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Critique de film
Le film

Return of the Frontiersman

L'histoire

Laramie au Wyoming est devenue une petite ville bien tranquille depuis que les Frontiersmen ont assaini la contrée. Le shérif Sam Barrett (Jack Holt) n’a pas grand-chose à faire d’autant qu’aucun de ses concitoyens ne ressent la nécessité de porter une arme. Lorsqu’un coup de feu retentit de l’intérieur du saloon, les habitants sont en émoi et s’y précipitent ; il s’agit d’une querelle assez violente entre Kearney et Logan (Gordon McRae), ce dernier n’étant autre que le propre fils de l’homme de loi. Ni une ni deux, les bagarreurs sont conduits en prison pour la semaine. Dans les heures qui suivent leur relaxe, Kearney est retrouvé abattu et l’on découvre Logan sur les lieux mêmes de l’assassinat ; autant dire que les soupçons se portent immédiatement sur lui et il est obligé de réintégrer illico presto sa cellule. Comment prouver son innocence alors que tout l’accuse, d’autant plus que de nombreuses personnes l’ont vu sur les lieux de différents hold-up qui se sont déroulés dans la région ? Mais son ami, le journaliste Larrabee (Rory Calhoun), croyant dur comme fer à son innocence, lui fournit une arme pour qu’il puisse s’échapper à nouveau. Mais lors de sa tentative, il est grièvement blessé ; arrivant à se réfugier discrètement chez un docteur, il se fait soigner mais prend en otage sa nièce, la jolie Janie (Julie London). Tentant par tous les moyens de quitter son ravisseur, celle-ci va vite prendre conscience de l’innocence de ce dernier et tous deux vont tenter de le disculper en trouvant le mystérieux cavalier qui se fait passer pour Logan...

Analyse et critique

Vous avez une petite heure et quart à passer lors d’une après-midi pluvieuse au cours de laquelle vous ne voulez pas réfléchir ? Vous êtes au départ amateur de westerns traditionnels ? Vous ne vous attendez pas à tomber sur un film de haut niveau, pas même à un bon film, mais vous n’avez qu’une envie : vous divertir avec un truc un peu bête mais pas trop désagréable ? Un cowboy qui commence à gratter sa guitare tout en entonnant avec sa voix de ténor une ballade (voire même une seconde dans la foulée) ne vous fait pas fuir ? Les conventions et les situations cent fois vues et revues ne vous rebutent pas ? Vous avouerez que toutes ces conditions réunies ne seront compatibles qu’avec 0.2 % de personnes bien intentionnées mais si vous faites partie de cette minorité (ou alors si le simple fait de découvrir une Julie London jeune et charmante suffit à votre bonheur), vous aurez une chance de faire passer ces courtes 70 minutes sans trop vous ennuyer, en éprouvant même à votre grande surprise un petit plaisir pernicieux !


Même s’il ne se révèle pas trop désagréable, Return of the Frontiersman prouve une fois encore que les majors les plus importantes, contrairement aux plus modestes Universal ou Paramount, produisaient et tournaient leurs séries B sans aucune ambition artistique ou scénaristique. Si le film arrive à se suivre sans ennui, ce n’est ni grâce à sa mise en scène routinière au possible, ni par la qualité de son casting même s’il n’a rien de déshonorant, ni même par le fait de son intrigue sans réelle surprise si ce n’est l’identité du bad guy que je vous tairai. Mais c’est justement cette absence d’ambition et l'aspect épisode de série télé (le cinéaste mènera d’ailleurs une carrière plus axée vers le petit écran) qui font qu’on peut passer un moment plutôt plaisant à la vision de ce tout petit western sans conséquences. Les combats à mains nues sont bien réglés (les acteurs et cascadeurs n’y vont pas de main morte), l’intrigue file assez vite, et il est toujours agréable de retrouver des acteurs tels que Jack Holt (dans une de ses dernières apparitions avant son décès l’année suivante) ou de rencontrer sur notre chemin une toute jeune Julie London (remplaçant Alexis Smith au pied levé) qui ne pousse malheureusement pas la chansonnette. En revanche, Gordon McRae, dont on a plus l’habitude de croiser le chemin au détour d’une comédie musicale que d’un western, ne s’en prive pas à deux reprises ; mais il faut bien avouer que sa voix est fort agréable et même si ses dons dramatiques sont moindres, il s’en sort plutôt pas trop mal vêtu en cow-boy. On le préfèrera néanmoins la même année dans les deux comédies musicales dans lesquelles il partagera l’affiche avec Doris Day, West Point Story de Roy Del Ruth et surtout le délicieux Tea for Two de David Butler.


Par ailleurs, on trouve aussi quelques trouvailles amusantes notamment au tout début du film (et je ne parle pas du prologue avec la voix off débitant des fadaises sur la dangerosité de l’Ouest qu’il nous semble avoir déjà vu cinq cent fois, d'autant que les images sont tirées de précédentes production Warner dont l'inévitable San Antonio de David Butler) avec cette description d’une ville sans problèmes, tellement tranquille que les hommes de loi laissent les détenus jouer aux cartes sur le perron de la prison et leur demandent de rentrer s’enfermer une fois la partie terminée, que les habitants ne se sentant pas le besoin de porter une arme réagissent à un coup de feu comme s’il s’agissait d’un bruit nouveau, organisent eux-mêmes les procès sachant que la punition ne pourra être que négligeable et acceptée par les deux parties... Intéressant aussi de tomber, au détour d’une séquence négligeable, sur un plan stupéfiant comme celui des cavaliers surgissant en contre-jour de derrière une colline : un tel effet n'était peut-être pas voulu mais le résultat pourra faire sortir les plus blasés de leur éventuelle torpeur ! Le côté film noir avec l’enquête que mène Gordon McRae pour se disculper s’avère assez insignifiante, même si l'on se demande néanmoins tout du long qui peut bien être le coupable. Bref, tout ceci ne casse pas trois pattes à un canard mais pourrait faire passer un agréable moment à condition de n’en attendre pas grand-chose ; pas certain que Ray Enright, prévu pour réaliser le film dans un premier temps, aurait réussi à faire mieux. En tout cas, nous découvrons ici Rory Calhoun, un comédien pas spécialement marquant (pas ici en tout cas) mais que nous aurons maintes occasions de revoir. Nul ou plaisant suivant la disposition dans laquelle on se trouve à ce moment précis, Return of the Frontiersman reste néanmoins un tout petit film de série.

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 5 janvier 2019