Le Virginien (1962-1971) Universal

Tout sur les séries à la TV, en DVD, en Blu-ray ou VOD.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99491
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image
Robert Lansing

4.01- The Brother

Réalisation : Anton Leader
Scénario : Dick Nelson
Guest Star : Andrew Prine & Robert Lansing
Première diffusion 15/09/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 6.5/10


Le Pitch : Matt Denning (Robert Lansing), rancher à Medicine Bow et meilleur ami de Ryker, est venu la veille de son exécution libérer son frère d’une prison militaire, étant persuadé de son innocence dans le meurtre dont il est accusé. Il décide de fuir vers le Canada en compagnie de son frère et en emmenant avec lui son épouse et son jeune fils (Kurt Russell). Ryker qui est chargé de le poursuivre le rattrape en même temps qu’une troupe de soldats commandée par le Sergent Cohane (Myron Healey) qui tient absolument à se venger en tuant Matt ; en effet sans le vouloir, ce dernier a frappé un peu fort le gardien de prison qui a succombé à ses blessures…

Mon avis : Après une saison 3 très inégale, dans l’ensemble plutôt décousue, qualitativement en deçà des deux premières et qui se terminait par plusieurs fictions très moyennes -dont un dernier épisode qui allait se révéler être par la même occasion le pilote d’une autre série (Laredo)-, la saison 4 semble vouloir redémarrer sur des bases plus sérieuses et plus stables même si au final, après un démarrage remarquable, un petit goût de déception viendra de nouveau un peu nous gâcher les débuts plus que prometteurs de ce récit. Avant tout il faut signaler que le générique est une fois de plus un peu modifié en raison des départs et arrivées de certains comédiens. Ici, à la place de Roberta Shore nous remarquons une certaine Diane Roter. A la fin de l’épisode, une question reste en suspens puisque nous n’aurons pas eu l’occasion de faire sa connaissance : est-ce une actrice qui a remplacé Roberta dans le rôle de Betsy -puisque nous la trouvons également, comme c’était déjà le cas dans le générique précédent, en joyeuse compagnie de Randy- ou s’agit-il d’un nouveau personnage ? Une rapide recherche dans IMDB et nous voilà fixés : Betsy semble ne plus en avoir pour longtemps au sein de la série -mon petit doigt me dit qu’elle va convoler en juste noce et quitter Shiloh- alors que cette nouvelle arrivante qu'est Jennifer Summers nous accompagnera durant quelques épisodes et uniquement au cours de cette saison. Nous vous en dirons plus dès que nous l’aurons véritablement croisé, soit pas avant le 7ème épisode. Autre particularité de ce nouveau générique, plus qu’une seule image par personnage soit un montage beaucoup moins ‘cut’ que précédemment, toujours sur l'excellente musique de Percy Faith.

Étonnement, alors que l’on pourrait croire qu’à chaque nouvelle saison les auteurs feraient apparaitre le plus grand nombre des personnages récurrents de la série, seul Ryker sera de la partie pour ouvrir cette 4ème saison, Trampas et le Virginien devant se contenter de deux courtes apparitions alors que tous les autres sont tout simplement aux abonnés absents ; encore plus curieux, pas une seule fois nous nous rendrons au ranch Shiloh, toute la première moitié se déroulant au sein d’une prison militaire puis en extérieurs avant d'aboutir à Medicine Bow mais sans aucun protagoniste de notre connaissance. Dès le début de l'histoire, une évidente constatation : il n’y aura aucune fantaisie dans cet épisode assez sombre et la qualité de l’interprétation sera son point fort ; en effet, que ce soit Andrew Prine ou Robert Lansing, tous deux assez fades dans les deux précédents épisodes dans lesquels ils étaient déjà intervenus au sein de la série, ils s’avèrent ici au contraire immédiatement assez remarquables, surtout le second qui interprète Matt, un sympathique fermier ami de Ryker qui décide d’aller délivrer son frère cadet condamné à mort et qui doit être exécuté le lendemain alors qu’il a toujours clamé son innocence pour le crime qu’on lui a imputé. En voulant assommer le gardien de prison avec qui il avait toujours eu de très bonnes relations, Matt le tue. Il est désormais recherché non seulement par son meilleur ami qui est en même temps l’adjoint du shérif de la région ainsi que par les soldats qui veulent venger la mort de leur camarade.

Ayant dans l’idée de se réfugier au Canada, Matt a non seulement entrainé son frère avec lui mais également son épouse aimante et passionnée ainsi que son jeune garçon. Le petit groupe va être rattrapé à la fois par les hommes de loi et les militaires ; comme si la situation n’était déjà pas assez tendue, des indiens sur le sentier de la guerre vont les prendre en embuscade et les bloquer en un espace restreint où beaucoup vont mourir. Toute cette partie rappelle les nombreux westerns militaires des années 50 dans lesquels une escadrille se retrouve piégée derrière une anfractuosité rocheuse, les indiens faisant le blocus afin de les décimer par la faim et les diverses attaques. Le réalisateur de télévision Anton Leader qui débute ici un corpus de 14 épisodes pour la série, se tire très bien de cette situation, n’hésitant pas à filmer des séquences assez brutales qui devaient à l’époque trancher au sein des séries télévisées familiales, et à avoir quelques belles idées de mise en scène comme l’arrivée du dernier indien qui passe au milieu du groupe sans s’inquiéter et sans sembler voir ceux qui l’entourent. Le tout est rondement mené, bien cadencé et bien découpé mais surtout formidablement interprété par Robert Lansing, Clu Gulager mais aussi Myron Healey dans la peau du Sergent qui n’a qu’une seule idée en tête, abattre le meurtrier de son camarade tué bêtement lors de l’évasion du prisonnier. Rappelons qu’il s’agissait d’un des acteurs fétiches d’Allan Dwan pour ses superbes productions Bogeaus et qu’il qui joua également dans l'excellent et méconnu Fort Osage de Lesley Selander ou encore dans des classiques tels Man without a Star de King Vidor.

Un coup de théâtre à mi-parcours va faire bifurquer l’épisode vers encore plus de dramatisme et nous ramener à Medicine Bow pour un procès. Je ne vous en dirais pas plus sauf que cette seconde partie a plus de mal à trouver son rythme, un peu trop bavarde et étirée sans apparente autre nécessité que de boucler les 72 minutes traditionnelles. Nous ne nous serons néanmoins jamais ennuyé et aurons pu assister à une déchirante scène d’amour entre Jan Shepard et Robert Lansing, cependant un poil gâchée par un éclairage peu gratifiant pour la comédienne. Quant au jeune Kurt Russell -oui, le futur acteur fétiche de John Carpenter-, contrairement à son précédent rôle bien plus conséquent dans l’épisode A Father for Toby avec Rory Calhoun qui interprétait son père, il est cette fois bien trop sous-utilisé et c’est bien dommage. Même si un peu plus faible dans sa seconde partie, un démarrage tout à fait honorable pour cette quatrième saison, un joli épisode sur la bienveillance, le pardon, l’amour fraternel et l’amitié.


En images sur classik
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99491
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image
John Anderson


4.02- Day of the Scorpion

Réalisation : Robert Butler
Scénario : Don Ingalls
Guest Star : Sean McClory & John Anderson
Première diffusion 22/09/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7.5/10

Le Pitch : Les ranchers de Medicine Bow sont inquiets et craignent le déclenchement d’un conflit sanglant ; en effet, l’australien Adam Tercell (John Anderson) vient d’arriver sur les lieux avec ses immenses troupeaux de moutons qui dépérissaient sur leur continent d’origine victime de la sécheresse. Les éleveurs auraient souhaité négocier pour lui attribuer une parcelle de terre limitée afin que les ovins ne détruisent pas les Open Range mais le nouveau venu ne veut rien savoir, s’estimant dans la légalité en faisant paitre ses bêtes n’importe où. La guerre aurait peut-être pu être évitée si le Virginien n’avait pas accidentellement tué le fils de Adam…

Mon avis : J’écrivais pas plus tard qu’à l’occasion de mon avis sur l’épisode précédent qu’après une saison 3 très inégale, dans l’ensemble plutôt décousue, qualitativement en deçà des deux premières et qui se terminait par plusieurs fictions très moyennes, la saison 4 semblait vouloir redémarrer sur des bases plus sérieuses et plus stables. Ça semble se confirmer avec ce superbe épisode qui évoque une confrontation entre éleveurs d’ovins et de bovins et qui a beaucoup de points communs avec le troisième et magnifique épisode de la série, Throw a Long Rope, réalisé par Ted Post et qui mettait déjà en scène l’excellent comédien qu’est John Anderson dans le rôle d’un impitoyable Cattle Baron qui "semblait être en manque d’actions sanglantes depuis la fin des guerres indiennes". Dans Day of the Scorpion réalisé et écrit par des hommes ayant exclusivement travaillé pour la télévision, il se retrouve à nouveau dans la peau d’un gros propriétaire ; celui-ci vient d'acheter beaucoup de terres autour de Medicine Bow. En Australie où il possède d’immenses troupeaux de moutons, les conditions climatiques sont devenues tellement extrêmes avec notamment l’arrivée d’une cruelle sécheresse qu’elles ne permettaient plus que les bêtes puissent se nourrir correctement et survivre. Avant d’arriver dans le Wyoming avec ses moutons, il avait envoyé ses deux enfants, son régisseur et quelques-uns de ses hommes pour 'préparer le terrain', sachant très bien que les ranchers américains n'apprécient que très modérément les 'bêtes à laine'.

Son fils (John Locke, déjà au générique de l’épisode avec Robert Redford, The Evil that Men do) est une petite frappe qui va attiser la haine des éleveurs. Il va se battre vigoureusement avec le Virginien lors d’une séquence de combat à poings nus très teigneuse et qui montre d'emblée les honnêtes qualités de réalisateur de Robert Butler. A force de jeter de l'huile sur le feu, le jeune homme va payer le plus fort puisqu’il sera tué accidentellement peu après. C’est ce drame qui va provoquer la colère du patriarche australien qui n’aura de cesse de vouloir faire pendre le criminel, soit l'intendant de Shiloh himself. Voyant que légalement il n’arrivera à rien vu les circonstances de la tragédie, le vieil homme aigri se jettera alors à corps perdu dans cette guerre des terres en espérant laisser pour mort le meurtrier de son fils. On pourrait croire à la lecture de ces lignes que le manichéisme est de la partie, que l'inévitable confrontation va opposer méchants australiens contre gentils américains... mais il n’en est heureusement rien ; l’auteur du scénario est parvenu à écrire une intrigue d’une belle densité et à peindre toute une galerie de personnages avec richesse et nuances, sans caricatures, le protagoniste interprété par John Anderson n’étant pas spécialement haïssable malgré son exécrable caractère, son avidité, son égoïsme et son intransigeance (il s’agit du scorpion -synonyme de méchanceté- du titre de l’épisode). Il faut souligner aussi la présence d’un personnage féminin assez passionnant, celui de la fille de ce gros éleveur de moutons ; une jeune femme qui ne s’en laisse pas compter, très moderne, prête à renier et à se dresser contre sa famille qui jusque-là ne lui a jamais fait de cadeau pour passer dans le camp adverse ; il faut dire qu’elle est tombée sous le charme du Virginien, ce qui explique aussi cela.

La prestation de Maura McGiveney est d’ailleurs assez remarquable, nous faisant regretter que l’actrice n’ait pas eu une carrière plus prestigieuse et qu’elle soit morte aussi jeune, d’une cirrhose du foie à seulement 51 ans. Nous nous devons également de noter l’excellente interprétation de Jonh McLiam dans le rôle du régisseur australien assez attachant, obligé d’obéir à son patron tout en reconnaissant ses torts. Quant au scénariste Don Ingalls, il fut déjà l’auteur de deux très bons épisodes de la série, Smile of a Dragon dans la saison 2 ainsi que plus tôt encore, Duel at Shiloh, le remake du film de King Vidor, L’homme qui n’a pas d’étoiles (The Man without a Star), une trame dont il s'était servi avec efficacité pour narrer l’arrivée au ranch Shiloh de l’un des protagonistes principaux de la série, à savoir le troisième larron du trio d'amis faisant partie de la troupe de cowboys du domaine du Juge Garth aux côtés de Trampas et du Virginien, le jeune Steve (qui a entre temps et depuis peu quitté la série). Pour en revenir à l’interprétation, des protagonistes récurrents cette fois, à signaler quelques simples apparitions de la plupart d'entre eux mais également un James Drury qui est au contraire à nouveau sur le devant de la scène et qui a encore pris un peu plus d’aplomb. Sinon pour le plaisir des oreilles, deux chansons traditionnelles vite entêtantes interprétées par le comédien Sean McClory -que l’on a vu dans grands nombres de classiques, des Contrebandiers de Moonfleet à L’homme tranquille en passant par Mary Poppins ou Les Gens de Dublin- dans le rôle de l’un des hommes de main au sein des éleveurs de moutons.

Cet épisode d’une belle densité s’avère d’une efficace puissance dramatique et ne connait pas de baisse d’intensité ni de rythme ; il est également l’occasion d’intéressants questionnements sur la justice, la loi et la loyauté ainsi que d’une approche documentaire assez captivante à propos des rivalités qui ont opposées éleveurs de moutons et de vaches, sujet finalement assez peu abordé au cinéma si ce n’est par Tex Avery (Drag-a-long Droopy) ou au sein de comédies westerniennes plus (La Vallée de la poudre) ou moins (Montana) réussies. Ceux qui auraient eu l’idée de découvrir la série par l'intermédiaire de ce Day of the Scorpion devraient avoir un bel aperçu de ses principales qualités avec néanmoins –hormis les interludes musicaux sus-cités- un manque total d’humour et de fantaisie qui le distingue de la plupart des autres -même parmi les plus sombres- ainsi qu’un budget qui semble un peu plus conséquent que la moyenne, témoins l’absence de stock-shots et au contraire 'figuration' assez nombreuse en ce qui concerne les moutons. Enfin, un magnifique plan d’ensemble en une impressionnante plongée pour clore ce très bel épisode.


En images sur classik
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99491
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image
Bruce Dern

4.03- A Little Learning

Réalisation : Don Richardson
Scénario : Harry Kronman
Guest Star : Albert Salmi & Bruce Dern
Première diffusion 29/09/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note :7/10


Le Pitch : Pour bonne conduite, Bert Kramer (Bruce Dern) est libéré de prison plus tôt que prévu. Il n’a qu’une idée en tête en quittant le pénitentier, retrouver Martha, la fille qu’il a rencontré alors qu’elle était Saloon Gal et avait qui il s’était marié. Elle est désormais institutrice à Medicine Bow et, en raison de sa beauté, tous les hommes tournent autour d'elle. La jalousie de Bert va provoquer des drames d’autant que la jolie maitresse d’école semble avoir pris sous son aile un cowboy du ranch Shiloh, Rafe Simmons (Albert Salmi), qui n’a en fait aucune mauvaise idée en tête, souhaitant seulement apprendre à lire, lui qui n’a jamais eu de scolarité…

Mon avis : Avec ce troisième épisode, la saison 4 du Virginien se poursuit en restant à un niveau toujours élevé, A Little Learning bénéficiant non seulement d’un scénario très bien écrit par Harry Kronman -déjà auteur du magistral sixième épisode de la saison 2, It Takes a Big Man, avec Lloyd Nolan et un Chris Robinson particulièrement mémorable- mais également d’une interprétation sans failles non seulement de Clu Gulager et James Drury mais surtout des quatre principaux ‘invités’ : Bruce Dern pour sa troisième et dernière participation à la série, n’ayant tenu avec une efficacité évidente que des rôles de teigneuse petite frappe violente et cruelle ; Albert Salmi toujours d’une étonnante justesse, ne tombant jamais dans les pièges du cabotinage outrancier alors que ses personnages le lui prédestinaient (voir déjà Brother Thaddeus), s’en sortant ici encore remarquablement bien dans la peau de cet analphabète qui quitte le métier de cowboy dans le but de passer son temps à se cultiver ou tout du moins apprendre à lire ; Harry Townes, suant par tous ses pores et riant grossièrement tout du long, absolument parfait pour incarner ici la méchanceté gratuite et la bêtise humaine ; enfin la très charmante Susan Oliver et ses yeux bleus électriques dont les talents dramatiques ne sont pas à minimiser face à son évidente beauté, que l’on regrette d’ailleurs qu’elle n’ait pas eu une plus longue carrière, se souvenant surtout d’elle pour deux de ses prestations dans la série Les Envahisseurs.

L’épisode débute par la sortie de prison du mercenaire Bert Kramer six mois avant d’avoir purgé sa peine ; l’on apprend qu’il a été délivré pour bonne conduite mais le comportement de cet homme est en totale contradiction avec cet état de fait annoncé. En effet, en quittant les lieux, il nargue tous ses geôliers ainsi que le directeur du pénitencier, leur faisant comprendre qu’il les a bien roulés et que sa bonté était feinte. Bruce Dern étant alors très doué pour camper les mauvais garçons en les rendant très inquiétants, le spectateur est immédiatement mal à l’aise, comprenant très bien que cet homme va continuer à faire du mal. Nous sommes alors d’emblée anxieux lorsque nous apprenons qu’il a décidé de partir à la recherche de sa ‘bien aimée’, une fille de saloon qu’il a épousé, cette dernière ayant accepté sa proposition avant tout pour se sortir de sa vile condition. Il s’est vite avéré que l’époux était brutal et elle a profité de son emprisonnement pour ‘fuir’ dans une autre contrée où elle est devenue institutrice en prenant un autre nom afin de plus difficilement être retrouvée. Malgré ça, Kramer apprend vite où elle a atterri et il se rend donc à Medicine Bow où se trouve un ex-complice à lui, non moins que l’adjoint du shérif, Ryker tout simplement dont on nous rappelle à l'occasion qu'il n'a pas toujours été du bon côté de la loi.

Les séquences suivantes nous amènent donc dans la petite ville aux alentours de laquelle est situé le ranch Shiloh et où nous faisons connaissance avec cette douce et charmante blonde ainsi qu’avec tous les hommes qui tournent autour, le bal qui doit bientôt avoir lieu ayant multiplié les potentiels cavaliers allant l’accompagner, aucun d’entre eux ne connaissant le secret qu’elle ne souhaite pas dévoiler comme quoi elle est mariée. Parmi eux, bien évidemment Trampas et Le Virginien, ce dernier, lors d’une séquence assez succulente, envoyant à la dernière minute son cowboy travailler loin de là pour l’éloigner et lui faire rater la soirée, espérant le remplacer aux bras de la belle. Cette dernière est courtisée par bien d’autres concitoyens dont le barbier qui vient même demander sa main accompagné de son père ; une scène assez inconfortable qui dévoile la bêtise de ce duo, néanmoins sans commune mesure avec celles qui suivront, le petit fils d’à peine 12 ans semblant prendre la même voie à cause de l’éducation qu’il a dû recevoir de ces deux idiots qui par leur méchanceté gratuite, leur étroitesse d’esprit, leurs moqueries continuelles et leur crétinerie congénitale vont provoquer des tragédies. Ils vont en effet vicieusement inoculer l'idée dans le cerveau malade de Kramer –ne supportant déjà pas que sa femme demande le divorce- que l’adorable Rafe a entamé une romance avec l’institutrice, ce qui s’avère être totalement faux, le jeune homme illettré se rendant souvent chez elle pour apprendre à lire afin de déchiffrer le journal intime de sa mère décédée. Au passage, très belle thématique abordée que celle de l’éducation comme principal moyen au développement de l’intelligence et à l’avancée des idées.

Don Richardson, réalisateur de télévision qui avait déjà signé le premier épisode de la saison 3 -soit celui introduisant Ryker dans la série- fait de l'honnête travail tout autant avec sa caméra qu’en tant que directeur d’acteurs. On regrettera une dernière séquence qui coupe un peu cet élan de progressisme, la maitresse d’école, après s’être extasiée à propos de la sublime déclaration d’amour de la mère de Rafe à son époux, jetant le journal au feu après avoir appris qu’il ne s’agissait pas de son mari mais de son amant, conspuant alors un peu vite un adultère dont elle ne sait quasiment rien. Un épisode qui trace également le portrait de la bêtise humaine dans toute sa ‘splendeur’ et qui, constamment d'actualité, fait un peu froid dans le dos. Tout ceci manque peut-être d’un peu d’ampleur et d’émotion mais ce n’en est pas moins remarquablement bien construit et interprété. Une saison 4 qui s’annonce pour l’instant sous les meilleures augures ; croisons les doigts pour que ça se poursuive ainsi !


En images sur classik
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99491
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image
William Shatner & Strother Martin

4.04- The Claim

Réalisation : Bernard L. Kowalski
Scénario : Shirl Hendryx
Guest Star : William Shatner & Strother Martin
Première diffusion 06/10/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 2/10

Le Pitch : Trampas ne supporte plus le rythme imposé par le Virginien. Pour que ses journées se déroulent plus agréablement, il propose à Luke (William Shatner), un vieil ami qu’il vient de retrouver, de venir travailler à ses côtés. Le régisseur a accepté de l'embaucher mais se rend vite compte de son manque de sérieux et lui demande de partir d’autant qu’il risque d’entrainer ses hommes sur la mauvaise pente. Et c’est effectivement ce qui se passe, Trampas décidant de le suivre à Deadwood avec dans l’idée plaisirs à gogo et argent facile. Quand un prospecteur (Strother Martin) leur parle d’un filon d’or aux alentours, ils demandent à s’associer à lui…

Mon avis : Il n’aura hélas pas fallu longtemps pour déchanter ! Après trois fictions sérieuses et de haute tenue, la saison 4 nous propose d’un coup l’un des épisodes qui pourrait aisément concourir pour remporter la palme du plus mauvais de la série. Et la faute en incombe à beaucoup, que ce soit au scénariste Shirl Hendryx dont ce sera heureusement la seule participation au Virginien, idem pour le réalisateur Bernard L. Kowalski –signataire de nombreux nanars pour le cinéma dont par exemple L’Attaque des sangsues géantes- et enfin William Shatner qui, peu avant d’endosser l’uniforme du capitaine Kirk pour la série Star Trek, s’avérait ici un abominable cabotin, gâchant la plupart des séquences où il intervient : le gros problème est qu'étant quasiment présent du début à la fin, il est assez aisé d'imaginer le résultat. L’épisode débutait pourtant d’une manière extrêmement intéressante puisqu’il décrivait le métier de cow-boy sous un jour pas très glorieux, fatigant et absolument pas gratifiant, Trampas en traçant un portrait assez désespérant, Le Virginien se révélant une fois de plus peu avenant, et tout à fait intraitable, ne laissant pas souffler ses hommes une seule seconde. Pour une série familiale dont l’un des buts principaux étaient de faire rêver les spectateurs avec ce vieil Ouest américain, autant dire que l’idée était assez gonflée d’autant que voir le personnage-titre se comporter aussi durement n’est jamais très agréable pour ses aficionados ; et d’ailleurs James Drury est le seul comédien qui tire son épingle du jeu dans cet épisode calamiteux. Nous ne le verrons malheureusement que dans les séquences encadrant l’ensemble de cette fiction, donc seulement à deux ou trois reprises au début et à la fin.

Doug McClure subit en revanche la mauvaise influence de William Shatner, les deux comédiens ne faisant quasiment que rire fort et bêtement tout au long de cette histoire au cours de laquelle il ne se passe d’ailleurs quasiment rien. Dommage car quelques autres pistes s’avéraient fort intéressantes comme le fait d’aborder une fois encore le thème des terres indiennes bafouées par les hommes blancs à la recherche de filons d'or alors même que l'armée leur interdisait d'y pénétrer tout en faisant semblant de ne rien voir, ou encore la situation tout aussi peu enviable que celle des cow-boys que celles des prospecteurs qui pour la plupart ne trouvèrent pas la moindre once de métal et qui restèrent démunis toute leur vie : à la question de Trampas au cuistot lui demandant pourquoi il se satisfait d’une telle situation peu favorable, l’ancien chercheur d’or -devenu mauvais cuisinier par défaut- lui répond à peu de choses près qu’il est heureux car il gagne quelques dollars au jeu de temps à autre et qu'il est toujours en vie ; une vie pour le moins miséreuse où faute de mieux il ne reste qu'à se contenter de peu. Encore une fois, ce côté très dépressif des à côtés de l’intrigue était plutôt paradoxalement jubilatoire, ou plutôt culotté ; mais narrativement parlant, il n’y a rien à se mettre sous la dent, que des blagues et conversations sans intérêts -et surtout très mal interprétées- entre William Shatner qui tente d’entrainer Trampas sur la mauvaise voie.

Après avoir découvert un filon, la fièvre de l’or va s’emparer du personnage joué par Shatner et le danger qu’il fait désormais peser sur ses camarades va être renforcé par l’arrivée dans les parages d’un bandit qui aimerait bien s’emparer du butin ainsi que des indiens qui ne souhaitent pas que les blancs restent sur leurs terres, d’autant plus en colère qu’un des leurs vient d’être abattu bêtement. On pourrait croire que ça allait se mettre à bouger ; peine perdue ! La rencontre des deux hommes avec le vieux prospecteur interprété par Strother Martin n'aura donc guère fait évoluer les choses, ce dernier comédien semblant d'ailleurs être resté assez retrait. Cet acteur aura été l’un des grands seconds rôles des années 50/60, tournant avec quasiment tous les grands réalisateurs de westerns ou de films de guerre de l’époque, que ce soit Robert Aldrich (Attaque), John Ford (Les Cavaliers ; L'Homme qui tua Liberty Valance), Andrew V. McLaglen (Les Prairies de l'honneur ; Le Grand McLintock), Henry Hathaway (Les 4 fils de Katie Elder ; 100 dollars pour un shérif), George Roy Hill (Butch, Cassidy et le Kid), Sam Peckinpah (La Horde sauvage ; Un Nommé Cable Hogue), et j’en passe… Dommage que ses deux comparses, trop occupés à se mettre en avant, l’aient en quelque sorte empêché de faire montre de son talent. Son personnage de prospecteur Old Timer totalement démuni avait pourtant au départ tout pour être intéressant ; il aura juste été très mal exploité par les médiocres auteurs de ce mélange de pantalonnade pas drôle et de suspense sans aucune tension.

Malgré notre sympathie pour le personnage de Trampas et pour son interprète Doug McClure, il faut bien se rendre à l'évidence que -à de rares exceptions près- la plupart des épisodes les moins bons auront été ceux où il se retrouve seul parmi les protagonistes récurrents de la série. C’est donc à nouveau le cas, le scénariste pas plus que le réalisateur n’arrangeant les choses, tout au contraire, les deux se révélant aussi peu inspirés l’un que l’autre, nous livrant une fiction aussi inintéressante que bavarde et décousue. Durant cet épisode calamiteux qui tourne à vide sur quasiment toute sa durée, nous aurons cependant eu l’occasion de glaner quelques instants de plaisir au tout début, lors notamment des altercations entre Trampas et le Virginien, ou encore lors de leurs retrouvailles dans le final au cours duquel l’intendant accepte de faire comme si rien ne s’était passé et de réembaucher son homme de main. Heureusement pour le fans de la série ! Vite, passons au suivant sans plus nous attarder sur ce faux pas !


En images sur classik
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99491
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image
Glenn Corbett

4.05- The Awakening

Réalisation : Leon Benson
Scénario : Robert J. Crean
Guest Star : Glenn Corbett
Première diffusion 13/10/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7.5/10

Le Pitch : Au cours d'une balade à cheval, Betsy rencontre David (Glenn Corbett), un vagabond peu affable. Elle l’invite néanmoins à se rendre au ranch si jamais il avait quelque besoin que ce soit. Pendant ce temps-là, la révolte gronde à la mine, les ouvriers ne voulant pas redescendre travailler tant que les lieux ne seront pas sécurisés. En tant que shérif, Ryker doit se montrer impartial mais il est cependant en accord avec les mineurs ; il va demander au juge Garth de l’aider à régler cette rivalité qui risque de se transformer en conflit sanglant. Mais c’est David qui va se révéler être le meilleur médiateur ; Betsy va alors tomber sous son charme…

Mon avis : Je ne sais pas si c’est le cas pour tout le monde mais pour ma part, si je décide de visionner une série en intégralité, je vais encore plus vite passer à l’épisode suivant si le précédent a été un calvaire ; on espère toujours ainsi conjurer le sort, ne pas en rester sur un échec ni un mauvais souvenir en croisant les doigts très fort pour ne pas que ça se renouvelle. Et lorsque c’est le cas, l’on retrouve immédiatement le sourire et l’on se met à croire de nouveau en la série. C’est donc bien ce qui s’est passé après le calamiteux The Claim plombé non seulement par un scénario et une réalisation ineptes mais surtout par un William Shatner oh combien pénible ! The Awakening s’avère au contraire superbe, tout aussi intéressant que grandement poignant puisqu’il s’agit de l’épisode qui, après Steve, marque le départ d'un deuxième personnage récurrent de la série, l’attachante Betsy. On peut dire qu’avec cette fiction les auteurs ont fait un magnifique cadeau tout autant aux spectateurs qu’à la comédienne Roberta Shore : un épisode ‘romantico-politique’ d’une douceur, d’une tendresse et d’une portée sociale assez inattendue, d’autant plus réjouissant pour les aficionados qu’il convoque et réunis tous les autres protagonistes récurrents de la série - ce qui n’était pas arrivé depuis bien longtemps - y compris donc Lee J. Cobb qui nous avait beaucoup manqué ces derniers temps. Pour ceux qui ne supportent pas les spoilers, je signale qu’une fois n’est pas coutume, je vais être amené ici à dévoiler les grandes lignes et surprises de l’intrigue.

D’un côté nous avons donc droit à l’histoire d’amour qui se développe entre la jeune fille du juge et un mystérieux ex-pasteur se cherchant une raison de vivre et qui va décider de la prendre pour femme ; de l’autre nous découvrons une intrigue à caractère social abordée avec la grève mise en place par des mineurs qui refusent d’aller travailler dans des conditions de sécurité trop frêles et précaires. Dès la première séquence l’on sent que la qualité va être au rendez-vous : le thème musical plutôt guilleret est néanmoins très lyrique et vite entêtant alors que les plans en contre-plongée sur le vagabond que Betsy découvre alors qu’il essaie d’attraper des poissons à la main sont esthétiquement superbes. Même si l’on se doute qu’une romance va se mettre en place entre les deux, les auteurs ont eu l’intelligence de ne pas les avoir fait immédiatement tomber amoureux l'un de l'autre. Tout ‘beau gosse’ qu’il est, le personnage de David est d’emblée peu disert mais également à priori peu affable, et l’on peut dire que le premier échange entre les deux futurs époux est aussi distancié que froid. Betsy n’arrive pas plus à savoir que le spectateur ce qu’il en est de cet homme sans cheval, aux bottes trouées et qui ne veut pas dire ni d’où il vient ni où il va. L’histoire d’amour se développera toute en douceur et en prenant son temps, Betsy allant commencer à ressentir plus que de l’amitié pour cet homme seulement à partir du moment où elle va lui découvrir des trésors d’humanité et de courage. En effet, alors que certains mineurs sont retournés au travail afin de ne pas perdre tout leur salaire, le meneur des grévistes s’est fait prendre sous l’éboulement de la mine. Passant par-là, l’ancien pasteur n’hésite pas une seconde et, alors que tous les autres n’osent pas aller participer au sauvetage au vu du danger encore encouru, notre homme fonce dans la galerie sans se poser de questions et dégage le blessé de son piège même si ce dernier n’en réchappera pas.

Les deux intrigues s’imbriquent alors et jusqu'à la fin d’une manière totalement fluide et nous allons désormais assister simultanément à l’attachement qui s’opère entre Betsy et David ainsi qu’à l’évolution du conflit qui recommence entre travailleurs et régisseurs, les patrons faisant même venir une nouvelle équipe afin de remplacer les grévistes. Le juge ne parvenant pas à faire évoluer les choses assez vite malgré son empathie pour les mineurs, Ryker n’ayant guère plus de possibilité malgré son indignation et le fait lui aussi d’avoir choisi le même camp ("Un bon dirigeant devrait soutenir ses ouvriers"), au vu de la bravoure de David, les grévistes - avec à leur tête l’épouse de celui qui a succombé à l’éboulement de la galerie – vont lui demander de les soutenir et d’être leur médiateur. Son dramatique passé lui ayant fait fréquenter ce milieu des mineurs, il va mener à bien cette mission en évitant le plus possible la violence et en finissant même par aboutir à un compromis dont nous resterons dans le secret - sans que ce ne soit gênant -, les auteurs n’ayant pas le temps de s’appesantir plus longuement sur la fin de ce conflit social, leur restant à peine 10 minutes pour boucler la séquence que tous les "aficionados midinettes" de la série attendaient, le mariage et les adieux de Betsy à Shiloh avant qu’elle ne se rende dans l’Est, à Philadelphie. Nous assisterons ainsi à une dernière et très belle chevauchée de Betsy avec Randy, à une très jolie chanson interprétée par Randy, Wanderin' Wonderin', que le comédien a lui-même composé, aux derniers instants que passe la jeune femme avec Le Virginien et Trampas qui ne manquent pas une nouvelle occasion de la charrier avec gentillesse, et enfin aux ultimes échanges entre le père et sa fille, Lee J.Cobb et Roberta Shore parvenant facilement à nous faire monter les larmes aux yeux d'autant que c’est le juge qui marie sa fille.

Beaux effets de lumière, intéressants cadrages, musique enthousiaste, caméra très mobile… l’épisode est non seulement intelligemment écrit par un Robert J. Crean qui apprécie la nuance et sait captiver son auditoire sans trop en faire, mais également parfaitement bien réalisé par Leon Benson, déjà auteur de l’épisode Farewell to Honesty à l’occasion duquel il s’avérait déjà habile notamment dans son utilisation inspirée des gros plans et du hors-champs, ce qui est à nouveau vrai ici. Une romance convaincante et émouvante au sein d’un épisode ‘jouissivement’ progressiste et revendicatif… on en redemande, surtout lorsque c’est interprété de cette manière, outre les acteurs habituels, Glenn Corbett faisant très bonne impression dans un rôle admirable d’homme mystérieux mais bon et intègre, parfaitement bien entouré de comédiens habitués du western tels Jack Lambert, Ford Rainey ou John Doucette. "Merci de m'avoir appris à accepter de l'aide" : une belle réplique finale pour un épisode de grande qualité et d’une belle dignité. Juste après son “I don’t need Shiloh anymore”, Roberta Shore se maria aussi dans la vie civile et quitta son métier de comédienne.


En images sur classik
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99491
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image
Earl Holliman

4.06- Ring of Silence

Réalisation : Don Richardson
Scénario : Barry Oringer
Guest Star : Earl Holliman & Royal Dano
Première diffusion 27/10/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7/10


Le Pitch : Retournant à Medicine Bow par diligence, Ryker est accompagné dans son voyage par quatre autres passagers. Attaqués par un groupe de mexicains, ils se réfugient dans une cabane isolée vite encerclée. Cherchant à savoir les raisons de ce blocus, Ryker tente une sortie et se rend compte que le chef des assiégeants n’est autre qu’une de ses connaissances, un vieil homme qui ne cherche qu’à ce qu’on lui livre l’un des voyageurs ayant pris place à bord de la diligence, un sale type du nom de Wiley (Earl Holliman) qui aurait violé et tué une fille de leur village. Mais peut-on laisser le criminel aux mains d’hommes prêts à l’exécuter ?

Mon avis : Le malheureux 4ème épisode est désormais bien loin ; après l’excellent The Awakening la série nous offre une nouvelle fiction de grande qualité avec ce troisième épisode signé Don Richardson après qu’il ait déjà mis en scène celui qui nous faisait découvrir Ryker ainsi que le tout récent A Little Learning au cours duquel Bruce Dern, dans le rôle d’un mauvais garçon détestable, cherchait à retrouver son épouse qui avait profité de son incarcération pour le fuir. Ce réalisateur ayant exclusivement travaillé pour la télévision nous livre à nouveau ici de l'honnête ouvrage tout autant avec sa caméra qu’en tant que directeur d’acteurs ; ce sera malheureusement son avant dernière participation à la série. Ring of Silence débute à la manière de Stagecoach (La Chevauchée Fantastique), une diligence s’apprêtant à partir pour un long voyage, les scénaristes nous faisant découvrir un à un les différents passagers avec parmi eux - fortement caractérisés tout comme dans le classique de John Ford - une prostituée semblant s’être fait chasser de la ville, un ivrogne, un homme de loi – en l’occurrence Ryker - ainsi qu’un homme d’affaires assez louche. Le cinquième élément est un jeune homme peu aimable par qui le drame arrivera ; rôle interprété par Earl Holliman, comédien que tout le monde connait au moins de visage puisqu’il fut entre autres le cuisinier qui prend une cuite avec le Robby le robot dans le génial Planète interdite (Forbidden Planet) de Fred M. McWilcox, l’un des 4 fils de Katie Elder de Henry Hathaway ou encore le mauvais rejeton d’Anthony Quinn dans l'excellent et mésestimé Le Dernier Train de Gun Hill (Last Train from Gun Hill) de John Sturges.

Ajoutez à ces cinq voyageurs le conducteur de diligence (Edward Binns) ainsi que son ‘garde du corps’ (un Sanchez Dominguez moyennement convaincant) et nous voilà partis pour un bon quart d’heure de présentation néanmoins jamais ennuyeuse, un suspense s'étant immédiatement mis en place puisque dès que la voiture se met en route, le réalisateur termine la séquence par le plan d’un inquiétant mexicain s’apprêtant à aller prévenir un tiers que l’homme qu’ils cherchent et veulent appréhender est à son bord. Une course-poursuite s’engage donc d’emblée, le personnage recherché s’agissant donc de celui joué par Earl Holliman dont on apprendra qu’il a violé et tué la fille du chef d’un village, celui-ci s’étant mis en tête de le poursuivre, de l’attraper et de se venger ; c’est pour cette raison que d’entrée de jeu la diligence sera suivie à distance par un groupe imposant et menaçant. Comme dans beaucoup de westerns de cinéma, les plans sur les conducteurs ainsi que ceux de l'intérieur de la diligence ont été filmés en studio, les multiples transparences utilisées pour les paysages traversés faisant aujourd’hui bien vieillottes et s’avérant casser un peu la crédibilité et l'efficacité de l’ensemble. On oubliera cependant tout ça assez vite, dès que le conducteur décidera alors d’aller se réfugier dans une cabane de relais abandonné pour affronter les poursuivants en prenant ainsi le moins de risques possibles, moins en tout cas qu'en continuant leur route trop à découverts.

Seulement, ils seront vite assiégés et l’épisode bifurquera alors vers un western à huis-clos non dénué de tension du type de l’excellent Rawhide (L’Attaque de la malle-poste) de Henry Hathaway ou mieux encore, le méconnu et superbe Le Relais de l’Or Maudit (Hangman’s Knot) avec Randolph Scott, seul film de Roy Huggins en tant que réalisateur. Voilà nos passagers réunis dans un lieu étriqué où ils vont devoir subir un blocus et soutenir un siège ; à partir du moment où ils vont savoir que la seule manière de sauver leurs vies est de se débarrasser de l’un d’entre eux, les tensions vont s’exacerber et une passionnante réflexion va s’engager quant à la justice, au sens du devoir et à la loyauté, les différents points de vue venant se confronter dans un débat certes classique et 'déja vu' mais toujours intéressant. On a donc déjà connu ce genre de situations y compris au sein même de la série ; n’empêche que lorsque c’est écrit et interprété de la sorte, ça reste toujours captivant et en l’occurrence d’une belle et grande dignité. Ryker ne veut en aucun cas livrer cet homme à la vindicte populaire des mexicains malgré le fait qu’il ait été ami avec le chef du village qui le lui demande. Il veut au contraire le ramener en ville afin qu’il y soit jugé dans les règles. "Il est facile de risquer sa vie pour une personne que l'on aime, il est plus difficile de défendre quelqu'un que l'on déteste" sera en gros le leitmotiv de notre héros afin de ne pas retomber dans le piège ni de la loi de Lynch ni de la justice expéditive désormais pour lui bel et bien abolies et contre lesquelles il continue à se battre. Les deux camps restant sur leurs positions, des drames vont avoir lieu sans que Ryker ne perde pour autant ni son courage ni sa détermination.

Intrigue intelligente, réalisation carrée et excellente interprétation d’ensemble avec, outre Earl Holliman et un Clu Gulager toujours en grande forme, Royal Dano en alcoolique, Joyce Van Patten en femme de petite vertu ou encore John Hoyt en homme d’affaires véreux. L'on trouvera également quelques séquences mettant parallèlement en scène Trampas et le Virginien permettant au spectateur de souffler un peu sans que ce ne soit gratuit puisque les deux hommes vont se retrouver mêler in extremis à cette intrigue tendue après s’être inquiétés de la disparition de la diligence. A signaler enfin comme dans le précédent épisode, une bonne partition signée cette fois Sidney Fine. Cinq bons épisodes sur six, la quatrième saison part sur de solides bases !


En images sur classik
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99491
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image
James MacArthur

4.07- Jennifer

Réalisation : Don Richardson
Scénario : Theodore Apstein
Guest Star : James MacArthur
Première diffusion 03/11/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7/10

Le Pitch : Le Juge Garth vient de perdre sa sœur et son beau-frère, tous deux anéantis dans un accident, laissant derrière eux leur fille Jennifer. Même si pour des raisons familiales il n’a jamais revu sa nièce depuis la naissance de cette dernière, il a néanmoins décidé de la recueillir à Shiloh à la grande joie des cowboys à qui une présence féminine faisait défaut depuis le départ de Betsy. Jennifer est arrivée à Medicine Bow en compagnie de Johnny Bradford (James MacArthur) avec qui elle a fait le voyage en diligence depuis Tylerville, bourgade de laquelle le jeune homme s’est enfui après avoir tué un homme inquiétant qui le poursuivait…

Mon avis : 4ème et dernier épisode signé Don Richardson, Jennifer nous fait regretter que cet homme n’ait plus jamais officié par la suite, car comme Don McDougall il s’est avéré être l’un des tous meilleurs réalisateurs de la série. Comme son titre semble le faire penser, ce septième épisode de la saison va donc introduire dans la série un nouveau protagoniste qui ne va finalement rester qu’assez peu de temps puisque dès la saison suivante, cette jeune femme alors âgée d’une vingtaine d’année et interprétée par la charmante Diane Roter ne sera déjà plus au générique du Virginien. Jennifer est la nièce du juge Garth ; il ne l’avait vu qu’une seule fois à sa naissance, ayant toujours refusé de côtoyer le mari de sa sœur. Après la mort accidentelle des parents de sa nièce, le propriétaire du ranch Shiloh décide de la faire venir habiter avec lui, même s’il craint qu’elle lui reproche de n’être jamais être allé leur rendre visite à Boston. Et c’est effectivement ce qui va se passer, un des principaux éléments de l’intrigue reposant sur les tentatives du vieux juge pour amadouer et apprivoiser l’orpheline qui n’a toujours pas digéré que son oncle pense du mal de son père qu’elle aimait tant. Le jeu parfois maladroit et inexpérimenté de l’actrice Diane Roter convient parfaitement à son personnage un peu perdu, les séquences pleines de tension qui la réunissent à Lee J. Cobb se révélant tout à fait crédibles et au final assez touchantes ; en effet on compatit avec le vieux juge qui se voit ainsi rejeté alors qu’il aimerait fortement qu’ils deviennent complices… d’autant plus que sa fille Betsy vient de le quitter pour suivre son époux et qu'il se retrouve esseulée sans présence féminine à ses côtés.

Mais l’épisode débutait par une toute autre piste mettant en scène un certain Johnny Bradford, interprété par le futur Danno de Hawaii police d’état - autrement dit le jeune adjoint de Steve McGarrett -, le comédien James MacArthur. Et il s'agit donc d'une longue séquence de course poursuite qui ouvre cette fiction, Johnny se voyant d'emblée pourchassé par un homme inquiétant de sa connaissance qui se révélera être un Bounty Hunter ou chasseur de primes ; à signaler que le comédien qui tient ce petit rôle néanmoins marquant est le cascadeur et futur réalisateur Hal Needham. Se réfugiant dans une vieille grange, Johnny finira par abattre son poursuivant avant de -sans rien dire à personne de ce qui vient de se dérouler-, sauter dans la diligence où se trouve déjà Jennifer. Les deux jeunes gens vont faire connaissance et se prendre d’amitié l’un pour l’autre, l’orpheline trouvant une oreille attentive en la personne de cet homme prévenant ayant été très tôt lui aussi privé de parents. Arrivés à Medicine Bow, leurs routes se séparent ; pourtant, alors qu’elle visite les terres du ranch avec Le Virginien, elle le retrouve alors qu’il a pris place dans une cabane abandonnée. Demandant au régisseur de l’embaucher, ce dernier refuse prétextant que son équipe est au complet ; en revanche le juge lui demande de faire une exception dans le but de plaire à sa nièce récalcitrante. Voilà le fuyard meurtrier du début se mettant à travailler aux côtés de Trampas, Randy et les autres. Toute cette première partie est excellente, sans aucune volonté dramatique - à l'exception bien évidemment de la séquence d'ouverture décrite ci-avant -, dans l'ensemble au contraire plutôt documentaire sur le travail des cowboys, abordant des problèmes d'ordres familiaux mais la majeure partie du temps sur un ton bon enfant malgré les troubles qui existent entre nièce et oncle.

De son côté, Ryker apprend en même temps le crime ayant été perpétré dans la ville voisine ainsi que l’arrivée de cet étranger par la diligence en provenance de cette même bourgade ; il fait donc très vite le rapprochement mais tente d’avoir des preuves plus tangibles avant d’agir. Après enquête il va comprendre ce à quoi les spectateurs ont assisté dans la première séquence, à savoir que le sympathique Johnny pourrait être un homme violent recherché pour meurtre. Ce dernier, acculé et apeuré, va prendre en otage Jennifer. Ce final quoique très efficace grâce entre autre à l’interprétation de James MacArthur n’en est pas moins un peu décevant en regard de ce qui a précédé, les scénaristes ayant bien du mal à insuffler beaucoup de tension par le fait de ne pas avoir rendu leur protagoniste principal plus inquiétant avant ça. Mais je ne vous en dirais pas plus au risque de tout dévoiler et me faire taper sur les doigts pour cause de trop grand nombre de spoilers. Sachez néanmoins que malgré un dernier quart un peu en deçà, l’ensemble se maintient à un très bon niveau tout du long, que Randy entonne une chanson un peu moins enthousiasmante qu’habituellement et que le grand compositeur Hans J. Salter - dont le plus beau travail pourrait être la sublime bande originale du non moins génial Les Affameurs (Bend of the River) de Anthony Mann – participe pour la première et unique fois à la série sans que le résultat ne soit particulièrement marquant.

On se souviendra longtemps de la première apparition de l’actrice Diane Roter divinement habillée dont nous regrettons déjà qu’elle doive repartir avant la fin de la saison, on retiendra de très belles prestations de Lee J. Cobb, Clu Gulager et James Drury et on restera attendri devant la dernière séquence montrant bien évidemment le retour en grâce de l’oncle auprès de sa nièce longtemps rétive, le plan de leurs mains se rejoignant entérinant la très belle sensibilité de l’ensemble. Avec le Virginien, Trampas et Randy, on évoquera également - peut-être pour la dernière fois – le départ de Betsy que tout le monde semble regretter. Épisode bien équilibré entre action, humour, romance et ‘drames’ familiaux. On en redemande !


En images sur classik
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99491
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image
Charles Bronson

4.08- Nobility of Kings

Réalisation : Paul Stanley
Scénario : Richard Fielder
Guest Star : Charles Bronson
Première diffusion 10/11/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7/10


Le Pitch : Ben Justin (Charles Bronson), son fils et sa seconde épouse viennent de s’installer proche des terres du juge Garth. Le passé du chef de famille l’a fait devenir très méfiant et plutôt misanthrope ; il ne veut plus de l’aide de quiconque et souhaite désormais réussir à s’en sortir seul en tant qu’éleveur. Son caractère ombrageux ne va pas l’aider à se faire des amis parmi les ranchers alentour qui après avoir essayé de lui expliquer leur mode de fonctionnement vont renoncer devant tant de défiance. Il va même finir par se mettre à dos sa femme et son fils lorsqu’il apprendra qu’ils vont régulièrement rendre visite à leurs voisins de Shiloh…

Mon avis : Hormis un malencontreux faux pas déjà vite oublié, le premier tiers de cette saison 4 semble vouloir se poursuivre avec toujours le même niveau d’exigence, témoin cet épisode au ton assez dramatique mettant en avant un fermier récemment arrivé avec sa famille sur les terres alentour de Shiloh et qui souhaite se lancer dans l’élevage à sa manière et sans aucune aide extérieure. Sauf que les ranchers de la région ont des règles bien précises afin que les relations de voisinage se passent pour le mieux et qu’ils aimeraient bien qu’elles soient également respectées par ce nouvel arrivant. Mais ce dernier n’en fait qu’à sa tête et continue par exemple à marquer les veaux qui viennent à se promener sur sa propriété alors qu’il est interdit de le faire avant la fin de l’hiver afin que chacun des éleveurs ait le temps de ‘retrouver ses petits’. Une petite notation documentaire assez typique de la série et qui intéressera probablement les amateurs de western qui n’auront finalement pas souvent eu l'occasion d'en rencontrer au sein des films de cinéma, ces derniers n'ayant pas forcément le temps de s’arrêter sur ce genre de détails qui pourraient paraitre futiles. Quoiqu’il en soit et pour en revenir au principal protagoniste de cette histoire, le caractère ombrageux voire hargneux de Ben va lui causer des soucis puisque les cowboys et gros éleveurs ne sont pas du genre à se laisser faire, en l’occurrence ici le personnage interprété par l’excellent George Kennedy qui ne perd pas une occasion pour le pousser à bout, ce qui se terminera par un combat à poings nus sec et très teigneux, efficacement mis en scène par un Paul Stanley qui s’avère très professionnel.

Ben est campé par un acteur qui commençait doucement mais surement à avoir son groupe de fidèles grâce principalement à John Sturges (Les Sept Mercenaires ; La Grande Évasion) et qui venait de se voir attribuer par Vincente Minnelli un très beau rôle dans son superbe et méconnu Le Chevalier des Sables (The Sandpiper) ; à savoir Charles Bronson qui aura surtout son heure de gloire la décennie suivante avant d’être tout aussi rapidement vilipendé par une grande majorité de la critique à partir du moment où il aura incarné Paul Kersey, le personnage principal très peu politiquement correct de Death Wish (Un Justicier dans la ville) de Michael Winner. Au final, il aurait surement fallu être au départ plus nuancé de part et d'autre, Bronson n'étant pas forcément un immense comédien mais néanmoins un acteur charismatique tout à fait honorable, témoin pour ne prendre qu'un seul exemple parmi d'autres, sa prestation étonnante dans Les Collines de la Terreur (Chato’s Land) du même Michael Winner. Dans cet épisode du Virginien, il prouve avoir dramatiquement parlant plusieurs cordes à son arc, tout autant crédible lorsqu’il se fait inquiétant que lorsqu’il retrouve son sang-froid, son calme, et qu’une part d’humanité semble vouloir prendre le dessus. Ben a été autrefois échaudé à plusieurs reprises dans ses affaires faute à un collaborateur peu scrupuleux ; depuis, persuadé d’avoir été jusque-là un pitoyable raté, il est devenu amer, violent, têtu et taciturne. Il est désormais effrayé par l’échec et veut coûte que coûte se prouver qu’il est capable d’acquérir richesse et respect seul et sans l’aide de quiconque, ce qu’il compare à la noblesse des rois (d'où le titre de l'épisode, Nobility of Kings). Mais il se méfie de tout le monde y compris de son entourage le plus proche, à savoir son fils Will qu’il ne souhaite pas voir travailler lui non plus à ses côtés.

Ce jeune homme d’une vingtaine d’années est plutôt bien interprété par Robert Random alors que sa belle-mère, Mary, est campée par une Lois Nettleton assez émouvante, elle qui n’était pourtant guère convaincante l’année précédente dans A l'ouest du Montana (Mail Order Bride) de Burt Kennedy. Ayant dans l’idée d’apporter de l’aide à Ben malgré le fait qu’il leur ait bien fait comprendre qu’il n’en avait pas besoin, l’épouse et son fils adoptif vont souvent se rendre à Shiloh à l’invitation de Garth et du Virginien ; en effet ces derniers souhaitent leur faire cadeau d’un cheval et de leçons d’équitation afin que Ben puisse enfin être correctement secondé. Lorsque ce dernier apprendra ces secrètes escapades, il sera non seulement très en colère mais fera montre de plus d’une grande jalousie, accusant sa femme de l’avoir trompé avec le régisseur après avoir remarqué une bonne entente entre les deux. Tout ceci aurait pu tourner à la plus grave des tragédies d’autant plus que la fièvre aphteuse qui s'abat sur le troupeau de Ben va s’ajouter à tout le reste déjà guère reluisant... sauf que les auteurs auront eu la bonne idée de ne pas tomber dans ce travers mélodramatique, l’épisode se clôturant au contraire sur un Happy end d’une grande et belle dignité, même les fortes têtes comme celle interprétée par George Kennedy finissant par se remettre en cause et trouver un terrain d’entente avec lui. Si l’épisode aura parfois semblé un peu trop bavard, grâce surtout à la qualité de l’interprétation – Bronson parvient à rendre son personnage complexe et nuancé - et de l’écriture, il n’en aura pas moins démontré une belle humanité, aura brossé un intéressant portrait psychologique et nous aura offert l’un des plus beaux finals depuis le début de la série, démontrant qu’une fin heureuse n’est pas nécessairement plaquée pour faire plaisir aux téléspectateurs mais peut également s’avérer non seulement légitime mais porter un message plus qu’honorable, ici l’acceptation de l’entraide aboutissant à du meilleur pour tout un chacun.

Aucun trait de génie, aucune idée surprenante mais un ensemble carré et drôlement efficace avec plusieurs points d’orgue comme la séquence de la réunion des ranchers ou encore celle très sobre de l’abattage du troupeau. A signaler également de belles prestations de Lee J. Cobb et James Drury, le Virginien se révélant un peu moins déterminé et au contraire un peu plus souple qu’à l’accoutumée, le juge toujours aussi bon médiateur. A noter aussi une musique signée non moins que Bernard Herrmann immédiatement reconnaissable dès les premières secondes puisqu’il réutilise ici d’emblée les trois premières notes du thème principal de The Trouble with Harry. A savoir enfin qu’en 1971, probablement pour capitaliser sur la notoriété de Bronson, Universal a remonté deux épisodes de la série, celui-ci ainsi que Duel At Shiloh, pour en faire un long métrage sorti sous le titre Le Solitaire de l’Ouest (The Bull of the West) ; il fut évidemment très peu apprécié et l’on peut deviner pourquoi tellement les deux épisodes n’ont pas grand-chose à voir entre eux et qu'il semblait dès le départ impossible de les rassembler pour aboutir à un résultat convaincant.


En images sur classik
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99491
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

hellrick a écrit :SAISON 4 - volume 1


Avec ses intrigues variées exploitant toutes les possibilités du cadre « western » (romance, ville ou maison assiégées par des méchants, rivalité entre éleveur, dilemmes moraux, personnage tentant d’échapper à leur passé) et ses guest-stars (Kurt Russell, Susan George, Leonard Nimoy, George Kennedy, William Shatner, Charles Bronson,…) ces dix épisodes sont de très bonnes tenues : tous se situent au-dessus de la moyenne et quelques-uns (« The brothers », « Ring of silence », « Show me a hero ») sont même d’excellents westerns n’ayant rien à envier aux productions cinématographiques de la même époque. Bref, que du bonheur et vivement la suite !
C'est clairement vrai pour Show me a Hero, épisode remarquable à tous points de vue avec même une magnifique partition de Bernard Herrmann. Surement le plus beau rôle de Richard Beymer. A suivre plus longuement.
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99491
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image
Richard Beymer & Sherry Jackson

4.09- Show me a Hero

Réalisation : Leon Benson
Scénario : Frank Chase
Guest Star : Richard Beymer
Première diffusion 17/11/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 8.5/10


Le Pitch : En venant à la rescousse de Colter (Richard Beymer), un homme dont les chevaux se sont emballés, Trampas blesse sa monture. Il est forcé de rester quelques jours à Eagle Rock, bourgade fantôme que l’homme à qui il vient de sauver la vie a ressuscité lorsqu’il a appris que le chemin de fer ne devrait pas tarder à passer en ces lieux. Il a amené avec lui une cinquantaine de compatriotes qui commencent à s’impatienter, ne voyant rien venir et ayant du mal à subsister. Les ennuis pourraient prendre fin grâce à un homme d’affaires ayant dans l’idée d’y installer une maison de jeux mais qui en fait souhaite prendre le contrôle de la ville...

Mon avis : Le 9ème épisode ce cette 4ème saison du Virginien vient confirmer ce qu’il m’était déjà arrivé d’affirmer à quelques reprises - sans nécessairement penser que ça allait être vrai après que la série ait pris son rythme de croisière -, à savoir que ses meilleurs épisodes pouvaient sans problèmes se vanter de rivaliser avec les plus grands westerns de l’époque. Et d’ailleurs Show Me a Hero est une fiction remarquable à tous les niveaux, captivante, intelligente, formidablement bien écrite, interprétée et réalisée, Frank Chase et Leon Benson prouvant à nouveau qu’ils faisaient partie des recrues les plus fiables de la série aux postes de scénaristes et réalisateurs. L’extrême compétence de Frank Chase, c'est déjà au moins la qualité d'écriture assurée, un ensemble parfaitement bien géré et sans digressions disgracieuses qui fait que la lassitude ne nous gagne jamais. L'auteur n’en était pas à son coup d’essai au sein de la série puisqu’il avait auparavant déjà signé au cours de la saison initiale le superbe et touchant If You have Tears avec Dana Wynters, dans la deuxième saison le très bon épisode avec Robert Redford, The Evil That Men Do, mais surtout très récemment Another’s Footsteps de R.G. Springsteen avec John Agar, fiction d'une formidable densité, d'une étonnante richesse thématique et émotionnelle, ainsi que d'une intensité qui en faisait non seulement déjà un sommet de la série mais du western tout court.

Il en va donc de même pour celui qui nous préoccupe ici avec Leon Benson aux manettes derrière la caméra, précédemment réalisateur de l’épisode Farewell to Honesty à l’occasion duquel il s’avérait déjà habile notamment dans son utilisation inspirée des gros plans et du hors-champ - ce qui se révèle à nouveau vrai ici -, ainsi que du très beau The Awakening qui narrait avec beaucoup de sensibilité le mariage et le départ de Betsy. Show me a Hero se déroule loin de Shiloh et ne met en scène parmi les personnages récurrents que le seul Trampas ; l’épisode possède du reste beaucoup de points communs avec un autre sommet de la série, le 13ème de la saison 2, Siege, qui nous montrait déjà Trampas seul en prise avec des Comancheros ayant fait main basse sur une ville éloignée de Medicine Bow. Ici cette thématique assez classique dans le domaine du western de la mainmise d’une bourgade par des hommes d’affaires véreux et sans scrupules, est abordée d’un point de vue plutôt original. En effet le patelin dont il est question était encore voici quelques mois une Ghost Town que viennent ressusciter une cinquantaine de ‘colons’ venus de l’Est ayant entendu dire que la ligne de chemin de fer n’allait pas tarder à passer en ces lieux ; on pense bien évidemment à postériori au célèbre Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone. La première séquence nous met directement face aux agissements brutaux de ces dangereux malfrats qui ne reculent devant aucune violence et malversations pour arriver à leurs fins, à savoir faire régner la terreur sur les villes qu’ils ‘prennent en main’. Sécheresse qui surprend d’emblée grâce surtout à l’interprétation d’une redoutable efficacité de l’inquiétant Lee Patterson dans le rôle de l’homme de main du businessman, celui chargé d’aller intimider et menacer les habitants des bourgades choisies pour prochainement tomber sous leur coupe.

Puis, toujours en prégénérique, nous en venons directement à la scène qui voit Trampas sauver la vie de celui qui dirige la nouvelle édification de la ville fantôme, le Tony de West Side Story qui était déjà excellent dans le rôle d’un jeune garçon au sang un peu chaud dans You Take the High Road dans la saison 3, et qui se révèle ici tout à fait exceptionnel, totalement crédible dans la peau de Coulter, cet homme qui croit dur comme fer pouvoir redonner vie à une ville abandonnée et en faire un havre de bonheur et de paix, allant tout mettre en œuvre pour y parvenir sans heurts. Lors de cette séquence initiale au cours de laquelle nous le découvrons pour la première fois, Trampas galope à vive allure pour rattraper sa carriole dont les chevaux se sont emballés ; étonnement et pour notre plus grand plaisir, elle ne recourt à aucune transparence ni stock-shots, les comédiens paraissant avoir eux-mêmes accomplis leurs cascades, les travellings et panoramiques ainsi que la fluidité du montage aboutissant à une scène d’une énergie que l’on n’attendait pas au sein d’une série télévisée aux modestes moyens. On peut en remercier non seulement les acteurs mais surtout Leon Benson qui s’avèrera constamment tout aussi passionné par ce qu’il mettra en scène, tout cela amenant à une confrontation finale attendue mais ne manquant pas de puissance dramatique. Le tout sans manichéisme, beaucoup d’habitants ayant mis du temps à se décider à combattre les malfrats, y compris Trampas d’ailleurs, qui finira néanmoins par accepter une étoile d’adjoint après que le shérif ait réussi à le convaincre. Il faut dire à sa décharge que celui contre qui il a à lutter est un vieil ami du temps où ils étaient tous les deux du mauvais côté de la loi et que sa loyauté lui dit de ne pas intervenir… jusqu’à un certain point… les actions entreprises (incendie des maisons) et les violences commises à l’encontre des braves citoyens (Coulter malmené avec brutalité en pleine rue) devenant inadmissibles et insupportables.

Un épisode qui restera probablement comme l’un des sommets de la série, de plus soutenu par une très belle réussite musicale du célèbre comparse d’Alfred Hitchcock, Bernard Herrmann, ainsi que par un casting quasiment parfait, outre tous ceux déjà cités plus haut, la charmante Sherry Jackson (l’épouse de Coulter), Douglas Fowley (le shérif vieillissant mais toujours d’une formidable droiture), Mort Mills (le maréchal-ferrant) ou encore Leonard ‘Spock’ Nimoy (l’avocat). On retiendra donc avant tout une mise en scène carrée, des protagonistes possédant tous une véritable épaisseur psychologique, tous nuancés et richement dépeints, ainsi enfin qu'une histoire qui met sur le devant de la scène l’entraide, la détermination et le devoir de s’accrocher à ses convictions sans fléchir et surtout sans accepter de compromissions. Il aura été difficile pour certains citoyens apeurés de se décider à lutter contre des hommes qui auraient pu leur permettre de se remettre à flots, mais la survie de leurs rêves et le garant de leurs bonnes consciences devaient en passer par le conflit. Une fiction se prenant totalement au sérieux - sans néanmoins être trop solennelle - qui s’avère en définitive d'une grande dignité et tout simplement superbe !


En images sur classik
Avatar de l’utilisateur
Lockwood
Assistant(e) machine à café
Messages : 125
Inscription : 23 août 15, 20:39

Re: Le Virginien

Message par Lockwood »

huhu ça donne envie de s'y replonger!

Allez c'est reparti pour la saison 4 !
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99491
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image
Joan Staley & Michael Forest

4.10- Beyond the Border

Réalisation : Don McDougall
Scénario : Martha Wilkerson
Guest Star : Thomas Gomez & Joan Staley
Première diffusion 24/11/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 6.5/10

Le Pitch : Trampas et le Virginien ont pris le train direction le Mexique. Ils doivent y acheter et ramener six chevaux Palominos pour le juge Garth. Arrivé à un village au bord de la frontière, le régisseur de Shiloh tombe malade et, ayant missionné Trampas pour aller seul s’occuper des chevaux, il est obligé de rester à se faire soigner dans une auberge isolée où l’unique autre client est une Saloon Gal esseulée, Maggie. Seulement cet endroit est le lieu où doivent se retrouver une bande de malfaiteurs dont le chef n’est autre que le fiancé de la jeune femme. L’aubergiste s’inquiète alors de l’arrêt forcé du Virginien dans son établissement…

Mon avis : Beyond the Border marque le retour de notre réalisateur chouchou pour cette série, à savoir Don McDougall, qui n’avait pas encore montré le bout de son nez au sein de cette quatrième saison. Il s’agit de son 17ème épisode sur 42 qu’il mettra en scène au total ; et, sans cependant atteindre des sommets, c’est une réussite assez originale qu’il nous octroie à nouveau à cette occasion ; réussite qui tient avant tout à la qualité de l’écriture, le scénario s’avérant assez intelligent pour court-circuiter toutes nos attentes, pour emmener l’histoire là où on ne l’attendait pas et enfin pour faire perdre tous nos paris quant à la résolution de l’intrigue. C’est pour cette raison que, une fois n’est pas coutume, je déconseillerais à ceux que les spoilers agacent de poursuivre la lecture de ce texte. Beyond the Border débute à Shiloh alors que seuls Trampas et le Virginien se trouvent sur place, tous les autres semblant vaquer à des occupations bien loin de là. Le régisseur discute avec Trampas qui se vante de travailler comme une bête et de ne pas avoir une seconde à lui ; alors qu’il lui demande conseil pour savoir lequel des cowboys pourrait l’accompagner au Mexique chercher des chevaux pour leur patron, en priorité quelqu’un n’ayant pas grand-chose à faire à cette époque de l’année, Trampas lui rétorque qu’il vient de trouver son homme en sa personne ; le Virginien lui faisant part de l’incohérence de ces derniers propos qui sont en totale contradiction, Trampas de lui rétorquer que le connaissant parfaitement, il sait très bien qu’il se trouve devant le plus fieffé des menteurs et des roublards. Sur quoi les deux amis partent "bras dessus bras dessous" et se retrouvent dans un train se rendant de l’autre côté de la frontière, à quelques jours de voyage de là.

Un avant-propos assez cocasse et qui montre qu’un 'héros' peut aussi être extrêmement fourbe tout en restant très sympathique. Les séquences dans le train montrent l’impatience de nos deux hommes qui supportent assez mal le voyage, et nous font entrevoir que le Virginien n’est pas au sommet de sa forme. En témoigne aussi leur premier arrêt après que le train les ait conduit non loin de la frontière mexicaine : alors qu’ils font une pause pour boire un coup dans un saloon de la région, Trampas qui a voulu séduire une fille qui se trouvait là se voit menacer par un groupe d’hommes lui demandant avec virulence de s’éloigner d’elle ; notre cowboy s’exécute sans que son patron n’ait levé le petit doigt, ce qui n’est pas dans les habitudes de ce dernier, toujours prêt au contraire à aller jouer les médiateurs et prenant toujours la défense de ses hommes. L’étape suivante est une auberge qui pourrait rappeler un peu le saloon de Vienna dans Johnny Guitar par le fait de sembler vide et un peu factice (la faute en incombant pour ce deuxième élément à des décors un peu ‘cheap’, cependant joliment photographiés par le grand Ray Rennahan). Seuls le patron et son employé barman sont là pour les accueillir, l'unique autre cliente présente étant la même jeune femme précédemment rencontrée par Trampas et qui lui avait valu d’être un peu malmené. Il s’agit en fait de la petite amie d’un chef de bande assez inquiétant qui nous avait été présenté quelques minutes auparavant. L’on comprend vite que si l’établissement est vide c’est parce qu’il doit servir de refuge aux malfaiteurs après qu’ils aient fait un mauvais coup. Le gérant est donc très inquiet lorsqu’il voit débarquer deux inconnus surtout qu’il n’a pas envie qu’ils tournent autour de la maitresse du gangster d’autant que ce dernier semble extrêmement jaloux ; même s’il leur dit qu’il ne peut pas les héberger, le voici coincé lorsque le Virginien, bel et bien très malade, s’effondre à terre.

A partir de ce moment-là, Trampas disparait de l’intrigue puisque le régisseur le charge d’aller négocier seul l’achat des chevaux au Mexique pendant qu’il restera sur place quelques jours en convalescence. Et c’est une romance qui se met en place puisque la femme présente s’occupant activement du malade, les deux finissent par éprouver des sentiments l’un pour l’autre, au grand dam des hôteliers qui constatent cet amour naissant. Tout le reste, je le garderais secret, mais sachez que le final est très surprenant, bougrement inattendu et donc très réjouissant ; je ne parle pas du fait que le Virginien reparte à nouveau bredouille à Medicine Bow, ayant une fois de plus perdu l’occasion de trouver une épouse qui lui aurait parfaitement bien convenu. Le personnage de Maggie s’avérait d'ailleurs magnifique, bien aidé en cela par la prestation admirable d’une comédienne bien trop méconnue, aussi charmante que talentueuse, la belle Joan Staley. Malgré une carrière assez courte, les cinéphiles avaient déjà pu la croiser dans Les Nerfs à Vif (Cape Fear) de Jack Lee Thompson ou Piège à Minuit (Midnight Lace) de David Miller ; les westernophiles la retrouveront l’année suivante, toujours aussi irrésistible, dans le sympathique La Parole est au colt (Gunpoint) de Earl Bellamy aux côtés de Audie Murphy. Parmi les autres comédiens de cet épisode, un très bon Michael Forest qui avait déjà joué deux fois sous la direction de McDougall dans cette même série, très convaincant en bandit absolument pas caricatural, ainsi que Joe Mantell dans le rôle du barman polonais rêvant de travailler à San Francisco ou encore Thomas Gomez, l’un des acteurs mexicains les plus prolifiques du cinéma hollywoodien durant les années 40 à 60, de Capitaine de Castille de Henry King à Trapèze de Carol Reed en passant par Key Largo de John Huston, Force of Evil de Abraham Polonsky... et tant d'autres.

Pourquoi alors une note pas plus élevée pour cet épisode ? Car son rythme est tellement indolent, son intrigue tellement confinée et ses ressorts dramatiques tellement minces que sur le coup tout ceci nous parait aussi anodin qu’incongru. C’est en y repensant et en se rendant compte qu’il reste entêtant que la réussite nous parait de mise et que la romance contrariée nous touche encore plus. Nous devons cette jolie histoire à une femme, Martha Wilkerson, féministe avant l’heure puisque c’est d’elle que viendra ensuite l’idée d’introduire un agent féminin pour U.N.C.L.E. (la série les Agents très spéciaux), ce qui aboutira à The Girl from U.N.C.L.E. Bien écrit, assez surprenant et au final, même si pas spécialement captivant, très attachant ; cette fiction sur la rédemption par l’amour devrait plaire encore plus lors d’une deuxième vision.


En images sur classik
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99491
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image
Michael Constantine & Louise Sorel


4.11- The Dream of Stavros Karas

Réalisation : Richard Benedict
Scénario : A.I. Bezzerides
Guest Star : Michael Constantine
Première diffusion 01/12/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 6/10

Le Pitch : Karas est un fermier devenu récemment veuf ; il a toujours deux jeunes enfants à charge. Ayant besoin d’une aide féminine pour tenir sa maison, il attend une épouse qui doit venir de son pays d’origine. Quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il constate la jeunesse de la nouvelle arrivante, ce qui ne manque pas de le gêner ! Dans le même temps, il entre en conflit avec ses voisins les plus proches qui ne veulent pas lui faire profiter du cours d’eau qui passe sur leur propriété et dont il aurait bien besoin pour irriguer ses figuiers ; le fait que le fils de cette famille peu aimable ait des vues sur la jeune mariée ne va pas faciliter les choses…

Mon avis : C’est le scénariste de La Maison dans l'ombre (On Dangerous Ground) de Nicholas Ray, Track of the Cat de William Wellman ou encore En quatrième vitesse (Kiss Me Deadly) de Robert Aldrich qui officie sur le 11ème épisode de cette 4ème saison. Et c’est effectivement au niveau de l’écriture que The Dream of Stavros Karas s’en sort le mieux, un casting en revanche assez moyen empêchant cette fiction de se hisser au-dessus de la mêlée. C’est d’autant plus dommage que Richard Benedict s’en tirait plutôt bien derrière la caméra, autrement mieux que lors de sa première contribution à la série qui n’était autre que le très mauvais A Slight Case of Charity, le 21ème épisode de la saison précédente avec pourtant Warren Oates parmi les invités. Le résultat s’avère ici dans l’ensemble cependant très honorable grâce aussi à la Guest Star Michael Constantine qui réussit une prestation pleinement convaincante dans un rôle pourtant difficile de prime abord, son personnage ayant pu très facilement s’avérer péniblement larmoyant. Stavros Karas est donc un émigrant grec arrivé depuis quelque temps dans la région ; il est devenu fermier spécialisé dans la culture du figuier, voisin du ranch Shiloh et bon ami du juge Garth. Ayant récemment perdu son épouse, il reste avec deux enfants sur les bras et a beaucoup de mal à assurer non seulement leur éducation mais aussi la tenue de sa maison. Il demande donc à un compatriote resté au pays de lui ‘envoyer’ une femme qui serait d’accord pour le prendre pour époux, faisant dans son courrier miroiter à sa future compagne une vie plutôt assez aisée et tranquille dans la ferme du Wyoming dans laquelle il s’est installé.

Ce jour-là, Stavros se rend à la gare pour accueillir la femme destinée à l’épouser, Eleni ; quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il se rend compte de son très jeune âge ! Il avait au départ seulement dans l’idée la venue d’une ‘aide-ménagère’ au sein de son foyer mais ne souhaitait pas nécessairement une femme avec qui il aurait eu des relations intimes. Le charme évident de la jeune femme lui fait alors reconsidérer tout cela mais il est dans le même temps assez gêné : doit-il lui imposer le mariage avec un pauvre et vieil homme comme lui ? La moitié de l’intrigue va tourner autour de ce questionnement et ce problème de conscience. La situation va s’aggraver par le fait qu’un jeune homme tourne autour de la promise de Stavros et que Jennifer, la nièce du Juge Garth avec qui nous avons fait récemment connaissance, conseille à Eleni de ne pas épouser le fermier auquel cas elle ne serait probablement pas heureuse. A côté de ce postulat romantique et romanesque s’en greffe un autre, plus pragmatique, consistant pour notre fermier à essayer de convaincre son voisin de laisser couler son eau sur son terrain afin que ses figuiers puissent être irrigués, seule ressource qui lui permettrait de pouvoir nourrir et faire survivre sa famille. Pas de chances, celui qui courtise la séduisante Eleni est justement le fils de ce voisin acariâtre et foncièrement égoïste qui ne veut rien entendre à un quelconque partage de ses biens même si cette source lui est somme toute inutile et finit par se déverser dans un cours d’eau qui appartient à tout le monde. Un drame va avoir lieu qui pourrait couter la vie au pourtant paisible immigrant comme le lui annonce Ryker qui ne sait plus trop comment gérer ce conflit qui aurait pu se résoudre facilement avec de la bonne volonté…

Deux pistes dramatiques toutes deux aussi bien construites et entremêlées mais qui ne conduisent cependant pas à une puissance ou à une tension grâce auxquelles nous aurions pu être grandement captivés de bout en bout par l'histoire ; faute donc principalement à un casting assez mineur, Louise Sorel, malgré son charme, ne parvenant pas vraiment à nous séduire - encore moins lorsqu'elle se met à la guitare -, alors que d’un autre côté les ‘Bad Guys’ sont interprétés par John Anthony Hayes et Russ Conway avec bien trop de fadeur pour réellement nous inquiéter. Quand à Diane Roter, si la maladresse de son jeu convenait parfaitement à l’épisode dans lequel on la présentait en tant que nièce du juge, elle l’handicape ici un peu, l’on commence déjà à sentir ses limites en tant que comédienne et à se dire qu’elle aura bien du mal à nous faire oublier Roberta Shore. Heureusement nous pouvons nous reposer sur les prestations au contraire très convaincantes de Lee J. Cobb et Clu Gulager, Le Virginien et Trampas étant dans cette fiction aux abonnés absents. Sinon le tout se regarde sans déplaisir et les auteurs nous concoctent quelques séquences assez émouvantes voire même plutôt correctement réalisées lorsqu’il s’agit de bifurquer vers le suspense ou l’action notamment au moment d'aborder le conflit qui oppose les deux voisins et la décision par Stavros d’aller coûte que coute détourner l’eau afin qu’elle passe au milieu de son verger.

Certes mineur The Dream of Stavros Karas se révèle pourtant loin d’être désagréable, joliment réalisé par un Richard Benedict qui se fend de compositions et cadrages aussi beaux qu’originaux, très bien écrit aussi, mais qui manque de rigueur dans la direction d’acteurs, de puissance dramatique et de tension. La conclusion et les petits messages plein de bons sentiments laissés ici et là sont assez progressistes et par ce fait plutôt appréciables, mettant en avant l’entraide, la fraternité, l’éducation et ne remettant pas en cause une forte différence d’âge au sein d’un couple. Un épisode familial rondement mené qui repose avant tout sur les épaules d'un très bon Michael Constantine qui évite tout cabotinage.


En images sur classik
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99491
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image
Clu Gulager

4.12- The Laramie Road

Réalisation : Charles S. Dubin
Scénario : Halsted Welles
Guest Star : Harold J. Stone, Claude Akins & Leslie Nielsen
Première diffusion 08/12/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7.5/10


Le Pitch : Alors qu’elle se trouve seule avec son jeune fils, une mère de famille est tuée par deux vagabonds qui rodaient alentours à la recherche de nourriture. Le garçon avait pu fuir quelques minutes avant le drame, mandé d’aller prévenir son père, le barman de Medicine Bow (Harold J. Stone). Ryker arrête les deux meurtriers qui nient les faits. Ne souhaitant surtout pas que les criminels puissent être relâchés faute de preuves ou par laxisme, les habitants veulent en venir au lynchage. Ryker, troublé par sa conscience, va avoir fort à faire pour empêcher que la loi et la justice soient bafouées d’autant plus qu’une autre tragédie va suivre…

Mon avis : C’est la première contribution à la série du réalisateur de télévision Charles S. Dubin qui reviendra par la suite signer sept autres épisodes. Il s’agit également de la première et unique collaboration au Virginien du scénariste Halsted Welles qui a lui aussi beaucoup œuvré pour la petite lucarne mais qui aura néanmoins marqué de son empreinte le septième art par l’intermédiaire de deux films que les westernophiles portent en très haute estime, tous deux réalisés par l’immense Delmer Daves : l’atypique mélodrame westernien La Colline des Potences (The Hanging Tree) avec Gary Cooper et Maria Schell ainsi et surtout que ce chef d’œuvre décidément indémodable qu’est 3.10 pour Yuma avec Glenn Ford et Van Heflin. L’un des points communs entre les deux était une belle sensibilité et une grande délicatesse dans la description de leurs histoires d’amour, aussi brève soit-elle pour le second ; il en va de même dans The Laramie Road, les relations et rapports entre Clu Gulager et la sublimement belle Margaret Blye - que l’on verra dans le domaine du western au cinéma dans Hombre de Martin Ritt mais aussi dans l’amusant et mésestimé L’Or des pistoleros (Waterhole #3) de William A. Graham – faisant partie des éléments qui contribuent à sa grande réussite. Dommage d’ailleurs que la romance entre le shérif et la Saloon Gal ne se poursuive pas dans les épisodes à venir, la comédienne n'ayant participé qu'à celui-ci.

Puisque nous en sommes à parler des différents participants, signalons aussi au sein du casting les excellents seconds rôles que sont Harold J. Stone (Le Collier de Fer de R.G. Springsteen ; Duel dans la Boue de Richard Fleischer ; Le Faux Coupable d’Alfred Hitchcock) ou encore Claude Akins (Rio Bravo de Howard Hawks ; Les Maraudeurs attaquent de Samuel Fuller ; Comanche Station de Budd Boetticher), ainsi et surtout ici qu’un mémorable Leslie Nielsen. Un épisode qui démarrait donc sous de très bons augures, ce qui va se vérifier au visionnage, faisant perdre au passage à la série l’un de ses personnages récurrents qui va succomber à la violence des deux vagabonds dont justement celui interprété par un très inquiétant Leslie Nielsen qui prouvait bien avant la franchise des innénarables Naked Gun (Y-a-t-i-l un flic… ?) qu’il pouvait être tout aussi convaincant en salaud intégral qu’en policier gaffeur. Ce récit va aborder une fois de plus le thème peut-être le plus usité du western et donc lancer une n-ième mais toujours captivante réflexion sur la loi et la justice, comme le faisait d’emblée la série dès son pilote avec immédiatement une attaque assez virulente contre la vengeance et le lynchage, le Virginien lui-même étant dès la première minute écœuré par ses concitoyens qui se jetaient tête en avant dans cette pratique ‘hors-la-loi’ et d’un autre âge. The Laramie Road est peut-être encore plus puissant et culotté car les deux hommes que la population veut lyncher - de peur qu’ils soient relaxés par une justice laxiste ou par manque de preuves - sont deux véritables ordures dont nous avons pu assister aux ignobles méfaits ; car si les protagonistes de cette fiction n’ont aucune preuve quant à la culpabilité des deux vagabonds, nous spectateurs avons été témoins non seulement de leurs crimes odieux mais de leur méchanceté viscérale et sadique.

L’épisode débute par le crime crapuleux d'une aimable mère de famille ; hors champs bien évidemment, mais la tension qui a précédée était telle que nous avons presque eu l’impression d’y assister. Aussi bien dans l’écriture que dans la réalisation et surtout dans l’interprétation de Leslie Nielsen et Berkeley Harris, inquiétants au possible - sentiment renforcé par leurs accoutrements excentriques et incongrus avec chapeaux melons et ombrelles - une séquence pré-générique qui marque les esprits tellement elle s’avère bien plus noire que ce à quoi l’on pouvait s’attendre en visionnant une série de l’époque. Le reste sera tout aussi sombre, l’intrigue étant principalement basée sur les problèmes de conscience de Ryker quant à la manière de faire appliquer la loi et quant à l’éthique qu’il faut avoir pour exercer la fonction de shérif. Clu Gulager se voit offrir là l’un de ses rôles les plus difficiles depuis le début et il s’en sort une fois encore avec panache. Ayant été autrefois tenté de prendre un 'mauvais chemin', Ryker ne se sent pas apte à assurer son métier d’homme de loi et ne sait pas s’il serait capable de tenir la foule à l’écart de sa prison voire même de tirer sur ses amis pour protéger des crapules qui finiront néanmoins probablement sur l’échafaud. Un autre élément - voulu ou non - accroit le malaise, la noirceur et le réalisme de l’ensemble, tous les personnages transpirent à grosses gouttes d’un bout à l’autre de l’épisode, ce dernier semblant avoir été tourné durant des journées de forte canicule ; par leurs sueurs et leurs visages crasseux, l’on sent ainsi mieux la tension qui habite tous les personnages, la plupart étant prêts à franchir des degrés dans la violence totalement injustifiables moralement parlant. Le Juge Garth et le Virginien auront beau proposer leur aide à Ryker pour faire régner l’ordre, ce dernier décidera in fine d’assumer seul ses décisions afin de se faire respecter dans sa fonction, se frottant sans personne à ses côtés à ses concitoyens parmi lesquels de grands amis qui en début d’épisode fêtaient son anniversaire avec chaleur et bonhomie (jolie séquence de billard au passage) : "If there's no law and order in this town tonight there never will be". Non seulement il réussira à force d’admirable droiture à contrôler la foule déchainée mais apaisera également sa conscience, pouvant alors épingler avec conviction son insigne de shérif, puisqu’il le sera devenu par la force des choses.

Grand épisode d’une belle dignité et d’un progressisme certain par sa plaidoirie de la justice contre le lynchage, de la loi qui se doit de protéger aussi bien les coupables que les innocents pour le bon respect de la démocratie ; nous aurons néanmoins noté quelques curieux oublis au sein de l’écriture comme la disparition totale après le premier quart d’heure du petit garçon qui a perdu sa mère en tout début. Très grandes prestations de Leslie Nielsen odieux à souhait et de Clu Gulager à fond dans son personnage torturé ; et enfin beau visage marquant de Margaret Blye. Épisode d’une grande noirceur et qui démontre une fois encore que Le Virginien était bien plus qu’une banale série dite familiale même si ça n’aurait rien eu de rédhibitoire me concernant.


En images sur classik
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99491
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Image
Harry Guardino

4.13- The Horse Fighter

Réalisation : Anton Leader
Scénario : Richard Fielder
Guest Star : Harry Guardino
Première diffusion 15/12/1965 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 6/10

Le Pitch : Le Virginien et ses hommes n’ayant pas assez de temps pour dresser les derniers étalons capturés, ils ne refusent pas l’aide que Sam Willock (Harry Guardino) leur propose. Connu pour être l’un des meilleurs dompteurs de la région, ce vieil homme n’ayant jamais réussi à réaliser ses rêves faute de moyens, prépare en fait avec deux malfrats peu recommandables un mauvais coup, le vol de la paie des cowboys de Shiloh. En attendant et pour se faire accepter dans la place, Sam travaille d’arrache-pied en prenant Randy sous son aile ; ce dernier se prend d’admiration pour son aîné, ce qui va lui valoir quelques ennuis…

Mon avis : The Horse Fighter est le deuxième épisode réalisé par Anton Leader, le même homme qui avait déjà ouvert cette 4ème saison avec The Brothers. Le scénariste n’était encore lui aussi intervenu qu’une seule fois au sein de la série en signant l’épisode avec Charles Bronson, Nobility of Kings. La réunion de ces deux artistes aboutit à un épisode agréable mais qui est néanmoins loin d’atteindre des sommets faute principalement à des longueurs et répétitions ainsi qu’à une Guest Star peu mise en valeur par le maquilleur et qui a légèrement tendance à en faire un peu trop dans son rôle de vieil Old Timer dompteur de chevaux sauvages. Non pas que Harry Guardino (La Gloire et la peur – Pork Chop Hill de Lewis Milestone ; Police sur la ville - Madigan de Don Siegel ; la franchise des Dirty Harry ; Le Toboggan de la mort - Rollercoaster de James Goldstone…) soit un mauvais comédien mais sa prestation manque ici un peu de sobriété. Son personnage, Sal Willock - "born to run wild and free" -, nous le rencontrons dès la première scène, assis dans un saloon en compagnie de deux hommes antipathiques et que l’on nous présente d’emblée comme des malfrats qui préparent un coup. Il s’agira pour l’un d’entre eux de s’infiltrer au ranch Shiloh et d’attendre le bon moment pour prévenir ses acolytes de venir voler la paye des cowboys une fois celle-ci arrivée sur place.

Comme c’est souvent le cas au sein de la série, le choix des auteurs a été de ne pas tabler sur un twist final révélant la véritable personnalité du personnage principal du récit ; en effet une fois encore il n’y a expressément aucune surprise pour le spectateur qui est à nouveau encore bien en avance sur les protagonistes de l’intrigue ; l’on sait donc dès la première séquence que Sam Willock ne vient pas apporter son aide au Virginien dans un but désintéressé. Ca ne nous empêchera pas de lui trouver des côtés positifs et des aspects attachants car l’on sent qu’il en est arrivé à cette extrémité par aigreur et dépit, son travail acharné des années durant ne lui ayant apporté aucun salaire décent pour pouvoir vivre son rêve, avoir son propre ranch et ses propres bêtes à dompter, une tragédie familiale l’ayant rendu encore plus désappointé d'autant qu'il s'en estime coupable. Ceci étant dit, son caractère soupe-au-lait et son entêtement n’en font pas un personnage spécialement aimable, d'autant qu'on le voit entrainer avec lui notre si sympathique Randy qui, admiratif de cet homme qui l’a pris sous sa coupe et finissant presque par l’idolâtrer – au point d’envisager partir créer son ranch avec lui -, va en arriver aux mains avec son patron lors d’une séquence assez vigoureuse de combats à poings nus. Avant que le récit se concentre plus principalement sur le coup préparé par nos trois bandits, une majeure partie de l’intrigue va tourner autour de cette relation père/fils qui se noue entre le dresseur d’animaux et notre tout jeune cow-boy qui apprend par la même occasion des méthodes inédites de domptage ; et d'un point de vue documentaire ça demeure assez intéressant.

De nombreuses séquences vont donc s'appesantir sur les étalons sauvages en train de se faire domestiquer par nos deux compères ; cependant ces derniers n’écoutent et ne suivent pas les consignes de leur régisseur en prenant des risques inconsidérés, des conflits allant naître de cette situation avec notamment la bagarre évoquée ci-avant. Néanmoins le Virginien se révèle étonnement plutôt conciliant dans l’ensemble, acceptant même de réembaucher l’homme qu’il vient de licencier pour faire plaisir à Randy ; il faut dire que l'intendant a connu Sam durant sa jeunesse et que c’était alors lui qui était en admiration devant cet homme capable de dresser les bêtes les plus récalcitrantes ; on ne démonte pas ses idoles aussi facilement même si ce dernier n'est pas dupe de ce qu'il est devenu, se décrivant ainsi : "worthless, lying, cheating horse fighter at the end of his rope" ! Le postulat était vraiment captivant surtout psychologiquement parlant ; dommage que l’ensemble s'avère aussi répétitif au travers ces séquences de dressage évoquées et que l’écriture du personnage interprété par Harry Guardino n’ait pas été plus subtile. Après de longs moments passés au ranch Shiloh au cours desquels aussi le faible talent dramatique de Diane Rotter se sera confirmé – ce qui est d’autant plus triste qu’elle nous avait fait bonne impression à ses débuts dans la série -, l’intrigue continue dans d'autres lieux à partir de la poursuite finale par les hommes de Shiloh - accompagnés par Ryker - des trois bandits ayant réussi leur coup. Tout ceci est assez bien réalisé, les anfractuosités du paysage sont plutôt bien utilisés et le final s’avère sec même si un peu trop abrupt. On restera donc un peu sur notre faim surtout au vu d’une proposition initiale qui laissait à augurer bien mieux.

Le visionnage aura néanmoins été plutôt plaisant, le réalisateur semblant beaucoup aimer les chevaux et les filmant avec une belle efficacité jusqu’au très joli plan final -qui pourrait néanmoins provenir d’un film Universal de l’époque -, le scénariste parvenant à ne jamais nous ennuyer, Randy Boone et James Drury étant dans de très bons jours, le premier entonnant même avec talent la célèbre chanson Worried man Blues. A signaler enfin un duo assez inquiétant et qui permet à la tension de ne pas retomber lors des trop rares apparitions des comédiens l'interprétant, Kelly Thordsen (cette même année dans La Parole est au colt - Gunpoint de Earl Bellamy aux côtés de Audie Murphy) et Don Dubbins (remarquable dès son premier rôle dans La Loi de la Prairie – Tribute to a Bad Man de Robert Wise). Pas inoubliable mais loin non plus d’être honteux d’autant que le Virginien se révèle à nouveau assez progressiste, disant à Randy de ne pas juger un homme uniquement sur ses mauvaises actions qui, dans le cours d’une vie, peuvent ne représenter qu’une infime partie de tout ce qu’il a accompli.


En images sur classik
Répondre