Menu
Critique de film
Le film
Affiche du film

Le Sermon de Huie

(Huie’s Predigt)

L'histoire

À Brooklyn, une église accueille « The Greater Bible » dont les offices sont tenus par le pasteur Huie. Herzog filme l’un de ses sermons et la ferveur de ses ouailles.

Analyse et critique

En comparaison de Fric et foi, ce nouveau documentaire d’Herzog semble bien moins riche et est, surtout, bien plus radical dans sa forme. Après le Dr. Scott, c’est un nouveau prédicateur que suit Herzog en la personne de Huie, un représentant de « The Greater Bible » qui pratique à Brooklyn. Lui aussi est un acteur né et il offre à la caméra d’Herzog un one-man-show assez sidérant. Gospels puissants et chorégraphies du tonnerre sont ainsi menées sur un rythme d’enfer par le chef d’orchestre Huie dont la voix puissante galvanise l’assistance. Après une entrée en matière particulièrement groove, Huie poursuit avec une litanie ininterrompue de plus de vingt minutes. Herzog plante sa caméra face à lui, le cadre serré et ne le lâche plus. On est accrochés au débit et à puissance de la voix de cet homme, mais il faut bien avouer que l’ennui nous submerge assez vite. Au milieu de ce long tunnel qu’est le sermon, Herzog pratique deux trouées, quittant l’enceinte de l’église pour aller filmer Brooklyn.

Ses travellings le long des rues dévastées, des immeubles en ruine, des façades décrépies sont un violent contrepoint à l’ambiance déchaînée qui s’est emparée de l’église. Lorsque l’on revient au prêche de Huie, la tension a à chaque fois montée jusqu’au moment où la foule est prise dans une transe collective. L’expérience est harassante, le geste d’Herzog assez radical. Il nous met devant cette logorrhée et n’offre aucune alternative. Le prêche nous assomme, nous étourdit et l’on mesure comment par la parole Huie étourdit ses ouailles. Il est un nouvel avatar d’une longue lignée de personnages qui peuplent les films d’Herzog, hommes se posant comme supérieurs et qui écrasent les autres par leur (prétendu) savoir ou leur fonction sociale. Une supériorité donnée par quelques galons, un diplôme ou l’adoubement d’un être qui n’existe pas. Banquiers (La Ballade de Bruno), médecins (Woyzeck), scientifiques (Kaspar Hauser), patrons (Cœur de Verre), prédicateurs (Fric et foi), dictateurs (Échos d’un sombre empire sur Bokassa)… dès qu’un homme a un quelconque ascendant sur l’autre, il en profite pour l’écraser, l’humilier, le manipuler, le soumettre. Herzog ne nous dit pas qui est Huie, mais venant après cette longue galerie de tyrans en tous genres, on ne peut que se méfier de l’effet qu’il prodigue sur la foule. Méfions nous des faux prophètes… mais aussi des vrais !

L'Intégrale Werner Herzog

Film précédent

Film suivant

Introduction et Sommaire

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Olivier Bitoun - le 18 septembre 2011