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Critique de film
Le film

Texas, nous voilà

(Texas Across the River)

L'histoire

Louisiane. Le mariage qui doit avoir lieu entre la belle Sudiste Phoebe Ann Taylor et le noble Don Andrea Baldasar (Alain Delon) est brusquement interrompu par l’arrivée d’un cavalier de l’US Army qui estime s’être fait flouer par le gentleman espagnol qu’il accuse de tous les maux, dont celui de lui avoir subtilisé sa promise. Alors qu’on tente de l’arrêter, Don Andrea tue accidentellement un soldat. Poursuivi par la cavalerie, il doit fuir jusqu’au Texas où sa fiancée a promis de le rejoindre. Là-bas, il rencontre Sam Hollis (Dean Martin) et son bras droit indien, Kronk (Joey Bishop), qui cherchaient justement une fine gâchette afin de leur donner un coup de main pour combattre les Comanches et mener à bien un dangereux convoyage d’armes...

Analyse et critique

Comme Cat Ballou, le premier film d'Elliot Silverstein qui s’était vu placé dixième meilleur western de tous les temps (sic) par le très sérieux American Film Institute, Texas, nous voilà semble avoir autant fait rire les Américains au vu des avis de la plupart des internautes et notamment ceux lus sur le site Imdb. De quoi disserter à nouveau pendant des heures sur la différence de réception de l’humour en fonction des pays et des cultures, voire même entre chacun d'entre nous. Il y a en effet pour les détracteurs de quoi tomber des nues ! Une telle"indulgence" aurait à la rigueur pu se comprendre s’il s’était agi de la première parodie westernienne, ce qui est loin d’être le cas. Souvenons-nous au moins des réussites, nettement plus amusantes à mon humble avis, que furent Le Grand Bill (Along Came Jones) de Stuart Heisler avec Gary Cooper, La Blonde du Far West (Calamity Jane) de David Butler avec Doris Day ou encore La Vallée de la poudre (The Sheepman) de George Marshall avec le couple délicieux constitué par Glenn Ford et Shirley MacLaine. Même les plus récents Quatre du Texas (4 for Texas) de Robert Aldrich, McLintock ! d’Andrew McLaglen ou les deux films de John Sturges - Les Trois sergents (Sergeants 3) et Sur la piste de la grande caravane (The Hallelujah Trail), pourtant pas spécialement réputés pour leur délicatesse de ton -, arrivaient à faire mieux fonctionner nos (mes) zygomatiques ; ce qui n’est pas peu dire !

Des films pour la plupart certes frivoles, improbables patchworks d'action et d'humour, mais qui s’avéraient néanmoins bien divertissants à défaut d'autre chose. Ce qui à mes yeux n’est pas le cas de cette navrante comédie signée Michael Gordon, réalisateur qui nous avait pourtant joliment surpris en 1951 avec l’intéressant L’Enigme du lac noir (The Secret of Convict Lake) avec Glenn Ford et Gene Tierney, un curieux film faisant la part belle aux personnages féminins, mélange de western, de drame psychologique, de suspense et de film noir. Ce furent ensuite quelques excellentes comédies dont la plus célèbre demeure la première confrontation entre Doris Day et Rock Hudson, le délicieux Confidences sur l’oreiller (Pillow Talk) devenu à juste titre un classique du genre. Texas, nous voilà est loin d’être aussi drôle ; en ce me concerne, il n’est même pas parvenu une seule fois à me faire décrocher un sourire tellement le résultat m’a semblé affligeant de bout en bout. S’il ne s’agissait que de l'impressionnante bêtise du scénario (écrit quand même à quatre mains), cela aurait encore pu passer ; mais l’indigence de la mise en scène est telle (revoyez notamment les hideux détourages des deux stars qui ont parfois tourné devant d’improbables transparences - on est loin du temps où Universal avait en quelque sorte banni ce procédé peu esthétique, privilégiant au maximum le tournage en extérieurs) qu’il m’a été un véritable calvaire de suivre le film jusqu’au bout, d’autant plus que la musique de Frank De Vol est franchement insupportable tout comme le cabotinage éhonté d’Alain Delon, alors qu’au contraire Dean Martin semble totalement absent, paraissant se demander ce qu’il est venu faire dans cette galère. Même Joey Bishop fut bien plus drôle dans les autres westerns comiques du Rat Pack, et notamment en souffre-douleur ahuri dans Sergeants 3.

Vous l’aurez compris, me concernant, il n'y a rien à sauver ici, pas même les comédiennes (Tina Aumont, la fille de Jean-Pierre, est vraiment mauvaise en jeune Indienne). Texas, nous voilà est un western idiot, pachydermique, interminable et sans aucun sens du rythme ni même de l’espace (l’utilisation du Cinémascope s'avère exécrable) ; une pantalonnade ridicule en pilotage automatique que d’autres que moi trouvent au contraire amusante, voire hilarante. Puisque je ne prétends pas détenir la moindre vérité, il reste à vous faire votre propre opinion ; mais au moins vous aurez été prévenus !

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 7 janvier 2017