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Critique de film
Le film
Affiche du film

La Ruée des Vikings

(Gli invasori)

L'histoire

En 786, à Portland, le Baron Rutford ordonne à ses troupes d'anéantir une colonie Viking installée sur les côtes écossaises. Il tue ensuite le roi venu lui reprocher son manque de diplomatie. La reine recueille un orphelin viking, Erik. Il deviendra commandant de la flotte du royaume, tandis que son frère prépare une nouvelle attaque...

Analyse et critique

Grand classique du film d’aventure comptant parmi les chefs d'œuvre-de Richard Fleischer, Les Vikings ne pouvait laisser indifférent ce grand recycleur de formules qu'était le cinéma d’exploitation italien à l'époque. Mario Bava signera donc une sorte de trilogie officieuse décalquant les éléments les plus excitants du du film de Fleischer dans Le Dernier des Vikings (1961), qu’il coréalise sans être crédité, et ensuite le plus âpre Duel au couteau (1966). La Ruée des Vikings est la pièce centrale de cet ensemble et la plus réussie, dont le fil rouge est la présence de Cameron Mitchell, solide star de la série B italienne et plus particulièrement du péplum. Sans égaler son illustre modèle hollywoodien, le film de Mario Bava constitue néanmoins son avatar le plus réussi avec le petit côté excessif typiquement transalpin par lequel le film sera forcément plus violent, érotique et outré que celui de Fleischer. Doté de moyens plus conséquents qu'à l'accoutumée, Bava offre un spectacle flamboyant où le visuel oscille entre son penchant pour le tournage en studio et l'imagerie plus typique du cinéma d'aventures à laquelle il apporte une belle dimension romantique et crépusculaire.

Ainsi tous les passages chez les Vikings offrent des intérieur très travaillés où Bava, pour illustrer l'atmosphère païenne des rites nordiques, use d'éclairages et de filtres baroques donnant dans les rouges et violets, le tout accompagné de décors fantaisistes et imposants. A l'opposé, chez les Anglais à l’austérité pieuse, le tout se fait plus sobre et c'est par les intrigues de palais et les manigances fourbes du méchant incarné par Andrea Checchi que se traduit l'atmosphère viciée. L'interprétation est inégale mais relativement solide. Le scénario reprend la trame des deux frères ennemis ignorant leur parenté, et Cameron Mitchell (pendant de Kirk Douglas chez Fleischer) interprète un Eron débordant de charisme et de noblesse sous la barbarie tandis que Georges Ardisson (lui aussi déjà présent dans Le Dernier des Vikings) en Erik malgré un physique imposant est tout de même assez fade. Andrea Checchi campe un méchant retors à souhait, et les jumelles Alice et Ellen Kessler se montrent tout à fait convaincantes en fiancée des héros.

Les scènes de bataille sont toutes très réussies même si un peu trop brèves dans l'ensemble. Celle qui ouvre le film donne le ton avec un massacre sanglant où femmes et enfants sont décimés de manière impitoyable. Le combat en pleine mer, même si trahissant le manque de moyens (et la disposition étrange du pont des drakkars vikings), fait preuve d'une belle énergie mais c'est la bataille finale qui emporte l'adhésion. Précédée par un mano a mano hargneux entre Erik et Eron, la conclusion offre des vues impressionnantes du décor du château, manie bien le suspense et l'émotion (avec la fin du personnage d'Eron en montage alterné poignant) et offre une opposition dantesque entre Anglais et Vikings. L'amateur d'affrontements épiques sera servi entre l'huile bouillante balancée du haut des remparts, les flèches à la précision aussi dévastatrice que sanglante, les haches et les épées faisant des ravages le tout au sein d'un décor s'effondrant de toute part. Malgré un scénario léger et quelques raccourcis hasardeux, Bava nous offrait là l'un de ses films les plus spectaculaire et se concluant sur une dernière scène de toute beauté.

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Justin Kwedi - le 1 juillet 2019