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Critique de film
Le film
Affiche du film

La Vénus des mers chaudes

(Underwater!)

L'histoire

Quelque part dans les Caraïbes, Dominique (Gilbert Roland) et Johnny (Richard Egan), deux aventuriers à la recherche de trésors sous-marins. Pensant connaître l’emplacement de l’épave d’un galion espagnol du 17ème siècle, croyant dur comme fer qu’il contient un fabuleux butin, ils partent sans le sou à sa recherche en compagnie de Theresa (Jane Russell), la plantureuse épouse de Johnny, de Gloria (Lori Nelson) qui accepte de leur prêter son bateau et d’un prêtre (Robert Keith) pensant y trouver une statue de la Vierge. Ils vont, comme de bien entendu, rencontrer bien des obstacles en travers de leur route, à commencer par d’inquiétants chasseurs de requins ainsi que des redoutables squales eux-mêmes...

Analyse et critique

Un budget de 3 millions de dollars, l’immensité de la mer en Cinémascope, l’exotisme coloré des côtes cubaines, des scènes d’action sous-marines, une chasse au trésor mouvementée, les formes généreuses de Jane Russell en maillot de bain une pièce, etc... tout cela laissait présager un film au moins dépaysant et divertissant à défaut d’autre chose. Un Homme est passé (Bad Day at Black Rock) avec un Spencer Tracy impérial, ayant laissé une impression plus que positive, le film suivant de John Sturges, sorti la même année, pouvait raisonnablement faire saliver. Il vous faudra malheureusement vite déchanter !

Les imposants moyens financiers mis à disposition d’un cinéaste pourtant habituellement efficace semblent (hormis pour les scènes sous-marines, qui sont pourtant loin d’avoir la part de magie que possédaient celles de Richard Fleischer pour son 20.000 lieues sous les mers l’année précédente), être tombés dans l’escarcelle de son actrice principale, le magnat Howard Hughes étant à l’origine d’Underwater !, le dernier film pour lequel son nom sera associé à celui de Jane Russell. Le visuel, quant à lui, reste cheap de bout en bout avec moult transparences ridicules (le pompon du risible étant atteint à l’occasion de la séquence du "pique-nique" sur l’île), un bassin peu mouvementé pour représenter la mer ; les décors n’ont même pas l’excuse d’être kitsch tellement ils s’avèrent d’une consternante pauvreté. Le thème musical de Roy Webb qui semblait être sympathique, répété à outrance, fini très vite par lasser et le scénario se révèle d’une profonde médiocrité : bavard, sans vraiment de progression dramatique, totalement inconsistant, rempli d’incohérences (l’intérieur du petit bateau ressemble à celui d’un paquebot...) et manquant singulièrement de force et de suspense. Pour résumer, on s’y ennuie ferme d’autant plus que l’interprétation d’ensemble reflète la nullité d’ensemble du film. Richard Egan est d’une rare fadeur, Gilbert Roland (on se souvient surtout de lui pour son rôle dans Les Ensorcelés de Vincente Minnelli) cabotine laborieusement, Lori Nelson est transparente ; quant à Jane Russell, elle prouve une fois de plus à quelle point elle n’avait pas l’étoffe ni le talent d’une comédienne au point de gâcher certains films qui sans elle aurait pu atteindre une ampleur supplémentaire : Bungalow pour femmes (The Revolf of Mamie Stover) de Raoul Walsh pour ne citer qu’un exemple.

Quant à la réalisation de John Sturges, si elle semble indigente à première vue, il faudrait pouvoir découvrir le film dans sa version "superscope" pour en être certain et oser émettre un jugement ; en l’état, les copies écran large semblant s’être volatilisées, il nous est impossible de parler de la mise en scène. On sait que le réalisateur est un spécialiste du cadrage ; il n’y a qu’à se rappeler de sa parfaite gestion du Cinémascope pour Un Homme est passé pour se rendre à l’évidence. Ici, recadré pour entrer dans un format 1.33, son "travail rectangulaire" est massacré du début à la fin, les acteurs parlant parfois à un bout de nez. Gageons que, même si le film est un pur navet (appelons un chat, un chat car malheureusement ce n'est même pas un sympathique nanar), la vision dans son format d’origine pourrait peut-être le rendre au moins bien plus plaisant à regarder.

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 20 septembre 2009