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Critique de film
Le film
Affiche du film

Marqué au fer rouge

(Ride Beyond Vengeance)

L'histoire

1966 à Coldiron, petit patelin texan. Delahay (James MacArthur), un agent du recensement, constate qu’un grand nombre d’habitants portent les mêmes prénoms, ceux de Jonas et Jessie. Le barman (Arthur O’Connell) lui raconte alors l’histoire qui s’est déroulée dans cette petite ville au siècle dernier. Jonas Trapp (Chuck Connors) épouse la charmante Jessie (Kathryne Hayes) ; beaucoup d’habitants émettant l’idée qu’il s’agit d’un mariage d’argent, Jonas décide de prouver qu’il est capable de gagner seul sa vie et part chasser le bison. Il ne revient que onze ans plus tard avec 17 000 dollars en poche. Mais avant d’arriver en ville, il se fait accuser de vol par trois hommes qui non seulement lui subtilisent l’argent mais le marquent au fer rouge. Une fois remis sur pied, soigné par Hanley (Paul Fix), Jonas décide bien évidemment de se venger de ses agresseurs, le banquier Brooks Durham (Michael Rennie) et les deux cowboys Johnsy Boy (Bill Bixby) et Elwood Coates (Claude Akins). Il aura également la mauvaise surprise de voir son épouse s’être mis en ménage avec l’un de ses tortionnaires...

Analyse et critique

Un casting de vétérans ainsi que de toutes jeunes et futures stars de la télévision dirigés par un réalisateur qui ne travaillera quasiment que pour le petit écran ; voici la seule curiosité qui pourra éventuellement nous attirer vers ce western tout à fait pitoyable qui fut assez mal reçu à l’époque, notamment pour son extrême brutalité. Sur ce dernier point, certes les bad guys s’avèreront d’un sadisme assez poussé mais l’ensemble aura été filmé et interprété avec un tel manque de conviction qu’aujourd’hui tout cela nous paraitra bien plus risible que viscéralement violent. Bernard McEveety est un réalisateur de télévision qui n’aura signé que quelques longs métrages dont Marqué au fer rouge, sa deuxième contribution au cinéma. Chose assez curieuse / cocasse, un autre McEveety se trouvait exactement dans la même situation à la même époque, signant des épisodes des mêmes séries et réalisant lui aussi un western pour son deuxième long métrage ; rien de moins que son frère, Vincent. Sauf que Firecreek (Cinq hors-la-loi) de Vincent McEveety sera un western d’un tout autre calibre, je n'hésite pas à le considérer pour ma part comme l’un des tous meilleurs des années 60 ; mais nous y reviendrons plus tard car ce dernier mérite - contrairement à celui qui nous concerne ici - d’être instamment sorti de l’oubli et que l'on s'y arrête plus longuement.

Vous l'avez bien compris, ce n’est évidemment pas le cas pour Ride Beyond Vengeance malgré le plaisir coupable que l’on pourra prendre à voir réunis l’incroyable Hulk (Bill Bixby), Danny (James MacArthur), l’assistant de McGarrett dans Hawaï police d’Etat, Michael Rennie, le héros longiligne du Jour où la terre s’arrêta (The Day the Earth Stood Still) de Robert Wise, l’un des mémorables méchants de Rio Bravo (Claude Akins) ou encore les vétérans du genre que sont Paul Fix ou Gary Merrill. Il n’est certes pas désagréable de les voir tous se côtoyer à l’écran, encore eut-il fallu qu’ils aient été bien dirigés, ce qui est loin d’être le cas, Claude Akins par exemple n’a probablement jamais été aussi mauvais cabotin, son bad guy aux dents cariées se révélant finalement plus ridicule qu’épouvantable ; il en va de même pour le dandy psychopathe interprété par Bill Bixby. Côté féminin, nous croisons le chemin de deux anciennes gloires hollywoodiennes, pas moins que Joan Blondell et Gloria Grahame, toutes deux honteusement sous-employées à tel point que cela nous met mal à l’aise pour ces grandes dames. Autrement, dans un rôle de grande importance, on trouve Kathryn Hayes qui se révèle aussi charmante que moyennement talentueuse, ses roulements d’yeux finissant vite par se révéler pénible. Quant à Chuck Connors, il est tout simplement mauvais comme cochon ; il est alors difficile de s’identifier à son personnage de vengeur surnommé El Tigre. Pour tout dire, la direction d’acteurs va à vau-l’eau tout comme la mise en scène d’ailleurs, indigente de bout en bout, ou la photographie horriblement mal pensée, les ombres s’invitant de tous les côtés sans aucune cohérence. Pour le reste, entre une musique anodine, une histoire de vengeance sans grand intérêt (malgré son prologue qui se situe à l'époque contemporaine et qui a un peu déboussolé Patrick Brion) et un rythme mollasson, nous ne sommes guère mieux servis.

Enfin, probablement pour démonter plus vite les décors en fin de tournage, nous assistons à une très longue bagarre à poings nus entre Chuck Connors et Claude Akins qui s’éternise et se poursuit jusqu’à ce que la pièce où elle se déroule soit intégralement saccagée ; sans évidemment la moindre idée de mise en scène ni la moindre vitalité dans le montage. Mais nous n’allons pas nous appesantir 107 ans sur un western qui n’en vaut à mon humble avis pas la peine. Mieux vaut se concentrer sur d’autres réalisateurs qui savent gérer un très faible budget, voire en faire un atout ; ce qui n'est vraisemblablement pas le cas de Bernard McEveety, réalisateur de très nombreux épisodes westerniens de séries telles que Gunsmoke, Bonanza ou Rawhide, et qui aurait dû s’en contenter. Les cinéastes italiens n’avaient encore pas de soucis à se faire dans le domaine de la violence, de la sauvagerie et de la brutalité ; ce n’est pas Marqué au fer rouge qui allait marcher sur leurs plates-bandes même s’il semble que cela ait été son souhait. Pour l’anecdote, l’écrivain / producteur Andrew J Fenady écrira et produira un autre western autrement plus célèbre mais tout aussi mauvais : Chisum avec John Wayne. Un nom à fuir dans le domaine du cinéma !

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La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 9 avril 2016