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Critique de film
Le film

Terreur à l'Ouest

(The Oklahoma Kid)

L'histoire

1893. Le Président Cleveland décide d’ouvrir le Cherokee Strip aux pionniers pour repousser encore plus loin la "frontière". Pour dédommager les Indiens de leur terre concédée, il décide de leur allouer une forte somme qui est malheureusement dérobée par le chef de gang Whip McCord (Humphrey Bogart). Mais un dénommé Oklahoma Kid (James Cagney) veille : seul, il tend une embuscade aux bandits et réussit à récupérer l’argent... Puis la célèbre ruée vers l’Oklahoma a lieu ; usant de la tricherie, le même McCord arrive le premier sur les nouvelles terres et participe à l’érection de la future Tulsa dont il prend les rênes à force de corruption et de terreur. Les honnêtes citoyens vont cependant être aidés dans le rétablissement de la paix et de l’ordre par le mystérieux Oklahoma Kid, qui se met une nouvelle fois en travers du chemin du brigand tout de noir vêtu et qui n’hésite pas une seconde à faire le coup de feu d’autant qu’il se révèle être en réalité le fils caché d’un des membres influents du conseil municipal...

Analyse et critique

Après La Ruée vers l'Ouest (Cimarron) de Wesley Ruggles, le western nous fait une nouvelle fois assister à la fameuse course aux terres de l'Oklahoma. Mais disons le d'emblée : la séquence est sans commune mesure avec la précédente dans le mauvais sens, aussitôt vue aussitôt oubliée, sans souffle ni puissance épique. Mais si l'essentiel de l'intrigue n'est pas là non plus, cette séquence bâclée est néanmoins représentative de tout le reste.


Premier budget important alloué par la Warner pour un western en cette année 1939, si un film du genre devait se juger au nombre de coups de feu tirés Terreur à l’Ouest (attention, ne pas confondre ce dernier avec l’un des tout meilleurs films d’Andre de Toth avec Randolph Scott, qui partage le même titre français et dont le titre original est The Bounty Hunter) serait assurément un chef-d’œuvre ! Les armes fusent, les coups de feu crépitent, les chevaux galopent à cœur joie ; ça fuse, ça court, ça caracole, ça se démène mais... ça fait surtout "beaucoup de bruit pour rien" comme l’aurait dit un certain Shakespeare. Que d’argent gâché, que de talents dissipés pour un navet qui devrait procurer même au spectateur le plus tolérant et le moins exigeant un ennui mortel ! Ils se sont mis à trois (dont Robert Buckner, qui écrira de bons scripts pour Michael Curtiz peu après) pour pondre un scénario aussi inepte. Max Steiner a dû composer sa musique en état d’ébriété tellement celle écrite pour ce western s’avère pénible. Quant à Lloyd Bacon, on se demande ce qui lui a pris de vouloir aller se perdre dans les plaines de l’Ouest alors qu’il s’était surtout spécialisé jusqu’à présent dans le musical avec parfois de formidables réussites (dont le magnifique 42nd Street) : la rapidité du montage et de l’action ne suffit pas à nous cacher l’inanité de sa réalisation, incapable de tirer de son chapeau ne serait-ce qu’une seule idée de mise en scène.


Mais alors, que penser du casting qui semblait promettre pour ce film de prestige du studio ? James Cagney et Humphrey Bogart, avant de former un duo qui fonctionnera à merveille dans Les Fantastiques années 20 (The Roaring Twenties) de Raoul Walsh, se révèlent ici non seulement médiocres mais aussi ô combien ridicules. Avec sa veste à lanière, James Cagney en cow-boy d’opérette mal grimé en fait des tonnes dans son personnage de Robin des Bois du Far West, tuant comme il respire mais capable aussi de pousser la chansonnette voire la berceuse pour endormir un nourrisson. Humphrey Bogart interprète le bad guy du film sans aucune conviction et semblant même s’ennuyer à mourir ; n'ayons pas peur des mots, il est ici mauvais comme cochon ! Seul James Wong Howe à la photographie semble tirer son épingle du jeu, même si le réalisateur ne nous laisse pas vraiment le temps d’apprécier ses beaux plans. Ne nous attardons pas plus longuement sur ce western qui n’en vaut vraiment pas la peine, un budget de série A pour un film à peine digne d’un mauvais serial. Heureusement, sa durée est très courte puisqu’elle ne dépasse pas les 75 minutes ; la pilule est ainsi plus facile à avaler !

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 11 septembre 2015