Le Virginien (1962-1971) Universal

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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

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James Best


4.14- Letter of the Law

Réalisation : Charles S. Dubin
Scénario : Donn Mullally
Guest Star : James Best & Simon Oakland
Première diffusion 22/12/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 4/10


Le Pitch : Curt Wesley (James Best) a autrefois été accusé d’un vol ferroviaire et a écopé suite à ça de plusieurs années de prison. Malgré encore quelques doutes en suspension et l’argent dérobé toujours volatilisé, la justice, grâce à l’insistance de Garth, le libère sur parole ; le voici de retour auprès de sa charmante épouse. Mais Charles Sanders (Simon Oakland), le détective des chemins de fer qui continue à croire en sa culpabilité, le surveille de près, attendant la moindre erreur de sa part pour le faire emprisonner à nouveau. Lorsque Curt se voit accuser d’un second vol, Ryker va mener l’enquête de son côté…

Mon avis : Au générique, Charles S. Dubin, réalisateur du superbe The Laramie Road peu de temps avant, et surtout Donn Mullally, scénariste qui ne signera que six épisodes du Virginien mais qui avait prouvé son immense talent et sa remarquable sûreté d’écriture durant les deux premières saisons avec le magnifique Impasse (avec Eddie Albert), le curieux et réjouissant The Money Cage (avec Steve Forrest), le mémorable Siege (avec Philip Carey) - à ce jour toujours l’un des plus grands épisodes de la série -, et enfin The Invaders (avec Ed Begley) dont le scénario était un modèle d’intelligence et de rigueur. Tout ça pour dire que malgré des auteurs doués et des comédiens qui n’ont presque rien à se reprocher (James Best a pourtant assez de mal à me convaincre), Letter of the Law est une sacrée douche froide faute principalement à une histoire invraisemblable, tirée par les cheveux, mélodramatique, larmoyante et au final peu captivante. Le postulat de départ était pourtant intrigant, même si d’emblée assez peu crédible, plus proche d’une intrigue de film noir que d’un récit westernien. Le juge et sa nièce doutant de la culpabilité de Curt, un jeune homme condamné pour un vol ferroviaire, se rendent chez le gouverneur pour le convaincre du manque de preuves ayant amené ce verdict de deux ans d’emprisonnement.

Comme par hasard, alors que le Virginien s’en retourne à Shiloh par le train, il assiste à un cambriolage par un homme qui va être tué lors de la poursuite qui s’ensuit et qui, tiraillé par sa conscience, va confesser en mourant être le coupable du vol dont était accusé le prisonnier dont on parle juste avant. Même si le butin n’a jamais été retrouvé, le gouverneur est obligé de convenir que de laisser Curt enfermé plus longtemps ne serait pas très juste il le libère donc sur parole. Curt rentre donc chez lui aux environs de Medicine Bow rejoindre son épouse qui est évidemment aux anges d’avoir retrouvé son mari bien plus tôt que prévu. Tout pourrait aller pour le mieux si un détective des chemins de fer ne venait pas s’en mêler en harcelant le couple ; effectivement, il continue à croire dur comme fer à la culpabilité de Curt, tout comme son bras droit dont on apprendra plus tard qu’il est secrètement amoureux de la femme de l’homme qu’il dit être coupable (tiens, tiens, ça pourrait bien l’arranger !) Les deux hommes vont alors tout mettre en œuvre pour lui faire commettre une erreur leur permettant de l’emprisonner à nouveau... et pouvoir éventuellement mettre la main sur le butin volatilisé et sur la femme esseulée. Ils vont aller jusqu'à organiser une mise en scène qui ferait penser que Curt est à nouveau à l’origine d’un cambriolage qui vient de se dérouler à bord d’un train ; en effet on retrouve son manteau sur les lieux du méfait !

Je pense que vous avez déjà compris à la lecture de cette description du scénario pourquoi je parlais d’emblée d’histoire invraisemblable et tirée par les cheveux. Ca aurait pu très bien passer sauf que la suspension d’incrédulité ne fonctionne pas vraiment, les auteurs se prenant bien trop au sérieux, ce qui est en totale contradiction avec ces ficelles vraiment trop grosses mises en avant et qui a pour résultat de ne pas parvenir à nous intéresser plus avant à ce qui se déroule sous nos yeux. Dommage car James Drury tout comme Clu Gulager font ce qu’ils peuvent et plutôt bien, ainsi que les Guest Stars et notamment Simon Okaland et James Best, tous deux bien connus des cinéphiles, le premier jouant par exemple le policier qui se fait chahuter tout au long de West Side Story de Robert Wise ou encore le médecin qui explique la personnalité de Norman Bates à la fin de Psychose d'Alfred Hitchcock, le second étant entre autre l’un des amis du Billy le Kid interprété par Paul Newman dans Le Gaucher (The Left-Handed Gun) d’Arthur Penn. Bref, malgré beaucoup de talent au sein des participants à cet épisode, qu’ils soient techniciens ou artistes, l’on décroche assez vite et le suspens mis en place à du mal à nous faire reprendre pied dans le récit. Pour la petite histoire des protagonistes de la série, au cours de cet épisode on apprendra que Ryker - qui sera celui qui résoudra toute l'affaire - n’était âgé que de deux ans lorsque son père mourut. Quoiqu'il en soit, malgré toute la bonne volonté du monde, le spectateur n’en aura alors plus que faire d’autant qu’un élément psychologique un peu lourdingue viendra s’ajouter pour gâter encore plus le tout, s'avérant que l’obsession et l’acharnement du détective proviendrait d’un fait marquant durant sa prime jeunesse. L’explication de cette sorte de démence est quasiment grand-guignolesque comme j’ai pu le lire par ailleurs.

Trop d’excès et d’invraisemblance font que Letter of the Law est plus fatigant que réellement passionnant. Dommage au vu de ce qui avait été mis en place, aux hommes talentueux qui y ont participé, et aux quelques paysages très bien utilisés. Nous n'aurons même pas eu pour nous consoler le charme d'une actrice, une longue présence de Lee J. Cobb, une petite pointe d'humour, quelque fantaisie que ce soit... pas même la traditionnelle chanson accompagnée à la guitare par Randy... que cependant certains ne regretteront pas. Pas honteux mais très peu mémorable.



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Jeremy Fox
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Leif Erickson

4.15- Blaze of Glory

Réalisation : Alexander Singer
Scénario : John & Ward Hawkins
Guest Star : Leif Erickson & Joan Freeman
Première diffusion 29/12/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7.5/10


Le Pitch : Bill King (Leif Erickson), l’ancien shérif de Medicine Bow ayant permis à la petite ville de trouver la paix, vit désormais seul dans son ranch avec sa fille Judy (Joan Freeman) dont Trampas est fou amoureux. Ne pouvant plus acquitter ses traites, Bill est sur le point se faire saisir sa petite propriété par la banque. Il va être sauvé par Sam Coates (Michael Sarrazin) qui lui offre un petit sac d’or soit disant pour le récompenser de l’avoir remis en liberté alors qu’il était encore mineur. Mais on comprend bien vite non seulement que son geste est loin d’être philanthropique mais également que la somme donnée provient de l’attaque d’un convoi…

Mon avis : Ce qu’il y a de vraiment satisfaisant et réconfortant avec cette série est qu’un épisode raté est rarement suivi d’un deuxième. Et souvent même au contraire, s’ensuit immédiatement une grande réussite qui vient vite effacer la déception précédente. C’est donc une fois de plus le cas avec, faisant suite à l’invraisemblable et peu convaincant Letter of the Law, ce superbe Blaze of Glory. Le réalisateur de cette fiction mémorable a principalement travaillé pour la petite lucarne et a fini sa carrière en tournant des épisodes de la plupart des différentes séries de la franchise Star Trek. Quant au duo de scénaristes, John et Ward Hawkins, ils en sont à leur cinquième participation au Virginien, le meilleur (The Small Parade) côtoyant le pire (The Fatal Journey), leur travail sur Blaze of Glory rejoignant donc allègrement la première catégorie. La principale originalité de cet épisode presque crépusculaire provient d'un ton mélancolique qui perdure du début à la fin, le postulat de départ l'expliquant facilement. Le protagoniste principal de l’histoire est un shérif à la retraite qui a autrefois beaucoup œuvré pour sa ville ; c’est même lui qui a apporté le calme et la paix à Medicine Bow ; pourtant il se voit sur le point d’être expulsé de sa modeste ferme pour un simple problème financier, par le fait de ne plus avoir assez de moyens pour payer ses traites à la banque. Le spectateur ressent une profonde tristesse en constatant qu’un homme qui a tant fait pour sa bourgade soit désormais traité avec autant d'indécence maintenant qu’il est devenu un citoyen lambda. Le fait que le génial Leif Erickson interprète cet homme de loi retraité et vieillissant renforce la puissance émotionnelle de la situation.

Le comédien dont le visage est extrêmement connu - même si le nom reste certainement obscur pour la plupart des spectateurs - avait déjà joué deux fois dans la série ; on se souvient surtout de son Oncle Charley dans Return a Stranger, un homme foncièrement bon et haut en couleurs de la même génération que Garth. Ici son personnage est beaucoup plus sobre et il s’en tire remarquablement bien, extrêmement touchant. Il ne comprend pas plus que nous spectateurs comment les financiers peuvent en être arrivés à avoir oublié tout ce qu’il a fait et donné pour leur ville alors qu’il en était le shérif ; il se trouve complètement décontenancé quand il comprend que malgré son passé - on ne peut plus respectueux - on est prêt à le chasser pour cause de dettes qu’il n’arrive plus à payer. Cette situation est d’autant plus triste qu’il est désormais veuf et qu’il vit avec sa fille toute aussi douce et humaine que lui. Cette dernière est interprétée par une habituée de la série elle aussi, déjà au générique de trois précédents épisodes, la charmante et talentueuse Joan Freeman. La jeune femme est courtisée par un Trampas qui a rarement été aussi amoureux, sauf que malheureusement pour lui il s’agit d’un amour non partagé, Judy l’appréciant énormément mais n’ayant pas l’intention de faire sa vie avec lui d’autant plus qu’elle ne souhaite pas rester vivre dans le coin mais rêve d’habiter dans une grande ville. Un homme de loi vieillissant dont tout le monde semble avoir oublié les bienfaits, un cowboy transi d’amour pour une femme qui ne l’est pas… l’on comprend mieux ce ton de mélancolie annoncée d’emblée.

Tout ceci va être entremêlé de situations bien plus dramatiques : le vol d’une cargaison d’or vient de se produire et il se pourrait que des méfaits semblables se renouvellent puisque des transports du précieux métal ont lieu régulièrement tous les mois, partant de la mine pour être acheminé jusqu’à la ville. Des malfrats se trouvent donc sur place et le spectateur sait dès le début qui ils sont puisque le chef de bande se présente à l’ex shérif en lui mettant d'emblée la conscience mal à l’aise, lui faisant comprendre que tout ceci est de sa faute pour l’avoir relâché alors qu’il était mineur en croyant à son innocence, alors qu’il avait bel et bien commis les délits qu’on lui imputait (l’agression d’une personne âgée) et qu’il a ensuite continué à prendre un mauvais chemin. De plus, pour compliquer le tout, cette fripouille lui offre l’un des sacs volés afin qu’il puisse régler ses dettes à la banque et ainsi ne pas être spolié de son domaine. Bill se sent obligé d’accepter pour garder son ranch, pour que sa fille ne se retrouve pas elle aussi à la rue et surtout pour qu’elle ne soit pas inquiétée par ce psychopathe qui menace de s’en prendre à elle. Ce jeune homme extrêmement malsain – puisqu’il tourne aussi autour de Judy - est interprété avec talent et efficacité par Michael Sarrazin dont on se rappelle surtout sa prestation dans On achève bien les chevaux (They Shoot Horses, Don't They?) de Sidney Pollack ou encore dans son rôle du fils illégitime de Henry Fonda dans Le Clan des irréductibles (Sometimes a Great Notion) de Paul Newman. Dans cet épisode du Virginien, il fait froid dans le dos tout comme ses deux acolytes (les inquiétants Rayford Barnes et Hal Bokar). Quant au convoyeur attaqué, il s’agit du bien plus célèbre Karl Swenson qui rien que dans le domaine du western tourna avec un nombre impressionnant de grands noms comme Delmer Daves, Jack Arnold, Henry Hathaway, Don Siegel, Sam Peckinpah, John Sturges…

Casting de premier ordre, scénario aussi attachant que tendu, mise en scène carrée – si l’on excepte quelques malencontreux cadrages faisant apercevoir en fond de plan des arroseurs automatiques -, séquence finale touchante – mais qui ressemble énormément à une dizaine d’autres déjà rencontrées au cours du Virginien – belle partition musicale pour un épisode qui peut facilement entrer dans le top 10 de la série. A noter cependant que seul Trampas joue un rôle de relative importance dans cet épisode dans lequel tous les autres ‘réguliers’ ne font que de courtes apparitions, et qu’étonnement, aucun de nos héros habituels sera sur place à temps pour régler l’affaire qui se terminera en efficace mais tragique règlement de comptes, finissant de faire de cet épisode un sommet assez mémorable de la série.


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Lee J. Cobb & James Whitmore

4.16- Nobody Said Hello

Réalisation : Alf Kjellin
Scénario : Herb Meadow
Guest Star : James Whitmore & Virginia Grey
Première diffusion 15/09/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 4/10

Le Pitch : Lorsqu’il apprend que le Capitaine Pritikin (James Whitmore) de l’ex-armée confédérée vient de finir de purger sa peine de prison et qu’il vient se réinstaller à Medicine Bow, Ansil perd les pédales et va pour le provoquer en duel, ayant perdu un bras par sa faute alors qu’il était emprisonné dans l’établissement que cet officier dirigeait avec une poigne de fer durant la guerre civile. Sauf que c’est Pritikin qui l’abat. Les habitants souhaitent que lui et sa famille quittent la région mais Garth qui l’avait alors sauvé de la pendaison essaie à nouveau de le défendre d’autant plus que sa nièce Jennifer est amoureuse du fils du Capitaine…

Mon avis : Ce milieu de saison 4 s’avère une véritable montagne russe qualitative, faisant se succéder formidables réussites et gros ratages, ou tout du moins épisodes peu captivants. On comprendra donc qu’après le splendide Blaze of Glory, Nobody said Hello puisse encore une fois grandement décevoir, d'autant plus qu’à nouveau le postulat de départ était intéressant, traçant le portrait d’un criminel de guerre qui, à sa sortie de prison, revient vivre auprès de son épouse et de son fils sans s’être remis en question quant aux atrocités qu’il a commis durant la Guerre de Sécession, continuant à débiter sans sourciller des énormités dignes d’un dignitaire Nazi et se vantant des tortures qu’il infligeait à ses prisonniers. Le personnage était d’emblée monstrueux ; il n’y avait donc nul besoin d’exagération supplémentaire dans l’écriture et pourtant le scénariste tombe à pieds joints dans le piège, manquant de la plus élémentaire des nuances pour le dépeindre, le rendant au final plus grotesque qu’inquiétant, le jeu sans finesse de James Whitmore n’arrangeant pas les choses, tout au contraire. Dommage car Herb Meadow a écrit quelques sympathiques scénarios pour le cinéma (Stranger on Horseback de Jacques Tourneur ; The Redhead from Wyoming de Lee Sholem) et que le comédien James Whitmore nous a souvent fait jubiler aussi bien dans des genres sérieux ou bien également dans la pure comédie voire même musicale : impossible d’oublier son jubilatoire duo avec Keenan Wynn dans le génial Kiss me Kate de George Sidney.

La première séquence pré-générique nous fait penser que la série va retrouver un peu de fantaisie après plusieurs épisodes très sombres. L’on voit ainsi nos cowboys en pleine nature se faire 'tirer le portrait' par un ex-soldat nordiste devenu photographe, joué par Peter Whitney qui en est à sa troisième participation à la série - et qui ne lui porte pas particulièrement chance (on aurait aussi voulu oublier le médiocre A Bride for Lars par exemple) - ; et il s’agit effectivement d’une scène pleine de fraicheur et de bonne humeur. Puis notre ex-unioniste qui a perdu un bras lors de la Guerre de Sécession apprend que son tortionnaire qui en est la cause, le capitaine Pritikin, vient d’être libéré de la prison de Leavenworth et qu’il revient vivre à Medicine Bow auprès de son épouse et de son fils. Cet homme affable se met alors à boire et à devenir haineux ; ivre de vengeance, il part attendre Pritikin à sa descente du train et le provoque avec véhémence ; pas de chances, tout ceci lui retombe dessus et il finit pas moins que par se faire abattre, son adversaire prétextant alors la légitime défense ; ce qui s'avère bien réel, le juge Garth allant appuyer ce fait. La défense de Pritikin en cour martiale alors qu’il était jugé pour crimes de guerre avait en quelque sorte lancé Garth, l’accusée lui en faisant désormais grief, disant que son cas lui avait apporté la notoriété ainsi que la richesse et qu’il souhaiterait maintenant en être un peu 'rémunéré' ("everything you are, Judge Garth, started with me") ; un incroyable culot alors que le juge avait réussi à lui éviter la potence !

Malgré ce manque indécent de reconnaissance, Garth ne sait néanmoins pas trop sur quel pied danser et freine un peu la demande de ses concitoyens de chasser la famille sans plus attendre ; en effet l’aimable épouse de ce monstre vient de tomber malade, le fils de ce couple est amoureux de sa nièce Jennifer, et en plus il vient de le faire embaucher à Shiloh, ne supportant pas que ce jeune homme qui n'a rien à se reprocher soit rejeté de toutes parts à cause du passé de son père. Même si l'on aurait pu penser à la lecture de ce résumé que Garth tiendrait un rôle d'importance dans cette histoire, l’épisode va plus principalement reposer sur les épaules de James Whitmore et de son personnage d’une monstruosité absolue, les autres invités se révélant sacrifiés par le scénariste, que ce soit Virginia Grey qui joue l’épouse ou Steve Carlson qui interprète le fils. Diane Roter n’arrive décidément pas à nous convaincre ; quant à Lee J. Cobb il n’a pas vraiment eu de chance : quelle tristesse qu’il doive quitter la série sur un épisode aussi moyen ! A aucun moment on n’évoquera le départ de Garth qui sera à priori explicité plus tard au cours de la saison, mais cependant il n’apparaitra ensuite plus jamais ; espérons que ses successeurs soient aussi talentueux que ce très grand comédien qui nous aura accompagné durant presque quatre saisons complètes et grâce à qui certains épisodes auront acquis une dimension supplémentaire. Les dernières minutes de l’épisode relèvent un peu le niveau, que ce soit la mort de Pritikin - ne m’accusez pas de spoiler car dans n’importe quelle fiction de l’époque un homme aussi odieux n’aurait pas tenu le coup jusqu’au bout non plus ; et d’ailleurs le juge l’avait prédit en disant que les serpents comme lui trouvent la mort en se mordant la queue – ou encore le touchant départ de son fils qui remercie Jennifer de lui avoir fait se sentir meilleur et se juger mieux ("thanks for liking me and wanting me to like myself better").

Quelques autres petites occasions de se réjouir au sein d’une fiction un peu outrancière : deux chansons par Randy Boone dont une dont il fut le compositeur, ‘Frog Dog Polliwog Song’ ; une efficace et vertigineuse séquence de suspense en haut d’un échafaudage ; une scène intéressante au cours de laquelle Trampas refuse de porter l'étoile d'adjoint quand Ryker lui demande de protéger Pritikin, estimant qu’il ne pourrait pas mener à bien cette mission, se sentant incapable de défendre une telle hyène. Il y avait un sacré potentiel de départ malheureusement gâché par un manque de nuances à tous les niveaux, aussi bien dans l’écriture que dans l’interprétation. Le prochain épisode devrait relever le niveau si la scie continue à avoir des dents régulières.


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Telly Savalas

4.17- Men with Guns

Réalisation : Leon Benson
Scénario : Halsted Welles
Guest Star : Telly Savalas & Brenda Scott
Première diffusion 12/01/1966 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7/10

Le Pitch : Trampas et Randy se rendent dans la petite ville de New Hope pour acheter des chevaux au Colonel Bliss (Telly Savalas). Sur leur route, ils croisent deux femmes qui enterrent l’époux de l’une d’entre elles ; celui-ci vient de succomber à une blessure par balles causée par les hommes du shérif ; ces derniers, à la demande de Bliss, le propriétaire des terres qui souhaite désormais les récupérer, exproprient un à un et sans scrupules tous les fermiers de cette communauté d’émigrants pacifistes. Trampas tombe amoureux de la fille du chef de la congrégation (Brenda Scott) et essaie de motiver ces hommes non-violents à se défendre par les armes…

Mon avis : L’épisode précédent n’était pas très bon, le suivant le sera donc : c’est un peu le constat et le leitmotiv de ce milieu de saison 4 en dents de scie. Mais comme les réussites se révèlent souvent remarquables, les ratages sont vite oubliés. Même si la série a atteint des sommets bien plus élevés, Men with Guns est excellent et aborde une nouvelle fois un thème qui a toujours abouti à des épisodes d’une remarquable tension, à savoir celui de la mainmise d’une petite ville par de riches propriétaires ou des businessmen véreux et sans scrupules avec sous leurs bottes les hommes de loi et les juristes qui leurs obéissent sans broncher. Leon Benson - dont Men With Guns sera malheureusement le dernier épisode qu’il réalisera - était d’ailleurs déjà aux manettes du superbe Show me a Hero avec un formidable Richard Beymer en principale Guest Star. Ces deux épisodes possèdent donc aussi beaucoup de points communs avec un autre sommet de la série, le 13ème de la saison 2, Siege, qui nous montrait déjà Trampas seul aux prises avec des Comancheros ayant fait main basse sur une ville éloignée de Medicine Bow. Comme dans les épisodes précédents qu’il réalisa (dont celui émouvant qui narrait le mariage de Betsy avant son départ définitif de la série), Leon Benson fait preuve d’une grande habileté notamment dans son utilisation inspirée des extérieurs, des gros plans et du hors-champ, ainsi que d’une efficacité certaine lorsqu’il s’agit de filmer des séquences mouvementées.

Des protagonistes récurrents de la série, nous ne verrons ici que Trampas et Randy, partis tous deux acheter des chevaux à un certain Colonel Bliss dont ils ne se doutent pas qu’il s’agit d’un tyran ayant pris la ville de New Hope sous sa coupe. Quatre ans en arrière, il a accepté de louer ses terres à toute une communauté d’émigrants pacifistes venus s’installer ; ces derniers ont travaillés d’arrache-pied pour arriver à subvenir à leurs besoins et ont en quelque sorte construits et développés la ville. Désormais, voulant tout récupérer en apprenant que les prix du foncier se sont envolés, le Colonel les fait expulser un à un par le shérif qui n’hésite pas à tirer quitte à tuer s’ils ne veulent pas déguerpir. Le shérif arrive toujours à cheval avec ses cinq hommes qui forment une sorte de 'horde sauvage' ; d’ailleurs le réalisateur Leon Benson les filme ainsi, une bande inquiétante rien que par sa manière de chevaucher et de se présenter devant les habitants qui ne savent pas comment réagir puisque leur religion leur interdit en quelque sorte d’avoir recours à la violence. Ce n’est pas que la tragédie finale donnera raison aux pacifistes, car s’ils s’étaient laissés faire ils seraient tous morts ou en fuite, mais les auteurs ne seront pas non plus tombés dans le piège de la justification de l’auto défense, témoin ce dernier échange entre Trampas et le chef de la communauté qui les fait tomber d’accord sur un espoir dans un proche avenir de ne plus jamais avoir à en passer par les armes mais uniquement par la diplomatie et l’intelligence. Une conclusion toute à fait digne d’une série qui s’est toujours voulue progressiste.

Pour en revenir à notre récit écrit par Halsted Welles (3.10 pour Yuma), Trampas et Randy arrivent à New Hope au moment où l’un des habitants s’est fait abattre suite à son refus d’obtempérer lorsque les hommes de loi étaient venus pour le faire quitter de force les lieux. Trampas étant tombé immédiatement amoureux de la charmante fille du patriarche et leader de la communauté - il n'est pas très difficile de le comprendre -, il va tenter de faire entendre raison aux citoyens en leur proposant de les aider à se défendre ; le talent et la beauté de Brenda Scott (déjà mémorable dans l’épisode Dark Destiny de la saison 2) aide à ce que cette romance soit totalement crédible et émouvante, les séquences la réunissant avec Doug McClure s’avérant vraiment superbes, d’une belle sensibilité et d’une grande délicatesse. Les fermiers de New Hope doivent donc lutter contre un despote totalement imprévisible et à vrai dire un peu fou, capable d’un côté de sacrifier 200 mineurs, de l’autre de pleurer à l’évocation de son épouse défunte. Habillé en dandy, affublé d’une barbichette assez croquignolette, Telly Savalas interprète avec jubilation ce personnage haut en couleurs certes parfois caricatural mais aussi de temps en temps assez attachant comme lors de cette séquence au cours de laquelle Bliss - qui n’a de Colonel que l’appellation, en fait ex-barbier ayant fait fortune grâce à l’exploitation de mines d’argent - espionne les habitants de la ville discourant sur leur situation, comme s’il découvrait le mal qu’il avait pu leur faire sans nécessairement s’en rendre compte. Un homme tout aussi cruel qu'émotif qui permet au futur Kojak de s’en donner à cœur joie, de tour à tour nous amuser, nous faire frissonner d’effroi par son rire de dément puis même nous émouvoir sur la fin.

La violence finalement choisie par les concitoyens pour se défendre face à une justice dévoyée aura un prix, coutera la vie de quelques-uns dans les deux camps lors d’une séquence finale très puissante voyant même Trampas laisser couler de sincères larmes. Excellente interprétation d’ensemble y compris les comédiens jouant les notables soudoyés par cet excentrique tyran d’opérette ou encore le fils de Bliss (Buck Taylor) sans oublier Robert F. Simon dans la peau du chef de la communauté qui prône la non-violence quitte à se faire tuer sans riposter. On aimerait bien que la série se poursuive en restant au moins à un tel niveau de qualité ; croisons les doigts pour que le soufflé ne retombe pas déjà dès l’épisode suivant.


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John Cassavetes


4.18- Long Ride to Wind River

Réalisation : Paul Henreid
Scénario : Sy Salkowitz
Guest Star : John Cassavetes
Première diffusion 19/01/1966 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 3/10

Le Pitch : En rentrant chez lui, Benjy trouve son épouse en train d’être molesté par un certain Hobey ; devant le Virginien qui l’empêche alors de faire une bêtise, il jure de le tuer. Le lendemain l'agresseur est retrouvé mort et bien évidemment Benjy est accusé du meurtre malgré le fait de clamer son innocence. Il est même condamné à mort, le Virginien ayant dû témoigner de la phrase de menace que son ami avait prononcée la veille de l’assassinat. Le régisseur souhaite néanmoins tout mettre en œuvre pour lui sauver la tête ; pour se faire il doit trouver un certain McIntosh (John Cassavetes), trappeur que Benjy a vu chez Hobey le matin même…

Mon avis : Vraiment très déstabilisant ce deuxième tiers de saison 4 : une fois sur deux il faut se remettre en condition pour vouloir poursuivre tellement l’épisode précédent aura été moyen voire mauvais. Rarement pour l’instant la série n’aura été aussi inégale, faisant alterner sommets et abimes avec une étonnante et malheureuse régularité. Vous aurez ainsi vite compris que l’épisode avec Telly Savalas ayant été une belle surprise, celui-ci avec John Cassavetes en Guest star s’avère au contraire plutôt calamiteux, la faute en incombant principalement, outre à un scénario alambiqué, à la direction d’acteurs de Paul Henreid, plus connu d’ailleurs comme comédien que comme réalisateur puisqu’il fût l’un des grands acteurs de l’écurie Warner durant les années 40, à l’affiche de certains mélodrames de Irving Rapper aux côtés de Bette Davis (Now, Voyager) mais surtout connu pour avoir interprété Victor Laszlo, le mari de Ingrid Bergman dans le chef d’œuvre de Michael Curtiz, Casablanca. Pour en revenir à cette absence de direction d'acteurs, on s'en rend compte dès le début, surpris que nous sommes du jeu de Clu Gulager bien plus (trop) expansif qu’à l’accoutumée malgré son temps de présence très limité dans cet épisode. Puis ceci se confirmera avec les autres dont, parmi les comédiens récurrents, James Drury absolument pas convaincant au cours des séquences où il se met à délirer faute à la fatigue et à la chaleur. Heureusement, hormis lors de ces scènes, il reste ce qu'il y a de mieux dans cet épisode, son talent permettant de ne pas trouver cette fiction encore plus catastrophique qu'elle ne l'est.

Il en va de même concernant les différentes Guests Stars, John Cassavetes en premier lieu ; il est légitime de se demander comment on a pu avoir cette idée incongrue et saugrenue de l’affubler d’un tel postiche de barbe ainsi que de costumes aussi risibles pour en faire au final un des trappeurs de montagnes les moins crédibles qui soit d’autant qu’il est en plus censé représenter un patriarche alors que l’acteur n’avait que 35 ans. Dramatiquement parlant, il n’est guère plus concluant, son personnage qui se voudrait haut en couleurs finissant vite par nous désintéresser totalement, tout comme l’intrigue d’ailleurs qui part dans tous les sens, cette fiction étant aussi peu captivante dans ses moments mouvementées que lors des scènes dialoguées, bavardes et relativement peu intéressantes. Mais avant de rentrer rapidement dans le vif de l’histoire, signalons encore Dub Taylor qui cabotine à outrance et qui en devient rapidement pénible ; un acteur pourtant talentueux et au visage facilement reconnaissable dont on ne compte plus les apparitions dans de nombreux films de Delmer Daves, Andrew V. McLaglen ou Sam Peckinpah. Quant à Pilar Seurat, son interprétation d’une jeune indienne frôle le ridicule. Il faut dire à la défense des comédiens que les différents protagonistes ne sont pas gâtés par un scénario à coté de la plaque. Bref d’une part si le nom du scénariste Sy Salkowitz est aussi peu connu c’est pour une bonne raison, de l’autre Paul Henreid aurait mieux fait de rester devant la caméra : sa réalisation ne vaut guère mieux que sa direction d'acteurs, n’arrivant jamais à nous captiver par de quelconques idées de mise en scène malgré une histoire qui avait du potentiel.

En effet, elle commençait une nouvelle fois par une critique très peu voilée de la peine de mort puisque le spectateur est quasiment certain de l’innocence du condamné surtout après que ce dernier ait tenu un discours qui respirait une grande sincérité : "A man spends his whole life thinking about how to live right. When he gets in trouble, he keeps telling himself, 'be truthful and be honest, they can't hang you for something you didn't do.' But they're gonna!" ; le scénario mettait encore en avant le progressisme des auteurs puisque le Virginien refuse catégoriquement que son ami se fasse vengeance après qu’il ait surpris son épouse agressée par un sale type : "We've got a sheriff for things like this, Benjy." Mais le scénario est non seulement invraisemblable mais aussi inutilement tarabiscoté, semblant également étiré mécaniquement dans le seul but de pouvoir atteindre les 72 minutes réglementaires. Et du coup, alors que l’intrigue était partie sur la tentative pour le Virginien de trouver le véritable coupable d’un meurtre afin d’éviter la pendaison d’un ami, elle bifurque à mi-parcours vers le plus pur 'serialesque' : la fuite du Virginien qui avait été fait prisonnier par l’homme qu’il recherchait qu’il prend alors à son tour en otage, le retour à Medicine Bow de nos deux hommes avec multiples embûches sur leur chemin dont la traversée d’un désert, leur enlèvement par des indiens, une romance du Virginien avec une squaw… Bref, toutes les situations sont convoquées, beaucoup de poncifs aussi et pas mal de séquences ridicules notamment au cours du séjour dans le camp indien, le pire étant celles au cours desquelles le régisseur de Shiloh et la jeune indienne essaient de communiquer par l’intermédiaire de dessins sur le sable.

Un milieu de saison faisant souffler d'un épisode à l'autre le chaud et le froid, le téléspectateur étant sans cesse inquiet de pouvoir tomber deux fois de suite sur d’aussi mauvais épisodes. Faites que ces maudites montagnes russes s’arrêtent au plus vite au risque de nous perdre ! En attendant nous retiendrons quand même pour cette histoire un début prometteur qui bifurque malheureusement ensuite vers une intrigue inutilement complexe, languissante, mal écrite et à vrai dire un peu idiote dans a progression. Il s'agit du seul épisode de ce deuxième tiers de saison diffusé en France à la télévision et donc le seul à avoir été doublé : on se demande bien pourquoi tellement il y avait beaucoup mieux à importer parmi les épisodes 'alentours' ?



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Jeremy Fox
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Ed Begley

4.19- Chaff in the Wind

Réalisation : Herman Hoffman
Scénario : Joy Dexter
Guest Star : Tony Bill Linda Lawson & Ed Begley
Première diffusion 26/01/1966 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7/10


Le Pitch : Après avoir été chassés de Laramie pour escroqueries, Micah Ellis (Ed Begley), son fils Clipper (Tony Bill) et sa fille Becky (Linda Lawson) atterrissent à Shiloh après qu'une roue de leur chariot se soit brisée. Randy et Jennifer font le forcing auprès du Virginien afin qu'ils puissent rester travailler et être hébergés au ranch ; le régisseur finit par accepter malgré le fait de ne pas être très confiant. Il se trouve cependant que les deux hommes travaillent avec efficacité, qu'ils s'intègrent parfaitement à l'équipe et que Betty s'entend bien avec Jennifer ; sauf que l'arrivée du frère de Micah à Medicine Bow va faire mal tourner les choses...

Mon avis : Qualitativement parlant, avec une régularité métronomique la saison 4 continue d'alterner les hauts et les bas sans presque jamais stagner dans la moyenne ; ce qui veut évidemment dire qu'après Long Ride to Wind River, l'épisode assez catastrophique avec John Cassavetes en Guest Star, Chaff in the Wind s'avère au contraire être une très bonne cuvée. Sans être forcément palpitante, l'histoire de cet épisode se révèle écrite avec nuances et intelligence, ses protagonistes richement dépeints et surtout leurs interprètes très talentueux. Elle narre le récit d'une famille de canailles assez pauvre qui va de ville en ville pour essayer de survivre en escroquant les habitants des bourgades dans lesquelles elle fait une halte : le père et l'oncle sont des voleurs et filous, le fils triche aux cartes alors que la fille, grâce à son charme, arrive toujours à se faire embaucher en tant que Saloon Gal. Lorsque l'intrigue débute, ils sont chassés de Laramie où ils ont provoqué une bagarre mais l'oncle reste en prison ; les trois autres se dirigent vers de nouvelles contrées. Une roue de leur chariot s'étant brisée pas loin de Shiloh, Randy et Jennifer qui étaient sur place lors de l'incident les conduisent au ranch et harcèlent le Virginien pour que ce dernier accepte de les garder un peu ; le père et le fils pourraient travailler en tant que cow-boy alors Becky tiendrait compagnie à la nièce du Juge Garth se sentant un peu seule parmi tous ces 'mâles'. Malgré une confiance un peu limitée en ces nouveaux arrivants, le régisseur finit par accepter.

Il sera quelques temps plus tard le premier à avouer qu'il avait tort de les mésestimer, les deux hommes accomplissant leurs tâches avec entrain et efficacité alors que la jeune femme semble bien s'entendre avec Jennifer. Il aura compris entre temps que les membres de cette famille n'ont pas toujours été d'une parfaite honnêteté mais leurs explications – la vie ne les a jamais vraiment gâtés - et leur franchise les lui rendent encore plus sympathiques d'autant que depuis le début de la série il a toujours prôné le fait de devoir toujours accorder une seconde chance, le nombre d'épisodes contant ses différentes tentatives pour faire revenir de jeunes voyous dans le droit chemin s'avérant assez conséquent sans que les auteurs se soient sentis obligés d'en passer par un pénible moralisme. C'est encore le cas concernant cette fiction écrite et réalisée par deux hommes ayant exclusivement travaillé pour la télévision, Chaff in the Wind étant leur seule participation à la série. La fin sera d'une belle dignité sans qu'elle ne fasse trop donneuse de leçons même si une tragédie aura failli sanctionner le mauvais coup préparé. Outre un bon travail d'ensemble du réalisateur et du scénariste, la réussite repose avant tout sur les épaules des trois comédiens invités qui s'ils étaient tombés dans un cabotinage outrancier auraient au contraire rendu l'épisode très facilement pénible. Le patriarche, c'est Ed Begley, l'un des Twelve Angry Men de Sidney Lumet, déjà génial en personnage haïssable dans The Invaders, très grand épisode de la saison 2. Il trouve encore ici le parfait équilibre alors qu'il aurait été très facile pour lui de déraper dans l'exagération.

Le rôle du fils joueur de poker est tenu par le jeune et frêle Tony Bill dont on se souviendra surtout pour son interprétation au milieu d'un prestigieux casting dans le très bon film d'espionnage de John Sturges, Destination: Zebra, station polaire (Ice Station Zebra) ; lui aussi s'avère à la fois très juste mais jamais trop effacé pour autant, tout comme sa sœur interprétée par la ravissante Linda Lawson qui sera plus tard la missionnaire métis dans le très sympathique La Fureur des Apaches de William Witney. Des personnages pas évidents à jouer dans la sobriété et à rendre attachants puisque escrocs, fainéants et pas spécialement bienveillants au départ - ils se définissent eux même comme du chiendent -, pourtant appelés à se remettre en question et à évoluer vers du positif ; James Drury leur donne la réplique avec sa détermination habituelle ainsi que son impassible aplomb coutumier, alors que Randy Boone nous gratifie à nouveau de deux de ses compositions, 'Wouldn't You Know' ainsi que 'Wanderin' Wonderin' qui, pour ceux qui y seraient réfractaires, ne durent guère plus d'une minute chacune. Quant au quatrième membre du quatuor qui sera resté en prison durant une bonne moitié de l'épisode, Lonny Chapman l'incarne lui aussi avec talent ; dans le domaine du western, on le retrouvera entre autres à l'affiche de cette N-ième version autour du fameux règlement de comptes à OK Corral, le passionnant Sept secondes en enfer (Hour of the Gun) réalisé lui aussi par John Sturges.

Un épisode assez doux, plutôt bavard mais au ton toujours juste, des auteurs compréhensifs et attachés à leurs personnages qu'ils ne jugent jamais avec sévérité – pas même l'oncle qui semble un peu plus aigri mais faute à une vie peu reluisante -, des interprètes remarquables au service d'une histoire pas spécialement mouvementée mais néanmoins sacrément agréable. Nous regretterons juste une mise en scène pas toujours inspirée, une Diane Roter décidément bien limitée dramatiquement parlant, des décors parfois tout juste passables (celui du pique-nique avec son herbe vert pomme) et quelques deux ou trois autres fautes de goûts sans grandes conséquences. Pour le reste, on croise à nouveau les doigts pour que la suite nous apporte autant de plaisir.


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Anthony Caruso

4.20- The Inchworm's got no Wings at all

Réalisation : Paul Stanley
Scénario : Herman Miller
Guest Star : Anthony Caruso, Lou Antonio & Angela Clarke
Première diffusion 02/02/1966 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7/10


Le Pitch : Niles travaille à Shiloh depuis peu ; il vient de s'installer dans le voisinage avec ses parents et Marcy, sa sœur de 17 ans handicapée mentale ; alors qu'elle jouait auprès d'un point d'eau, la jeune fille est témoin de l'assassinat d'un homme blessé. Le meurtrier était le complice de ce dernier lors de l'attaque de la banque de Medicine Bow. Personne ne connaissant son identité, il se fait embaucher dans l'équipe du Virginien le temps que l'affaire se tasse. Marcy, prise en charge par Jennifer qui souhaite aider à son éducation, se rend avec sa nouvelle amie à un bal ; la jeune retardée tombe nez à nez avec le tueur ; elle le reconnaît et en est effrayée...

Mon avis : La malédiction de la montagne russe qualitative de ce deuxième tiers de saison semble enfin avoir pris fin puisque cet épisode réalisé par Paul Stanley (le même homme qui avait précédemment signé l'attachant Nobility of Kings avec Charles Bronson en Guest Star) est une deuxième belle réussite consécutive après Chaff in the Wind qui avait pour principale vedette l'excellent Ed Begley. The Inchworm's got no Wings at all pouvait facilement tomber dans les pièges larmoyants des fictions ayant pour thème principal le handicap mental, sauf que les auteurs s'en tirent remarquablement bien grâce avant tout à l'interprétation toute en nuances de Stacey Gregg qui parvient à rendre son personnage touchant et rarement exaspérant. Marcy est une jeune fille de 17 ans "un peu lente" comme la décrivent ses parents et son frère pour cacher son retard mental. A l'époque où se déroule cette histoire, il était honteux d'avoir un enfant attardé d'autant plus que l'on pensait que c'était héréditaire ; la famille avait louvoyé de ville en ville, déménageant à de nombreuses reprises pour échapper aux moqueries à chaque fois que leur secret avait été découvert. Si le père semble ne pas s'en offusquer et reste très attaché à sa fille, la mère ne supporte plus la situation et dit même franchement qu'il serait plus facile pour tous si elle pouvait être morte. Quant au frère, s'il a jusqu'à présent tout fait pour que sa sœur soit heureuse, il en a un peu marre lui aussi en estimant jusque là lui avoir sacrifié sa jeunesse ; il aimerait désormais la placer en institution pour pouvoir enfin trouver 'la liberté' et vivre sa propre vie.

Si l'épisode est aussi réussi, on le doit donc avant tout à l'excellence des comédiens qui tiennent les rôles des quatre membres de la famille : dans celui du père d'une gentillesse et d'une patience remarquable mais ne sachant désormais plus que faire, Anthony Caruso dont le nom ne vous dira peut-être rien mais dont le visage vous est obligatoirement connu, ayant joué dans plusieurs centaines de films ou épisodes de série TV et notamment surtout utilisé par Allan Dwan dans le domaine du western ; dans celui de la mère que l'état de sa fille gêne, dont elle a honte et qui ne pense qu'à la cacher, Angela Clarke qui s'en sort avec les honneurs, son rôle n'étant pas évident puisque son personnage est au départ assez déplaisant ; dans celui de Marcy, Stacey Gregg dont nous avons déjà dit un mot dans le paragraphe précédent et qui parvient à trouver le ton juste pour nous rendre touchant son personnage ; et enfin Lou Antonio, lui aussi très convaincant dans le rôle de son frère qui a beau l'aimer plus que tout mais qui commence à fatiguer au point d'être désormais prêt à l'abandonner à son sort pour aller voler de ses propres ailes, un protagoniste d'égale importance à celui de Marcy au sein du scénario de Herman Miller. La qualité de l'interprétation et de la direction d'acteurs font que l'ensemble ne sombre jamais dans la mièvrerie malgré aussi la seconde partie du générique qui aurait pu le faire craindre, se déroulant pour la première fois sur une chanson écrite et interprétée par Randy Boone, The Inchworm's Song, soit à peu de choses près le titre de l'épisode. La belle voix grave du chanteur et la beauté entêtante de la mélodie font qu'après le premier moment de surprise, l'émotion est de mise.

Quant aux figures récurrentes de la série, elles ne sont pas oubliées pour autant, Diane Roter nous faisant même la surprise de se révéler pour une fois assez probante lorsque Jennifer décide avec la même ténacité que le Virginien de s'occuper de l'éducation de la jeune handicapée ; Randy est surtout là pour gratter les cordes de sa guitare et entonner à plusieurs reprises la très jolie chanson-titre ; quant à James Drury, il s'avère égal à lui-même. Paul Stanley nous prouve à nouveau après Nobility of Kings qu'il est un réalisateur assez efficace et qu'il sait utiliser les beaux décors naturels mis à sa disposition (il me semble ne pas encore avoir vu les lieux où se déroule l'intrigue lorsque celle-ci ne nous envoie pas à Shiloh). Parallèlement à cette histoire de famille gênée aux entournures par un des ses membres handicapé, nous avons également à faire au récit d'un hold-up ayant mal tourné et ses conséquences puisqu'il a occasionné un mort sur place et blessé l'un des deux braqueurs. Le deuxième bandit ne pouvant pas risquer d'être retrouvé à cause de son acolyte en mauvaise posture, préfère l'abattre pour mieux se fondre dans la foule et ne pas être retrouvé de si tôt. Malheureusement pour lui, il y aura un témoin de cet assassinat qui ne sera autre que la jeune 'folle'. Sans savoir qu'il a été vu lors de l'accomplissement de son acte haïssable, il décide de se faire embaucher à Shiloh jusqu'à ce que l'affaire ait été classée et de récupérer l'argent caché beaucoup plus tard, lorsque les recherches auront cessé. Les deux histoires vont donc s'imbriquer, l'épisode proposera ainsi également quelques bonnes séquences de chasse à l'homme et de traque - superbes plans des hommes du posse fouillant les collines alentours, déployés sur plusieurs niveaux - et de suspense (la scène du bal ou encore le final cependant un peu grossier et vite expédié).

Le Happy End sera en revanche assez émouvant, les parents s'étant remis en question et acceptant désormais leur fille malgré son retard, affirmant qu'ils l'aimeront dorénavant comme n'importe quel autre enfant, qu'ils seront heureux du peu qu'elle pourra acquérir et qu'ils seront patients pour tout le reste. Un épisode bien écrit et bien interprété, plein de bons sentiments mais d'une belle dignité. A signaler aussi un inquiétant Henri Brodie dans la peau du malfrat à la cicatrice lui barrant le visage ainsi que quelques belles idées comme celle des lanternes chinoise achetées pour le bal ; des détails certes anodins mais qui participent du réalisme de la série. On attaque maintenant le troisième tiers de la saison qui espérons le sera moins inégal.



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Re: Le Virginien

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John Dehner


4.21- Morgan Starr

Réalisation : Anton Leader
Scénario : Herman Miller & Barry Oringer
Guest Star : John Dehner & Peggy Castle
Première diffusion 09/02/1966 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 6/10


Le Pitch : Le Juge Garth est désormais gouverneur du Wyoming ; il a demandé à son ami Morgan Starr (John Dehner) de reprendre les rênes de Shiloh mais tous les cowboys du ranch sont attristés qu’il n’ait pas proposé sa place au Virginien. Le régisseur vient chercher son nouveau patron à la gare et se rend compte immédiatement qu’il s’agit d’un homme dur et déterminé, peu porté sur le dialogue contrairement à son prédécesseur. Quoiqu’il en soit, fidèle à Garth, il décide de lui faire confiance et de continuer à travailler pour son remplaçant alors que tous ses hommes pensaient que par susceptibilité il allait quitter la place…

Mon avis : Lee J. Cobb avait fait sa dernière apparition dans la série dès le 6ème épisode de cette saison, le juge Garth ayant été nommé gouverneur du Wyoming et ayant dû déménager à Cheyenne. Entre temps, c’est le Virginien qui avait assuré l’intérim. Aujourd’hui, Garth a choisi un remplaçant en la personne de Morgan Starr, un homme qui avait combattu contre lui durant la Guerre de Sécession mais qui plus tard était devenu son ami, tous deux ayant dû lutter côte à côté contre la famine, la faim, le froid et autres éléments pour devenir ranchers. Tous les cowboys de Shiloh sont non seulement dépités mais surpris que le Virginien n’ait pas été définitivement désigné pour prendre la place de Garth, les deux hommes s’étant toujours entendus à merveille. Ils font des paris quant au départ du Virginien, pensant tous qu’il sera déçu de ne s’être pas vu proposé la place ; ils pensent même que s’il part, beaucoup feront de même. Nous verrons au final qu’ils s’étaient pas mal trompés mais laissons un peu la surprise d’autant que tout le monde sait très bien que malgré – ou plutôt à cause de - son immense loyauté pour le juge Garth, il n’en sera rien, auquel cas contraire il n’y aurait plus eu de série. L’un des axes principal de l’intrigue qui nous concerne ici repose justement sur une réflexion à propos de la direction des affaires, le ‘management’ et les responsabilités qui incombent à un propriétaire terrien et à un régisseur. L’on comprendra que l’épisode s’avère ainsi un peu bavard mais les discussions à ce propos restent constamment intéressantes, notamment le laïus du Virginien sur la liberté.

L’autre principal thématique du récit s’appuie sur la différence de caractère et de tempérament entre Garth et Morgan Starr. Alors que le premier était un modèle de progressisme, à l’écoute de ses employés et parvenant facilement à se mettre à leur hauteur, il n’en va pas de même du repreneur qui par sa froideur et son apparent dédain ne met personne dans sa poche, tout le monde au contraire se méfiant d’emblée d'un dirigeant si peu aimable. Lorsque le Virginien vient le chercher à la gare, son nouveau patron le considère presque comme son valet, ne lui adressant la parole que pour lui demander de porter ses bagages. Ce protagoniste allant rester dans la série durant quatre épisodes, on se doute bien que ce n’est pas aussi simple et que son comportement n'est pas dû au hasard. Et effectivement nous apprendrons que cet homme autoritaire n’a pas eu la vie facile surtout par le fait d’avoir perdu sa femme et sa fille de 19 ans ; de plus, s’il n’a effectivement pas les mêmes idées ni manières de penser que son prédécesseur, celles-ci ne seront pas forcément mauvaises malgré le fait qu'elles aient semblé au départ surprenantes, d’autant qu’il les assume totalement ("It's my job to make decisions and live with the consequences"), témoin la décision qu’il prend envers et contre tous lorsqu’il s’agit de lutter contre une invasion imminente de crickets. Alors que ses voisins ont dans l'idée d’aller sans plus tarder mettre à l’abri leurs troupeaux dans le désert, il décide au contraire de ne pas déplacer ses bêtes et de combattre les insectes meurtriers en mettant en place un barrage de feu qui devrait les détruire. Il s’agira alors du troisième élément de cette histoire avec aussi les idées de vengeance d’un des cowboys de Shiloh qui tient Morgan Starr pour responsable de la mort de son fils lors d’un précédent convoi. Tout cela amènera à des rivalités destinées à tenir le spectateur en haleine jusqu’au bout.

Mais si la réalisation de Anton Leader - dont c’est le troisième épisode d’un corpus qui en comptera 14 – ainsi que le script à quatre mains de Herman Miller & Barry Oringer - deux auteurs ayant chacun déjà signés auparavant un bon épisode de la série – sont tout à fait honorables, l’ensemble manque cependant un peu d’originalité, d’émotion, de tension et de puissance dramatique malgré une séquence de lutte par le feu contre les insectes – un peu longue et trop peu spectaculaire faute de moyens – ainsi que l'intégration d’un nouveau protagoniste à Shiloh qui avait tout pour captiver notamment au travers les conflits qu’il allait générer face à des hommes toujours fidèles de cœur au juge Garth. Et ce n’est pas la faute de l’excellent John Dehner, remarquable comédien de seconds rôles que l’on a croisé dans moult westerns durant les années 50 et 60, souvent sous la direction de réalisateurs de série B comme Ray Nazarro, Harmon Jones ou Lesley Selander mais également sous la houlette de Anthony Mann (L’homme de l’Ouest), Robert Aldrich (Bronco Apache) ou encore Arthur Penn (inoubliable Pat Garrett dans Le Gaucher). Prendre la suite de Lee J. Cobb n’était pas chose facile ; avec un rôle aussi ingrat, il s’en sort plutôt bien et parvient in fine à nous rendre son personnage impopulaire si ce n’est sympathique mais néanmoins plutôt attachant. Nous assisterons à de très bonnes séquences de confrontation entre lui et James Drury ainsi qu’avec Diane Roter qui depuis deux épisodes semble avoir pris un peu confiance en son jeu même si elle est encore loin de nous convaincre totalement.

Parmi les autres protagonistes récurrents de la série, peu de temps de présence pour chacun mais un prologue assez savoureux réunissant Randy Boone, Clu Gulager et LQ Jones, dépités de savoir que le Virginien n’a pas été choisi pour devenir le nouveau patron du ranch Shiloh, ne comprenant pas son manque de réactions. Sinon, même s’il n’est pas mentionné au générique ni sur IMDB, il va de soi que la plupart des très bons thèmes musicaux sont signés par le grand Bernard Herrmann tellement son style est immédiatement reconnaissable : plusieurs sont d’ailleurs réutilisés de l’épisode où il apparaissait bel et bien noir sur blanc au générique final. Le Virginien aura failli prendre la décision de quitter Shiloh... mais au final il aura changé d’avis, son nouveau boss s'avérant ne pas être un si mauvais bougre que cela… mais ce n’est une surprise pour personne et tant mieux pour nous spectateurs ! Le Virginien : "The Judge never does anything without reason. Whatever you may think of Morgan Starr, he's the Judge's choice, and that's good enough for me. Whatever I might think of him personally I'll ride along with him till he gives me reason not to". Jennifer : "The Judge asked him to stay on. The Virginian would fight the devil himself if the Judge asked him to" ; deux exemples qui démontrent outre la qualité des dialogues, la preuve de la loyauté sans failles du Virginien pour son ancien patron.


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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Harvest of Strangers, l'épisode suivant est absolument remarquable, sorte de variation sur Silver Lode sur la bêtise et l'intolérance de la populace avec en supplément un progressisme pro indien absolument admirable. A suivre
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Alexandre Angel
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Re: Le Virginien

Message par Alexandre Angel »

Jeremy Fox a écrit : 4.15- Blaze of Glory
Ce jeune homme extrêmement malsain – puisqu’il tourne aussi autour de Judy - est interprété avec talent et efficacité par Michael Sarrazin dont on se rappelle surtout sa prestation dans On achève bien les chevaux (They Shoot Horses, Don't They?) de Sidney Pollack ou encore dans son rôle du fils illégitime de Henry Fonda dans Le Clan des irréductibles (Sometimes a Great Notion) de Paul Newman. Dans cet épisode du Virginien, il fait froid dans le dos
L'acteur d'une époque et aussi de sacrés souvenirs de téloche. Je me souviens également de lui dans un film que j'aimerais revoir : The Flim-Flam Man (Une sacrée fripouille), d'Irvin Kershner, ou il partageait la vedette avec George C.Scott.
Et aussi, bien sûr, dans Frankenstein : The True Story, téléfilm de Jack Smight, qui en avait fait cauchemarder plus d'un. L'avais-tu vu? (deux samedis de suite le soir sur Antenne 2 en 76-77)
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit : Et aussi, bien sûr, dans Frankenstein : The True Story, téléfilm de Jack Smight, qui en avait fait cauchemarder plus d'un. L'avais-tu vu? (deux samedis de suite le soir sur Antenne 2 en 76-77)
Ah non, pas du tout. Je ne connaissais même pas son existence. Mais Frankenstein à 9 ans, je ne pense pas que j'aurais eu le droit de regarder. :wink:
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Alexandre Angel
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Re: Le Virginien

Message par Alexandre Angel »

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C'était passé à 20h30 (il me semble) et dans mon lointain souvenir, sans prévenir que ça allait être corsé. Je te dis pas les discussions le lundi dans la cour de récré.
Et c'est curieux car j'ai le sentiment, sans doute fallacieux, d'avoir vu ça tout seul.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

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John Dehner et John Anderson

4.22- Harvest of Strangers

Réalisation : Paul Stanley
Scénario : Leon Tokatyan
Guest Star : John Anderson
Première diffusion 16/02/1966 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 9/10


Le Pitch : Ryker doit quitter Medicine Bow quelques jours ; comme par hasard c’est le moment choisi par un groupe de canadiens français et d’indiens Crees dirigé par Chilton (John Anderson) pour s’installer un certain temps en ville. Les habitants voyant l’arrivée de ces étrangers d’un mauvais œil et la paranoïa s’emparant de la bourgade malgré la promesse de ces ‘métis’ de ne pas avoir l’intention de provoquer de troubles, la tension va monter jusqu’à provoquer violence et tragédies. Morgan Starr, le nouveau patron de Shiloh, ainsi que son régisseur le Virginien, vont tenter de faire de la médiation… sans grands résultats.

Mon avis : Après un deuxième tiers de saison mi-figue mi-raisin voici que la série nous offre l’un de ses plus grands épisodes, voire même le plus grand ; en tout cas le plus étonnant et le plus sombre depuis ses débuts. Nous en profiterons pour ceux qui voudraient découvrir la série par balayer à nouveau ce qu’elle a produit jusqu'ici de meilleur en en citant les sommets : Throw a Long Rope de Ted Post, Impasse de Maurice Geraghty ou The Judgment de Earl Bellamy dans la saison 1 ; It Takes a Big Man de Bernard McEveety, Siege de Don McDougall ou Another's Footsteps de R.G. Springsteen dans la saison 2 ; puis plus récemment Show me a Hero de Leon Benson ; mais Harvest of Strangers leur damne encore le pion, tout du moins pour ma part car sur imdb il est l’un des épisodes les plus mal noté ; à croire que l’ambition, le progressisme et le culot ne paient pas auprès des admirateurs de la série, et c’est bien dommage ! Mais qui sont ces métis comme se nomment eux-mêmes les membres du groupe qui arrive ce jour à Medicine Bow et qui semble terroriser tous les habitants qui ne veulent pas que la tranquillité de leur bourgade vole en éclats faute à des étrangers. Il faut dire que douze personnes puissamment armées qui viennent s’installer quelques jours en ville sans dire dans quel but avaient de quoi inquiéter les citoyens ; de là à susciter une telle paranoïa qui va virer à la folie furieuse, il n’y avait qu’un pas. Pour information, que ceux qui ne veulent pas se gâcher d’éventuelles surprises évitent de lire cet avis dans lequel je me suis senti obligé de spoiler tout du moins dans le dernier paragraphe !

Pour en revenir aux métis de ce récit, un tout petit peu d'histoire pour en apprendre davantage : ce sont des canadiens au sang mêlé français et indiens Crees qui vivaient sur la baie d’Hudson depuis longtemps mais qui dès 1867 se font fait déposséder de leurs terres par la confédération canadienne du gouverneur William McDougall, ce dernier devant alors faire face à une rébellion légitime due à l'opposition des colons encore majoritairement francophones qui n’avaient pas été consultés quant à l’annexion de ce qui deviendra la province de Manitoba, étant depuis ce jour considérés "plus mal que des chiens". Les Métis, sous la conduite de Riel, s’organisent pour reconquérir leurs territoires, les terres qui leur ont été confisquées ainsi que leurs droits. C’est ainsi qu'un petit groupe de ce 'peuple' arrive à Medicine Bow pour y recevoir une somme conséquente destinée à combattre ceux qui les ont spolié de leurs biens et accueillir celui qui a été désigné comme leur chef. Sauf qu'ils ne veulent pas ébruiter le but de leur visite, les espions canadiens étant déjà à leur recherche. Ces métis sont bruyants et remuants, parlent forts et boivent beaucoup mais, comme ils l’affirment haut et fort, ils ne sont pas là pour semer le désordre. La méfiance de la plupart des habitants pour des étrangers - qui plus est à moitié indiens - n’est pas ébranlée par leurs paroles qui se veulent pourtant rassurantes et ils vont trouver toutes les excuses pour les faire partir quitte à en passer par la violence. Le leader des citoyens excédés est interprété avec grand talent par Val Avery et son visage grêlé, comédien que l’on a souvent croisé dans le western, notamment dans le superbe Dernier train de Gun Hill de John Sturges ; celle par qui le drame va arriver est campée par une Barbara Turner qui aura parfaitement réussi à se faire haïr.

L’épisode va ainsi questionner le puritanisme, la xénophobie et le racisme qui régnaient à l’époque ; une femme va attiser le feu, faisant croire à son entourage avoir failli être violée : une femme mystérieuse qui ne semble pas très nette dans sa tête, une sorte de nymphomane sexuellement frustrée, attisant d’abord les hommes qu’elle croise avant de se refuser au dernier moment. Le comportement un peu exubérant de ces canadiens qui aiment faire la fête va vite les cataloguer et plus personne ne fera attention aux efforts de modération et de médiation du nouveau patron de Shiloh, Morgan Starr. Alors que nous avions été échaudés par son caractère lors du précédent épisode, espérant presque qu’il ne reste pas longtemps à son poste tellement il s’était avéré être bien moins humain que Garth - Harvest of Strangers revient d’ailleurs sur ce fait en tout début, ses hommes ne l’appréciant guère faute à sa façon dictatoriale de diriger le ranch : "la discipline passe avant tout" - il se montre ici sous un tout autre angle, notamment à propos des étrangers, outré à son tour par le comportement de ses concitoyens, prenant fait et cause pour les métis avant même de s’apercevoir que leur chef était un grand ami à lui : "Je sens fort bien que je ne fais pas encore partie de cette ville, mais après ce que j’ai entendu je n’ai pas envie d’en faire partie". C’est le seul avec le Virginien et une prostituée (superbe Jan Shepard, l’institutrice de l’épisode The Brothers) qui vient prendre la défense de ces nouveaux venus et qui n’en démordra pas jusqu’à la fin quitte à se retrouver presque seul contre tous. Et du coup, nous nous désolons de savoir qu’il ne fera pas de vieux os au sein de la série, beaucoup plus attachant et émouvant que lors de l'épisode précédent où nous faisions alors seulement sa connaissance.

Une fiction d’une profonde noirceur et d’une grande dignité, une tragédie pleine de bruit de de fureur, certains protagonistes se voyant même - certes accidentellement - obligés de tuer leur meilleur ami : nous n’oublierons pas de sitôt la mort de John Anderson – comédien une troisième fabuleux au sein de la série, nous délivrant ici un magnifique message de fraternité et de tolérance – ainsi que les larmes de détresse et de chagrin de John Dehner et Jan Shepard alors que retentit un poignant chant funéraire indien sur la petite ville dont la rue principale a été vidée de ses habitants, ces derniers s’étant tous rendus à un autre endroit pour brûler vif les étrangers aux abois. Ici Paul Stanley (le même homme qui avait précédemment mis en scène le plaisant Nobility of Kings avec Charles Bronson en Guest Star ainsi que le très attachant épisode sur le handicap mental, The Inchworm's got no Wings at all) signe une splendide mise en scène, l’utilisation des gros plans amenant des séquences d’une force peu commune, tout comme ses plans caméra à l’épaule sur les visages de la foule en délire venue assister au ‘spectacle’ de la tuerie des étrangers. Alors que le drame se termine, le Virginien dit à son patron qu’il reste sur place jusqu’à ce que l’incendie ait pris fin sur quoi Morgan Starr lui réplique que les flammes ne seront certainement pas éteintes avant une bonne cinquantaine d’années. Un épisode qui n’a rien à envier aux meilleurs westerns des années 60, sorte de parfait mélange entre une variation sur le Silver Lode d’Allan Dwan (pour montrer l’intolérance, la bêtise, la couardise et la peur irraisonnée de la populace qui font devenir ses membres des monstres sanguinaires) et les meilleurs discours progressistes pro-indiens. A signaler enfin des relations extrêmement émouvantes - et surtout sacrément culottées au sein d’une série familiale des 60's - qui se nouent entre le vieux chef des métis et la Saloon Gal. Aussi puissant, tendu et gonflé qu’émouvant, un remarquable petit chef d’œuvre du genre.


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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

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Doug McClure & Clint Howard

4.23- Ride a Cock-Horse to Laramie Cross

Réalisation : Anton Leader
Scénario : Clair Huffaker
Guest Star : Nita Talbot & Clint Howard
Première diffusion 23/02/1966 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 5.5/10

Le Pitch : Alors qu’il retourne à Shiloh, Trampas assiste au meurtre d’un vieil homme qui n’avait pas voulu révéler la cachette des enfants qu’il avait ‘enlevé’ au despotique 'El Supremo’, un chef de bandits mexicains ; ce dernier avait quelques temps auparavant tué le père des enfants pour trahison et dans le même temps banni leur maman ; c’est à sa rencontre que les enfants et leur oncle se rendaient, la mère s’étant réfugiée à Laramie. Trampas retrouvant les enfants avant les hommes de main de El Supremo, il décide de les conduire à destination avec l’aide d’une femme aux manières un peu rustres (Nita Talbot) rencontrée sur sa route…

Mon avis : C’est le scénariste Clay Huffaker, très prolifique dans le domaine westernien durant les années 60 - Les Sept chemins du couchant et Les Cavaliers de l’enfer avec Audie Murphy, Les Rôdeurs de la plaine de Don Siegel avec Elvis Presley, Les Comancheros de Michael Curtiz avec John Wayne, Rio Conchos de Gordon Douglas... - qui est pour la deuxième et dernière fois à l’écriture d’un épisode du Virginien après The Hero qui avait pour Guest Star l’excellent Steve Forrest et qui narrait une machination assez tordue pour arriver à faire chanter le juge Garth. Après le remarquable mais sombre Harvest of Strangers, on en revient à un ton plus léger et à une histoire mouvementée certes sympathique mais sans surprises et qui surtout pour cette raison a du mal à nous captiver plus que ça malgré ses nombreux rebondissements ; il s’agit d’un sorte de Buddy Movie avec Trampas et une femme un peu rustre qui se sont donnés pour mission de convoyer deux jeunes enfants jusqu’à leur mère, le petit groupe étant poursuivi à la fois par les hommes de main du grand-père dictatorial qui souhaite récupérer ses petits-enfants ainsi que par une bande d’indiens faméliques sur le sentier de la guerre. Ces deux petits – un bébé et un enfant de 5 ans – ont été ‘enlevés’ par leur oncle qui voulait les tirer des griffes de leur grand-père, un tyran mexicain qui avait auparavant assassiné le père pour trahison et banni la mère. Les deux bambins se retrouvant seuls après l’assassinat de leur oncle, Trampas les retrouve avant les bandits, se sent dans l’obligation de les prendre sous son aile et décide d’être leur chevalier servant.

Alors bien évidemment au vu du pitch, le récit est une sorte de mélange entre course poursuite et voyage semé d’embûches, un aspect survival cocasse découlant du fait que Trampas doive s’occuper d’abord seul de deux jeunes enfants dont un bébé qui ne parle ni ne marche encore. Contrairement à ce que nous aurions pu penser et au vu des travers dans lesquels sont tombés certains épisodes précédents, le talent de Clair Huffaker est tel que l’écriture ne sombre jamais ni dans la gaudriole ni au contraire dans la mièvrerie et que l’humour reste plutôt léger et bon enfant grâce surtout aussi au naturel tout à fait étonnant du jeune Clint Howard que les seniors connaissent surtout pour avoir été le craquant Mark Wedloe dans la série Mon Ami Ben (Gentle Giant) diffusée régulièrement dans les années 70, l’histoire d’une amitié entre un ours et un jeune garçon. Dans cet épisode, il est parfait dans le rôle de ce gamin de cinq ans débrouillard comme pas deux - y compris pour recharger un fusil - et qui se fait surnommer avec la tenue adéquate 'General Manuel Garcia Lopez de Maximilian Vargas' ! L’irruption de Nita Talbot dans le cours de l’intrigue ne modifie en rien le ton de l’épisode même si le comique de situation sera ensuite plus spécifiquement basé sur les gentilles rivalités entre Trampas et la jeune femme aux manières masculines qui s’invite à faire partie du voyage. Il s’agit d’une sorte de vagabonde dont on ne connaitra jamais vraiment l’histoire mais qui sera d’une aide bénéfique au groupe, sauvant par exemple la vie de Trampas alors qu’il se trouvera seul face à de dangereux indiens. Et à nouveau, même si la comédienne ne possède pas un talent extraordinaire et même si son personnage ne restera guère mémorable, la direction d’acteurs fait qu’elle n’en fait pas des tonnes et parvient à ne pas rendre Melinda trop pénible.

Au cours de cette fiction, on se sera amusé d’être témoin du minable talent de conteur de Trampas lorsqu’il s’agira de faire s’endormir les enfants - sa version de 'Boucle d'or et les trois ours' vaut son pesant de cacahuètes - ou à l’inverse de ses idées ‘pas très catholiques’ pour faire sombrer le bébé dans les bras de Morphée afin de lui éviter de crier à un moment tout à fait inopportun, en l'occurrence lors du passage à proximité de leur campement d’indiens qui cherchent à les abattre. On trouvera également cocasse la manière qu’utilisera ce même Trampas pour provoquer un affrontement et faire s’entretuer ses deux groupes d’ennemis, l’ensemble des indiens et vils chasseurs de primes finissants par passer de vie à trépas sans que ça ne gêne personne. Car effectivement il ne faut pas prendre cet épisode très au sérieux ; mais c’est là aussi que réside sa limite, le suspense qui s’invite parfois ne nous effrayant guère, les auteurs n’ayant pas nécessairement misé sur une forte tension dramatique, les ‘méchants’ de l'histoire ne nous paraissant pas bien inquiétants. Mais le travail qu’accomplissent Anton Leader à la réalisation et Clair Huffaker à l’écriture s’avère tout du long délassant à défaut d’être puissant et inoubliable, aucune thématique précise n’étant abordée, seul le divertissement étant ici mis en avant. Mais voir Trampas se transformer en baby-sitter n’aura pas été déplaisant.

Un épisode qui se déroule loin de Shiloh et qui ne met en scène qu’un des protagonistes récurrents de la série, à savoir le toujours sympathique Trampas que Doug McClure continue d’interpréter avec sa bonhomie habituelle. De beaux paysages traversés, de l’efficacité lors des séquences mouvementées, une plaisante bande musicale, des comédiens qui font très bien le boulot… nous sommes très loin des sommets de la série mais Ride a Cock-Horse to Laramie Cross nous aura néanmoins permis de passer un agréable moment. Les enfants entre les bonnes mains de Melinda qui les conduit à Laramie et après un début de romance avec la jeune femme qui a fini par abandonner ses manières hommasses, Trampas peut désormais repartir pour Medicine Bow le cœur tranquille. A signaler pour ceux qui préfèrent la version française à la version originale que parait-il Doug McClure a été doublé par un autre comédien que celui qui avait officié jusqu’ici.


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Re: Le Virginien

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Martine Bartlett

4.24- One Spring like Long Ago

Réalisation : Herman Hoffman
Scénario : Robert Sabaroff
Guest Star : Warren Oates & Martine Bartlett
Première diffusion 02/03/1966 aux USA
DVD : VOSTF - VF
Note : 7/10

Le Pitch : Morgan et Randy arrivent dans une réserve indienne où ils sont venus vendre 3000 têtes de bétail. L’agent aux affaires indiennes ne leur en achète finalement que 500, estimant que ce sera suffisant pour les indiens dont il a la charge. Cet homme malveillant a sous ses ordres un chasseur de primes (Warren Oates) qui ramène justement un membre de la tribu Oglala qui s’était échappé. Ce dernier a vu un immense troupeau de bisons et en informe ses congénères qui jubilent, présage de liberté pour leur peuple. Echappant à la vigilance des gardes, un vieux chef et son fils s’enfuient de la réserve pour voir ce miracle de leurs propres yeux…

Mon avis : Ce troisième tiers de saison semble vouloir amorcer un virage très adulte absolument passionnant ; non pas qu'elle ne l'ait pas prouvé déjà auparavant mais en ce début de l'année 1966 la série Le Virginien se fait peut-être encore plus ambitieuse que jamais. Après le remarquable Harvest of Strangers, les auteurs prennent à nouveau pas mal de risques de se couper de leur public familial habituel avec cet épisode mature et expressément peu distractif prenant fait et causes pour les indiens, un peu à la manière du superbe western de Richard Brooks, La Dernière chasse (The Last Hunt) avec Robert Taylor et Stewart Granger. One Spring Like Long ago est une fiction réalisée par Herman Hoffman dans laquelle l’on retrouve les qualités de l’épisode qu’il signa précédemment, Chaff in the Wind avec Ed Begley et Linda Lawson : soit un récit sombre mais assez doux, plutôt bavard mais au ton toujours juste, des auteurs compréhensifs et attachés à leurs personnages qu'ils ne jugent jamais avec sévérité - hormis bien évidemment l’agent aux affaires indiennes et le chasseur de primes qui ne méritent strictement aucune indulgence -, des interprètes remarquables au service d'une histoire pas spécialement mouvementée mais néanmoins sacrément captivante à condition d’accepter un scénario assez austère et qui se laisse tout le loisir de prendre son temps, ce qui est une décision fort appréciable des auteurs à une époque où il faut toujours que tout aille vite pour ne pas faire se décrocher l'attention des spectateurs.

Le prégénérique se déroule sans aucune paroles, un blanc semblant poursuivre un indien au sein de magnifiques paysages du Dakota du Sud, le plan les réunissant au final - chacun des deux venant d’un côté et de l’autre de l’écran pour se rejoindre sous un arbre décharné au milieu de l’image - s’avérant vraiment splendide. Nous ne savons toujours pas qui sont ces deux hommes et pourquoi ils se poursuivaient mais nous aurons été témoins que l’Indien a pu assister avec une joie non dissimulée à l’arrivée d’un troupeau de bisons ; suite à ça - et nous le comprendrons juste après - il pourra se laisser ramener à la réserve sans se plaindre, impatient au contraire d’annoncer la bonne nouvelle à ses compatriotes, ce retour des 'buffalos' présageant selon leurs croyances la reconquête de la liberté pour leur peuple. Puis nous découvrons Morgan Starr et Randy qui arrivent dans cette réserve indienne pour y vendre des bêtes. Le dialogue entre les deux hommes nous confirme la bonne impression que nous avait précédemment fait le remplaçant du juge Garth à la tête du ranch Shiloh depuis Harvest of Strangers, un patron certes pas très coulant mais pétri d’une profonde humanité. A la remarque étonnée de Randy quant aux regards vides des indiens, Morgan lui rétorque "que leur reste-t-il à regarder ?" avant de poursuivre par d’autres réflexions désabusées sur leur sort, le génocide des bisons et de leur peuple. A plusieurs reprises on reviendra avec beaucoup de lucidité et d’intelligence sur cette tragédie historique sans néanmoins que les auteurs s’appesantissent uniquement sur cette thématique malgré sa formidable densité. Les deux hommes de Shiloh s’étant fait voler leurs chevaux par deux indiens qui s’évadent de la réserve pour aller voir ce miracle annoncé de l’arrivée des bisons, ils partent à leur recherche pour récupérer leurs montures mais sans haine ni agressivité, étant au contraire de tout cœur avec eux quant à leur quête : "une selle que j'avais depuis 20 ans. Mais je leur souhaite bonne chance" dira Morgan. En route, ils s’arrêtent quelque temps et se font héberger chez une jeune veuve qui fait toujours son deuil de son époux et de ses deux enfants.

Une halte d’une délicatesse qui a aussi dû un peu déstabiliser les fans de la première heure de la série, le scénariste Robert Sabaroff ne les ménageant pas en ne tenant pas compte de leur envie de léger divertissement ; certains se demanderont l’intérêt de cette ‘pause’ mais la douceur de la comédienne Martine Bartlett - qui a travaillé principalement pour la télévision mais que l’on a aussi pu voir dans quelques films dont La Fièvre dans le sang de Elia Kazan - est telle que l’on ne regrette pas que cette bulle de sérénité ait eu lieu. Parmi les autres interprètes, Eduard Franz est plutôt convaincant dans le rôle du chef indien ; il faut dire qu’il est habitué de ce genre de personnages (La Lance brisée de Edward Dmytryk ; Plume blanche de Robert D. Webb ; La Rivière de nos amours de André De Toth…) et que dans un soucis de plus grand réalisme les auteurs ont décidé de ne le faire parler qu’en langage indien (assez rare dans une série de l’époque). Au sein de ce casting très intéressant on trouve également dans la peau du chasseur de primes l’excellent Warren Oates – un des acteurs fétiches de Sam Peckinpah, notamment le tueur à gages de son Apportez moi la tête d’Alfredo Garcia - qui sait ici parfaitement bien se faire détester, au moins tout autant que Garry Walberg dans le rôle de l’agent aux affaires indiennes qui ne comprend pas pourquoi Morgan Starr cherche à se faire "le champion de ces bons à riens" en parlant des indiens dont il est en charge. Clive Clerk dans le rôle de Tonka, le fils du vieil indien qui a été élevé chez les jésuites, est un peu moins convaincant par le fait que son grimage ne soit pas des plus subtils mais il aura quelques bonnes répliques à son actif comme lorsqu’il dit à Morgan Starr "vous êtes un homme chanceux, vous avez des droits." Quant à John War Eagle qui interprète l’indien de la séquence initiale, il a quasiment tenu le rôle de tous les grands chefs indiens au cinéma et à la télévision dans le courant des années 50.

Un épisode crépusculaire sur le génocide indien, grave et extrêmement mélancolique, d’une profonde tristesse et d’une grande dignité qui ne pouvait que se terminer dans la tragédie ; [Attention spoilers] en effet les indiens ayant des coutumes auxquelles ils ne veulent pas déroger et préférant mourir que d’être déshonoré, le vieux chef préfèrera combattre le jeune Randy pour venger la mort accidentelle de son fils tout en sachant très bien qu’il n’aura pas le dessus ; et d’ailleurs notre jeune héros se voit dans l’obligation de tuer le vieil homme pour sauver sa vie. Le récit aborde aussi le travail de deuil, la haine incompréhensible entre les hommes, l’honneur, les coutumes et l’obéissance aux ainés. C’est dense, parfois un peu empesé mais au final c’est l’émotion qui l’emporte ! Quelques touches d’humour n’auront cependant pas manqué, histoire de faire parfois retomber la tension comme lors de cette séquence assez cocasse chez l’épicier où Morgan Starr se fait roublard pour obtenir ce qu’il veut. Ambitieux, parfois un peu guindé et voulant peut-être courir trop de lièvres à la fois mais néanmoins une fort belle réussite qui fait honneur à la série.


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