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Critique de film
Le film
Affiche du film

A la recherche de Garbo

(Garbo Talks)

L'histoire

Estelle Rolfe (Anne Bancroft) est la plus grande fan de Garbo. L'image de l'actrice ne cesse de l'accompagner, son indépendance d'esprit lui donnant jour après jour la force de mener ces innombrables combats contre les injustices qui sont sa vie. Suite à une tumeur au cerveau, cette femme dynamique et pleine de vie se retrouve alitée, condamnée à une mort certaine. Elle demande à son fils Gilbert (Ron Silver), jeune homme réservé et rangé qui semble n'avoir rien en commun avec sa mère, d'exaucer son vœu le plus cher : lui faire rencontrer la Divine...

Analyse et critique

Garbo Talks, c'est l'histoire d'une femme qui se raccroche de toutes ses forces à un monde disparu alors qu'elle-même est en train de disparaître. Alors qu'elle passe sa vie à prendre parti pour telle ou telle cause, Estelle refuse au fond d'elle la réalité du monde qui l'entoure. Elle ne veut pas en faire partie, ne veut pas le regarder en face et y substitue un autre imaginaire, façonné par ses souvenirs de cinéma.

A l'inverse, Gilbert est les deux pieds dans le monde réel, englué dedans, sans rêves et sans imagination. Une attitude qui correspond au rejet de cette mère, caricature de la militante qui le met mal à l'aise, lui fait honte. En se mettant à chercher Greta Garbo, c'est bien sûr Estelle qu'il va trouver, renouant ainsi avec une filiation brisée, acceptant ce qu'elle a à lui transmettre, ce qu'elle lui a transmis sans même qu'il s'en rende compte. Depuis Daniel, cette question de la filiation est devenue centrale chez le cinéaste. Dans A bout de course, que Sidney Lumet réalisera en 1988, Danny s'émancipera de ses parents parce que, paradoxalement, il aura trouvé chez eux cette force et cette indépendance qui vont lui permettre d'avancer dans la vie. Gilbert suit le même chemin en partant à la découverte de sa mère excentrique, en acceptant son héritage. Il renoue un fil rompu, comme Daniel dans le film éponyme qui après avoir refusé l'héritage du drame qu'ont vécu ses parents finit par s'en nourrir. Il y a dans ces différents films deux mouvements a priori contradictoires mais qui sont intimement liés : pour naître en tant qu'individu, il faut accepter et comprendre ce qu'ont à nous transmettre nos parents et dans un même temps il faut s'affranchir de cet héritage. A la recherche de Garbo est donc un film sur l'émancipation, sur la liberté, soit exactement ce que la Divine a incarné à l'écran.

Dans ce film en miroir, Lumet montre comment la fiction et la vie peuvent se confondre et se répondre. Estelle est ce qu'elle est à cause des rôles de Garbo, et sa croyance dans le pouvoir de l'illusion et de l'imaginaire est telle que c'est bien l'actrice qui finit par s'incarner dans sa chambre d'hôpital. Scène bouleversante où Estelle se livre toute entière à sa muse et qui montre une fois de plus combien Sidney Lumet sait filmer ses personnages, les faire vivre à l'écran.

Il met en scène A la recherche de Garbo en utilisant les couleurs vertes, roses et brunes des bonbons new-yorkais qui sont ici sa principale influence picturale ! Il tourne au petit matin ou à la tombée du jour afin d'avoir les lumières les plus douces et tamisées possible et crée ainsi l'atmosphère douce et sucrée du film. Si l'on se laisse prendre par sa petite musique et que l'on accepte ses artifices, alors Garbo Talks est un plaisir de chaque instant, Lumet évitant le pathos du sujet pour nous livrer une œuvre certes mélancolique mais aussi pleine de vie et de force.

Dans les salles

Film réédité en salle le 7 septembre 2011 par Swashbuckler Films

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Dossier de presse du film

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La fiche IMDb du film

Par Olivier Bitoun - le 1 avril 2011