Le Virginien (1962-1971) Universal

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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

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Peter Brown

3.10- Return a Stranger

Réalisation : Maurice Geraghty
Scénario : True Boardman & George F. Slavin
Guest Star : Leif Erickson & Peter Brown
Première diffusion 18/11/1964 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7/10

Le pitch : Le vieux Charley (Leif Erickson) est propriétaire d’une mine d’argent près de Shiloh ; jusqu’à présent elle ne lui a pas rapporté grand-chose mais il compte grandement sur le retour de son fils Craig (Peter Brown) qui est parti 4 années faire des études en ingénierie minière. Le jeune homme a beaucoup changé au grand dam de Betsy qui a été élevé à ses côtés et qui était sa meilleure amie d’enfance. Aujourd’hui, il ne pense qu’à son travail et à la rentabilité de la mine familiale quitte à provoquer des drames chez ses voisins ou ex-amis de son père ; parmi ces derniers le juge Garth qui soupçonne la pollution des rivières où vient boire son bétail…

Mon avis : Où l’on se rend compte une fois encore avec Return a Stranger que le Virginien est une série où il est tout à fait possible de regarder chacun des épisodes comme s’il s’agissait d’une succession d’innombrables westerns autonomes, qui plus est de la durée standard de la majorité des films de séries B de l'époque, soit environ 75 minutes ; la qualité étant les ¾ du temps au rendez-vous, une véritable aubaine pour les westernophiles qui auraient pensé avoir fait le tour de presque tout ce qui pouvait y avoir de bien dans le genre au cinéma et qui vont ainsi avoir la chance de pouvoir se tourner vers le petit écran afin de continuer à se délecter de nouvelles bonnes histoires se déroulant dans le Far-West du 19ème siècle. Pour établir cette relative ‘indépendance’ de chaque épisode, ici Steve a définitivement quitté le bateau, Trampas est absent et le Virginien n’est présent que le temps d’une seule séquence où il vient faire ses adieux au juge pour un voyage d’affaires de plusieurs semaines. Randy n’est quasiment présent que pour nous offrir son désormais traditionnel duo musical avec Betsy -le fort plaisant ‘The Cat Came Back’- alors que le shérif Ryker n’a guère plus de temps de présence. Restent actifs durant ce nouveau très bon épisode le Juge Garth et sa fille, les deux Guest Star et protagonistes principaux de cette histoire étant de vieux amis à la famille, le jeune homme ayant même été le meilleur camarade de jeu de Betsy, voire même son premier coup de foudre adolescent.

Ce petit monde évolue principalement au sein d’un nouveau décor pour la série, celui d’une mine d’argent dans laquelle travaille ce vieil ami du juge Garth que Betsy appelle ‘Oncle Charley’ ; un homme foncièrement bon et haut en couleurs de la même génération que Garth et qu’interprète le très sympathique Leif Erickson. Maurice Geraghty étant pour l’instant avec Don McDougall l’un des réalisateurs les plus inspirés et talentueux de la série (voir les excellents A Matter of Destiny, The Accomplice et surtout le magnifique Impasse), il utilise parfaitement bien ce nouveau lieu installé près des terres du ranch Shiloh. Charley était donc jusqu’à présent seul à exploiter ce filon qui ne s’est jamais avéré rentable par le fait de ne pouvoir raffiner le métal sur place. Sa joie lorsqu’il reçoit un télégramme de son fils lui annonçant son retour n’est pas feinte, à tel point qu’il ne peut s’empêcher de vanter les mérites de son rejeton à Garth et Betsy, ne se rendant pas compte lorsqu'il plaisante sur "ses notes scolaires toujours parfaites sauf en morale" qu'il nous dévoile en partie les drames à venir. Craig était partie durant quatre années pour des études de géologie et il en revient avec de grandes idées pour la mine. Sauf qu’en étudiant le télégramme de plus près, le juge explique à son naïf ami que son fils lui a fait hypothéquer sa maison et sa mine et qu’ils n’ont que trois mois pour rentabiliser le gisement au risque de tout perdre. Charley faisant une entière confiance à son fils, il n’écoute ces conseils de méfiance que d’une oreille distraite. L’épisode va alors surtout reposer sur le changement de caractère du jeune homme que ses études ont transformé de gentil petit garçon en un capitaliste sans scrupules, sur le fait que ses ex-connaissances et amis ont du mal à reconnaitre ce garçon sans éthique, uniquement préoccupé par le profit et dont on se demande jusqu’où il ira pour parvenir à ses fins. "It seems like you went away as one person, and only part of you came back, or you're a different person altogether" lui dira Betsy.

Pour que l’intrigue fonctionne il fallait que ce personnage complexe et de prime abord profondément antipathique soit crédible ; il l’est non seulement grâce à une belle écriture de True Boardman –scénariste qui n’arrive à s’en sortir que lorsqu’il adapte l’histoire d’un autre, ici en l’occurrence celle de George F. Slavin qui a entre autre signé pour le cinéma celles pour de bons westerns tels The Nevadan de Gordon Douglas, Red Mountain de William Dieterle, City of Bad Men de Harmon Jones, Smoke Signal de Jerry Hopper…- mais aussi par le fait que le comédien choisi pour l’interpréter s’avère aussi formidable que pouvait l’être le tout aussi jeune Chris Robinson lors de ses deux épisodes de la série en Guest Star. Peter Brown est en effet l’acteur sur les épaules duquel Return a Stranger repose et il se révèle magistral, capable d’exprimer la complexité de son personnage tout à la fois haïssable et attachant, d’une acuité et d’une intelligence telles qu’on aurait presque tendance à lui pardonner sa diabolique roublardise lorsqu'il s'agit de manipuler ses salariées ou pour obtenir de l'aide ; l’évolution de ce protagoniste -dont j'éviterais de parler pour préserver les surprises- s’avère passionnante. Pour l’anecdote -attention suivez bien- ce même Peter Brown incarnera le héros d’un spin off du Virginien, le Texas Ranger Chad Cooper dans Laredo dont le pilote sera en fait la reprise de We've Lost a Train, l’épisode qui conclut cette saison 3 du Virginien. Une idée de future édition DVD pour Elephant Films ?! Peter Brown domine donc le casting même si Leif Erickson, William Fawcett –dans un rôle de Old Timer à la Walter Brennan-, Lee J. Cobb, Roberta Shore ainsi que Whit Bissell en Bad Guy assez vicieux, s’en sortent également très bien.

Un épisode qui dépeint avec rigueur le profil psychologique d’un jeune loup aux dents longues mais qui propose aussi une réflexion sur l’écologie (puisqu’il sera question de pollution de l’eau), l’industrialisation et le capitalisme galopant (le nouveau propriétaire de la mine fait venir ses hommes plutôt que d’en faire profiter les chômeurs de la région), un climax assez prenant, un véritable suspense autour d’un décor encore peu usité au sein de la série (camp minier, barrage, longue rivière tortueuse…) et une belle photographie signée, excusez du peu, Ray Rennahan, l’un des très bons chefs opérateurs dans le domaine du western et qui officiait d’ailleurs déjà sur le précédent épisode. Le juge dira à Betsy à propos du jeune ambitieux : "every man changes under pressure. The question is how much does he change and in what direction." Les différentes directions que prendra l’arriviste Craig permettront à cet épisode de se maintenir à un très bon niveau tout du long.


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hellrick
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Re: Le Virginien

Message par hellrick »

Saison 6 épisodes 7 et 8

Peu d’action mais pas mal de politique et quelques beaux numéros d’acteurs au programme de « Ah Sing Vs Wyoming ». Comme souvent la série nous propose un nouveau personnage dont nous n’avions, jusqu’ici, jamais entendu parler : Ah Sing, cuisinier des Grainger de son état. Celui-ci décide de s’installer à Medicine Bow et d’ouvrir un restaurant pour montrer à sa future épouse ses capacités de gestionnaire. Malheureusement, le juge de paix refuse de lui accorder l’autorisation nécessaire, une affaire rendue plus compliquée par différentes magouilles liées à des problèmes entre éleveurs. Ah Sing brave l’interdit et, sitôt son établissement ouvert, se voit arrêter par Ryker puis emprisonné. Grainger en fait une affaire personnelle et, aidé d’un avocat porté sur la bouteille, se lance dans un long procès contre l’Etat du Wyoming.

Une intrigue intéressante qui ne lésine pas sur le pathos (quelques scènes forcent le trait du larmoyant) mais s’intéresse aux discriminations, rarement traitées, envers les Chinois. L’essentiel de l’épisode concerne les différents procès menés par Jim Grainger et son homme de loi alcoolique lesquels iront porter l’affaire devant la Cour Suprême. Charles Bickford livre une belle performance en patriarche intransigeant décidé, par principe plus que par réelle conviction, à permettre à son ancien cuisinier d’obtenir l’autorisation nécessaire à l’ouverture de son restaurant. Malheureusement ce fut la dernière apparition du comédien puisqu’il fut emporté par la maladie deux semaines plus tard.

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« Bitter autumn » constitue un autre épisode porté sur la tragédie : un troupeau est convoyé par les frères Jackson depuis le Texas et les cow-boys font la fête à leur arrivée à Medicine Bow. Ryker repère le comportement inconscient d’un des frères Jackson, Willy, et tente de le raisonner sans toutefois l’arrêter. Malheureusement, un peu plus tard, ce même Willy, quelque peu éméché, s’exerce au tir et abat accidentellement une jeune mère de famille, Hattie. Son époux, Sam, attend le verdict décidé à se venger de Willy si ce-dernier n’est pas suffisamment condamné. Or le jury, convaincu du caractère accidentel du crime, ne lui donne que trois mois de prison…

Après le décès de Bickford, John McIntire prend le relais dans le rôle de Clay (le frère du défunt) et débute par cet épisode mélancolique (comme l’indique son titre) à la fois prévisible et efficace dont la linéarité se voit contrebalancée par la qualité d’interprétation des différents intervenants. Une solide petite réussite.
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Lockwood
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Jeremy Fox a écrit :
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Pour l’anecdote -attention suivez bien- ce même Peter Brown incarnera le héros d’un spin off du Virginien, le Texas Ranger Chad Cooper dans Laredo dont le pilote sera en fait la reprise de We've Lost a Train, l’épisode qui conclut cette saison 3 du Virginien. Une idée de future édition DVD pour Elephant Films ?! Peter Brown domine donc le casting même si Leif Erickson, William Fawcett –dans un rôle de Old Timer à la Walter Brennan-, Lee J. Cobb, Roberta Shore ainsi que Whit Bissell en Bad Guy assez vicieux, s’en sortent également très bien.

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Tu as déjà jeté un coup d’œil à cette série ? Est-ce qu'on est dans les mêmes standards de qualité que la serie mère?
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Jeremy Fox
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Non je ne connais pas du tout. Le ton serait cependant plus à la comedie à priori.
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Don McDougall est décidément le meilleur réalisateur de la série : avec All Nice and Legal il signe le premier grand épisode de la saison 3, une fiction westernienne à la fois progressiste et féministe. Il faut dire que celle qui porte l'étendard des femmes est ci la ravissante et talentueuse Anne Francis : ça aide pas mal :mrgreen:
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Jeremy Fox a écrit :Don McDougall est décidément le meilleur réalisateur de la série : avec All Nice and Legal il signe le premier grand épisode de la saison 3, une fiction westernienne à la fois progressiste et féministe. Il faut dire que celle qui porte l'étendard des femmes est ci la ravissante et talentueuse Anne Francis : ça aide pas mal :mrgreen:
C'est un épisode agréable en effet, original dans le traitement.. et les joutes entre une pimpante Anne Francis et un virginien un peu vieille école mais non dénué de compréhension sont plaisantes mais je trouve que l'intrigue peine un peu à tenir le format de 1h10, comme en témoigne cette histoire de braconnage qui ne débouche sur rien (mal exploité et fait notable, sans vraie résolution..)
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Lockwood a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Don McDougall est décidément le meilleur réalisateur de la série : avec All Nice and Legal il signe le premier grand épisode de la saison 3, une fiction westernienne à la fois progressiste et féministe. Il faut dire que celle qui porte l'étendard des femmes est ci la ravissante et talentueuse Anne Francis : ça aide pas mal :mrgreen:
C'est un épisode agréable en effet, original dans le traitement.. et les joutes entre une pimpante Anne Francis et un virginien un peu vieille école mais non dénué de compréhension sont plaisantes mais je trouve que l'intrigue peine un peu à tenir le format de 1h10, comme en témoigne cette histoire de braconnage qui ne débouche sur rien (mal exploité et fait notable, sans vraie résolution..)

Je trouve que c'est au contraire la gageure de l'épisode que de tenir sur des postulats aussi léger. Et j'aime beaucoup la non résolution de l'histoire du braconnage ; un peu comme dans la vie, tout en se résout pas forcément. Le Virginien aura néanmoins prouvé sa grandeur d'âme en refusant qu'ils soient pendus et il ne cherchera pas à rattraper ceux qui auront tenté de le tuer. Je trouve ça assez culotté au contraire :wink:
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Jeremy Fox a écrit :
Lockwood a écrit :
C'est un épisode agréable en effet, original dans le traitement.. et les joutes entre une pimpante Anne Francis et un virginien un peu vieille école mais non dénué de compréhension sont plaisantes mais je trouve que l'intrigue peine un peu à tenir le format de 1h10, comme en témoigne cette histoire de braconnage qui ne débouche sur rien (mal exploité et fait notable, sans vraie résolution..)

Je trouve que c'est au contraire la gageure de l'épisode que de tenir sur des postulats aussi léger. Et j'aime beaucoup la non résolution de l'histoire du braconnage ; un peu comme dans la vie, tout en se résout pas forcément. Le Virginien aura néanmoins prouvé sa grandeur d'âme en refusant qu'ils soient pendus et il ne cherchera pas à rattraper ceux qui auront tenté de le tuer. Je trouve ça assez culotté au contraire :wink:
Oui je te suis sur ce point là.. la non résolution ne me dérange pas en tant que tel (en termes de réalisme, pourquoi pas)
le problème, c'est que cette intrigue n'apporte que peu de choses à la trame principale.
A lui suite de la tentative de meurtre, dans mon souvenir (tu pourras me confirmer, c'est plus frais pour toi), il n'est pas même esquissé l'impact de cet événement sur l'avocate jouée par Anne Francis qui les a défendu lors d'un procès (a-t-elle des regrets ou au contraire aucun?) et sur son parcours en tant qu'avocate novice.
C'est pour cela que je dis que cela ne débouche sur rien.. Elle les défends, ils cherchent à se venger et on passe directement à autre chose au final

A une ou deux reprises cette saison, les scénaristes de la série ont essayé d'étayer une histoire avec des sous-intrigues qu'ils ne sont pas bien parvenus, à mon sens, à connecter à la trame principale ( j'ai en tête l'épisode avec Victor Jory notamment)
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Message par Jeremy Fox »

Lockwood a écrit : A lui suite de la tentative de meurtre, dans mon souvenir (tu pourras me confirmer, c'est plus frais pour toi), il n'est pas même esquissé l'impact de cet événement sur l'avocate jouée par Anne Francis qui les a défendu lors d'un procès (a-t-elle des regrets ou au contraire aucun?) et sur son parcours en tant qu'avocate novice.
C'est pour cela que je dis que cela ne débouche sur rien.. Elle les défends, ils cherchent à se venger et on passe directement à autre chose au final
Il n'y a pas de procès pour les 3 hommes : elle paie juste leur caution par le fait de trouver leur emprisonnement injuste ; elle avoue sa bêtise car elle n'a pas demandé à en savoir plus que la version des prisonniers mais elle le reconnait et avoue son erreur et ses regrets dans les toutes dernières minutes.
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Re: Le Virginien

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Ellen Corby & Anne Francis


3.11- All Nice and Legal

Réalisation : Don McDougall
Scénario : Jean Holloway
Guest Star : Anne Francis
Première diffusion 25/11/1964 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7.5/10

Le pitch : Victoria (Anne Francis) est heureuse d’arriver à Medicine Bow pour exercer sa profession d’avocate. Elle ne souhaitait pas rester à Philadelphie pour ne pas profiter du nom et de la flatteuse réputation de son père ainsi que pour prouver qu’elle pouvait y arriver par elle-même. Ce ne sera néanmoins pas facile de se faire une place au sein d’une communauté où les préjugés sur les femmes sont encore tenaces. Le Virginien qui faisait au départ partie des plus ‘réactionnaires’ à ce sujet va petit à petit retourner sa chemise d’autant qu’il est tombé sous le charme de la ravissante juriste à qui il a demandé de l’aide pour une affaire le concernant…

Mon avis : On peut continuer à l’affirmer : avec jusqu'à présent au compteur 9 épisodes tous de très grande qualité, Don McDougall s’avère décidément être le meilleur réalisateur de la série puisqu’une fois encore avec All Nice and Legal il signe le premier grand épisode d'une saison 3 qui volait déjà pourtant dans l'ensemble assez haut. Savoir que ce même homme au parcours sans-fautes en réalisera encore une trentaine d’autres est sacrément motivant et rassurant pour la suite ! Il s’agit ici d’une fiction westernienne à la fois progressiste et féministe, ce qui s’avère très plaisant, d’autant plus à postériori puisque l’on ne peut pas vraiment dire que les années 60 à la télévision aient été très en avance dans le domaine, assez avares en quelconques réflexions sur la condition féminine. "If one woman takes a step forward all women benefit" sera la phrase la plus importante de cette jolie fiction à tel point qu’elle sera répétée à deux reprises dont une fois par le Virginien en guise de conclusion. A ce propos le récit de Jean Holloway est très efficace d’autant plus que l'étendard des femmes se révèle ici être la ravissante et talentueuse Anne Francis, l’inoubliable comédienne blonde et gracile des géniaux Planète interdite (Forbidden Planet) de Fred McWilcox et Un Homme est passé (Bad Day at Black Rock) de John Sturges. Le talent de McDougall est tel qu’il remporte la gageure de tenir son épisode jusqu’au bout sans nous procurer aucun ennui à partir pourtant de postulats dramatiques de départ plus que légers.

Comme c’était donc le cas pour Felicity’s Spring qui réunissait déjà le même duo réalisateur/scénariste, le talent et la rigueur du premier, la justesse de ton et la belle sensibilité du second ainsi qu'une excellente direction d’acteurs font que tout ce qui pouvait aisément verser dans la guimauve parvient constamment à se maintenir avec dignité sur la corde de l’intelligence, de la lucidité et du bon goût, l'essentiel de l'épisode étant basée sur les relations et savoureuses joutes verbales entre un Virginien un peu vieux jeu et une avocate au contraire très émancipée. Mais revenons-en à ce que nous raconte cet épisode. Victoria, jeune avocate de Philadelphie (pimpante et charmante Anne Francis), a décidé de se rendre à l’Ouest où les hommes de loi sont rares, pour se prouver qu’elle n’avait pas besoin du nom prestigieux de son père dans la profession pour arriver à se faire une place en tant que talentueuse juriste. Elle arrive à Medicine Bow avec Mrs Clancy (délicieuse Ellen Corby) qui est tout à la fois son amie, son assistante mais qui lui sert également de ‘servante’, Victoria n’étant pas vraiment douée pour les tâches ménagères habituellement dévolues aux femmes. Alors qu’elle se rend chez le juge Garth pour lui proposer de louer le local vacant dont il est propriétaire pour y ouvrir son cabinet, elle se heurte au Virginien qui, en l’absence de son patron, a repris les rênes de la gestion des affaires du ranch. En effet, le régisseur est assez réticent à voir une femme se mêler de justice, peu confiant en sa capacité mais surtout en sa solvabilité. Mais lorsqu’il va lui-même se retrouver au tribunal pour un litige à propos d’une selle non payée et qu’il va se rendre compte être inefficace à assurer sa propre défense, trop soupe-au-lait pour faire imposer la vérité, il ne va pas avoir d’autre choix que de s’adresser à la jeune femme pour louer ses services.

L’affaire est des plus simples : le Virginien a refusé de payer la selle qu’il avait commandé, la trouvant défectueuse et ne pas lui convenir du tout, estimant avoir besoin qu’elle soit modifiée avant de verser une quelconque somme. La juriste n’y connaissant strictement rien en la matière, elle va se renseigner et aller voir travailler les cow-boys, l’aspect documentaire mis en place étant des plus intéressants, la série pouvant se permettre de telles digressions là où le 7ème art n’en a que rarement l’occasion ni le temps. Nous apprenons ainsi le vocabulaire lié aux selles ainsi que le fonctionnement et l’usage de chacun de ses différents éléments. La plaidoirie de la jeune femme est tellement convaincante (une selle du Wyoming ne doit pas être fabriquée de la même façon qu’une selle du Missouri, les cow-boys de chacun de ses États n’ayant pas les mêmes exigences du fait d’un travail parfois différent d'un endroit à l'autre) qu’elle emporte le morceau tout en proposant un compromis aux deux parties. L’intelligence avec laquelle elle aura réussi à mener à bien cette affaire lui sera très profitable, ayant prouvé son aptitude en même temps qu'elle aura gagné le respect des habitants de Medicine Bow qui lui feront désormais entière confiance ; sa plaidoirie n’étant pas passé inaperçu, on lui proposera un autre poste dans une région encore plus 'désertée par la loi', ce qui nous mènera au poignant final qui lui fera choisir sa carrière plutôt que l’amour que lui offrait le Virginien ; en tant que protagoniste principal, il sera sans cesse condamné par les scénaristes à rester un éternel célibataire. L’autre histoire qui se greffe de très loin sur ce récit d’émancipation d’une femme indépendante dans un Far West très réactionnaire est celle de trois braconniers que le virginien préfèrera faire emprisonner quelques jours pour violation de territoire plutôt que de faire pendre pour avoir volé du bétail.

Le contremaitre, après s’être montré un peu agressif et légèrement macho puis s’être fait remettre en place notamment par Betsy, prouvera néanmoins son potentiel d’écoute et de compréhension ainsi que sa grandeur d’âme et sa réticence à avoir recours à la violence autant que possible pour régler quelconques problèmes. Le final de cette sous intrigue pourra paraitre décevant à beaucoup par le fait de rester quasiment non résolue ; je le trouve au contraire sacrément culotté et tout à fait crédible puisque dans la vie réelle tout ne trouve pas obligatoirement de solution. La vengeance ne sera donc pas de la partie, le régisseur de Shiloh ne cherchant pas à rattraper ceux qui lui auront tiré dessus et tenté de le tuer. Par son traitement assez original surtout par le fait d’éluder expressément tout dramatisme, un superbe épisode parfaitement réalisé, écrit et interprété, bénéficiant également d’un nouveau thème musical plein d’entrain et vite entêtant, décliné sur tous les tons du plus guilleret au plus grave, ainsi que d’une idylle très attachante entre James Drury et Anne Francis. Délicieux et captivant avec la possibilité d'être témoin du Virginien en train de faire la vaisselle !



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Re: Le Virginien

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John Lupton

3.12- A Gallows for Sam Horn

Réalisation : Don McDougall
Scénario : Dean Riesner
Guest Star : George Kennedy & John Lupton
Première diffusion 02/12/1964 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 6/10


Le pitch : John Briscoe veut faire traverser sa ligne de chemin de fer à travers les terres du fermier Sam Horn (John Lupton). Ce dernier qui a enterré sa femme et son enfant à cet endroit refuse d’être délogé et fait appel au juge Garth pour lui venir en aide. Le propriétaire de Shiloh trouve effectivement une faille dans la demande d’expulsion et va informer le magnat du rail qu’il n’a plus rien à faire dans la région. Seulement son fils retrouve à Medicine Bow la jeune fille qu'il avait demandé en mariage, cérémonie qui n'avait jamais eu lieu son père s'y étant opposé. Tout ceci va conduire à un drame qui va mettre Sam Horn dans une situation plus que délicate…

Mon avis : Juste après le superbe All Nice and Legal, l’on retrouve à nouveau Don McDougall assis derrière la caméra ; si ce douzième épisode de la saison 3 est un peu moins convaincant la faute ne lui en incombe aucunement, sa mise en scène et sa direction d’acteurs se révélant toujours aussi rigoureuse et efficace. Reste que Dean Riesner -dont ce sera le dernier travail pour la série après 4 épisodes- s’avère un auteur certes très intéressant mais souvent un peu trop solennel. Son scénario pour A Gallows for Sam Horn ne tient pas toutes ses promesses initiales : d’une histoire de chemin de fer devant traverser les terres de pauvres fermiers ainsi délogés -pitch vu à plusieurs reprises au cinéma mais encore inédit dans Le Virginien- il bifurque avant la mi-parcours vers un mélodrame familial un peu trop appuyé, oubliant ensuite complètement son pourtant alléchant postulat de départ. L’autre raison de cette relative déception -car ça reste cependant un épisode loin d’être désagréable- est le choix des comédiens qui pour certains n’ont pas les épaules assez solides pour supporter un récit aussi dramatique ; et là je pense surtout aux jeunes Buck Taylor et Laurel Goodwyn -la jeune fille du pilote de la série Star Trek auprès du capitaine Pike interprété par Jeffrey Hunter- dont les interprétations ne sont certes pas déshonorantes mais qui manquent singulièrement de charisme et d’expérience pour arriver à nous rendre crédibles leurs personnages. En revanche John Lupton –inoubliable dans Fort Bravo dans le rôle du déserteur poète qui revendique le droit ne pas être un héros et celui d’avoir peur- est une nouvelle fois très bon.

Mais revenons-en au début, à l’excellente séquence inaugurale qui se déroule en plein air alors qu’un homme avec l’aval du shérif Ryker s’apprête à couper les fils barbelés d’une clôture. A ce moment-là un coup de feu retentit près de lui et un fermier en colère l’empêche de poursuivre son geste. Où l’on constate que Ryker fait son métier malgré les réticences qu’il peut avoir à faire appliquer la loi ; en effet il a en main l’autorisation d’un juge pour entrer sur les terres de ce pauvre cultivateur qui y a sué sang et eau durant des dizaines d’années et qui y a enterré femme et enfant. On comprend qu’il ne veuille pas se faire déloger quel qu’en soit le prix, d’ailleurs plus que minime et pour tout dire, scandaleux. L'homme de loi a du mal à empêcher un début de combat à poings nus vite arrêté par l’arrivée du juge Garth qui a trouvé une faille dans l’assignation et qui donne à Ryker le contre ordre. Du coup ce dernier qui prend sa mission toujours à cœur, fait volte-face et, au vu de ce nouveau décret, raccompagne le magnat du rail jusqu’à Medicine Bow où il aura pour consigne de ne plus se mêler de cette expropriation. Le colonel John Briscoe (très bon Edward Binns, l’un des Twelve Angry Men de Sidney Lumet déjà aux cotés de Lee J Cobb) pense qu’il aura gain de cause et reste néanmoins sur place. Il va ainsi se heurter à Garth même si ce dernier revoit avec plaisir l’épouse de l’homme d’affaires qu’il avait côtoyé dans sa jeunesse. Toutes les séquences se déroulant à l’intérieur du wagon privé du couple sont très bien écrites et notamment la première fois qu’ils se trouvent réunis tous les trois après que Garth et la femme aient évoqués de bons anciens souvenirs.

L’on s’aperçoit ensuite que le fils du patron de chemin de fer vient de retrouver en la personne d’une serveuse de restaurant de Medicine Bow la fille qu’il s’était promis d’épouser alors qu’ils habitaient encore dans l’Est. Le mariage n’avait pas eu lieu car en apprenant cette nouvelle qui l’avait mis dans une colère rouge, son père l’avait envoyé dès le lendemain faire un séjour de plusieurs années en Europe pour couper court à cette déshonorante alliance avec une femme de faible condition, qui plus est fille de l’un de ses ‘petits’ employés. Ce que le jeune homme ne savait pas et qu’il découvre en la retrouvant est que non seulement il est père mais que Sam Horn, le fermier contre qui il s’était battu lors de la première séquence, s’est également entiché de la mère de son enfant. Bref, l’imbroglio est tel, les situations familiales tellement tendues -la mère soutient son fils alors que le père espère une nouvelle fois séparer les jeunes gens- que le scénariste en oublie sa proposition initiale pour bifurquer à 180 degrés sur ce mélodrame familial et procédural, puisqu’une tragédie va avoir lieu qui -comme le titre l’indique évacuant d’emblée tous spoilers- va conduire Sam Horn à côtoyer la potence. C’est Garth qui le défendra ; la roublardise du 'lapin' qu’il sort au final de son chapeau pour emporter le morceau est cette fois un peu grossier, limite à la fois malhonnête et un peu mièvre... ce qui malgré ce sentimentalisme outrancier conduira cependant l’épisode à un happy end ma foi assez touchant, les ‘bad guys’ ne l’étant pas jusqu’au bout, ce qui est tout à l’honneur d’une série qui refuse toujours si possible le manichéisme.

Dommage qu’après un prologue qui promettait un épisode de première catégorie, les auteurs ne se soient pas appesantis plus longuement sur le thème de l’expropriation des petits propriétaires lors de l’arrivée du chemin de fer –surtout après quelques intéressants échanges entre garth et le Colonel sur le modernisme et le progressisme que représente le rail- et qu’il en arrive trop rapidement aux drames familiaux ; du coup il parait parfois un peu long faute à des comédiens pas assez chevronnés et à un scénario qui manque d’intensité. Nous aurons néanmoins eu le plaisir de voir longuement Lee J. Cobb ainsi qu’un Clu Gulager à nouveau réuni à son supérieur -Ross Elliot que nous n’avions plus croisé depuis un bon moment- et qui se permet par son sens de l'éthique de ne pas lui obéir. Nous aurons également eu l’occasion de croiser l’excellent comédien George Kennedy interprétant ici le bestial homme de main du magnat du rail. Enfin à noter que lors de la touchante séquence de la rencontre entre la jeune fille et sa ‘belle-mère’ l’on réentend brièvement et discrètement mais avec grand bonheur le thème romantique des tous premiers épisodes de la série.



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Re: Le Virginien

Message par hellrick »

Maintenant que j'ai vu tout le coffret je complète et remet mes avis...

LE VIRGINIEN SAISON 6 VOLUME 1

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Bronson, âgé de 45 ans, joue à nouveau les guest star pour « The Reckoning / L’homme qui nous a donné». Il campe Harge Talbot, le chef d’une bande de bandits réfugiés au Mexique qui désirent se venger du Virginien. Ce-dernier aurait « donné » les hors la loi sept ans plus tôt après un hold-up ayant mal tourné. Après avoir enlevé Elizabeth Grainger, Talbot attire le Virginien dans un piège. Alors que son épouse s’apprête à accoucher, Talbot oblige Elizabeth à l’assister et décide de tuer le Virginien, lequel tente de le persuader de son innocence. Un épisode réussi, dominé par l’interprétation d’un Bronson pas aussi méchant qu’il ne le parait de prime abord. Décidé à changer de vie à la naissance de son enfant, il reste prisonnier de son existence de hors la loi tandis que le Virginien, très en retrait, passe la majeure partie de l’épisode prisonnier dans une étable et tente de démasquer le véritable coupable. Ce-dernier finit par se trahir, permettant à Talbot et au Virginien de se réconcilier pour un final optimiste. Très sympathique.

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« La liste » donne la vedette à Trampas. Celui-ci reçoit une liste de nom. L’un d’eux est barré et assorti de la mention « RIP. Pour Billy ». Trampas ne s’inquiète guère avant de recevoir une deuxième puis une troisième lettre. Apprenant que ceux dont le nom est rayé sont décédés de morts violentes, Trampas, dont le patronyme se trouve bien sûr sur la fameuse liste, mène l’enquête afin de retrouver tous ceux ayant été impliqué, bien des années auparavant, dans un événement tragique. Un western en forme de whodunit quelque peu linéaire et prévisible mais cependant intéressant et rondement mené jusqu’à la conclusion attendue mais efficace où le coupable se dévoile. Pas un classique de la série mais un plaisant divertissement.

Les deux épisodes suivants sont curieusement assez proches puisqu’ils traitent tous deux de rédemption et du souhait de recommencer sa vie à Shiloh. Et, dans les deux cas, une vieille connaissance (à croire que les Etats-Unis ne sont pas plus grands qu’un village) vient remettre en question ces bonnes résolutions.

Dans « Lady from Wichita » le propriétaire d’un ranch décède en laissant tous ses biens à une jeune propriétaire de saloon, Lorna (Joan Collins), qui débarque à Medecine Bow en compagnie d’une de ses amies, Belle (Rose Marie). Au départ décidée à vendre la propriété, Lorna se ravise et préfère reste afin de refaire sa vie loin de son passé peu « respectable ». Sensibles à ses charmes, Trampas aide la jeune femme à s’installer et à acquérir une certaine respectabilité mais Lorna craint toujours que l’on découvre ses origines modestes. Or un type peu fréquentable, Roy Kane, surgit à Medecine Bow et exerce un chantage à l’encontre de la pauvre demoiselle.
Classique mais plaisant, cet épisode dose adéquatement le drame et la comédie, notamment par les efforts entrepris par Belle pour devenir une « lady » acceptée de la communauté en dépit de ses mauvaises manières. Si le sujet n’est pas neuf (il a d’ailleurs déjà été abordé dans la série), l’épisode s’avère divertissant et offre une conclusion humoristique et optimiste : en dépit de la révélation de leur passé les deux jeunes femmes demeureront à Medecine Bow…quoiqu’aucun épisode ultérieur n’en fera mention.

La construction de « Star Crossed » se montre similaire en dépit d’un ton nettement plus sérieux. Le shérif adjoint Ryker reconnait un de ses vieux amis, Cliff Darrow, dissimulé sous l’identité d’un certain Andrew Miller. Ce-dernier, en fuite après quelques délits mineurs, a refait sa vie en compagnie de son épouse Judith et de son beau-fils, Brian. Convaincu de la bonne foi de son ami, Ryker accepte de fermer les yeux sur ses frasques d’antan. Malheureusement, Tony Barnes reconnait également Darrow, recherché pour un meurtre qu’il n’a pas commis, et entame un chantage à l’encontre du fugitif. Acculé et désespéré, Darrow tue son maitre-chanteur. Ne pouvant rester passif, Ryker se lance à la poursuite de son ancien ami…
Un épisode prévisible mais une intrigue bien racontée et suffisamment rythmée pour ne jamais ennuyer le spectateur. Ryker, dont la personnalité est bien cernée, en particulier en ce qui concerne ses hésitations à poursuivre un de ses amis, mène le récit jusqu’à son terme. A l’issue du jugement condamnant son compère, l’adjoint mettra d’ailleurs tout en œuvre pour le sauver et réconcilier le père avec son fils adoptif. Plaisant sans être révolutionnaire.

Le suivant, « Johnny Moon » est un excellent épisode qui aborde des thématiques environnementalistes assez surprenantes et novatrices pour l’époque, assorties d’une réflexion sur la légalité de différentes actions. Le personnage principal met en balance le « droit » et le « juste », brouillant les pistes pour un Virginien peu à peu convaincu qu’un acte juridiquement tout à fait légal peut être profondément injuste, inique et moralement discutable.
L’intrigue débute un guet-apens dans lequel un homme, Johnny Moon, est abattu par quatre chasseurs. Le Virginien ramène le blessé à Shiloh où il peut se reposer et guérir de ses nombreuses blessures. D’origine anglaise, Moon travaille pour la police montée canadienne mais a récemment déserté afin de poursuivre une mission personnelle. En effet, Moon traque un chasseur de loups, Joe Hogan, qui extermine ces bêtes de la plus cruelle des manières. Quoiqu’il n’ait enfreint aucune loi, Hogan s’est attiré la haine de Moon et ce-dernier estime de son devoir de l’arrêter. Le louvetier aurait, en outre, tué deux Indiens amis de Moon sans que cela puisse être prouvé. Poursuivi par un détective privé, Lawson, décidé à le ramener au Canada pour qu’il soit jugé pour désertion, Moon entraine le Virginien dans une expédition vengeresse afin de neutraliser définitivement Hogan.
Cette belle réussite à l’originalité indéniable se termine dans des paysages enneigés inhabituels avec un Moon en tunique écarlate (comme aurait dit Cecil B. DeMille) qui lutte aux côtés du Virginien contre de cruels louvetiers prêts à tout. Sans nul doute un classique de la série et, à tout le moins, le meilleur épisode de cette fournée.

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Après ce récit dramatique, la série verse dans la pure comédie avec un « The Masquerade » au scénario éculé. George Foster, un modeste mais respecté employé de banque, a toujours affirmé à son père, ancien homme de loi à la réputation légendaire, qu’il était le shérif de Medecine Bow. Or, papa s’apprête à lui rendre une petite visite, un simple arrêt de deux heures lors d’un voyage en train. Ryker et le Virginien acceptent de jouer le jeu et transforment le petit fonctionnaire peureux en shérif dont chacun se rappelle les exploits. Malheureusement un accident ferroviaire oblige le paternel à rester trois jours dans la ville.
Pas déplaisant cet épisode reste toutefois très attendu : le banquier s’étrange en buvant son whisky, participe à un concours de tir (le Virginien, dissimulé, se charge de tirer à sa place et fait mouche à chaque coup), évalue d’un œil « expert » de nouvelles armes alors qu’il peine à tenir correctement un révolver, retrouve un enfant fugueur et, bien sûr, prouve au final sa valeur en traquant des bandits dans les montagnes. Rien de honteux pour cette « Masquerade » divertissante et agréable mais, également, fort convenue.

Peu d’action mais beaucoup de « politique » et quelques beaux numéros d’acteurs au programme de « Ah Sing Vs Wyoming ». Comme souvent la série présente un nouveau personnage dont nous n’avions, jusqu’ici, jamais entendu parler : Ah Sing, cuisinier des Grainger de son état. Celui-ci part s’installer à Medicine Bow et ouvre un restaurant pour montrer à sa future épouse ses capacités de gestionnaire. Malheureusement, le juge de paix refuse de lui accorder l’autorisation nécessaire, une affaire complexifiée par différentes magouilles liées à des problèmes entre éleveurs. Ah Sing brave l’interdit et, sitôt son établissement ouvert, se voit arrêter et emprisonné par Ryker. Grainger, outragé de cette décision, en fait une affaire de principes et, aidé d’un avocat porté sur la bouteille, entame un long procès contre l’Etat du Wyoming.
Cette intrigue intéressante ne lésine pas sur le pathos (quelques scènes forcent le trait du larmoyant) mais s’intéresse aux discriminations, rarement traitées, envers les Chinois. L’essentiel de l’épisode concerne les différents procès menés par Jim Grainger et son homme de loi alcoolique qui finiront par porter l’affaire devant la Cour Suprême. Charles Bickford livre une excellente performance en patriarche intransigeant décidé, par principe plus que par réelle conviction, à permettre à son ancien cuisinier d’obtenir l’autorisation nécessaire à l’ouverture de son restaurant. Malheureusement ce fut la dernière apparition du comédien puisqu’il fut emporté par la maladie deux semaines plus tard. Un joli chant du cygne.

« Bitter autumn » constitue un autre épisode porté sur la tragédie : un troupeau est convoyé par les frères Jackson depuis le Texas et les cow-boys font la fête sitôt arrivé à Medicine Bow. Ryker repère le comportement inconscient d’un des frères, Willy, et tente de le raisonner sans toutefois l’arrêter. Malheureusement, un peu plus tard, un Willy quelque peu éméché, abat accidentellement une jeune mère de famille, Hattie. Son époux, Sam, attend le verdict, bien décidé à se venger de Willy si ce-dernier n’est pas suffisamment condamné. Or le jury, convaincu du caractère accidentel du crime, ne lui donne que trois mois de prison…
Après le décès de Bickford, John McIntire prend le relais dans le rôle de Clay (le frère du défunt) et débute par cet épisode mélancolique (comme l’indique son titre) dont la linéarité se voit contrebalancée par la qualité d’interprétation des différents intervenants. Une solide petite réussite.

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Après « Ah Sing Vs Wyoming », le neuvième épisode, « A Bad place to die » se voit à nouveau centré sur un procès mais alors que le cuisinier asiatique risquait simplement la fermeture de son établissement, Trampas risque, lui, la pendaison. En effet, après une dispute d’éleveur, Trampas a été vu à côté du corps d’un homme assassiné. Dans l’Ouest aucune autre preuve n’est requise et le Virginien ne dispose que de six jours pour prouver son innocence. Il s’engage chez un rancher rival de Shiloh pour obtenir de nouvelles informations et soupçonne une machination orchestrée contre son ami pour couvrir un crime passionnel. De son côté Clay Granger tente d’obtenir une grâce gouvernementale mais, devant les échecs successifs de la procédure légale, Trampas s’évade en compagnie de trois autres détenus. Au cours de leur fuite un gardien est abattu et Trampas se résout à fuir vers le Canada.
Un épisode correct mais pas franchement passionnant en dépit d’un scénario assez complexe qui multiplie les intrigues : les tentatives du patriarche Granger pour obtenir un sursis, les efforts du Virginien pour résoudre le crime dont Trampas est faussement accusé et l’amitié nouée par ce-dernier avec un vieux prisonnier. Le tout se laisse regarder sans déplaisir mais ne parvient pas à convaincre pleinement. Sans doute aurait-il fallu davantage de temps et de développement pour rendre cette histoire (dont le scénario touffu aurait parfaitement convenu à un long métrage) pleinement intéressante.

« Paid in full » termine cette livraison en suivant Frank, un repris de justice libéré de prison qui revient au ranch Shiloh. Il y retrouve son père, Ezra, devenu homme à tout faire. Handicapé après avoir sauvé la vie de Trampas, Ezra trime pour se payer sa maison mais Frank accepte mal cette situation : pour lui Grainger devrait exprimer sa reconnaissance en offrant une « pension d’invalidité » à son paternel. Le ton monte entre le père et le fils qui accepte finalement de travailler à Shiloh mais se laisse influencer par deux voleurs de bétail décidés à s’emparer du troupeau de Grainger.
James Whitmore campe ce vieil homme devenu boiteux mais à la fierté intacte. Le comédien apparut à quatre reprises dans la série mais chaque fois dans un rôle différent. On peut d’ailleurs regretter que le personnage, comme tant d’autres, n’ait eu droit qu’à cette unique apparition, il eut été intéressant de retrouver Ezra et son fils quelques temps plus tard pour découvrir leur destin ultérieur. Mais sans doute n’était-ce pas une manière de fonctionner prisée par les scénaristes de l’époque qui ont toujours privilégiés les récits indépendants aux conséquences limitées sur le déroulement global de la série.
Dans l’ensemble, cette énième livraison du VIRGINIEN tient donc ses promesses, partagés entre épisodes dramatiques fort réussis (« The Reckoning », l’excellent « Johnny Moon », « Bitter autumn ») et comédies sympathiques (« The Masquerade », « Lady from Wichita ») accompagnés de quelques récits solides et plaisants (à peu près tous les autres).
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

hellrick a écrit : Dans l’ensemble, cette énième livraison du VIRGINIEN tient donc ses promesses, partagés entre épisodes dramatiques fort réussis (« The Reckoning », l’excellent « Johnny Moon », « Bitter autumn ») et comédies sympathiques (« The Masquerade », « Lady from Wichita ») accompagnés de quelques récits solides et plaisants (à peu près tous les autres).
Bon et bien voilà : pas fini d'y prendre du plaisir :D Beaucoup plus qu'à la plupart des westerns de cinéma que je découvre ou redécouvre en ce moment :(
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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

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Vera Miles & John Gavin

3.13- Portrait of a Widow

Réalisation : Don McDougall
Scénario : Thomas W. Blackburn & Lawrence Edward Watkin
Guest Star : John Gavin &
Première diffusion 09/12/1964 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 6.5/10

Le pitch : A Chicago, Betsy et son amie Maggie (Vera Miles) font la connaissance d'un jeune peintre français (John Gavin). Ce dernier a de grosses dettes de jeu et il doit les acquitter sous peine de se faire tuer. Apprenant que Maggie est une riche veuve dont les affaires sont gérées par le juge Garth, il décide de la séduire et de la suivre à Medicine Bow pour en faire le portrait. Il pense ainsi fuir ses débiteurs tout en espérant récolter une coquette somme pour son travail. Mais Maggie et Charles finissent par tomber réellement amoureux, ce qui ravit Betsy alors que le juge est plus méfiant, estimant excessifs les tarifs pratiqués par le peintre...

Mon avis : 6ème épisode de cette troisième saison -et troisième consécutif- signé par l’excellent Don McDougall, c’est à nouveau à lui que nous devons les principales qualités de ce Portrait of a Widow souvent qualifié de ‘Chick-Flick’ par les américains, ces derniers définissant ainsi les épisodes qu’ils estiment être destinés avant tout à un public féminin. En effet, les producteurs pensant que le western n’était à priori pas censé être la tasse de thé des femmes, pour les attirer quand même à se poser elles aussi devant leur poste de télévision aux côtés de leurs compagnons, ils décidaient occasionnellement de tourner une fiction moins mouvementée et moins violente, plus tournée vers la romance. Tout ceci est évidemment un débat d’un autre âge mais quoiqu’il en soit les amateurs d’action doivent être prévenus que Portrait of a Widow en est presque totalement dépourvu si l’on excepte deux ou trois gentils coups de poings assénés aux Bad Guys en toute fin d’épisode afin de les effrayer et de les faire quitter la région. Avant ça, grâce au talent de Don McDougall aussi bien pour la pure mise en scène que pour la direction d’acteurs, et même s’il ne se passe pas grand-chose d’autre qu’une jolie romance, il s’agit d’un épisode très agréable à regarder d’autant plus que le couple dont on narre l’idylle est interprété par deux formidables comédiens, Vera Miles et John Gavin.

La première est bien connue des amateurs de John Ford et d’Alfred Hitchcock puisqu’elle était l’actrice principale de The Man who Shot Liberty Valance ainsi que de Psychose dans lequel elle avait déjà pour partenaire John Gavin. Ce dernier est surtout apprécié par les admirateurs du cinéaste Douglas Sirk puisqu’il tenait le rôle principal dans deux de ses plus beaux films de fin de carrière, le magnifique Miracle de la vie (Imitation of Life) et surtout le chef-d’œuvre qu'est Le Temps d'aimer et le temps de mourir (A Time to Love and a Time to Die) ; il aura également été un Jules César convaincant dans le Spartacus de Stanley Kubrick. Autant dire que les auteurs ne prenaient pas de grands risques en faisant se confronter deux comédiens de cette trempe. Et effectivement l’épisode tient avant tout sur leurs épaules, seul Lee J. Cobb parmi les acteurs récurrents du Virginien ayant ici un rôle d’importance. L’histoire débute à Chicago où se rendent d’ailleurs souvent depuis le début de la série le juge et sa fille. Cette fois Betsy était accompagnée d’une amie de la famille qui n’était pas au meilleur de sa forme depuis le décès de son époux. Pour lui faire se changer les idées, Garth -qui fut l’exécuteur testamentaire du défunt et qui a désormais pour mission de gérer les affaires financières de la veuve- avait pensé qu’un voyage dans l’Est lui ferait le plus grand bien. Et effectivement elle rencontre et tombe sous le charme d’un artiste peintre français spécialisé dans le portrait : "he's made me feel alive again for the first time in a long time" ; ce qui ravit Betsy qui espérait du fond de son cœur qu’elle "get back into circulation."

Français pour faire le séducteur avec un accent qui fonctionne toujours aussi bien auprès des dames américaines ; mais dans la réalité pas plus français que Garth ou le Virginien. L’on apprend même assez rapidement qu’il serait un peu escroc sur les bords et chercherait surtout à rembourser sa grosse dette de jeu auprès de débiteurs coriaces et peu scrupuleux qui lui réclament leur dû en le menaçant de le tuer s’il ne s’exécute pas. Apprenant que Maggie rentre à Medicine Bow, il a dans l’idée de la suivre pour échapper à ses créanciers, espérant par la même occasion gagner une coquette somme en peignant le portrait de cette très charmante veuve, au cas où il aurait besoin de liquidités s’il venait à se trouver de nouveau face à ces deux inquiétants personnages tenus par le très bon Michael Forest ainsi que par Charles Horvath, acteur au visage plus que menaçant. Une fois dans le Wyoming, nous assisterons surtout à l’idylle qui se fait jour entre le peintre et son modèle ainsi qu’aux soupçons de Garth quant à cet homme dont les prix pratiqués lui paraissent prohibitifs, suite à quoi il va mener son enquête auprès des galeries d'art. Toute une intrigue se monte aussi autour d’un vrai/faux tableau du Tintoret mais le long épilogue -que je ne vous dévoilerais pas- écrit par les deux scénaristes Thomas W. Blackburn & Lawrence Edward Watkin -deux auteurs ayant principalement travaillé pour les studios Disney, le premier ayant également à son actif les très bon Cattle Queen of Montana de Allan Dwan ainsi que Riding Shotgun de André de Toth- est vraiment touchant, d’abord doux-amer avant de finir en happy end plus traditionnel qui aura néanmoins servi à démontrer -si besoin était- la grandeur d'âme, les qualités de cœur, l'ouverture d’esprit et l’intelligence des protagonistes principaux de l’épisode qui en sortent tous trois grandis.

Vera Miles était déjà excellente dans l’épisode The Man Who Wouldn't Die au cours duquel elle s’amourachait de Garth ; elle est ici de nouveau parfaite, tout comme ses partenaires John Gavin et Lee J. Cobb. Quasiment aucun drame mais une jolie romance entre deux excellents acteurs et quelques sympathiques notations concernant le personnage du juge Garth, à savoir qu’il a vécu quelques années à Paris et qu’il en a conçu un gout assez prononcé pour l’art et la peinture, ayant ainsi fait l’acquisition de quelques ouvrages sur les maîtres italiens de la Renaissance ainsi même que certains tableaux de George Catlin. Très jolie mise en scène utilisant à merveille des intérieurs plutôt cosy, même thème musical dont je vous parlais déjà à propos du mémorable All nice and legal et qui semble vouloir être désormais utilisé à chaque épisode au ton plutôt léger, une savoureuse Ann Doran, une seule apparition du Virginien qui ne fait pas mentir sa réputation de rabat-joie, et pour couronner l’ensemble de très bons dialogues comme par exemple cette réplique de John Gavin au juge Garth après que celui-ci lui ai demandé pourquoi il avait tenté de les arnaquer : "Self preservation's a pretty strong instinct, Judge, even in the lowest form of animal life." Anecdotique mais bougrement plaisant !



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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

The Payment avec Lloyd Nolan, Bruce Dern et la ravissante Lisabeth Hush : un grand épisode avec un excellent Clu Gulager ; ça faisait longtemps qu'il se faisait trop discret. Lorsqu'il est mis en avant, il se donne à fond et c’est très plaisant.
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