The Phantom of Hollywood (1974)
Publié : 31 juil. 08, 15:01
Habitué des programmes de TCM, je vous invite à guetter son éventuelle diffusion.
Connaissez-vous la légende du fantôme d'Hollywood? On raconte que la nuit, il hante le légendaire plateau B des studios Worlwide, celui-là même où furent tournés les extérieurs de grands classiques tels que le Magicien d'Oz, Le Chant du Missouri ou encore Tous en Scène. Mais voilà, Worwilde a décidé de livrer ce témoin de son glorieux passé aux investisseurs immobiliers, au grand dam dudit fantôme.
Nul n'a besoin d'avoir écumé les bibliothèques pour comprendre que les scénaristes ont puisé leur inspiration chez Gaston Leroux. Mais à vrai dire, cette référence littéraire reste un vague prétexte, et le téléfilm s'avère incapable de secouer sa propre pusillanimité.
Non, l'intérêt se situe ailleurs et il mérite que l'on s'y arrête.
Ainsi que tout cinéphile moyen l'aura compris aux quelques titres susmentionnés, derrière Worldwide se cache – ou plutôt ne se cache pas – la MGM, alors en pleine déconfiture. Et par un effet de mise en abîme dont on devine qu'il a en grande partie échappé aux intéressés, le film va tirer parti des circonstances.
Produit par la firme au lion elle-même, Le Fantôme d' Hollywood s'ouvre sur le spectacle symbolique de certains de ses décors les plus prestigieux, livrés à une décrépitude mortifère – la gare de Waterloo Bridge, la place de A Tales of Two Cities, la maison familiale de Meet Me in St. Louis - entrecoupé d'extraits des oeuvres concernées.
En quelques minutes, le studio résume sa propre histoire, donne à voir son déclin et décide de se nourrir de ce dernier.
Le studio Worldwide au bord de la faillite doit liquider les emblèmes de sa gloire dilapidée? Alors, en guise d'illustration, sur un écran de télévision défilent les images de la mise aux enchères par la MGM des accessoires attachés à des décennies d'émotions cinématographiques.
Avant de mettre en pièce les plateaux d'extérieur, les futurs acheteurs bénéficient d'une ultime visite guidée où la fiction s'efface devant la réalité: "Regardez, c'est la maison d'Andy Hardy!", "Voici, les décors où furent tournés toutes les adaptations de Dickens!"
Et c'est d'ailleurs bien la réalité qui prend une revanche cruelle sur la fiction, lorsqu'à la fin le spectateur assiste à la destruction réelle des décors en question, réduits en poussière par l'acharnement des bulldozers.
D'une certaine façon la MGM filme sa propre mort, sans y voir autre chose qu'un exercice de nostalgie mercantile. A l'image des protagonistes dont l'esprit pratique n'est que fort peu affecté par la dimension symbolique des évènements.
On mesure ici l'évolution entre le Hollywood des pères fondateurs et celui des investisseurs, indifférent à son histoire et peu soucieux de reconnaissance artistique.
Sans doute plus symboliquement encore, ce crépuscule brutal est-il enregistré pour le bénéfice d'une production télévisuelle. La télévision qui se repaît sans vergogne de ce passé qu'elle aura contribué à mener au tombeau.
Bien sûr, le fantôme, lui-même vestige de ce passé qui se refuse à mourir, va tout essayer pour préserver son univers menacé: assassiner les ouvriers, saboter les travaux, enlever la fille du propriétaire. Mais rien n'y fera. Et dans l'une des rares vraies idées de mise en scène - qui n'en rend que plus coupable la banalité de l'ensemble - nous assistons à la chute mortelle de l'infortuné spectre, montée en parallèle avec les images des opérations de démolition.
Pour ce banquet funèbre, certains convives font figure de témoins historiques: Peter Lawford, Jackie Coogan, Elisha Cook Jr et l'actrice principale, Skye Aubrey, fille d'un ancien président de la MGM(!).
En voici le début, histoire aussi de rendre hommage à Leonard Rosenman dont la musique pouvait transcender la matière la moins remarquable:
Connaissez-vous la légende du fantôme d'Hollywood? On raconte que la nuit, il hante le légendaire plateau B des studios Worlwide, celui-là même où furent tournés les extérieurs de grands classiques tels que le Magicien d'Oz, Le Chant du Missouri ou encore Tous en Scène. Mais voilà, Worwilde a décidé de livrer ce témoin de son glorieux passé aux investisseurs immobiliers, au grand dam dudit fantôme.
Nul n'a besoin d'avoir écumé les bibliothèques pour comprendre que les scénaristes ont puisé leur inspiration chez Gaston Leroux. Mais à vrai dire, cette référence littéraire reste un vague prétexte, et le téléfilm s'avère incapable de secouer sa propre pusillanimité.
Non, l'intérêt se situe ailleurs et il mérite que l'on s'y arrête.
Ainsi que tout cinéphile moyen l'aura compris aux quelques titres susmentionnés, derrière Worldwide se cache – ou plutôt ne se cache pas – la MGM, alors en pleine déconfiture. Et par un effet de mise en abîme dont on devine qu'il a en grande partie échappé aux intéressés, le film va tirer parti des circonstances.
Produit par la firme au lion elle-même, Le Fantôme d' Hollywood s'ouvre sur le spectacle symbolique de certains de ses décors les plus prestigieux, livrés à une décrépitude mortifère – la gare de Waterloo Bridge, la place de A Tales of Two Cities, la maison familiale de Meet Me in St. Louis - entrecoupé d'extraits des oeuvres concernées.
En quelques minutes, le studio résume sa propre histoire, donne à voir son déclin et décide de se nourrir de ce dernier.
Le studio Worldwide au bord de la faillite doit liquider les emblèmes de sa gloire dilapidée? Alors, en guise d'illustration, sur un écran de télévision défilent les images de la mise aux enchères par la MGM des accessoires attachés à des décennies d'émotions cinématographiques.
Avant de mettre en pièce les plateaux d'extérieur, les futurs acheteurs bénéficient d'une ultime visite guidée où la fiction s'efface devant la réalité: "Regardez, c'est la maison d'Andy Hardy!", "Voici, les décors où furent tournés toutes les adaptations de Dickens!"
Et c'est d'ailleurs bien la réalité qui prend une revanche cruelle sur la fiction, lorsqu'à la fin le spectateur assiste à la destruction réelle des décors en question, réduits en poussière par l'acharnement des bulldozers.
D'une certaine façon la MGM filme sa propre mort, sans y voir autre chose qu'un exercice de nostalgie mercantile. A l'image des protagonistes dont l'esprit pratique n'est que fort peu affecté par la dimension symbolique des évènements.
On mesure ici l'évolution entre le Hollywood des pères fondateurs et celui des investisseurs, indifférent à son histoire et peu soucieux de reconnaissance artistique.
Sans doute plus symboliquement encore, ce crépuscule brutal est-il enregistré pour le bénéfice d'une production télévisuelle. La télévision qui se repaît sans vergogne de ce passé qu'elle aura contribué à mener au tombeau.
Bien sûr, le fantôme, lui-même vestige de ce passé qui se refuse à mourir, va tout essayer pour préserver son univers menacé: assassiner les ouvriers, saboter les travaux, enlever la fille du propriétaire. Mais rien n'y fera. Et dans l'une des rares vraies idées de mise en scène - qui n'en rend que plus coupable la banalité de l'ensemble - nous assistons à la chute mortelle de l'infortuné spectre, montée en parallèle avec les images des opérations de démolition.
Pour ce banquet funèbre, certains convives font figure de témoins historiques: Peter Lawford, Jackie Coogan, Elisha Cook Jr et l'actrice principale, Skye Aubrey, fille d'un ancien président de la MGM(!).
En voici le début, histoire aussi de rendre hommage à Leonard Rosenman dont la musique pouvait transcender la matière la moins remarquable: