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Tops de la rédaction

En 2009, Inglourious Basterds avait figuré à la deuxième place du classement annuel des sorties cinéma de la rédaction de DVDClassik (derrière Un Prophète). Dix ans plus tard, alors que le temps a largement modifié l’équipe du site (ne subsistent que trois noms des votants de 2009), Quentin Tarantino prend sa revanche et place Once Upon a Time... in Hollywood très largement en tête de notre top 2019. Ce pont temporel que nous jetons au-dessus d’une décennie entière n’est pas si anecdotique : outre la fidélité que nous accordons, presque sans le vouloir, année après année, à de grands cinéastes qui nous sont chers (cette année, les abonnés se nomment aussi Bong Joon-ho, Clint Eastwood ou James Gray) et qui caractérise probablement en partie le type de cinéma que nous défendons (pour le dire autrement, et sans auto-flagellation, les anthologies DVDClassik témoignent peut-être moins de l’avant-garde que d’une certaine idée du classicisme cinématographique), il y a évidemment, entre Inglourious Basterds et Once Upon a Time... in Hollywood un lien de parenté spécifique qui mérite d’être mentionné : cette relecture des faits réels qui, pour contestable qu’elle puisse être (et qu’elle le soit ! le cinéma a vocation à ouvrir des débats), témoigne surtout à nos yeux séduits du pouvoir spécifique du septième art à créer des multivers, des espaces alternatifs de tous les possibles. Lorsque Quentin Tarantino réécrit la nuit du 9 août 1969 ; lorsque Antoine Raimbault crée de toute pièce le personnage de Nora (Marina Foïs dans Une intime conviction) pour offrir une autre dramaturgie au médiatique procès Viguier ; lorsque le personnage réel ayant inspiré le personnage principal de La Mule semble n’avoir été écrit que pour être incarné par Clint Eastwood ; lorsqu’un cinéaste comme Pedro Almodovar, se créant à travers le personnage d’Antonio Banderas l’un des plus beaux doubles fictionnels que l’on ait vu depuis longtemps, expose ses souvenirs d’enfance à la lumière de ses obsessions stylistiques ; lorsque (quand bien même nous y avons été moins sensibles, il s’agit de l’un des gestes cinématographiques importants de l’année) le destin de Franz Jägerstätter est exalté par la forme malickienne ; ou lorsque les confessions de Frank Sheeran paraissent être la suite élégiaque des Affranchis ou de Casino... que font, chacun dans des styles différents, tous ces réalisateurs ? De la réalité, ils se font un cinéma. Leur cinéma. Et c’est bien ce que nous attendons d’eux.

La mention implicite de The Irishman nous donne l’occasion de préciser que nous avons, envers et contre tous et pour une année supplémentaire, maintenu notre sempiternelle ligne de conduite visant à nous limiter aux films sortis en salles en France entre le 1er janvier et le 31 décembre 2019 : nous vous renvoyons à notre éditorial d’il y a un an, dont la validité demeure largement, pour saisir la confusion qui habite actuellement notre landerneau. Il reste tout de même, en particulier cette année, cette sensation amère que l’actualité cinématographique, quand elle irradie par-delà les cercles initiés, ne concerne presque plus l’expression artistique : on a évidemment beaucoup parlé d’Adèle Haenel cette année (et il le fallait), et le visage de cette comédienne que nous avons aimée et défendue depuis Naissance des pieuvres ou L’Apollonide (sans parler du choc que fut Les Combattants) a enfin atteint le grand public, mais qui l’aura vue, incandescente, dans le superbe Portrait d’une jeune fille en feu de Céline Sciamma ? (réponse : moins de 300 000 personnes, ce qui est consternant pour un si beau film). Le nom de Roman Polanski a évidemment, et plusieurs fois, alimenté les gazettes, mais son J’accuse n’a presque jamais fait l’objet d’une approche constructive, sereine... cinématographique en somme... Même Les Misérables, l’un des rares succès inattendus de l’année, aura finalement vu son destin réduit à la larme d’un président ou au confus passé judiciaire de son réalisateur. Il ne s’agit pas d’attendre du cinéma qu’il oblitère la réalité, et nous n’aspirons pas à vivre dans un monde régi par l’illusion, mais nous aimons trop le cinéma pour le voir à ce point réduit à un support bénin d’une actualité sociale bien trop frénétique.

Quelques éléments, toutefois, nous donnent espoir en l’avenir : jamais nos enthousiasmes annuels n’avaient en effet accueilli autant de premiers films (Antoine Raimbault, Ladj Ly, Boots Riley), et la découverte progressive, à contre-temps, du cinéma subtil de Ryūsuke Hamaguchi, un an après Senses, continue de nous ravir. En bas de page, vous trouverez également au sein des classements individuels de nombreuses autres pistes pour explorer la belle vivacité du cinéma mondial... et peut-être une partie de son avenir. Bonnes découvertes !

LE CLASSEMENT DE LA RÉDACTION

1. Once Upon a Time... in Hollywood (Quentin Tarantino)



La déclaration d'amour, étonnamment intime, d'un cinémaniaque à son art :
référentiel, pop, chamarré, pétillant... et finalement très émouvant.

 

2. Parasite (Bong Joon-ho)



La maestria formelle du cinéaste et son goût du contre-pied scénaristique
servent un propos politique encore une fois corrosif. Réjouissante Palme d'Or.



3. El Reino (Rodrigo Sorogoyen)



Un thriller politique complexe, porté par un interprète principal minéral
et une dernière partie d'une grande intensité. On en sort remués.



4.. La Mule (Clint Eastwood)



Peu de comédiens pouvaient habiter ce rôle comme Clint Eastwood,
peu de cinéastes pouvaient conférer à ce récit ce classicisme élégant.



5. Asako I&II (Ryusuke Hamaguchi)



Une chronique sentimentale délicate qui déroute et enivre à la fois,
entre mystères, ellipses, poétique du quotidien et vertige amoureux.
 
 

6 ex-aequo. Une intime conviction (Antoine Raimbault)



La précision du travail documentaire préalable autant que de la mise en scène
révèlent l'acuité et la maturité d'un cinéaste prometteur.
L'interprétation est exceptionnelle.



6 ex-aequo. Les Misérables (Ladj Ly)



Ladj Ly connaît bien Montfermeil et c'est paradoxalement la nature documentée de son film
qui lui donne son caractère aberrant : un cocktail Molotov par lequel les enfants de la Vème République
se montrent prêts à lui renvoyer à la face toute la violence qu'elle leur a fait subir.


6 ex aequo. Portrait de la jeune fille en feu (Céline Sciamma)



La splendeur du travail formel ne doit pas cacher la rigueur d'une narration inspirée,
qui multiplie les perspectives et les angles dans les relations entre les différents protagonistes.
Céline Sciamma a décidément une sacrée palette.



9. Ad Astra (James Gray)



Jusqu'aux confins de notre galaxie, James Gray ne parle, même dans des proportions cosmiques, que d'intime :
son périple vers d'autres planètes est le fil étoilé d'un monologue intérieur
témoignant d'un lien filial distendu, jusqu'alors jamais rompu.



10 ex-aequo. Douleur et gloire (Pedro Almodovar)



Pedro Almodovar, à travers un cinéaste double magistralement incarné par Antonio Banderas,
révèle - tout en gardant sa patte inimitable - de son passé, de ses fêlures et de ses regrets. Très émouvant.



10 ex-aequo. Sorry to Bother You (Boots Riley)



Un pamphlet politique souvent hilarant, qui frappe fort en faisant mouche,
et témoigne d'une inventivité hors-normes. You didn't bother us, actually we want more !

LES CLASSEMENTS INDIVIDUELS

STEPHANE BEAUCHET


 

1. Une intime conviction
2. Parasite
3. Les Misérables
4. El Reino
5. J'accuse
6. Roubaix, une lumière
7. Grâce à Dieu
8. Sorry, We Missed You
9. Midsommar
10. Once Upon a time... in Hollywood
11. Us
12. Le Mans 66
13. La Mule
14. Joker
15. Green Book: Sur les routes du Sud

RONNy CHester

1. Once Upon a Time... in Hollywood
2. Joker
3. Parasite
4. Le Traître
5. Ad Astra
6. Portrait de la jeune fille en feu
7. Les Eternels
8. La Mule
9. Bacurau
10. La Fameuse invasion
des ours en Sicile
11. Chambre 212
12. Si Beale Street pouvait parler
13. Sorry to Bother You
14. Le Mans 66
15. Adults in the Room

Mention : The Irishman
(Netflix)

Justin Kwedi

1. Once Upon a Time... in Hollywood
2. Asako I&II
3. Ad Astra
4. Un grand voyage vers la nuit
5. Le Lac aux oies sauvages
6. Les Oiseaux de passage
7. Portrait de la jeune fille en feu
8. Midsommar
9. Les Etendues imaginaires
10. Vif-argent
11. Parasite
12. Liz et l’oiseau bleu
13. El Reino
14. Douleur et gloire
15. Les Eternels

Mention : The Irishman
(Netflix)

ERiCK MAUREL

1. Once Upon a Time... in Hollywood
2. Douleur et gloire
3. Les Misérables
4. Le Traître 
5. Asako I&II
6. Tu mérites un amour
7. Sorry We Missed You
8. Une intime conviction
9. Grâce à Dieu
10. Hors normes
11. Perdrix 
12. La Vie scolaire
13. La Mule 
14. Green Book : Sur les routes du Sud
15. Toy Story 4

Mentions : Trainé sur le bitume
(DTV),  Marriage Story (Netflix)

PHILIPPE PAUL


 

1. El Reino
2. Douleur et gloire
3. Une intime conviction
4. Les Oiseaux de passage
5. Once Upon a Time in... Hollywood
6. Cómprame un revólver
7. Green Book : Sur les routes du Sud
8. Parasite
9. Le Gangster, le flic & l'assassin
10. La Mule
11. Buñuel après l’âge d’or
12. Edmond
13. The Front Runner

Mentions : Trainé sur le bitume
(DTV), 
The Irishman (Netflix)

ANTOINE ROYER

1. Portrait de la jeune fille en feu
2. Parasite
3. Cómprame un revólver
4. Once Upon a Time... in Hollywood
5. Sorry to Bother You
6. El Reino
7. Le Jeune Ahmed
8. Midsommar
9. Us
10. Joker
11. La Mule
12. Green Book : Sur les routes du Sud
13. Une vie cachée
14. Perdrix
15. Roubaix : une lumière


Mentions :
The Irishman (Netflix)

         

JEAN GAVRIL SLUKA

1. Sorry To Bother You
2. The Mountain
3. Her Smell
4. Le Livre d'Image
5. La Mule
6. Asako I & II
7. Les Misérables
8. Ad Astra
9. Les Faussaires de Manhattan
10. Us
11. Jeanne
12. Synonymes
13. Bacurau
14. Le Traître
15. It Must Be Heaven

Mentions : The Irishman
Marriage Story
High Flying Bird
(Netflix)

Par Dvdclassik - le 15 janvier 2020