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Livres

lynchland #1

un livre de Roland Kermarec

Editions Objectif Cinema
Dimension : 14.5 x 21 cm
Format : broché – 96 pages
Prix : 15 euros

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Analyse et Critique

En 1994, Roland Kermarec est étudiant en lettres à l’université de Brest. Passionné par le septième art, il oriente ses recherches sur l’art de David Lynch. Ses travaux de maîtrise se concentrent sur Eraserhead (1977) et les premiers courts métrages du cinéaste. L’année suivante, il rédige un mémoire de DEA autour d’Elephant Man (le film, les textes consacrés à John Merrick …etc).. Afin de compléter son étude, Kermarec remet ses travaux à un ami du cinéaste qu’il rêve d’interviewer.
A partir de cette date, le destin de Roland Kermarec bascule et le fantasme devient réalité. Lynch, séduit par ses recherches et ses analyses, l’invite sur le tournage de son nouveau film : Lost Highway !
Le jeune étudiant réunit alors des fonds pour financer le voyage et retrouve Lynch dans sa demeure de Los Angeles. Armé de son carnet de notes et d’un caméscope, il reste à ses côtés pendant les trois mois du tournage, et mémorise chaque détail de son séjour.
Depuis cette rencontre, Roland Kermarec continue d’étudier l’œuvre de David Lynch (films, sculptures, multimédia …) et s’investit activement sur le site www.lynchland.net. Collaborateur d’Objectif Cinéma, Kermarec s’associe à l’équipe du site afin d’éditer une série d’ouvrages consacrés à David Lynch dont le premier tome est Lynchland # 1. Ce livre inaugure la branche édition d’Objectif Cinéma qui devrait produire d’autres ouvrages consacrés au septième art avec notamment un travail sur La nuit du chasseur de Laughton…

Dans la première partie (Roland Kermarec on the Lost Highway) de Lynchland #1, l’auteur témoigne de sa rencontre avec celui qu’il appelle désormais ‘David’ et évoque sa passion pour le cinéaste. Par la suite, Kermarec parle avec tendresse et nostalgie de tous les comédiens disparus qui ont donné vie aux personnages inventés par Lynch. Il revient notamment sur la longue carrière de Richard Farnworth, de ses débuts en tant que cascadeur dans les westerns de la Paramount (1937) jusqu’à son rôle, oh combien sublime, de A Straight Story où il interprète ce personnage qui traverse les USA sur une tondeuse à gazon pour rejoindre son frère.

Le troisième chapitre est consacré à une comparaison des carrières respectives de David Lynch et John Waters. Kermarec souligne les nombreux points communs entre les deux cinéastes : leur attachement aux années 50 (The Pretty Fifties), leur goût pour les héros excentriques ou encore le regard acide qu’ils posent sur la ‘middle class’ américaine.
La quatrième partie (la plus courte) se focalise sur le rapport que David Lynch entretient avec les nouvelles technologies (caméras numériques, internet, effets spéciaux …) tandis que l’avant dernier chapitre détaille la genèse et le développement de la fameuse ‘vache folle’ de Lynch (sculpture ‘sanglante’ qu’il réalisa pour la cow parade de NY en 2000).

Enfin, l’ouvrage se clôt sur un article intitulé ‘David on the road again’ qui décrit lui aussi la naissance et l’aboutissement d’une œuvre du cinéaste : Mullholand Drive. On y apprend notamment comment les rapports que le cinéaste entretenaient avec la télévision (à l’origine le film devait prendre la forme d’une série TV) se sont dégradés et ont abouti à une aversion totale de l’artiste pour ce média.


Ces six chapitres se présentent finalement comme autant de façon d’aborder le cinéma de David Lynch. Kermarec nous prouve ainsi que David Lynch n’est pas qu’un réalisateur de talent mais également un vidéaste, sculpteur, peintre, bref un artiste à part entière.

Notons aussi que l’auteur, dont on attend avec impatience le prochain opus (Lynchland #2 devrait être consacré à la période Eraserhead), ne se pose jamais comme un analyste intellectualisant l’œuvre de Lynch. Son travail est davantage celui d’un scientifique recueillant précieusement chaque information pour en témoigner avec simplicité. D’un tel ouvrage on aurait pu craindre une certaine ‘froideur’, mais il n’en est rien : au-delà du témoignage unique qu’il nous offre, l’émotion liée à son admiration pour Lynch transparaît à chaque page. Kermarec laisse une impression de passion, Lynchland #1 est un ouvrage remarquable !

Par François-Olivier Lefèvre - le 10 novembre 2004