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Critique de film
Le film
Affiche du film

Le Combat de maîtres

(Liu A-Cai yu Huang Fei-Hong)

L'histoire

Fils du directeur d’une école d’arts martiaux, le jeune Wong Fei-hung a toujours vu opposer un refus à son désir d’être initié au kung-fu. Mais l’école est humiliée lors d’une rencontre sportive. Pour prendre sa revanche, il suivra l’enseignement du maître Lu Ah-tsai durant deux ans…

Analyse et critique

Le personnage de Wong Fei-hung est essentiellement connu dans nos contrées par les non-spécialistes au travers des interprétations qu’en ont donné Jackie Chan dans le Drunken Master de Yuen Woo Ping ou Jet Li, qui joua le rôle du justicier au parapluie à cinq reprises, dont quatre dans la série Il Etait une Fois en Chine initiée par Tsui Hark. Pourtant, Wong Fei-hung est le héros de plus de cent films, dont une grande partie interprétée par Kwan Tak-hing, sans compter les adaptations télévisées. Les deux films que Wild Side nous propose de (re)découvrir aujourd’hui sont historiquement intéressants en ce sens qu’ils illustrent une volonté de ne pas présenter Wong comme un combattant âgé, ce qui était l’usage alors, mais de raconter ses jeunes années, celles de la formation d’un futur maître. Ce coup de jeune apporté au personnage fut essentiellement l’œuvre de Liu Chia-liang, à une époque où le film de kung-fu connaissait un certain déclin. Ancien chorégraphe de Chang Cheh, Liu choisit de montrer un personnage loin du combattant invincible et du médecin accompli que l’on présentait alors ; et c’est le jeune Gordon Liu, frère adoptif du réalisateur, qui incarnera ce renouveau. Jeune pratiquant, il tient là son premier grand rôle à l’écran, et démontre déjà des capacités de jeu tout à fait satisfaisantes, pour ne rien dire des ses aptitudes martiales. Les amateurs d’action pure seront peut-être déçus par cet opus, qui s’intéresse pour l’essentiel à la formation et l’entraînement, ainsi qu’à la philosophie martiale. Car Liu Chia-lang reste fidèle à l’esprit du personnage, et distille la morale héritée de Confucius qui est sienne : tuer son adversaire n’est pas le vaincre, le but est de l’amener à changer : « Moins de coups, plus de compassion » ; l’affrontement de Wong et de l’assassin de son ennemi s’achèvera d’ailleurs sur une (un) geste de magnanimité, et en pansant la jambe brisée de son adversaire, il annonce également son avenir de médecin. Le film offre néanmoins son lot de séquences d’action, essentiellement au travers de deux splendides affrontements au bâton.

La même équipe se retrouve cinq ans plus tard pour réaliser un nouvel épisode de la saga Wong Fei-hung, toujours situé dans la jeunesse du personnage. Si le scénario du premier épisode était très classique, celui du second pourrait tenir sur un timbre poste, tant la priorité est donnée à l’action et aux démonstrations martiales : le début laisse d’ailleurs penser qu’on va se retrouver confronté au pire de la comédie kung-fu, entre quiproquos grossiers et jeu outré. Le niveau se relève néanmoins nettement avec l’entrée en scène du maître du Nord campé par Johnny Wang, dont le personnage refuse la haine et les affrontement aveugles et préfère rechercher la compétition avec les meilleurs pratiquants, ce qu’illustrera une séquence finale passionnante où il se mesure à Gordon Liu dans un corridor étroit, et où la notion de confrontation est absente ; seule subsiste l’expression pure des arts martiaux. Par ailleurs, l’essentiel des séquences d’action prend un aspect de comédie musicale – c’est par exemple flagrant lors de la scène de l’offrande des tissus. Notez par ailleurs le nombre très important de plans qui cadrent uniquement les jambes des combattants. Dès la séquence d’ouverture et sa très impressionnante démonstration aérienne de la Danse du Lion, Liu Chia-lang orchestre une véritable symphonie du mouvement, propre à séduire les spectateurs les moins réceptifs aux films d’arts martiaux.

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La fiche IMDb du film

Par Franck Suzanne - le 22 avril 2006