Performance
L'histoire
Chas (James Fox) est un petit malfrat de la mafia londonienne. Contraint de se mettre un temps au vert, il trouve refuge chez Turner (Mick Jagger), une rock star excentrique. A ses côtés, il découvre la drogue et la folie d’un milieu au côté duquel la pègre ressemble à un club mondain.
Analyse et critique
Performance est la première réalisation de Nicolas Roeg, film qu’il co-réalise avec son ami peintre Donald Cammel. Il est toujours difficile dans les signatures collectives de précisément délimiter l’apport de chacun, mais au vu de la carrière peu enthousiasmante de Cammel au cinéma, on peut sans trop de risques avancer que le style si singulier du film est à mettre au crédit de Roeg. Après une longue carrière comme directeur de la photo (Le Masque de la mort rouge, Fahrenheit 451…), Roeg affirme dès ce premier passage derrière la caméra un style décalé et personnel qui marquera le cinéma britannique des années 70 et 80. Montage épileptique, construction en puzzle, narration fragmentée... tout est là mais encore à l’état de brouillon, bien loin des réussites formelles que seront Walkabout, Don’t Look Back ou encore Eureka.
Mais ce style s’acoquine néanmoins parfaitement avec l’ambiance excentrique du "Swinging London", avec une forme de kitsch revendiqué par des artistes pour qui faire du rock consiste tout autant à faire hurler des guitares saturées qu’à se lancer dans des happenings pop et flirter avec l’art moderne. Roeg et Cammel, qui se veulent porte-parole d’une génération, doublent ce voyage halluciné d’une critique de la société britannique, se plaisant à briser les tabous et la bienséance avec une virulence souvent jouissive. Film emblématique des 70’s, Performance, ballade hallucinée dans le milieu underground anglais qui semble avoir été écrite et réalisée sous acide, se révèle aussi irritant qu’étonnant et demeure l’un des témoignages cinématographiques les plus vivants de cette époque.
Dans les salles
Film réédité par Splendor Films
Date de sortie : 12 mai 2010