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Critique de film

L'histoire

L’incendie de Chicago. Alors qu’une partie de la ville croule sous les flammes, des hommes d’affaires malhonnêtes, contemplant la catastrophe, s’en moquent un peu ; ils ont déjà dans la tête une nouvelle idée pour s’enrichir. Harry Farrel (Warren William) a un plan pour prendre le contrôle d’une ville du Wisconsin et toutes ses terres alentours, la région d’élevage de Powder River. Ayant placé lui-même à sa tête Edmunds (Ward Bond), un shérif véreux, Farrel compte sur ce dernier pour l’aider dans son ignoble tâche. Ayant appris que les éleveurs du coin ne détenaient aucun papier administratif justifiant qu’ils soient propriétaires de leurs terres, il loue des hommes afin que ces derniers les revendiquent à leur tour pour faire tomber ensuite toutes les parcelles entre ses mains. Mais Ned Nolan (Russell Simpson), l’homme à qui appartient la terre la plus fertile, ne veut rien entendre et préfère se battre plutôt que de céder. Le shérif Edmunds monte une cabale contre lui : il est accusé de meurtre puis lynché sans sommation. La place semble libre pour les spoliateurs ; c’était sans compter sur l’arrivée en ville du vieil ami de Nolan, le fameux Wild Bill Hickok (Bruce Cabot), qui était revenu pour l’anniversaire de Jane (Betty Brewer), la jeune orpheline qu’ils avaient recueillie tous les deux. Avec l’aide de Belle Andrew (Constance Bennett), une gambling lady venue de Chicago avec Farrel pour tenir une maison de jeux, il va organiser la lutte pour que les éleveurs puissent rester sur place avec leurs bêtes à cornes...

Analyse et critique

A peine six mois après Bad Men of Missouri, Ray Enright remet le couvert avec quasiment la même équipe technique et les mêmes ingrédients, toujours sous l’égide de la Warner et sa production de westerns à petits budgets. Abandonnant les hors-la-loi célèbres, le cinéaste et son scénariste Charles Grayson se focalisent désormais sur l’un des plus fameux tireurs de l’Ouest, l’aventurier Wild Bill Hickok. Ce dernier était un bagarreur notoire mais oeuvrant toujours pour la loi et la justice. Il gagna son surnom de Wild Bill suite à ses actes héroïques durant la Guerre Civile américaine alors qu’il s’était engagé dans les rangs de l’Union. Il fut ensuite tour à tour shérif adjoint au Kansas puis éclaireur pour l’armée (c’est là qu’il portera sa fameuse veste en daim) avant d’être nommé shérif dans plusieurs villes différentes, toujours au Kansas. Il fit ensuite partie du spectacle itinérant de Buffalo Bill, avec qui il était ami, puis devint chercheur d’or dans le Wyoming avant de se rendre dans les Black Hills en compagnie de Calamity Jane. Il fut tué à Deadwood lors d’une partie de poker. Une vie sacrément mouvementée donc, mais sachez que l’histoire que raconte le film de Ray Enright n’est absolument pas une biographie du personnage. Je ne saurais dire si les faits narrés sont réels, en tout cas ils auraient pu constituer l’une de ses très nombreuses aventures, cette dernière s’étalant sur un très court laps de temps à partir de 1871.

Une intrigue toute simple pour un film qui ne l’est pas moins, pétarades et cavalcades étant les maîtres mots de cette plaisante série B sans aucune prétention autre que de nous divertir, à la condition de ne pas en attendre plus d’un western. Si les cavalcades ressemblent étrangement à celles du précédent western de Ray Enright (on remplace juste les enfants de Bad Men of Missouri par des saloon gals lors de la débandade d’une carriole dont les chevaux s’emballent), les séquences de bagarres avec armes à feu paraissent un peu forcées et feront certainement sourire aujourd’hui ; malgré le fait que Bruce Cabot ait l’air de ne pas trop savoir tenir un revolver, à chaque tir il fait mouche, les bad guys continuant néanmoins à se présenter devant lui avec la constance d’un métronome et tombant comme des mouches sans chercher à se protéger. Cela étant dit, ça tire dans tous les coins, ça bouge pas mal et nous pouvons même assister in fine au sabotage d’un barrage et à la catastrophe qui s’ensuit ; le tout est filmé avec une certaine efficacité, le travail sur les maquettes donnant un petit coté magique et naïf à l’ensemble. Clin d’œil ou non, les personnages du film évoquent à un moment donné les frères Younger, les "Bad Men of Missouri" du film du même titre.

Hormis cela, par rapport à ce précédent western de Ray Enright, on prend les mêmes et on recommence ! Le scénario très léger de Charles Grayson ne s’embarrasse guère de psychologie ni de sentiments, et ne se préoccupe pas de donner de l’étoffe à ses personnages, mais il ne se révèle pas trop désagréable et même un poil mieux mené que son précurseur. Quand à la mise en scène d'Enright, elle sait parfois être dynamique mais reste le plus souvent conventionnelle. On trouve cependant de bonnes choses niveau casting mais ce n’est pas vers les "héros" qu’il faut tourner ses regards mais surtout, comme pour le western précédent, du côté des "méchants". Après Arizona de Wesley Ruggles, Warren William prouve une nouvelle fois qu’il pouvait interpréter à la perfection les pires salauds, le tout avec une certaine classe et une belle élégance. A ses - mauvais - côtés, on trouve Ward Bond dans la peau du shérif véreux, Howard Da Silva méconnaissable en juge de l’accusation ou encore, clown de service à nouveau, Walter Catlett en "journaliste-barbier" couard. Car si l’on passe du bon côté de la loi, Bruce Cabot, pas déshonorant, ne nous fera cependant jamais oublier le Wild Bill charismatique campé par Gary Cooper dans le très mal nommé en français Une Aventure de Buffalo Bill (The Plainsman) de Cecil B. DeMille, Betty Brewer est insupportable et l'on comprend que sa carrière se soit arrêtée peu de temps après (elle joue ici une fillette de 12 ans alors qu’elle en avait 18), Constance Bennett fait, durant son faible temps de présence, ce qu’elle peut et plutôt bien surtout lors de sa chanson, et le sympathique Russell Simpson n’a décidément pas de chance sous la direction de Ray Enright puisque ce dernier l’envoie à chaque fois "ad patres" dès la fin du premier tiers du film. Bref, Wild Bill Hickok Rides reste un petit film pas trop désagréable mais sans grandes surprises, réservé avant tout aux aficionados.

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La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 28 décembre 2019