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Dossiers

Introduction à la série

Les épisodes de la saison 1

Les épisodes de la saison 2

Les épisodes de la saison 3

Les épisodes de la saison 4

Les Episodes de la saison 5

A signaler d'emblée que tous ces textes devraient être garantis sans importants spoilers.

  • 5.01- Legacy of Hate
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : Frank Chase
  • Guest stars : Jo Van Fleet & Jeremy Slate
  • Première diffusion 14/09/1966 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 6/10

Le Pitch : John Grainger (Charles Bickford) vient prendre la succession du juge Garth et de Morgan Starr à la tête du ranch Shiloh : il a amené avec lui ses deux petits-enfants, Elizabeth et Stacey. A peine arrivé, ce dernier vient déjà de passer quelques heures dans la prison de Medicine Bow du fait de s’être battu. Le Virginien attend de voir comment va se comporter son nouveau patron avant de décider s’il va ou non rester en tant que régisseur. Grainger va avoir fort à faire dans l’immédiat à cause de sa plus proche voisine (Jo Van Fleet) qu'il connaît bien et qui semble lui porter une rancune tenace depuis plus de 25 ans, date de la mort de son époux...

Mon avis : Beaucoup de changements dans le casting pour cette nouvelle saison ; nous ne retrouverons ainsi plus ni le Juge Garth (Lee J. Cobb) ni Morgan Starr (John Dehner), pas plus que Randy (Randy Boone) ou encore Jennifer (Diane Roter). Plus curieux car un peu inatendu, Clu Gulager - alias le shérif Ryker - n’est plus lui non plus crédité au générique de début qui a lui aussi pas mal évolué, tout du moins très logiquement parmi les têtes qui défilent à cheval sur le thème musical toujours aussi sympathique et plein d’allant de Percy Faith. En allant fouiller un peu il s’avère que cet excellent comédien qu'est Gulager - finalement plus mémorable lorsqu’il jouait les guest stars dans les deux premières saisons que lorsqu’il endossera plus tard la défroque récurrente de l’homme de loi de Medicine Bow - fera encore quelques apparitions ici et là mais assez rarement. On peut le déplorer, même si le très bon Ross Elliott est au contraire réapparu dans le rôle du shérif Mark Abbott sans que l’on nous donne des explications sur sa très longue absence. Raison de plus pour dire à nouveau qu’il s’agit d’une série dont nous pouvons sans problème visionner les épisodes indépendamment les uns des autres ; même s’il demeure bien heureusement pour les aficionados quelques petits éléments de continuité, leur méconnaissance ne saurait gâcher le plaisir de ceux qui abordent la série par n’importe quel sens et visionnent les épisodes dans n’importe quel ordre.

Pour en revenir à Legacy of Hate, l’épisode est bien plus intéressant pour sa présentation des nouveaux venus que par son intrigue proprement dite qui s’avère bien mince pour vraiment parvenir à nous captiver sur toute sa durée. Nous faisons donc connaissance avec la famille Grainger, le grand-père qui vient prendre la succession de Morgan Starr ainsi que ses deux petits-enfants, Elizabeth et Stacey, tous deux la vingtaine. Leurs parents ont été tués dix ans plus tôt lors d'un raid perpétré par des Indiens. John, c’est Charles Bickford, bien connu des cinéphiles pour avoir joué dans moult grands classiques des années 40 et 50 ; les westernophiles se souviennent de lui pour avoir entre autres été le grand propriétaire terrien dans Les Grands espaces (The Big Country) de William Wyler ou encore le père du prétendant d'Audrey Hepburn dans Le Vent de la plaine (The Unforgiven) de John Huston. Tout cela, c’était durant les dernières années de sa carrière, qu’il terminera d’ailleurs avec Le Virginien puisqu’il décèdera dès le milieu de la saison suivante, ayant néanmoins eu l’occasion d’officier durant une petite vingtaine d’épisodes. "This is the last stop, Stacey. This is the place I've been dreaming about all my life" dit John Grainger en arrivant à Shiloh : le décès de l’acteur dans les mois à venir rend cette phrase encore plus émouvante. En attendant, le nouveau propriétaire de Shiloh a su convaincre le Virginien qui décide de rester travailler pour lui ; peut-être pour l’instant un peu moins le spectateur même si son talent demeure intact. Il faut dire qu’il succède à deux monstres sacrés sacrément charismatiques et que son personnage n’a pas encore eu le temps de bien s’affirmer durant cette histoire de rancœur et de rivalité qui se terminera d’une manière positive.

La petite-fille de Grainger, Elizabeth, est interprétée par Sara Lane dont ce sera le seul rôle d’importance : elle a beau être ravissante, pour l’instant rien ne laisse présager non plus si son personnage deviendra ou non intéressant et si la comédienne saura nous séduire plus que par son joli minois. Enfin le frère de la jeune fille est joué par Don quine, dont nous pouvons pour l’instant dire exactement la même chose. Stacey a beau sembler être une forte tête qui amènerait un peu de sel supplémentaire à une famille un peu trop sage, l’acteur sera-t-il à la hauteur pour nous rendre son personnage riche et attachant ? Mais laissons-leur à chacun faire leurs preuves et nous déciderons un peu plus tard si cette nouvelle famille à la tête de Shiloh aura réussi à nous faire oublier les prédécesseurs. Parmi les guest stars nous retiendrons, plus que Jeremy Slate (Les 4 fils de Katie Elder, 100 dollars pour un shérif, tous deux signés Henry Hathaway) qui n’a pas l’occasion de pouvoir prouver grand-chose, une talentueuse Jo Van Fleet - inoubliable dans Le Fleuve Sauvage (Wild River) d'Elia Kazan - dans le rôle de la voisine acariâtre de Shiloh, celle qui ne supporte pas de savoir que le nouveau propriétaire du ranch soit un homme pour qui elle semble avoir une profonde rancœur. Elle lui fait en quelque sorte porter le chapeau de la mort de son mari voilà plus de 25 ans. On devine ainsi aisément les conflits qui vont être générés mais on regrette néanmoins que la tension dramatique ne soit pas spécialement de la partie : Don McDougall à la réalisation et Frank Chase à l’écriture accomplissent certes correctement leur travail mais ils nous avaient auparavant souvent démontré qu’ils étaient capables de faire beaucoup mieux.

Nous avons donc dans cet épisode une équipe grandement renouvelée. Ajoutez à cela un Virginien qui narre à quelques reprises l’intrigue en voix-off, quelques nouveaux lieux de tournage ainsi que de nouveaux thèmes musicaux et nous pouvons presque dire nous trouver devant une nouvelle série ! Plaisanterie mise à part, il n’est pas désagréable de partir sur de nouvelles bases afin que la série ne tourne pas trop en rond. Avec Legacy of Hate et son histoire de vol de bétail conjuguée à une rivalité entre deux ranchers, cette nouvelle mise en place se fait intempestivement bavarde et peut-être trop en douceur ; mais nous guetterons néanmoins la suite avec curiosité car l’ensemble fut néanmoins loin d’être désagréable. Signalons quand même que James Drury semble ici un peu en retrait malgré un rôle de relative importance alors que Doug McClure ne fait une apparition que dans les dix dernières minutes. Enfin, on relèvera un joli happy-end grâce à Jo van Fleet, parfaite dans le rôle de cette vieille femme aigrie par la solitude et l’amertume.
 

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  • 5.02- Ride to Delphi
  • Réalisation : Anton Leader
  • Scénario : Andy Lewis
  • Guest stars : Angie Dickinson
  • Première diffusion 21/09/1966 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 6/10

Le Pitch : Lemoine et Buxton (Warren Oates) viennent de vendre un troupeau à Shiloh mais le lendemain de leur départ il manque cinq bêtes. Le Virginien part à leur recherche. Il pense avoir trouvé le larron près de Delphi en la personne de Kiley, un fermier noir, et va demander de l’aide au shérif de la ville pour pouvoir enquêter. Sur place il croit reconnaitre Annie (Angie Dickinson), une femme qu’il a autrefois aimée et qui est maintenant la belle-mère de Lemoine. Un peu plus tard, un indice lui fait comprendre que son voleur pourrait bien être ce dernier mais Kiley, le seul à pouvoir l’identifier, est retrouvé mort ; le Virginien va être accusé de ce meurtre...

Mon avis : A peine avons-nous fait connaissance avec la nouvelle famille propriétaire du ranch Shiloh que les auteurs l’oublient déjà, faisant faire à leurs membres une courte apparition en début et fin d'épisode pour les laisser tomber entretemps. En effet, le seul protagoniste récurrent de la série à venir officier ici est le Virginien en personne, un James Drury qui s’avère toujours aussi convaincant et qui n’a rien perdu de son mordant ni de sa ténacité. Au cours de cette histoire, il va se voir accusé d’un meurtre qu’il n’a évidemment pas commis car les spectateurs que nous sommes serons une fois encore bien en avance sur les personnages quant à l’intrigue - c'est une des particularités de la série -, sachant dès le départ qui sont les voleurs recherchés par le Virginien et qui sont les coupables du crime, tout simplement les deux cow-boys venus lui vendre leur bétail. Malgré quelques réticences plus liées à la peur qu’à une mauvaise conscience, le jeune Lemoine laisse faire son comparse Buxton (très bon Warren Oates) lorsqu’il décide en repartant de s’accaparer cinq bêtes du troupeau afin de se faire de l’argent de poche pour pouvoir aller s’amuser en ville. Ce sont deux jeunes délinquants, a priori pas plus méchants que ça, vont se transformer en criminels par crainte de se faire démasquer et faire porter le chapeau au régisseur de Shiloh. Toute l’intrigue va tourner autour du procès dans une deuxième partie bien moins captivante que la première, au cours de laquelle venait s’ajouter le mystère concernant le passé d'Annie, une femme que semble reconnaitre le Virginien comme l’une de ses ex mais qui fait tout pour le détromper.

Annie, c’est la Feathers de Rio Bravo, la superbe Angie Dickinson qui se révèle ici également très bien, une femme qui ne veut surtout pas que son époux très conservateur découvre qu’elle travaillait autrefois dans un saloon à Abilene de peur d’être répudiée faute à son trouble passé, et qui va donc se trouver très mal à l’aise lorsqu’elle va être alpaguée dans la rue par l’un de ceux qui la fréquentait à l’époque, en l’occurrence le Virginien. Celui-ci comprend vite qu’elle souhaite ne pas être reconnue mais se trouve à son tour très embarrassé lorsqu’il est invité à diner chez la famille ; en effet, le jeune Lemoine a assisté au petit manège entre les deux et, espérant en savoir plus quitte à pouvoir opérer un chantage, a demandé au Virginien de leur rendre visite à l’occasion d’un repas. Le mari d'Annie est l’homme qui a vendu le bétail à Grainger en début d'épisode - le jeune Lemoine étant bien évidement son fils - et il profite de l’occasion de la venue du Virginien à Delphi pour le rencontrer et demander des nouvelles de Shiloh. Le comédien l’interprétant n’est autre que Harold J. Stone que l’on avait déjà croisé peu de temps auparavant dans la série. C’est lui qui avait endossé le rôle de l’affable commerçant/rabbin dans le dernier épisode de la précédente saison, The Mark of a Man ; il se montre à nouveau excellent ici. Les retrouvailles en secret d'Annie et du Virginien sont l’occasion d’une très jolie séquence mettant en avant le talent dramatique des deux acteurs. Pas mal d’imbroglios plus tard et le voilà emmené en prison suite à la découverte du corps d’un fermier noir qu’il soupçonnait de vol mais qui niant en bloc avait accepté de venir en ville identifier le véritable détrousseur parmi tous les habitants, capable de le reconnaitre puisque c’est lui qui lui aurait revendu les vaches volées.

Les véritables coupables de cette tragédie, on le sait donc très bien, ce sont les deux jeunes cowboys : Lemoine est incarné par un Ron Russell pas spécialement aguerri pour ce rôle de pleutre et de lâche, ce qui n’est pas le cas de Buxton, son vaurien d’acolyte, que Warren Oates parvient à rendre vraiment inquiétant. Quoi qu'il en soit c'est l'intendant de Shiloh qui se retrouve sur le banc des accusés. Nous avons assisté à plusieurs procès tout au long de la série ; j’ai déjà oublié ce qui se passait dans celui qui se déroule au cours de cet épisode tellement il m’avait semblé sans surprises ni objets de discussions spécialement intéressantes. Il faut dire que les auteurs Andy Lewis et Don Tait avaient précédemment signé deux des épisodes les plus faibles de la série et que si l’intrigue avait tous les atouts pour s'avérer captivante, le scénario peine à combler les attentes suscitées par le postulat de départ, au final plutôt inodore même, le point le plus faible de cette fiction par ailleurs loin d’être mauvaise ni désagréable, loin s’en faut. Parmi les petites surprises de ce scénario, le personnage du fermier noir - le comédien Bernie Hamilton - toujours accompagné de ses deux fils ; ils offrent un vrai plus à l’intrigue et sont de la partie lors de la seule véritable scène d’action pleine de suspense de Ride to Delphi qui se terminera par le drame que l’on sait et qui va amener le Virginien devant le tribunal. On trouve également John Kellog dans le rôle d’un shérif qui ne voit pas pourquoi se mêler des affaires du Virginien et lui refuse son soutien au maximum d’autant qu’il lui demande de l’aider à confondre le fermier qu’il sait pertinemment être un honnête homme ; une assez bonne idée que cette volonté de montrer le héros de la série en train de se fourvoyer par entêtement et se voir contrer par un homme de loi qui va se révéler avoir raison.

Encore une fois, dommage que le réalisateur choisi pour mettre en scène cette histoire soit Anton Leader, décidément pas le plus doué de la série, ses nuits américaines continuant de s’avérer assez épouvantables. Il ne possède pas le talent nécessaire pour magnifier cette intéressante intrigue et nous livre un épisode certes très honorable grâce aux imbrications des pistes dramatiques et surtout à une très bonne interprétation d’ensemble, mais il ne parvient pas à se hisser très haut. Cette cinquième saison commence vraiment trop en douceur même si le plaisir est néanmoins au rendez-vous. Espérons cependant un sursaut rapide afin de tomber sur un grand épisode capable de relancer notre enthousiasme un tout petit peu émoussé !

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  • 5.03- The Captive
  • Réalisation : Don Weis
  • Scénario : Peter Packer
  • Guest stars : Susan Strasberg
  • Première diffusion 28/09/1966 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 3.5/10

Le Pitch : Alors qu’ils rassemblent du bétail, Trampas et Stacey tombent sur un trio d’Indiens Arapahos en train de leur voler quelques bêtes ; il s'agit d'un couple et de leur fille adoptive Liliota (Susan Strasberg). Les deux adultes sont renvoyés dans leur réserve tandis que les autorités décident que la jeune fille sera gardée à Shiloh jusqu’à ce que l’on retrouve ses parents biologiques et malgré le fait qu’elle aurait préféré rester vivre auprès de sa tribu. Les trois membres de la famille Grainger vont tenter de "l’apprivoiser" sans grand succès jusqu’au jour où un couple se présente pensant avoir retrouvé en Liliota leur fille Katherine...

Mon avis : Après un début de saison assez mollasson même si tout à fait honorable, on se prenait à rêver avec ce troisième épisode à un véritable redémarrage, avec en plus les membres de la famille Grainger enfin comptés parmi les protagonistes principaux, jusque-là un peu mis en retrait malgré leur importance en tant que nouveaux arrivants. Les dix premières minutes renforçaient cet espoir, les premières séquences en extérieurs étant très bien filmées et en plus au sein de paysages qui n’avaient semble-t-il pas encore été foulés par nos cowboys de Shiloh. Trampas et le jeune Stanley Grainger rassemblent du bétail lorsqu’ils tombent sur quelques-unes de leurs vaches emmenées par un trio d’Indiens constitué par un couple d’âge mûr et une jeune fille. En les arrêtant pour récupérer leur bien, nos deux hommes se rendent compte que la jeune femme est de "race" blanche. Ils sont tous trois conduits devant le shérif et une décision est prise : renvoyer le couple à la réserve indienne - sans les punir plus avant puisqu'ils ne s'avèrent pas de mauvais bougres, n'ayant volé que parce qu’ils étaient affamés - mais garder leur fille afin de rechercher ses parents biologiques. On estime que ces derniers doivent avoir la priorité sur les parents adoptifs même si ce n’est pas du tout l’avis de la principale intéressée.

On constate à la lecture de cette description que l’épisode aurait pu faire l’objet d’une réflexion passionnante à ce sujet (liens du sang plus forts que tout autres ?) sauf que les points de vue deviennent rapidement unidimensionnels, les Indiens étant même totalement oubliés à mi-parcours, la jeune fille devant impérativement retrouver une vie familiale parmi les Blancs ! Et c’est ce qui arrivera avec de la joie pour tout le monde à la fin de cet épisode qui se sera vite avéré laborieux une fois les idées des auteurs bien posées et auxquelles il ne dérogeront plus, le débat étant quasiment clos d'emblée. Étonnant et surtout un peu désagréable pour une série qui durant ses quatre premières saisons s’était érigée comme éminemment progressiste ! Les Indiens n’auront pas leur mot à dire ; et de toute façon, ils ont dû réintégrer leur réserve sans broncher pour ne plus jamais réapparaitre, y compris au sein des conversations. On croit rêver ou plutôt faire un cauchemar en espérant que la série saura ensuite se relever de cette déplaisante leçon de moralisme douteux. On imagine que ce n’était pas intentionnellement méchant mais un léger relent de racisme est bien présent même si le couple indien côtoyé au départ s’avérait plutôt sympathique. Les séquences où la jeune métisse fait connaissance avec la civilisation à travers des objets dont elle ne soupçonnait même pas l’existence, même si déjà vu dans de nombreux films dont pas mal réalisés par Cecil B. DeMille, s’avèrent plus ridicules qu’émouvantes ou amusantes.

Une fois Liliota arrivée chez les Grainger, l’épisode ne va quasiment plus tourner qu’autour des essais d’apprivoiser la jeune captive par les trois membres de la famille. Nous pouvons donc ainsi les voir plus longuement "en action" que lors des deux précédents épisodes ; ils ne sont pas forcément désagréables mais ne nous font pas non plus encore forte impression. Peut-être plus tard ? Quoi qu’il en soit, le scénario s’avère assez vite très répétitif et pas forcément captivant : Stacey vient essayer de faire sortir la jeune métisse de sa coquille, elle se renferme encore plus ; Elizabeth, compatissante, vient essayer de s’en faire une amie, cette dernière rechigne et continue à bouder ; leur père tente lui aussi de lui faire comprendre les raisons de sa "captivité", elle ne veut pas en entendre parler ni encore plus aller dans son sens. Et le scénario de l’auteur de télévision Peter Packer ne nous donne pas grand-chose d’autre à se mettre sous la dent ; il n’a d’ailleurs pas fait grand-chose de réputé au vu de sa filmographie et l'on peut aisément comprendre pourquoi au vu de ce script Quant à Don Weis, qui fut le chouchou de tout un panel de cinéphiles pour l’un de ses premiers pas dans le cinéma avec un film devenu culte en France dans les années 60/70, le pourtant assez médiocre Les Aventures de Hadji (The Adventures of Hajji Baba) joué par John Derek et Elaine Stewart, il confirme qu’il n’avait pas beaucoup évolué depuis cette époque, incapable - si ce n'est durant les premières séquences - de relever la sauce. L'ensemble s’avère bien plan-plan, bien tiédasse ; quant aux scènes qui essaient de reconstituer l’enlèvement de la petite fille douze ans auparavant, elles sont assez navrantes niveau mise en scène.

Ce n’est donc pas avec cet épisode que nous allons commencer à vanter les qualités de la cinquième saison. Il promettait pourtant beaucoup au départ - une réflexion sur les liens du sang dans la lignée de La Prisonnière du désert par exemple - mais dure et s’éternise pour au final nous sortir une morale assez rance et loin d’être sur la ligne progressiste de la série dans ses meilleurs moments. Et cela même si certains protagonistes tentent de réfléchir à la situation à quelques brèves reprises. La jeune Blanche, adoptée depuis sa plus tendre enfance par des Indiens qui l’ont élevée avec amour, devra néanmoins vivre désormais dans le monde des Blancs où elle sera bien "plus à sa place" ; cela pourrait finalement s'apparenter à de la noirceur mais le mièvre happy-end vient le contredire. On retiendra néanmoins une bonne interprétation d’ensemble même si la pauvre Susan Strasberg s’est vu octroyer un rôle assez ingrat pour lequel elle dut faire quasiment la même chose durant toute la durée du récit. S'il y eut encore de plus mauvais épisodes du Virginien, cela n’empêche pas celui-ci de faire partie des plus faiblards et des moins satisfaisants depuis le début de la série. Quoi qu'il en soit, les amateurs de drames familiaux seront plus à la fête que les aficionados de westerns.

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  • 5.04- An Echo of Thunder
  • Réalisation : Abner Biberman
  • Scénario : Don Ingalls
  • Guest stars : John Anderson
  • Première diffusion 05/10/1966 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 8/10

Le Pitch : Arrivé dans une petite ville du Colorado où il est venu livrer des chevaux, Trampas demande l’autorisation au Virginien d’y rester quelques jours pour rendre visite à un ami ; mais il arrive juste au moment où se déroulent les funérailles de ce dernier. Alors qu'il veut savoir ce qu’il lui est arrivé, on lui donne des versions contradictoires : celle du beau-frère du défunt, le shérif de la ville, diffère beaucoup de celle du jeune Chico. Trouvant les circonstances de la mort de son ami assez troubles, il décide d’enquêter plus profondément mais se heurte vite aux deux menaçants hommes de main du shérif dont l’inquiétant Morrell (John Anderson)...

Mon avis : Le voilà l’épisode qui nous rassure enfin quant à une saison 5 capable après un démarrage assez laborieux de nous apporter son lot de pépites ; en voici donc déjà une première en espérant qu’elle sera suivie par bien d’autres ! Il s’agit d’un épisode ne mettant en scène que Trampas parmi les protagonistes principaux, après une rapide apparition du Virginien au tout début, le régisseur donnant à son cowboy l’autorisation de rester quelques jours dans la petite ville du Colorado où ils sont venus vendre des chevaux afin qu'il puisse aller rendre visite à un vieil ami. Les épisodes au cours desquels Trampas se retrouve seul dans une région éloignée du Wyoming et où il se met dans de difficiles situations ont déjà fourni à la série plusieurs de ses meilleurs épisodes. Il en est de même avec An Echo of Thunder, seule participation au Virginien du réalisateur Abner Biberman. Attention, à ne pas confondre avec Herbert Biberman, auteur entre autres du puissant film semi-documentaire Salt of the Earth (Le Sel de la Terre) ! Le Biberman qui nous concerne ici fut tout d’abord journaliste puis acteur de théâtre avant d’interpréter d’innombrables seconds rôles au cinéma. Peu apprécié sur les tournages en raison de son caractère teigneux, il fut ensuite embauché par le studio Universal afin de former en art dramatique leurs nouvelles recrues puis passa à la réalisation. Une arme pour un lâche (Gun for a Coward), son sixième film, entrait dans la catégorie des westerns familiaux à tendance psychologique avec comme différence que l’accent était principalement mis sur les plus jeunes ; il s'agissait déjà d'une petite réussite du genre.

Quant au scénariste Don Ingalls, il fut déjà l’auteur de trois très bons épisodes de la série : Smile of a Dragon dans la saison 2, ainsi que plus tôt encore Duel at Shiloh, le remake du film de King Vidor L’Homme qui n’a pas d’étoile (Man Without a Star), et enfin tout récemment, en fin de quatrième saison, le très bon Day of the Scorpion avec déjà John Anderson. Même si cela tenait du pur hasard, le comédien aurait pu se vanter d’être une des valeurs les plus sûres de la série puisque les quatre épisodes - très sombres - pour lesquels il fut au générique font partie des plus mémorables. Outre celui qui nous concerne ici, citons les deux autres : les formidablement noirs et puissants Throw a Long Rope, 3ème épisode de la série, ainsi que peut-être le meilleur de tous jusqu'à cette date, l'étonnant Harvest of Strangers. Autre intervenant prestigieux venant s’inviter pour une unique fois au sein de la série, l’immense musicien Franz Waxman (Rebecca, Sunset Boulevard, Fenêtre sur cour... et tant d'autres) qui ici encore marquera nos oreilles. De plusieurs manières d’ailleurs : très surprenant lorsqu’il compose un thème assez guilleret - et entêtant - pour le personnage de Trampas ou encore lorsqu'il utilise un ocarina pour celui du jeune Chico ; très efficace pour toutes les séquences les plus dramatiques. Bref, rien que la lecture du "Full Cast & Crew" sur le site Imdb pouvait faire pressentir un tel accomplissement et la vision de l’épisode vient largement le confirmer.

Rien à redire niveau mise en scène puisque Abner Biberman emballe le tout avec une grande efficacité, tout autant au niveau de la direction d’acteurs que dans la gestion d’un suspense parfois très tendu, ou encore dans sa manière de filmer les scènes d’action, l’épisode se concluant par un duel de haute volée rondement bien mené. On saluera également son montage très original, probablement inspiré par son scénariste puisque beaucoup de séquences seront coupées assez brutalement juste au moment où nous aurions pu en apprendre un peu plus. Une fois n’est pas coutume, la plupart des protagonistes de l’histoire sont cette fois en avance sur le spectateur. L’écriture est donc toute aussi admirable, le récit restant intrigant et captivant de bout en bout, les répliques fusant avec intelligence, le scénario étant tout autant réussi concernant le déroulement de l'intrigue que pour la richesse dans la description de ses divers protagonistes. Il faut dire aussi que le casting est parfait : outre Doug McClure, on applaudira donc une fois encore John Anderson dans le rôle d’un inquiétant salaud ainsi que Brendon Boon dans celui de son coéquipier, les deux actrices que sont Indus Arthur (la sœur du défunt) et surtout Barbara Werle (l’entraineuse de saloon) pour sa quatrième participation à la série, mais également Linden Chiles (l’homme d’affaires), Jason Evers (le shérif nerveux) et même le jeune Mark Miranda qui évite les clichés du petit Mexicain et s’avère vraiment très crédible, notamment lors de la séquence où la dextérité de Trampas lui laisse échapper un rire aux éclats qu’on dirait filmé à son insu tellement il semble totalement sincère.

Un western louchant sur le film noir par l’enquête que mène Trampas pour comprendre et élucider les raisons de la mort de son ami dans un patelin où les habitants ne semblent pas avoir la conscience tranquille : un thème récurrent du genre et qui a souvent donné naissance à de grands films ; une fiction à l’écriture, aux dialogues, à la mise en scène, à la musique et à l’interprétation hors pair... Pour retrouver Don Ingalls au scénario, il faudra désormais attendre la saison 7 ; mais misons sur le fait qu’il avait des collègues tout aussi doués qui ne nous feront pas patienter jusque-là pour retomber sur un autre formidable épisode. An Echo of Thunder devrait néanmoins convaincre les plus réticents qui auraient pu penser que Le Virginien n’était qu’une série familiale de plus, comme l’avait par exemple suggéré l’auteur Louis-Stéphane Ulysse dans son histoire du western. Peut-être n’était-il tombé que sur des épisodes comme le précédent car il n’aurait pas pu écrire la même chose en visionnant celui-ci.

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  • 5.05- Jacob Was a Plain Man
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : Eric Bercovici
  • Guest stars : Aldo Ray
  • Première diffusion 12/10/1966 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 4/10

Le Pitch : Stacey s’inquiète de la disparition de Jake (Aldo Ray), un sourd-muet qu’il avait pris sous son aile. Flash-back : Jake a accidentellement tué un homme alors qu’il avait été provoqué dans le saloon d’une petite ville éloignée de Medicine Bow. Par peur d’être arrêté et pendu, il s’était enfui de cette bourgade et avait atterri au ranch Shiloh. Le Virginien avait accepté de l’embaucher et Stacey s’était occupé de son éducation. Tout allait pour le mieux sauf que Jack était toujours recherché pour meurtre et que dans le même temps deux cowboys craignent qu’il finisse par comprendre leurs magouilles depuis qu’il les a surpris à cacher du bétail...

Mon avis : Heureusement que l’épisode précédent était là pour nous redonner espoir, car si nous avions découvert celui-ci avant, notre moral aurait été au plus bas, découvrant que même l’excellent et jusqu’à présent toujours constant Don McDougall perdait pied lui aussi en signant ce Jacob Was a Plain Man, non pas déshonorant mais assez vite fade et ennuyeux. Et puis comment expliquer que le réalisateur ait pu laisser passer durant une séquence entière des gros plans sur lesquels le chef opérateur n’a pas fait le point, totalement flous sur le visage de Don Quine à plusieurs reprises et durant quelques longues secondes ?! Un manque de conviction ? Et puis sans que ce ne soit en sa faveur, il est difficile de ne pas comparer cet épisode avec le 9ème de la deuxième saison, Run Quiet, qui voyait un Clu Gulager pré-Ryker dans le rôle d’un jeune sourd-muet clochardisé qui, molesté par deux cow-boys, était pris en pitié par Steve qui décidait de l’emmener à Shiloh et le faire embaucher par le Virginien le temps qu’il gagne assez d’argent pour repartir sur de bonnes bases. Mais cet homme au tempérament violent allait lui causer des ennuis surtout lorsqu’on le surprenait sur les lieux d’un crime qui venait d’avoir lieu ; principal suspect, il fuyait la prison...

Comme on peut le constater si l’on se souvient de l’épisode ou encore à la simple lecture de ce pitch, il existe donc de très nombreuses similitudes entre ces deux fictions, deux récits d’apprentissage qui se transforment en tragédie à partir du moment où les handicapés incapables de se défendre sont accusés de meurtres, deux histoires de deux sourds-muets rejetés par beaucoup sauf par quelques rares personnes bienveillantes ou encore par ceux qui, le considérant comme un idiot, décident de profiter de son handicap pour l'exploiter. Clu Gulager portait l’épisode sur ses épaules sans trop en faire, sans caricaturer mais au contraire toujours extrêmement juste, s’avérant formidablement plausible en sourd-muet. Mais alors que son personnage était violent, il n’en est pas de même pour celui qu’incarne Aldo Ray, Jack étant un homme profondément brave et gentil qui provoque des drames plus par accident et maladresse. C’est donc l’attachant Aldo Ray (excellent et très drôle dès ses premiers pas dans Pat and Mike ou The Marrying Kind sous la direction de George Cukor qui le fit réellement décoller, inoubliable dans le méconnu et superbe Nightfall de Jacques Tourneur mais surtout connu pour avoir joué dans beaucoup de grands films de guerre à la fin des années 50) qui interprète le sourd-muet dans Jacob Was a Plain Man. Au sein de la série, il formait déjà avec Lee J. Cobb dès le sixième épisode, le réjouissant Big Day, Great Day, un duo absolument jubilatoire et dont l’alchimie fonctionnait à merveille, aidant à la réussite de cette histoire sans thématique principale autre que l’amitié et ce qu’on peut être capable de faire pour ne pas la briser même si c’est pour dévier de son éthique et fermer les yeux sur certains faits peu glorieux ; joli sujet !

Pour en revenir à nos moutons - où plutôt à nos deaf-and-dumb -, le comédien n’est aucunement en cause concernant le semi-ratage de cet épisode même si la prestation de Clu Gulager fut plus mémorable. Il est cependant lui aussi assez convaincant dans ce rôle de composition, seulement son personnage n’est pas aussi bien écrit que celui interprété par son prédécesseur et surtout le scénario fait vite du sur-place sans plus jamais nous captiver dès sa seconde moitié, paradoxalement à partir du moment où le suspense devient croissant et où l’action commence à prendre le pas sur le récit initiatique et de tolérance. Ni le réalisateur ni les comédiens ne sont donc pas vraiment à blâmer - quoique la clique des Grainger continue à nous faire penser qu’il faudra un grand scénariste ou un grand directeur d’acteurs pour faire prendre plus d’ampleur, de charisme et de chair à ses membres, si tant est que ce soit faisable. La faute principale de cette tiédeur ambiante incombe ici principalement au scénariste Eric Bercovici, qui non seulement finit par nous lasser très rapidement par un peu trop de mièvrerie mais fait également se terminer son récit d’une manière abrupte et totalement décevante. Ainsi le Virginien fait son apparition comme un cheveu sur la soupe pour régler l’affaire en un tournemain, sorte de cavalerie à lui tout seul. Au final, les séquences plus "familiales" du flash-back de la première moitié de l'épisode se seront avérées plus sympathiques, le joli minois de Sara Lane - qui a rarement été aussi charmante - faisant son effet tout comme la voix-off très douce de Don Quine qui narre le récit.

Malgré la déception, on retiendra l’interprétation assez nuancée d'Aldo Ray, quelques notes touchantes (le père qui se félicite en secret de la gentillesse et de la bienveillance de son fils ; l’amitié qui se noue entre ce dernier et son protégé à qui il apprend à lire et à écrire), d’autres toujours intéressantes même si pas très nouvelles sur la haine qu’inspiraient aux hommes de loi les chasseurs de prime ("A bounty hunter, sure hate to see his kind around Medicine Bow") et enfin quelques jolies phrases sur la désespérance du handicap : "He must be a very lonely man. It must be terrible to live all alone inside himself like that... Not being able to talk or hear. Not being able to tell anyone what you want or how you feel. Just silence all the time." Pas déshonorant - on a vu pire au sein de la série - mais loin non plus d'être captivant.

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  • 5.06- The Challenge
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : Joy Dexter & Harry Kronman
  • Guests stars : Dan Duryea
  • Première diffusion 19/10/1966 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 5/10

Le Pitch : A Medicine Bow, tout le monde se demande où a bien pu passer Trampas qui semble s’être volatilisé depuis quelques jours sans prévenir qui que ce soit. Le cowboy de Shiloh n’est néanmoins pas mort puisqu’il arrive blessé et amnésique chez les Crayton, qui décident de le garder afin de le soigner et de le lui faire retrouver la mémoire. Cependant le patriarche (Dan Duryea) craint qu’il ne fasse partie de la bande de dangereux bandits qui vient d’attaquer une diligence tuant tous ses passagers, d’autant que son fils Bobby a vu qu’il portait le revolver nacré dont on sait qu’il appartient au leader du gang...

Mon avis : Don McDougall à la baguette ne parvient toujours pas à retrouver un scénario à la hauteur, en l'occurrence une histoire pourtant signée par Joy Dexter, l’auteur d’un bon épisode de la saison précédente, Chaff in the Wind, celui dans lequel Ed Begley arrivait avec son fils et sa fille à Shiloh après s’être fait rejeté un peu de partout pour cause d'escroqueries. Malheureusement et malgré en guest star principale l’excellent Dan Duryea, l’épisode est bien moins intéressant, pas déshonorant mais globalement très moyen. Il débute à la gare de Medicine Bow où l’on voit Grainger et le Virginien s’inquiéter de ne pas voir une fois de plus Trampas descendre du train ; il est en effet parti depuis plusieurs jours mais toujours pas rentré alors que cela aurait dû être le cas depuis un long moment ; et puis ce n’est pas dans ses habitudes de ne pas donner de nouvelles. Si le patron et le régisseur semblent craindre le pire, le spectateur est immédiatement rassuré puisqu’on retrouve le cowboy de Shiloh dès la séquence suivante, certes en fâcheuse posture mais seulement évanoui et blessé à la tête. Il se relève et, titubant, arrive à une ferme, celle de la famille Crayton composée du veuf Ben, de sa charmante et blonde fille Sarah ainsi que de son jeune cadet Bobby. Ils découvrent rapidement que non seulement ce nouvel arrivant ne se souvient de rien de ce qui lui est arrivé mais qu’il a également oublié qui il était et d’où il venait.

Le médecin conclut très logiquement à une amnésie passagère et, ne sachant où le ramener, demande aux Crayton de le recueillir le temps qu’il recouvre la mémoire. Sarah tombe sous le charme de son invité, ce qui n’est pas forcément bien vu de son père qui se révèle très protecteur. Effectivement, la jeune fille expliquera à Trampas qu’elle se sent un peu prisonnière, frustrée et étouffée de ne pas pouvoir sortir avec qui elle veut : son précédent fiancé n’ayant pas plu à son père, elle ne peut désormais plus le fréquenter. Ce dernier est désormais adjoint du shérif et l'on se rend très vite compte que le père, certes intraitable, a peut-être quand même eu le nez creux en ne lui faisant pas confiance. En effet, peu de temps après l’on apprend qu’il s’agit non seulement du frère du chef de gang qui vient d’attaquer une diligence et tuer tous ses passagers mais également qu’il n’est pas contre le fait de partager le butin avec les meurtriers. Quoi qu’il en soit, Sarah s’est toujours sentie brimée et elle est sur le point de se révolter contre son paternel pour enfin pouvoir prendre son envol et faire ce qu’elle veut de sa vie. Quant à son jeune frère, lui aussi souffre un peu de l’autoritarisme de son père, obligé de trimer du matin au soir sans pouvoir s’amuser de temps à autre, Ben estimant que "It's the land. It takes a man's life for just a piece of bread". De bons postulats pour un mélodrame familial qui n'aura cependant pas vraiment lieu, quelques réflexions étant pourtant posées ça et là !

Le vieux Ben n’est pourtant pas un mauvais bougre, n’ayant pas retrouvé le sourire depuis la mort de son épouse et pensant que sa dureté envers ses enfants est un bienfait pour leur avenir. Dan Duryea s’avère très convaincant dans ce rôle, lui que l’on connaissait surtout pour être l’un des plus inquiétants bads guys de l’histoire du cinéma : dans le genre qui nous concerne ici, inoubliable dans Winchester 73 d’Anthony Mann, Ride Clear of Diablo (Chevauchée avec le Diable) de Jesse Hibbs ou encore Six chevaux dans la plaine (Six Black Horses) de Harry Keller, deux films où il formait avec Audie Murphy un remarquable duo, mais aussi bien sûr et avant tout dans Quatre étranges cavaliers (Silver Lode) d'Allan Dwan dans lequel il campait le redoutable chef de gang contre lequel John Payne allait devoir se battre. La même année que cet épisode, le comédien était en tête d’affiche d'Incident at Phantom Hill (Sans foi ni loi), une très bonne série B westernienne aux côtés de Robert Fuller, réalisé par un habitué de la série Le Virginien, Earl Bellamy. Il est entouré ici par des comédiens un peu moins concluants, que ce soit Michael Burns et Barbara Anderson (ses enfants), ou Don Galloway. En revanche, également au générique du western d’Earl Bellamy cité ci-dessus, Bing Russell fait froid dans le dos dans la peau du chef de bande sans scrupules, fourbe et cruel, prêt à tuer sans sourciller.

Cette jolie histoire sur la compassion, la confiance ("Sometimes you have to look deep for the truth, Sometimes you have to go by your feelings"), l’entraide et le fait de ne pas devoir juger un étranger sur une première impression aurait pu accoucher d’un très bon épisode d’autant que Don McDougall fait le job ; difficile d’expliquer ce qui l’en empêche si ce n’est que le tout traine un peu en longueur surtout à mi parcours - paradoxalement comme souvent à partir du moment où le récit s’emballe - et que sans nous ennuyer nous restons néanmoins constamment sur notre faim. A signaler un thème musical principal bien troussé et rapidement entêtant, beaucoup de similitudes dans le récit avec celui de Smile of a Dragon, l’épisode réalisé par Andrew V. McLaglen, ainsi enfin qu’un Virginien qui fait pour l’instant toujours tapisserie en ce début de cinquième saison et que l’on aimerait voir assez vite retrouver une place d’importance au sein de la série qui porte son nom.

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  • 5.07- The Outcast
  • Réalisation : Alan Crosland Jr.
  • Scénario : Lou Shaw
  • Guests stars : Fabian
  • Première diffusion 26/10/1966 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 5.5/10

Le Pitch : Charlie (Fabian), accusé de vol et de meurtre, s'évade de la prison de Porterville. A Bottleneck, il retrouve son complice et lui donne rendez-vous pour plus tard afin de partager le magot de l’attaque d'une banque. En attendant il se réfugie à Medicine Bow où il se fait embaucher à Shiloh. Elisabeth tombe sous son charme et Stacey se prend d'amitié pour le nouveau venu qui vient de le tirer d’affaire alors qu’il se trouvait en fâcheuse posture. Mais la romance entre Charlie et sa sœur ne met pas Stacey bien à son aise, d’autant qu’il commence à soupçonner un passé pas très reluisant chez son nouvel ami qui a parfois d'étranges réactions...

Mon avis : 3ème épisode réalisé par Alan Crosland Jr. après le sympathique The Money Cage avec Steve Forrest et le ratage constitué par A Father for Toby avec un jeune Kurt Russell, The Outcast se situe qualitativement entre les deux, certes pas désagréable mais une fois encore très décevant. Cette cinquième saison - à l’exception d’un très bel épisode - continue à avoir beaucoup de mal à décoller, faute avant tout aux trois comédiens incarnant les trois membres de la nouvelle famille propriétaire de Shiloh, certes pas antipathiques mais néanmoins très peu charismatiques et pour l'instant encore pas vraiment intéressants : Sara Lane possède certes un très joli minois mais ça ne lui suffit pas à nous faire oublier le charme et la vivacité de Roberta Shore ; Don Quine demeure jusqu’à présent toujours un peu terne, surtout dans la peau d'un personnage censé être une forte tête ; mais surtout Charles Bickford nous fait vraiment regretter Lee J. Cobb et John Dehner. Il nous avait pourtant fait souvent belle impression au cinéma lorsqu’il incarnait déjà des gros éleveurs de bétail (Duel au soleil de King Vidor, Marqué au fer de Rudolph Maté, Les Grands espaces de William Wyler...), très convaincant dans la peau d'un dangereux bad guy dans La Dernière chevauchée d'Alfred L. Werker, capable aussi dans le curieux Four Faces West d'Alfred E. Green de composer l’un des Marshalls les plus attachants que l’on ait pu voir dans le western. Autant dire qu’il semble bien moins motivé ici, probablement à cause de la fatigue puisque John Grainger sera son dernier rôle avant son décès.

Mais nous ne pouvons pas faire porter la faiblesse de tous ces épisodes uniquement sur leurs frêles épaules. L’histoire de Lou Shaw pour cet Outcast semble avoir déjà été vu de nombreuses fois y compris au sein de la série, celle d’un prisonnier qui s’évade et qui atterrit à Shiloh où il se fait embaucher dans la bande de cowboys du Virginien. Il y eut déjà plusieurs variantes ; celle-ci n’est pas la plus captivante même si Fabian - que l’on avait pu croiser sur grand écran dans l’amusant North to Alaska (Le Grand Sam) réalisé par Henry Hathaway - est plus convaincant que lors de sa précédente prestation dans la série (dans Two Men Named Laredo). Son visage poupin - un peu à la Audie Murphy - renforce l’ambiguïté du protagoniste ainsi que le malaise qui nous étreint, les spectateurs que nous sommes arrivant difficilement à nous persuader qu’il s’agit réellement d’un tueur malgré les quelques preuves qui nous sont données tout au long de l’intrigue ; d’autant plus que la romance qui se noue entre Elisabeth et lui s’avère plutôt plausible et sincère. Bref, alors qu’il avait en quelque sorte gâché Two Men Named Laredo, Fabian est au contraire celui qui rehausse ici un récit un peu trop banal. La première fois que l’on rencontre Charlie, il est emprisonné et discute avec le shérif en essayant de le convaincre une fois de plus de son innocence. Son geôlier est un homme de loi d’une profonde humanité qui refuse que l’on serve à son prisonnier un repas moins bien préparé que le sien, estimant que tout le monde a le droit aux mêmes égards d’autant que le jeune Charlie n’a pas encore été jugé. Quoi qu’il en soit, le jeune homme ne voulant pas être lynché, il préfère sauter sur l’occasion et s’évade en profitant de la confiance que le shérif avait en lui.

On comprendra peu de temps après qu’il était vraiment coupable de vol et de meurtre lors de sa rencontre avec son complice interprété par un spécialiste de la série TV, Milton Selzer, parfait dans son rôle de "serpent", lâche mais vil, s’étant fait l’amant d’une saloon gal en lui faisant miroiter une fortune. Dommage d’ailleurs que ce personnage féminin n’ait pas été mis en avant car les rares apparitions de la comédienne Carol Kane sont assez fortes. Même si l’on sait que Charlie n’est guère fréquentable, la naïveté qui se dégage du visage de Fabian aidera donc le scénariste à jouer de l’ambiguïté de son protagoniste, parvenant même à nous le rendre attachant même si nous savons qu’il trame encore des choses peu recommandables et même si l’on craint pour Elisabeth qui est tombée amoureuse de lui. En effet, il a vite réussi à se faire embaucher à Shiloh sans que le régisseur ne se pose trop de questions, venant juste avant de tirer Stacey d’une mauvaise passe, ce dernier lui en étant grandement reconnaissant. Les ¾ du récit s'avèrent donc assez moyens avec aussi pas mal de mièvreries lorsque John doit expliquer "la vie" à sa fille (nous sommes loin de la sensibilité qui régnait lors de séquences semblables entre Lee J. Cobb et Roberta Shore) mais on y trouve cependant quelques notations intéressantes qui se dégagent des ressentis de nos protagonistes récurrents à l’encontre de Charlie, et notamment celui du Virginien qui se trompe en voulant rester confiant quant à l’intuition féminine et qui répète comme déjà souvent auparavant qu’il ne devrait pas être considéré comme coupable tant que la justice n’a pas tranché. Il ne veut également surtout pas qu’un innocent soit pendu car entretemps le shérif Abbott ayant trouvé un avis de recherche, il a à son tour emprisonné Charlie afin qu’il soit emmené devant un tribunal.

Si la première partie aura été dans l’ensemble assez médiocre, peinant à prendre son envol, les 20 dernières minutes viennent rattraper l'ensemble à partir du moment où Milton Selzer arrive à Medicine Bow pour demander à son complice sa part du butin. Le piège que lui tend Charlie est tout aussi diabolique qu’inattendu et le final n’est pas trop bâclé par trop de précipitations. Alan Crosland Jr. nous gratifie également de quelques très beaux plans, dont ceux au cours desquels on voit Elisabeth rêvasser dans un endroit idyllique (presque toujours le même depuis le début de la série, cet oasis de verdure au bord d’une petite cascade) et le scénariste sort un peu de sa torpeur avec une certaine efficacité dans la résolution de son intrigue. Malheureusement le Virginien reste encore sur la touche depuis le début de la saison, ne se contentant que de bien trop brèves apparitions. Il serait quand même temps de lui redonner le beau rôle !

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  • 5.08- Trail to Ashley Mountain
  • Réalisation : Abner Biberman
  • Scénario : Sy Salkowitz
  • Guests stars : George Kennedy & Gene Evans
  • Première diffusion 02/11/1966 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 5/10

Le Pitch : Le Shérif Abbott vient arrêter Ed Wells (Hugh Marlowe), l’accusant de vol et de meurtre. Trampas n’en croit pas ses oreilles, Ed étant un ami en qui il a toute confiance. Même si quelques preuves sont accablantes, il soupçonne le jeune beau-frère d'Ed, Willy (Richard Carlson), qui a déjà souvent eu affaire à la justice. Peu après, celui-ci fuit la ville ; pour disculper Ed, il n’y a plus qu’une solution : partir à la poursuite du coupable probable. Avec l’accord du Virginien, Trampas accompagne le shérif ; en route ils vont être rejoints malgré eux par plusieurs personnages peu recommandables dont un chasseur de primes et deux prospecteurs...

Mon avis : Abner Biberman, dont j’écrivais par erreur lors de mon avis sur le seul très bon épisode à ce jour de cette saison 5, l’excellent An Echo of Thunder avec John Anderson en guest star, qu’il s’agissait de sa seule participation à la série, allait au contraire finir sa carrière en en réalisant pas moins de vingt-cinq. Auparavant, dans le domaine du western, il nous avait gratifié au cinéma du très sympathique Une arme pour un lâche (Gun for a Coward) avec Fred MacMurray et Jeffrey Hunter. Martin Milner, déjà plutôt bon dans Timberland, l’épisode de Don McDougall se déroulant au sein d’une communauté de bucherons. George Kennedy, comédien que l’on ne présente plus (le tueur à gages dans Les 4 fils Katie Elder de Henry Hathaway, l’un des 12 salopards de Robert Aldrich...). Hugh Marlowe, dont le visage vous sera également tout aussi familier, et qui dans le western sera resté mémorable dans la peau du redoutable chef de bande dans Rawhide (L’Attaque de la malle poste) à nouveau signé Hathaway. Jackie Coogan, The Kid de Charlie Chaplin... Pas mal de noms intéressants au casting et à nouveau, après An Echo of Thunder, un épisode réalisé par Biberman avec pour seul protagoniste récurrent le sympathique Trampas. Cette fois il est parti à la poursuite d’un jeune homme qui est seul à pouvoir sauver un ami très cher de la potence... Au vu de tous ces paramètres, pourquoi aurait-on dû ne pas en attendre beaucoup ? Surtout après une première demi-heure captivante ?

Vous l’aurez donc compris, la déception est une fois encore au rendez-vous au sein d’une saison qu'il ne va malheureusement pas être difficile de considérer jusqu’à présent comme la plus faible de la série. Faute donc surtout à Sy Salkowitz, le scénariste du déjà très mauvais Long Ride the Wind River avec John Cassavetes en invité principal, très peu crédible en homme des bois. Après nous avoir alléché au cours de toute une première partie non seulement touchante mais également passionnante et pleine de suspense, il pense donner de l’ampleur à son récit en intégrant tout un tas de nouveaux personnages qui au contraire le rendent de plus en plus indigeste. Mais revenons-en au point de départ ! On voit Trampas jouer aux dames sur le seuil de la maison d’un ami plus âgé que lui joué par Hugh Marlowe. Moment de quiétude tout à fait sympathique, la partie étant arrêtée par la tranquille arrivée du shérif Abbott qui parle de son épouse - nous ne savions pas encor qu’il était marié - et d’une chemise appartenant à Ed qu’elle aurait eu à rapiécer ; tout cela pour en venir à avouer qu’une des franges de cette chemise a été retrouvée sur les lieux d’un crime. Ed ne sachant ou ne voulant pas expliquer pourquoi ces franges sont arrivées à l'endroit où s'est déroulé un tel drame, de plus incapable de lui présenter la chemise, le shérif se voit dans l’obligation de l’arrêter au grand dam de l’épouse du vieil homme et de Trampas qui n’en croit pas ses yeux tellement il considère son ami comme incapable de faire de mal à une mouche.

Il va apprendre peu de temps après que le couple couvre en fait Willy, le jeune frère de la femme à qui elle avait justement donné la chemise ; un jeune homme assez voyou qui avait déjà eu affaire à la justice. Le trouvant sur son chemin quelques heures plus tard, Trampas manque de se faire renverser par le cheval de ce dernier, le cavalier fuyant la ville, aggravant ainsi sa culpabilité. Mais Ed ne voulant toujours pas parler et le seul témoin qui pouvait le disculper ayant été retrouvé mort, c’est lui qui continue à être soupçonné et qui devra être jugé, voire très probablement pendu. Une seule chose reste à faire pour ne pas qu'une telle tragédie arrive - d’autant plus lorsque l’on sait pertinemment qu’il s’agit d’un innocent -, rattraper le véritable criminel afin qu’il se confesse en public. Demandant la permission à son régisseur de partir à la poursuite du seul homme capable d’innocenter son ami, Trampas se voit accepter sa requête ("It's important to me"), le Virginien nous montrant une fois encore son côté bourru mais par-dessous profondément humain, lui rétorquant : "I don't see that you're that much help around here anyhow. You might as well be someplace where you'll do some good." Juste avant, nous avions été témoin d’une autre intéressante conversation entre Trampas et le shérif quant au métier d’homme de loi :
- “Abbott, vous aimez votre métier.
- "Oui, sauf lorsqu'il s'agit d'emprisonner d'honnêtes gens."
- "Je ne ferais votre métier pour rien au monde."

Les bases bien posées, le suspense à son comble, des personnages tous attachants... Mais voici que le scénariste embraie et change de braquet avec sa partie aventureuse... et là tout s’écroule, nous faisant perdre pied par l’intégration de toute une flopée de personnages caricaturaux et en fin de compte assez inutiles : un tueur à gages noir (Raymond St Jacques), deux avides prospecteurs (George Kennedy et Jackie Coogan qui ne peuvent pas s’empêcher de cabotiner) ainsi qu’un couple qui ne s’entend plus (Gene Evans et Judy Meredith). Avalanches de nouveaux et parfois grotesques protagonistes, décors de studio très pauvres virant au ridicule, un Steve Carlson assez fade dans la peau du principal suspect, un scénario qui patine, une mise en scène peu inspirée - témoin cette fusillade finale qui faillit nous faire somnoler - et l’impression d’ensemble aura été finalement fort mitigée après un démarrage pourtant prometteur. Reste un Matin Milner parfait en ordure intégrale, son personnage du télégraphiste meurtrier étant la meilleure idée de cette histoire qui aurait vraiment pu aboutir à un grand épisode si le scenario n’avait pas été auqsi lâche et aussi peu crédible passé la première demi-heure. La famille Grainger n’était donc pas forcément la principale source de faiblesse de cette saison car ses trois membres sont absents de ce Trail to Ashley Mountain. "Tu as fini de jouer au policier, on va pouvoir élever du bétail" dit ironiquement le Virginien à Trampas à la fin de l’épisode ; espérons que ce retour aux sources annoncé fasse réintégrer la série sur de bons rails.

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  • 5.09- Deadeye Dick
  • Réalisation : Ida Lupino
  • Scénario : Joseph Hoffman
  • Guests stars : Alice Rawlings & David Macklin
  • Première diffusion 09/11/1966 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 3.5/10

Le Pitch : New-Yorkaise, la jeune Marjorie (Alice Rawlings) a pris le train direction Medicine Bow pour rendre visite à sa tante. Durant le voyage elle se fait tout un monde romantique de la vie au Far-West, espérant comme dans ses romans de gare rencontrer un beau et viril cow-boy. Arrivée sur place, elle croit revivre une scène de son livre lorsque le Virginien "la sauve" de la ruade d’un cheval. Voici le régisseur de Shiloh bien embarrassé, la naïve jeune fille s’étant amourachée de son "héros de roman" alors qu’il n’éprouve rien en retour. Il va alors tout tenter pour s’en débarrasser, y compris de la pousser dans les bras du fils d’un de ses voisins...

Mon avis : "Tu as fini de jouer au policier, on va pouvoir élever du bétail" disait ironiquement le Virginien à Trampas à la fin de l’épisode précédent ; sur quoi j’espérais que ce retour aux sources annoncé fasse replacer la série sur de bons rails. Alors certes, nos deux comparses sont revenus à leurs moutons - ou plutôt à leurs vaches et chevaux -, leur complicité fait toujours autant plaisir à voir et nous fait ici souvent sourire d’autant que nous n’avions plus retrouvé les deux comparses réunis depuis un bon moment ; et en parlant de rails, l’épisode débute par l’image d’un train qui avance à toute allure, celui-là même qui nous a déjà conduit à Medicine Bow tant de personnages intéressants ou (et) cocasses. Le postulat de départ est amusant, celui de Marjorie, une jeune fille venant de l’Est avec, piochées dans des romans à l’eau de rose, des idées bien arrêtées sur le Far-West, rêvant de se trouver en fâcheuse posture afin d'être sauvée in-extremis par un mâle beau et viril. A Medicine Bow, le Virginien devient ce héros alors qu’il empêche un cheval amorphe et docile "de ruer dans les brancards" et de renverser la conductrice de la calèche. Une comédie très drôle aurait pu découler d’une telle situation, à condition de bénéficier d’un solide scénario et surtout d’une comédienne chevronnée. Mais immédiatement Alice Rawlings avec sa voix haut-perchée et ses sempiternels roulements d’yeux nous agace ; sachant qu’il s’agit du protagoniste principal de cette histoire, aussi naïve soit-il, nous voilà bien avec un tel cabotinage qui perdurera toute la durée de l'épisode ! Pas besoin de s’étendre, on comprend aisément pourquoi l’actrice a fait une carrière éclair et uniquement sur la petite lucarne.

Mais avec pour la première fois de la série une réalisatrice aux manettes - et pas n’importe quelle cinéaste puisqu’il s’agit d’Ida Lupino (Outrage, The Hitch-Hiker, The Bigamist) -, nous pouvions nous attendre à un ton et une sensibilité autres, ce qui n’est absolument pas le cas ici. Hormis les complétistes, les amateurs de cette artiste surtout connue en tant que comédienne (La Femme aux cigarettes de Jean Negulesco, La Maison dans l’ombre de Nicholas Ray, Le Grand couteau de Robert Aldrich, La Cinquième victime de Fritz Lang) peuvent aisément se passer de visionner cet épisode plus que médiocre tant au niveau du scénario que de la réalisation. Il semble que cela ait été pour elle un travail purement alimentaire ; pas un plan ni une idée mémorable ne s’en dégagent. C’est d’autant plus dommage que James Drury s’avérait plutôt à l’aise dans la comédie et qu’il était un peu revenu sur les devants de la scène après une période de vaches maigres concernant son personnage du Virginien. Il a beau essayer de faire au mieux, se retrouver devant une comédienne sans talent n’aide pas à grand-chose. Certains avanceront que la série n’avait rien à faire avec la comédie ; ils se tromperont s’ils ne connaissent pas les saisons précédentes car dès le début elle aura eu l’occasion de nous offrir quelques pépites sur ce ton badin, comme par exemple les délicieux Big Day, Great Day de Harmon Jones avec Aldo Ray et même encore plus tôt, dès le 4ème épisode, The Big Deal d'Earl Bellamy avec Ricardo Montalban.

Il est quand même cependant assez savoureux de voir James Drury essayer de se dépêtrer de cette encombrante adolescente qui le compare à son héros de roman préféré, Deadeye Dick. Plus il va faire de tentatives pour la décourager en lui faisant comprendre qu’elle fait fausse route, plus il va s’enfoncer et plus elle va lui faire des avances. Les meilleurs moments de l’épisode sont néanmoins ceux où il partage des séquences avec Trampas, ce dernier ne manquant aucune occasion de gentiment se moquer de son boss. Assez savoureux aussi - quoique un peu lourd parfois - de voir Trampas devoir éduquer un jeune avocat au métier de cowboy afin que celui-ci soit remarqué par la jeune fille qui ne rêve que de tomber dans les bras d’un 'homme, "un vrai" et surtout pas dans ceux d’un gratte-papier, sa conception de l’homme parfait étant bien cadrée, acceptant de se faire conduire à la soirée dansante par le futur juriste par le seul fait d’avoir appris que tous les hommes de Shiloh seront présents à la fête ce soir-là, abandonnant son cavalier dès que l’occasion se présente de valser avec un cowboy. Un personnage fantasque à la fois aussi naïf et insupportable peut s’avérer attachant si le comédien parvient à lui insuffler un peu d’humanité ; ce qu'Alice Rawlings est totalement incapable de faire comme nous l’avons déjà dit. Son partenaire David Macklin n'est guère plus réjouissant, même si plus terne.

Pour remplir les 72 minutes traditionnelles, le scénariste Joseph Hoffman cherche alors à changer de ton dans le dernier quart du récit, oubliant la comédie et en faisant intervenir quelques pilleurs de banque qui prennent Marjorie en otage, le jeune avocat allant se transformer en héros pour la délivrer. Cela aurait pu être drôle, c’est juste un peu idiot, pas du tout crédible et assez ridicule. Le passage à un récit plus sérieux n’arrange rien du tout, le mélange des tons ne fonctionnant pas vraiment. Une comédie qui arrive difficilement à nous faire rire et qui manque sacrément de fantaisie pour parvenir à nous maintenir en éveil durant toute sa durée. Ceux qui n’auront pas piqué du nez après les trois premiers quarts d’heure auront pu constater une cocasse erreur d’inattention de la part du monteur : un pick-up Chevrolet garé sur la droite de l’écran à la sortie du Ranch Shiloh. Croisons les doigts pour que le dixième épisode de ce premier tiers de saison parvienne à faire remonter le niveau !

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  • 5.10- High Stakes
  • Réalisation : Thomas Carr
  • Scénario : True Boardman & Mark Rodgers
  • Guests stars : Jack Lord, Michael Ansara & Terry Moore
  • Première diffusion 16/11/1966 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 8/10

Le Pitch : Le Virginien est venu en ville accompagner Wesley, un jeune cow-boy qu’il avait formé ; il veut voir comment il se débrouille pour vendre ses chevaux et lui apporter son aide si besoin. L’affaire close, il continue à veiller sur lui de peur qu’il ne dépense tout son argent, le voyant s’approcher un peu trop souvent de la table de Pharaon tenue par la Saloon Gal Alma (Terry Moore). Cette dernière se cache de son époux (Michael Ansara), un dangereux bandit qui vient de s’échapper de prison et qui charge son frère (Jack Lord) de la lui ramener par un odieux chantage. L’arrivée en ville de cet abject personnage va déclencher morts et enlèvement...

Mon avis : Même si ce premier tiers de cinquième saison aura été extrêmement laborieux et surtout assez éprouvant pour les fans de la première heure, deux épisodes seront sortis du lot - et pas qu’un peu - : An Echo of Thunder d'Abner Biberman, le quatrième, ainsi que celui qui nous concerne ici, réalisé par un vieux briscard du serial, un Thomas Carr en fin de carrière. Ces deux superbes épisodes ne mettront en scène qu’un des protagonistes récurrents, Trampas pour le premier, Le Virginien pour le second, les aficionados de la série étant d’ailleurs ravis de voir le régisseur de Shiloh enfin retrouver un rôle d’importance après avoir joué les utilités depuis un trop long moment. J'ai déjà à plusieurs reprises émis l'hypothèse que l’une des raisons de la faiblesse qualitative de la saison 5 pourrait avoir été la venue des nouveaux propriétaires de Shiloh avec trois comédiens qui ont toujours autant de mal à nous convaincre ; leur absence dans ces deux formidables réussites apporte encore de l’eau à mon moulin. Il y a d'ailleurs de fortes chances pour que cet excellent High Stakes plaise au plus grand nombre, aussi bien aux amateurs d’action et d’émotions fortes qu’à ceux qui préfèrent la romance, le suspense ou même la violence psychologique.

L’épisode débute par l’évasion d’un bandit qui purgeait une peine de cinq ans de prison. C’est son frère qui lui a fait passer une arme par les barreaux de sa cellule. Ellipse... Et voici les deux hommes réunis ; l’évadé a été blessé durant sa fuite et demande à son frère d’aller chercher son épouse qui a profité de son emprisonnement pour s'éloigner de lui, voire même pour prendre la poudre d'escampette. Il lui intime de lui faire un odieux chantage aux sentiments afin qu’elle le suive sans faire d’histoires, de lui faire croire qu’il a récupéré leur jeune enfant et que la seule solution pour le revoir est de revenir vivre avec lui. Le mari chef de gang, c’est Michael Ansara (Les Piliers du ciel de George Marshall, Quantez de Harry Keller, Les Comancheros de Michael Curtiz...), déjà présent dans l’épisode The Showdown dans la peau d’un shérif impassible que rien ne semblait effrayer, dur et peu souriant. Le frère, c’est Jack Lord qui, après avoir été le psychopathe dans L’Homme de l’Ouest d'Anthony Mann, se montrait tout aussi convaincant dans Le Bourreau du Nevada de Michael Curtiz où il interprétait le rôle d’un homme recherché qui se révélait être un ange de bonté et de probité, père et époux idéal. Alors qu’il était méconnaissable dans le sombre film de Mann, on devinait en revanche parfaitement dans cet autre western de Curtiz son futur personnage de Steve McGarrett dans Hawaii police d’Etat. Une autre preuve de son ampleur de registre; qui nous fait dire qu'il est un peu dommage qu’il ne se soit ensuite cantonné qu’à cette célèbre série - où il était parfait -, son personnage de salaud intégral dans cet épisode du Virginien. A noter qu'il fut aussi le premier Felix Leiter dans James Bond contre Dr No.

Je conseille à ceux qui n’apprécient pas les spoilers de sauter à pieds joints sur ce petit paragraphe. Non seulement le personange de hors-la-loi interprété par Jack Lord va assassiner de sang-froid le jeune ami du Virginien mais il va ensuite tenter de faire tomber sa belle-sœur dans ses bras, quitte ensuite à tuer son frère s'il venait à le gêner. Sans trop en faire, il se révèle absolument génial, bougrement inquiétant et menaçant. Sa confrontation avec James Drury promettait beaucoup et nous ne sommes pas déçus, ce dernier s’avérant lui aussi assez mémorable. Partant à la poursuite du meurtrier du jeune cow-boy qu’il avait pris sous son aile, il continuera seul après que les hommes de loi se sont désolidarisés par peur de passer la frontière, infiltrant le gang pour mieux pouvoir venger la mort de son ami. Dur et déterminé comme rarement il aura été, le régisseur de Shiloh va se lancer dans une vendetta tout en essayant de sauver la vie de la jolie épouse du chef de gang. Il va même tenir un discours assez violent une fois qu’il aura réussi à emprisonner son ennemi, lui faisant "miroiter" avec sadisme la peine de mort. On sait néanmoins que le Virginien abhorre la loi de lynch et l’on se doute bien qu’il s’agit avant tout pour lui d’impressionner et d’inquiéter son adversaire. Quoi qu’il en soit, les amoureux des séries TV des années 60 assistent à une confrontation mythique et pleine de panache entre deux des grands comédiens de cet âge d’or. Si Michael Ansara, Jack Lord, James Drury et même le jeune Dirk Rambo - mort tragiquement en début de carrière, tué par un chauffard - nous offrent des compositions de très haute tenue, la ravissante Terry Moore (Man on a Tightrope de Kazan, Le Temps de la colère de Richard Fleischer...) n’est pas en reste et l’on comprend aisément comment elle a pu faire tourner la tête au jeune homme assassiné, aux deux frères puis in fine au Virginien qui aurait bien aimé s’en faire épouser. Son talent dramatique étant égal à sa beauté, les séquences qui la réunissent à Dick Rambo en début d’épisode sont bouleversantes, puis captivantes sont les relations qu'elle entretient avec Michael Ansara, Jack Lord et James Drury.

Des décors inhabituels dont cette ville fantôme où s’est installée la bande, des éléments scénaristiques de film noir, un background musical entêtant, des courses poursuites, gunfights et autres scènes d’action d’une redoutable efficacité viennent entériner le fait qu’il s’agit d’un des sommets de la série. On n’oubliera pas de sitôt non plus la manière qu’a le Virginien de prendre soin de son jeune protégé, allant même trouver l’entraîneuse en lui demandant de le faire revenir à la réalité. True Boardman, à côté de récits absolument honteux, a eu néanmoins de belles réussites à son actif dont sa précédente participation à la série qui remonte à l’épisode 27 de la troisième saison, Farewell to Honesty ; High Stakes lui est encore bien supérieur et l’on croise les doigts pour que son retour à l’écriture durant la suite de cette saison se concrétise à nouveau par des épisodes de cette trempe. Pas nécessairement beaucoup de surprises au sein du récit mais une efficacité totale, un scénario carré, une tension palpable et une interprétation hors pair ; on en redemande et surtout on respire après tant de ratages !

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  • 5.11- Beloved Outlaw
  • Réalisation : William Witney
  • Scénario : True Boardman
  • Guests stars : John Archer
  • Première diffusion 23/11/1966 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 3/10

Le Pitch : Alors que Trampas, Stacey et Elizabeth partent observer d’immenses troupeaux de chevaux sauvages, la jeune fille tombe amoureuse d’un bel étalon blanc. Capturé par d’autres cowboys, le cheval est vendu aux enchères et acheté par la jeune fille qui le voulait absolument. Après l’échec de Trampas pour le dompter et malgré la promesse faite à son grand-père de ne pas s’en approcher, Elizabeth se charge elle-même du dressage avec beaucoup de patience, allant même ensuite l’inscrire pour participer à une course. Même si la bête semble s’être adoucie, tout l’entourage d’Elizabeth craint toujours qu’elle se rebiffe...

Mon avis : Ce n’est pas encore arrivé presque à mi-parcours que nous trouverons deux bons épisodes consécutifs lors de cette cinquième saison, puisque après le remarquable High Stakes avec Jack Lord, Michael Ansara et la ravissante et talentueuse Terry Moore, ce Beloved Outlaw paraît non seulement bien fade mais se révèle également languissant, péniblement larmoyant et très ennuyeux. Nous noterons exceptionnellement l’absence de guest stars si ce n’est en seconds rôles (John Archer par exemple), les seules vedettes de l’épisode étant l’étalon blanc et l’actrice Sara Lane dans la peau d’Elizabeth Grainger qui se voit octroyer ici son rôle le plus important au sein de la série. Malheureusement elle vient nous confirmer ce que nous avions déjà pressenti depuis le début de la saison, à savoir que ses talents dramatiques sont décidément très limités, la comédienne parvenant difficilement à porter seule un récit de 75 minutes sur ses trop frêles épaules. Elle se révèle non seulement manquer de charisme mais elle nous est également assez vite exaspérante surtout au cours de la dernière partie où le personnage d’Elizabeth, blessé par le cheval apeuré, se retrouve aveugle suite au choc subi et n’arrête pas de pleurnicher. Il n’est pas donné à tout le monde de savoir pleurer à l’écran et c’était visiblement le cas pour Sara Lane qui, outre une charmante silhouette et un joli visage, a bien du mal à retenir notre attention d’autant plus que le scénario de True Boardman n'est pas là pour lui apporter quelconque aide, vraiment trop léger.

Le récit tourne donc quasi-exclusivement autour d’un cheval sauvage. L’épisode débute par d’amples chevauchées au sein d'impressionnants décors désertiques que nous n’avions pas eu beaucoup l’occasion de voir durant la série, les stock-shots n'étant heureusement pas très nombreux et plutôt bien intégrés malgré évidemment une colorimétrie bien différente du reste. William Witney étant un réalisateur chevronné, auparavant spécialiste du serial, tout ce qui touche à des séquences mouvementées en extérieurs est très solidement troussé. Il s’agit là du neuvième et avant-dernier épisode qu’il signera pour la série, ses participations ayant été dans l’ensemble de très bon niveau avec pour sommet l’excellent A Man of the People, épisode médian de la saison 3 qui abordait principalement la thématique de la répartition des terres entre ranchers et fermiers et l’arrivée de nouveaux habitants orchestrée par un député un peu roublard joué à merveille par James Dunn. Beloved Outlaw pourrait en revanche se révéler être sa collaboration la moins mémorable au Virginien, faute ne lui en incombant d'ailleurs pas nécessairement sauf concernant la direction d’acteurs, incapable de faire jouer correctement sa comédienne principale. Charles Bickford et Don Quine ne sont toujours pas parvenus à nous convaincre non plus... mais on veut bien continuer à y croire encore un peu. Quant à James Drury, après sa mémorable prestation dans High Stakes, il se retrouve à nouveau dans une position de "potiche". Witney n'étant pas responsable du ratage, la faute repose principalement sur les épaules du scénariste ici très peu inspiré alors qu’il était l’auteur du précédent excellent épisode ; on peut constater à quel point la participation de cet auteur à la série est vraiment très inégale puisqu'il est capable du meilleur comme du pire.

Ici, il ne se passe pas grand-chose : on essaie de capturer le cheval sans y parvenir ; d’autres le font et le mettent en vente aux enchères ; Elizabeth enchérit jusqu’à ce qu’elle remporte l’animal tellement elle est tombée sous son charme et même si cela ne plait pas spécialement à son père ; Trampas essaie de le dompter sans y arriver ; la jeune fille prend alors la suite : avec efforts et patience, plutôt que de le monter pour le dresser, elle préfère s’en faire un ami en lui parlant doucement et tendrement à l’oreille. On pense alors au futur superbe film de Robert Redford, L'Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux, sans que bien évidemment cet épisode de série ne lui arrive à la cheville à quelque point de vue que ce soit, émotion, lyrisme, mise en scène, scénario ou interprétation... Puis, après être arrivée à ses fins et avoir réussi à s'en faire un véritable compagnon, la fille du propriétaire va vouloir faire participer son étalon à une course inter-ranch, quitte à prendre la place de Trampas qui la lui cède bien volontiers (un début de romance pour la suite ?). Le pur-sang va blesser un homme de Shiloh ; il va se blesser ; il va blesser Elizabeth et s'enfuir ; suite au choc elle va devenir aveugle... Pour un temps... Mais partira néanmoins à sa recherche alors même qu’elle n’a pas encore recouvré la vue... On se demande bien ce qui a pu passer par la tête de True Boardman pour nous pondre une histoire sans véritables enjeux dramatiques, ce qui en soi ne serait pas forcément un défaut si en plus elle ne tournait pas aussi vite en rond et surtout si elle ne s'avérait pas aussi peu crédible, l'auteur semblant avoir eu du mal à boucler les 72 minutes réglementaires et paraissant s'être senti dans l’obligation de combler comme il pouvait, aux dépens du spectateur qui trouve le temps long.

Un épisode répétitif qui plaira très probablement aux amateurs de chevaux ainsi qu’à ceux qui apprécient les histoires d’animaux bien larmoyantes et pleines de bons sentiments mais qui vraisemblablement pour les autres s’avèrera bien peu captivant. Dommage car William Witney était parfaitement bien parvenu à filmer toutes les chevauchées de l’animal et de sa cavalière, et qu’il avait à sa disposition de majestueux paysages assez bien mis en valeur par le directeur de la photographie. On appréciera également la brève apparition de John Archer - l’inoubliable docteur progressiste dans le non moins mémorable Decision at Sundown de Budd Boetticher - dans la peau du cow-boy disputant avec fair-play le pur-sang à Elizabeth. Un petit sursaut qualitatif pour le prochain épisode serait le bienvenu.

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  • 5.12- Linda
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : Frank Fenton
  • Guests stars : Frank McGrath
  • Première diffusion 30/11/1966 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 7/10

Le Pitch : Le Virginien est au Texas où il vient d’empocher la somme de 10 000 dollars provenant de la vente de chevaux. Alors qu’il se rend à la banque échanger son reçu, un hold-up se produit et il est dévalisé. On lui conseille de rentrer chez lui mais il compte néanmoins retrouver ses voleurs. Abord de la diligence il fait la connaissance d’une chanteuse de saloon, Linda, qui lui raconte sa vie et l’étrange manège dans lequel elle s’est fourvoyée, servant de "courrier" en transportant dans ses bagages des sacs qu'elle doit déposer ici et là contre une somme  en retour. Un inquiétant personnage peu loquace vient compléter le trio de voyageurs.

Mon avis : Linda est le dernier épisode écrit par l’excellent scénariste Frank Fenton, son précédent datant de la saison 3, le superbe You Take the High Road avec Richard Beymer et Diana Lynn, celui qui décrivait une épidémie de peste bovine qui avait grandement inquiété les éleveurs de Medicine Bow. Fenton aura été une valeur sûre de la série avec un sans-faute comptant six belles réussites. Rappelons que pour le grand écran, il écrivit déjà dans le domaine du western - avant sa participation au Virginien - des grands classiques du genre, des films formidables tels Fort Bravo (Escape from Fort Bravo) de John Sturges ou Le Jardin du diable (Garden of Evil) de Henry Hathaway. Don McDougall est à la mise en scène, l’un des plus prolifiques et fiables réalisateurs ayant œuvré au sein de la série, avec pour lui aussi très peu de "déchets" à son actif. Autant dire que cet épisode naissait sous les meilleurs auspices. Et effectivement, malgré quelques petits défauts principalement scénaristiques sur lesquels nous reviendrons rapidement par la suite, Linda se révèle être plus qu’honorable, une très bonne cuvée de cette médiocre saison 5.

Il s’agit d’un épisode qui se déroule loin de Medicine Bow avec un seul protagoniste récurent, en l’occurrence notre fameux Virginien qui nous avait beaucoup manqué au cours de cette saison et qui était déjà le personnage principal d’un très grand récent épisode, High Stakes avec Jack Lord, Michael Ansara et Terry Moore. Ici l'intendant se trouve au Texas où il vient de vendre des chevaux pour une coquette somme de 10 000 dollars. Avec son reçu il se rend à la banque où on lui donne l’argent en liquide. A ce moment-là trois hommes font irruption et lui subtilisent les billets. Heureusement il a toujours son reçu sauf qu’à cause de cela on l’accuse d’avoir monté un coup pour doubler sa mise ; à savoir que les trois voleurs seraient ses complices et qu’ils se partageraient à eux quatre non seulement l’argent volé mais les autres 10 000 dollars qui lui seraient encore versés plus tard en échange du reçu. Le shérif voulant bien croire en la bonne foi du Virginien mais avec cependant toujours un léger doute, il lui conseille de quitter la ville au plus vite. Le régisseur de Shiloh prend alors la diligence tout en ayant en tête de retrouver ses détrousseurs. Durant le voyage, il fait la connaissance d’une charmante chanteuse de saloon qui lui dit être coincée dans une affaire dont elle a du mal à se dépêtrer : pour un peu d’argent elle aurait accepté de faire le "courrier" et de transporter des sacs d’un endroit à l’autre lors de ses déplacements en diligence. Par curiosité elle aurait ouvert son dernier "colis" où elle y aurait découvert 50 000 dollars, un sac qui vient de lui être subtilisé.

Le Virginien lui conseille de tout raconter aux autorités policières et d’interrompre sa participation à ce qui s'apparente beaucoup à une magouille. Il va décider de lui venir en aide, d’autant que leur voisin de diligence les inquiète en ne les quittant pas de yeux et que nombre d’autres personnes semblent les surveiller eux aussi et vouloir intimider le Virginien qui paraît alors en gêner beaucoup. Notre héros fait le lien avec l'affaire qui le concerne et acquiert la certitude que ses voleurs pourraient être de la partie. On comprend à la lecture de cette description que l’épisode lorgne encore plus vers le film noir que vers le western, et effectivement l’intrigue paraît parfois aussi obscure que celles des plus grands romans policiers américains, on pense bien évidemment à celle du Grand sommeil par exemple. Et c’est paradoxalement l’un des défauts de ce scénario d’être parfois inutilement complexe - cet exercice a toujours été extrêmement difficile - et d’autres fois bien trop bavard. Et d’ailleurs l’intrigue n’est pas spécialement mémorable ; la preuve, au moment où j’écris ces lignes, soit à peine une semaine après avoir visionné l’épisode, j'ai énormément de mal à me souvenir des détails voire même de quelques grandes lignes de son dénouement. Seulement, Frank Fenton est assez intelligent pour vite nous faire oublier cet imbroglio qui pourrait être frustrant à la longue ; pour ce faire, il a distillé au sein de son scénario un malaise paranoïaque qui perdure toute la durée de son récit, ayant convoqué tout un tas de personnages d’importance ou secondaires, tous plus inquiétants et intimidants les uns que les autres sans que nous ne sachions jamais vraiment de quel côté de la loi ils se situent, s'ils sont là pour protéger ou tuer nos deux tourtereaux ? Nous n’en dévoilerons rien et n'en dirons d’ailleurs pas plus afin de préserver un semblant de mystère d’autant que le final est assez surprenant. C’est de cette atmosphère générale que l’épisode tire toute sa force, l’intrigue passant alors au second plan.

Frank Fenton est grandement aidé par un Don McDougall en pleine forme, s’essayant avec succès à commencer la plupart de ses séquences par des amorces de plan constituées par des objets (verres, bouteilles, lampes), la caméra se déplaçant ensuite pour recadrer les personnages, ou à filmer quelques plans de très loin comme ceux où l’on voit la diligence avancer au sein de paysages majestueux. Il nous octroie également un duel en pleine rue d’une étonnante sécheresse et d’une grande efficacité, et sait parfaitement bien faire monter la tension grâce à sa direction d’acteurs et à un casting hors pair de trognes menaçantes et patibulaires, certaines séquences étant remplies à ras bord de testostérone, au bord de l'implosion. A propos de comédiens inquiétants, nous nous souviendrons surtout de Bill Fletcher, James Brown et plus encore de l’excellent Rex Holman qui était déjà récemment très angoissant dans l’épisode No Drums, no Trumpets. Nous noterons aussi la présence de Clifton James, le futur shérif J.W. Pepper dans les deux premiers James Bond avec Roger Moore, Vivre et laisser mourir et L’Homme au pistolet d’or, ainsi que de Diane Baker qui s’avère assez convaincante en tant que guest star principale, tenant très bien tête à James Drury. Leur duo et leur romance fonctionnent plutôt bien, même si leurs séquences dialoguées paraissent parfois un peu trop étirées et trop intellectualisées pour un épisode qui tire tout le bénéfice de son ambiance délétère et anxiogène.

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  • 5.13- The Long Way Home
  • Réalisation : Abner Biberman
  • Scénario : Andy Lewis
  • Guests stars : Pernell Roberts
  • Première diffusion 14/12/1966 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 4/10

Le Pitch : Jim (Pernell Roberts), après avoir déserté sa famille et après trois ans de petites rapines, décide de se ranger. Il souhaite par la même occasion récupérer son fils et son épouse qui se sont installés à Shiloh après son départ ; les deux laissés-pour-compte ne veulent en revanche plus entendre parler de lui. Jim montrant des qualités de dresseur hors pair, le Virginien le prend dans son équipe. Le nouveau venu espère impressionner Grainger afin qu’il le nomme régisseur d’un ranch dont il a entendu parler qu’il allait l’acheter ; les choses ne se déroulant pas comme il le souhaiterait et perdant patience, des drames vont en découler...

Mon avis : La malédiction de la saison 5 se poursuit : il n'est décidément pas possible de visionner deux bons épisodes consécutifs, ce qui met l’amateur sans cesse mal à l’aise, se demandant constamment si la série ne va pas définitivement sombrer dans la plus grande médiocrité après lui avoir offert autant d’occasions de se réjouir durant les 4 premières saisons. Pour The Long Way Home, malgré Abner Biberman à la réalisation, qui ne s’en sort d’ailleurs pas trop mal, ainsi que des invités pas spécialement mauvais, le scénario d'Andy Lewis peine vraiment à nous captiver malgré un postulat de départ pas nécessairement novateur mais d’où peut toujours découler un émouvant récit, celui d’un homme qui pense pouvoir reprendre sa vie familiale du jour au lendemain après l’avoir déserté, son jeune fils ayant trouvé un père de substitution en son absence, le père biologique allant en concevoir de la jalousie. Le thème principal de l’épisode est donc celui du retour du père prodigue (Jim Sr.) après qu’il a abandonné femme et enfant (Jim Jr.) pour partir vivre une vie de rapine : du jour au lendemain et sans prévenir personne, il avait quitté le domicile conjugal pour suivre un ami avec qui il allait vivoter de divers larcins. Un jour, alors qu’il est sur le point de se faire appréhender par un posse, il décide de tout arrêter et de rentrer dans le rang pour commencer une nouvelle vie décente et honnête. Il pense même pouvoir reprendre sa vie familiale comme si de rien n'était, n’imaginant pas une seule seconde que les deux laissés-pour-compte que sont son épouse et son fils - désormais âgé d’une quinzaine d’années - puissent ne pas être du même avis et n'aient pas envie de le revoir.

C’est pourtant ce qui se produit une fois qu’il arrive à Medicine Bow où sa femme est désormais restauratrice, son fils venant de trouver une place à Shiloh. Il est très étonné lorsque son épouse se rebiffe et le repousse. Quoi qu’il en soit, Jim ne se laisse pas démonter et reste persuadé qu’à force de "harcèlement", il parviendra à ses fins auprès d'elle, estimant plus facile de se mettre son rejeton dans la poche puisque encore naïf et par ce fait bien plus malléable : il lui suffira de s’en faire admirer ! Ayant entendu dire que John Grainger était sur le point d’acheter un ranch alentour, il a pour idée de se faire embaucher pour en être le régisseur. Avant tout, il faut qu’il entre dans la place comme son fils vient de le faire ; pour y parvenir, il va prouver son immense talent en tant que cow-boy et dresseur de chevaux. Devant le fait accompli, le Virginien, impressionné par sa dextérité, décide de le prendre lui aussi dans son équipe. Jim Sr. va accomplir du très bon travail et Jim Jr. va tomber sous le charme de ce père encore plus doué que Trampas en ce qui concerne le domptage des purs-sang. Seulement, son arrogance et sa jalousie font que dès que quelque chose ne va pas comme il veut, il se braque et peut devenir un peu virulent voire violent. C’est en apprenant de la bouche de son patron que la vente du ranch convoité a capoté qu’il va retomber dans ses travers, ce qui petit à petit aboutira à la tragédie. Les relations tendues entre les époux, celles plus ambiguës entre le père et le fils, le tempérament imprévisible de ce petit voyou souhaitant recommencer à zéro pour une vie plus respectable, le Virginien ne voulant pas voir le drame qui couve par le fait d’être admiratif du travail que son nouvel employé accomplit, l’arrivée à Medicine Bow du complice de rapine de Jim, la jalousie de Jim à l’encontre du Virginien par rapport à son rôle de modèle pour Jim Junior... Il semblait y avoir de la matière pour un épisode captivant et émouvant.

Le résultat est pourtant inaccompli faute avant tout à une écriture peu convaincante et à une direction d’acteurs parfois dilettante, Pernell Roberts s’avérant assez insupportable en fanfaron lors de toutes ses séquences d’ivresse. C’est pourtant un comédien que l’on aime bien et qui était remarquable dans le non moins splendide La Chevauchée du retour (Ride Lonesome) de Budd Boetticher ; son personnage était tellement sympathique que les auteurs avaient décidé en toute dernière minute de ne pas le sacrifier comme prévu sur le papier. Mais il était surtout connu pour son rôle d’Adam Cartwright dans une autre série westernienne toute aussi célèbre que celle nous concernant ici, Bonanza. A ses côtés, dans la peau de son partenaire des mauvais coups, Noah Beery Jr. dont le nom vous est peut-être inconnu mais dont le visage vous parlera très certainement puisqu’il fut au générique de très nombreux films hollywoodiens surtout durant les années 40 et 50 ; dans celui de son fils, le jeune Michael Burns que l’on a déjà croisé deux fois dans le courant de la série ; et enfin dans celui de son épouse, Jan Shepard dont la prestation est ici bien moins mémorable que dans son rôle de prostituée dans le fabuleux épisode Harvest of Strangers - toujours à cette date le chef-d’œuvre de la série - ou encore lorsqu’elle interprétait une institutrice dans The Brothers. Dommage que toutes ces guest stars talentueuses n’aient pas eu l’occasion de nous dévoiler tout leur talent faute à l’écriture assez limitée de leurs personnages et aux incongruités de l’intrigue : comment, par exemple, croire une seule seconde au revirement de l’épouse qui après avoir à de nombreuses reprises violemment repoussé les avances de son mari, tout d'un coup lui tombe dans les bras, enamourée ?!

Un épisode assez ennuyeux mais pas honteux pour autant dans lequel on peut glaner quelques bonnes choses ici et là : de belles séquences de chevauchées en extérieurs dans des paysages jusqu’ici encore pas foulés par la série - même si pour beaucoup il s’agit de stock-shots -, une bonne interprétation de James Drury, notre "héro" faisant à nouveau preuve de son bon sens, de son humanité, de ses conseils avisés et de sa modération quand il s’agit de juger autrui et toujours là lorsqu'il faut dénigrer toutes formes de violence ; morceaux choisis : "Ne cherche pas une idole […] tous les hommes ont leurs faiblesses […] peu importe qui t'éduque du moment qu’au final tu aies ta propre personnalité […] accepte les moqueries sans nécessairement te battre ; chacun est déjà passé par là et ce n’est pas bien grave." Nous noterons ici, une fois n’est pas coutume, une chanson se déroulant durant le générique, interprétée par Pernell Roberts. Et nous déplorerons à nouveau les départs de Lee J. Cobb et John Dehner qui ont grandement affaibli la série et leur remplacement par un Charles Bickford décidément et malheureusement plus du tout dans le coup.

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  • 5.14- The Girl on the Glass Mountain
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : Eric Bercovici & James L. Henderson
  • Guests stars : Tom Tryon & Pamela Austin
  • Première diffusion 28/12/1966 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 7.5/10

Le Pitch : C’est le dernier convoyage de bétail pour Howie (Tom Tryon) qui doit quitter Shiloh pour se marier avec une fille de bourgeois ; le père voit cette union d’un mauvais œil mais finit par le se laisser convaincre. Howie ouvre alors une sellerie. Son commerce marche très bien mais la vie en plein air commence à lui manquer. Le jour où l’un de ses anciens patrons lui propose la place de régisseur de son ranch, l’envie de reprendre son métier de cow-boy le titille mais son épouse va à son encontre. Plus tard il perd une forte somme d’argent au jeu alors que sa femme vient de tomber enceinte. Le voilà dans une délicate situation...

Mon avis : Don McDougall est décidément non seulement l’un des réalisateurs les plus prolifiques de la série mais également celui auquel nous pouvons accorder la plus grande confiance. Son pourcentage de réussites est vraiment impressionnant, un seul de ses 22 épisodes s’étant jusqu’à présent révélé moyen - paradoxalement le seul autre écrit par le scénariste de cet excellent The Girl on the Glass Mountain. Ssavoir qu’il en mettra en scène encore tout autant est là pour nous rassurer sur la qualité d’ensemble de la série, en croisant les doigts pour que cet espoir se confirme. L’épisode débute par une dizaine de minutes rappelant un peu le très attachant Cow-Boy de Delmer Daves, sorte de semi-documentaire sur la vie quotidienne en extérieurs de ces garçons vachers, leur travail, leur discussions et réflexions sur leur condition ou l'égrenage de leurs souvenirs, les veillées autour des feux de camp... Où l’on remarque immédiatement que Don Quine en Stacey est bien plus convaincant qu’à l’accoutumée, ce qui se révélera également vrai pour Sara Lane dans le rôle de sa sœur, leurs séquences ensemble s’avérant pleine d’une sensibilité inattendue, comme si enfin nos deux jeunes comédiens parvenaient à se lâcher un peu et commençaient seulement à apprivoiser leur personnage. Pour en revenir au prologue, on trouve de jolies séquences d’amitié et de camaraderie et un protagoniste immédiatement aussi charismatique que sympathique, celui joué par Tom Tryon (Le Cardinal de Preminger aux côtés de Romy Schneider, également très bon dans quelques westerns des années 60) qui nous avait déjà gratifié dans The Man from the Sea - 14ème épisode de la saison 1 - d’une interprétation savoureuse, rendant grandement attachant son personnage de marin extraverti qui avait voyagé sur toutes les parties du globe et qui avait acquis une culture et une expérience qui attisaient grandement la curiosité de ceux qui l’approchaient.

Il est tout aussi mémorable et admirable dans l’épisode qui nous concerne ici, Howie passant son dernier jour à Shiloh - fêté comme il se doit par son équipe, avec qui il semblait formidablement bien s’entendre - avant de convoler en justes noces puis d’ouvrir un commerce au centre de Medicine Bow. Et si Howie restera comme un des personnages guest stars les plus inoubliables de la série, c’est avant tout grâce au talent de Tom Tryon et à l’efficace direction d’acteurs de Don McDougall qui, outre avoir enfin réussi à donner de la consistance aux deux enfants Grainger, a su parfaitement bien diriger tous les autres comédiens gravitant autour d’eux dans cette jolie histoire très romantique, parfois bouleversante. Howie est un homme foncièrement bon, conscient de ses faiblesses et de ses défauts mais honnête, fidèle en amitié et confiant (parfois trop). Alors qu'il rencontre l'un de ses anciens "collègues" s’emparant de vaches du troupeau qu’il a en charge, il lui conseille gentiment de ne pas poursuivre son larcin et lui rappelle que s’il fermait les yeux sur ses maraudages passés, il n’a jamais lui-même participé à quelconque vol ("I looked the other way maybe, but I never stole cattle"). Lorsque plus tard, installé à son propre compte en tant que sellier, ses amis lui demandent de leur faire crédit, il ne dit jamais non, allant même parfois jusqu’à annuler la dette qu’ils ont contractée envers lui. Il est doux et tendre avec sa femme, courtois avec ses beaux-parents mais surtout grandement compréhensif envers tout le monde ; une "belle personne" comme nous dirions de nos jours même si cette mièvre appellation est un peu galvaudée, utilisée à tort et à travers. Tom Tryon parvient à rendre son personnage totalement attachant, jamais pénible ni moralisateur, le genre de personne que nous aimerions avoir pour pote.

Howie eut du mal au début à se faire accepter par ses beaux-parents, qui ne voyaient pas d'un très bon oeil rentrer dans leur famille un homme d’aussi basse condition ; mais sa rencontre avec le père lorsqu’il vient demander la main de sa fille se passe très bien ("Well Howie, I won't pretend I think you're the ideal husband for my daughter, but if she loves you and you love her, I guess all I can do is wish you luck") et surtout la mère fait la remarque à son époux comme quoi il n’était alors pas mieux loti lorsqu’il lui-même à l'époque l’avait demandée en mariage. Les personnages arrivent tous à se remettre en question et n’ont pas honte de changer d’avis, ce qui constitue l'une des véritables richesses de ce scénario jamais manichéen. L’actrice qui interprète la jeune et belle épouse d'Howie, fille de commerçants enrichis, c’est Pamela Austin qui avait été déjà au générique d’un des très grands épisodes de la série lors de la saison 2, It Takes Big Man. Elle est également très bien dirigée et son personnage tout aussi bien écrit, pas spécialement toujours aimable, ce qui fait aussi son humanité. Le couple a beau s’aimer, les deux déchantent vite : les grands espaces viennent à manquer à l’homme qui se sent un peu trop confiné dans son échoppe et à qui l’on propose justement une place de contremaitre. Sa femme aurait souhaité que l’argent rentre un peu plus vite dans les caisses, d’autant qu’elle tombe enceinte et qu’elle voudrait s'acheter une maison plus vaste que la modeste arrière-boutique dans laquelle ils habitent depuis qu'ils sont ensemble. Poussé par une mauvaise fréquentation, ayant perdu une partie de sa recette au jeu, Howie va se sentir acculé et, pour ne pas décevoir sa femme, va se laisser entrainer sur une pente dangereusement glissante par ce même copain des mauvais jours, sur le point de commettre l’irréparable, une attaque de diligence qui manque de tourner au drame. Avant ça, nous aurons eu l’occasion d’être témoins de plusieurs séquences de discussions très touchantes au cours desquelles Owie se confie à propos de ses problèmes, son mal-être et ses frustrations et demande des conseils à ses amis, dont surtout Stacey qui d’un coup nous paraît plus proche, plus sympathique et plus mature.

Constamment attachant et captivant, voilà un épisode non seulement très maitrisé dans sa mise en scène (quasiment aucune faute de goût de la part de McDougall, ni plan foireux ni vilaine transparence...) mais également et surtout superbement bien écrit, octroyant même à plusieurs des protagonistes récurrents de très jolies scènes ; au shérif Mark Abbott, par exemple qui se révèle in fine un homme profondément humain. Magnifique séquence également que celle de la demande en mariage qui réunit Tom Tryon et Hugh Beaumont, ce dernier tenant le rôle de son beau-père intimidant mais finalement compréhensif, qui fait même son pea culpa, puisque regrettant d’avoir trop gâté sa fille et d’avoir trop hâtivement jugé son gendre qu’il admire désormais pour son courage et par le fait d’être un brave homme. Je vous laisse juge de la qualité des dialogues et de la hauteur morale de ce script au travers ce long extrait de la séquence de remise en question et de conseils avisés du père à sa fille qui était sur le point de divorcer : "Donna, Howie Sheppard is a good man ! Maybe he's a lot better man than I gave him credit for being. He could have gone in with me, but he wanted to make it on his own. And he's been working hard to give you everything you've wanted; everything we've brought you up to want. He could have come crying to me, but he didn't. And that makes me kind of proud of him. As for losing the money, well, he's human. He's no knight in shining armor. He's your husband. Maybe you should have tried harder to meet him halfway.I blame myself. For giving you too much, Donna. For making things too easy for you. For letting you grow up expecting to have everything just exactly the way you wanted it. I spoiled you, Donna, and for that, I'm sorry. Now I'm going to tell you something else. Instead of talking about leaving Howie, what you ought to be doing is thinking about how you can keep him !" Peut-être assez éloigné de ce qu'attendent les amateurs de western mais néanmoins superbe.

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  • 5.15- Vengeance Trail
  • Réalisation : Thomas Carr
  • Scénario : John Hawkins & Ward Hawkins
  • Guests stars : Ron Russell
  • Première diffusion 04/01/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 2/10

Le Pitch : Alors que Stacey rapporte une coquette somme issue de la vente d’un troupeau, il est attaqué par un pauvre bougre sans le sou qui le menace ; par réflexe de défense Stacey le tue. Il le ramène néanmoins chez sa sœur qui comprend très bien l’accident. Elle conseille néanmoins à Stacey de vite quitter la région car elle est certaine que son frère (Ron Russell) cherchera à se venger. Et effectivement, ce dernier apprenant la tragédie part à la recherche du tueur sans le connaitre mais sachant qu’il s’agit d’un cow-boy. Pour le retrouver il se fait embaucher sous un faux nom dans l’équipe du Virginien, de laquelle il est certain que son coupable fait partie...

Mon avis : Le tour de montagnes russes se poursuit, la saison 5 parvenant sans discontinuer à souffler le chaud et le froid : il faut juste s’y faire malgré les hauts-le-cœur que cela occasionne ! Après un superbe Girl on a Glass Mountain, cet épisode central de la saison 5 se révèle être un sacré ratage à tous les niveaux. Et pourtant le réalisateur en est Thomas Carr, l’homme qui venait de signer quelques mois auparavant le splendide High Stakes, alors que le duo de scénaristes, John et Ward Hawkins, capable du meilleur (The Small Parade, Blaze of Glory) comme du pire (The Fatal Journey), nous octroie comme vous l’aurez sans doute deviné un Vengeance Trail qui vient rejoindre la seconde catégorie. La première séquence pouvait pourtant laisser présager un récit intéressant malgré déjà une impression de décors vraiment encore plus cheap que de coutume. Ce fait continuera malheureusement à se vérifier par la suite, les décors en intérieurs - la maison du mort - et les toiles peintes paraissant vraiment plus que sommaires et surtout sacrément factices. Le budget de la série aurait-il été rogné à ce moment-là ? Quoi qu’il en soit, avec une bonne histoire et une bonne mise en scène, ceci ne serait resté qu’un détail vite oublié ; ce qui n’est en l’occurrence pas le cas, le seul point positif de cette fiction étant un Don Quine qui confirme la bonne impression qu’il nous avait faite à l’occasion de l’épisode précédent, il semble enfin avoir réussi à intégrer son personnage et à le rendre convaincant et attachant. Pour le reste...

Mais revenons-en à ces cinq prometteuses premières minutes tout à fait correctes. Stacey se rend à la banque récupérer la somme qu’il a gagnée suite à la vente d’un troupeau. Un homme est derrière lui, tout penaud et d'une tristesse incommensurable. Dès le départ de Stacey, ce malheureux se rend au guichet et demande un prêt que le banquier lui refuse puisque sa ferme est déjà hypothéquée. Acculé et grandement dépité, il rattrape Stacey et est sur le point de le dévaliser sauf que, face à ces menaces, le fils Grainger réagit un peu trop brusquement et tire sur son agresseur, qui se retrouve mortellement blessé. On comprend qu’il ne s’agissait pas d’un mauvais bougre et l’on est attristé pour son sort ainsi que pour Stacey qui se rend compte avoir tué un brave gars aux abois. Moribond, ce dernier s’excuse auprès de Stacey de l’avoir mis dans une telle situation et lui demande de le raccompagner chez lui avant qu’il ne rende son dernier souffle. Et c’est à partir de là que l’épisode commence à s’écrouler puisque l’actrice Mary Ann Mobley, qui interprète la sœur de l’homme entre-temps décédé, s’avère assez mauvaise. Ce n’est pourtant rien comparé à la guest star principale, soit Ron Russell. Dans Ride to Delphi de cette même saison 5, j’écrivais qu’il n’était pas spécialement aguerri pour son rôle de pleutre et de lâche. Mais ici, en jeune homme au sang chaud, il se révèle insupportable de cabotinage.

L’épisode reposant presque tout du long sur ses épaules, on comprend d’emblée d’où provient une partie du ratage. Thomas Carr n’est d’ailleurs pas exempté de "culpabilité" non plus, sa direction d’acteurs s’avérant vraiment plus que légère, aucun des autres seconds rôles ne parvenant à se détacher du lot et James Drury paraît s’être ennuyé sur le plateau comme rarement. Les auteurs ont beau avoir tenté de complexifier l’intrigue sauf qu’elle part dans tous les sens sans véritable liant, les rebondissements et les changements d’axes dramatiques arrivant comme des cheveux sur la soupe. Comme si cette histoire de vengeance ne suffisait pas - avec notamment ces relations d’amitié qui se tissent entre les deux "ennemis", le vengeur ne connaissant pas encore l’identité de celui qu’il recherche - voilà que nos deux compères scénaristes greffent à mi-parcours une histoire de droit de passage pour le bétail dans une ville tenue par des notables corrompus. Ces derniers ont ourdi un complot assez diabolique : le banquier et le shérif, aussi véreux l'un que l'autre, ont décidé de faire brûler les pâturages alentours afin que les vaches n’aient rien à manger et qu’elles soient alors obligées de traverser la bourgade, les cow-boys étant alors tenus de verser une coquette somme aux incendiaires. Sans oublier en bonus de ces deux histoires l’ajout d’un petit "entracte" avec une traque au puma guère plus captivante que le reste ! Des pistes dramatiques très mal imbriquées les unes dans les autres et finissant par annihiler l’intérêt qu’elles auraient pu avoir séparément ; les rebondissements deviennent dans leur majorité soit improbables soit ridicules.

Mal joué, mal écrit et bénéficiant d’un budget plus que ridicule, Vengeance Trail ne parvient non seulement pas à nous captiver mais finit assez vite par nous ennuyer. Nous ne retiendrons donc au sein de cette intrigue inutilement complexifiée qu'une bonne prestation de Don Quine ainsi que la participation de L.Q. Jones dont on attend toujours qu'il se voit confier un rôle d’une plus grande importance, jusque-là Belden restant confiné dans celui du cowboy rigolard. Quant à Ron Russell, sa carrière court de 1966 à 1995 mais n’est constituée que de 14 épisodes de séries télévisées diverses : l’avoir vu dans deux épisodes du Virginien nous fait mieux comprendre pourquoi il n’a pas été plus souvent sollicité. Oublions vite ce faux pas et croisons les doigts pour que la série reprenne enfin et pour plus longtemps de la hauteur !

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  • 5.16- Sue Ann
  • Réalisation : Gerald Mayer
  • Scénario : Gabrielle Upton & True Boardman
  • Guests stars : Patty Duke
  • Première diffusion 11/01/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 7/10

Le Pitch : Sue Ann (Patty Duke) est fatiguée de la pauvreté et de sa vie à la ferme où elle doit s’occuper de ses jeunes frères et de son père. Elle rêve de voler de ses propres ailes et de se rendre à San Francisco. Du jour au lendemain, elle décide de partir et atterrit à Medicine Bow où elle pense gagner assez d’argent pour poursuivre son voyage. Mais son père et Joe, l’homme de main, partent à sa recherche, le second étant résolu de s’en faire épouser. La retrouvant, ils se rendent compte qu’ils n’arriveront pas à la convaincre de rentrer avec eux mais Joe se fait embaucher à Shiloh pour toujours être au plus près afin de la protéger...

Mon avis : La Sue Ann du titre, c’est Patty Duke ; rappelez-vous, il s'agissait de la jeune comédienne qui interprétait Helen Keller, la sourde-muette du très beau film d'Arthur Penn, Miracle en Alabama (The Miracle Worker), dans lequel son personnage avait pour infirmière une inoubliable Ann Bancroft. Au souvenir de ce film on pouvait craindre que l'actrice nous livre à nouveau le même type de prestation un peu exagérée - mais totalement justifiée dans le film de Penn - d’autant que le site Le Monde des Avengers écrivait à son propos : "Un peu agaçante dans son personnage [… ] il est difficile de la supporter jusqu’au bout dans son personnage geignard..." Selon moi, il n’en est absolument rien : la jeune actrice (difficilement reconnaissable cinq ans après sa mémorable prestation de sourde-muette) nous délivre - grâce aussi aux scénaristes - l’un des personnages féminins les plus attachants et touchants que l'on ait pu croiser depuis les débuts de la série ; et pourtant Le Virginien ne manquait déjà pas de mémorables portraits de femmes parmi les personnages "invités". Sue Ann est une jeune fille qui vit depuis sa naissance dans une modeste ferme avec de maigres moyens. Sa mère étant décédée, elle passe son temps aux tâches ménagères et doit également s’occuper de ses deux jeunes frères, de son père, et faire aussi le repas pour Joe, leur commis, ce dernier ayant dans l’idée de s’en faire épouser. Sue Ann est fatiguée de cette existence étriquée, de cette vie harassante et peu gratifiante ; elle ne comprend pas non plus pourquoi Joe a tant tardé à lui parler de ses projets. Elle ne veut pas être vieille avant l’âge comme l’était sa mère "because she had nothing to keep her young and put a spark in her face."

Voulant voir et vivre autre chose, une nuit elle fait son baluchon et part de la maison en laissant pour son père un mot d’explications. Ni lui ni Joe ne pouvant se passer d’elle, ils partent la rechercher en espérant la convaincre de rentrer. La jeune femme s’est arrêtée à Medicine Bow sur les conseils de Trampas qu’elle a rencontré dans la diligence. L’employé de Shiloh est très empressé et souhaite la voir rester alentours. Elle a néanmoins beaucoup de mal à trouver un emploi ; le seul qui lui est proposé est celui de serveuse au saloon. Voulant absolument amasser une certaine somme d’argent afin de pouvoir réaliser son rêve, à savoir se rendre à San Francisco, elle n'a pas d'autre choix que de s'en accommoder. Avant ça, son père était parvenu à rapidement la retrouver mais n’avait pas réussi à la persuader de reprendre sa vie à la ferme ; ce qui ne l'empêchait pas de parfaitement la comprendre, lui souhaitant même bonne chance pour la suite tout en repartant penaud et attristé. En revanche, Joe, plus amoureux que jamais, avait décidé de rester sur place au cas où elle aurait besoin d’aide ; pour ce faire, il était arrivé à se faire embaucher à Shiloh. Sauf que les cowboys - dont Trampas - n’étant pas insensibles au charme de la nouvelle arrivante, il bouillait souvent intérieurement de jalousie et il lui arrivait même de foncer dans le tas. Le jour où il apprend le genre d'emploi trouvé par sa "fiancée", il a honte pour elle et va essayer de la dissuader de continuer. Comprenant que c’est surtout l’argent qui lui manque pour arrêter son travail, il est amené à mettre les mains dans la caisse de Shiloh. Ce qui évidemment va lui valoir des ennuis, mais encore plus à un autre nouvel employé de Shiloh sur qui les soupçons se reportent par le fait d'avoir déjà eu maille à partir avec la justice...

On entrevoit par cette description une intrigue plutôt riche même si les amateurs d’action et de western seront sans doute un peu dépités ; ceux qui en revanche ne sont à la recherche que d’une belle histoire devraient au contraire grandement apprécier ce portrait très attachant d'une femme qui veut s’émanciper et faire ses propres expériences afin de profiter de la vie et ne pas vieillir trop vite. Le finale fera peut-être grincer quelques dents, mais après tout, pourquoi après avoir tenté d’autres voies ne pas vouloir revenir au foyer s’occuper de sa famille et de son mari ? Ce n’est pas un choix automatiquement conservateur ; elle aura pris son envol, aura décidé d’elle-même de quitter ses proches et expérimenté d’autres choses que la vie pouvait offrir avant de décider de revenir en toute connaissance de cause et après avoir découvert le réel amour que lui portait le jeune commis de la ferme, ayant été capable des choses les plus folles afin que selon lui elle retrouve une vie respectable. Dans l'écriture scénaristique, les situations comme les personnages semblent très crédibles ; pour en rester sur les seconds, tout autant celui de Sue Ann que celui de Joe qu’interprète Paul Carr, comédien que l’on avait vu en 1961 dans le rôle d’un jeune fou de la gâchette qui perdait tous ses moyens au moment de devoir réellement se défendre dans Posse from Hell (Les Cavaliers de l’enfer) de Herbert Coleman aux côtés d’Audie Murphy. On notera aussi une bonne description du jeune homme qui pâtit un peu de toute cette affaire, interprété par un très bon Tim McIntire, ainsi qu’un portrait également très poignant du père joué par Edward Binns.

Nous sommes également ravis de retrouver Clu Gulager, Ryker faisant sa réapparition en tant que shérif après avoir déserté la série depuis un bon moment. Les adeptes de la continuité feront certainement des bonds car rien n’explique sa rapide disparition pas plus que sa surprenante réapparition ; comme il m'est déjà arrivé de l'écrire, il faut donc bien prendre chaque épisode indépendamment les uns des autres pour ne pas être déçu par ce genre de "trous" scénaristiques. Pour résumer, il ne s'agit pas nécessairement d'un sommet de la série mais d'une bien belle surprise portée à bout de bras par la ravissante et talentueuse Patty Duke, à quoi l'on ajoute une belle réalisation de Gerald Mayer qui la filme amoureusement, une jolie histoire de Gabrielle Upton et True Boardman, et enfin une parfaite interprétation d’ensemble. Quant à la morale de cette histoire, même si elle pourra paraitre à beaucoup un peu vieillotte, les dialogues sont assez intelligents pour nous empêcher d’en faire un épisode "réac" : "we can't trap things or people to stay with us. They only stay because they want to [...] Pa loved me enough to let me go and you loved me enough to steal for me. I forgot that love was the most important thing." Voilà, juste l’amour qui triomphe de toutes autres considérations ! Un épisode "fleur bleue" très émouvant.

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  • 5.17- Yesterday's Timepiece
  • Réalisation : Abner Biberman
  • Scénario : Al Ramrus, John Shaner & Sy Salkowitz
  • Guests stars : Andy Devine, Audrey Totter, Pat O'Brien...
  • Première diffusion 18/01/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 2/10

Le Pitch : Stacey achète une montre en or à un marchand ambulant. Il semblerait que cette dernière ait été celle qui avait été donnée à son fils par John Grainger et qui aurait disparu depuis le massacre du père de Stacey par les Indiens. Cet objet retrouvé ravivant ses cauchemars quant à la tragédie familiale, le petit-fils demande à son grand-père la permission de partir à la recherche de la vérité sur la mort de ses parents. Il va tenter de remonter la piste des différents propriétaires de la montre pour en apprendre plus, accompagné par une autre orpheline (Audrey Totter) qui l’eut un moment en sa possession...

Mon avis : Avec une régularité de métronome qui devient vraiment un peu pénible, la saison 5 poursuit son incessante succession d’épisodes très bons et très mauvais. Jusqu’à quand ce manque de stabilité va-t-il durer et nous faire légèrement reculer à chaque fois que l'on va vouloir poursuivre le visionnage de la série ?! Sue Ann ayant été une très belle surprise, un épisode d’une grande douceur et d’une grande sensibilité porté à bout de bras par la ravissante Patty Duke, on aura immédiatement compris que ce Yesterday’s Timepiece semble vouloir nous faire payer ce bon moment, se révélant cette fois-ci tout aussi ennuyeux que laborieux. Et pourtant, ils s’étaient mis à trois scénaristes pour plancher dessus avec au final un résultat indigne de la réputation de la série, malgré une histoire a priori intéressante replongeant dans le passé de la famille Grainger en contant l’enquête de Stacey qui tente de découvrir la vérité sur la mort de ses parents que son grand-père a toujours mise sur le compte d’un massacre par les indiens. Le fait que l’un des trois auteurs ne soit autre que Sy Salkowitz, déjà signataire du minable Long Ride to Wind River et du médiocre Trail to Ashley Mountain, aurait pu nous mettre la puce à l’oreille quant à la faible qualité dramatique de l’épisode. Mais on a déjà vu, au sein de la série, de beaux retournements de situations quant à l’écriture de certains scénaristes, comme True Boardman par exemple faisant d'un coup à l'autre souffler le chaud et le froid ; tout était donc possible !

Il y avait aussi pourtant beaucoup d’invités d’un certain prestige - plus peut-être que dans n’importe quel autre épisode - comme Andy Devine (le conducteur de la diligence dans La Chevauchée fantastique - Stagecoach de John Ford), Stuart Erwin (Ben Dalton dans When the Daltons Rode de George Marshall), Karl Swenson (au générique de très nombreux westerns signés Delmer Daves, Henry Hathaway, Jack Arnold, Sam Peckinpah...), Robert F. Simon (le juge dans l’excellent Salaire de la violence - Gunman's Walk de Phil Karlson), Pat O’Brien (Le Garçon aux cheveux verts de Joseph Losey), l’excellent Bruce Bennett (surtout mémorable dans un Raoul Walsh mésestimé et peu connu, Cheyenne, dans lequel il interprétait avec classe un mystérieux voleur poète) ou encore Audrey totter, l’inoubliable épouse de Robert Ryan dans le chef-d’œuvre du film de boxe réalisé par Robert Wise, Nous avons gagné ce soir (The Set-Up), également pas mal du tout dans La Femme qui faillit être lynchée d'Allan Dwan où elle interprétait l’épouse de Quantrill, ex-chanteuse de saloon qui n’hésitait pas à jouer du poing et du pistolet. Dans le rôle de la jeune Elaine partie elle aussi à la recherche de son passé, Kelly Jean Peters ; malheureusement, que ce soit elle ou Don Quine, ils manquent ici tous deux de charisme et ne parviennent ainsi pas à nous toucher malgré les histoires familiales tragiques de leurs protagonistes qui comme on l’imagine très vite vont finir par s’imbriquer. Il y avait vraiment un bon postulat de départ ainsi que de bonnes idées à travers ce récit : le fait par exemple que l’on découvre que les Indiens n’y sont en fait pour rien dans les massacres incriminés ; que les deux jeunes gens partis ensemble à la recherche de leurs origines vont se voir devenir "ennemis" au fur et à mesure de leurs découvertes après avoir été très si proches...

Seulement l’écriture mécanique et trop systématique du scénario - qui voudrait ressembler un peu à celui du superbe western d'Anthony Mann, Winchester 73, par le fait comme fil conducteur de suivre la trace d’un objet, ici une montre, là un fusil - devient vite pesante, la galerie de personnages rencontrés n’étant pas de plus ni passionnante ni originale, l'ensemble avançant très mollement, rendu encore plus lourd par l’inutile complexification de l’intrigue, mix ici un peu raté entre film policier, road movie et western. La séquence la plus intéressante est celle qui se déroule dans la réserve indienne avec cette bonne idée scénaristique de faire renoncer Stacey à sa vengeance puisque le massacre de ses parents résultait d’un acte de guerre... Mais les décors en carton-pâte sont tellement calamiteux que l’on a vraiment du mal à s’y immerger malgré le fait de retrouver à cette occasion dans le rôle de l’indien, Henry Brandon, le comédien qui endossait déjà la défroque de l’inoubliable chef Scar dans le chef-d’œuvre de John Ford, La Prisonnière du désert (The Searchers). Son personnage de "loup infaillible" dans cet épisode est le seul qui parvient à nous sortir de notre torpeur ; il n’aura malheureusement que très peu de temps de présence excepté aussi dans les séquences de rêves/flash-back guère finaudes non plus niveau réalisation, Abner Biberman semblant avoir abdiqué devant un scénario qu'il ne sentait peut-être pas trop.

Une trop belle occasion ratée par la série ; en même temps l'on constate que les quelques épisodes du Virginien qui nous permettaient déjà de connaitre le background des protagonistes principaux, sauf exception, n’avaient jamais encore accouché de grandes fictions. Ici il y avait peut-être encore plus d'éléments pour aboutir à une histoire poignante et touchante ; mais cela aura été un coup d’épée dans l’eau ! Comptons sur Don McDougall pour relever le niveau en espérant cette fois que Biberman, qui lui succèdera, fasse preuve d'un peu plus de convictions pour l'épisode 19.

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  • 5.18- Requiem for a Country Doctor
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : Chester Krumholz
  • Guests stars : Cloris Leachman & Coleen Gray
  • Première diffusion 25/01/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 6.5/10

Le Pitch : En arrivant dans une petite ville où il cherche Stacey, le Virginien voit une potence en train d’être dressée ; il apprend peu après qu’elle doit servir à pendre le fils Grainger qui aurait, après avoir perdu aux cartes, tué le gagnant de la partie qui n’était autre que l’homme le plus aimé et respecté de la bourgade. Le Virginien, étant persuadé de l’innocence du fils de son patron, va tout faire pour le tirer de ce mauvais pas, y compris se confronter à la veuve (Coleen Gray) et à la fille du défunt. Une troisième femme aura de l’importance au cours de son enquête pour découvrir le véritable coupable : Clara (Cloris Leachman), la tenancière du saloon...

Mon avis : On pourra donc toujours compter sur Don McDougall pour relever le niveau ; à force de le répéter, il pourrait vraiment s’agir de l’homme qui aura le plus contribué à faire du Virginien l’une des séries westerniennes les plus intéressantes et les plus adultes de l’époque. Il faut tout d’abord encore une fois louer son immense talent dans la direction d’acteurs, tous les épisodes qu’il a réalisés s’étant révélés remarquables de ce point de vue. Il en va encore de même pour ce Requiem for a Country Doctor, une enquête du Virginien pour sauver la tête de Stacey accusé du meurtre de l’homme le plus respecté d’une petite bourgade. Mélange de polar et de western, ce récit, au fur et à mesure de son avancée, se révèlera surtout être un touchant mélodrame au secret bien gardé jusqu’au bout. Mais je n’en dirai pas plus afin de ne pas trop déflorer une intrigue certes très classique mais plutôt bien écrite par un trio de scénaristes. Pour en revenir à la direction d’acteurs, nous retiendrons les prestations de James Drury - toujours aussi convaincant lorsque son personnage, fortement déterminé, fonce de l’avant et ne lâche rien quitte à se comporter avec une dureté peu en accord avec son statut de "héros" de série familiale -, celles de tous les seconds rôles, mais avant tout celles des comédiennes, pas nécessairement Debbie Watson limitée dans son jeu (elle ne fera d’ailleurs quasiment plus rien par la suite) mais Coleen Gray dans le rôle de la femme du défunt et surtout Cloris Leachman dans la peau de la Saloon Gal.

Cette dernière sera mémorable quatre ans plus tard dans le touchant et magnifique La Dernière séance (The Last Picture Show) de Peter Bogdanovich : il s’agissait de la femme d’âge mur, épouse d’un entraineur sportif qu’elle n’aime plus, tombant alors dans les bras du jeune Timothy Bottoms. Son premier rôle au cinéma reste également mémorable pour les cinéphiles puisque ce fut dans Kiss Me Deadly (En quatrième vitesse) de Robert Aldrich. Nous la découvrions dès la fulgurante séquence initiale : c’est elle qui apparaissait à l’écran vêtue d’un imper, courant seule dans la nuit au milieu d’une route ; éclairée de dos par les phares d’une voiture, elle forçait le véhicule de Mike Hammer à s’arrêter. Dans l’épisode qui nous concerne ici, c’est elle qui fait la plus forte impression et c’est d’ailleurs autour de son personnage d’entraineuse ("In my business, conscience isn't a necessary part of the equipment!") que l’enquête du régisseur de Shiloh va se concentrer et finir par se focaliser, même si ce que l’on pourrait croire tout du long n’est absolument pas ce qui en ressortira en fin d’intrigue. C'est d’ailleurs l’une des plus grandes qualités de l’épisode que de nous emmener là où ne l’attendait pas. Et enfin pour en terminer avec Cloris Leachman, nous avons en plus la chance de la voir interpréter ici une bonne chanson et de constater que sa qualité de chanteuse pouvait être égale à son talent dramatique. Quant à la ravissante Coleen Gray, les amateurs de westerns la connaissent un peu mieux ; ce fut la jeune barmaid dans Quand les tambours s’arrêteront (Apache Drums) de Hugo Fregonese et fit partie de la distribution du génial et méconnu Mariage est pour demain (Tennessee’s Partner) d'Allan Dwan aux côtés d’un magnifique trio d’acteurs : Rhonda Fleming, Ronald Reagan dans son plus beau rôle et John Payne.

Parmi les seconds couteaux, on touve des têtes connues de tous les amateurs de cinéma hollywoodien comme Morgan Woodward (le prisonnier), Dick Foran (le maire/juge de paix) ou John Doucette. Ces personnages de notables vont tenter par tous les moyens de mettre des bâtons dans les roues du Virginien, ne souhaitant a priori pas que certaines choses peu glorieuses ressortent de son enquête ou voulant faire taire les rumeurs et protéger certaines réputations dont celle du médecin assassiné. Le juge ne voulant absolument pas accorder de délai supplémentaire à l’accusé, une véritable course contre la montre s’engage pour notre héros s’il veut découvrir le vrai coupable ou alors ce qui s’est réellement passé le soir du drame ; condition sine qua non s’il veut sauver la tête de son ami et employé, le jeune Stacey, complètement KO debout dans sa cellule, se faisant déjà à l’idée de vivre ses derniers instants. La rencontre en prison de Stacey avec la fille du docteur est assez émouvante, faisant vaciller d’un coup les certitudes de la jeune femme quant à la culpabilité de son interlocuteur au vu de la sincérité et de la gentillesse de ce dernier. Durant ses investigations, le Virginien passera de sales quarts d’heure, se faisant même passer à tabac dans une ruelle sombre, la séquence étant assez sèche et vigoureuse. Oon trouve également une intéressante description de l’application de la loi à l’époque à travers cette réplique du juge au Virginien lorsque ce dernier lui demande pourquoi ils ont été si rapides à condamner Stacey sans grandes preuves : "This town is growing, bursting at the seams. Miners, cattlemen, traders, easy money easy virtues, it's an old song, I know--but when the disease strikes, when the epidemic comes under these conditions it must be dealt with speedily and efficiently !

Sans atteindre des sommets car on a connu des épisodes quand même bien plus captivants, tendus ou émouvants, Requiem for a Country Doctor est une bonne cuvée au sein de cette saison plus qu’inégale ; grâce avant tout à une belle écriture et d’excellents dialogues mais surtout au réalisateur Don McDougall qui continue à nous fournir un travail très professionnel sans abus de vilains décors ou un trop-plein de transparences et qui prouve une fois de plus qu’il savait parfaitement bien choisir et diriger ses comédiens. Une réplique du Virginien résume assez bien le pitch de l’épisode : "Everybody's been trying to protect something ; themselves, each other or the doctor. I've been trying to protect a friend”. C'est clair, net et efficace, comme cet épisode loin d’être désagréable.

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  • 5.19- The Modoc Kid
  • Réalisation : Abner Biberman
  • Scénario : Leslie Stevens
  • Guests stars : John Saxon & Harrison Ford
  • Première diffusion 01/02/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 8/10

Le Pitch : Le hold-up de la banque de Medicine Bow ayant capoté, la bande de Dell Stetler (John Saxon) s’enfuit en laissant sur place un mort et un blessé. Ils ne sont plus que trois fuyards : Dell, Cullen (Harrison Ford) et son frère gravement blessé. Ne voulant pas abandonner ce dernier, ils se rendent au ranch le plus proche qui n’est autre que Shiloh. Là, ils prennent en otage les trois Grainger, ayant auparavant appris que tous les cow-boys étaient partis convoyer du bétail loin d’ici. Les bandits vont tenter de faire venir un médecin sans que les autorités soient mises au courant ; tout ce petit monde confiné, la tension va aller crescendo...

Mon avis : A la fin de mon avis plus que mitigé sur Yesterday’s Timepiece, l’épisode 17 de cette même saison déjà réalisé par Abner Biberman, j’écrivais : "Comptons sur Don McDougall pour relever le niveau en espérant cette fois que Biberman qui lui succèdera fasse preuve d'un peu plus de convictions pour l'épisode 19." McDougall avait tenu ces promesses et comblé cet espoir ; Biberman ne démérite pas, tout au contraire, nous livrant même avec The Modoc Kid l’un des sommets de la série. La malédiction en forme de "dents de scie" aurait-elle enfin pris fin ? Ne nous réjouissons pas trop vite et profitons de cette fameuse réussite. L’histoire est signée Leslie Stevens, le réalisateur d’un petit film culte, Propriété privée (Private Property), sa première réalisation "qui compte parmi les films indépendants des années 60 annonçant le ton et les méthodes du Nouvel Hollywood" dixit Jean Gavril Sluka sur le site ; la ligne du récit est claire et s’achemine vers un suspense à huis clos à "très "haute tension". Tout commençait pourtant d’une manière très fantaisiste, l’adjoint du Shérif - Ryker / Clu Gulager qui semble être enfin revenu pour de nombreuses reprises au sein de la série après une disparition de longue durée que l’on pensait définitive - plaisantant sur l’achat de poules par Elisabeth Grainger, ce qui restera un running gag durant tout l’épisode, permettant au spectateur de reprendre son souffle durant quelques secondes, l’atmosphère d’ensemble restant sinon constamment lourde et menaçante. Avec une extrême rigueur dans la conduite du récit, on assiste ensuite aux préambules du hold-up de la banque de Medicine Bow, qui capote grâce à Ryker qui trouvait ces nouveaux arrivants assez louches et leur a tendu un piège. Résultat de la débandade qui s’ensuit : un blessé, un mort et trois fuyards, dont parmi ces derniers un autre gravement blessé.

L’estropié resté sur place (Harry Carey Jr., l’un des comédiens de la "famille John Ford", entre autres l’un des trois bandits/héros de Three Godfathers - le Fils du désert) est emmené en prison afin d’être interrogé sur l’éventuel lieu de rendez-vous où devaient se rejoindre les membres du gang après leur larcin. Celui a réussi à fuir malgré son sale état est le frère de Cullen, l'un des deux hommes étant parvenu à semer les hommes du shérif. Les deux hors-la-loi ne voulant pas l’abandonner à son triste sort, ils décident de se rendre au ranch le plus proche afin de s’y cacher et de soigner leur acolyte. Pour ce faire, ils devront prendre en otages les résidents du lieu qui ne sont autres que les trois Grainger puisque la propriété est Shiloh. Les gangsters ayant appris au saloon avant le braquage que tous les cow-boys de ce domaine étaient partis une quinzaine de jours pour convoyer du bétail, ils s’en souviennent à cette occasion et estiment à juste titre que c’est une belle aubaine pour eux : seulement trois personnes à surveiller, dont un vieil homme et une jeune fille. Disons-le d’emblée : malgré le fait d'avoir répété à plusieurs reprises que l’une des principales raisons de la médiocre qualité de cette saison 5 reposait sur le manque de charisme des trois comédiens tenant les rôles des membres de la famille Grainger, il faut cette fois se rendre à l’évidence : grâce à la superbe écriture de Leslie Stevens et à la mise en scène plus qu'honorable d’Abner Biberman, pour la première fois Charles Bickford s’avère extrêmement convaincant, et Don Quine et Sara Lane nous octroient probablement aussi à cette date leurs meilleures prestations au sein de la série. Un huis clos va donc se mettre en place, encadré pour les amateurs de mouvements par deux séquences d’action, chacune d’une extrême efficacité : le hold-up raté et évidemment le règlement de comptes final dont on se doute très bien dès le départ qu’il finira par avoir lieu.

Non seulement le scénario est d’une belle solidité (à l’exception peut-être de la séquence aux enjeux un peu flous de la ferme abandonnée, à moins que ce ne soit moi qui ai souffert d'une baisse de concentration à ce moment-là) mais, encore plus remarquable, l’interprétation est aux petits oignons. Outre nos trois comédiens récurrents depuis le début de cette saison ainsi que Clu Gulager égal à lui-même, ou encore le prolifique Paul Fix dans le rôle du docteur, saluons surtout les prestations de Harrison Ford, qu’il n’est pas besoin de présenter et surtout d’un inoubliable John Saxon interprétant ici l’un des bad guys les plus inquiétants depuis les débuts de la série avec celui que jouait Clu Gulager dans l’épisode 17 de la première saison, The Judgment, avant qu’il n’endosse l’uniforme d’homme de loi et n'entre dans la peau de Ryker. John Saxon, c’était l’intrigant Johnny Portugal dans Le Vent de la plaine de John Huston dans lequel il avait déjà pour partenaire Charles Bickford. Puis, dans L’Homme de la sierra (The Appalossa) de Sidney J. Furie, pour faire face à Brando et contraster avec l’interprétation toute en intériorité de ce dernier, les auteurs auront eu la bonne idée de faire appel à lui, qui nous offrait à cette occasion une prestation bien plus extravertie et presque tout aussi mémorable dans la peau du rancher cruel et sadique. Entre les deux, dans Les Cavaliers de l’enfer (Posse From Hell) de Herbert Coleman, il aura été le tenderfoot de l’expédition punitive, le personnage le plus intéressant du film, Saxon volant même la vedette à Audie Murphy. Autant dire qu'il s'agit d'un comédien à redécouvrir et notamment dans le rôle de cet inquiétant Modoc Kid, un bandit sans aucune conscience ("You know, I'm gonna buy me a spread just like yours. Bigger. With a nice trout stream running right through it. It took you a whole life to earn your way to something like that, didn't it ? Take me about two weeks ! Strike it rich in some nice little bank. You see, we all want the same thing. I'm just taking mine while I'm young enough to enjoy it !") et qui cherche coûte que coûte à imposer le respect par la peur et la force : "I'm not asking you to give me help, I'm giving you orders !"

The Modoc Kid est non seulement bien écrit et bien interprété mais également remarquablement réalisé. Abner Biberman réussit aussi bien ses séquences d’action - notamment la fusillade qui suit le hold-up ou encore le finale - que ses scènes dialoguées, parvenant à maintenir une tension et un suspens constant. Il s'avère tout aussi virtuose son découpage, l’exemple le plus évident est celui de l’arrivée des bandits pour prendre en otages les trois membres de la famille Grainger, la scène étant d’une très grande efficacité dramatique, tout comme l’arrivée des hors-la-loi à Medicine Bow en ouverture du récit. Soulignons aussi une belle attention apportée aux gros plans et aux éclairages, témoin la scène de nuit se déroulant entre John Saxon et Charles Bickford dans la ferme abandonnée. Un thriller westernien aux dialogues assez crus ("You shut your mouth, Mister, before I slop hot coals after it !") et à la violence psychologique assez inconfortable ("In that split second before the flash, before everything goes black, you'll believe ! Only then it'll be too late !"). Un grand épisode et un mémorable bad guy : "People look up to a man who stands above the law... My name strikes fear !" Enfin, notons le dernier plan qui rétrécit jusqu’à devenir une vignette au milieu de l’écran : une petite coquetterie assez curieuse dont on se demande ce qu'elle aura bien voulu nous dire !

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  • 5.20- The Gauntlet
  • Réalisation : Thomas Carr
  • Scénario : Lou Shaw
  • Guests stars : Peter Mark Richman
  • Première diffusion 08/02/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 7/10

Le Pitch : Alors qu’il est sur le chemin du retour suite à un voyage d'affaires au Mexique, le Virginien est blessé à l’épaule par un voleur de bétail qu’il avait surpris sur un immense ranch texan appartenant à Al Keets (Peter Mark Richman). Ce dernier le recueille le temps qu’il se remette ; le virginien comprend vite que rien ne va plus dans la vie conjugale du couple Keets et qu’au moment où Mary l’a trouvé, elle était sur le point de quitter son mari, accompagnée de son jeune fils. Keets découvrant dans le Virginien un homme intelligent et intègre, il lui offre la place de contremaitre. Malgré la proposition très alléchante, il refuse…

Mon avis : Troisième épisode consécutif de grande qualité ; nous nous reprenons à espérer un arrêt de la médiocrité d’ensemble de cette cinquième saison d'autant que le modèle de stabilité et de rigueur qu'est Don McDougall va réaliser un épisode sur deux durant le dernier tiers. En attendant la suite, aux manettes ici, Thomas Carr, capable du meilleur (le splendide High Stakes), comme du pire (Vengeance Trail) ; à l’écriture, Lou Shaw, déjà auteur du sympathique mais oubliable Outcast, qui s’en tire ici bien mieux, nous livrant un script dense et riche surtout dans la caractérisation du couple maudit de l’histoire interprété par Peter Mark Richman et Marian McCargo, tous deux très convaincants. Le premier avait déjà été remarqué à deux reprises dans le courant de la série, dans l’atypique A Portrait of Marie Valonne durant la saison 2 puis surtout dans The Girl from Yesterday durant la saison suivante où il tenait le rôle d’un inquiétant Bad Guy sans aucuns scrupules. Ce sera d’ailleurs - tout comme sa partenaire - un familier des principales séries des années 60/70. Notons de suite que le jeune Stefan Arngrim qui interprète le fils sans cesse balloté entre père et mère s’en sort lui aussi plutôt bien, ce qui prouve que la direction d’acteurs de Thomas Carr est bien au point, la qualité de l’épisode reposant avant tout à la fois sur l’écriture et sur un casting de grande qualité sachant rendre crédibles les différents protagonistes quels que soient leur importance.

Le récit de Lou Shaw s’avère très rigoureux malgré des retournements de situations parfois un peu durs à avaler notamment dans le dernier quart d'heure ; il s'agit également d'un épisode un peu masochiste au cours duquel notre héros, ici seul protagoniste récurrent de la série, se verra bien malmené, se faisant tirer dessus, recevant des coups bien teigneux dans la figure et le ventre, passant même près de finir la corde au cou. Mais revenons-en à la première séquence qui nous montre le Virginien arrivant devant un panneau indiquant qu’il est strictement interdit de pénétrer sur les terres de ce domaine au risque de se faire tuer sans préavis. Néanmoins, apercevant un homme en train de dépecer une bête, voilà le régisseur de Shiloh s’approchant pour voir ce qu’il en est réellement. Pas de chances, il reçoit une balle à l’épaule, tombe de cheval et s'évanouit alors que le voleur prend la fuite. Le Virginien est découvert par Mary, une femme passant justement par là en carriole avec son jeune fils. Elle s’arrête pour lui porter secours et l’on apprend peu après qu’il s’agit de l’épouse du grand propriétaire despotique du domaine, Al Keets. L’intendant est emmené dans le ranch afin d’y être soigné et le temps qu’il se remette. Durant son séjour le Virginien va être témoin des violentes rivalités et querelles conjugales qui se font jour au sein du couple qui l’a recueilli ; il va comprendre que Mary quittait son époux au moment où elle lui est venu en aide et que sans lui elle aurait réussi à réaliser son rêve, partir loin d’ici avec son fils. Ceci étant, Al trouve d’énormes qualités à son ‘invité’ au point de lui proposer dans un premier temps une place d’intendant avant de vouloir en faire carrément son associé.

Al Keets est un homme qui fait tout pour se faire haïr ; il se montre tyrannique, aigri, cruel et ne fait pas beaucoup démonstrations de sentiments que ce soit pour son épouse ou son jeune fils qu’il refuse néanmoins de voir partir avec sa mère si jamais celle-ci décidait de les quitter. Il les traite si mal que c’est cependant bien leurs intentions même si Mary continue à défendre son mari devant les autres, lui trouvant des excuses et refusant que son fils parle mal de lui ; d’où la confusion de ce dernier qui ne cesse de croitre. Cette animosité dans le couple vient du fait que Al croit que Mary l’a épousé uniquement pour son argent. L’épisode est principalement basé sur leurs relations très tendues mais où l’on soupçonne encore de la tendresse et de l’amour ; c’est cette richesse qui fait tout le prix de l’épisode, l’auteur n’étant jamais manichéen, la superbe prestation de Peter Mark Richman parvenant à nous rendre son protagoniste parfois attachant malgré le fait qu’il soit le plus souvent détestable ; le Virginien répondra d’ailleurs à sa proposition de travail en lui disant "you’re two different men, one of them I understand, the other I don’t like" ; mais, toujours aussi droit, il refuse néanmoins de le juger devant autrui. James Drury est vraiment très bien dans cet épisode, très convaincant lorsqu'il explique sa fierté d’être régisseur de Shiloh et ne voulant pas changer de poste par amitié pour ses patrons, répétant à plusieurs reprises qu’il est son propre maître et qu’il est ainsi libre de faire ses choix, aussi étonnants soient-ils. ‘L’attraction’ qu’opère le Virginien sur Al est également captivante et superbement décrite, le despotique rancher se montrant toujours plutôt affable pour son hôte qu’il ne se cache pas d’admirer : si Grainger accorde une si grande confiance à son contremaitre, c’est qu’il doit être un homme exceptionnel qu’il aimerait donc bien s'accaparer, en tout bien tout honneur. Mais sans le savoir le Virginien va se faire complice de son épouse, ce qui va rendre les tensions encore plus fortes entre les principaux protagonistes de ce récit.

Le jeune Keets se prend aussi d’amitié pour le Virginien, découvrant en lui le père attentionné qu’il n’a jamais eu ; nous assisterons ainsi à une belle séquence bucolique d’apprentissage de pêche à la ligne. Mais allez vous me dire, et le 'Gauntlet' du titre ? Il s’agit d’un tournoi où tous les coups sont permis qu’organise Al chaque année afin de faire gagner quelques bêtes ; une ‘fête’ totalement illégale... mais comme le rancher s’estime représenter la loi dans sa région… Une course à cheval qui aura lieu en fin d’épisode et qui est évidemment le clou de l’épisode, en tout cas en ce qui concerne les amateurs d’action car il est permis de préférer tout ce qui aura précédé au cours de cette histoire assez sombre. Cette confrontation finale qui voit Al se faire défier par Le Virginien viendra après quelques séquences assez crues et violentes avec pas mal de morts à la clé, des passages à tabac, un enlèvement – celui de l’enfant par des hommes de main très cruels dont l’un est interprété par un inquiétant Harry Lauter – et des fusillades mortelles. Bref, devant ce mélange de suspense psychologique, de drame conjugal et de violences morales et physiques en tous genres, tout le monde devrait s’y retrouver. Et le Virginien une fois de plus de vilipender la violence en étant dégouté du sort qui a été réservé à son agresseur : "Looks like you used him for target practice" et en tournant le dos à ceux qui pensent ainsi l’avoir vengé. Une réussite !

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  • 5.21- Without Mercy
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : Donn Mullally
  • Guests stars : James Gregory
  • Première diffusion 15/02/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 7/10

Le Pitch : Stacey est amoureux de Kathy Young ; il doit cependant la rencontrer en cachette car Cal (James Gregory), le père de la jeune fille, voit cette relation d’un très mauvais œil, refusant que sa fille fréquente des garçons d’une classe sociale plus favorisée que la leur. Surpris en compagnie de Kathy, Stacey est maltraité par le patriarche des Young. Grainger tente d’aller raisonner son voisin, sans succès : estimant néanmoins légitime qu’un père refuse un prétendant pour sa fille, il décide d’envoyer Stacey loin d’ici le temps qu’il fasse le deuil de sa romance. Peu après Cal est retrouvé mort d'une balle dans le dos ; les soupçons se reportent sur Stacey…

Mon avis : Qualitativement parlant, la série semble enfin avoir retrouvé un bon rythme de croisière ; le fait que Don McDougall ait pris le relais et qu’il va réaliser un épisode sur deux jusqu’à la fin de ce dernier tiers de saison en alternance avec Abner Biberman nous rassérène un peu, nous faisant espérer qu’une moitié au moins sera satisfaisante, le réalisateur ne nous ayant quasiment jamais déçu jusqu'ici. Et croyez-le ou non, ne sachant pas qui en était le signataire, au regard de la mise en scène durant le prégénérique j’ai immédiatement pensé qu’il pouvait justement s’agir de Don McDougall derrière la caméra ; l’attention portée au découpage, aux cadrages et à l’éclairage (si l’on veut bien oublier cette vilaine ombre portée de la caméra en bas à gauche du cadre), l’ampleur des travellings, le fait de vouloir prendre son temps et de ne pas hésiter à s’appesantir dans une atmosphère assez bucolique, le fait aussi de refuser presque toutes transparences et stock-shots… tout était typique de cet homme qui s’avère toujours être la meilleure recrue de la série. Dès le départ nous voilà donc rassurés, ce qui se confirmera par la suite, le talent de directeur d’acteurs de McDougall étant lui aussi toujours intact, non seulement les différentes Guest Stars étant très convaincantes mais les trois comédiens interprétant les Grainger confirmant avoir enfin bien intégrés leurs personnages ; ce fut assez long et laborieux mais il semble désormais que Don Quine, Sara Lane et Charles Bickford aient définitivement pris leurs marques.

Une séquence prégénérique qui voit donc réunis le jeune Stacey et une blonde diaphane aussi touchante que ravissante interprétée par Katherine Walsh dont le talent n’aura pas eu le temps de s’épanouir, morte tragiquement à l’âge de 23 ans, assassinée en 1970 sans que son meurtre n’ait été élucidé. On la trouvait au générique de La Poursuite impitoyable de Arthur Penn et au vu de son délicieux visage ainsi que de son interprétation dans cet épisode du Virginien, il n’est pas interdit de penser qu’elle aurait pu avoir une carrière non négligeable. Nos deux tourtereaux passent de merveilleux moments ensemble mais pour cela ils doivent se cacher du père de la jeune fille qui ne supporte et n’approuve pas cette romance : il refuse que Kathy fréquente un homme de condition supérieure à la leur, aigri contre ceux qui ont réussi, jaloux plutôt puisque ce ne fut pas son cas. Ayant surpris Stacey en compagnie de Kathy, pour le punir il l’attrape au lasso et le traine derrière son cheval sur plusieurs centaines de mètres. John Grainger va demander des comptes à son voisin, plaidant la cause de son petit-fils en estimant que ce n’est pas une manière de traiter les gens ; quoiqu’il en soit, rentrant bredouille de son entretien avec l’inflexible Cal, il explique à Stacey que l'attitude de ce dernier est quand même légitime et qu’un père a le droit d’interdire à sa fille de fréquenter untel. Pour lui faire oublier la jeune fille et le faire se changer les idées, John trouve un prétexte pour envoyer Stacey réparer une cabane très loin de Shiloh. Mais Cal est retrouvé mort, dévalisé et une balle dans le dos.

Il est évident que les soupçons se reportent sur Stacey d’autant que l’argent que Cal transportait se retrouve dans la sacoche de son cheval et que tout le monde est au courant de son histoire d’amour ainsi que des rivalités l’ayant opposé au vieil homme. Ce dernier est superbement interprété par James Gregory qui aura eu le temps une demi-heure durant de nous faire montre de son talent ; le comédien était déjà excellent dans le 12ème épisode de la saison 1, 50 Days to Moose Jaw, et fut avant ça sur grand écran l’ennemi des 4 fils de Katie Elder d’Hathaway ; l’on se rappelle aussi son général Quaint dans A Distant Trumpet (La Charge de la 8ème brigade) de Raoul Walsh, superbe personnage s’amusant à réciter à tour de bras des extraits en latin des grands auteurs de l’Antiquité. Le frère de Cal qui tiendra un rôle d’égale importance dans le récit, c’est le non moins excellent Lonny Chapman. Des personnages tous intéressants, pas spécialement manichéens (Cal a tout pour être haïssable mais demeure attachant) et richement décrits grâce à la remarquable sûreté d’écriture de Donn Mullally, scénariste qui ne sera au générique que de six épisodes du Virginien mais qui aura marqué la série de son empreinte durant les deux premières saisons avec le magnifique Impasse (avec Eddie Albert), le curieux et réjouissant The Money Cage (avec Steve Forrest), le mémorable Siege (avec Philip Carey) - à cette date toujours l’un des plus grands épisodes de la série - et enfin The Invaders (avec Ed Begley) dont le scénario était un modèle d’intelligence et de rigueur. Son travail sur Le Virginien s’arrêtera malheureusement avec l’épisode qui nous concerne ici.

Je ne m’étendrais pas plus longuement sur l’intrigue plus proche du film policier que du western afin de ne pas trop en dévoiler. D’autant plus que, une fois n’est pas coutume puisque le plus souvent dans la série le spectateur est en avance sur les protagonistes, ayant comme dans Columbo assisté aux évènements, il n’a cette fois pas été témoin du meurtre et qu’il est dans la même ignorance des faits que celui qui se lance dans l’enquête, en l’occurrence un Ryker en belle forme. Une écriture rigoureuse, un récit policier bien mené, une interprétation de belle tenue, du suspense, du mystère, le gracile visage hypnotisant de Katherine Walsh, l’apparition de tous les protagonistes récurrents… on ne se plaindra pas de tous ces éléments qui rattrapent une résolution de l'intrigue un peu décevante basée sur des boites de conserves de tomates (sic !) Nous aurons en outre assisté à une jolie histoire, été témoin d’un odieux chantage, de la haine que pouvait avoir des fermiers modestes pour de grands éleveurs ainsi que d’une intéressante réflexion sur la place des jeunes filles au sein de la famille, plutôt progressiste puisque Elisabeth Grainger n’hésite pas à contrer son grand père sur ses idées un peu rétrogrades quant à l’autorité paternelle. Ces quatre derniers épisodes auront rivé le clou à ceux qui ne voient Le Virginien que comme une série familiale alors qu’elle se sera souvent révélée bien plus adulte que bien des westerns de la même époque.

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  • 5.22- Melanie
  • Réalisation : Abner Biberman
  • Scénario : Stephen Lord
  • Guests stars : Victor Jory & Susan Clark
  • Première diffusion 22/02/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 6.5/10

Le Pitch : Jim (Victor Jory), un riche homme d’affaires de Chicago, vient rendre visite à son vieil ami John Grainger. Il est accompagné de sa fille Melanie, jeune femme moderne et cultivée qui a voyagé un peu partout. Malgré leurs différences de classe sociale et d’éducation, elle et Trampas commencent à vivre une belle romance. Ils sont même sur le point de se marier et de s’acheter un terrain pour y construire leur ranch. Mais la jeune femme a un terrible secret qu’elle n’ose avouer à son prétendant. Grainger l’ayant appris, il n’en dira rien non plus à son employé mais sera soulagé par la tournure un peu triste que vont prendre les évènements…

Mon avis : Deux réalisateurs se partagent donc en alternance le dernier tiers de la saison 5 ; après Don McDougall, c’est donc à Abner Biberman de prendre le relais. Capable du meilleur (An Echo of Thunder ; The Modoc Kid) comme du pire (Yesterday’s Timepiece), Biberman nous offre ici une bonne cuvée, loin cependant d’égaler les deux titres précédemment cités qui pouvaient être considérés comme des sommets de la série. Concernant Melanie, il est important de demander aux amateurs purs et durs de westerns et d’action de passer leur chemin car il s’agit ici d’un pur mélodrame romantique auquel ils vont assister, sans aucunes fusillades, chevauchées ou la moindre bagarre ni coups de poing. L’épisode reposant sur un secret dévoilé au spectateur à la fin du premier tiers, ceux qui ne supportent pas les spoilers sont priés eux aussi de s’occuper d’une autre manière que par la lecture de cet avis qui peut difficilement en faire l’impasse, auquel cas contraire il n’y aurait pas grand-chose à dire du scénario, le fait de cacher cette ‘surprise’ au cours du pitch ayant déjà été assez difficile même si l’on aura bien compris qu’il s’agit d’une chose d’une profonde tristesse. Puisque nous sommes désormais entre personnes ne craignant pas d’être gênés par le fait de connaitre tous les tenants et aboutissants du récit, voyons ce qu’il en est !

Accompagné par Trampas, John Grainger attend à la gare la venue d’un vieil ami à lui, riche homme d’affaires de Chicago. Ce dernier arrive avec sa fille Mélanie qui intimide immédiatement Trampas par son élégance, sa sophistication et sa classe ; il s’agit d’une femme moderne, progressiste (elle est pour l’égalité des sexes et le vote des femmes), bien éduquée, cultivée et ayant voyagé dans les plus grandes capitales européennes. Après un malentendu vite oublié, Melanie prenant Trampas pour un commis en lui donnant un pourboire pour avoir porté ses valises, les deux qu’à priori tout sépare (condition sociale, éducation, culture, idées…) vont vivre une romance qui va les conduire jusqu’aux portes du mariage avec moult projets à la clé dont l'achat d’un terrain pour y construire un ranch, des enfants… Quant au père de la jeune femme, son ami Jim, Grainger trouve étrange qu’un businessman de l’Est comme lui veuille s’installer définitivement dans la région ; ce dernier lui donne comme excuse le bien être de sa fille qui à Chicago fréquentait des gens bien trop oisifs, voulant la voir désormais se frotter à la 'vraie vie' afin qu'elle puisse la prendre plus au sérieux. Mais étant témoin de l’histoire d’amour entre elle et le cow-boy de Shiloh, Jim se confie enfin et avoue à John la véritable raison de sa venue dans l’Ouest. Melanie est atteinte d’une maladie incurable : si elle était restée à Chicago elle n’en aurait plus eu que pour deux mois à vivre alors qu’au grand air sa vie pourrait être prolongée de quelques mois supplémentaires voire d’une ou deux années. Les deux vieux amis ne s’étant toujours pas complétement remis de leur état de veuvage prématuré, ils ne peuvent qu'éprouver une profonde empathie pour Trampas au vu de sa situation et le plaignent par avance si jamais cette romance devait se poursuivre.

La principale originalité et le culot du scénario de Stephen Lord est que ce secret ne sera jamais connu de Trampas, pas même à la fin après que Melanie ait coupé court à toute idée de mariage alors même que les préparatifs étaient bien avancées et que l’on fêtait même avec faste les fiançailles. En pleine soirée, elle annonce à tout le monde qu’elle change d’idées et qu’elle préfère retourner dans sa ville natale, ayant besoin de luxe et de peur de vite s’ennuyer en restant trop longtemps vivre dans le Wyoming. Un violent coup qui plombe l’ambiance festive et que reçoit Trampas en pleine face alors que nous l'avons vu amoureux fou durant tout l’épisode, celui-ci étant principalement constitué de séquences idylliques entre les deux amants ; amertume et totale incompréhension de sa part qui perdureront jusqu’à la dernière bouleversante image du départ de sa dulcinée. Alors qu’on pouvait légitimement le penser, rien de mièvre au cours de ce récit, l’intelligence des dialogues se faisant immédiatement jour au cours de la première sortie des deux futurs soupirants : alors qu’un froid existait entre eux suite à la méprise initiale du pourboire, Trampas essaie d’exprimer ainsi les intentions de la jeune femme à son encontre lorsqu’elle lui demande de sortir avec lui : "Wealthy, spoiled Eastern girl comes West, finds things kind of dull, stir up a little excitement, something to tell her friends about back in Chicago" ; sur quoi Melanie lui rétorque quant à celles de son 'accompagnateur' : "Hard working, hard-headed cowhand gets a little bored with pretty little girls in calico. Meets wealthy spoiled Eastern girl, stir up alittle excitement, something to tell the boys back in the bunkhouse." Un partout, la balle au centre et d'emblée une belle acuité dans les répliques !

Un épisode à la fois léger et grave sans la moindre scène d’action. Certains pourront le regretter mais devront néanmoins s’incliner devant la qualité de l’interprétation, que ce soit celle de Doug McClure, celle de sa partenaire Susan Clark qui entamait ici une jolie mais discrète carrière de comédienne ensuite très appréciée par les amateurs du cinéma américain de la fin des années 60 (Coogan's Bluff ; Madigan ; Tell him Willie Boy...) et de la première moitié des années 70 (The Midnight Man ; Night Moves...), celle de Charles Bickford qui nous fait oublier depuis trois épisodes ses difficiles débuts dans la série, et enfin celle du toujours excellent Victor Jory (déjà parfait dans le pourtant moyen The Return of Golden Tom). Enfin il est plaisant de voir que malgré le peu de liant entre chaque épisode l’auteur Stephen Lord se soit souvenu des débuts de Trampas et ait fait allusion à ce dont nous avions été témoins au cours de précédents épisodes tels Ride a Dark Trail. Tout aussi touchant d’apercevoir le sincère sourire du Virginien lorsqu’il est témoin du réel bonheur de Trampas. Une histoire très émouvante que devraient apprécier les amateurs de mélodrames et de belles histoires d’amour.

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  • 5.23- Doctor Pat
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : True Boardman
  • Guests stars : Jill Donohue, Mari Blanchard & Don 'Red' Barry
  • Première diffusion 01/03/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 7/10

Le Pitch : Surchargé mais souhaitant pouvoir prendre des congés avec son épouse, le docteur de Medicine Bow attend au train l’arrivée de Pat, un collaborateur que lui envoie l’un de ses anciens professeurs. Quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il s’aperçoit qu’il s’agit en fait de Patricia (Jill Donohue). Il se demande si une femme médecin sera acceptée par les habitants pleins de préjugés ; et effectivement Patricia a bien du mal à se faire une clientèle malgré le soutien du Virginien qui est tombé sous son charme. Un drame survenu suite à une opération va même l’amener à comparaitre devant un tribunal… sauf qu’on ne la retrouve plus…

Mon avis : Délicatesse de ton, douceur des portraits féminins et des séquences bucoliques, grande attention portée aux détails et aux visages, cadrages parfaitement maitrisés, rythme expressément posé, scènes étirées pour renforcer le suspense (ici l’opération), parfaite direction d’acteurs et refus d’utiliser, dans la mesure du possible, stock-shots et autres transparences… nous sommes bien en présence d’un épisode réalisé par Don McDougall. Ce dernier semble même avoir ajouté une signature à ses participations à la série depuis le précédent épisode, Without Mercy, celui de l’ombre portée de la caméra : cette fois c’est lors d’un beau travelling alors que Jill Donohue traverse la rue principale de Medicine Bow ; non seulement l’on aperçoit l’ombre de la caméra mais aussi celle du cadreur et du chariot. Évidemment que nous lui pardonnerons aisément cette petite négligence tellement le réalisateur continue par ailleurs à nous combler de bonheur à chaque fois qu’il se met aux manettes d’un épisode. Doctor Pat ne démérite donc pas même si un petit problème d’écriture l’empêche d’atteindre les sommets. Il s’agit de l’association dans ce même scénario de deux intrigues que tout semble séparer, qui perdurent en parallèle quasiment jusqu’au terme de l’épisode mais qui finiront néanmoins par se ‘rencontrer’ ; ce ne serait pas un problème, bien au contraire, sauf que l’une est tellement plus puissante et passionnante que l’autre qu’un petit déséquilibre s'opère entre les deux qui empêche l’ensemble de sembler totalement satisfaisant.

La première piste dramatique - et la plus importante - est celle de l’arrivée à Medicine Bow de l’assistant du Dr Spalding qui s’avère être... une femme ; les préjugés étant bien ancrés parmi la population, la question est de savoir si elle va être acceptée en tant que docteur par les habitants. La seconde, qui tend plus vers l’intrigue policière, met en scène un couple dont la doctoresse avait fait connaissance lors du voyage en train qui l’a conduite dans le Wyoming ; un homme et une femme assez louche mais dont le mystère reste entier quant à leurs intentions concernant leur venue à Medicine Bow. Hormis le fait que Patricia et ces deux protagonistes aient voyagé ensemble, rien ne les lient, et ce jusqu’à la fin de la première heure. Nous n’évoquerons rien de ce rapprochement des deux intrigues parallèles qui va faire prendre à l’épisode un virage encore plus dramatique alors même qu'il avait déjà amorcé un tournant de gravité suite à la mort d’un des patients opéré par la 'Medicine-Woman'. Avant ça, nous aurons assisté à un épisode très intéressant sur les à priori et idées préconçues concernant la capacité des femmes à exercer la médecine et surtout à une idylle totalement platonique – pas même le moindre baiser - entre le Virginien et cette femme remarquable à tous points de vue, aussi belle et élégante que tolérante et intelligente. La comédienne d’origine suédoise Jill Donohue que l’on aura plaisir à revoir dans deux épisodes de la saison suivante fut mariée dans les années 80 à Stacy Keach : au vu de son talent et de son étonnante beauté (rehaussée par des costumes magnifiques), il est bien dommage que sa carrière n’ait pas été plus glorieuse. Quoiqu’il en soit, Le Virginien aura eu le mérite de nous faire découvrir de multiples actrices de talent ainsi que de nous octroyer de nombreux splendides portraits féminins ; Doctor Pat en fait partie.

Vu les qualités intellectuelles, humaines et plastiques de Patricia, Il n'est pas très difficile de se mettre dans la peau du Virginien subjugué par cette femme ravissante ; il aura encore raté une occasion de trouver chaussure à son pied. A ce propos le final de cet épisode est l’un des plus beaux et poignants auquel il nous aura été donné d’assister, la doctoresse préférant ne pas rester à Medicine Bow auquel cas son travail serait passé au second plan au profit de sa romance avec le contremaitre de Shiloh, "ayant encore tant de choses à apprendre et à accomplir avant que de se mettre en couple". Le Virginien lui dit néanmoins de revenir si un jour l’envie lui en dit ("The Door is Always Open") ; sur quoi elle accepte sa proposition mais comme déjà tant d’autres femmes au préalable ; notre héros restera probablement célibataire jusqu’à la fin des 9 saisons. Sinon nous avons aussi le plaisir de faire ici plus ample connaissance avec le Dr Spalding (sympathique Jon Bryant) et son épouse, femme assez ouverte d’esprit qui ne conçoit aucune jalousie quant au fait que son mari ait pour assistante une si jolie femme (il s’agit même d’un sujet de plaisanterie qui devient récurrent au sein du couple) et qui le pousse même à la garder malgré les réticences de ses concitoyens. Certains des plus acharnés viennent cependant faire honorable en public lorsqu’ils sont témoins des véritables dons et talents de la femme médecin qui sait se faire très empathique et qui finit par emporter l'adhésion de certains... dans un premier temps. A propos de doctoresse qui ne s’en laisse pas conter et qui possède au moins autant d'aptitudes que ses congénères masculins, il y eut dans le genre Greer Garson dans Strange Lady in Town (Une Etrangère dans la Ville) de Mervyn LeRoy ; autant dire que l’épisode du Virginien vole cent coudées au-dessus, à tous les niveaux. Il n’est ainsi pas inutile de rappeler que même à l’époque la télévision pouvait parfois damer le pied au cinéma sur certains sujets.

Ajouter à tout ceci un magnifique thème musical ; des situations très crédibles (le bonheur du couple Spalding de pouvoir enfin partir en vacances en amoureux...) ; des notations documentaires intéressantes sur la médecine de l’époque (le masque à chloroforme, les médicaments préconisés…) ; des Guest star si ce n’est prestigieuse, au moins connues des amateurs de western hollywoodien, avec, pour interpréter le couple d’escrocs très humains, Don ‘Red’ Barry (Sept hommes à abattre - Seven Men from now de Budd Boetticher ; L’homme aux colts d’or - Warlock d’Edward Dmytryk…) et Mari Blanchard (Seul contre tous - Rails into Laramie de Jesse Hibbs, Le Nettoyeur - Destry de George Marshall…) dans son avant dernier rôle ; et surtout un discours de tolérance et de ‘haro sur les préjugés’ qui fait bien plaisir à entendre, que tient le Virginien lors du procès de la jeune doctoresse suite à la mort d’un de ses patients alors qu’elle l’opérait en urgence : "Before she testifies there's something I'd like to say. I don't know what you may have heard here today, what you have already in your minds, but I can tell you this. I was there when, Dr. O'Neill made the decision to operate on Mrs. Anderson. She knew the risk she was taking, and she took it. The easy way would have been to let her patient die in agony. And now I want to ask you a question. Would this hearing, ever had been held, if Pat O'Neill weren't a woman? Doc Spalding has lost patients, every doctor has. So, just lets all of us, be sure exactly what it is that's on trial here today. Is it the facts, or our prejudices?" Le progressisme adulte et jamais mièvre de la série est toujours de la partie et c’est tant mieux ! Une très émouvante réussite de True Boardman à l’écriture après le touchant Sue Ann avec Patty Duke.

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  • 5.24- Nightmare at Fort Killman
  • Réalisation : Abner Biberman
  • Scénario : John & Ward Hawkins
  • Guests stars : James Daly & Don Mitchell
  • Première diffusion 08/03/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 7.5/10

Le Pitch : Stacey se rend à San Francisco pour le compte de son grand-père. Ce dernier apprend quelques jours plus tard qu’il n’est jamais arrivé à destination où l'attendait le Virginien. En effet, par un tragique concours de circonstances, il a été kidnappé par un soldat qui l’a amené de force au Fort Killman où le sergent Trapp (James Daly) lui faire vivre un véritable enfer ; il est impossible pour Stacey de faire entendre raison aux officiers quant à sa véritable identité et au fait qu’il ne fait pas partie de l’armée des Etats-Unis. Une situation kafkaïenne et totalement cauchemardesque pour Stacey à qui l’on fait comprendre qu’il finira sa vie dans cette garnison…

Mon avis : A ce stade il faut noter une surprenante fin de parcours concernant cette saison 5 qui, après nous avoir soufflé le chaud et froid pendant toute sa première moitié, nous surprend désormais presque à chaque fois, comme pour se faire pardonner de la médiocrité de tant de précédents épisodes. Nightmare at Fort Killman s'avère être non seulement un virulent pamphlet envers la discipline dans l'armée et les règlements militaires mais également un épisode paranoïaque et kafkaïen qui porte remarquablement bien son titre puisque ce qu’il se passe pour le pauvre Stacey Grainger se révèle bel et bien cauchemardesque. La mise en scène de Abner Biberman et le scénario des duettistes John & Ward Hawkins aident formidablement bien à nous mettre dans une atmosphère anxiogène assez étouffante ; rarement nous aurons eu si peur pour un personnage récurent de la série grâce aussi aux comédiens qui font admirablement bien leur travail avec à leur tête un inquiétant James Daly dans le rôle du Sergent Joe Trapp. Au début le spectateur a un peu de mal à comprendre tous les tenants et aboutissants de cette histoire à priori expressément obscure et au sein de laquelle les points sombres paraissent vraiment peu crédibles ; mais cette étrangeté participe aussi de ce cauchemar et il n’est finalement pas plus mal ne pas avoir saisi dans leur ensemble les motivations de ces officiers pour le moins aussi sadiques que menaçants. Mais revenons-en au point de départ…

Stacey doit se rendre à San Francisco pour le compte de son grand-père. En attendant le train, il laisse sa valise au chef de gare le temps d’aller faire un tour en ville ; valise qui aura de l'importance pour le dénouement de l'intrigue. Le lendemain voilà qu’il se réveille vêtu d’une tunique bleue dans un chariot qui pénètre au sein d’un fort de l'armée américaine. Il a été assommé et amené jusqu’ici par un soldat (Johnny Seven) qui semble-t-il aurait gagné son ticket de sortie de l’armée en échange d’une mission que lui aurait confiée son sergent (James Daly), ramener à la garnison une nouvelle recrue prénommée Thorne. On ne saura jamais vraiment clairement qui était cet homme qu’a malencontreusement remplacé Stanley ni ne comprendrons l’exact chantage qui a abouti à cette situation à la fois ubuesque et kafkaïenne pour le petit fils du propriétaire de Shiloh. Quoiqu’il en soit, avec sur lui des papiers signés comme quoi il s’est engagé, Stacey doit désormais se prénommer Thorne, doit rester tranquille, n’a pas le droit à la parole pour justifier sa véritable identité et semble vouloir être mis à l'écart de leur hiérarchie par ces deux militaires qui pensent donc que le meilleur moyen pour qu’on l’oublie est qu’il reste enfermé dans un cachot. Mais pour se faire dans les règles, le jeune homme doit se révolter et commettre un acte qui justifierait cette décision. Des conditions de détention inhumaines, un harcèlement physique - dont la construction et reconstruction d’un mur en pierre d’un endroit à un autre et au pas de course - et psychologique – on l’empêche de s’endormir - qui vont conduire à l’inévitable : Stacey finit par frapper son supérieur (même si l'on sait que Stacey est tombé dans le piège, on jubile quand même à ce moment là tellement nous aurions eu envie qu'il le fasse depuis un certain temps) ; le frais émoulu Capitaine (Les Crane) ne pourra donc que suivre les conseils du Sergent, le faire emprisonner.

"Out here he's gotta follow regulations. He's gotta go by the book. You let him get you in there, you belong to him. He owns you. He can fix it so you never get out." Voici Stacey perdu comme le lui fait comprendre son compagnon de galère ; puisque le récit contient également une petite histoire d’amitié entre Stacey et une autre forte tête, un jeune noir interprété par Don Mitchell ; son destin sera tragique et sera à l'origine d'une séquence assez émouvante. En plus de cette infernale machination et de ce cauchemar éveillé, nous serons les témoins d’une intéressante réflexion sur la hiérarchie militaire, le népotisme et les règlements de l’armée, le commandant du fort prenant dans un premier temps ombrage derrière les conseils de son sergent qui a déjà pas mal bourlingué et a qui passé une partie de sa vie au sein de l’armée. Mais ce dernier est un sacré manipulateur – en plus d’être un maître chanteur - et il parvient à aveugler son supérieur qui est le fils de son précédent commandant, ce dernier ayant avant de mourir expliqué à son fils la haute estime dans laquelle il tenait le Sergent [... et là je me rends compte en me relisant que je pourrais vous avoir perdu faute aussi à la complexité, à la densité et à la richesse de l'épisode ; je vous invite donc à aller le visionner...] Alors que Stacey aura réussi à fuir cet enfer, accusé de meurtre il sera forcé d’y retourner à la demande de son grand-père qui veut que justice se fasse dans les règles ; autant dire que le jeune homme va craindre ce retour sur les lieux de l'horreur. Nous pourrions penser au vu de cette histoire que les comédiens en feraient des tonnes et que leurs personnages seraient décrits tout d’un bloc : il n’en est heureusement rien, d’où une apparence totalement crédible malgré une histoire aussi hallucinée.

Mauvais traitements, passages à tabac, torture psychologique, meurtres crapuleux, racisme, démence… rien n’est épargné au spectateur qui, à l'instar de Stacey, ressort un peu groggy d'être tombé sur un épisode aussi sombre et aussi virulent contre l’armée même si celle-ci sortira in fine la tête haute, le personnage du capitaine se révélant non seulement peu rancunier mais également plein de bon sens et capable de pardonner. Un épisode certes bavard mais aussi sombre, brutal et au suspense vraiment très stressant montrant les conséquences désastreuses des agissements d’un haut gradé. Des officiers psychopathes, on en aura vu quelques-uns au cinéma ; mais l’interprétation assez bluffante de James Daly fait de son sergent Trapp l’un des plus inquiétants. Don Quine continue de son côté à prouver qu’il avait à présent bien compris son personnage et il se révèle à nouveau bien plus convaincant qu’en début de saison. Bonne prestation également dans le rôle du jeune Capitaine de Les Crane, le chanceux époux à la ville de la sublime Tina Louise. Concernant l’écriture, la réalisation et l’interprétation, rien à redire ; autant dire que nous tenons là l’un des excellents épisodes de la série, l'un de ceux qui font le plus froid dans le dos.

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  • 5.25- Bitter Harvest
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : Andy Lewis
  • Guests stars : John Lupton, Russ Conway & Larry Pennell
  • Première diffusion 15/03/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 7.5/10

Le Pitch : Suite à une annonce parue dans le journal de Medicine Bow, le Virginien se rend à Winton acheter de l'avoine à Frank Adams (John Lupton). Il découvre une famille au bord de la pauvreté, poussée vers la sortie par leur voisin, un gros rancher qui souhaite leur racheter leur lopin de terre ; en effet s'y trouve l’unique point d’eau de la région sans lequel il risque d’être ruiné à son tour, son bétail ne pouvant plus s’y désaltérer. Mais l’épouse de Frank a refusé l’offre par fierté, croyant qu'ils pourront à force de travail se sortir de leur difficile condition. Le Virginien va servir de médiateur entre les deux ennemis, les risques que le sang coule s'avérant grandissants…

Mon avis : Cette fin de saison 5 ressemble de plus en plus à un challenge d'excellence entre Abner Biberman et Don McDougall ; et comme rien ne pouvait advenir de mieux pour relancer la série sur de solides rails, nous nous en réjouissons puisque durant les 9 derniers épisodes, les deux réalisateurs se succèdent chacun leur tour derrière la caméra. Après l’étonnant et stressant Nightmare at Fort Killman mis en scène par Biberman, McDougall nous octroie une histoire beaucoup plus classique mais tout aussi passionnante grâce avant tout à une direction d’acteurs toujours aussi juste, à la beauté de sa mise en scène toute en douceur et sobriété ainsi qu’à un scénario superbement bien écrit, Andy Lewis nous livrant ici son travail le plus satisfaisant sur les quatre épisodes qu’il a signé jusque-là. Il s’agit ici ni plus ni moins que d’un récit contant les traditionnels conflits entre cultivateurs et éleveurs, le thème certainement le plus usité du western. D’un côté la famille Adams qui s’est installée tout à fait légalement sur un terrain qui lui a été octroyé par le gouvernement afin de le cultiver : la terre est aride mais la parcelle détient le seul point d’eau d’importance aux environs ; de l’autre Tom Hadley, gros rancher avec sous lui tout un tas d’employés. Tout irait pour le mieux entre voisins si les fermiers n’avaient pas décidé de clôturer leur terrain et ainsi interdire tout accès à la source pour le bétail de l’éleveur.

Le cultivateur est certes dans son bon droit, mais par le fait de s’être accaparé le seul point d’eau alentour, il en prive ceux qui en profitaient depuis des années au risque de faire mourir leurs bêtes. De plus, tous les experts estimant la terre difficilement cultivable, les deux adversaires pourraient être ruinés en même temps, pas plus le bétail que les plantations ne pouvant s’épanouir si l’on en restait à cette situation. Frank ayant bien compris l’impasse où il se trouve était prêt à vendre son terrain à Hadley sauf que son épouse qui se plait en ce lieu ne veut pas en entendre parler, voulant garder son indépendance et sa liberté, pensant pouvoir arriver à subsister à force de travail et de courage, soutenue par son frère qui s’avère être une forte tête et qui ne souhaite pas se faire dicter la loi par un gros propriétaire. Ce dernier est un ami de John Grainger ; le Virginien en allant lui rendre visite après avoir signé un marché avec les Adams se retrouve pris entre deux feux : en effet l’éleveur accepte difficilement que le régisseur de Shiloh ait acheté de l’avoine au fermier qui grâce à cette vente pourra repartir pour une année de culture et du coup refusera de vendre dans l'immédiat ; quant aux Adams ils pensent avoir été trahis par leur acheteur d’autant que rien n’a vraiment été signé par écrit, s’angoissant de voir le deal annulé. Le Virginien se rend compte de la difficulté de la situation et de l’entêtement inutile des fermiers à vouloir cultiver ce lopin mais ne pense aucunement renier sa parole quant à l’achat des céréales ; travaillant dans la même branche, il se prend aussi d’une sorte d’empathie pour le rancher qui risque de perdre tout ce qu’il a créé depuis des années ; tiraillé entre chaque camp, il va se retrouver en mauvaise posture, finissant par devoir servir de médiateur afin que les rivalités ne s’enveniment de trop et n'en viennent à faire couler le sang.

L’on arrivera peut-être à comprendre au vu de ces explications à quelle point la situation parait inextricable tout autant pour les deux adversaires que pour notre héros qui a du mal à voir comment démêler cet imbroglio. Tous les épisodes ayant jusqu’ici conté une histoire de conflits entre éleveurs et fermiers ont donné des résultats captivants malgré l’aspect de prime abord assez exigeant et austère de leurs récits ; vous aurez compris qu’il en va de même pour Bitter Harvest qui porte remarquablement bien son titre même si tout se terminera par un très joli happy-end mettant une fois de plus en avant la médiation et la non-violence alors qu’une bataille rangée et une fusillade nourrie et sanglante était sur le point d’être déclenchées. Car entre temps tout s’était encore plus corsé par l’incendie de la grange des Adams avec toutes les récoltes qu’elle contenait, ainsi que, suite à ça, la prise la main dans le sac du fils Adams voulant se venger, sur le point de mettre à son tour le feu au domaine du rancher, avant même qu’il ait été prouvé que l’incendie de la grange ait été de nature criminelle. Don McDougall est définitivement le réalisateur de la série dont le travail s’avère le plus cinématographique : il prend son temps pour installer son intrigue, s’appesantit sur des images de chevauchées ne manquant pas de lyrisme, sur des gestes du quotidien qui rendent encore plus crédibles l’ensemble (le Virginien humectant les naseaux de sa monture après une course harassante…), ainsi que sur des détails documentaires très intéressants - surtout puisque peu vus à l'écran - comme la réservation d’un wagon pour transporter l’avoine... Quant aux respectables valeurs portées par le récit d’Andy Lewis, elles ne manquent ni de panache ni d'humanité : il faut avoir vu l’intendant de Shiloh, plus déterminé que jamais, se jeter tête la première dans la bagarre, non pas parce qu’il a choisi son camp mais pour équilibrer les forces en présence, ou encore essayer de convaincre avec patience et détermination qu’il ne reviendra jamais sur une parole donnée quelles que soient les circonstances.

Quant au final que je ne raconterais pas, il n’est certes pas forcément vraisemblable mais se révèle être un véritable message de courage, de sagesse et d’intelligence diplomatique, la négociation devant toujours primer sur la violence. Tous ces protagonistes richement écrits – aucun manichéisme de part et d’autres - sont interprétés avec grand talent par un James Drury en grande forme, la ravissante Whitney Blake qui n’est pas sans ressemblance avec la non moins talentueuse Maggie Gyllenhal, John Lupton dans la peau de son époux – il était également inoubliable dans Fort Bravo dans le rôle du déserteur poète qui revendique le droit ne pas être un héros et celui d’avoir peur, ainsi que dans un épisode précédent de la série, A Gallows for Sam Horn déjà réalisé par McDougall -, Russ Conway - comédien ayant souvent tourné pour George Sherman - dans le rôle du rancher, Gregg Palmer – une multitude de seconds rôles dans les westerns Universal - dans celui de son régisseur ou encore Larry Pennell dans le rôle du beau-frère du fermier. Un excellent épisode tout autant au niveau de l’écriture que de la réalisation et de l’interprétation. Une période un peu bénie pour la série en ce début d’année 67.

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  • 5.26- A Welcoming Town
  • Réalisation : Abner Biberman
  • Scénario : Sy Salkowitz, William Talman & Norman Jolley
  • Guests stars : Robert Fuller & Carole Wells
  • Première diffusion 22/03/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 6.5/10

Le Pitch : Trampas vient faire sa visite annuelle à Ida et son fils Joe, famille dans laquelle il a été accueilli durant une année alors qu’il était enfant. Mais ce jour-là il trouve une maison vide et déserte ; rencontrant Judy Atkins, une des filles du voisin le plus proche et une amie de Joe, elle lui apprend qu’Ida est partie vivre en ville depuis que son fils a été tué alors qu’il était poursuivi pour viol. Connaissant parfaitement le caractère de Joe, Trampas ne veut pas croire à cette accusation et va mener son enquête pour savoir ce qui s’est réellement passé ; il va se heurter à la famille Atkins et notamment au beau-frère de Judy (Robert Fuller)…

Mon avis : Après son kafkaïen et cauchemardesque Nightmare at Fort Killman, Abner Biberman en revient à une histoire un peu plus classique, une enquête en milieu westernien ; enquête menée par Trampas, seul protagoniste de la série à officier ici. Sans atteindre des sommets faute à un scénario qui manque un peu de surprises sur la longueur et qui se traine un peu sur la fin, encore une réussite de ce dernier tiers de saison 5 signée pourtant par l’un des moins bons scénaristes de la série. Mais Sy Salkowitz a heureusement eu ici la chance d’avoir pour point de départ une histoire très bien écrite par Norman Jolley & William Talman, le duo d’auteurs déjà à l’origine de ce western unique, atypique et sacrément savoureux qu’était Joe Dakota de Richard Bartlett avec un Jock Mahoney inoubliable. En voici l'argument : alors qu’il était enfant et alors que son père s’en était allé à l’aventure, Trampas avait été recueillie une année durant à la campagne par la famille d’Ida ; il fut ainsi grand camarade de jeu avec son fils Joe qui avait alors à peu près son âge. Depuis, très régulièrement, Trampas leur rend visite. Quelle n’est pas la surprise du cowboy de Shiloh lorsqu’il trouve ce jour-ci la maison vide et déserte ! Une belle blonde qui rêvassait au bord de l’étang du terrain et qui n’est autre que l’une des deux filles du voisin le plus proche, lui explique que la vieille femme habite désormais en ville depuis que son fils a été abattu alors qu’il était poursuivi pour viol. Un vrai coup sur la tête pour Trampas !

Connaissant parfaitement la gentillesse de Joe qui était incapable de faire de mal à une mouche, il ne peut pas croire une seule seconde qu’il ait pu commettre un viol. Il décide d’élucider ce mystère pour faire sortir la vérité et ainsi blanchir la mémoire de son ami d’enfance. Il commence à avoir des soupçons quant à une probable affaire 'pas très catholique' lorsqu’il apprend que les voisins de Joe, déjà très réticents à lui parler du drame, possèdent désormais la mine d'or du 'violeur' qui à l’époque ne donnait pas grand-chose mais qui depuis qu’ils lui ont acheté semble rapporter énormément. Les voisins, il s’agit de la famille Atkins dont fait partie la belle blonde rencontrée par Trampas en tout début d’épisode. C’est d’ailleurs elle la fameuse victime du soi-disant viol, son père ayant mené le posse mis en place pour poursuivre et rattraper le coupable ; l’arrestation de ce dernier s’est soldé par sa mort mais les responsables s'en sont dédouanés en partie en faisant prévaloir la légitime défense. La famille Atkins est composée de Judy et de sa sœur Cathy, de leur père et du mari de la seconde ; rarement nous avions encore pu être témoin au cours de la série d’un amour aussi fusionnel entre deux personnages, ici les deux époux sans arrêt collés. On pourrait croire de prime abord que la description de ce couple fortement amoureux est totalement gratuite et n’a aucune incidence ni importance ; c’est sans compter sur l’intelligence des auteurs qui ont tout prévu… sauf que je ne vous dévoilerais pas le final de l’intrigue !

Quoiqu’il en soit, cette relation est peu banale dans le genre et surtout très agréable d'en être témoins d’autant que les deux mariés sont formidablement bien interprétés par Carole Wells (ravissante) et Robert Fuller (Incident at Phantom Hill – Sans Foi ni Loi de Earl Bellamy) qui forment un couple non seulement très crédible mais également sacrément enviable. Au sein du casting nous apprécierons également Jocelyn Brando dans le rôle de la mère du jeune homme accusé de viol ou encore Frank Overton (Posse from Hell – Les Cavaliers de l’enfer de Herbert Coleman avec Audie Murphy) dans celui du patriarche Atkins, voire même Phillip Pine dans le rôle du shérif intraitable. La première qualité de cet épisode réside dans l’écriture de tous ces personnages qui tiennent chacun une place presque d’égale importance au cours de l’intrigue ; pas un n’est sacrifié, pas plus les deux sœurs que le père, le gendre ou d’autres seconds rôles tels le shérif ou le vendeur de chapeaux, savoureux Russell Thorson dont ce n’est d’ailleurs pas la première participation à la série. Et comme les comédiens s’avèrent tous très bien dirigés, l'ensemble fonctionne à merveille ; dommage que Linda Day George, l’actrice qui tient le rôle de Judy, la femme violée, soit un peu en deçà de ses partenaires, sans quoi l’épisode aurait récolté une note plus haute s’il n’avait pas non plus abusé de trop de Matte-Paintings et de décors studios un peu trop voyants comme le lieu où se rencontrent Trampas et Lucy au bord d’un étang qui fait aussi factice que les alentours.

Bonne interprétation d’ensemble, réalisation toute à fait honorable et scénario très correctement écrit au cours duquel nous aurons pu piocher quelques très réjouissantes séquences comme ce prologue très amusant où l’on comprend immédiatement toute l’ironie qui se cache dans le titre de l’épisode, Trampas se voyant dès son arrivée en ville très mal accueilli par un marchand de chapeaux qui ne veut se lever de son siège que s’il est certain de conclure une affaire. A signaler également une scène teigneuse et fort rude pour l’époque, celle du passage à tabac d’un Trampas roué de coups, violence sèche qui me surprend toujours, surtout lorsque l’on sait que beaucoup parlent au sujet du Virginien de série familiale ; d’autant plus ici que le thème principal abordé est le viol et surtout lorsque l’on apprend in fine ce qu’il s’est réellement passé, la vérité s’avérant toute aussi horrible que poignante (et finalement pourquoi pas pardonnable d’un certain côté où l’on se place). Je vous laisse désormais dans cette expectative en espérant que le relais passé à Don McDougall sera au moins aussi satisfaisant. En attendant, encore un épisode qui se termine sur un twist très léger et pas désagréable surtout après avoir côtoyé les zones d’ombres de la nature humaine.

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  • 5.27- The Girl on the Pinto
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : Theodore Apstein & Seeleg Lester
  • Guests stars : R.G. Armstrong & Warren Stevens
  • Première diffusion 29/03/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 5/10

Le Pitch : Trampas est attirée par une jeune femme qui monte un beau cheval Pinto. En la rencontrant dans les rues de Medicine Bow il apprend qu’il s’agit d’Amanda, la fille des nouveaux voisins de Shiloh, les Harley. Il l’invite à être sa cavalière au prochain bal mais elle refuse. Ses parents adoptifs aimeraient qu’Amanda soit moins réservée et qu’elle se socialise sans trop y croire, une tragédie lui étant arrivée dans sa jeunesse l’ayant complètement inhibée. Un certain Richard Pierce (Warren Stevens) arrive en ville qui semble être très surpris puis grandement intéressé lorsqu’il apprend que des Harley viennent de s’installer dans les parages…

Mon avis : Et c’est donc au meilleur réalisateur de la série de nous décevoir en premier lors de son challenge avec Abner Biberman durant ce dernier tiers de saison ; car rappelons-le pour ceux qui ne lisent pas cette rétrospective dans son intégralité, les 9 derniers épisodes de la saison 5 ont tous été réalisés par ces deux hommes à tour de rôle. Non pas que The Girl on the Pinto soit ennuyeux ou mauvais mais guère passionnant non plus, faute en incombant principalement à un scénario assez mal écrit, pas très bien construit et mélodramatique à haute dose. [Supposition] McDougall ne semble tellement pas croire à l’histoire qu’on lui a demandé de filmer qu’il parait se ficher un peu de la tenue de son épisode, me faisant mentir lorsque je disais récemment qu’il était quasiment le seul de tous les réalisateurs de la série à ne pas s’accommoder de transparences et de vilains décors de studios, paradoxalement celui utilisé à foison pour simuler le devant de la maison et de la grange des Harvey étant peut-être celui faisant le plus cheap et factice de toute la série. Certes un détail mais qui confirmerait l’hypothèse du manque de conviction qu’avait Don McDougall pour mettre en scène une intrigue qui lui avait peut-être été imposée et qui ne lui plaisait guère, surtout au vu du point d’honneur qu’il semblait s’être fixé précédemment et à la méticulosité de ses réalisations antérieures.

Arrêtons de conjecturer pour lui trouver des excuses et allons plus avant dans les faits. Mais avant de décrire brièvement ce qui se passe au sein de ce récit, arrêtons-nous sur un sujet déjà abordé mais que The Girl on the Pinto est là aussi pour nous rappeler ; contrairement aux séries actuelles, il faut absolument prendre les épisodes du Virginien indépendamment les uns des autres auquel cas contraire des déceptions pourraient survenir faute au manque de continuité de l'ensemble. En l’occurrence c’est encore plus flagrant, l’épisode finissant sur une romance se mettant sérieusement en place entre Trampas et Amanda tout en sachant très bien que nous ne reverrons plus jamais cette dernière au sein de la série : on me rétorquera qu’il aurait pu s’agir d’une brève histoire d’amour… mais quand même ! Habituellement les scénaristes font en sorte que l’aubade prenne fin d’une manière ou d’une autre ; ici il n’en est rien. Rien de grave ceci dit à partir du moment où l’on s’est mis en tête que chaque épisode pouvait être vu comme une fiction à part. Mais le principal problème de cet épisode est qu'abstraction faite de l'ensemble de la série, il a également du mal à nous proposer une bonne fluidité interne, deux ou trois intrigues allant bien évidemment se rejoindre in fine mais s’imbriquant assez mal au sein d’un récit bancal et moyennement bien construit. Il s’agit principalement de l’histoire d’Amanda, jeune fille rétive qu’il est difficile d’approcher tellement elle se renferme à la moindre allusion qui semble lui déplaire. On apprendra plus tard de la part de ses parents adoptifs qu’elle pense n’être pas normale et avoir hérité de son père – un dangereux bandit – le goût des armes et du sang depuis qu’elle a accidentellement tué un garçon de 10 ans avec un fusil, l’enfant même du couple qui l’avait recueilli alors qu’elle avait à peine trois ans à la mort de sa mère. Et du coup, pensant être sous l'emprise d'une malédiction, elle craint de se mélanger aux autres.

Postulat hautement mélodramatique guère assoupli par le scénario à 4 mains de Seeleg Lester & Theodore Apstein, les deux auteurs ayant beaucoup de mal à nous rendre leur histoire crédible surtout lorsqu’ils lui ajoutent celle d’un transport de lingots d’or par le train ainsi que celle de la préparation d’un gros coup par des bandits dont le chef se révèle n’être pas moins que… le père d’Amanda et dont l’un des complices – personnage totalement bâclé – s’improvise photographe. Trop peu de rigueur et par contre trop de hasards et de coïncidences pour nous faire croire à ce scénario et nous attacher à ses différents protagonistes. Heureusement Don McDougall n’a rien perdu de ses talents de directeur d’acteurs et grâce à cette qualité primordiale l’épisode se suit néanmoins sans trop d’ennui. Il faut dire que les comédiens sont bien choisis et nous croisons ainsi la route de R.G. Armstrong, l’inoubliable Joshua Knudsen, le puritain répressif tenant sous sa coupe stricte et sévère sa fille Elsa interprétée par Mariette Hartley dans le chef d’œuvre de Sam Peckinpah qu’est Coups de feu fans la Sierra (Ride the High Country) et qui joue ici le père adoptif d'Amanda ; dans le rôle du père biologique, Warren Stevens que l’on avait vu dans des films aussi réussis que Bas les masques (Deadline USA) de Richard Brooks, La Comtesse aux pieds nus (The Barefoot Contessa) de Joseph Mankiewicz ou encore Planète interdite (Forbidden Planet) de Fred McLeod Wilcox et qui nous livrait un an plus tôt une prestation mémorable dans la peau d’un tenancier de saloon dans La Parole est au colt (Gunpoint) de Earl Bellamy où il avait pour partenaire Audie Murphy ; Valora Noland qui, dans le rôle très difficile du personnage d’Amanda, ne s’en sort pas trop mal…

Un épisode bavard et un peu lourd par son côté psychologique trop appuyé, un va et vient d'une situation à l’autre sans véritable liant, de multiples pistes qui s’imbriquent sans trop d’harmonie, un ton d’ensemble un peu trop mélodramatique, un scénario moyennement captivant et une esthétique un peu étriquée... mais la qualité de l’interprétation, le mystère autour de la jeune fille entretenu dès le début et durant une bonne demi-heure, le suspense bien construit durant la séquence du bal, un Doug McClure convaincant ainsi que l’efficacité des rares séquences mouvementées (le hold-up de la banque notamment) font que l’épisode se suit malgré ses défauts non sans déplaisir grâce surtout à une touchante romance se développant entre Trampas et Amanda.

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  • 5.28- Lady of the House
  • Réalisation : Abner Biberman
  • Scénario : Leslie Stevens
  • Guests stars : Myrna Loy
  • Première diffusion 05/04/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 3.5/10

Le Pitch : Mrs Miles (Myrna Loy) avait tout perdu à la fin de la Guerre de Sécession, son époux tué au cours des combats ainsi que sa grande demeure brûlée par les troupes de l’Union. Grainger vient de demander à cette veuve d’un de ses meilleurs amis de venir vivre à Shiloh ; non seulement elle sera maitresse de maison mais se chargera également de la bonne éducation de ses petits-enfants. Le Virginien n’apprécie guère ce changement mais l’accepte néanmoins ; quant à Elizabeth et Stacey, ils ont beaucoup de mal à se faire à cette nouvelle arrivante qui prend un peu trop de place à leurs goûts et qui semble vouloir les embourgeoiser…

Mon avis : Le scénario de cet avant dernier épisode de la cinquième saison du Virginien est signé par Leslie Stevens, le réalisateur d’un petit film culte du début des années 60, Propriété privée (Private Property), mais aussi celui qui avait déjà écrit l’histoire d’un précédent épisode de cette même saison, le superbe The Modoc Kid avec Harrison Ford parmi les Guest stars. Malheureusement il n’en va pas de même pour Lady of the House malgré en invitée principale l’une des grandes comédiennes des années 30 et 40, Myrna Loy, surtout connue pour son rôle de Nora Charles aux côtés de William Powell dans la sympathique série de films à succès de la Metro Goldwin Mayer, The Thin Man (l’introuvable) ; elle fut également la mère de la famille très nombreuse de Cheaper by Dozen (Treize à la douzaine) et sa suite, deux comédies très populaires du milieu des années 50. Ceux qui ne jurent que par les westerns peuvent d’ores et déjà passer leur chemin puisque cet épisode ne possède hormis le décor aucun éléments constitutifs du genre d’autant qu'en plus il ne se déroule quasiment qu’à l’intérieur de la maison des Grainger sans aucune séquences mouvementées. Au cours du récit sont abordés rapidement la Guerre de Sécession et ses drames qui ont certes des répercussions sur l’avancée de l'intrigue mais sinon l’on assiste avant tout à un mélodrame familial guère captivant au cours duquel on aura failli perdre les deux petits enfants du patron de Shiloh, sur le point de quitter les lieux faute à cette nouvelle arrivante d'un abord pas très facile.

En effet le vieux John, en mémoire de son meilleur ami tué lors de la Guerre Civile et peut être se croyant un peu coupable de sa mort, a demandé à sa veuve de venir s’installer à Shiloh pour non seulement faire office de maitresse de maison mais également pour s’occuper de l’éducation de Stacey et Elizabeth, leur apprendre les bonnes manières. Il est fait discrètement mention que John fut son amant avant qu’elle n’épouse son mari et que durant la Guerre de Sécession les deux amis étaient dans des camps opposés, ce qui aura de l’importance pour le dénouement de cette histoire de mainmise d’une étrangère sur le foyer Grainger. Mrs Miles semble avoir en tête d’en faire une maison bourgeoise régie par les règles de la bienséance alors que Le Virginien qui lui est très hostile pense seulement qu’elle cherche à se faire épouser de son patron, n’ayant guère apprécié de se voir restreindre les visites dans les lieux où auparavant il pouvait circuler à sa guise, étant désormais relégué à la seule cuisine, car Mrs Miles n’est pas vraiment d’accord pour voir les ‘ouvriers’ se mélanger aux patrons. De plus elle veut transformer Elisabeth en une parfaite ménagère et Stacey en un véritable gentleman sachant bien s’habiller et connaitre les danses de salon, ce qui n’est du goût ni de l’une ni de l’autre. Aux travers quelques détails et comportements étranges, l’on se rend vite compte que la nouvelle arrivante a d’autres plans en tête qui paraissent un peu plus inquiétants, nous rappelant en quelque sorte la Mrs Danvers de Rebecca ; on la trouve devant son miroir en train de parler de quelques préparatifs pas très 'catholiques' ou encore en pleurs dans le couloir en pleine nuit, à priori effrayée par des remontées du passé lorsque les soldats de l’Union avaient mis le feu à sa demeure du Maryland.

Après une heure de séquences qui nous la montre essayer de régenter et transformer la maison Grainger, on comprend qu’elle est presque parvenue à ses fins puisqu’elle est sur le point de se retrouver seule avec John, les deux petits enfants de ce dernier ayant décidé de refuser plus avant son autorité et d’aller trouver leur indépendance ailleurs, à San Francisco pour Stacey, dans une institution de jeunes filles à Boston pour Elisabeth. Mais bien évidemment tout rentrera dans l’ordre et les Grainger resteront réunis. Contrairement à ce que l’on aurait pu croire à la lecture du pitch, la principale qualité de cet épisode provient du fait que le personnage de Myrna Loy est suffisamment intelligemment écrit pour qu’il ne nous fasse pas l'impression d'être tout noir et haïssable, Mrs Miles parvenant toujours à mettre de l’eau dans son vin afin de ne pas paraitre trop despotique, l’interprétation de Myrna Loy aidant grandement à effacer ce manichéisme attendu qui aurait rendu l’épisode encore moins passionnant qu’il ne l’est déjà, l'actrice parvenant même parfois à nous rendre son personnage non dénué de sensibilité. Car hormis la prestation de la comédienne, rien qui ne retiendra vraiment notre attention si ce n’est l’interprétation de James Drury qui est le seul à nous convaincre ici parmi les comédiens récurrents de la série, ses confrontations avec Myrna Loy étant ce que l’on peut trouver de plus satisfaisant dans cet épisode sinon bien étiré et ennuyeux qu’Abner Biberman ne parvient pas vraiment à ranimer, cloitré qu'il est dans ce fade huis-clos.

Pas grand-chose à se mettre sous la dent dans The lady of the House, languissant mélodrame familial et psychanalytique qui non seulement laissera sur la faim les amateurs de westerns mais qui n’en convaincra surement pas beaucoup d’autres hormis peut-être les admirateurs de Myrna Loy, la morale de l’histoire n’étant pas spécialement – une fois n’est pas coutume - des plus progressistes, les ranchers et cowboys estimant qu’ils n’ont pas nécessairement besoin de culture ni d’éducation. On retiendra aussi peut-être les quelques incursions amusantes de L.Q. Jones ici bien sous employé ainsi que la franchise et l’aplomb du Virginien qui ne se démonte jamais face à cette femme dictatoriale… mais c’est bien tout. Espérons que le dernier épisode de la saison réalisé par Don McDougall fera terminer celle-ci sur une note positive si l’on ne veut pas perdre les fans en route ! A signaler que Leslie Stevens, après avoir été celui de la mémorable Au-delà du réel (The Outer Limits), deviendra producteur exécutif de la dernière saison de la série, lorsque celle-ci changera de titre pour prendre celui de The Men from Shiloh.

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  • 5.29- The Strange Quest of Claire Bingham
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : True Boardman & Joseph Hoffman
  • Guests stars : Andrew Prine
  • Première diffusion 12/04/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 4.5/10

Le Pitch : Après le hold-up d’une diligence, l’un des membres du gang, Chuck Larson (Andrew Prine), est arrêté par Ryker et Le Virginien. Peu de temps après arrive en ville Claire Bingham, une infirmière qui pense que le bandit emprisonné n’est autre que son frère, séparé d’elle alors qu’ils étaient tout jeunes et qu’elle recherche depuis. Celui-ci ne valide pas cette histoire mais le jour où il réussit à s’évader, il est gravement blessé et, ayant besoin d’être soigné, il décide néanmoins de profiter de la croyance de Claire pour la faire venir à son chevet ; elle lui apprend alors qu’ils sont tous deux héritiers de leur oncle pour une somme de 10.000 dollars…

Mon avis : Malgré les espoirs grandissants nés avec cinq ou six épisodes consécutifs de grande qualité au début de son dernier tiers, la cinquième saison du Virginien se sera malheureusement terminée comme elle avait débuté, assez médiocrement, ses trois derniers épisodes n’ayant guère été ni très réussis ni forcément captivants. Contrairement aux saisons précédentes, celle-ci se termine au 29ème épisode au lieu des 30 habituels, The Strange Quest of Claire Bingham n’ayant d’ailleurs pas grand-chose d’étrange contrairement à ce que nous laisse envisager son titre ; la recherche d’un frère par sa sœur est une quête tout à fait compréhensible même si les deux personnes n’ont pas eu le temps de se connaitre, séparés très tôt dès l’enfance. Après un prologue rafraichissant où l'on assiste à une séquence du Virginien chez le coiffeur, l’on aura donc très vite compris où allait principalement nous embarquer le récit : souhaitant retrouver son frère depuis de nombreuses années et après de multiples recherches, Claire pense enfin pouvoir mettre un terme à ses investigations et prendre dans ses bras le frère perdu le jour où elle apprend dans un journal de Kansas City qu’un jeune homme a été fait prisonnier dans le Wyoming suite au hold-up d'une diligence par sa bande ; j’avoue que le détail qui fait croire ça à la jeune femme m’échappe, l’ayant déjà oublié une semaine après le visionnage de l'épisode tellement l’intrigue ne m’a guère passionnée.

Joseph Hoffman fut déjà scénariste du médiocre Dead-Eye Dick, l’épisode un peu bêta réalisé par Ida Lupino, celui dans lequel une New-yorkaise se faisant tout un monde romantique de la vie au Far-West s'amourache du Virginien le jour où il 'la sauve' de la ruade d'un cheval, se collant ensuite à son 'héros' comme ce n'est pas permis. Son histoire un peu plus sérieuse pour The Strange Quest of Claire Bingham adaptée par True Boardman a également du mal à nous tenir en haleine. Il faut dire que – une fois n’est pas coutume – Don McDougall ne parvient pas vraiment à nous rendre les protagonistes de ce récit intéressants faute en incombant principalement au manque de talent dramatique des deux principaux comédiens, que ce soit Andrew Prine – fade déjà à deux reprises au cours de la série, un peu plus probant dans l’épisode The Brothers – et plus encore l’interprète du rôle-titre, Sandra Smith. Ceci étant, que ce soit la quête de Claire Bingham ou encore la romance qu’elle entame avec Ryker, toutes deux s’avèrent peu convaincantes, même l'excellent Clu Gulager ne parvenant pas à nous faire raccrocher à l'ensemble, ayant l’impression ici qu’il ne croit plus trop à son rôle. C’est d’autant plus dommage que la réalisation de McDougall nous fait oublier son précédent faux pas sur The Girl on the Pinto, la mise en scène s’avérant en l'occurrence assez léchée avec notamment une très grande attention apportée aux éclairages, les séquences nocturnes en studio étant plus sombres et réalistes que dans la plupart des précédents épisodes.

Même si plus que moyen, un épisode pas foncièrement mauvais pour autant : l’on retiendra donc également quelques bonnes séquences mouvementées comme la course poursuite se terminant par l’arrestation du hors-la-loi, l’évasion de prison de ce dernier, Ryker se faisant mettre KO par les complices de ce dernier, ou enfin le final qui ne manque pas de suspense : alors qu'ils se séparent pour quelques jours en laissant le blessé se reposer de ses blessures, l’un des membres de la bande ayant compris que Chuck allait leur faire faux bond et ne pas les rejoindre, il revient discrètement sur ses pas en espérant s’approprier les 5000 dollars d'héritage que le faux frère allait réussir à empocher de la main même de la femme à qui il a fait croire qu’elle était réellement sa sœur : vous suivez toujours ?! Sandra Smith – que l’on a pu voir dans moult séries TV de l’époque, de Mannix à L’homme de fer en passant par Hawaii Police d’état, Columbo, Bonanza, Star Trek ou Les Mystères de l’Ouest - et Andrew Prine auraient été remplacés par des comédiens chevronnés, l’épisode aurait vraiment très bien pu aboutir à un résultat satisfaisant d’autant que l’attirance de Ryker pour Claire semblait elle aussi avoir du potentiel. Malheureusement les acteurs qu’a dû diriger Don McDougall manquaient trop de charisme et de charme pour arriver à nous envoûter.

De cette saison 5 moins satisfaisante que les quatre précédentes, faute en incombant en premier lieu à l’arrivée des Grainger, les nouveaux propriétaires de Shiloh, et surtout aux comédiens qui les incarnent (Charles Bickford, Sara Lane et Don Quine qui se sont néanmoins révélés bien meilleurs sur la fin), nous retiendrons cependant quelques grands épisodes comme An Echo of Thunder avec John Anderson, High Stakes avec Jack "McGarrett" Lord, The Girl on the Glass Mountain avec Tom Tryon, The Modoc Kid avec John Saxon et le jeune Harrison Ford, le stressant et kafkaïen Nightmare at Fort Killman ou encore le très beau Bitter Harvest avec John Lupton. Sur 29 épisodes ça ne fait pas beaucoup mais c’est toujours ça à prendre d’autant que ces six là sont dans l’ensemble assez remarquables. Croisons cependant les doigts pour que la saison 6 remonte le niveau d’un cran, car avoir à visionner au moins plus de la moitié d’épisodes médiocres sur une seule saison auraient très bien pu en lasser plus d’un !

A suivre...

Lien vers le test du coffret DVD saison 5 vol.1

Lien vers le test du coffret DVD saison 5 vol.2

Lien vers le test du coffret DVD saison 5 vol.3

Par Erick Maurel - le 27 avril 2019