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Critique de film
Le film

Plus fort que la loi

(Best of the Badmen)

L'histoire

La guerre de Sécession est terminée mais ce qui reste de la bande de Quantrill, commandé par Cole Younger (Bruce Cabot), sévit encore. Jeff Clanton (Robert Ryan), officier nordiste, est chargé de les traquer. A la tête du 3ème de Cavalerie, il coince bientôt le groupe composé non moins que des frères James (Lawrence Tierney et Tom Tyler), des frères Younger, de Curley Ringo (John Archer) et de Doc Butcher (Walter Brennan). "Sudiste" de naissance, Clanton est désigné comme traître par les hors-la-loi qui lui font néanmoins confiance quand il leur promet l’amnistie s’ils l’accompagnent jusqu’au camp et acceptent de prêter allégeance à l’Union. Clanton les conduit donc dans le Missouri, dans la ville de Breckenridge. Mais là, Matthew Fowler (Robert Preston), le directeur d’une agence de détectives, avide de gloire et lorgnant sur la récompense offerte pour la capture de ces célèbres outlaws, va se mettre en travers de leur chemin. Lors d’une échauffourée, Clanton tue en état de légitime défense un homme de Fowler alors que les bandits en profitent pour s’enfuir. Clanton est immédiatement condamné à mort par un jury corrompu. Mais Lily (Claire Trevor), une jeune femme qu’il ne connaît pourtant pas, l’aide à s’évader en lui faisant passer un revolver en cachette. Il s’agit en fait de l’épouse de Fowler, qui voue désormais une haine tenace à son mari. Clanton fuit et finit par trouver refuge au sein de la bande dirigée par Cole Younger, bientôt rejoint par Lily qui fait malgré elle tourner la tête du jeune Bob Younger (Jack Buetel). Devenu badman à son tour, Clanton décide de se venger de Fowler en pillant les banques que ce dernier protège...

Analyse et critique

En cet été 1951, la RKO, se souciant peu des modes, préfère continuer sur sa lancée des années 40, à savoir mettre en chantier des westerns voyant la réunion de tous les plus célèbres hors-la-loi de l’Ouest sauvage, qui s'étaient au départ pour la plupart rencontrés dans l’Etat du Kansas sous la houlette de William Quantrill durant la guerre de Sécession. Et le studio a eu le nez creux puisque Best of the Badmen fut un succès considérable aux USA. La seule différence avec les précédentes productions identiques de la RKO (Badman’s Territory de Tim Whelan, Return of the Bad Men de Ray Enright) est cue celle-ci était cette fois tournée en Technicolor comme l’avait été le plus réussi de ces "westerns à bad men" notoires, sorti chez Universal l’année précédente, à savoir Kansas en feu (Kansas Raiders) de Ray Enright. Mais même si ce dernier cinéaste n’a jamais brillé par son talent, il possédait un sacré métier, ce qui n’est pas le cas de William D. Russell, peu habilité, au vu de ce western, à diriger un film bien rythmé. En effet, sa mise en scène s’avère particulièrement fadasse malgré l’action non-stop que contient le film. Auteur de seulement sept longs métrages, tous inconnus en France, et dont Best of the Badmen constitua l’ultime réalisation, William D. Russell a ensuite exclusivement œuvré pour le petit écran en y réalisant des épisodes de Gunsmoke, Ma sorcière bien aimée ou Perry Mason. Néanmoins, son western peut se suivre sans trop d’ennui grâce à un casting réjouissant et à un postulat de départ intéressant.


Le fait que le personnage de Clanton ait été officier de cavalerie avant de devenir hors-la-loi par la force des choses, juste pour avoir souhaité amnistier ses anciens ennemis, était une belle et noble idée de départ. Le fait qu’à travers le personnage interprété par Robert Preston, les scénaristes aient mis le doigt sur l’importance de la mainmise des détectives et espions sur le pouvoir (un peu comme la CIA ou le FBI dans les années 50) s’avérait assez captivant. Le fait éagalement que le jeune Bob Younger soit amoureux transi de la belle Lily, mais pas pour autant jaloux de son rival, sera aussi à l’origine d’une séquence assez touchante alors que Clanton (le rival donc) lui aura demandé de veiller sur elle en plein désert le temps qu’il aille chercher du renfort pour soigner sa blessure. Dommage que pour ce rôle ait été choisi Jack Buetel, un très mauvais comédien, juste mémorable pour l’ambigüité de son Billy le Kid dans Le Banni (The Outlaw) de Howard Hughes. Le reste du casting en revanche représente le point le plus positif du western de William D. Russell. Même si aucun ne fait vraiment d’étincelles, il est très agréable de voir se côtoyer des acteurs tels que Robert Ryan (qui a fière allure dans le rôle principal de l’officier intègre devenu hors-la-loi puis justicier amoureux), Robert Preston (plus rencontré au sein d'un western depuis son personnage touchant dans Whispering Smith, ici dans la peau du véreux directeur de l’agence de détectives), Lawrence Tierney qui reprend son Jesse James taciturne déjà à l’œuvre dans Badman’s Territory, Walter Brennan, égal à lui-même et qui, par la même occasion, s’occupe de la voix-off, John Archer, Bruce Cabot plutôt convaincant en Cole Younger et enfin Claire Trevor que l’on n'avait malheureusement plus revu dans un western depuis The Desperadoes de Charles Vidor, ici très bien mise en valeur, la blancheur de son teint ressortant admirablement de sa robe rouge très décolletée...


Hormis cette belle distribution, on retiendra quelques amusants traits d’humour dus à Walter Brennan, voleur de chevaux "malgré lui" (« Major, I collect bridles for souvenirs. And on the end of one, I was plumb surprised to find a horse ! »), plusieurs sympathiques idées scénaristiques exposées plus haut, un beau Technicolor et quelques séquences en extérieurs faisant joliment ressortir de très beaux paysage. Mais il n'y a pas grand-chose d’autre à se mettre sous la dent pour qui ne serait pas déjà au départ amateur de westerns de série. Car pour le reste, malgré une accumulation de péripéties, l’histoire mouvementée au possible demeure très conventionnelle et les situations plus extravagantes que crédibles (sans évidemment parler de la réalité historique qui a été totalement sacrifiée) dans un ensemble mis en scène sans aucun génie ni forcément d’efficacité par manque flagrant de vigueur. Alors c’est évident que l’histoire est animée, que ça bouge, que ça tire et que ça caracole à droite à gauche, mais le tout sans aucun sens du rythme. Best of the Badmen est un film qui démarrait bien mais qui n’a pas tenu ses promesses jusqu’au bout, plein de bruit mais sans fureur. Malgré tout coloré et distrayant à condition de ne pas trop être difficile.

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La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 5 août 2017