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Critique de film
Le film
Affiche du film

Mystère à Mexico

(Mystery in Mexico)

L'histoire

Steve Hastings travaille pour une société d’assurance américaine. Il est envoyé au Mexique afin d’enquêter sur la disparition de l’un de ses agents, Glenn Ames, soupçonné d’avoir volé un collier précieux. Hastings a comme mission de suivre Victoria Ames, la sœur de Glenn, afin de remettre la main sur les bijoux disparus. Pour arriver à ses fins, le détective entreprend de séduire la jeune fille...

Analyse et critique

Réalisé en 1948, Mystère à Mexico est un film assez méconnu dans l’impressionnante filmographie de Robert Wise. Engagé au sein de la RKO au début des années 30, Wise fait d’abord ses preuves en tant qu’éditeur des effets de son puis monteur avant de passer derrière la caméra. C’est sous la responsabilité de Val Lewton qu’il démarre véritablement sa carrière de réalisateur en remplaçant Gunther Von Fritsch sur le tournage de La Malédiction des hommes-chats. Ses compétences techniques sont rapidement remarquées et on lui confie quelques séries B parmi lesquelles Le Récupérateur de cadavres et Né pour tuer.

A la fin des années 40, les pontes de la RKO cherchent à réduire les coûts du studio et pensent à délocaliser les tournages au Mexique. Jusqu’ici, aucun studio n’a réussi à exporter son savoir-faire en dehors des Etats-Unis. La RKO décide donc de tenter l’expérience avec Mystère à Mexico. Pendant quatre mois, Robert Wise est envoyé de l’autre côté du Rio Grande avec comme objectif de réaliser son film entouré d'une équipe locale. Le jeune réalisateur tourne en extérieurs (dans la région de Cuernavaca) et dans les studios RKO de Mexico. Il respecte son plan de travail et termine son tournage sans encombres. Malheureusement pour le studio (et pour l’industrie cinématographique mexicaine), le film ne coûte pas moins cher qu’aux USA et met fin aux expériences de délocalisation de la RKO...

En dehors de cette anecdote, Mystère à Mexico n’a laissé guère de traces dans l’histoire. Ni Bertrand Tavernier ou Jean-Pierre Coursodon dans 50 ans de Cinéma américain ni Jean Tulard dans son Dictionnaire du cinéma ne mentionnent ce film de Wise. Sur le web, où les critiques ont l’habitude de fleurir comme les pâquerettes au printemps, on ne trouvera que de très rares écrits sur ce film décidément mystérieux. En tant que cinéphile et admirateur de Robert Wise, c’est donc avec beaucoup de curiosités que j’ai découvert ce Mystère à Mexico

L’introduction du film est brillante et permet d’espérer un trésor noir. Dans une ambiance nocturne et silencieuse, nous découvrons un individu en plein cambriolage. L’éclairage particulièrement sombre et contrasté est typique du film noir. Surpris, l’homme prend la fuite avant d’être la cible de coups de feu. Le revolver encore fumant est alors filmé face caméra dans un effet saisissant, la mise sous tension du spectateur est immédiate !

Hélas, cette scène d’introduction n’est pas du tout représentative du reste du film. Tourné essentiellement en extérieurs, Mystère à Mexico est baigné de soleil, d’une certaine bonne humeur et d’une légèreté constante. Nous sommes donc bien loin du film noir et de l’accroche de l’affiche originale "Terror in the tropic night". La terreur est totalement absente d’un récit dont le genre serait plutôt à mettre du côté de la comédie sur fond d’enquête policière. Par certains côtés, Mystère à Mexico évoque La Main au collet d’Alfred Hitchcock qui voyait le couple Cary Grant / Grace Kelly plongé au cœur d’une intrigue elle aussi légère et ensoleillée ! Malheureusement pour nous, les deux comédiens de la RKO (Jacqueline White et William Lundigan) n’ont pas le glamour du couple hitchcockien...

Le scénario de Mystère à Mexico est construit autour de l’enquête menée par le détective Steve Hastings. Mais contrairement aux grands classiques du genre (Mark Dixon, Le Faucon maltais), l’intrigue ne se transforme pas en un récit complexe et labyrinthique. Ici, l’enquête reste simple et assez pauvre en rebondissements (lesquels sont d’ailleurs parfaitement prévisibles). Elle est d’ailleurs rapidement mise de côté au profit de la romance entre Steve et Victoria. C’est avant tout cette relation, agrémentée par l’arrivée d’un second personnage féminin (Dolorès), qui nourrit le récit. Robert Wise illustre cette relation grâce à quelques cartes postales mexicaines. Nous avons ainsi droit à un long plan où nous découvrons la pelote basque (très populaire au Mexique) et de nombreux plans larges filmés à Mexico où dans la campagne du pays…

Malheureusement, ces images de qualités ont bien du mal à nous faire sortir de notre ennui et il faudra attendre l’avant-dernière scène pour retrouver un peu d’intérêt dans ce récit fainéant. Nous ne révèlerons pas le contenu de cette séquence mais elle permet à l’intrigue de se dénouer dans un léger suspense. Wise profite de l’ambiance nocturne de cette scène pour développer quelques plans astucieux et visuellement intéressants.

Au final, nous comprenons mieux pourquoi ce film de Robert Wise est passé inaperçu. Dénué de la moindre ambition artistique, Mystère à Mexico a surtout été une expérience économique pour la RKO. Doté d’un scénario sans le moindre intérêt et avec un couple vedette assez fade, ce film ne satisfera que les admirateurs les plus fervents du studio et du cinéaste. Robert Wise n’en est certainement pas sorti grandi mais la RKO lui a ensuite permis de réaliser son premier western, Ciel rouge, avant qu’il ne quitte le studio pour signer l’un de ses chefs-d’œuvre : Nous avons gagné ce soir. Nous préfèrerons retenir ces deux titres plutôt que ce Mystère à Mexico certes mystérieux mais au final bien ennuyeux...

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par François-Olivier Lefèvre - le 7 septembre 2012