Classiques British en dvd

Rubrique consacrée aux DVD de films tournés avant 1980.

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Commissaire Juve
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Re: Classiques British en dvd

Message par Commissaire Juve »

Michel2 a écrit :
Rashomon a écrit :
Cette mauvaise réputation est souvent attribuée à Truffaut, mais elle semble lui avoir pré-existé, du moins dans le grand public. Si l'on regarde le box-office français des années d'après-guerre on trouve très peu de films britanniques hors les grosses productions du type Kwaï ou Lawrence d'Arabie.
Exécrable n'est peut-être plus vraiment le mot : ça me paraît être davantage un mélange d'ignorance (pour l'essentiel, d'où le syndrome de l'ours) et de manque de familiarité avec la culture britannique, qui n'a jamais engendré la même ferveur et la même fascination que tout ce qui touche à l'Amérique.

Je crois que c'est la convergence de plusieurs facteurs. Il y a bien sûr le célèbre anathème de Truffaut, qui est régulièrement et religieusement repris par les zélotes des Cahiers comme Jean-Michel Frodon (une de mes têtes de turc préférées, qui n'hésitait pas à écrire dans La projection nationale qu'il "y a bien eu des films anglais, mais que jusqu'ici le cinéma britannique n'a pas existé", le tout assaisonné d'une sociologie de bazar qui convoque l'empire colonial, la Royal Navy et le tournoi des cinq nations pour démontrer que la Grande-bretagne n'avait pas vraiment besoin du cinéma). Mais joue également le fait que chez les critiques et les universitaires qui s'intéressent au cinéma grand-breton, il y a souvent eu tendance à privilégier les marges et la périphérie au détriment du mainstream : on adore encenser les francs-tireurs mais on fait l'impasse sur les réalisateurs jugés trop "qualité britannique", ce qui fait qu'il devient difficile d'avoir une vision globale de la production d'outre-manche (va donc trouver quelque chose en Français sur Basil Dearden ou Robert Hamer).

Il y a bien des auteurs étudiés à un moment X (Greenaway dans les années 90, même s'il n'est plus très à la mode maintenant), Ken Loach, Mike Leigh, ou Powell & Pressburger si l'on remonte aux années 40, mais le cinéma britannique n'a jamais suscité chez nous l'approche transversale et inclusive que l'on a pu pratiquer sur le cinéma américain.

Michel2 a écrit :... tendance à privilégier les marges et la périphérie au détriment du mainstream : on adore encenser les francs-tireurs mais on fait l'impasse sur les réalisateurs jugés trop "qualité britannique"...
Sans doute les mêmes qui viendront t'expliquer que Jean Delannoy, Gilles Grangier ou Denys de la Patellière... c'est de la merde !
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Profondo Rosso
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Re: Classiques British en dvd

Message par Profondo Rosso »

Michel2 a écrit : Je crois que c'est la convergence de plusieurs facteurs. Il y a bien sûr le célèbre anathème de Truffaut, qui est régulièrement et religieusement repris par les zélotes des Cahiers comme Jean-Michel Frodon (une de mes têtes de turc préférées, qui n'hésitait pas à écrire dans La projection nationale qu'il "y a bien eu des films anglais, mais que jusqu'ici le cinéma britannique n'a pas existé", le tout assaisonné d'une sociologie de bazar qui convoque l'empire colonial, la Royal Navy et le tournoi des cinq nations pour démontrer que la Grande-bretagne n'avait pas vraiment besoin du cinéma).
D'ailleurs Frodon s'était fait méchamment dézinguer par Michel Ciment dans un Positif récent. Il a sorti une sorte de bouquin guide cinéphile pour les jeunes et à la notules sur le cinéma britannique il avait ressorti une tirade du genre "le cinéma britannique n'est pas important, il n'y a pas grand chose à en dire" du coup Ciment se l'était payé dans la rubrique libre de ce numéro. C'est quand même assez bête de garder des préjugés d'une autre époque mais bon j'ai l'impression que ça change même si on se plaint il n'y a jamais eu autant de sorties dvd/BR british que maintenant, un petit peu moins besoin d'arpenter amazon Uk même si on peut mieux faire.
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Michel2
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Re: Classiques British en dvd

Message par Michel2 »

Profondo Rosso a écrit :D'ailleurs Frodon s'était fait méchamment dézinguer par Michel Ciment dans un Positif récent. Il a sorti une sorte de bouquin guide cinéphile pour les jeunes et à la notules sur le cinéma britannique il avait ressorti une tirade du genre "le cinéma britannique n'est pas important, il n'y a pas grand chose à en dire" du coup Ciment se l'était payé dans la rubrique libre de ce numéro. C'est quand même assez bête de garder des préjugés d'une autre époque mais bon j'ai l'impression que ça change même si on se plaint il n'y a jamais eu autant de sorties dvd/BR british que maintenant, un petit peu moins besoin d'arpenter amazon Uk même si on peut mieux faire.
Dans le cas de Frodon, les préjugés ressortent d'autant plus vite qu'il n'a probablement pas vu grand-chose : il est évident à la lecture de La projection nationale qu'il écrit sur une cinématographie qu'il ne maîtrise pas. C'est assez révélateur qu'il ne cite que peu de titres et qu'il n'analyse aucun film dans le détail, ce qui facilite les généralisations à l'emporte-pièce. Pas étonnant dans ces conditions que l'amer Michel se soit payé le bonhomme dans les colonnes de Positif à l'occasion de son dernier opus : ça ne devait pas désoler Ciment d'aligner Frodon (et ça ne me désole pas non plus qu'il l'ait fait). Par contre, je n'ai pas fait attention au papier : c'était dans quel numéro ?

Pour revenir aux préjugés, la méconnaissance du cinéma britannique par chez nous s'explique aussi par un certain ethnocentrisme de ce côté-ci de la Manche: par exemple, une bonne partie de la new wave des années 59-66 a été ignorée par les critiques français parce qu'il ne pouvait y avoir de nouvelle vague que l'hexagonale. Quelques films de Tony Richardson ou de Karel Reisz ont été reconnus parce qu'ils portaient un regard sur la classe ouvrière britannique, mais beaucoup de cinéphiles se sont arrêtés à la seule dimension néo-réaliste ou néo-documentaire et au discours sur les barrières de classe sans s'intéresser à la forme, ni d'ailleurs aux oeuvres qui ne rentraient pas dans le moule du film-à-conscience-sociale. La première période britannique de Schlesinger est quasiment ignorée en France, par exemple : j'ai animé une séance de ciné-club sur Billy Le Menteur l'année dernière et presque personne, programmateurs inclus, ne connaissait le film. Donc, oui, il reste du pain sur la planche, même si les oeuvres sont désormais beaucoup plus facilement accessibles, ce dont personne ne se plaindra.
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Profondo Rosso
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Re: Classiques British en dvd

Message par Profondo Rosso »

Michel2 a écrit : Par contre, je n'ai pas fait attention au papier : c'était dans quel numéro ?
C'était un numéro de 2015 juin ou juillet-aout je crois, c'était assez savoureux. Et c'est vrai ce que tu dis sur la méconnaissance la première partie de carrière de Schlesinger n'est dispo en dvd que depuis 3 ou 4 ans par exemple, pareil pour Tony Richardson... En tout cas les préjugés ont la vie dure, voir ce papier d'Olivier Père qui tout en disant plutôt du bien de Un Inspecteur nous demande nous sort une avalanche de clichés sur le cinéma britannique dans son premier paragraphe.

http://www.arte.tv/sites/olivierpere/20 ... -hamilton/
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Re: Classiques British en dvd

Message par Rashomon »

Je pense que le phénomène relève aussi d'une anglophobie culturelle bien installée en France. Si on sort de Jane Austen, Dickens et Conan Doyle la littérature anglaise est mal connue et peu lue chez nous. Les séries nous sont longtemps parvenues elles aussi au compte-goutte, même s'il y a eu de nets progrès depuis une dizaine d'années. Il n'y a guère que sur le plan musical que la Manche ne dresse pas un rempart inviolable. Partout ailleurs on retrouve les mêmes clichés qui servent à condamner le cinéma british: c'est chiant, c'est ampoulé, c'est académique, etc.
Concernant Richardson et la New Wave, le seul film de ce courant trouvable en France fut longtemps... Tom Jones, qui est d'ailleurs l'un des oscar-winners les plus mal connus chez nous (je me souviens l'avoir demandé un jour chez Disc'King et le vendeur a cru que je lui parlais du chanteur!) Là encore les choses s'améliorent, mais à un rythme de tortue. Quand on voit à côté le retentissement donné à la sortie/parution de certains films américains de deuxième ou troisième zone - je ne donnerai pas de noms - il y a de quoi s'énerver, et j'adore pourtant le cinéma yankee.
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Re: Classiques British en dvd

Message par Michel2 »

Profondo Rosso a écrit :
Michel2 a écrit : Par contre, je n'ai pas fait attention au papier : c'était dans quel numéro ?
C'était un numéro de 2015 juin ou juillet-aout je crois, c'était assez savoureux.
Ca y est, je l'ai retrouvé : c'était dans la rubrique "notes de lecture" du numéro de janvier 2015.

C'est effectivement assez jouissif de voir Michel Sauron bouffer tout cru le petit hobbit Frodon sur les flancs du Mont Destin de la cinéphilie en péril. Autant le ton de Ciment peut parfois me fatiguer par son côté "petit village gaulois qui résiste encore et toujours à l'envahisseur du triangle des Bermudes Le Monde/Les Inrocks/Les Cahiers du cinéma", autant je suis d'accord avec lui sur le fond : Frodon est très représentatif de tout un pan de la critique française qui ressasse depuis des lunes le même catéchisme plus très frais au nom d'une "modernité" du cinéma dont la formulation remonte aux années 50/60.

Pour ce qui est de l'anglophobie, je suis en partie d'accord mais je crois que c'est un phénomène à géométrie variable pondéré par des engouements ponctuels pour des films qui échappent justement à cette image d'un cinéma guindé et "littéraire". Je pense au gigantesque succès populaire de Quatre mariages et un enterrement dans les années 90, et par la suite d'autres comédies romantiques comme Coup de foudre à Notting Hill ou Love Actually écrites et/ou réalisées par Richard Curtis (qui est néo-zélandais, incidemment). En fait, les Français ne sont pas si allergiques que ça à la rosbifitude (néologisme assumé :mrgreen: ) mais il faut que ce qu'ils voient à l'écran cadre avec leur vision ultra-stéréotypée de l'identité britannique (soit très schématiquement d'un côté l'excentricité et la loufoquerie tempérées par un flegme et une élégance "typiquement British", et de l'autre un certain misérabilisme social sur fond de HLM glauques et de fins de mois difficiles).
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Re: Classiques British en dvd

Message par Commissaire Juve »

C'est pas du DVD, mais baste.

Nom de Dieu ! StudioCanal ! :evil:

Pool of London (24 octobre)
The Small World Of Sammy Lee (14 novembre)
Spoiler (cliquez pour afficher)
C'est plus du "kitchen sink drama", mais carrément du "trash can drama" :mrgreen:

"Pool of London" est bien. Mais la jaquette est à chi*** ! (en même temps... le gros Sammy Lee en blanc, euh, oué...).

Image Image
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Re: Classiques British en dvd

Message par Michel2 »

Toujours en blu-ray, novembre est également censé amener The Blue Lamp/Police sans armes (1950, Basil Dearden) et The Man Between/L'homme de Berlin (1951, Carol Reed), mais les précommandes n'apparaissent toujours pas sur Amazon.co.uk.
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Re: Classiques British en dvd

Message par Commissaire Juve »

La nuit dernière, je me suis refait Girl in the Headlines (1963)... polar de série très plaisant, au niveau d'anglais très abordable (master malheureusement non anamorphique).

Et j'en profite simplement pour regretter la disparition de la "Best of british collection" du René Chateau d'Outre-Manche. J'ai laissé passer quelques titres -- aujourd'hui épuisés ou vendus trop chers -- et je m'en veux un peu.

Sur Amazon UK, les disques sont même référencés n'importe comment (c'est la croix et la bannière pour les retrouver).

Pour ceux qui s'en fichent comme de leur première chaussette : petite remarque sur la jaquette (attention : je spoile)...
Spoiler (cliquez pour afficher)
Elle ne montre pas l'assassin, mais elle spoile pas mal...
Image

Avant-hier, je me suis aussi refait Storm in a teacup (1937) en songeant que Vivien Leigh était toute mignonne (24 ans) et qu'il était regrettable que ses films -- souvent tombés dans l'enfer du domaine public -- fussent si mal exploités en vidéo.

Pour mémoire : on a ici un master Cohen DNRisé à fond les manettes. Regardable, mais... soupir !

Image
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Re: Classiques British en dvd

Message par Commissaire Juve »

UP !

La Rolls-Royce jaune (1964)... chez Colored Films

Image

Techniquement : bouuf ! l'image est propre, mais la définition est plutôt molle
(pour ma part, j'ai dû forcer ma platine à donner un peu de peps à tout ça).
Il y a la VO et la VF. Les sous-titres sont optionnels, mais trop gros.

Artistiquement : trois sketches... Celui de Rex Harrison n'est pas terrible.
Celui de Shirley MacLaine (et Alain Delon) est sympa. Celui d'Ingrid Bergman (et Omar
Sharif) est bof. En VF, Jeanne Moreau est doublée (mais ça va) et Ingrid Bergman
a carrément une voix de mémère (cela dit, c'est une actrice que j'ai peu pratiquée,
notamment en VF).


PS : j'en ai profité pour revoir certaines pages du topic... ah, c'était le bon temps !
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