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Critique de film
Le film
Affiche du film

Les Voyages de Sullivan

(Sullivan's Travels)

L'histoire

Un réalisateur de films renommé pour ses comédies explique à son patron que, pour son prochain long métrage, il veut réaliser un film qui soit le reflet de la vie, un film qui montre au plus près la vie d'un homme ordinaire et les problèmes qu'il peut rencontrer. Un film ancré dans la réalité qui se nommerait O Brother Where Art Thou. Mais son patron lui fait comprendre qu'il n'a aucune idée de ce qu'est la misère, qu'il n'y a jamais été confronté. Sullivan décide alors de se glisser dans la peau d'un clochard. Il va s'habiller avec des vêtements en mauvais état et s'en aller avec seulement dix sous en poche. Sur son chemin, il rencontrera une charmante jeune femme qui l'accompagnera dans son délicat périple...

Analyse et critique

Cinéaste indubitablement attaché à la Paramount, Preston Sturges est aujourd’hui un grand nom de Hollywood un peu oublié. Réalisateur peu prolifique, avec à peine douze films mis en scène entre 1940 et 1955 (1), Sturges fut pourtant l’un des chantres d’un cinéma racé, distingué et fort bien conçu, typique de la firme à la montagne auréolée d’étoiles. Ernst Lubitsch parti depuis la fin des années 1930, et venu tenter sa chance chez d’autres studios (la MGM, la 20th Century Fox), on peut imaginer que la Paramount a délibérément recherché un substitut, quelqu’un capable de concentrer ses efforts autour de sujets de société bourgeois et provocateurs, subtils et classieux. Après Lubitsch, et avant que Billy Wilder ne vienne incarner un cinéma percutant et foisonnant (2), Preston Sturges apporte un point de vue de cinéma frais et dynamique, relevé en règle générale par d’audacieuses idées de scénarios, entre canaillerie et bienveillance. De fait, le problème de la popularité de Sturges dans le temps provient certainement de ce que son cinéma ressemble à celui d’autres cinéastes, influencé ici et là de styles très identifiés. On pourrait notamment se risquer à dire que Sturges, c’est à la fois lui-même et beaucoup de choses éparses, à savoir une sorte de Frank Capra à la Paramount (3), mélange d’élégance typique d’un Lubitsch et de vivacité proche d’un Wilder, non sans un regard social qui, à l’occasion, peut rappeler celui de Charles Chaplin.


Capra tout simplement parce que ses personnages sont régulièrement des idéalistes qui se heurtent à la cruauté de leur temps et à une société cynique (nous penserons à Un cœur pris au piège et aux Voyages de Sullivan). Conjointement, leur triomphe moral n’en est en définitive que plus fort. Lubitsch ensuite pour l’étude bourgeoise très pointue, très subtile, offerte par des personnages forts bien écrits à ce propos. Et puis il subsiste également cet amour pour le cinéma muet, d’une certaine manière plus immédiat que le cinéma parlant. Lubitsch larde souvent ses films parlants de séquences propres au cinéma muet, d’un comique volontairement visuel (Sérénade à trois ou La Huitième femme de barbe bleue, par exemple), et que l’on retrouve dans Les Voyages de Sullivan (la course poursuite en voiture et en car, à laquelle répond en creux la séquence du cheminement des deux héros au sein des quartiers délabrés). Wilder aussi parce que chaque parcelle de dialogue possède son importance, nantie entre autres d’un sens de l’à-propos défiant les bonnes mœurs de leur temps (nous penserons à Madame et ses flirts chez Sturges, par exemple). Chaplin enfin parce que les silhouettes de Joel McCrea et surtout de Veronica Lake font immanquablement penser à son personnage de petit vagabond légendaire, le bien nommé Charlot. Leur évolution dans la pauvreté donne également lieu à toute une série de plans que n’aurait d’ailleurs pas renié Chaplin. Preston Sturges fait preuve de beaucoup d’esprit dans ses films, marqués du sceau de la critique d’un monde moderne vicié mais aussi de la bouffonnerie. Auquel s’adjoint un travail de mise en scène remarquable, et où le cadre est régulièrement brillant, la fluidité agréable, et l’enchainement des circonstances d’une précision rythmique étonnante. Sturges est un auteur, et un passionnant auteur qu’il serait de nos jours grand temps de redécouvrir à sa juste valeur. Un cinéaste humaniste, concerné par son temps, et chez lequel perce bien souvent une nature assez unique et originale, celle d’un homme comprenant ses contemporains mais désarmé par l’irréconciliable teneur des castes sociales entre elles. Un constat d’échec duquel émane pourtant un optimisme sincère et débordant d’énergie, finalement pas très éloigné d’une philosophie anti-consumériste, là où le bonheur de son prochain compte autant que le sien, et qui ne tient parfois pas à grand-chose.

Les Voyages de Sullivan, c’est aussi l’occasion de savourer la prestation de deux acteurs formidables également un peu oubliés aujourd’hui. Joel McCrea, tout d’abord, ce grand garçon un peu gauche mais sportif, beau et talentueux. Avec son physique un peu passe-partout mais produisant toujours son effet, McCrea incarne la plupart du temps le charisme discret. Un acteur en or massif, qui a œuvré dans à peu près tous les genres (western, comédie, drame, aventure, film social...) et sous la direction d’un grand nombre de réalisateurs mythiques de l’âge d’or hollywoodien (Preston Sturges, Alfred Hitchcock, William Wyler, Howard Hawks, Sam Peckinpah, Jacques Tourneur, Cecil B. DeMille...). McCrea était le type même de l’acteur modeste, sans fard, gentil en toute circonstance, capable de se fondre dans à peu près n’importe quel rôle. On aurait tort de penser qu’il n’était qu’un acteur de seconde catégorie. Bien au contraire, sa popularité auprès du public ne s’est jamais démentie, et la qualité de sa filmographie démontre encore à ceux qui en douteraient la belle régularité de ses choix, parfois inégaux mais optant souvent pour des productions de grande qualité. A l’aise aussi bien sur un cheval dans certains westerns parmi les plus atypiques qui soient (nous penserons à ses collaborations avec Jacques Tourneur) que se moquant de lui-même dans un joli nombre de comédies romantiques endiablées, McCrea a aussi croisé le chemin de partenaires féminines parmi les plus prestigieuses de son temps, telles que Barbara Stanwyck, Claudette Colbert ou encore Fay Wray et Miriam Hopkins... Joel McCrea fut à n’en pas douter une star, une vraie, de celles qui brillaient tout en haut et cheminaient le long d’une carrière riche et puissante. Soyons certains qu’il rougirait à la lecture de ces quelques lignes, lui qui ne se considérait pas vraiment comme un grand acteur mais plutôt comme un artisan sur lequel, solidement, pouvait-on s’appuyer en toute confiance. A ses côtés figure la magnifique Veronica Lake. L’une des dix ou vingt plus belles actrices hollywoodiennes de tous les temps, avec son sourire à mi-chemin entre cynisme et espérance, et ses airs de petite femme aux réactions un brin masculines. Le genre d’actrice qui, si elle avait été sous contrat à la Warner, aurait fait merveille chez Howard Hawks. Sa carrière fut courte, stoppée dans son élan par le système tout de même pervers des studios, privée de contrat après les années 1940. Et pourtant, en moins de dix années d’une gloire infaillible, elle tourna dans certaines productions fameuses et très intéressantes, formant un mythique duo de Film noir avec Alan Ladd (Tueur à gages, La Clé de verre, Le Dalhia bleu), et parcourant Les Voyages de Sullivan ou Les Anges de miséricorde avec une présence magique. Mignonne, très humaine et donc accessible, avec sa chevelure ondulée demeurée mythique et sa voix caractéristique, Veronica Lake reste un modèle de grâce féminine originale, entre brusquerie et naturel, sorte de blonde fatale redevenue sympathique, au regard chargé d’émotions. Dommage que sa carrière n’ait pu perdurer, victime d’un système totalement broyeur dans lequel ne pouvaient survivre que les plus débrouillards. En ces lieux, son duo avec Joel McCrea reste assurément l’un des plus adorables du cinéma hollywoodien des années 1940.


Film dont la redécouverte s’avère aujourd’hui presque obligatoire, Les Voyages de Sullivan est ce que l’on serait tenté d’appeler une comédie dramatique. Ou plutôt un film débutant comme une comédie et finissant comme un drame, surplombé par une fin certes positive mais relativement éloignée de tout optimisme décérébré. Alors que les premières 45 minutes élaborent un récit de voyages balourds prétendument ratés au cœur de la vie de clochard vagabond, les 45 suivantes tissent la toile d’un douloureux problème social de plus en plus abordé sous l’angle de la constatation désarmée. La misère, les taudis urbains, les cantines mal famées accueillant des centaines d’affamés, les dortoirs insalubres... Ce qui fait des Voyages de Sullivan un film social différent et original concernant la misère et la pauvreté, ce n’est pas tant son discours mais davantage son approche artistique de la chose. Car l’on sait, et l’on a pu l’observer bien des fois, certaines firmes se sont spécialisées avec un grand talent dans le film social (notablement durant les années 1930, un peu moins par la suite malgré une production souvent passionnante également), qu’il s’agisse du point de vue ouvrier, celui de la rue (la Warner) ou bien bourgeois, celui de la haute société (la MGM, la Paramount). Mais Les Voyages de Sullivan tente une approche différente, traitant du paradoxe qui existe entre ces studios qui désirent parler de la pauvreté, alors qu’il s’agit de véritables antres de l’économie américaine de divertissement des masses, et la pauvreté elle-même, réelle, déliquescente, implacable, horrible. Il n’y a qu’à voir ce personnage de Sullivan, ce metteur en scène choyé par la vie, avide de découvrir le monde des pauvres, parcourant ce dernier avec ses guenilles crasses recréées pour l’occasion, et pourtant toujours inlassablement ramené du côté de son univers. Sullivan ne fera que des séjours éclairs dans ce monde, il n’aura de cesse d’être rabattu vers son univers, vers Hollywood, vers le monde des riches. Involontairement, sans jamais le rechercher frontalement, ce metteur en scène de bonne volonté ne pourra que constater que tout le ramène chez lui. Sturges dresse un effarant portrait de l’Amérique et de sa société, tout en démontrant de façon artificielle et grotesque (Sullivan enfermé en prison, puis libéré par ses majordomes) qu’il ne peut y avoir de communication entre les sphères. Le système est si solidement établi que les pauvres sont destinés à rester dans la misère et les riches dans leurs demeures luxueuses. Sullivan s’en effarouche bien un peu, constatant peu à peu l’échec de sa démarche morale, mais n’en fait que souligner un peu plus la vacuité à chacune de ses tentatives. Il considère le problème de façon intellectuelle et contemplative, comprenant bien qu’il participe à une véritable étude psychologique et philosophique. Mais en cela se situe très justement l’échec de cette aventure : la pauvreté se vit, se subit, se suit, mais ne se conçoit pas. Un pauvre traverse sa vie dans le seul but de survivre, tandis que Sullivan, comme tant d’autres, ne fait qu’en détourer le concept, l’analyser. Une vie observée s’analyse, tandis que qu’une vie vécue se traverse. Recul et immersion sont incompatibles, ce qui projette effectivement Sullivan dans une approche qui ne peut trouver de solution.

Les Voyages de Sullivan fait donc le constat d’un échec, celui d’une tentative qui ne peut trouver d’issue positive. Tout était par ailleurs contenu dans le titre. Un peu à la manière des voyages de Gulliver, Sullivan parcourt tout cela avec le regard distant d’un aventurier un peu désemparé. Tout simplement parce qu’il n’y a aucune réflexion à mener à ce sujet. Il n’est qu’un touriste de la fantaisie, le héros d’un conte désenchanté dans lequel il se promène sans plaisir. Il ne peut rien changer, rien raconter, ni même tirer aucune leçon profitable de tout cela pour son film... Ce qu’il cherchait, réaliser une œuvre sociale engagée capable de remuer le cœur et la conscience des foules, il n’en découvre finalement que l’inutilité tragique. Sullivan prend le train de façon clandestine, parvient à obtenir quelques broutilles à manger dans un bistrot routier, traverse les rues jonchées de sans-abris, rencontre les pires difficultés à se nourrir, cherche dans les poubelles... le tout accompagné d’une Veronica Lake fragile mais téméraire en gavroche de circonstance, la casquette vissée sur la tête et la moue enfantine se délectant à son retour d’un repas où le « gras » est roi, sans féminité, sans élégance, comme un enfant qui découvre le plaisir simple de se remplir l’estomac. Rarement une actrice sera autant débarrassée de ses charmes glamour en ce début des années 1940 à Hollywood, ce qui lui confère parallèlement une beauté et un charme à couper le souffle. Veronica Lake en vagabonde dans Les Voyages de Sullivan, c’est l’une des images charmantes les plus magiques de l’usine à rêves en cette décennie, a contrario même de ce que désire pourtant aborder le film en termes de misère et d’insalubrité. Preston Sturges saisit par ce biais l’occasion de solidariser son discours, montrant un film dans lequel les acteurs ne peuvent pourtant s’enlaidir au contact de cette fameuse misère. Car le film raconte quelque-chose de lointain, une chimère fantasmée par les parvenus et la haute société, la réalité intouchable, de celle qui dépasse l’entendement. Les Voyages de Sullivan n’est pas un film sur la pauvreté, c’est un film sur l’impossibilité de raconter celle-ci et de la retransmettre à l’écran. Malgré les efforts désespérés de son héros pour y parvenir, et en dépit de séquences permettant une très sensitive plongée dans cette Amérique oubliée (exceptionnelle et terrible scène montrant les nuits de nos deux comparses en quête de nourriture, de repos, d’un fondamental nécessaire... toute en silence, uniquement accompagnée par la musique), le film renonce finalement à en rapporter la saveur et la réalité. Ce qui permet aux Voyages de Sullivan de procéder à une passionnante continuation thématique, c'est-à-dire sur le rôle moral et utile que doit endosser le cinéma.


De l’éternel débat opposant drame et comédie, Les Voyages de Sullivan n’en tranchera pas la question. De toute évidence, il ne s’y intéresse pas vraiment. En revanche, le film pose la question essentielle de la nature même du cinéma perçue par les masses, et notamment par les innombrables couches populaires dont la vie se résume à gagner sa vie pour survivre. Le rôle du cinéma est-il vraiment de rapporter le réel de ces foules ? A fortiori quand cette tentative est vouée à l’échec ? La misère ne se contemple pas et ne se raconte pas. Les pauvres, même s’ils pouvaient reconnaitre la crédibilité plus ou moins relative de ce qu’il leur était proposé à l’écran, seraient sans doute choqué de se voir ainsi dépeints. Dans leurs faiblesses, dans leurs consciences, dans leurs entrailles. Quiconque connait la misère n’a absolument aucune envie de la voir étalée sur un écran de cinéma et de s’y vautrer le temps d’une séance. Tout d’abord parce que tout le monde a sa fierté, y compris les plus démunis. Ensuite, parce qu’il souhaiterait sans doute ardemment transcender son existence par l’évasion dans un ailleurs, le temps d’un film. L’essence même de Hollywood, de son cinéma, de son rôle dans l’Amérique, est bien souvent considérée sous l’angle du divertissement. C’est ce qui a toujours fait sa force et son éternité, son intelligence et sa modestie flamboyante. L’usine à rêves doit, comme l’indique son surnom scandé depuis des décennies jusqu’à plus soif, pourvoir à cela : au rêve, à l’évasion, au fantasme... Et Sturges appuie son discours sur cette notion plus chère qu’aucune autre. Il convient de rire. Dans un axe qui n’est pas sans rappeler celui du film français Le Schpountz de Marcel Pagnol en 1938, Les Voyages de Sullivan sublime la question du rire, plus importante que tout. Le rire ne peut être chez l’homme que positif, il lui redonne sa joie l’espace du temps qu’il dure, il le défait de sa condition misérable pour une poignée de secondes, lui vole sa colère et son dépit, lui cède quelque bonheur et échange ses douleurs contre la vacuité d’un instant futile et indispensable à la fois. Comme le souligne la superbe dernière réplique finale de Sullivan, le rire est important, surtout pour tous ceux qui ne possèdent que cela. Et de clore son bref monologue par une interjection (« Oh boy ! ») laissant transparaitre à elle seule l’essentialité d’une chose a priori misérable mais en fin de compte propre à tout homme, à toute existence. Etrange et très intéressant, sublime même, qu’un film aussi finement dialogué, aussi précis dans sa construction décide de terminer sa prose sur une note aussi populaire, aussi simple, aussi dénuée d’arrogance, contenant en elle la vraie compréhension des choses, celle du cœur.

Les Voyages de Sullivan excelle sur tous les points qu’il aborde, de l’admirable direction d’acteurs à la distribution elle-même, composée de quelques seconds rôles hauts en couleurs et de ce duo miraculeux, les adorables Joel McCrea et Veronika Lake. Les deux y trouvent par ailleurs l’un de leurs plus beaux rôles, ce qui n’est pas peu dire concernant McCrea. Preston Sturges démontre de très étonnantes et très belles capacités de metteur en scène plastique, composant de superbes plans ici et là, pour des séquences anthologiques : l’arrivée des bagnards au Temple afin d’assister à la projection d’un dessin animé relève du miracle, par la beauté simple de son engagement thématique, ses choix esthétiques sobres mais vigoureux, ses plans sur quelques visages éloquents, ses rires libérateurs... Réalisé dans un constant souci de perfection formelle, sans pour autant que jamais cela ne passe pour du maniérisme (un véritable secret connu de l’ensemble des studios hollywoodiens à cette époque), et traversé d’idées géniales (Veronica Lake en vagabond, l’incapacité chronique et volontaire de raconter ce mirage de la réalité poursuivi par Sullivan), le film prend à cœur d’offrir au spectateur un véritable moment d’apesanteur, un peu à la manière d’un Capra justement. Ce que nous pouvions ressentir d’émotion libératrice dans L’Homme de la rue, Mr. Smith au Sénat ou encore La Vie est belle, se retrouve en partie dans ces Voyages de Sullivan. Une grâce, une excitation et une émulation qui poussent le spectateur à en ressentir les effets autant qu’à réfléchir à ce qu’on lui donne ici à regarder.


Les Voyages de Sullivan est un film sensible, quoiqu’un peu trop verbeux durant ses premières minutes. Mais là se situe enfin la finalité de sa direction, de passer du dialogue intempestif et insistant à l’émotion par l’image, à la simplicité d’un rapport au cinéma tout ce qu’il y a de plus naturel et premier. Les Voyages de Sullivan n’est ni un moment d’optimisme jusqu’au-boutiste ni une réflexion sur un monde social trop complexe pour se laisser saisir totalement. C’est un film qui ne fait que contempler son monde et sa nature, tout en suppliant la raison d’être du cinéma de continuer à le divertir, à le surprendre, à le faire rire. On ne pouvait y trouver d’émotion plus franche et plus honnête à la fois, dans une conscience tout à fait terrible mais admise que, dans le fond, nous avons tous besoin de cela, plus que jamais.

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(1) On sait à l’évidence que les réalisateurs de l’âge d’or hollywoodien furent la plupart du temps des cinéastes très prolifiques, voire de véritables stakhanovistes en plusieurs occasions. Michael Curtiz, Raoul Walsh, Victor Fleming, W. S. Van Dyke, Richard Thorpe, Lloyd Bacon, William Keighley, ainsi que beaucoup d’autres noms plus ou moins illustres selon les studios, réalisaient ainsi entre deux et quatre films en moyenne par an durant les années 1930, 1940 et 1950.
(2) Rappelons que Billy Wilder a signé des chefs-d’œuvre divers et variés à la Paramount, souvent en collaboration avec son vieux complice scénariste/dialoguiste Charles Brackett : Assurance sur la mort en 1944, Le Poison en 1945, La Scandaleuse de Berlin en 1948, Boulevard du crépuscule en 1950, Le Gouffre aux chimères en 1951 ou dans une moindre mesure le très amusant Uniformes et jupons courts en 1942. L’auteur de ces lignes pense par ailleurs que la période Paramount de Wilder reste sa meilleure, pour bien des raisons.

(3) Frank Capra était un réalisateur sous contrat à la Columbia dans les années 1930 et une partie des années 1940.

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Par Julien Léonard - le 1 novembre 2013