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Critique de film
Le film
Affiche du film

Sergent York

(Sergeant York)

L'histoire

Alors que les Etats-Unis d’Amérique sont sur le point de s’engager dans le premier conflit mondial, Alvin C. York mène une vie tranquille : agriculteur, il cultive sa terre et tente de nourrir le foyer familial. Néanmoins, il ne manque jamais une occasion de faire la fête avec ses amis jusqu’au jour où il croise la tendre Cassie. A ses côtés, il embrasse la foi catholique et travaille d’arrache-pied afin d’acheter un nouveau lopin de terre. Mais l’heure de la conscription a sonné et York est recruté. Déclaré objecteur de conscience, il tente d’échapper à son sort jusqu’à ce qu’il rencontre le commandant Buxton. Ce dernier a remarqué les qualités de tireur de York et va tout faire pour le mener au front...

Analyse et critique

« Cet uniforme n’est pas à vendre. »
Alvin C. York

Le 22 mai 1919, des milliers de New-Yorkais envahissent la Cinquième Avenue afin de célébrer le retour au pays du héros Alvin York. Envoyé sur les champs de bataille de l’Argonne en 1916, le jeune Caporal a réussi l’exploit de capturer 132 soldats allemands. Tandis que le public fête le symbole d’une Amérique triomphante, Jesse Lasky observe la scène de la fenêtre de son bureau... Outre son lien de parenté avec Mervyn LeRoy (son cousin), Jesse Lasky est surtout connu pour son activité de producteur de cinéma. Co-fondateur de la Paramount avec Samuel Goldwyn, il devient rapidement un acteur incontournable de l’industrie cinématographique au sein de laquelle on apprécie son tempérament jovial. En quête perpétuelle de projets, il est extrêmement sensible à l’élan populaire qui entoure Alvin York et imagine déjà le succès du film qui lui serait consacré. Lasky essaie donc de prendre contact avec York afin de lui proposer un long métrage où il interpréterait son propre personnage. Mais, fidèle à son engagement religieux et persuadé que ses actes n’ont rien de glorieux, York souhaite consacrer son temps à sa paroisse. Il refuse catégoriquement l’idée de Lasky et n’hésite pas à le faire savoir. Lassé de l’entendre clamer dans tous les médias « this uniform ain't for sale », Jesse Lasky décide finalement de mettre de côté le projet. Au cours des années 20/30, il quitte la Paramount, devient producteur indépendant et connaît quelques succès. Malheureusement, la fin des années 30 n’est pas aussi faste et marque un certain déclin de son activité. De moins en moins reconnu à Hollywood, il n'a plus la confiance des studios qui finissent par considérer celui qui fut pourtant l’un de leurs pères comme un vulgaire has been...

Nullement désespéré, Jesse Lasky décide de relancer le "projet York" et part à la rencontre de l’ancien sergent. A cette époque (1940), Alvin York a fondé une école d’enseignement biblique et maintient son désintérêt pour le cinéma. Nourri d’une motivation hors norme, le producteur n’est pourtant pas enclin à lâcher prise et décide de jouer sur la corde sensible du héros de 14-18. Il lui explique alors, qu’en cas de succès du film, son personnage suscitera l’empathie et confortera la position alors défendue par les Démocrates, autrement dit l’engagement de l’armée US dans le second conflit mondial. Et Lasky enfonce le clou en faisant miroiter d’énormes bénéfices à York. Fervent partisan de l’intervention des boys et en quête de fonds pour son école, York finit par sortir de sa réserve et s’imagine déjà ressortir son costume de héros : il accepte le projet sous certaines conditions, l’une d’entre elles étant que Gary Cooper tienne le rôle titre !

Jesse Lasky a enfin obtenu le feu vert dont il rêvait depuis le défilé de 1919. Sûr de lui, il n’hésite pas à s’endetter afin de payer une avance à York et d’acheter les droits de trois biographies qui lui sont consacrées. Désormais, il est le seul à pouvoir produire ce biopic et part à la conquête des studios. Son objectif étant d’y trouver un financement et de convaincre Cooper, il se tourne naturellement vers la MGM (sous contrat avec le comédien et dirigée par son ancien compère, Samuel Goldwyn). Le studio est intéressé mais exige une part importante des éventuels bénéfices. Les prétentions de Goldwyn finissent par agacer Lasky, qui décide de rendre visite aux frères Warner. Conscient du potentiel commercial du film et fervent partisan de l’engagement américain contre les force nazies, Jack Warner accueille à bras ouverts le projet de Jesse Lasky. Reste à convaincre Cooper... Sous contrat avec la MGM, le comédien est la star incontestée du box-office. En toute logique, Samuel Goldwyn ne voit pas d’un très bon œil un éventuel prêt. Néanmoins, Goldwyn (qui doit beaucoup à Lasky) cherche un compromis. Rêvant depuis un certain temps de faire tourner Bette Davis (alors sous contrat avec Warner), il propose un échange entre son poulain et la comédienne. (1) L’affaire semble donc conclue mais Cooper hésite et déclare : « Dans les biographies filmées qui traitent de personnages historiques, on peut prendre certaines libertés romanesques. Mais York est vivant et je ne crois pas pouvoir lui rendre justice. Il est trop grand pour moi. »

Tandis que la Warner et Lasky tentent de le convaincre, le scénario est confié à Abem Finkel. Auteur du script de Jezebel (1938) de William Wyler, Finkel est une valeur sûre du studio. A l’instar de York, il est originaire d’une région rurale dont il connaît parfaitement le mode de vie. Il prend donc ce projet à cœur et rédige un script en tous points réaliste (fortement inspiré du journal tenu par York pendant la guerre).

Pendant ce temps, Hal Wallis (en charge de la coproduction pour Warner) part en quête d’un réalisateur. Il pense d’abord à Victor Fleming puis évoque les noms de Henry Koster, Henry Hathaway, Henry King ou King Vidor. L’hésitation perdure jusqu’à ce que Wallis apprenne la disponibilité de Howard Hawks. Hawks, qui vient d’abandonner Le Banni (film sur lequel il est entré en conflit avec Howard Hughes), est en quête d’une nouvelle aventure. A cette époque, si les studios sont agacés par le caractère de Hawks, ils ont également conscience de son formidable potentiel commercial. Celui qu’on aimait déjà surnommé "le renard argenté" vient notamment d’enchaîner deux formidables succès (Seuls les anges ont des ailes et La Dame du vendredi). Par ailleurs, si Hawks accepte, c’est la quasi-garantie que son ami Cooper sera de la partie...

Wallis et Lasky envoient donc un premier jet du scénario écrit par Finkel à Howard Hawks que ce dernier n’hésite pas à qualifier de "médiocre" ! Néanmoins, l’histoire l’intéresse et il trouve ici une belle occasion de collaborer avec Cooper qu’il n’a pas croisé sur un plateau depuis 1933 (Après nous le déluge). Il finit donc par donner son accord à la condition qu’on lui laisse les mains libres pour remanier le script. Réputé pour son tempérament trempé dans l’acier, Wallis n’est pas décider à fléchir et hésite jusqu‘à ce que Cooper confirme son intérêt pour le projet si Hawks est aux commandes. Dans l’impasse, le producteur cède et donne carte blanche au renard argenté. Hawks s’adjoint alors un duo de dramaturges pour le moins talentueux, John Huston et Howard Koch. Pour rappel, cette même année Huston a fait une entrée fracassante dans l’arène des cinéastes hollywoodiens avec une première réalisation inoubliable (Le Faucon maltais) et confirmé ses talents de scénariste avec La Grande évasion (High Sierra) que dirigea Raoul Walsh. A ses côtés, Howard Koch n’a pas à rougir. Auteur du script de L’Aigle des mers (The Sea Hawk, Michael Curtiz) ainsi que de celui de La Lettre (The Letter, William Wyler), il entrera définitivement au Panthéon du septième art en cosignant le scénario de Casablanca !

Au grand dam de Finkel, les deux hommes n’hésitent pas à retoucher son travail en y incluant notamment quelques scènes humoristiques. Si dans l’ensemble ils ne bouleversent guère la trame originale, ils participent pour beaucoup à la merveilleuse caractérisation du personnage d’Alvin York. Pour les deux dramaturges, il n’est pas question de retranscrire l’horreur des tranchées mais plutôt de mettre l’accent sur l’aventure que représente l’histoire de York. A ce propos, John Huston déclarait : « Nous n’avons pas essayé de faire A l’Ouest rien de nouveau, un film qui voulait montrer la Première Guerre mondiale dans toute son horreur pour éviter qu’elle ne se reproduise. Nous avons choisi de raconter l’histoire d’un homme, un cas particulier. Il est infantile et absurde de vouloir y trouver une morale... » Fidèle à ses habitudes, Hawks prend en charge le casting et cherche une jeune comédienne pour incarner Gracie Williams (la fiancée de York). Il pense d’abord à la sulfureuse Jane Russell qu’il souhaiterait retrouver après le tournage mouvementé du Banni (The Outlaw) mais Alvin York s’y oppose catégoriquement. Selon York, l’actrice qui va interpréter son épouse doit évoquer une certaine pureté. Il est clair que Jane Russell ne correspond pas au profil. Hawks finit donc par choisir Joan Leslie, alors âgée de 16 ans. Autour du couple vedette, il réunit une équipe chevronnée avec entre autres l’inévitable Ward Bond ainsi que Walter Brennan et George Tobias. Entouré de cette troupe, Howard Hawks est prêt à donner les premiers tours de manivelle dans un esprit de camaraderie virile...

Le tournage débute le 3 février 1942 pour une durée de 45 jours et un budget conséquent d'un million de dollars. Naturellement, le cinéaste prend son temps : il réécrit des scènes avant de les tourner et inévitablement retarde le planning. Hal Wallis (en charge de superviser le tournage) s’impatiente et le fait savoir. Fort de son légendaire flegme, Hawks n’a que faire de ces coups de gueule et poursuit le tournage à sa guise. Le 3 mai, il tourne le dernier plan avec 25 jours de retard. La Warner prend en charge le montage puis organise une avant-première à New York en la présence de Madame Roosevelt, du Général Pershing ainsi que de nombreux sénateurs en faveur de l’engagement américain. L’accueil, tant public que critique, est excellent et propulse le film au sommet du box-office de l’année 1942. Nominé pour douze Oscars, il n’en obtient que deux (meilleur montage et meilleur acteur pour Cooper), dominé dans la compétition par Qu’elle était verte ma vallée (How Green Was My Vallee) de John Ford. Malgré cette légère déception, le triomphe de Lasky est total et marque son grand retour sur le devant de la scène hollywoodienne. De son côté, Hawks enchaine un troisième succès consécutif, devenant ainsi le metteur en scène le plus rentable des studios. Aujourd’hui, soit près de 65 années plus tard, le film suscite le débat (notamment au sein de la rédaction de DVDClassik !) et partage les cinéphiles jusqu’aux admirateurs les plus purs de Howard Hawks ou de Gary Cooper.

Bataillon Warner en action !

Financé par la Warner et doté d’un budget conséquent, Sergent York a bénéficié de tout le savoir-faire de la major. Techniquement, le travail produit est irréprochable : la précision du cadrage, la qualité de la photographie, l’efficacité du montage ou la richesse des décors imposent ce style Warner où profusion des éléments rime avec efficacité de la narration. Toutefois, précisons à ceux qui ne l’auraient pas vu que Sergent York n’est pas qu’un film de guerre. Scindé en deux, ce long métrage peut déstabiliser le spectateur avide de scènes musclées. La première partie prend la forme d’une comédie dramatique décrivant la vie quotidienne d’Alvin York : issu d’une famille modeste, le jeune homme cultive un sol aride et subvient avec difficultés aux besoins de son foyer. Il rêve d’une terre plus riche et partage son temps entre beuveries et concours de tir. Il n’est alors jamais question de batailles ni de quelconques exploits mais des doutes qui assaillent York. Ici les scénaristes, le réalisateur et Cooper développent un remarquable travail de caractérisation. Et si l’intrigue évolue peu, le charme du héros, source d’une grande empathie, pose les bases de la suite du récit. A l’opposé, la seconde partie du film, consacrée à la guerre et aux exploits de York, laisse place à l’action et offre notamment des scènes de batailles remarquablement mises en scène. Tournées dans le célèbre Ranch Warner, ces prises de vues proposent un spectacle ahurissant. Tandis que les explosions se succèdent, Hawks et son équipe filment le mouvement des hommes tentant en vain d’avancer vers les lignes ennemies. La direction des figurants, le souci permanent du cadre, ainsi qu’une grande profondeur de champ multiplient le nombre de protagonistes présents à l’écran et densifient l’action. D’autre part, la fluidité des mouvements de caméra (superbes travelling latéraux en contre-plongée) ainsi que le montage serré (typique de la Warner) concourent également à insuffler une incroyable énergie lors de ces séquences.

Général Hawks à la manœuvre

Néanmoins, si le style Warner fait une nouvelle fois preuve de sa redoutable efficacité, certains en oublieraient presque le rôle joué par Howard Hawks. Le cinéaste avait déjà abordé le sujet de la guerre avec Les Chemins de la gloire, l’un de ses films les plus sombres où son style transparaissait dans chacun des plans. Avec Sergent York, l’approche est fondamentalement différente : ici Hawks et le studio n’ont pas comme objectif de dénoncer la guerre mais de décrire un héros susceptible de fasciner le public. Au début du récit, il est vrai que le sergent n’est pas un personnage purement "hawksien". Prisonnier de la personnalité naïve d’Alvin York à laquelle il doit rester fidèle, Hawks ne peut prendre beaucoup de libertés. Mais, dès lors qu’il intègre l’armée, son personnage fait preuve d’un grand professionnalisme, s’insère parfaitement au groupe, devient un "chasseur ultime" et, d’une certaine manière, enfile enfin l’armure hawksienne. Par ailleurs, notons que sa maladresse avec les femmes renvoie à celle de nombreux mâles hawksiens tels que Cary Grant (L’Impossible Monsieur Bébé ou Allez coucher ailleurs), John Wayne (Rio Bravo, Hatari !, La Rivière rouge) ou Fredric March (Les Chemins de la gloire). En dehors de la caractérisation du protagoniste principal, le film ne contient pas tous les éléments fondateurs de l’univers hawksien. Ainsi le personnage féminin manque cruellement de personnalité, le récit ne laisse aucune place aux célèbres digressions hawksiennes, la famille y est exposée, le culte du groupe n’y est pas développé... Néanmoins, le film regorge de scènes où l’humour du réalisateur est reconnaissable entre tous. Ainsi le concours de chasse à la dinde est un pur bijou de comédie et évoque évidemment la scène de l’arbre aux singes de Hatari ! Par ailleurs, on retrouve d’autres figures typiques de son style, notamment lorsque l’un des meilleurs camarades du sergent meurt sur le champ de bataille. Ici, de nombreux réalisateurs auraient traité la séquence sur un ton mélodramatique. Chez Howard Hawks, ce n’est nullement le cas : York est révolté par la mort de son ami mais repart immédiatement à l’action. La nostalgie, la compassion, le sentimentalisme n’ont pas leur place dans le cinéma hawksien. A l’instar de cette célèbre scène de Seuls les anges ont des ailes où Cary Grant mange le steak d’un pilote qui vient de s’écraser en avion, la mort doit être effacée sans laisser de traces. Le deuil est absent, l’action doit se prolonger sans la moindre entrave ! Enfin, d’un point de vue formel, il y a ces fameux plans de groupe où Hawks réussit à insérer un nombre incalculable de figurants dans son cadre sans recourir à l’utilisation de focales larges. On retrouve cette figure visuelle à de nombreuses reprises dans le film, notamment à l’église où des dizaines de membres de la chorale chantent à gorge déployée. Ici, on pense immédiatement à la séquence du piano de Seuls les anges ont des ailes. Enfin, nous pourrions continuer à analyser Sergent York séquence par séquence afin d’y relever les traces de son style et de trouver les liens qui unissent cette œuvre aux nombreux chefs-d'œuvre qui jalonnent sa filmographie. Mais laissons donc ce plaisir aux cinéphiles qui (re)découvriront York et poursuivons notre analyse en revenant sur la merveilleuse prestation de Gary Cooper.

Cooper/York un héros américain

Avec un salaire fixé à 150 000 dollars par film, Gary Cooper est considéré en 1940 comme l’une des stars les mieux payées des studios. Sa popularité est immense et dépasse déjà les frontières du nouveau continent. Républicain de cœur mais partisan de l’intervention des boys en Europe, "Coop" endosse l’uniforme du Sergent York. Si sa prestation lui vaut encore tant de louanges, il ne les doit pas seulement à la ferveur patriotique qui régnait au début des années 40. Comme nous l’avons souligné, incarner Alvin York ne se résume pas à jouer les héros sur un champ de bataille. Le film a pour objectif de montrer l’évolution d’un homme considéré d’abord comme un vulgaire renégat, puis comme un fervent chrétien, un objecteur de conscience et enfin un soldat exemplaire. Pour ce faire, Cooper interprète ces différentes facettes du personnage avec le plus grand naturel. Il se montre notamment capable d’incarner la naïveté de York sans jamais tomber dans le moindre cabotinage. Pendant toute la première partie du film, il joue énormément avec son corps et donne l’impression d’être handicapé par sa grande carcasse. Même lors de la séance de tir dans le camp militaire, il semble mal à l’aise, en retrait, sur la défensive. Au final, ce n’est que lorsqu’il est en contact avec l’adversité qu’il devient redoutable. Sur le champ de bataille, le redneck un peu gauche se transforme en une véritable machine de guerre. Regard à l’affut, corps déployé, il prend l’allure d’un fauve lâché dans l’arène. Par ailleurs, Cooper sait parfaitement rendre compte des doutes qui assaillent York. Objecteur de conscience, le jeune homme est tiraillé entre sa morale religieuse et sa raison. Lorsqu’il fait son choix (lors de la fameuse scène sur le rocher), Cooper ne donne jamais l’impression de forcer le trait. Sa décision paraît évidente et le nœud dramatique constitué par cette scène se délie alors sans la moindre emphase. Récompensé par un Oscar, Cooper viendra chercher la statuette dans les mains de son ami James Stewart et déclarera avec une gaucherie rappelant son rôle : « C’est le Sergent York qui remporte cet Oscar. Parce que j’ai essayé de mon mieux de le lui ressembler [Silence] C’est fou, je suis dans le business depuis 16 ans et souvent j’ai rêvé que j’allais emporter cette récompense. C’est tout ce que je peux dire [Silence] Ce qui est drôle, c’est que lorsque j’en rêvais, je faisais un bien meilleur discours ! »

Au cours de cette cérémonie, ni Hawks ni Lasky ne remportent de prix. A l’apogée de leurs carrières respectives, John Ford avouera à Hawks qu’il n’avait jamais compris pourquoi Qu’elle était verte ma vallée avait soufflé la récompense à Sergent York. Mais aux yeux de Hawks, ce petit camouflet ne devait revêtir aucune importance et ne l’empêcha pas de signer cinq autres grands succès consécutifs (Boule de feu, Air Force, Le Port de l’angoisse, Le Grand sommeil et La Rivière rouge). De son côté, Lasky prit une belle revanche sur tous ceux qui l’avaient déjà enterré. S’il signe ici une œuvre de propagande peu marquée par l’empreinte de son réalisateur, on peut tout de même en apprécier l’efficacité narrative, la qualité de la production et l’humanité qui transparaissent de chacune de ses images. En décembre 1941, l’aviation nippone attaque Pearl Harbor et précipite enfin l’engagement des Américains dans le conflit. Fort est à parier que la silhouette de Gary Cooper devait avoir une belle place dans l’imagination des boys...

(1) Bette Davis jouera dans The Little Foxes (La Vipère) de Wyler.

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La fiche IMDb du film

Par François-Olivier Lefèvre - le 21 janvier 2007