Bon du coup, j'ai une chronique que je gardais en réserve, je la met ici...
"En cours d'opération, la Lucy était fort bruyante. Ronflements, sifflements, claquements de compresseurs ou de pompes au fur et à mesure qu'ils se mettaient en marche ou s'arrêtaient. Sa coque grinçait, son système de rotation rugissait. Elle était formée d'un long anneau rotatif central de gravité nulle et d'une partie ventrue servant de cale. A l'extérieur, la partie supérieure et les flancs étaient occupés par les groupes trapus des vannes du générateur. Bien que vide, elle se dirigeait cahin-caha vers la zone de saut de Viking en empruntant le couloir réservé aux petits navires."
(C.J.Cherryh - "L'opéra de l'espace" (1982 - "Merchanter's luck" --éditions J'ai lu.))
La réponse est oui, mille fois oui. Si par exemple, je devais choisir une série d'animation japonaise entretoutes (le vieux truc de l'île déserte ), ce serait à égalité, Neon Genesis Evangelion et Cowboy Bebop. A la première, je dois beaucoup, notamment en pleine adolescence, d'avoir pu commencer à sortir un peu de ma carapace que je m'étais forgé grâce aux 2 derniers épisodes, expérimentaux et métaphysiques et sujets à de multiples interprétations un peu partout. De la seconde, je dois mes meilleurs souvenirs de Science-Fiction et de sensations fortes mêlées comme cette attaque de Spike contre la triade des dragons rouges sur fond de reprise jazz du générique de fin "the real folk blues", "See you space cowboy" dans l'ultime dernier épisode. Les plus belles montées d'adrénaline qu'ont pu procurer l'animation de ces dernières années. Et un univers complet et intelligent de Science-fiction qui, pour reprendre Philip.K.Dick dans une de ses célèbres conférences (Metz, France, 1972 je crois), ne s'effondre pas deux jours plus tard.
Et comme si ça ne suffisait pas, la série se permet d'aborder à chaque fois, références sur références à notre propre culture musicale et cinéma. Dans l'épisode 7, "Heavy metal queen", le petit terroriste trouillard arbore la tête de Woody Allen. Des titres d'épisodes font eux-même références à des chansons ou des films cultes (épisode 14 : "Bohemian Rhapsody", joli rappel de la bande à Freddy Mercury. Quand au titre de l'épisode 20, "Pierrot le fou", tout le monde aura capté...) quand ce ne sont pas les personnages eux-mêmes (le jet-kune do que pratique Spike n'est qu'un renvoi explicite à l'art martial de Bruce Lee et d'ailleurs, même l'un des personnages secondaires dans la série arborera d'ailleurs le nom d'Abdul Hakim, ennemi de Bruce Lee dans l'un de ses films ! (Mais vous allez vous amuser avec la liste des épisodes à chercher les références quand je vous la donnerais plus bas, vous allez vous marrer tiens... ) ou ce qu'ils font (à un moment, dans les 3 derniers épisodes, Spike lit un livre nommé "Walking on the moon"... une certaine chanson de Sting et Police normalement), c'est dire la richesse de la série où l'on ne repère pas forcément tout à la première vision.
Ganymède, bordée par la gigantesque Jupiter à gauche. En hypervitesse dans une gate à "espace différé" à droite.
A droite, le vaisseau de Faye et la Lune. Enfin... en partie ce qu'il en reste.
Et bien tout simplement une des grandes marottes de la science-fiction.
Souvenez-vous que bien souvent, les films et oeuvres diffèrent mais ont toutes ce point commun propre à la SF : dans un futur proche et suivant les technologies sans doute encore plus poussées qu'a l'heure actuelle, l'Homme parcourera encore plus vite les grandes distances. A notre époque, on utilise déjà des véhicules supersoniques pour dépasser des frontières. Dans la SF (qui n'est qu'au fond bien souvent qu'une extrapolation et une métaphore de nos sociétés du présent vers quelque chose de plus imaginaire), on relie les étoiles entre elles et c'est aussi simple que celà.
Dans Star Wars (1979 à 2005), il suffit d'être dans un espace second, un "hyperespace" pour franchir des parties immenses de galaxies à d'autres. Dans Stargate (1994 - Roland Emmerich), le principe est le même mais sans vaisseau, on utilise la "porte des étoiles" pour tracer un trait d'une planète à une autre. Star Trek reprend le procédé de Star Wars en le rendant plus technique et incorporant à son univers la téléportation à courte distance, bien pratique pour emmener des membres dans le vaisseau, malgré les petits défauts techniques qui peuvent subsister (cf, l'incident fatal au début du premier Star Trek de Robert Wise (1979) qui oblige l'équipage de Kirk a prendre deux nouveaux membres).
Dans Cowboy Bebop, on se déplace donc dans à travers une gate, une porte gigantesque assurant l'ouverture d'une route grande vitesse dans l'espace à travers un espace différé où la lumière ne passe pas, permettant aux vaisseaux de franchir des distances inimaginables, laissant de l'extérieur la vision d'ombre qui passent, hors du temps (épisode 4, les missiles qu'on voit traverser en transparence les vaisseaux de Faye et Spike). La BD franco-belge Yoko Tsuno (editions Dupuis) reprend une idée similaire quand Yoko part avec ses amis les Vinéens (vous savez, les extraterrestres humanoïdes à peau bleue. Non, non, pas les schtroumpfs, eux ils sont plus petits et font rien qu'a s'empiffrer de salsepareille et seront même à New York dans le film qui sort bientôt... ) et que pour rejoindre le système de Vinéa, la traversée se fera dans une espèce d'espace noir privé de lumière propulsé par une gigantesque station spatiale dans le tome 6...
Venant d'univers aussi étranges que la série elle-même fonctionnant comme un jouissif melting-pot, ils sont au nombre de 5, si on compte Ein, Welsh-Corgi récupéré dès le second épisode, chien censé être un cobaye sur un projet experimental qui s'avère doué d'une grande intelligence (il sait même éteindre par instinct l'écran de l'ordinateur de communication quand Faye parle à Jet, ce qui ravit ce dernier ). Dès le début de l'histoire du Bebop et de la série, on apprend que Spike (le plus chevelu) Spiegel fait équipe en tant que chasseur de prime avec Jet (le barbu) Black depuis déjà 3 ans. Les deux hommes semblent bien se connaître mais chacun à sa part de secrets dans l'ombre comme la suite de la série va s'appliquer à le démontrer par petites touches. Vient Ein donc, puis Faye. Cette dernière, censée être âgée de la vingtaine semble la plus excentrique et égocentrique de tous mais cache derrière ses humeurs une vraie fragilité liée au fait qu'elle n'a plus de passé suite à une amnésie et un certain accident. Enfin Ed, de son nom entier "Edward Wong Hau Pepelu Tivrusky 4th", une gamine garçon manquée (à droite, plus haut sur les captures), en fait une pro de l'informatique qui peut pirater n'importe quel système. Une sorte de génie précoce (Ed n'a que 13 ans apparemment). Elle aussi aura un épisode réservé spécialement à elle (même plusieurs en comptant son arrivée à l'épisode 9, le 17, le 24...).
De la première, on en saura quasiment peu, Julia n'apparaissant véritablement que dans les 2 derniers épisodes de la série, on pourrait penser qu'elle pourrait faire échouer celle-ci dans son final, il n'en sera rien, les attentes du spectateurs étant dès lors comblées par tout ce qu'il a pu entendre et peut dès lors vérifier à l'écran : fidèle à sa légende se dessine un personnage de femme forte, qui a dû constamment survivre dans la fuite d'un satellite à une planète et vice-versa : Spike fera même fausse route en croyant la retrouver au milieu de la série. Pour autant, ces retrouvailles ne seront pas de tout repos puisqu'a Spike et Julia peut-on ajouter dans un même triangle inévitable, Vicious.
Un triangle amoureux même. Au fur et à mesure, on comprend que les deux hommes ont aimés la même femme, ce qui n'a pas été sans causer des frictions. Ainsi est né au sein de la même triade mafieuse chinoise Vicious et Spike, deux tueurs chargés des sales besognes. Mais avec le temps, le premier est devenu des plus insensibles, bête froide et abstraite, inhumaine là où le second à préféré la fuite en avant suite à la disparition de Julia.... Dès lors, même si les rencontres entre Spike et sa Nemesis se comptent sur les doigts de la main dans la série, ce sont bien évidemment des épisodes plus qu' importants et souvent beaucoup aimés des fans.
Avec toute son originalité et l'attachement qu'elle procure, on peut comprendre qu'elle soit devenue une série culte. Le film qui sortit quelques années après, s'insère lui-même avant les 3 derniers épisodes dans la continuité chronologique de la série. Difficile de faire un après Bebop donc (surtout quand on a vu tous les épisodes), un long-métrage, à peine un "épisode très long" s'avérait sans doute le choix le plus judicieux. Un bon film qui plus est (mais là encore, ça n'engage que moi)...
Liste des épisodes...
1 - Asteroid Blues
2 - Stray dog strut
3 - Honky tonk woman
4 - Gateway Shuffle
5 - Ballad of fallen angels
6 - Sympathy for the devil
7 - Heavy metal queen
8 - Waltz for Venus
9 - Jamming with Edward
10 - Ganymed elegy
11 - Toys in the Attic
12 - Jupiter jazz # 1
13 - Jupiter jazz # 2
14 - Bohemian rhapsody
15 - My funny Valentine
16 - Black dog serenade
17 - Mushroom samba
18 - Speak like a child
19 - Wild horses
20 - Pierrot le fou
21 - Boogie woogie feng shui
22 - Cowboy funk
23 - Brain Scratch
24 - Hard luck woman
25 - The real folk blues # 1
26 - The real folk blues # 2
Petit jeu, trouve à quoi se rattachent les titres des épisodes.