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Critique de film
Le film

La Chevauchée de l'honneur

(Streets of Laredo)

L'histoire

Au Texas en 1878, les inséparables Jim Dawkins (William Holden), Wahoo (William Bendix) et Lorn Reming (Macdonald Carey), d’inoffensifs et sympathiques pilleurs de diligence, sauvent Rannie (Mona freeman), une jeune fille, après que son oncle a été tué par une dangereuse bande de hors-la loi emmenée par l’impitoyable Calico (Alfonso Bedoya). Poursuivis par ce dernier, ils sont contraints de se séparer afin de rester en vie. Malgré eux, Jim et Wahoo se voient engager dans les Texas Rangers ; quant à Lorn, qui continué du mauvais côté de la loi en multipliant les hold-up, la valeur de la mise à prix de sa tête ne cesse d’augmenter. Au nom de leur amitié passée, nos trois héros vont tout faire pour que leurs chemins ne se croisent pas jusqu’au jour où Jim reçoit pour mission d’arrêter son ancien camarade. La confrontation semble désormais inévitable, rendue encore plus difficile par la présence aux côtés du hors-la-loi de Rannie, tombée entre-temps amoureuse de lui...

Analyse et critique

Cette histoire vous dit quelque chose ? Normal puisqu’en 1936, King Vidor réalisait La Légion des damnés (The Texas Rangers), un western honnête (mais qui ne méritait pas de rester dans les annales) dont, treize ans plus tard, le même studio (Paramount) allait mettre en chantier le remake que voilà. Celui-ci ressemble énormément à l’original, les producteurs ayant semblé jusqu’à choisir les acteurs personnifiant les trois personnages principaux en fonction de leurs ressemblances physiques avec Lloyd Nolan, Jack Oakie et Fred McMurray. Le réalisateur Leslie Fenton venait l’année précédente de réaliser cette petite pépite méconnue qu’est Smith le taciturne (Whispering Smith). Que l'on vous prévienne d’emblée pour éviter de trop fortes désillusions, même si certains aspects de l’histoire sont proches - comme ce bel attachement entre un policier et un hors-la-loi, le pénible choix à faire entre l’amitié et son devoir, etc. - ce Streets of Laredo est loin d'arriver à la cheville de son magnifique prédécesseur.

Néanmoins, nous nous trouvons devant un western de série tout à fait honorable et jamais ennuyeux, grâce surtout à l’efficacité de la mise en scène (on peut le vérifier dès la première séquence de l’attaque de la diligence expédiée en à peine deux ou trois plans, dont le premier est un beau et long plan d’ensemble éloigné), au ton agréable de l’ensemble et à de belles performances d’acteurs, notamment celle d’un MacDonald Carey que l’on n'attendait certes pas à ce niveau. Il faut dire que ce dernier joue le protagoniste le plus intéressant de l’histoire, celui qui restera du mauvais côté de la loi tout en demeurant extrêmement attachant et charismatique. Déjà dans la version de King Vidor, c’est Lloyd Nolan dans le même rôle qui tirait toute la couverture à lui ; il en est donc de même pour Macdonald Carey dans Streets of Laredo malgré les agréables performances du jeune William Holden (dont la carrière explosera l’année suivante grâce à Sunset Boulevard de Billy Wilder) et de William Bendix.

Moustachu et tout de noir vêtu, très classieux un peu à la manière de Robert Taylor dans Le Réfractaire (Billy le Kid), MacDonald Carey mérite à lui seul que l’on jette un œil à ce sympathique western ; grâce à lui, la première demi-heure, celle décrivant l’amitié entre les trois hommes, est un pur régal, les dialogues ne manquant pas de piquant. A partir du moment où les routes de nos charmants "héros" se séparent et où Lorn apparaît moins à l’écran, l’intérêt retombe un peu car le scénario de Charles Marquis Warren demeure aussi conventionnel que celui de Louis Stevens et s’éparpille un peu trop, même si l’aspect historique a été complètement gommé. En effet, contrairement au film de King Vidor, on ne parlera jamais ici de la "pacification" du Texas par cette milice à laquelle le générique semble vouloir rendre hommage. Ainsi pas d’attaque indiennes ou autres épisodes héroïques à la gloire des Texas Rangers, ce qui n’est pas forcément plus mal mais ce qui du coup évacue toute séquence susceptible de posséder un souffle épique.

Qu’à cela ne tienne, les scènes d’action ne manquent pas, Leslie Fenton montre qu’il sait se servir d’une caméra, nous octroie de superbes gros plans, nous étonne par la sécheresse de certains éclairs de violence et par une confrontation finale qui rehausse un film jusque-là un peu trop convenu. Parmi ses autres points positifs, Streets of Laredo bénéficie aussi d’un beau Technicolor (malgré le recours trop fréquent à d’assez vilaines transparences, le budget semble avoir été moindre que pour Whispering Smith), de splendides décors naturels filmés à la frontière du Nouveau Mexique et de l’Arizona, et d’un score assez enlevé de Victor Young. Les inconditionnels du genre devraient passer un moment plaisant, les autres devront se rabattre sur d’autres titres plus célèbres ou plus simplement sur le western précédent de Leslie Fenton.

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 23 août 2009