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Critique de film
Le film
Affiche du film

La Gloire du cirque

(Annie Oakley)

Analyse et critique

Avant de connaître la célébrité dans les années 50 avec des films comme Une Place au Soleil (A Place in the Sun), L’Homme des Vallées Perdues (Shane) ou Géant (Giant), on ne peut pas dire que George Stevens ait fait des éclats durant les quinze premières années de sa carrière. On peut même avancer que ses débuts furent plutôt laborieux car, pour un Mariage Incognito (Vivacious Lady) sympathique, combien d’insipides Annie Oakley (y compris les comédies musicales qu’il dirigea avec le duo Fred Astaire / Ginger Rogers et même le pénible Gunga Din) ? Effectivement, ce biopic sur la seule femme ayant fait partie des Shows de Buffalo Bill se révèle on ne peut plus fadasse ! Lorsque l’on réalise un film sur le spectacle, on peut au moins justement s’attendre à y trouver un certain sens du spectacle, que ce soit dans le scénario ou la mise en scène ; niet ici puisqu’ils sont désespérément aussi ternes l’un que l’autre. Absolument rien n’est mis en valeur, pas plus les acteurs que le reste. Preston Foster joue Toby Walker, la tête d’affiche du spectacle de Buffalo Bill qui se fera détrôner par Annie Oakley, sa carrière périclitant au fur et à mesure que celle de sa partenaire (et épouse) prendra au contraire son envol (histoire qui n'est pas sans rappeler celle de A Star is Born). Son interprétation passe assez inaperçue et on retiendra d’autres de ses compositions plus marquantes comme, par exemple, celle excellente dans le premier film de Samuel Fuller, J’ai tué Jesse James (I Shot Jesse James). Melvyn Douglas est sous-employé et sera bien plus convaincant dans la comédie, chez Ernst Lubitsch entres autres. Quant à Barbara Stanwick, si elle tire son épingle du jeu, elle obtiendra néanmoins des rôles bien plus intéressants par la suite alors que Stevens et ses scénaristes auraient pu, dès ses débuts à l’écran, lui développer un personnage assez riche, Annie Oakley étant l’une des premières femmes à s’immiscer et à se faire valoir à cette époque et dans cet univers dominé par le "mâle".

"Aucune fiction n’est plus surprenante que la véritable vie d’Annie Oakley, sortie d’un pauvre village il y à un demi-siècle pour stupéfier le monde” nous annonce le carton au générique. La grande tireuse d’élite à la carabine aura sans aucun doute stupéfié le monde en tant qu’une des premières icônes du féminisme mais pas nous autres, pauvres spectateurs, atterrés devant tant d’ennui et de médiocrité. Il nous aura aussi fallu supporter dans le même temps un racisme assez pénible envers la nation indienne, décrite ici comme totalement idiote à l’image de son chef Sitting Bull (qui fera vraiment partie du "Buffalo Bill Wild West Show") caricaturé à outrance. Assistant au spectacle et voyant un "acteur-pionnier" tomber de cheval après s’être fait tirer dessus par un "acteur-indien", il se précipite au centre de la piste pour le scalper le croyant réellement mort. C’est également le personnage choisi pour être le "clown" du film, les scénaristes se gaussant de sa maladresse au milieu du monde civilisé. Aujourd’hui, ces "gags" sont bien plus navrants que drôles. La musique et les décors sont à l’avenant et finissent de rendre les séquences qui auraient dû être spectaculaires, totalement plates et sans aucune saveur. Pas la peine de s’acharner plus avant sur ce film dont le personnage principal eut d’autres aventures cinématographiques plus attrayantes. Annie Oakley, de son vrai nom Phoebe Ann Moses, vedette des spectacles de Buffalo Bill dès 1885, mourut en 1926 à l’âge de soixante-six ans. Elle fut donc de nouveau incarnée à l’écran en 1951 par la pétillante Betty Hutton qui formera avec Howard Keel un couple hautement coloré dans la comédie musicale de George Sidney, Annie Reine du cirque (Annie Get Your Gun) ; la fameuse musique était signée Irving Berlin et si le film n’atteint pas non plus des sommets, il avait le mérite d’être sacrément divertissant même si nous aurions été curieux de voir Judy Garland dans ce rôle qui lui était au départ dévolu. Gail Davis sera pendant 81 épisodes de 1954 à 1957, une Annie de télévision. Puis, en 1976, ce sera au tour de Géraldine Chaplin d’endosser sa défroque dans Buffalo Bill et les Indiens de Robert Altman en 1976.

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La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 6 septembre 2007