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Critique de film
Le film
Affiche du film

La Fosse aux serpents

(The Snake Pit)

Analyse et critique

La Fosse aux serpents eut un formidable retentissement en son temps puisque ce fut le premier film d’envergure à aborder de front, et en tant que sujet principal, le thème délicat de la folie. Il fit donc sensation tant auprès de la critique que du public et fut même, modestement, un objet de scandale tant le scénario était audacieux pour l’époque. Alfred Hitchcock avec Spellbound et Fritz Lang avec Le Secret derrière la porte avaient préalablement défriché le terrain mais ils avaient tous deux abordé la psychanalyse par l’intermédiaire du thriller psychologique. Lorsqu’Anatole Litvak propose au ponte de la Fox, Darryl F. Zanuck, de porter à l’écran le roman autobiographique de Mary Jane Ward, écrivain ayant passé sept ans dans un asile psychiatrique, le producteur accepte le jour même car la psychanalyse était alors à la mode, et que jamais film ne s’était penché directement sur la question. Trois psychiatres furent de la partie pour conseiller le cinéaste et ses scénaristes, ces derniers allant même passer trois mois dans un asile pour observer les malades. Les acteurs eurent à se documenter sur ce ‘microcosme’ et Olivia De Havilland rencontra même une schizophrène, dont les problèmes et les relations avec son médecin étaient à peu près les mêmes que celui de son personnage dans le film.


Bref, le sérieux était de rigueur dans la préparation de cette œuvre qui raconte l’histoire d’une jeune mariée qui, victime d’une dépression nerveuse, perd la notion du temps et ne reconnaît même plus son époux. Internée dans un hôpital psychiatrique, elle est suivie par le docteur Kik qui, après les traditionnels électrochocs, décide de la soigner autrement, en essayant de la faire parler pour lui faire retrouver la mémoire et découvrir d’où vient son traumatisme... Si techniquement, Litvak est un cinéaste consciencieux et très professionnel, sa mise en scène demeure bien trop sage, et son film un brin poussiéreux a du mal à nous passionner encore aujourd’hui. Même s’il se suit sans spécialement nous ennuyer, il ne nous convainc non plus jamais vraiment. Voulant courir trop de lièvres à la fois sans en approfondir aucun, survolant superficiellement l’évolution d’une cure psychiatrique, les relations de la patiente et de son docteur, la description d’un asile, etc., Litvak finit par plus ou moins échouer sur tous les tableaux. Rien de déshonorant cependant ; l’ensemble est intéressant et les interprètes (Olivia de Havilland en tête même s’il est permis de la préférer dans ses rôles plus légers aux côtés d’Errol Flynn) font bien leur travail. Mais, faute aussi à une construction pataude abusant de flash-back et de voix off, le courant ne passe pas vraiment. Là où l’atmosphère aurait mérité de se faire dense et étouffante, l’académisme ambiant nous la rend juste un peu terne et au final, nous avons du mal à ressentir de l’empathie pour les différents personnages. Reste une image marquante, le fameux travelling montant en plongée sur la salle d’hôpital se transformant en la fosse aux serpents du titre.

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La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 7 février 2007