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Critique de film
Le film

Femmes Hors-la-Loi

(Outlaw Women)

 

L'histoire

Les filons miniers de la ville de Silver Creek commençant à se raréfier, les habitants désertent en masse. Il n’y a donc plus beaucoup de travail pour les médecins tandis que les joueurs ne trouvent plus assez de partenaires et se contentent de prendre des paris sur les rares duels qui se déroulent encore en ville, chacun voulant se mesurer avec le tireur d’élite Piute Bill (Jackie Coogan). Une nouvelle fois ce jour-là, Piute est obligé de descendre une forte tête. Une balle de son adversaire l’ayant égratigné, le docteur Bob Ridgeway (Allan Nixon) est là pour soigner sa blessure ainsi que celle d’une jeune femme, Beth Larabee (Carla Balenda) qui a reçu un bout de verre dans l’épaule suite à cette violente confrontation. Cette dernière, tombée sous le charme du médecin, lui propose de venir s’installer à Las Mujeres dans le Nouveau Mexique où le manque de docteur se fait cruellement ressentir. Bob apprend du joueur Woody Callaway (Richard Rober) qu’il s’agit d’une ville dirigée exclusivement par des femmes avec à leur tête la tenancière du saloon tenu par "Iron" Mae McLeod (Marie Windsor). Ayant refusé "l’invitation", le docteur se retrouve néanmoins à Las Mujeres après que sa diligence a été arrêtée par Beth qui refusait de laisser partir sa "proie". Il est bientôt rejoint par Woody et Piute, qui ont dans l’idée de se refaire une fortune au détriment des femmes. Woody connait bien Iron Mae puisqu’ils semblent avoir été autrefois amants. Quelques jours plus tard, le bandit Frank Slater (Richard Avonde) vient proposer à Mae d’être sa partenaire pour la préparation d’un coup. Mae refuse et Frank jure de se venger...

Analyse et critique

Sam Newfield était un cinéaste ultra prolifique qui pouvait tourner en moins d’une quinzaine de jours jusqu’à une vingtaine de films par an. Parmi ses quelques 250 films au total (dévolus surtout aux Drive-in), très peu sont passés à la postérité, qu’ils soient signés de son véritable nom ou sous des pseudonymes tels Sherman Scott ou Peter Stewart. Dans le dictionnaire des réalisateurs supervisé par Jean Tulard, on peut lire : "Il faut avoir vu Le Créateur de monstres ou Nabonga, sombre histoire de gorilles, pour mesurer à quel degré de stupidité peut atteindre Newfield […] Tant de désinvolture, qu’il s’agisse d’un western, d’un thriller ou d’un film d’horreur, finit même par créer un style et les adeptes du "second degré" élèvent depuis longtemps un culte à Sam Newfield." Ne connaissant de ce cinéaste que Terror of Tiny Town, western entièrement interprété par des nains et très justement classé parmi les cinquante plus mauvais films de tous le temps, je ne peux que souscrire à tout cela sauf sur le fait que l’on puisse élever un culte à l’imbécilité. C’était donc avec un a priori fortement négatif que je m’apprêtais à découvrir ce western soi-disant féministe. Et… je n’ai presque pas été déçu ! Hormis un postulat de départ assez cocasse et original, l’intrigue a beau se révéler sans surprises, le scénario est tellement lâche et mal écrit que le lendemain de sa vision, on a du mal à se le remémorer.

Une ville sous la coupe d’une armée de femmes, une de ces amazones (l’actrice Maria Hart) qui semble pratiquer les arts martiaux au vu de la prise qu’elle effectue pour remettre un homme à sa place, une autre faisant semblant d’être malade pour assouvir sa nymphomanie auprès du nouveau médecin, un étui de revolver pivotant, un tireur d’élite cachant une dizaine d’armes sous ses vêtements, un quatuor vocal masculin a cappella... Voilà quelques petits détails cocasses qui démontrent d’emblée qu’il ne faut pas prendre ce film au sérieux ; il n'a d'ailleurs bien évidemment pas été conçu dans ce but. Malgré le fait de le savoir et de trouver quelques unes de ces séquences plutôt amusantes, il faut bien se rendre à l’évidence : l’ensemble est très mauvais, et ce à tous les niveaux. Hormis son postulat de départ, le scénario est minable et absolument pas subversif, ces femmes insoumises finissant par entrer dans le rang, s’étant toutes amourachés d’hommes qui vont "comme il se doit" les remettre dans le droit chemin ! Ceux qui auraient cru au moins tomber sur un western féministe devront donc déchanter, la morale conservatrice du mâle dominant étant sauve. Quant à la fantaisie que nous aurions été en droit d'attendre, elle n’existe quasiment pas, les dialogues eux-mêmes s’avérant d’une débilité consternante ; ou alors une fantaisie pachydermique.

Quant à la mise en scène, sauve qui peut ! Elle est mauvaise à en pleurer à l’image de la fusillade finale qui fait beaucoup de bruit mais qui visuellement parlant ne consiste qu’en une suite de champs / contrechamps sur les adversaires qui tirent à qui mieux-mieux sans casser un seul objet, sauf causer des bris de vitres alors qu’ils sont censés tirer au travers !! Pour prouver le degré de bâclage de l’ensemble, le producteur aurait réalisé toutes les séquences ne comprenant que des hommes et Sam Newfield toutes celles ne comprenant que des femmes ! Malgré tout, on aura pu se surprendre à s’ennuyer moins qu’on l’aurait cru grâce à la présence de Marie Windsor (une comédienne qui a joué un nombre incalculable de bad women et notamment dans le film noir) qui arrive à faire passer la pilule, ainsi qu’à celle de Jackie Coogan en tireur d’élite qui parvient à nous faire sourire de temps à autre comme lorsqu'au final il déballe toute sa quincaillerie cachée dans sa "panoplie" ; le même Jackie Coogan qui, rappelons-le, interprétait The Kid de Charlie Chaplin plus de 30 ans plus tôt. Le reste du casting est à placer au même niveau que l’ensemble du film, de sa musique totalement nulle, de ses décors minables et de sa très laide photographie en Cinecolor, c'est-à-dire au plus bas ! Mais enfin, que pouvait-on sincèrement attendre du réalisateur de cet effroyable navet qu'était Terror of Tiny Town ? A réserver exclusivement aux amateurs de curiosités !

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 27 novembre 2012