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Critique de film
Le film
Affiche du film

Family Business

L'histoire

Adam (Matthew Broderick) abandonne ses brillantes études pour renouer avec la tradition familiale. Parrainé par son grand-père Jessie (Sean Connery), il apprend ainsi le métier de cambrioleur, au désespoir de son paternel, Vito (Dustin Hoffman) qui avait quant à lui réussi à s'écarter du chemin du crime qui a conduit bien souvent son père derrière les barreaux...

Analyse et critique

Family Business est une comédie policière qui fait partie de ces réalisations mineures de Sidney Lumet. Pourtant, sur le papier, on y trouve certains des grands thèmes lumetiens, comme celui de la filiation et de la transmission abordé par le cinéaste dans son précédent film, A bout de course. Vito peut même être vu comme une vision de ce qu'aurait pu devenir Danny - le jeune héros de Running on Empty - s'il n'avait pas su s'affranchir de ses parents et de la vie d'éternel fuyard qui l'attendait. On retrouve aussi le goût du cinéaste pour les personnages anti-conformistes qui rejettent les règles sociales, Sean Connery - toujours aussi charismatique alors que Dustin Hoffman peine à de son côté à incarner son personnage - renouant par là avec son rôle de capitaine insoumis dans La Colline des hommes perdus.

Comme à son habitude, Lumet délaisse l'aspect purement policier du récit, se contentant du service minimum pour tout ce qui a trait au braquage alors que cette séquence serait certainement devenue le climax du film dans une production lambda. Ce qui intéresse le cinéaste, ce sont les relations entre trois générations d'hommes, ici incarnés par trois acteurs venant d'horizons très différents. Alors qu'il filme souvent gravement ses sujets, et notamment ses histoires de famille (on pense naturellement à 7h58 ce samedi-là), Lumet joue ici sur un équilibre entre rire et émotion, le drame cédant la place à la comédie, domaine où le cinéaste n'est malheureusement pas des plus à l'aise. Si le film ne satisfait qu'à moitié, les quelques très belles scènes que nous offre Lumet (les deux enterrements ; les discussions à bâton rompu des personnages, les digressions où ils se livrent discrètement ; un magnifique panoramique sur les façades des buildings new-yorkais...) font tout de même de Family Business plus qu'un simple petit film du dimanche soir.

On louera une fois de plus la capacité de Sidney Lumet à donner de l'épaisseur à ses personnages (Adam qui mythifie les actions de grand-père, Jessie qui ne peut retenir des élans de tendresse pour son fils...), souvent simplement à partir d'un détail bien senti (Vito qui se conduit comme un malfrat avec ses employés alors qu'il se targue d'avoir quitté le crime, sa façon de renouer son noeud de cravate...). Discrètement, Lumet parvient ainsi à donner vie à sa petite troupe, à nous intéresser à leurs relations et à tranquillement nous émouvoir. La façon dont le réalisateur trouve naturellement le dispositif de mise en scène convenant à son histoire fait une fois de plus la différence. Ainsi, comme dans nombre de ses films, les personnages ne peuvent échapper au rôle qui leur est assigné et Lumet ne cesse de les filmer arpentant d'interminables couloirs. Une idée aussi simple qu'efficace pour raconter un drame intérieur sans en passer par une longue exposition, et qui caractérise parfaitement le talent d'un cinéaste qui sait toujours trouver l'angle juste.

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La fiche IMDb du film

Par Olivier Bitoun - le 4 janvier 2011