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Critique de film
Le film
Affiche du film

Le Retour des sept

(Return of the Magnificent Seven)

L'histoire

Chico, après que lui et ses six acolytes pistoleros se sont débarrassés de l’ignoble bandit Calvera qui pressurait et terrorisait un village mexicain (voir Les Sept mercenaires), est resté vivre en tant que paysan dans cette pauvre localité où il s'est marié. Six ans plus tard, un groupe d’une cinquantaine de hors-la-loi commandés par Lorca (Emilio Fernandez) fait de nouveau violemment irruption dans le village, kidnappant tous les hommes valides pour les emmener jusqu’à un pueblo en ruines dans une région désertique. Les prisonniers ont pour mission de le reconstruire pour une raison que l’on apprendra plus tard dans le courant du film. Petra, l’épouse de Chico, part à la recherche des deux seuls autres survivants parmi les anciens compagnons d’armes de son mari. Elle retrouve donc Chris (Yul Brynner) et Vin (Robert Fuller), qui en à peine une nuit reforment un groupe de sept mercenaires pour venir en aide à Chico et ses congénères...

Analyse et critique

Cinquième film du célèbre scénariste Burt Kennedy, dont les plus grands titres de gloire furent non moins que des sommets du western - comme certains des meilleurs tournés par Budd Boetticher (Sept hommes à abattre - Seven Men from Now ; La Chevauchée de la vengeance – Ride Lonesome...) ou par Gordon Douglas (Sur la piste des Comanches - Fort Dobbs) -, Le Retour des sept se révèle être, après déjà quelques autres tristes gâchis en collaboration avec le comédien Glenn Ford dans le domaine de la comédie et du film noir, un film d’une affligeante nullité. Certes, Burt Kennedy fut un scénariste génial mais, au vu de ce navrant western et de la plupart de ceux qui suivront, il faut bien se rendre à l’évidence une fois encore : ce fut également et malheureusement un bien mauvais réalisateur. En l'occurrence, ce naufrage ne peut être imputé au seul metteur en scène car au scénario, Larry Cohen, le futur réalisateur du culte Le Monstre est vivant (It's Alive), ne s'est révélé guère plus brillant en nous délivrant un script déplorable sans la moindre rigueur et truffé de personnages inconsistants et sans âme !

Une suite de dialogues insipides et/ou sacrément déplaisants (le machisme du personnage interprété par Warren Oates est-il du second degré ? on se le demande), de situations bourrées d’incohérences et d’invraisemblances (Chris, alors qu’il se sait "fiché" sur un avis de recherche, vient chercher ses futures complices... en prison), de séquences sans aucune tension, d'éléments d'intrigue sans la moindre présence de réels enjeux dramatiques (je vous laisse découvrir les motivations du bandit mexicain)... L’histoire de cette "suite-remake" semble avoir été écrite en quatrième vitesse et sans aucune implication de la part des auteurs. Le résultat donne un film bâclé de bout en bout et à tous les niveaux, même les comédiens ne répondent pas présents pour relever le niveau malgré un Robert Fuller qui ne manque pas de prestance et arrive à peu près à faire oublier son prédécesseur dans le rôle de Vin, Steve McQueen. Quant à Yul Brynner, déjà pas très bon acteur lorsqu’il est bien dirigé, le minimalisme de son jeu faisant plutôt penser cette fois-ci à de la paresse, il semble ici s’ennuyer à mourir... tout comme les spectateurs qui ont dû se sentir sacrément floués à la découverte de ce deuxième opus totalement inutile. La preuve, à côté de cette suite, le film de John Sturges - même pour ses détracteurs, dont je fais partie - pourra sembler superbe !

Il aura donc fallu six ans pour parvenir à mettre en chantier un deuxième volet narrant la suite (ou plutôt la répétition) des aventures de Chris, Chico et Vin sans même - hormis Yul Brynner - la présence des comédiens initiaux, ni Horst Bucholtz ni Steve McQueen, ce dernier n’appréciant parait-il pas le script. Quant aux nouveaux, il est toujours un peu attristant de voir des acteurs aussi talentueux que Warren Oates, Claude Akins ou encore Fernando Rey devoir cachetonner dans de tels films. Tourné en Espagne dans la région d’Alicante pour réduire le budget, Le Retour des sept ne bénéficie néanmoins même pas de moyens suffisants pour qu’une seconde équipe se soit fait plaisir à mettre en place d’efficaces scènes d’action ; les producteurs ont également repris tel quel le soundtrack composé par Elmer Bernstein en 1960 sans même prendre la peine de le faire réorchestrer.

Bref, vous l’aurez bien compris, même si sa principale qualité face à son prédécesseur est de nous faire bénéficier de 30 minutes de moins, le western de Burt Kennedy dure toujours 90 minutes de trop. Même les aficionados auront mieux à faire que de perdre du temps devant ce navet fauché, sans ampleur ni sens de l’épique, multipliant faux raccords et invraisemblances, une photocopie vérolée de l’original déjà - à mon humble avis - loin d’être mémorable. Les spectateurs ne furent d'ailleurs pas dupes et le film fut un échec commercial ; ce qui n’empêcha pas les producteurs de remettre le couvert à trois reprises avec deux films signés Paul Wendkos et George McGowan, puis avec une série au début des années 90. Nous reparlerons de ces suites en temps voulu.

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 26 novembre 2016