortir de notre torpeur par le fait de se révéler assez banales. Niveau émotion, que tout ce qui concerne Molly se soit déroulé hors-champ -puisque l’actrice n’a pas été conviée par les producteurs- a du mal à nous rendre sa mort bouleversante. Reste que malgré qu'il m'ait paru raté, l’épisode n’en est pas honteux pour autant, bénéficiant notamment de quelques notations sociales et historiques assez intéressantes dans sa première partie ainsi que d’une jolie photographie et enfin de la reprise de certains beaux thèmes musicaux de la première saison. L’épisode trouvera certainement de l’écho auprès de westerners purs et durs mais en décevra probablement beaucoup d’autres sans que le résultat soit déshonorant pour autant. La preuve, l’ultime séquence et la dernière réplique du juge ("No, I'm just glad you're back") nous font espérer que la série repartira sur de bons rails.
Répondre