Le Virginien (1962-1971) Universal

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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

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Encore un très grand épisode que le 17ème avec le seul Lee J. Cobb parmi les protagonistes principaux et un Clu Gulager qui rivalise de talent dans le rôle du Bad Guy vicieux 'Dan Duryea Style'. Un western urbain qui n'a encore rien à envier aux meilleurs films du genre de l'époque.
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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

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Clu Gulager

1.17 – The Judgment

Réalisation : Earl Bellamy
Scénario : Lawrence Roman
Guest Stars : Clu Gulager & Patricia Barry
Première diffusion 16/01/1963 aux USA – 29/08/1983 en France
DVD : VF et VOSTF
Note : 8/10

Le Pitch : A la retraite de juge depuis 10 ans, Henry Garth se voit proposer par les notables de Medicine Bow de reprendre du service ; il demande une soirée de réflexion avant de donner sa réponse. Sa fille Betsy qui ne comprend pas pourquoi il n’est pas plus enthousiaste lui demande ce qui le retient. Il lui raconte alors la dernière tragique affaire dont il s’était occupée et qui lui avait fait décider à l’époque de se retirer de la magistrature : les membres de la famille Carewe -dont l’inquiétant Jake (Clu Gulager)- étaient venus le menacer afin qu’il revienne sur son jugement quant à la condamnation à mort d’un des leurs…

Mon avis : Après l’excellent The Big Deal -avec Ricardo Montalban en inoubliable Guest Star de ce 4ème épisode-, le mésestimé Earl Bellamy -au cinéma il signera également durant les années 60 quelques très bons westerns dont les titres ont précédemment déjà été signalés- nous octroie à nouveau un magnifique épisode, d’une grande dignité et d’une belle hauteur de vue concernant la réflexion menée sur les thématiques du courage et de la justice, n’ayant rien à envier -bien au contraire- au classique de Fred Zinnemann avec lequel il possède beaucoup de points communs, Le Train sifflera trois fois (High Noon). Après Duel at Shiloh, voici un nouveau flashback qui perdure sur quasiment toute la durée de l’intrigue ; c’était l’arrivée de Steve à Shiloh qui était narrée dans le 15ème épisode, c’est ici le retour en arrière d’une dizaine d’années qui nous fait comprendre pourquoi Henry Garth a abandonné sa fonction de magistrat au travers le récit du dernier cas qu’il eut à juger alors qu’il habitait encore en ville avec sa fille Besty âgée à l’époque de seulement 5 ans. Il s’agit d’un de ces remarquables épisodes -comme l’étaient Throw a Long Rope et Impasse- extrêmement graves, réfléchis et respectables, qui filent droit sans quasiment se détourner de leurs sujets principaux.

Nous assistons donc d’une part et principalement à la dernière affaire que Garth eut à statuer et qui lui aura fait mettre un terme à sa carrière juridique, de l’autre à la romance qui le liait alors à une jeune femme qu'il se préparait à épouser et dont il a appris juste avant de s'engager qu'elle était volage, étant tombée dans le même temps dans les bras du shérif de la ville. Lors d’une longue séquence -censurée de la version française, passant sur le DVD en VOST malgré le choix de la VF-, la jeune femme explique à un juge Garth -effondré par le fait d’avoir eu vent de son infidélité- sa difficile situation, prise entre un amour passionné pour le viril shérif et un amour plus affectueux et serein pour lui-même ; une très belle scène au cours de laquelle les auteurs ne viennent jamais juger leur principal protagoniste féminin, très compréhensifs même, à l’instar de la victime de ce triangle amoureux qui ne s'énerve aucunement, entendant parfaitement les arguments de la jeune femme. Patricia Barry est très bien dans ce rôle pas spécialement évident par le fait de se trouver en porte à faux vis-à-vis du spectateur qui lui en veut d’avoir été infidèle à un juge pour qui ils ont énormément d’estime tout en respectant sa franchise et ses explications tout à fait lucides. [Petit spoiler] : Elle aura néanmoins perdu sur tous les tableaux puisque non seulement Garth aura compris qu’elle ne l’aimait pas vraiment, préférant faire cesser leurs relations, alors même qu’elle ne voudra plus poursuivre sa liaison avec le shérif, ayant découvert sa lâcheté à l’occasion de l’affaire criminelle qui secoue la petite ville de Medicine Bow.

Le comédien David McLean s’avère très crédible dans la peau de cet homme de loi également assez richement écrit, doté lui aussi d’une étonnante sincérité même si ses excuses et justifications ne s’avèrent pas très ‘politiquement correctes’ : en effet il avoue avoir postulé pour la place de shérif en pensant avoir trouvé une planque au vu de la quiétude de la petite ville dont il aurait à s’occuper. Lorsqu’il commence à comprendre qu’il risque sa vie à vouloir contrer les violents frères du prisonnier -et après s’être fait salement secoué lors d’une séquence d’une grande brutalité-, il préfère rendre son insigne et fuir la ville ; ce qui -même si ce n’est guère héroïque- est tout à fait compréhensible. Pourquoi un si grand danger -qui se révèle d’ailleurs être le principal argument dramatique de l’histoire de cet épisode- ? Parce que toute une famille de voyous ayant déjà autrefois effarouchés la ville, arrivent à nouveau à Medicine Bow pour faire libérer l’un des leurs jugé pour meurtre et condamné à la potence. Sous le commandement du vicieux Jake -frère du repris de justice- accompagné du dégénéré et non moins inquiétant Lennie, ils vont d’abord tenter –sous les conseils de l’avocat de la défense, excellent John Kerr- d’obtenir légalement l’annulation de la sentence en tablant sur une décision du jury prise alors que ses membres étaient sous l’emprise de préjugés à l'encontre du coupable ; en effet, avant de migrer au Montana, la famille Carewe avait déjà commis d’innombrables méfaits qu’aucun des habitants de la ville n’avaient oublié. Constatant que le juge est inflexible et qu'il a trouvé une parade à cette requête à priori légitime, ils décident de terroriser les citoyens en leur faisant comprendre que si leur magistrat ne fait pas machine arrière, ils risquent tous d’en pâtir.

Petit à petit, tout le monde tourne le dos au juge qui finit par rester seul et contre tous –aidé seulement par le vieil adjoint du shérif- mais qui explique que le calme de la ville, voire même du pays, ne pourra au contraire s’installer qu'à condition de ne pas se laisser faire et de ne pas céder aux diverses tentatives d'intimidation des ‘terroristes’, quitte à prendre des risques par le fait de leur tenir tête coûte que coûte (terriblement d'actualité) : “But gentleman, only if our laws are respected can our families and our town be safe. If we don’t enforce the laws they’ll be no town, only a jungle where animals like the Careues run wild”. Le final de cette affaire sera donc tragique, ce qui fera démissionner Garth de sa place de juge. Mais sans plus vous en dévoiler davantage, je vous laisse découvrir l’avancement inéluctable et dramatique de cette intrigue superbement écrite sur l’intégrité, la fidélité à ses principes, le courage ainsi que sur la justice à laquelle on ne doit rien sacrifier, pas même la sécurité. Un épisode majeur à la mise en scène rigoureuse, au scénario carré, aux dialogues superbes, à la tension prégnante et à l’interprétation de haut niveau avec notamment un grandiose Lee J. Cobb mais aussi et surtout un Clu Gulager qui n’a rien à envier à Dan Duryea dans ce style de personnage abject et haïssable à souhait. A signaler qu’à partir de la troisième saison, le comédien tiendra un rôle récurrent dans la série, celui du shérif de Medicine Bow Emmett Ryker. Pour finir, il faut savoir que cet épisode est un remake du film Day of the Badman de Harry Keller avec Fred MacMurray.


La même chose, illustrée
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Alexandre Angel
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Il faut que tu saches, Jeremy, que j'ai rêvé la nuit dernière que je découvrais mon premier épisode du Virginien.
Je te dis pas le conditionnement! :mrgreen:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit :Il faut que tu saches, Jeremy, que j'ai rêvé la nuit dernière que je découvrais mon premier épisode du Virginien.
Je te dis pas le conditionnement! :mrgreen:

Je te dis pas la pression et l'angoisse :mrgreen:
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Alexandre Angel
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Re: Le Virginien

Message par Alexandre Angel »

m'enfin!
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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1.18 – Say Goodbye to all that

Réalisation : William Witney
Scénario : Al C. Ward
Guest Stars : Fabian & Charles McGraw
Première diffusion 23/01/1963 aux USA – 01/08/1983 en France
DVD : VF et VOSTF
Note : 6/10

Le Pitch : Un grizzly arrive à pénétrer dans l’écurie du ranch Shiloh et à briser la nuque du cheval de Trampas. Ce dernier souhaite immédiatement partir à la poursuite de l’animal mais le Virginien le retient, estimant que le rassemblement des troupeaux à un caractère plus urgent. Des tensions vont naitre parmi les cowboys à cause du tyrannique Beldon (Charles McGraw) qui espère faire de son rejeton (Fabian), "un homme, un vrai". Le poussant à se battre pour affirmer sa virilité, il va provoquer un drame qui va le rendre lui-même tétraplégique ; il espère que son fils le vengera en tuant Trampas à l'origine de sa paralysie…


Mon avis : Say Goodbye at all That marque la deuxième incursion au sein de la série du célèbre réalisateur de serial William Witney après qu'il ait déjà signé le 11ème épisode, The Devil’s Children. Important point commun entre les deux fictions, des personnages de patriarches autoritaires et tyranniques, principalement à cause de qui drames et tragédies vont se mettre en branle, faute surtout à des éducations trop rigides de leurs parts. Après Charles Bickford et ses 'enfants du diable', c’est au tour de Charles McGraw -immense comédien de film noir et de western, inoubliable par exemple en médecin désintéressé au côté de Robert Mitchum dans L’Aventurier du Rio Grande (The Wonderful Country) de Robert Parrish- de tenir ce rôle d’homme haïssable, impitoyable, vindicatif et bagarreur qui souhaite que son fils acquiert le même caractère fort et le même tempérament frondeur que lui, le poussant à se battre pour de futiles raisons juste dans le but de prouver sa virilité. Concernant ces relations père-fils, on pense également au superbe mélodrame de Vincente Minnelli, Celui par qui le scandale arrive (Home from the Hill) dans lequel à nouveau Robert Mitchum incarnait un personnage qui souhaitait donner à son fils –à son goût trop fluet et trop toujours fourré dans les jupes de sa mère- une éducation basée sur des valeurs phallocentriques.

Et comme dans le très curieux Track of the Cat de William Wellman avec... Robert Mitchum, l'obsession de la bête -quasi surnaturelle comme le croit farouchement le vieil homme élevé par les indiens, interprété un peu trop caricaturalement par un Royal Dano que l’on a connu plus fin- joue un peu le rôle de catalyseur des haines et rancœurs qui existent dans le cœur de la famille Beldon ainsi que d’un Trampas qui prend néanmoins de la maturité, bien plus réfléchi et moins belliqueux qu’auparavant. Effectivement, alors qu’il y a encore peu de temps Trampas n’aurait pas hésité à se jeter tête baissée dans la mêlée, à donner du poing à la moindre vexation, ici nous sommes étonnés de ne pas le voir réagir quant il reçoit des coups violents de la part d’un Charles McGraw aviné qui décide de le punir d’avoir simplement dansé avec sa future bru. Trampas se laisse frapper espérant que cette attitude passive fera stopper son adversaire ; mais tout au contraire, vexé par ce manque de réactivité, il le provoque en duel, pistolet à la main. Faisant en sorte de ne pas le tuer, Trampas le rend néanmoins tétraplégique par accident. Il n’aura ensuite de cesse d’interroger sa conscience quant à son geste malheureux, encore plus déprimé lorsqu’il se rendra compte que le père a réussi à convaincre son rejeton de suivre ses traces et de le venger ; ayant tenté le tout pour le tout par l’intermédiaire de multiples amorces de discussions avec le jeune homme qui s’avère bien trop borné, il n’a alors plus grand espoir que cette rivalité se termine bien, ce qui le mine tout l’épisode durant et qui nous rend son personnage encore plus attachant : "I'm going to have to kill him, and for what!"

Au vu du caractère du jeune Beldon durant les 20 premières minutes de l’épisode –un jeune homme charmant, doux et affable- ainsi que par le fait d’avoir été témoin de son désir d’émancipation accentué par les conseils de sa charmante fiancée allant dans ce sens -auquel cas contraire elle refuserait de rester avec lui-, il faut bien dire que l’on a un peu de mal à trouver crédible ce revirement subit ; cela même si l’on comprend que cette ‘virilisation’ se soit déclenchée suite à un sentiment de culpabilité –si, comme le lui avait demandé son père, il était intervenu en entamant une modeste bagarre lors de sa soirée d'anniversaire, aucun drame ne se serait produit- mais également faute à la tristesse que lui cause la paralysie à vie de son père, espérant par cette nouvelle attitude que ce dernier sera ainsi au moins fier de lui. L’interprétation pas honteuse mais pas non plus spécialement marquante de Fabian -qui a parfois un peu trop tendance à utiliser l'ouverture exagérée de ses orbites- ainsi qu’un scénario qui semble se chercher, manquant à la fois de bases solides et de rigueur, font que l’on a un peu de mal à y croire. L’ensemble reste cependant distrayant, efficace, assez bien rythmé, rempli de séquences mouvementées, de rebondissements et de rudes bagarres –la brutalité des combats à poings nus étant l’une des caractéristiques de The Virginian et qui fait en partie qu’il est difficile d’en faire une série ‘familiale’- ; néanmoins assez décevant comparativement à la plupart des épisodes qui ont précédés, faute principalement à un script un peu léger, des situations parfois répétitives et pénibles –tout ce qui tourne autour de Royal Dano- ainsi enfin qu'à des équipes techniques un peu moins inspirées que d’habitude. James Drury et Doug McClure s'avèrent en revanche toujours excellents, désormais parfaitement rodés.

L’épisode de William Witney part donc dans plusieurs directions à la fois, sans nécessairement de liant : la chasse à l’ours 'serialesque' -un peu gâchée par des toiles peintes et décors ratés ainsi qu’à un plan heureusement furtif d’un comédien déguisé en grizzly- ; une partie documentaire très réussie concernant le rassemblement des troupeaux avant l’hiver, avec nombreuses notifications intéressantes comme la nécessité de faire courir les bêtes afin qu’elles ne meurent pas de froid sans néanmoins en faire trop pour qu’elles ne perdent pas trop de 'viande' ; enfin les tensions qui se font jour entre les deux membres de la famille Beldon et Trampas qui aboutissent à quelques drames et violents conflits. Le happy end final, angélique et rempli de bons sentiments, est assez peu raccord au ton d’ensemble mais ne déplaira pas à tous ceux –dont moi- qui ont gardé leur cœur de midinette.


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1.19 – The Man who couldn’t Die

Réalisation : David Friedkin
Scénario : Harry Kleiner d’après une histoire de Roy Huggins
Guest Stars : Vera Miles
Première diffusion 30/01/1963 aux USA – 23/08/1983 en France
DVD : VF et VOSTF
Note : 6/10

Le Pitch : Le Juge Garth se trouve à San Francisco pour rencontrer un homme d’affaires véreux qui semble l'avoir escroqué. Ils en viennent aux mains et cette bagarre se termine par la mort accidentelle du businessman. Garth se rend à la police pour s’accuser mais, en retournant sur les lieux du drame, plus de cadavre ni de traces d’altercation. Innocenté puis relâché, Garth raconte à un ami les quelques mois qui ont précédé et qui ont conduit à ce fait divers tragique. Au centre de son histoire, une charmante jeune veuve (Vera Miles) qui va devenir la préceptrice de Betsy et dont il va tomber amoureux…

Mon avis : David Friedkin, le réalisateur et scénariste du premier opus de la série, revient pour signer ce 19ème épisode, mélange de mystère policier et de romance. Avant ça, David 'fleur bleue' Friedkin s’occupa également d’écrire le scénario de deux autres épisodes, le principal point commun à ces quatre titres étant l’intégration d’une histoire d’amour d’importance au sein de chacune de leurs intrigues. Ici elle a lieu entre deux veufs dont bien évidemment le propriétaire du ranch Shiloh qui tombe amoureux de la gouvernante qu’il a embauché pour éduquer sa fille Betsy. Malheureusement, pour éviter tous spoilers, je ne pourrais pas vous en dire grand-chose de plus puisque vous aurez sans doute deviné que cette très jolie 'bluette' n’est pas totalement déconnectée du mystère que cherche à percer Garth après que l’homme qu’il ait tué lors de la première séquence se soit volatilisé, laissant penser aux forces de l’ordre que le juge a rêvé ce tragique évènement, prenant peut-être son 'cauchemar' pour la réalité. Mais, malgré ce pitch alléchant et énigmatique, l'épisode s'avère assez mineur faute exclusivement à la faiblesse de son scénario. Ceci étant dit, reposant presque intégralement sur les épaules des deux talentueux comédiens principaux -Lee J Cobb et Vera Miles-, The Man who couldn't Die n'est pas désagréable pour autant, l’élégance et la beauté de l’actrice aidant encore plus à rendre le ‘couple’ attachant même si son partenaire en fait peut-être cette fois un peu trop dans l’accablement, son interprétation étant peut-être un peu moins nuancée qu’habituellement.

Il faut dire que Garth se retrouve dans une situation aussi curieuse qu’inextricable, étant persuadé avoir tué un homme -et une fois de plus les auteurs ont décidé d'emblée de nous faire savoir qu’il ne s’agit aucunement d’une lubie de sa part, cassant ainsi une bonne partie du suspense- alors que l’on ne retrouve sur les lieux du crime ni le cadavre ni preuves d’une quelconque rixe, et que le seul témoin -James Doohan, le futur Scotty de Star Trek- semble non seulement ne pas connaitre le juge mais affirme avoir encore vu son patron dans les minutes qui ont précédé son témoignage. Voici Garth innocenté alors qu’il aurait bien aimé résoudre cette énigme pour sa bonne santé mentale et pour apaiser sa conscience. D’autre part il sort d’une histoire d'amour qui n’a pas tourné comme il l’aurait souhaité, le laissant dans une sorte de déprime qui ne fait qu’accentuer le fait que les hommes de loi sont certains que le tragique accident n’a en fait jamais existé ailleurs que dans le cerveau un peu chamboulé du supposé coupable. L’homme mort et disparu, on en fait rapidement la connaissance au travers le flashback et l’on comprend d’emblée qu’il s’agit d’un escroc, gérant d’une société qui était censé entreprendre la création d’une voix ferrée avec les fonds récoltés chez plusieurs riches propriétaires dont le juge qui estimait nécessaire qu’un nouvel axe Nord/Sud soit mis en place 'sur rails' pour faciliter ses ventes de bétails. L’on se rend compte à nouveau que Garth est dans certains domaines un homme moderne, croyant dur comme fer au progrès et ne supportant pas que certains l’entravent. L’on est également à nouveau témoin de sa puissante exigence, voire de son intransigeance, estimant –en l’occurrence à juste titre- qu’une promesse contractuelle doit être tenue coûte que coûte.

Il faut quand même prévenir les amateurs de mystères qu’ils pourraient être assez déçus non seulement par la résolution de celui qui nous concerne ici –même si elle s’avère très crédible- que par son importance au sein de l’intrigue, le scénario étant bien plus longuement consacré à la partie romance/apprentissage puisque le personnage incarné par la délicieuse Vera Miles -L’Homme qui tua Liberty Valance, Psychose- est à la fois la préceptrice de Molly et la femme dont va s’amouracher le juge. Cette situation sera l’occasion d’aborder l’une des thématiques principales de l’épisode, l’éducation. Garth estime que sa fille a besoin de recevoir une culture quasi victorienne (piano, danse, couture, littérature…) afin de pouvoir s’intégrer dans la bonne société alors que la principale intéressée ne comprend pas que pour travailler au sein d’un ranch elle ait besoin de savoir tout ça, se moquant du qu’en-dira-t-on quant à son bagage culturel –"What does it matter what people say or how they say it or what they think about you...What does matter is the way they feel about each other"-, trouvant ‘cocassement’ Homère finalement encore plus ennuyeux que Shakespeare, "ce qui n’est pas peu dire" ! L’on découvre ici une Betsy qui tient tête à son père au point de recevoir une gifle, Roberta Shore ne s’étant auparavant jamais vue accordée autant d'importance et de temps de présence, prouvant à cette occasion qu’elle était une comédienne tout à fait sympathique. Cet apprentissage reçu à contre cœur permettra de savoureuses séquences comme celle voyant le Virginien se moquer des ‘talents’ de pianiste de la jeune fille ou encore celle encore plus amusante de la leçon de danse avec un Trampas inénarrable de maladresse surtout lorsqu'il s'essaie à faire la révérence.

Romance et mystère… autant dire que les amateurs de westerns purs et durs ne seront pas à la fête : hormis la bagarre qui déclenche le drame au tout début, aucune scènes d’action ni de séquences au grand air durant cet épisode qui souffre d’un script guère captivant, semblant avoir été un peu artificiellement étiré pour arriver à une conclusion certes crédible mais un peu décevante. Harry Kleiner a beau avoir signé les scénarios de classiques du film noir (Fallen Angel de Otto Preminger, The Street with no Name de William Keighley ou encore House of Bambou de Samuel Fuller), celui de The Man who couldn’t Die s'avère certes sympathique mais il ne s’aventure pas très loin, pas plus concernant la partie policière que la partie romantique. En revanche l'épisode nous octroie des décors intérieurs assez cossus, de très beaux éclairages, une description attachante des relations entre le juge et sa fille ainsi qu’une Vera Miles dont on est heureux d’apprendre qu’elle reprendra du service dans la série à deux autres reprises. On notera enfin la présence en guest star de second plan de David White qui allait être plus connu dans les mêmes années 60 en tant que patron de Darrin, le mari de Samantha, Ma sorcière bien aimée.


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1.20 – If You Have Tears

Réalisation : Richard L. Bare
Scénario : Frank Chase & Frank Fenton d’après une histoire de Roy Huggins & Howard Browne
Guest Stars : Robert Vaughn, Dana Wynter & Nancy Sinatra
Première diffusion 13/02/1963 aux USA - 08/09/1983 en France
DVD : VF et VOSTF
Note : 7.5/10

Le Pitch : Trampas et Le Virginien voient arriver à Medicine Bow Kyle Lawson, un ancien compagnon de guerre. Il vient leur demander aide et conseils après avoir fui sa petite ville du Montana de peur d’être accusé du meurtre du mari de sa maîtresse, la jolie Leona (Dana Wynter). Persuadés de l’innocence de Kyle, les deux cow-boys du ranch Shiloh se rendent sur les lieux du crime pour essayer de résoudre le mystère. Durant son enquête, le Virginien va tomber amoureux de Leona alors que les autorités locales n’apprécient pas la présence de ces deux étrangers qui semblent se mêler de ce qui ne les regardent pas…

Mon avis : Ce 20ème épisode de la série a été réalisé par un cinéaste assez obscur, Richard L. Bare, dont je ne connaissais jusqu’à présent qu’un western de série B produit par la Warner en 1950, le divertissant mais guère mémorable Return of the Frontiersman avec Gordon MacRae. N'accomplissant ici pas non plus vraiment de miracle, le réalisateur a eu en revanche la chance d'être très bien secondé : l'épisode a été scénarisé par Frank Chase en collaboration avec Frank Fenton, ce dernier ayant laissé son nom aux génériques de westerns prestigieux tels Rivière sans retour d’Otto Preminger, Le Jardin du diable de Henry Hathaway ou Fort Bravo de John Sturges. Et effectivement cet excellent épisode repose avant tout sur son superbe script, sorte de mélange très harmonieux entre enquête policière, interlude sentimental, histoire d’amitié et mélodrame familial, aucune de ses quatre orientations ne prenant le pas sur l’autre. Le casting et la direction d’acteurs s’avérant parfaits, le résultat se révèle pas loin d'être remarquable, d’un très grand sérieux sans quasiment jamais céder à la moindre fantaisie si ce n’est lors d’une séquence assez amusante chez un barbier d’origine italienne.

If You have Tears -titre tiré d’un poème que récite le personnage joué par Robert Vaughn- débute par une séquence craquante, celle de la ‘demande en mariage’ de Kyle par une toute petite fille, manière très mignonne de faire comprendre d’emblée que ce protagoniste est un homme charmant et qui plait aux femmes. Puis se déroule la scène du piège qui lui est tendu pour le faire accuser d’un meurtre dont nous sommes témoins d'emblée qu’il ne l’a pas commis : décidément, les auteurs de la série aiment bien que les spectateurs aient un coup d’avance sur les personnages même si le suspense s'en trouve du coup amoindri. Kyle n’a plus d'autre choix que de fuir puisque tout a été monté dans le but d’en faire le parfait coupable. Le voilà qui file dans le Wyoming demander de l’aide et des conseils à Trampas et au Virginien aux côtés de qui il avait participé à la guerre hispano-américaine à Cuba (voir l’épisode Riff-Raff). Durant ce conflit, Kyle avait sauvé la vie au Virginien ; et cet évènement dramatique du passé de notre protagoniste principal est narré plus tard dans l'épisode par un James Drury qui se révèle de plus en plus convaincant, n’ayant à cette époque vraiment pas grand chose à envier aux plus grandes stars du cinéma dans le domaine du western. Il aura d’ailleurs l’occasion de le prouver à maintes reprises durant ces 72 minutes puisqu’il est quasiment de toutes les séquences : charismatique lorsqu’il s’agit d’imposer sa détermination ; touchant au travers l'intrigue sentimentale et notamment lorsqu’il se rend compte que l’amour qu’il éprouve pour la belle Dana Wynter n’est pas totalement partagé ou encore plus lorsqu'il perd toute sa confiance ; d'une formidable dignité lorsqu’il met tout en œuvre pour sauver la tête d’un ami à qui il doit la vie et dont il est certain de l'innocence.

Pour venir en aide à Kyle, Le Virginien décide de se rendre sur les lieux du crime pour mener sa propre enquête vu que le verdict est déjà tombé, le jury ayant acté la culpabilité et la condamnation à mort de l'accusé. Nous ne dévoilerons rien de ce mystère policier si ce n’est que les trois membres de la belle famille de la victime avaient tous des raisons de commettre l'assassinat puisqu’ils vivaient tous sous le toit de cet homme féroce et malveillant qui ne perdait pas une occasion de malmener sa femme. Le Virginien va tomber amoureux de celle-ci malgré le fait que Kyle -qui était son amant- lui avait dit de s'en méfier, pensant qu’elle était à l’origine des manigances menant au piège dans lequel il était tombé. La très belle Dana Wynter -L’invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel- interprète la veuve ; même si son registre de femme accablée constamment les yeux dans le vague reste assez limité, le rôle voulant ça, elle se révèle excellente et tout à fait crédible. Les séquences qu’elle partage avec James Drury sont d’un romantisme et d’un lyrisme assez inhabituels au sein d’une série westernienne ; il faut dire aussi que les dialogues sont particulièrement recherchés et formidablement bien écrits. Le toujours très bon Robert Vaughn en bénéficiera aussi dans le rôle du frère poète et alcoolique, tout comme Phyllis Avery dans celui de la sœur ténébreuse et tirée à quatre épingles -par sa manière de se déplacer ou d’épier aux fenêtres, on pense parfois à l’inquiétante Miss Danvers, la gouvernante de Rebecca interprété par Judith Anderson dans le film d’Hitchcock-, ou encore Britt Lomond dans celui du ‘faux coupable’, sorte de sosie de Bernard Giraudeau et qui était l'interprète du Capitaine Monastario dans la série Zorro de Walt Disney.

Si l’on voulait faire une comparaison avec une franchise cinématographique, cet épisode pourrait être à The Virginian ce qu’était Au Service secret de sa majesté aux James Bond : une enquête 'policière' au romantisme inhabituel –aidée en cela par une très belle partition de Morton Stevens qui allait devenir célèbre avec le thème principal de la série Hawaii Five-0- dans un genre habituellement dévolu principalement au mouvement et à l’action, ce dont If You have Tears est totalement dépourvu ; même final étonnement amer et une Dana Wynters qui n’est parfois pas sans rappeler la gracile silhouette de Diana Rigg. En bonus nous n’oublierons pas la participation à l’épisode de Nancy Sinatra qui nous concède même deux superbes chansons. Enfin, un épisode doux et lyrique qui nous en apprend par la même occasion un peu sur la jeunesse du Virginien et notamment sur un père qu'il semblait tenir en haute estime malgré son manque de culture : "I knew a man, who could barely write his own name. But he could talk to the birds. He could tell where a mountain cat had walked across a bed of pine needles. He could tell his age by the trees, and the weather by his bones, after he got old that is. And I always considered him to be a poet." Une belle réussite !


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Résumé noté du deuxième volume de la saison 1 :


1.11 The Devil's Children (Les Enfants du diable) réalisé par William Witney : 6.5/10
1.12 Fifty Days for Moose Jaw réalisé par Maxwell Shane : 7.5/10
1.13 The Accomplice (L'accusatrice) réalisé par Maurice Geraghty : 6.5/10
1.14 The Man from the Sea (Tu as gâché ma vie) réalisé par Herschel Daugherty : 7/10
1.15 Duel at Shiloh (Duel à Shiloh) réalisé par Jerry Hopper : 7/10
1.16 The Exiles réalisé par Bernard Girard : 6.5/10
1.17 The Judgement (Le Verdict) réalisé par Earl Bellamy : 8/10
1.18 Say Goodbye to all that (Le Grizzly) réalisé par William Witney : 6/10
1.19 The Man who wouldn't Die (Le Mort a disparu) réalisé par David Friedkin : 6/10
1.20 If you have Tears (C'est moi qui l'ai tué) réalisé par Richard L. Bare : 7.5/10


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Lockwood
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Re: Le Virginien

Message par Lockwood »

En ce qui me concerne, je viens de boucler hier la saison 1! Petit bilan en classements:

Mon Top 5 des meilleurs épisodes:


1- The Judgement (1x17)
2- West (1x10)
3- The Brazen Bell (1x05)
4- The Mountain of the Sun (1x28)
5- Echo of Another Day (1x26)

"The Judgement" me parait celui qui est le plus calibré pour être un film indépendant, d'excellente tenue de bout en bout, avec un Clu Gulager exceptionnel! West est l'épisode qui se rapproche le plus à mon sens du western crépusculaire, mais avec l'originalité de le traiter par le prisme de l'immaturité d'une bande d'aventuriers qui se confronte aux normes du monde moderne. Un épisode touchant, qui passe de l'insouciance à la nostalgie avant de sombrer le drame. The Brazen Bell est un des épisodes les plus tendus de cette saison ( le plaisant "Strangers at Sundown" aurait pu être son pendant, s'il avait été techniquement plus réussi et si le personnage de Skip Homeier avait été mieux creusé) avec une troupe de guest stars particulièrement inspirée. J'ai évoqué les 2 autres épisodes par ailleurs, qui font parti à mon sens des épisodes réussis du 3ème coffret!

Et pour les Guest Stars:

1- Clu Gulager (1x17)
2- Royal Dano (1x05)
3- John Dehner (1x26)
4- Dolores Hart (1x28)
5- Jeannine Riley (1x29)

Je me réjouis de savoir que 2 de ces guest stars rejoindront par la suite la série en tant qu'acteurs réguliers...

Petite pause et je m'attaque à la saison 2!
Dernière modification par Lockwood le 29 juin 17, 20:17, modifié 2 fois.
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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Lockwood a écrit :
1- The Judgement (1x17)
2- West (1x10)

8) Deux de mes chouchous : mais le 21 qui arrive demain, The Small parade, vient s'en approcher. Et oui Clu Gulager est génial.
West est est l'épisode qui se rapproche le plus à mon sens du western crépusculaire, mais avec l'originalité de le traiter par le prisme de l'immaturité d'une bande d'aventuriers qui se confronte aux normes du monde moderne. Un épisode touchant, qui passe de l'insouciance à la nostalgie avant de sombrer le drame.
Tout à fait !
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Lockwood
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Re: Le Virginien

Message par Lockwood »

(je tiens pas spécialement à faire de la pub, ou pousser à la conso, mais beaucoup de personnes se plaignaient - à juste titre - des prix élevés des coffrets du Virginien.. il s'avère qu'en ce moment, Elephant Films fait des packs par saisons (3 coffrets) à 55 euros. Je viens de m'acheter toute la saison 2 comme ça, je pense que ça vaut le coup, si ça intéresse... on peut trouver ça sur priceminister - il me semble pas que l'éditeur ait un site internet)
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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Lockwood a écrit :(je tiens pas spécialement à faire de la pub, ou pousser à la conso, mais beaucoup de personnes se plaignaient - à juste titre - des prix élevés des coffrets du Virginien.. il s'avère qu'en ce moment, Elephant Films fait des packs par saisons (3 coffrets) à 55 euros. Je viens de m'acheter toute la saison 2 comme ça, je pense que ça vaut le coup, si ça intéresse... on peut trouver ça sur priceminister - il me semble pas que l'éditeur ait un site internet)

Il me semble justement que Elephant vende sur priceminister
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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

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1.21 – The Small Parade

Réalisation : Paul Nickell
Scénario : Ward Hawkins & John Hawkins d’après une histoire de Bernard Girard
Guest Stars : David Wayne & Barbara Barrie
Première diffusion 20/02/1963 aux USA – Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7.5/10

Le Pitch : Sur le point de retourner à Shiloh après avoir livré du bétail en Californie, Steve, Trampas et le Virginien viennent en aide à Martin Reese (David Wayne) dont les idées sur le végétarisme rebutent les habitants. Lorsque le lendemain on retrouve un cadavre, les soupçons se portent immédiatement sur ce ‘bizarre’ étranger accompagné d’un chimpanzé et qui a quitté la ville dans la nuit. Sur le chemin du retour, nos trois cowboys s’arrêtent à une ferme où ils trouvent Ellen, une jeune femme ayant recueilli un groupe de sept enfants abandonnés ; elle est en charge de les escorter jusqu’à un orphelinat…

Mon avis : The Virginian avait déjà parfois bifurqué vers le polar ou le film à procès, vers la comédie voire le mélodrame ou la romance, mais jamais encore dans le registre très original proposé par cet épisode, assez difficile à décrire d’ailleurs : ce pourrait être une sorte de mélange -totalement improbable sur le papier- entre les westerns progressistes du style L’Etrange incident de William Wellman et La Petite maison dans la prairie, série familiale d’ailleurs souvent scénarisée par le duo qui opère ici. Et c’est une nouvelle fois à Bernard Girard que l’on doit cette très jolie histoire après celle qui avait déjà été à l’origine d’un des meilleurs épisodes de cette première saison, Impasse avec en Guest Star un étonnant Eddie Albert. Mais que l’on se rassure, malgré le fait d’avoir cité une série réputée pour sa mièvrerie, il s’agirait ici plutôt d’une très grande délicatesse de ton, de celle que l’on pouvait trouver par exemple dans le tendre et splendide Stars in my Crown de Jacques Tourneur. Mais repartons du début ! Nos trois cowboys du ranch Shiloh sont harassés : ils viennent de convoyer un troupeau jusqu’à Coytote Wells en Californie et n’ont qu’une envie, rester quelques jours en ville pour se reposer et s’amuser ; cela donne naissance à une très amusante séquence d’introduction qui voit Steve saliver devant la description du programme annoncé par Trampas quant aux ‘festivités’ qui les attendent. Sauf que ce rabat-joie de Virginien vient immédiatement casser leur rêve en leur annonçant qu’un télégramme du juge Garth leur intime l’ordre de rentrer au Wyoming sans tarder.

Avant de repartir, ils croisent une foule réunie autour de Martin, un homme ‘étrange’ accompagné d’un chimpanzé. Tenant une sorte de conférence en plein air sur le végétarisme et sur la nécessité de se passer de viande pour rester en meilleure santé, il est moqué et chahuté par tous les habitants, ce qui ne surprend pas le Virginien qui comprend que Martin s’est jeté dans la gueule du loup en prônant l’interdiction de la viande dans une région qui en vit. Quoiqu’il en soit, il prend sa défense au nom de la liberté d’idées et d’expression, thématique qui semble être revenue à plusieurs reprises au sein de la carrière télévisuelle de l’obscur réalisateur Paul Nickell. S’ensuit une scène très cocasse au restaurant où -après l’introduction du végétarisme au sein du western- les auteurs semblent avoir également inventé l’irruption dans le genre du déjeuner ‘en terrasse’. C’est drôle et léger sans néanmoins sombrer dans la farce d’autant qu’en arrière fond la gravité est toujours prégnante puisque l’on constate d’emblée la méfiance des citoyens envers toutes nouveautés dans le comportement, les paroles ou les idées. Et ceci se confirme le lendemain au moment où l’on découvre le cadavre d’un trappeur qui avait été très virulent à son encontre, lui lançant un seau d’eau sur la tête durant son discours, menaçant même de tuer son animal de compagnie ; Martin ayant quitté la ville, il est désormais évident pour tout le monde qu’il représente le parfait coupable. Et l’on organise une expédition punitive pour le rattraper avec dans l'idée très probable de le lyncher sans aucune forme de procès.

Trampas, Steve et le Virginien n’ayant plus rien à faire en ville et devant rentrer rapidement, les voilà repartis en direction de Shiloh, traversant moult beaux paysages sans que jamais cette fois les équipes techniques d'Universal n’aient eu l’idée de tourner en studio ; il s’agit d'ailleurs d’un épisode assez dépaysant par le fait de se dérouler quasiment tout du long en extérieurs réels. Voulant faire une halte, le trio se retrouve entouré d’une jeune femme, Ellen, qui a en charge sept enfants abandonnés qu’elle doit conduire jusqu’à un orphelinat faute de pouvoir subvenir à leurs besoins. La veille, ce petit groupe avait eu la visite de Martin et de son singe qui leur avait fait forte impression ; et à partir de là les deux trames dramatiques -et totalement inédites dans le genre- peuvent se rejoindre et s’imbriquer. Le crime commis juste avant leur départ de Coyote Wells inquiète quand même un peu nos héros ; sachant le ‘végétarien’ dans les environs et la jeune femme étant invitée à se rendre en ville y prodiguer des lectures à ses habitants, nos cowboys décident de rester garder les enfants afin de les protéger d’un éventuel danger. Puis, plutôt que de les voir atterrir à l’orphelinat, effrayés qu’ils ont été après la lecture par Ellen d’un chapitre du Oliver Twist de Dickens, nos trois nouvelles ‘nurses’ ou Three Godfathers- ont dans l’idée de trouver aux enfants des familles d’accueil ; ce sera l’occasion de séquences toutes très bien écrites, soit assez tristes -Trampas qui refuse de laisser les enfants à un meunier qui semble ne vouloir que les exploiter- soit au contraire très cocasses -Steve qui se voit draguer par une vieille fille qui accepte de s’occuper des enfants à condition qu’il fasse partie du ‘lot’-, les relations s'établissant entre les enfants et les trois cowboys en ces occasions s'avérant absolument délicieuses.

L’on pourra se rendre compte à la lecture de cette longue description qu’il s’agit d’un épisode qui ne ressemble à aucun autre ; inhabituel, il tient non seulement sur un scénario riche, original rigoureusement écrit et superbement bien dialogué ("It takes more than a badge to make a deputy. It takes good sense") mais aussi sur une interprétation formidable non seulement du trio James Drury, Gary Clarke et surtout un Doug McClure très à l’aise avec les enfants –la plus jeune de 4 ans n’est autre que sa propre fille- mais également de David Wayne et d’une Barbara Barrie dont on n’est pas étonné d’apprendre que malgré son peu de notoriété elle obtint en 1964 la palme d’or de la meilleure actrice pour un film méconnu, One Potato, Two Potato de Larry Pierce. Tout comme George C. Scott lorsqu’il récitait Oscar Wilde à la fin de l’épisode The Brazen Bell, elle est ici absolument formidable lorsqu’elle fait la lecture d’Oliver Twist. Jamais ridicule, constamment prenant et attachant, léger sans pour autant laisser de côté la gravité -rappelons que les thématiques principales sont la méfiance de l’étranger, l’intolérance, le danger découlant d’idées impopulaires ainsi que les enfants abandonnés-, un épisode plein de bons sentiments et dont les différentes trames narratives se résolvent un peu trop facilement mais qui sinon mérite tous les éloges et qui se hisse aisément parmi les meilleurs épisodes de cette première saison. Un ‘prêcheur’ du végétarisme, un chimpanzé en jean, des cowboys transformés en nurse… sur le papier totalement improbable mais à l’écran étonnement réussi et grandement touchant.


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Re: Le Virginien

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1.22 – Vengeance is the Spur

Réalisation : Robert Ellis Miller
Scénario : Harry Kleiner d’après une histoire de Roy Huggins
Guest Stars : Michael Rennie & Nina Foch
Première diffusion 27/02/1963 aux USA – 06/09/1983 en France
DVD : VF & VOSTF
Note : 6/10

Le Pitch : Frances Graham (Nina Foch), une mystérieuse et riche femme d’âge mur arrive à Medicine Bow où elle compte s’installer un certain temps. Tous les jours elle va chevaucher aux alentours du ranch Shiloh pour espionner ce qui s’y passe. Son idée est en fait de s’introduire auprès du Virginien ; elle a en effet a une requête à lui demander : elle souhaite qu’il la conduise auprès de Mike O’ Rourke (Michael Rennie), l’ex-régisseur de Shiloh devenu hors-la-loi et qui se terre dans son domaine caché dans les montagnes. Ici elle espère retrouver son mari qui aurait à priori rejoint la bande…

Mon avis : "Harry Kleiner a beau avoir signé les scénarios de quelques classiques du film noir (Fallen Angel d'Otto Preminger, The Street With No Name de William Keighley ou encore House of Bambou de Samuel Fuller), celui de The Man Who Couldn’t Die s'avère certes sympathique mais il ne s’aventure pas très loin, pas plus concernant la partie policière que la partie romantique" écrivais-je voici quelques jours à propos du 19ème épisode de cette saison initiale. On peut reprendre cette phrase mot pour mot concernant l’écriture par ce même auteur de ce 22ème épisode qui possède les mêmes qualités et défauts. La charmante comédienne Nina Foch (Un américain à Paris, Scaramouche, Spartacus…) -comme Vera Miles dans le précédent- s’avère parfaite et tient même l’épisode sur ses frêles épaules ; il n’y en a d’ailleurs que pour elle durant le premier quart d’heure qui par sa légèreté ne laissait pas vraiment présager que nous allions nous retrouver face à un épisode relativement dramatique. On la voit tout d’abord arriver à Medicine Bow par le train et trainer derrière elle une multitude de bagages qui font d’emblée comprendre qu’elle va s’installer en ville pour un bon bout de temps... pour on ne sait quelle raison. Étonnement des habitants et notamment de deux vieilles dames qui semblent épier avec jubilation les faits et gestes de tous leurs concitoyens ; parmi elles, la comédienne Katryn Card, inoubliable en admirable épouse du shérif dans l’excellent Good Day for a Hanging de Nathan Juran. Frances s’amusera de ses deux commères et fera exprès de les choquer notamment lorsqu’elle se fera monter jusqu’à sa chambre d’hôtel dans les bras du Virginien.

Elle avait en effet quelques temps auparavant fait en sorte de se mettre sur son chemin en faisant croire à une blessure pour pouvoir le rencontrer, le séduire et gagner sa confiance. Suite à ce subterfuge, elle avait été invitée quelques temps au ranch Shiloh jusqu’à ce jour où le régisseur la ramène à son hôtel devant les yeux éberlués de nos deux pipelettes. Un petit suspense avait donc été mis en place car rien ne nous disait pourquoi cette étrangère belle et cultivée était venue s’enterrer dans un patelin aussi perdu, pourquoi elle allait chevaucher tous les matins aux alentour du ranch Shiloh, ni évidemment pourquoi elle avait feint cet accident qui l’avait conduit à accoster et à se lier d’amitié avec Betty -décidément l’adolescente semble avoir besoin d’une compagnie féminine, ce qui s’avère tout à fait compréhensible au sein de ce domaine où ne se croisent quasiment que des hommes- et avec le Virginien. Une fois tous les deux dans les appartements de la mystérieuse jeune femme, elle avoue tout… ou presque... des mensonges venant se mêler à la vérité. Elle lui raconte qu’elle a besoin de lui pour le conduire jusqu’au repaire d’un hors-la-loi qui n’est autre que l’homme à qui il a succédé à la place de régisseur du ranch du juge Garth et avec qui il serait toujours resté en bonnes relations, leur amitié ne s'étant pas éteinte. Elle est persuadée que le Virginien est le seul à connaitre la cachette du malfaiteur dans la bande duquel se serait réfugié l’époux qu’elle souhaite retrouver après qu'il ait du fuir les autorités.

Ni une, ni deux, les voici tous deux partis dans les montagnes. Le réalisateur Robert Ellis Miller –dont le seul film au cinéma à peu près connu en nos contrées est The Heart Is a Lonely Hunter, l’adaptation du célèbre roman de Carson McCullers avec Alan Arkin et Sondra Locke- s’avère tout à fait chevronné pour mettre en valeur les décors naturels à sa disposition, ses contre-plongées sur les rochers où sont stationnés les vigies du gang se révélant d’une belle efficacité. Notre duo parvient donc jusqu’au repaire du bandit ; à partir de ce moment le nœud dramatique de l’intrigue se dévoile enfin à nous et l’on va alors comprendre les réelles motivations qui ont amené cette femme ravissante jusqu’à cet endroit à priori dangereux. Nous ne pourrons malheureusement pas en dire plus sauf que l’on aura compris au vu du titre qu’il s’agit d’une histoire de vengeance. Outre la description de l'amitié qui lie les deux régisseurs de Shiloh -bien trop rapidement évoquée-, une romance va également se mettre en place -qui trouvera son apogée au tout dernier et superbe plan-, qui apportera à l'épisode son principal intérêt, l'aspect dramatique de l'intrigue devenant au contraire trop figé et répétitif et du coup assez peu captivant. Il nous sera néanmoins donné d’assister à une magnifique séquence au cours de laquelle Michael Rennie -le héros de Le Jour où la terre s’arrêta de Robert Wise- annonce à ses hommes qu’il préfère mettre un arrêt à cette vie de hors-la-loi et se rendre à la police pour pouvoir ensuite recommencer une vie plus apaisée. Il faut dire qu’il est passé du mauvais côté de la loi suite à son évasion après un long emprisonnement qui n’avait pas lieu d’être puisqu’il était innocent des faits qu’on lui avait incriminé malgré les témoignages en sa faveur et la défense du juge Garth... Un Outlaw malgré lui en quelque sorte !

Pas mal de bonnes pistes mais au final un scénario assez moyen au sein duquel surnagent un très beau personnage de bandit au grand cœur –fier de ne jamais avoir tué personne- ainsi que celui de Frances avec qui ils formeront un couple très touchant : deux personnes ayant vécu une tragédie qui les aura amené là où ils sont mais aussi à se rencontrer. La conclusion inattendue et émouvante nous amène à nous dire que seul l’amour peut mettre fin à une infernale spirale de violence et à faire renoncer aux implacables désirs de vengeance. A signaler enfin que les personnages principaux de la série sont tous absents sauf le Virginien –qui n'a ici cependant pas autant d'importance que les protagonistes interprétés par les deux guest stars-, que le thème musical devient vite très entêtant et que l'on assiste à de belles séquences en extérieurs. Pas désagréable mais cependant mineur et un peu décevant, surtout venant après le très curieux The Small Parade.


Avec illustrations
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