Les Mystères de l'Ouest

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Alexandre Angel
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Re: Les Mystères de l'Ouest

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TOP 10 WWW : LA NUIT DES PRETENDANTS (suite)
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La Nuit du Grand Feu / The Night of Firebrand (saison 3, 1967)
scénario : Edward J. Lazko réalisation : Michael Caffey
Les Mystères de l'Ouest étant une série aussi enfantine que retorse, on ne s'étonnera pas que ce très traditionnel épisode, dénué d'insolite, totalement westernien, a justement l'étrangeté de ne pas être étrange, n'était cette singulière ambition du méchant de fomenter un coup d'état en Colombie-Britannique. L'argument se résumera donc à une course poursuite pour récupérer les armes volées par le bandit afin de les restituer à un fort exposé aux attaques des Indiens. Voilà un épisode trépidant, caracolant au travers de forêts cheap sensées figurer le Grand Nord, bien dans l'esprit d'une troisième saison, peut-être celle que je préfère, dont l'ancrage westernien respecte le programme du titre (L'ouest, sauvage, sauvage..) en nous plongeant au cœur du concept. D'apparence peu originale, La Nuit du Grand feu distille une jubilation toute simple, sans apprêts, que l'on doit au rythme, à la musique déchainée de Richard Shores, à la ravissante Lana Wood ainsi qu'à la classe du méchant, bandit lettré qu'interprète Pernell Roberts avec suavité. Le pré-générique est très réussi.

La Nuit du Cadavre / The Night of the ready-made corpse (saison 2, 1966)
scénario : Ken Kolb réalisation : Irving J.Moore
Cet épisode, qui s'apparent à une intrigue policière à base de chirurgie faciale perpétrée par un "taxidermiste" de pompes funèbres génial sur des clients peu recommandables soucieux de s'acheter une nouvelle identité, vaut essentiellement pour l'interprétation sensationnelle de Caroll O'Connor dans le rôle pré-décrit, tout d'obséquieuse et inquiétante bonhommie. Sa diction compassée et roublarde apporte énormément à l'épisode et l'on jubile de la séquence de son duo avec Artie Gordon alors que ce dernier se fait passer pour un client sinistre et plein de morgue (c'est le cas de le dire).
L'interprétation de Caroll O'connor est une des toutes meilleurs de la série. On oubliera pas cet échange marrant avec le criminel qui s'apprête à découvrir son nouveau visage (il y a d'ailleurs un truc que je n'ai pas trop compris, mais bon, je ne vais pas m'étendre) :
-"Et si je n'aime pas mon "nouveau moi"?"
- "Vous n'avez pas le choix, votre "ancien vous" est recherché par la police." :)

La Nuit de la Machine infernale / The Night of the Infernal Machines (Saison 2, 1966)
scénario : Shimon Winceberg réalisation : Sherman Marks
Un politicien médiocre avide de pouvoir et rêvant de siéger au Capitole décide d'éliminer tous ses rivaux d'un coup, d'un seul, en les faisant exploser lors d'un discours d'investiture que ce méchant, interprété de façon flamboyante, par l'indispensable Ed Begley, prononcera devant ses futures victimes.
J'aime bien cet épisode auquel l'horrible Donald Trump confère une résonnance particulière relayée par le sourire carnassier et populiste d'Ed Begley. Et puis il y a du spectacle puisque l'attentat doit être perpétré alors qu'une pom pom danseuse, et complice, fait un numéro de claquettes en poussant une entrainante chansonnette et en envoyant valdinguer des bouteilles d'un lever de jambe. Séquence d'abord répétée en début d'épisode puis réellement représentée pour un climax plutôt bien mis en scène car donnant l'illusion de l'ampleur à un décor confiné sur un petit plateau. Dans Les Mystères de l'Ouest, l'imagination faisant son œuvre, combien de décors paraissent plus grands que ce qu'ils sont réellement?
Dernière modification par Alexandre Angel le 14 sept. 16, 13:12, modifié 1 fois.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Alexandre Angel
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Message par Alexandre Angel »

TOP 10 WWW : LA NUIT DES PRETENDANTS (la suite)
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La Nuit de la Sirène / The Night of the Watery Death (Saison 2, 1966)
scénario : Edward Di Lorenzo, Lew Garfinkle et Leigh Chapman réalisation : Irving J. Moore
Cet épisode est l'archétype de ce dont on se souvient lorsque l'on se souvient des Mystères de l'Ouest dans ces moments où la série tend à nous tenir éloignés du western tout en nous y maintenant : une boîte à jouet bariolée. Dans ce registre, La Nuit de la Sirène est un nectar totalement inconséquent, particulièrement peu sérieux, mais d'un goût très sûr, d'une discrète et bricolée, mais réelle somptuosité venant nous rappeler que cette deuxième saison se révélait assez couteuse. Dès la découverte de la taverne de la Sirène, l'oeil est séduit par la joliesse des couleurs et l'imagination des décorateurs. Et tout l'épisode est à l'avenant, riche en petites trouvailles (comme cette jambe de bois incrustée de pierres précieuses à peine entrevue chez l'antiquaire). Dans ce type d'épisode, on se fout plus que jamais de l'intrigue tant l'esprit de sérieux est éradiqué mais ce n'est pas synonyme de bâclage, au contraire..
Un épisode-culte.

La Nuit de la Terreur verte / The Night of the green terror (Saison 2, 1966)
scénario : John Kneubuhl réalisation : Robert Sparr
Cet épisode-ci pousse encore plus loin que le précédent le curseur de la provocation fun tout en remplissant parfaitement sa mission de divertir et d'amuser. Ici, le Dr Loveless se fait passer pour Robin des Bois auprès d'une population d'Indiens qu'il veut se mettre dans la poche pour ourdir tranquillement ses projets destructeurs.
C'est n'importe quoi mais, miraculeusement, ça ne bascule pas vers le côté discutable de la ligne rouge qui sépare le bon du mauvais goût. Cela reste spontané, vif, aussi volatile et parfumé qu'un titre pop éphémère mais aux arrangements raffinés. Les participants semblent avoir collectivement pris le parti de la déconnade. C'est un des registres des Mystères de l'Ouest qui reste, malgré la fantaisie de mise tout au long des 4 saisons, plus minoritaire qu'on pourrait le croire.

La Nuit des Revenants / The Night of the Returning Dead (Saison 2, 1966)
scénario : John Kneubuhl réalisation : Richard Donner
Attention les gaillards : ça marche bien pour la deuxième saison!! Va falloir vous ressaisir!
La Nuit des Revenants est épatant de par sa façon d'annoncer l'esprit de la troisième saison (western über alles) tout en affichant la fraîcheur BD de la 2ème. Au sein de la même saison que les précédents opus (opi?) commentés, ce cru-ci dénote très vite. Après un pré-générique très Scoobidou (qui se généralisera à toute La Nuit des Assassins), l'épisode présente en apparence tous les attributs des séries westerniennes de la même époque genre Grand Chaparral, Grande Vallée ou Cheval de fer sans même essayer de marquer une quelconque sécession à base de gadgets estampillés ou décors fantasmagoriques. Là, un scénario futé de John Kneubuhl se contente d'imaginer une interpénétration entre culte de la supercherie et emploi d'une portion du Rat Pack puisque l'épisode a l'honneur d'utiliser, dans un total contre-emploi, Peter Lawford et Sammy Davis Jr. Et ça marche grâce à ce que l'on peut percevoir de tempérament chez Richard Donner. J'ai donné ici quelques explications qui ne suffisent pas à expliquer pourquoi je suis fan de cet épisode. C'est juste pas rationnel..
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Message par Outerlimits »

J'ai un peu de mal en ce qui concerne "La nuit de la sirène" et "La nuit de la terreur verte". Ils ne font pas partie de mes épisodes préférés.
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Message par Supfiction »

Alexandre Angel a écrit :
La Nuit des Barreaux de l'Enfer / The Night of the Bars of Hell (Saison 1, 1966)
scénario : Bob Wright réalisation : Richard Donner
Appartenant à la veine "film de prison" des Mystères de l'Ouest, cet épisode bénéficie du bon boulot de son réalisateur, Richard Donner, qui soigne les mouvements d'appareil, la photographie et les angles de prises de vue et rend, par ce travail, assez attractif un pitch qui aurait pu être plus routinier. D'habiles rebondissements viennent relancer la machine alors même que l'on s'apprête à fermer boutique et Robert Conrad y réalise une de ses plus surprenantes cascades, aussi spectaculaire qu'inattendue. Il faudrait d'ailleurs, à l'occasion, étudier sa gestuelle dynamique toujours au service du baroquisme ambiant.
Très bon épisode effectivement (réalisé par Richard Donner d'ailleurs qui nous gratifie de plans assez flippants sur une grosse dondon). Les amateurs y reconnaitront dans le rôle de l'oncle prisonnier Elisha Cook Jr habitué des seconds rôles dans pas mal de films noirs, souvent des petits truands.
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Re: Les Mystères de l'Ouest

Message par Jeremy Fox »

Supfiction a écrit :Elisha Cook Jr habitué des seconds rôles dans pas mal de films noirs, souvent des petits truands.
Surtout réputé pour être le comédien américain ayant été tué le plus de fois à l'écran.
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Message par Supfiction »

Jeremy Fox a écrit :
Supfiction a écrit :Elisha Cook Jr habitué des seconds rôles dans pas mal de films noirs, souvent des petits truands.
Surtout réputé pour être le comédien américain ayant été tué le plus de fois à l'écran.
L'un ne va pas sans l'autre!
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Alexandre Angel
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Message par Alexandre Angel »

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La Nuit de la Diva / The Night of the Diva (saison 4, 1968)
scénario : Ken Pettus réalisation : Herb Wallenstein
Les Mystères de l'Ouest nous la jouent Fantôme de l'Opéra
J'ai toujours considéré cet opus comme un classique un peu forcé de la série. Il y a toujours un moment où on tombait dessus, à l'occasion d'une rediffusion. A le revoir, je craignais un épisode bouffi de psychédélisme convenu et j'ai été très vite rassuré : un charme aussi daté que redoutable opère. On est bien dans la moelle du concept : cette façon de faire en sorte que le téléspectateur se sente à la fois ici et ailleurs, grisé d' embruns toxiques de la Nouvelle-Orléans autant que de doubles fonds à la Gaston Leroux. Réalisé sous le signe de l'art lyrique (on entend Lucie de Lammermoor) mais invitant une inattendue ritournelle folk à musicaliser une bagarre (excellente scène dont WWW a le secret), La Nuit de la Diva s'affirme comme un épisode à l'esthétique étonnamment européenne, pétrie d'un étrange jumelage avec les fictions les plus feuilletonesques de l'ORTF.
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Message par Outerlimits »

Excellent celui-ci, dans le haut panier de la saison 4 et dans mon top 20 !
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Alexandre Angel
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Message par Alexandre Angel »

Outerlimits a écrit :Excellent celui-ci, dans le haut panier de la saison 4 et dans mon top 20 !
Ah il va y avoir des choix déchirants à faire (en même temps, ça m'amuse bien :uhuh: ) et c'est vrai qu'il y a de bons épisodes dans la première saison avec des décors inventifs (la salle d'eau "pour hommes" de La Nuit des Mille Yeux!)
Mais je vais essayer d'accélérer le mouvement.. (il y aura en tout environ 40 épisodes sur 104 passés en revue, puis, une sélection finale égoïste et subjective ). C'est chronophage ces conneries-là! :mrgreen:
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Re: Les Mystères de l'Ouest

Message par Alexandre Angel »

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La Nuit de la Mort subite / The Night of the Sudden Death (saison 1, 1965)
scénario : Oliver Crawford réalisation : William Witney
Il s'en est fallu de peu que cet épisode ne figure pas dans la pré-sélection car il n'est pas immense mais il a un petit quelque chose qui m'attache à lui. C'est Monsieur Serial, en personne, le fameux William Witney qui est aux commandes et on remarquera assez vite, dès le pré-générique, le sens graphique de ce à quoi il a affaire et sa familiarité avec l'univers de l'épisode qui évoque à de nombreuses reprises celui de Hogarth ou de Hal Foster. Sur la piste de faux-monnayeurs très acrobates, West et Gordon se retrouve au beau milieu d'un cirque ambulant dont l'improbable excroissance donne sur une jungle miniature, avec cris d'animaux et crocodiles embusqués, qui vient se rappeler au bon souvenir d'un imaginaire bercé par Tarzan, le Jungle Girl, de Witney et English, Les Chasses du Comte Zaroff ou les premiers super-vilains de l'écurie Marvel des sixties dont Kraven le Chasseur, que se coltinait Spiderman. Robert Loggia, fort jeune, est un méchant qui a de l'allure, de même que sa comparse Antoinette Bowers. Et comme William Witney donne à tout cela une petite finition caressante, la caméra étant souvent en mouvement, voire surplombante, on se dit que même si ce n'est pas grand chose, c'est toujours ça de pris.

La Nuit de la l'Elixir de Diamant / The Night of the Burning Diamond (saison 1, 1966)
scénario : Ken Kolb réalisation : Irving J.Moore
Réalisé par le récurrent Irving J. Moore, nous avons droit ici à une jolie miniature télévisuelle. West et Gordon doivent confondre et déjouer un jeune savant -cambrioleur pas du tout gentleman qui vole des diamants pour en faire un élixir permettant l'invisibilité. Argument fantastique auquel le scénario de Ken Kolb confère une sorte de "crédibilité" explicative : la modification moléculaire et métabolique induite rend possible un déplacement hyperrapide dans l'espace qui empêche les ingurgiteurs d'être décelés, ces derniers ayant toute latitude pour commettre leur forfait dans un espace-temps arrêté (les gens tout autour sont figés). La façon qu'à l'épisode (et sa réalisation) de faire accepter ce délire au spectateur est aussi remarquable qu'amusante car aux précisions astucieuses ("il ne faut pas se déplacer trop vite sous peine de brûlures") sont adjointes les images correspondantes. On aura donc droit à une scène de braquage d'un musée avec dissipation des effets qui est une leçon de mise en scène toute simple, sans moyens terribles, tout à fait épatante.

La Nuit du Kinétoscope / The Night of the Big Blackmail (saison 4, 1968)
scénario : David Moessinger réalisation : Irving J.Moore
Irving J.Moore réalise là un épisode brillant, dénué de temps morts, efficace utilisant les tablas de Richard Shores de façon orgiaque pour raconter cette aventure au sein d'une ambassade austro-syldave dont le dignitaire en chef ourdit un complot contre le Général Grant, à base de la captation truquée d''un faux-pas diplomatique totalement inventé pour nuire à Grant. L'instrument du crime est donc ici le kinétoscope, ancêtre de la caméra et/ou du projecteur, dont la présence symbolique au sein du script autorise toutes sortes de déclinaisons de l'image animée primitive. Il n'est pas jusqu'au tableau de contrôle d'un énorme piston hydraulique qui ne le reproduise sous la forme d'une ombre chinoise, comme le feront également les leurres découpés pour faire croire aux méchants embusqués que West et Gordon vaquent à leurs occupations dans leur wagon. Sans parler de la "reconstitution" du film primitif destiné à confondre le Général Grant, film que détournera Gordon en inventant le cinéma burlesque. Même la vanne finale n'échappe pas à cette tutelle puisque Artie a l'idée lumineuse de ne pas en rester là en réalisant d'autres films et faire payer des spectateurs pour les voir. Ce à quoi James West, qui n'ose le vexer, répond en lui reproposant du Champagne.
Cet épisode ouvre la saison 4 avec les honneurs.

La Nuit du Bison à deux pattes / The Night of the Two-Legged Buffalo (saison 1, 1966)
scénario : John Kneubuhl réalisation : Edward Dein
La saison 1, moins spectaculaire que les suivantes et plus enfantine (quoique cela se discute), peut offrir de multiples et agréables surprises pour peu qu'on sache bien la visionner. Son noir et blanc excellemment mis en valeur par les copies du coffret TF1 (le son est impeccable aussi) fait miroiter bien des petits raffinements qu'on aurait tort de négliger. Cet épisode-ci, notamment, saisit de suite par la fraîcheur de son décor principal qui n'est autre que celui d'une station thermale de luxe. Son entrée, alors que les clients sont accueillis par des Indiens, et son salon principal, exsudent un imaginaire d'autant plus fun qu'il fait resurgir de lointaines sensations vacancières. A cela s'ajoutent, dans le contexte d'un complot contre un prince des Iles de Corail (Nick Adams, très marrant, entre minauderies limite "chochotte" et sauvagerie tribale ), des comédiens secondaires qui font notre joie tels que Dana Wynter, excellente en sainte-nitouche pas si sainte qui laisse filtrer une discrète propension au sadisme et Robert Ehmhardt, qui réapparaîtra plus tard dans la série et dont la tronche d'épagneul adipeux fait décidemment merveille. Et Ross Martin, encore et toujours, ne pouvant résister à ses déguisements, se pique de se faire passer pour le prince, lors d'une de ses inénarrables et indispensables apparitions.

La Nuit des Bagnards / The Night of the Bottomless Pit (saison 2, 1966)
scénario : Ken Kolb réalisation : Robert Sparr
Souvent, la saison 2 est exquise : elle prolonge par la couleur l'esprit de la première mais apporte un supplément d'humour et de second degré. Là, Les Mystères de l'Ouest nous la joue Papillon (en un peu moins dur, quand même :mrgreen: ) puisque nos deux compères investissent rien moins que le bagne de l'Ile du Diable, dont le méchant commandant , casque colonial et uniforme blanc immaculé, est savoureusement interprété par Theo Marcuse, une des âmes de la série avec quelques autres (Michael Dunn, Victor Buono..). Phobique du contact physique avec les bagnards et soucieux de n'engager que des ordures comme gardes-chiourme, il aura cette phrase définitive envers Gordon, postulant pour de faux au gardiennage : "Je détecte chez lui des vestiges de décence". Le ton pasticheur de l'épisode fait merveille à tel point que l'on en décèlerait, avec un peu d'observation, un copinage avec la mouvance Blake Edwards. Car enfin, Ross Martin a sévi chez Blake à au moins deux reprises (The Great Race et Allo, brigade spéciale) et l'on croise dans La Nuit des Bagnards Steve Franken, le domestique poilant de The Party. Joan Huntington, en épouse un peu lassée de Gustave Mauvais (sic), est très marrante, surtout lorsque, au moment de s'échapper avec toute la bande, elle réalise qu'elle est en robe de chambre, puis s'enroule un boa autour du cou. "Ça va tout de suite mieux" constate James West. Elle a aussi cette phrase hilarante: "Laissez-moi tranquille Gustave, il y a suffisamment de monde à torturer sur cette île!" Bon boulot de Ken Kolb, au script..
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Re: Les Mystères de l'Ouest

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La Nuit des Excentriques / The Night of the Eccentrics (saison 2, 1966)
scénario : Charles Bennett réalisation : Robert Sparr
Interactions entre la BD et la fiction audiovisuelle obligent, le Comte Manzeppi, premier méchant à ouvrir la saison 2, ressemble à s'y méprendre à certains super-vilains des débuts de l'aventure Marvel genre le Ringmaster, et ses Excentriques, aux Exécuteurs que combattait Spiderman sous le crayon de Steve Ditko. Cela place d'emblée l'épisode sous les auspices du 8ème art et en fait instantanément un classique rigolo et gracile, dénué de graisse, aussi volatile qu'une bulle de savon dont l'éclatement laisserait sourdre le petit filet de clavecin, concocté par Richard Markowitz, annonçant les apparitions du Comte. Ce dernier, qui réapparaîtra une ultime fois dans le moins heureux Nuit de la Pierre philosophale, est incarné avec truculence par Victor Buono, idéal en gros nounours maléfique qui adore s'écouter parler. Prévisible dans son imprévisibilité mais agréablement conservé par son cadre archétypique, La Nuit des Excentriques, avec ses tours de passe-passe, ses illusions et son climat forain, bonimenteur, fait partie de ces épisodes qu'on a l'impression d'avoir toujours connus tant ils sont constitutifs de l'identité de la série.
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Re: Les Mystères de l'Ouest

Message par Outerlimits »

La nuit du kinetoscope fait également partie de mes préférés et du haut du panier de la saison 4. Il fut le 1er à inaugurer cette saison. Je crois que c'est avec cet épisode que la production commença véritablement à avoir des ennuis avec la censure (pour violence) qui mènera en partie à l'arrêt définitif de la série. Cet épisode m'avait bien marqué enfant, notamment la séquence de la broyeuse qui est bien dans l'esprit de l'univers.
Très bon aussi "L'élixir de diamant" (dans mon top 10) qui ne fut découvert en France qu'en 1999 sur Série-Club.
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Re: Les Mystères de l'Ouest

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La Nuit du Cobra d'Or / The Night of the Golden Cobra (saison 2, 1966)
scénario :Henry Sharp réalisation : Irving J. Moore
Toujours faire confiance à Irving J. Moore (enfin presque) dès lors qu'un script serré préside à la réalisation. On en a le loisir ici avec ce numéro réjouissant, digne d'une production Universal photographiée par Irving Glassberg. Là, le second degré se fait connivence, les clins d'œil sont tout d'astuce, sans roublardise, frais, rythmés. Pas une faute de goût n'est à déplorer puisque le kitsch est le sujet. L'aventure se fait graphique, colorée, jouxtant Inde importée aux USA et affaires indiennes, faisant se côtoyer (du moins dans la trame) Indiens peaux rouges et Indiens des Indes, Western Union et Tigre du Bengale. Cet épisode a l'assurance sans arrogance de la spontanéité "wild westienne", véhiculant de la bonne humeur (voir comme le pré-générique suinte la complicité entre Robert Conrad et Ross Martin) et assurant les chausse-trappes feuilletonnesques. Moore s'y plaît et fait un travail irréprochable. Alors que, durant un intermède dansé, un gorille sorti d'un Abbott et Costello se déhanche lascivement, Boris Karloff ordonne que l'on vire "ce singe absurde". Petite note subtilement à cheval entre pastiche complice et surréalisme.

La Nuit du Tueur désinvolte / The Night of the Casual Killer (saison 1, 1965)
scénario :Bob Barash réalisation : Don Taylor
Plaisir modeste mais réel que ce Tueur désinvolte placé sous le signe du théâtre, de l'histrionisme. Ross Martin y joue (pour de vrai d'après Robert Conrad dans le petit commentaire pré-épisode) du violon, se fait un plaisir d'y réciter Hamlet et Robert Conrad lui-même, devant se faire passer aux yeux du méchant John Dehner pour un cabot ambulant, se prête au pirandellisme de mise. John Dehner, renégat très WWW comme la série les affectionne y dirige des cow-boys sécessionnistes avec une raideur de directeur d'école assez efficace et convole avec une poule un peu nunuche mais amusante qui tombera dans les bras de vous savez qui. Dans l'arrière boutique d'un general store délabré se cache le salon cossu du méchant, trouvaille non isolée dans la série mais plaisamment amenée. Le tout est emballé avec un certain rythme par l'acteur d'abord, réalisateur ensuite Don Taylor, qui réalisera avec professionnalisme d'honnêtes films de genre tels que 5 Hommes armés, L'Ile du Docteur Moreau, The Omen 2 ou bien Nimitz, retour vers l'enfer.

La Nuit des Fugitifs / The Night of the Fugitives (saison 4, 1968)
scénario :Ken Pettus réalisation : Mike Moder
Je n'ai revu cet épisode, dont je n'attendais rien comme un certain nombre de numéros sur 104, que pour une seule raison : on y voit Robert Conrad effectuer une cascade qui se termine mal (traumatisme crânien et interruption du tournage). Et quand on le voit quasiment tomber sur la tête, depuis un lustre, il paraît évident qu'il restera sur le carreau. Et,entre parenthèses, Conrad, bien souvent, se fend de cascades assez étonnantes dont on se demande si il n'y laissera pas des plumes.
Bref, tout ça pour dire que La Nuit des Fugitifs a été une bonne surprise. Il s'agit d'un épisode enlevé, toujours dans l'action, le mouvement, le rythme (condition sans appel à la réussite d'une Nuit), et s'amusant (et nous avec) de cette pulsation de cartoon. Robert Conrad passe son temps à surgir d'une fenêtre du dehors ou du dedans, et à échapper à de malheureux bandits, incapables de le retenir dans leurs griffes plus de trois minutes. Même leur chef, le massif Simon Oakland, finit par en concevoir une certaine lassitude. D'autant que Gordon met dans tout cela son grain de sel en incarnant un prédicateur escroc simiesque répondant au doux sobriquet de Hallelujah Harry. Top fun.
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Re: Les Mystères de l'Ouest

Message par Alexandre Angel »

A peu près à mi-parcours de ma pré-sélection, un menu bilan s'impose. Les Mystères de l'Ouest est une série excellente, futée et inventive. Il n'y a pas : je crois que contrairement à ce que j'ai pu entendre depuis une trentaine d'années, au fil des rediffusions, elle n'est pas ce machin de l'enfance qui vieillit mal, que l'on visionne avec une indulgence un peu condescendante, sur le mode "je suis pas dupe, c'est quand même un peu nul". Non, WWW est une création télévisuelle à la fois parfaitement inconséquente et redoutablement brillante, donc moderne, donc indémodable. Parce qu'elle met notre imaginaire (et à fortiori celui d'un enfant) sous haute tension, elle en assure la maintenance à chaque nouvelle vision. Car si l'on peut parler d'univers, au même titre que pour Twin Peaks, notamment, on doit surtout prendre acte d'une véritable cohérence iconographique tant latérale que longitudinale, impactant aussi bien les abscisses, que les ordonnées de la psyché du téléspectateur. Confiné dans les studios de la CBS, l'univers de la série conjugue cartographie bigarrée (de Denver à San Francisco, en passant par la Nouvelle-Orléans, c'est tout le Grand Ouest qui est arpenté) et imagerie excitante, mariant avec un bonheur esthétique remarquable Ian Fleming, Jules Verne , et bibelots, mannequins et figures de cire d'un cirque westernien figé dans une étrangeté qui était déjà celle des dessins de Morris pour Lucky Luke, bande dessinée que je trouvais, petit, vaguement inquiétante. Il y a dans ce fatras quelque chose de fascinant sur le plan esthétique qui place la série au dessus du tout venant d'outre-Atlantique de la même époque et qui rend reconnaissable n'importe quelle capture extraite de n'importe quel épisode, malgré les conventions d'une grammaire télévisuelle pourtant routinière. Reste qu'il y a, au fil de quatre saisons, 104 épisodes et que sur ces 104, beaucoup sont vaguement divertissants. Revoir tous ces épisodes, presque 9 ans après l'acquisition du coffret, est stimulant et l'état d'esprit a changé. Il s'agit non plus du plaisir de retrouver de lointains souvenirs de môme (beaucoup d'épisodes n'avaient pas été rediffusés depuis des plombes), mais bel et bien d'adouber les épisodes les plus agréables, ceux qui présentent les ingrédients les plus finement repartis entre spectacle, mystère et drôlerie (les prestations de Ross Martin jouant énormément).
Redécouvrant bon nombre d'épisodes, en réévaluant certains, disponible, concentré, m'exposant à la bonne surprise mais refusant d'être dupe de l'absence d'inspiration qui flingue pas mal de Nuits, le petit exercice auquel je m'adonne sur ce topic n'a d'autre but que de présenter une large lampée d'épisodes auxquels je demande d'être non pas vaguement, mais réellement divertissants. Beaucoup y parviennent, d'autres rament. Au bout, il y aura, à mon goût, les 10 plus dignes de porter haut les couleurs de la série. Wait and see, Mister West..
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Supfiction
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Re: Les Mystères de l'Ouest

Message par Supfiction »

Alexandre Angel a écrit :TOP 10 WWW : LA NUIT DES PRETENDANTS (la suite)
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La Nuit des Excentriques / The Night of the Eccentrics (saison 2, 1966)
scénario : Charles Bennett réalisation : Robert Sparr
Interactions entre la BD et la fiction audiovisuelle obligent, le Comte Manzeppi, premier méchant à ouvrir la saison 2, ressemble à s'y méprendre à certains super-vilains des débuts de l'aventure Marvel genre le Ringmaster, et ses Excentriques, aux Exécuteurs que combattait Spiderman sous le crayon de Steve Ditko. Cela place d'emblée l'épisode sous les auspices du 8ème art et en fait instantanément un classique rigolo et gracile, dénué de graisse, aussi volatile qu'une bulle de savon dont l'éclatement laisserait sourdre le petit filet de clavecin, concocté par Richard Markowitz, annonçant les apparitions du Comte. Ce dernier, qui réapparaîtra une ultime fois dans le moins heureux Nuit de la Pierre philosophale, est incarné avec truculence par Victor Buono, idéal en gros nounours maléfique qui adore s'écouter parler. Prévisible dans son imprévisibilité mais agréablement conservé par son cadre archétypique, La Nuit des Excentriques, avec ses tours de passe-passe, ses illusions et son climat forain, bonimenteur, fait partie de ces épisodes qu'on a l'impression d'avoir toujours connus tant ils sont constitutifs de l'identité de la série.
Tiens justement j'ai revu à l'heure de la sieste le WE dernier les deux premiers épisodes de la saison 2 et j'ai trouvé ça vraiment très mauvais comparé aux découvertes précédentes de la saison 1. On est plus du tout dans le cadre du western, on a vraiment trop l'impression d'être dans un studio de cinéma. Tout est flashy et kitsch au point qu'on a beaucoup plus l'impression d'être en pleine période psychédélique (le Sergent Peppers lonely hearts club band pourrait apparaitre au milieu de la foire que ça ne choquerait pas) qu'à la fin du XIXème siècle.
Le second épisode est du même acabit, de quoi décourager en ce début de saison 2.
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