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Critique de film
Le film
Affiche du film

Quantum of Solace

L'histoire

Même s'il lutte pour ne pas faire de sa dernière mission une affaire personnelle, James Bond est décidé à traquer ceux qui ont forcé Vesper à le trahir. En interrogeant Mr White, 007 et M apprennent que l'organisation à laquelle il appartient est bien plus complexe et dangereuse que tout ce qu'ils avaient imaginé. Bond croise alors la route de la belle et pugnace Camille, qui cherche à se venger elle aussi. Elle le conduit sur la piste de Dominic Greene, un homme d'affaires impitoyable et un des piliers de la mystérieuse organisation. Au cours d'une mission qui l'entraîne en Autriche, en Italie et en Amérique du Sud, Bond découvre que Greene manœuvre pour prendre le contrôle de l'une des ressources naturelles les plus importantes au monde, en utilisant la puissance de l'organisation et en manipulant la CIA et le gouvernement britannique. Pris dans un labyrinthe de traîtrises et de meurtres, alors qu'il s'approche du vrai responsable de la trahison de Vesper, 007 doit absolument garder de l'avance sur la CIA, les terroristes et même sur M, afin de déjouer le sinistre plan de Greene et stopper l'organisation...

Analyse et critique

Jeu d'échecs



Devant le très important succès rencontré par Casino Royale, une évidence s'impose : Daniel Craig a été accepté par le public, plébiscité même, en dépit d'une popularité plus discutable auprès d'un certain nombre d'admirateurs de la saga. Une fois de plus, Eon Productions espère pouvoir relancer la franchise sur un espacement raisonnable de deux ans entre chaque film. Alors que l’époque est aux budgets colossaux et aux préparations de plus en plus longues, les producteurs font fi de la problématique en lançant le tournage de Quantum of Solace le plus rapidement possible. D’abord prévue pour mai, la date de sortie est repoussée pour la fin de l’année 2008. Le dernier James Bond est donc prévu en catimini, scénarisé en vitesse et confié à un réalisateur auréolé d'une éphémère gloire auteurisante, le bien nommé Marc Forster. Alors qu'il vient de réaliser Les Cerfs-volants de Kaboul, un petit film ayant récolté un certain succès et une moisson de récompenses, il est choisi pour mettre en scène le nouvel opus de la franchise la plus populaire de l'histoire du cinéma. Autant dire que sa venue sur le projet, destinée à crédibiliser Bond auprès des sceptiques, relève du grand écart psychologique comme formel. Chose intéressante, les producteurs tentent d'insuffler à ce 007 en pleine mutation une aura plus respectable, du moins au sens bourgeois du terme. La presse et autres intellectuels bien-pensants n’ont eu de cesse de rapporter au fil des ans que la saga avait toujours été réalisée par des techniciens sans âme (techniciens, certes, mais la charte péjorative qui y est accolée connait toutefois de sévères limites), or Barbara Broccoli et Michael G. Wilson désirent maintenant tordre le coup à ces affirmations. C'est d'ailleurs Wilson qui a l'idée du scénario de ce film, qui sera une suite directe de Casino Royale. (1) Le nom de Marc Forster ne vient qu'après réflexion et surprend tout le monde, à commencer par le principal intéressé. En effet, Forster n'a jamais été un admirateur de James Bond, connaissant assez mal la saga, et avouant qu'il n'aurait sans doute jamais accepté le poste s'il n'y avait pas eu Casino Royale précédemment. Pourquoi avoir choisi ce cinéaste dès lors visiblement peu intéressé par l'enveloppe rythmique et thématique du film ? Décidé à façonner un voyage introspectif au travers des méandres psychologiques de Bond, Forster ne semble pourtant guère s'intéresser à tout le reste, à savoir une grande part de ce qui a fait la gloire de la franchise sur des décennies.



C'est donc sur ces bases chancelantes, pour ne pas dire étranges, que Quantum of Solace se met en route, pour le pire, rien que pour le pire, ou presque... Bien qu'il reprenne le rôle de l'agent secret comme le stipule son contrat lui octroyant cette fois-ci un salaire de 7,2 millions de dollars, Daniel Craig est étonné, et surtout perplexe. Le scénario n'est pas terminé, le film déjà commencé, et une grève des scénaristes en train de perdurer à Hollywood. Ce qui ne présage rien de bon, surtout lorsque Craig lui-même doit réécrire une partie du scénario avec le metteur en scène lors du tournage. En l'occurrence, ce qui a pu fonctionner sur certains films, et pourrait continuer à fonctionner sur de modestes productions, vire au désastre sur une superproduction dont le montant s'élève ici à 200 millions de dollars. (2) Voici que le film le plus cher de la saga, ou en tout cas parmi les plus chers produits (si l'on prend en compte l'inflation du dollar à travers les années), se tourne dans un relatif esprit d'improvisation jusque dans l'écriture de ses séquences. Impensable et incompréhensible, d'autant que le tournage lui-même s'étale du 16 août 2007 au 8 mai 2008, faisant de celui-ci le plus long de l'histoire de la franchise, avec un peu plus de huit mois d'activité. Au bout du compte, le film est préparé dans la précipitation et l'absence d'enthousiasme sincère. Tout le monde doute un peu du potentiel de cette histoire, dont on n'a en outre pas très bien saisi la teneur sans cesse remaniée durant sa conception. Tant pis, la promotion doit être faite en dépit de tout. Un James Bond est toujours un grand évènement à défendre et à fêter, et il ne s'agit pas de concevoir la chose différemment, même si le malaise est bien présent.

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Le bond n’est plus ce qu’il était




Il fallait bien un jour que la saga James Bond connaisse son premier véritable faux pas. Il est même curieux que celui-ci ne se soit pas produit bien avant, alors même que la saga parvient désormais à son 22ème film officiel. On a certes observé des opus plus faibles que d'autres, parfois inégaux, mais jamais sans que ceux-ci ne tentent d'imposer leurs propres règles, créant autant le nouveau maillon d'une longue chaine rendue cohérente par des rapports thématiques et fondamentaux très identifiés qu'une aventure reposant sur sa propre dynamique. Quantum of Solace faillit, malheureusement, privé de cohésion, privé d'harmonie, sans cesse tiraillé vers des tendances tape-à-l’œil ne composant en rien avec l'identité bondienne. A l'inverse d'un Permis de tuer idéalement équilibré dont il reprend en partie la structure dramatique, avec son James Bond énervé, ténébreux et revanchard, le film se soumet totalement aux modes artistiques américaines de son temps, sans même chercher une seconde à garder son intégrité, sa patine et son appartenance bien définie à la franchise la plus longue de l'histoire du cinéma. Quantum of Solace fonce tête baissée dans un scénario érigé de guingois, tentant vaguement d'unifier son ton par un montage sur-découpé à un point aberrant, et gâchant ainsi la moindre de ses séquences d'action, celles-ci étant par ailleurs déjà bien mal bâties au départ, acculées à répéter les poncifs et passages obligés de la saga jusqu'à l'absurde. On y énonce pêle-mêle des scènes référentielles envers un lot considérable de films de la franchise, sans jamais parvenir à les hisser au niveau des modèles. Pire, la chose ne paraît subsister que parce qu'elle remplit les creux et les manquements d'une intrigue inutilement tortueuse et surtout bien terne. Difficile d'évoquer le terme de "clins d'œil", tant les innombrables tentatives dans ce sens apparaissent artificielles, vouées à rassurer le public en lui exposant grossièrement les lieux communs de la saga. De nombreux passages revêtent donc nécessairement une empreinte factice et conventionnelle. La chute des cercueils en pleine rue, à Port-au-Prince, se réfère à la plaisanterie morbide constante à laquelle se livre Bond durant l’époque Sean Connery ou Roger Moore. (3) La dispute entre Bond et Camille sur un hors-bord fait référence à celle qui liait Bond et Pam Bouvier dans une situation analogue de Permis de tuer. Plus proche encore est la suite, avec sa femme recouverte de pétrole imitant la femme en or de Goldfinger, et la lamentable scène de chute libre du duo Bond / Camille en crise de parachute rappelant évidemment la miraculeuse scène pré-générique de Moonraker. De plus, les valeureuses cascades aériennes inégalées du modèle laissent dorénavant la place à une infâme bouillie numérique bien moins convaincante. Mais Quantum of Solace multiplie aussi les références envers un autre opus, parmi les plus mythiques qui soient, à savoir L’Espion qui m’aimait. Au spectacle son et lumières au pied des Pyramides se substitue ici la séquence de l’opéra. Au lâcher de cravate de Roger Moore sur les toits du Caire s’oppose le lâcher de veste de Daniel Craig sur le toit de l’entrée de ce même opéra. Enfin, la marche glamour de Roger Moore et Barbara Bach trouve désormais son écho dans la marche de Daniel Craig et Olga Kurylenko parcourant un désert plus abrupt et moins coloré. A force de répétition d’images respectées à la lettre, le film dévie de sa nature d’objet variant pour devenir un concentré de reprises comparatives en sa défaveur. Rien n'y fait, rien ne fonctionne. Conçu comme une vaste entreprise de séquences d'action s'enchainant presque sans discontinuer, et annulant régulièrement le rythme du film, tout en confrontant la vacuité du scénario à un vide abyssal, Quantum of Solace échoue à façonner son identité, son univers propre et bien sûr sa démarche formelle.




Autrement dit, Bond s'est complètement travesti, vendu même, et tente de prouver qu'il peut néanmoins assurer ce qui fait le sel de sa légende, en scènes de bravoure comme en images désormais mythiques. Duperie en vérité. Quantum of Solace n'assume pas son héritage et ne digère en aucune façon tout ce qu'il tente d'imiter. Opportuniste dans le mauvais sens du terme, c'est-à-dire notamment parce qu'il ne fait que ressembler à une production américaine anonyme, et particulièrement à un film de la saga Jason Bourne (4) qu'il singe sans éclat par son montage hyper cut, le film promet de belles idées mais n'en développe aucune. La vengeance du héros le dispute à une James Bond girl elle-même revancharde, au centre d'un récit souhaitant prolonger le récit de Casino Royale tout en le dynamisant par la découverte d'enjeux toujours plus grands, comme cette organisation criminelle à échelle mondiale et qui semble se dessiner telle le SPECTRE (5) de l'époque Sean Connery ou George Lazenby. Ce nouveau film raconte trop de choses en trop peu de temps, faisant repasser sa durée en-dessous de la barre des 110 minutes, une première dans l'histoire de la saga cinématographique. N'en déplaise à ceux qui ont toujours vu les James Bond comme trop longs, Quantum of Solace se prend inversement les pieds dans sa propre vitesse, réduit les dialogues à de confuses pirouettes censées aider l'histoire à progresser et accumule les coïncidences bien commodes. Sel bien connu de la franchise, l'art du rebondissement peut bien entendu prêter à discussion de par sa navigation outrancière entre idées efficaces et hasards complaisants. Mais Quantum of Solace élève cette discipline, non pas au rang d'art, mais au niveau de la vaste mystification destinée à tromper le spectateur par sa teneur en réalité simpliste. Ici, 007 est en fin de compte assez peu débrouillard et ne doit sa progression dans l'enquête que par des rencontres fortuites (la James Bond girl le prenant en voiture, pensant qu’il s’agit d’un autre, alors qu'il sort d'un hôtel) et une confiance effrayante en la technologie. On pouvait reprocher à Casino Royale d'avoir soumis Bond à son temps, en le livrant à l'utilisation intensive de son portable numérique, de GPS divers, de couvertures satellites pratiques et d'échanges Internet à partir d'ordinateurs portables. Mais ce nouvel opus pousse le vice encore plus loin, fier de nous présenter ces atouts technologiques capables de résoudre la moitié de l'énigme. Un faux procès argueront certains, puisque Sean Connery, Roger Moore et Pierce Brosnan ont en leur temps largement profité des gadgets de l'inoxydable section Q. A ceci près qu'ils n'emplissaient pas la majorité du film et se présentaient comme des éléments matériels ponctuels et ludiques. Le 007 incarné par Daniel Craig n'a certes pas de gadgets puisque son époque lui donne cette opportunité spécifique d'utiliser toutes les technologies disponibles. Il n'est en ce sens pas certain que le personnage ait progressé dans cette optique comme c'est pourtant l'idée largement répandue et reconnue. Débrouillard Bond, adepte du système D ? Si cela a très souvent été le cas dans le passé, il l'a toutefois rarement été aussi peu qu'ici.




Alors que l’écran s’illumine sans le canon de Binder préalable (6), la poursuite en voitures du pré-générique fait son apparition. Après un très court et intéressant démarrage opérant un travail sur l'absence de son, misant alors sur la musique, cette poursuite dérape rapidement dans un maelström de non-sens graphique et topographique. Les temps forts tombent à plat, tout comme pour la suite du film. La course-poursuite dans les sous-sols et les rues de Sienne (malgré sa patine proche de Bons baisers de Russie), la poursuite en bateaux, la confrontation d’avions... Tout relève de la catastrophe. Le choix du réalisateur Marc Forster peut donc prêter à discussion. On devine bien quelques plans efficacement troussés ici et là, mais sous un écœurant jeu d'images à l'élan stoppé net. Forster emballe quelques jolies scènes comme celle de l'opéra, d’abord mystérieuse dans sa montée en tension, puis utilisant le montage parallèle entre la poursuite bondienne et le jeu scénique à cet instant, nimbant l'ensemble dans un silence parcellaire et parcouru de coups de feu, sans oublier les quelques notes de musique de David Arnold. La course de chevaux en Italie, fonctionnant également sur le montage parallèle, ne possédait ni le même lyrisme ni la même étonnante efficacité. Au contraire, elle plongeait tête baissée dans le ridicule. Absence de topographie là encore, aucun respect de l'espace, brutalité arrogante... La mise en scène de l'action n'a rien d'enthousiasmante, allant même jusqu'à provoquer l'énervement et l’ennui. Un véritable gâchis duquel aucune séquence de bravoure ne ressort indemne, subissant la combustion instantanée de son potentiel tué dans l'œuf. On pouvait reprocher à L'Homme au pistolet d'or d'être fort peu généreux en scènes d'action, mais il remplaçait cela par une ambiance unique et une intrigue solide aux ramifications séduisantes. On pouvait reprocher au Monde ne suffit pas de ne pas suffisamment exploiter la nature de ses différentes scènes d'action pourtant nombreuses, en l'occurrence à cause de sa réalisation sans audace. Mais lui-même proposait alors une intrigue forte, des enjeux convaincants et des personnages d'une très belle richesse. Et dans ces deux films se définissait un James Bond différent, en évolution, confronté à des situations inhabituelles, à savoir la menace d'un tueur à ses trousses dans le premier, et l'ardeur d'une situation conflictuelle dominée par la monstruosité de chaque personnage dans le second. Rien de tout cela dans Quantum of Solace, débarrassé d'une véritable réflexion qu'il tente pourtant d'engager à de multiples reprises, délaissé par une ambiance mortifère et mal définie. Un mauvais film d'action en autodestruction permanente, un récit de vengeance qui ne possède ni la force ni la hargne de son modèle Permis de tuer (encore lui), un James Bond qui, finalement, semble se chercher pour mieux proposer quelque chose de novateur. Un échec sur presque toute la ligne, quoique l’on ne puisse pas reprocher à Quantum of Solace d'essayer de se trouver, d'explorer de nouveaux territoires. Il vaut mieux encore ce genre d'énergie, certes déraisonnable et hypertrophiée, brute et rappeuse, qu'un film qui se serait satisfait de sa lisse condition sans tenter de s'affirmer. Ce James Bond tente l'auteurisation avec la joie du débutant, du découvreur qui tient à utiliser son nouveau jouet. Oui, les plans pseudo-réalistes montrant les populations et ses conditions de vie ne fonctionnent pas. Oui, la réalisation diaphane à tendance opaline, avec ses teintes peu affirmées et son exotisme rêche, ne fait guère fantasmer. Oui, en définitive, James Bond ne fait plus tellement rêver dans cet opus, avec son luxe absent, ses décors mal exploités et son exotisme laconique. La faute à l'ensemble, certes, mais sans laquelle la saga n'aurait pas ouvert la brèche qui la conduira à accoucher d'un nouveau chef-d'œuvre par la suite, le fabuleux Skyfall, signé par un auteur, mais qui cette fois-ci en aura digéré les principes. Il fallait bien que la saga se trompe un jour ou l'autre, et une part de Quantum of Solace aura néanmoins été utile en ce sens, même si le film déçoit autant qu'il énerve le spectateur la plupart du temps. Restent une musique sans grande imagination et souvent peu inventive d'un David Arnold fatigué, y compris concernant le soutien qu'il apporte aux scènes d'action, et un générique quelque-peu blafard, ici abandonné pour l’occasion par un Daniel Kleinman malheureusement absent. Ben Radatz et Tim Fisher en ont dirigé le processus, pour un résultat intéressant mais trop anodin. Leur style épouse néanmoins parfaitement la constante aridité, et pour ainsi dire le désert (géographique comme artistique), qui gangrène l'univers bondien ici même. En somme, le « la » était incidemment donné dès le générique. Pour finir, la chanson pop R'N'B entonnée par le duo Jack White / Alicia  Keys fait son effet, mais sans rester parmi les plus réussies de l'histoire de la franchise, loin de là.




Car si la forme laisse la plupart du temps un sentiment embarrassé, situé quelque part entre incompréhension et irritation, il est également difficile de parler de Quantum of Solace en évoquant son fond. Film écologiste diront certains, fable vengeresse pour d'autres, James Bond totalement agréé à son temps enfin pour une dernière catégorie. Le problème réside dans le fait que le film de Marc Forster tente d'être tout cela à la fois, et bien plus encore. En résulte l'impression que l'œuvre, malade de frénésie à tous les niveaux, ne sait guère où aller, et dès lors fonce tête la première dans pléthore d'esquisses sans jamais en développer le sens. L'idée d'une organisation terroriste internationale, sorte de nouveau SPECTRE du 21ème siècle, fait juste une apparition fugace, compromise trop tôt par le héros. D'autant que le film ne semble jamais vouloir en rattraper la teneur. De même pour cette idée de lancer Bond dans les questions écologiques de son temps, avec le problème des ressources en eau alimentant quantité de pays. Intéressante, l'idée n'est reprise ici et là qu’afin de combler les vides dans le script, entre deux tueries, entre deux accès de fureur d'un 007 constamment sous pression et déterminé à se venger. L'intrigue autour de l'adversaire de Bond passe constamment au second plan, si bien que l'on ne parvient jamais à saisir vers quoi Quantum of Solace veut absolument emmener le spectateur. Dans un registre similaire, il est incontestable que L'Espion qui m'aimait déployait un arsenal festif bien plus amusant autour de questions écologiques, à la fois plus frontal et plus récréatif. Une nouvelle raison pour ce 22ème opus de se rapprocher de ce James Bond emblématique des années 1970, et une nouvelle raison pour le spectateur de préférer le film avec Roger Moore. Actuel, très concerné par son temps, et cela à l'instar de la plupart des films de la franchise, Quantum of Solace échoue malheureusement à en retranscrire une peur pratique, une véridicité fantasmée. Tout va bien trop vite, et tout est bien trop confus pour que l'on y apporte crédit. Même si la vision de ce dictateur signant contre son gré le contrat du terroriste Dominic Greene possède quelque chose de très angoissant, troussant l'image de salauds démoniaques tenant les rênes derrière les salauds politiques. Quantum of Solace a beau y aller trop solennellement et pompeusement dans le discours du "tous pourris" (un peu de mesure n'aurait pas fait de mal), il vise néanmoins juste la plupart du temps, jusque dans les rapports entre la CIA et les groupuscules terroristes, desquels émanent des conflits latents qui n'ont plus rien à voir avec la guerre froide. Terminé la CIA rassurante et protectrice incarnée par les films d'un autre temps, terminé les services secrets anglais sans tache et sans défaut, totalement voués à défendre leur pays coûte que coûte. Le mal change de camp constamment, prend des formes opaques et se bâtit en fonction des besoins du monde en ressources épuisables. Il faut absolument voir ce Felix Leiter dépassé par les évènements, cynique, blasé, presque dépressif, mal à l'aise durant tout le film à l'idée de suivre une hiérarchie dont le comportement lui apparaît plus que malhonnête, disons répugnant. Toujours incarné par Jeffrey Wright, Leiter reste l'un des personnages les mieux traités du film, malgré ses courtes apparitions. Son amitié et son respect pour Bond se construisent toujours un peu plus, discrètement mais sûrement. A côté de cela figurent des personnages anonymes, interchangeables. Gemma Arterton est une séduisante espionne nommée Strawberry, mais tout à fait négligeable, creuse, sans la moindre aspérité. Elle aussi mourra, comme toutes celles que Bond n'a pas su protéger. A noter que Daniel Craig est le plus maudit de l'histoire des interprètes de la saga, avec un taux de disparitions féminines au plus élevé. Sous les traits de la française Olga Kurylenko, la fameuse Camille avec qui Bond poursuit sa vengeance n'a guère plus de profondeur que celle de cette insatiable soif de justice qui ne sera épanchée que le jour où elle tuera enfin l'assassin de ses parents, le général Medrano. Une fois son but achevé, elle s'en ira, hors de l'existence de Bond, comme vidée de sa substance. C'est bien là le problème pour ce personnage féminin qui n'existe que par les évènements qu'elle combat. Une jolie coquille vide destinée à rapprocher son destin de celui de Bond. Mais sans en avoir ni la souche dramatique éprouvée, ni le passif complexe. Si l'idée était efficace, sa présence au long terme sur l'ensemble du film s'assèche, à l'image de ces déserts arides sans fin parcourant le film. Medrano est un violeur, un tueur, un malfaisant de la pire espèce, libidineux et violent, comme on en a peu vu au cours de l'histoire bondienne. On a du mal à prendre plaisir à contempler ce méchant, tant le dégoût nous prend immédiatement à la gorge. Une autre raison pour Quantum of Solace de s'éloigner de la gamme multiple et fascinante de ces méchants habituels que l'on adore détester. Et ce n'est pas Dominic Greene, sous les traits de Mathieu Amalric, qui nous fera changer d'avis. Le film se vantait de proposer un méchant plus réaliste, plus crédible, et qui n'avait pas besoin des artefacts physiques de certains autres de ses prédécesseurs. Il n'en demeure pas moins que l'échec est effarant de platitude, avec ce méchant pervers et cruel, et duquel sous le calme naviguent les enfers. Quantum of Solace en fait un personnage machiavélique étriqué, mesquin, écrasé par sa propre médiocrité suintante. On y trouve à la fois des qualités (un méchant relativement novateur) comme de nombreux défauts (une figure peu approfondie, sacrifiée à une intrigue mal ficelée...). Amalric s'en sort sans trop de dommage, mais ne fait pas non plus grand chose pour en tirer une meilleure substance.




Quantum of Solace comporte toutefois des qualités qui, sans sauver le film le moins du monde, en améliorent les contours trop rêches. Si Miss Moneypenny et Q sont toujours absents de l'univers de ce James Bond d'un genre nouveau, on retrouve malgré tout M et le personnage de René Mathis, considéré comme un traître à la fin de l'opus précédent. M n’a malheureusement pas de réelle importance à l'écran, même si la performance de Judi Dench et son charisme en font cet éternel sacré morceau de femme. Avec le temps, Dench a su tirer parti du personnage en développant toutes ses facettes possibles, du moins les évidentes, la plaçant sous un comportement froid et acéré. Quant à Mathis, s'il n'est pas suffisamment exploité au travers de cette réapparition, il permet néanmoins de solder les comptes de ses rapports avec 007. Mathis n'était donc pas un traître, et c'est avec une certaine amertume qu'il suit Bond, l'homme qui l'a pourtant dénoncé au MI6. Les rapports entre les deux hommes dégèlent cependant très vite, au rythme des verres d'alcool de l'un (Mathis) et des antidépresseurs de l'autre (Bond). Tout cela est bien rapide, mais augure en tout cas de l'une des plus belles scènes du film : la mort de Mathis. Abattu froidement par une police locale corrompue en Bolivie, il demande à Bond de ne pas le laisser seul avant qu'il ne meure. On observe alors ce Bond à nouveau réconfortant, les bras enroulés autour de son ami de fortune, attristé, écoutant ses dernières paroles. Un sublime moment tragique d'une formidable justesse, clôturé par un 007 jetant ensuite Mathis dans un conteneur à déchets. L'instant est aussi curieux qu'émouvant, aussi dur que subtil. Tout comme cet instant, vers la fin du film, dans lequel 007 enveloppe également Camille de ses bras, la protégeant des flammes, prenant soin d'elle. Daniel Craig signe définitivement avec Quantum of Solace l'un des points forts de son personnage et qu'il avait déjà développé dans Casino Royale : cette humanité héritée de la période Timothy Dalton (7), cette tendresse, ce regard vers l'autre empli d'un sidérant besoin de consoler, de garder la personne au plus près de soi pour ne plus jamais la perdre. James Bond y extériorise son traumatisme affectif, autant qu'il y jette les meilleurs moments de sa personnalité. Et pour la première fois dans l’histoire de la franchise, sa relation à l’héroïne du récit se limitera à une amitié scellée par un chaste baiser sans lendemain. Bond est par ailleurs l'un des rares personnages à peu près épargnés par ce nouvel opus, et cela même s'il a perdu de sa superbe. Il se bat comme Jason Bourne et traverse le film comme un monolithe un peu trop ascétique, épargné par les ravages de la tragédie. Le contraste est trop prégnant en regard de Casino Royale, même si l'on comprend que Bond se referme sur lui-même simplement pour protéger son âme, pour survivre. Il demeure que la liaison reste trop abrupte entre les deux films, avant toute chose désavouée par une forme stylistique trop différente en ces lieux. Mais 007 reste intéressant, avec ses habitudes de tueur chevronné, ayant ici du mal à séparer les niveaux de priorités. D’autant que Daniel Craig continue de lui donner son intensité, toujours plus à l’aise en tenue sportive qu’en costume de soirée. Quantum of Solace présente toujours cet agent secret en rodage, confronté à la difficulté sans cesse répétée d'analyser la situation, de faire preuve de discernement. Il s'agit de l'une des principales qualités de ce James Bond, de le faire douter jusque dans sa propre douleur, jusque dans son rapport à lui-même et aux autres. Le matériau était passionnant, avec ce Bond dépressif et austère, mais le résultat sera édifiant, décevant en ce qu'il n'emmène pas le héros jusqu’au bout de son attitude. Le personnage restera la plupart du temps en eaux peu profondes, prêt à plonger dans l'action mais à revenir à la surface dès lors que se pressent les difficultés psychologiques. Il reste alors cette dernière scène en Russie, nocturne et froide, avec ce Bond calme et déterminé, l’arme au poing face au responsable de la mort de Vesper. Une pure merveille dictée par les silences, un échange court et intense, et donnant enfin à Bond l’opportunité d’achever ses démons et de prouver sa capacité de discernement qui lui faisait encore défaut jusqu’ici. Un moment d’apesanteur et de grâce, avec cette neige tombante et cette froideur pétrie d’humanité sous-jacente. Si le film avait eu l’étoffe de cette seule et unique poignée de minutes, il en aurait été tout autrement. Or Quantum of Solace pouvait, mais ne l'a pas fait. Et la réalisation n'est pas la seule responsable, il suffit pour s'en rendre compte de prendre le temps d'extraire la structure du scénario, facile, binaire, ficelée par des aspérités peu creusées. Là aussi, là encore, James Bond s'est américanisé, dans le mauvais sens du terme, en suivant la mode hollywoodienne du blockbuster actuel, incapable de donner du relief même aux meilleures idées. Finalement, James Bond n'a pas vendu son âme, il l'a troqué avec joie, et sans se rendre compte de l'erreur qu'il commettait.




Avec ses directions artistiques sans saveur identifiable, ses scènes d’action épousant le tout-venant hollywoodien dans tout ce qu’il a de plus anonyme et son scénario confus, Quantum of Solace s’avère un James Bond médiocre, et cela à presque tous les niveaux. Une première dans l’histoire cinématographique de l’agent secret. Quelques scènes fortes un peu éparses n’en relèvent en outre pas le niveau. Doté de sa fatigable et indigente radicalisation de ton, Quantum of Solace a fait de Bond un héros commun, bien loin des valeurs communément admises de son inimitable univers. Ici, Bond n’a plus grand chose à voir avec Bond, détraquant sa stature et son identité. On peut juger que la franchise n’a jamais commis une faute artistique aussi majeure et, d’un certain point de vue, n’a jamais connu une telle impasse concernant son avenir. Heureusement, après les jours sombres, semble se profiler à l’horizon l’opus de la consécration. Et si, dans le fond, la perpétuation du héros se faisait tout simplement par le respect infini de sa stature et de sa valeur intrinsèque, envers et contre toute forme de négociation ? Le ciel s’apprête à tomber sur la destinée de la saga.

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Promotion, sortie, réception : Bond en chiffres et en dollars

Curieuse promotion que celle assurée autour de Quantum of Solace. Tout le monde promet une grande cuvée qui fera honneur à Casino Royale, à commencer par les producteurs, visiblement enthousiastes. En réalité, le malaise est bel et bien palpable, y compris chez Daniel Craig qui rencontre même des difficultés à définir le titre du film. Quantum of Solace, ou "quantité de réconfort", celle dont 007 a besoin depuis la tragédie Vesper... Les journalistes se piquent au jeu et commencent à inventer des formules exotiques autour du titre, particulièrement dans les pays non anglophones. Depuis Casino Royale, Internet a pris une importance capitale dans le processus de médiatisation de la saga, mettant James Bond en avant un peu partout sur des milliers de sites divers et variés : cinéma, grandes marques, technologies numériques, achats... Les bandes-annonces y vont de leur efficacité, à grand renfort de séquences de bravoure entremêlées les unes aux autres. Les affiches, pour la première fois dans l’histoire de la saga, rivalisent de platitude, presque toutes composées sur le même modèle : Bond et sa partenaire de circonstance marchant côte à côte dans le désert, le héros y arborant un visage grave, l’arme au poing. Seules les affiches teaser tirent leur épingle du jeu, notamment l’une présentant Bond en costume, fusil mitrailleur en main, avançant avec une certaine allure. Le film peut en tout cas compter sur un avantage de premier ordre : la réputation de Casino Royale. Si le film a fait un carton en salles, il s’est également superbement bien vendu en DVD et Blu-ray. Il faut dire que la sortie de Casino Royale au cinéma avait permis à la saga entière de ressortir dans de nouvelles éditions DVD collector, après une restauration massive et princière des négatifs originaux par les studios Lowry Digital (une filiale de Sony). Le merchandising et la vente des films sur support vidéo n’ont jamais mieux fonctionné que depuis la sortie de Casino Royale, et cette dynamique pousse au maximum les attentes autour de Quantum of Solace. Celui-ci devrait donc fort logiquement être un triomphe et dépasser son prédécesseur. Le 22ème James Bond sort sur les écrans anglais et français le même jour, à savoir le 21 octobre 2008. Les foules se précipitent dans les salles obscures, mais le malaise gagne rapidement les fans.

En France notamment, on peut juger le score de Quantum of Solace formidable puisqu’il se situe dans la moyenne supérieure de la franchise, mais tout de même décevant en regard du potentiel acquis par la période Daniel Craig. Avec 3 722 798 entrées et une 5ème place au top annuel, le nouvel opus confirme sa progression dans l’Hexagone en regard des résultats de Casino Royale, mais avec mesure. Le film obtient certes 540 000 entrés supplémentaires par rapport à son aîné, ainsi que quatre places de mieux au classement. Mais la popularité grandissante de Casino Royale au cours de ces deux dernières années laissaient présager beaucoup mieux. D’autant que Quantum of Solace dérouille vite au box-office, perdant rapidement des entrées de façon phénoménale au cours de son exploitation. Reste que le film bat pléthore de blockbusters et autres succès français cette année-là, et n’est donc surpassé que par la déferlante historique de Bienvenue chez les Ch’tis de Dany Boon (1er), la déception malgré tout relativement maîtrisée d’Astérix aux Jeux Olympiques de Frédéric Forestier (2ème), Madagascar 2 : la grande évasion d’Eric Darnell (3ème), et le peu fringant Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal de Steven Spielberg (4ème). Des comédies, un film d’animation familial et une suite tardive fatiguée, tels sont les vainqueurs sans gloire face à un agent 007 qui n’est lui aussi que l’ombre de lui-même. Le 6 novembre, c’est au tour de l’Allemagne d’engranger les entrées. Face à une concurrence en moyenne forme, et avec pourtant près de 720 000 entrées de moins que pour Casino Royale, Quantum of Solace s’impose tranquillement à la 2ème place de l’année auprès du public allemand, avec un total de 4 744 130 spectateurs, seulement battu par Madagascar 2 : la grande évasion (1er). C’est moins bien que trois des quatre films de la période Pierce Brosnan sur le même territoire, mais cela demeure phénoménal. L’Allemagne reste décidemment l’un des principaux fers de lance de la popularité commerciale de la franchise, et cela depuis toujours. Aux USA, le film sort le 14 novembre et fait peu ou prou le même score que Casino Royale : Il rapporte ainsi 168,3 millions de dollars au box-office (moins d’un million de différence) et prend la 9ème place annuelle, soit exactement la même. L’ouragan The Dark Knight de Christopher Nolan (1er), Iron Man de Jon Favreau (2ème), Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal (3ème), Hancock de Peter Berg (4ème), Wall-E d’Andrew Stanton (5ème), Kung-Fu Panda de John Stevenson et Mark Osborne (6ème), Twilight de Bill Condon (7ème) et Madagascar 2 : la grande évasion (8ème) le battent à plate couture. Deux adaptations de comics, un film d’aventure inégal, un pastiche de film de superhéros, trois films d’animation familiaux et une romance larmoyante pour adolescents adaptée d’un best-seller jetable. Dans ces circonstances, la teneur abrupte de James Bond a forcément du mal à s’imposer. Reste un box-office mondial tonitruant, avec 586,0 millions de dollars rapportés (8) et une 7ème place au classement annuel. Cela reste trois places de moins que du temps de Casino Royale, et légèrement inférieur en recettes financières. Un comble pour un film qui espérait surpasser son prédécesseur grâce à la réputation renforcée de celui-ci ! The Dark Knight (1er), le quatrième Indiana Jones (2ème), Kung-Fu Panda (3ème), Hancock (4ème), Mamma Mia de Phyllida Lloyd (5ème), et Madagascar 2 : la grande évasion (6ème) lui passent devant. En outre, l’inquiétude s’installe : Bond n’est plus très lucratif. Avec 200 millions de dollars de budget, et presque autant en promotion, sans oublier la part demandée par les exploitants et autres circuits commerciaux, le box-office de Quantum of Solace permet finalement un bénéfice assez faible. Avec une presse plus que mitigée, frôlant parfois le catastrophisme, et un public sceptique, James Bond a tout intérêt à revoir sa stratégie. Le prochain opus mettra du temps à sortir, mais pour un résultat extraordinaire.

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(1) C’est la première fois qu’un film de la saga s’avère la suite directe du précédent opus. Quantum of Solace commence en outre quasiment à l’exact endroit où se terminait Casino Royale.

(2) La totalité des données financières présentes sur cette page est tirée des sources officielles de la MGM et de la United Artists.

(3) On pensera surtout à Bons baisers de Russie (la mort mise en scène en entrainement d’un agent revêtant le masque de James Bond), mais aussi à Opération Tonnerre (le cercueil du colonel Jean Bouvard portant de fait les mêmes initiales que Bond), On ne vit que deux fois (les fausses funérailles maritimes de 007, avec ce cercueil oxygéné), Les Diamants sont éternels (Bond prisonnier d’un cercueil sur le point d’être consumé dans un crématorium) ou encore Moonraker (le lanceur de poignards caché dans un cercueil à Venise).

(4) Au travers de la saga Jason Bourne, le réalisateur Paul Greengrass a donné un style très particulier aux aventures du héros. Les deux films qu’il a réalisés, La Mort dans la peau et La Vengeance dans la peau, en portent les francs stigmates : un montage hyper cut donnant une vigueur unique aux scènes d’action, non sans une lecture revue et corrigée de la vision de celle-ci au cinéma. Hollywood a depuis érigé quantité de films d’action basés sur le même dispositif, mais la plupart du temps sans en retrouver ni la magie ni le savoir-faire.

(5) Dès le départ de Quantum of Solace se dessinent les fantômes de cette organisation du crime à échelle mondiale, inconnue des services secrets, et opérant dans l’ombre la plus noire. Cet opus semblait promettre l’arrivée d’une nouvelle forme de SPECTRE, organisation terrorisant le monde durant les époques Sean Connery et George Lazenby. Les bases ici avancées resteront toutefois sans construction supplémentaires, Skyfall déviant sa course sur une toute autre histoire par la suite.

(6) Le canon de Binder était utilisé de manière différente dans Casino Royale, chose qui trouvait son explication dans les procédés de réinvention du film. Or, Quantum of Solace se passe du motif, purement et simplement. On peut juger la chose discutable, d’autant que rien ne semblait s’opposer au retour du fameux canon inaugural en ces lieux.

(7) Voir la chronique de Tuer n’est pas jouer.

(8) En dollars constants, c'est-à-dire en recalculant le box-office du film au cours du dollar de l’année 2012, le film aurait rapporté 616,94 millions de dollars, soit autant voire davantage qu’un blockbuster actuel. Calcul effectué par le Cost of living calculator de l’American Institute for Economic Research.

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La fiche IMDb du film

Lisez l'éditorial consacré au 50ème anniversaire de James Bond

Par Julien Léonard - le 27 avril 2013