Le complot (René Gainville, 1973)
L'histoire se déroule en France en 1962, soit environ un an après le putsh des généraux à Alger (lui même en réaction au référendum sur l'autodétermination en Algérie quelques mois plus tôt). A partir d'un fait réel (l'emprisonnement d'un général putchiste à Tulle), le film nous compte la tentative d'un groupe de militaires, membres de l'OAS, de faire évader ce général. Leur objectif : reverser le gouvernement français en prenant appui sur les commandants militaires de régions, et à terme dénoncer les accords d'Evian récemment signés, qui amputent selon eux le territoire national de manière inadmissible.
Une histoire politico-militaire, avec barbouzes et contre espionnage.
J'ai essayé dans ces quelques lignes de résumer le sujet du film.
Comme vous pouvez le constater, le sujet est ardu sans un minimum de connaissances historiques. C'est entre autre ce qui distingue un film à sujet à peu près contemporain au tournage (10 ans d'écart tout de même), et un film de reconstitution, où le scénario doit souvent rappeller les bases historiques pour une bonne compréhension du propos. Ici, pour tout contexte, le film s'ouvre sur des images d'archives avec le fameux discours du Général de Gaulle à Alger ("Je vous ai compris !"). Libre au spectateur d'en saisir le sens. Cet affranchissement d'explications rebutera peut être le spectateur que nous sommes. Personnellement j'adore, mais il est évident qu'il faut être interressé par le sujet pour s'immerger.
Le personnage principal est Michel Bouquet dans le rôle du commissaire en charge de l'affaire, qui enquête sur la conjuration grâce à des agents doubles et à des barbouzes.
Tiraillé entre sa loyauté au gouvernement, avec son combat de l'infiltration des idées pro-OAS dans les bureaux des ministères, et une certaine considération pour les conjurés dont il arrive à comprendre les raisons qui les motivent. Comme toujours, une interprétation subtile de ce grand comédien.
Une histoire de fidélité également, avec Jean Rochefort en discret organisateur du complot, presque réticent (c'est ce que j'ai ressenti, mais son jeu très retenu n'aide pas). Fidèle à ses hommes, il comprend finalement l'inutilité de l'action armée. A ce sujet, la fin du film peut paraitre un peu forcée lorsque deux hommes de son groupe (un Pied-Noir et un Algérien), rejetant son autorité, préfèrent affronter la police et s'entretuent accidentellement dans une scène quasiment ridicule.
Un rôle difficile finalement, heureusement secondé par une pléthore de 2nd rôles de choix pour jouer les comploteurs (très important pour moi, les bons 2nd rôles). citons par exemple Maurice Biraud.
Les films sur l'OAS ne sont pas nombreux. Celui-ci vaut le coup d'oeil.
Film édité chez Europa corp en 2010. Clip anti-piratage zappable.
Image à peu près correcte avec une définition dans la moyenne, mais des couleurs fades.
Format 1.66 / 16/9 (en fait plutôt 1.77 à la vision, à cause de l'overscan de mon diffuseur).
Pour tout supplément, la bande annonce proposée "dans son jus d'origine", ce qui permet de comparer la qualité d'image sur le film lui-même, et donc de rester indulgent. Un détail : la BA montre quelques plans non présents dans le film (plan sur Michel Bouquet qui parle, alors qu'on l'entend hors cadre dans le film).