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Interviews

Cela fait déjà dix ans que nous avons eu le plaisir de revoir La Mort aux trousses sur grand écran en copie neuve. Dix ans donc durant lesquels Carlotta a ressorti en salles grands classiques et raretés restaurées, mais aussi plus de six ans que la structure s’est aussi imposée comme un incontournable de l’édition de films naphtalinés en DVD. C’était donc l’occasion de dresser avec eux un bilan des années passées, et surtout d’évoquer l’avenir. Nous avons donc rencontré Fabien Braule, chef de projet chez Carlotta ; diplômé de Paris VII – une maîtrise sur Alfonso Cuarón et le réalisme magique – il a été orienté vers le cinéma classique, essentiellement hollywoodien, par des intervenants tels que Pierre Berthomieu ou Marc Cerisuelo.

Franck Suzanne : Carlotta a dix ans, la structure a dû pas mal évoluer ?

Fabien Braule : En effet, puisque Vincent Paul-Boncour a commencé seul : aujourd’hui nous sommes neuf au sein de Carlotta Films. Ça signifie que ça prend, et c’est rassurant ; en travaillant régulièrement, en proposant des évènements, on arrive à intéresser les gens. Je ne pense pas que Vincent imaginait en arriver là il y a dix ans.

FS : Quel bilan peut-on tirer de ces dix années du côté des reprises en salles ?

C’est notre première activité. En dix ans, le catalogue a eu le temps de s’étoffer. En moyenne, nous ressortons une bonne dizaine de films par an, sans s’enfermer dans une logique ‘sortie salle = sortie DVD'. Si on peut également obtenir les droits télé et DVD d’un film, c’est parfait, mais ce n’est pas notre priorité. Pour vous donner un exemple récent : Frankenstein, La Fiancée de Frankenstein et L’Homme invisible ressortis cet été sont des films de studio, disponibles depuis longtemps en DVD et la plupart du temps à bas prix. Mais ça ne nous empêche pas de les ressortir en salles. En revanche, c’est possible sur des films qui ne sont pas encore édités, comme ce fut le cas sur Assurance sur la mort ou plus récemment sur Qui donc a vu ma belle ? et No Room for the Groom.

FS : Une reprise Carlotta attire combien de spectateurs en moyenne ?

C’est très variable. En moyenne, on table sur un minimum de 8000 entrées France, mais ça peut monter plus haut comme avec Mariage à l’italienne, l’un de nos jolis succès de cet été avec déjà près de 15 000 entrées en 6 semaines.

FS : Et le bilan côté DVD ?

Très bon ! (rires) Nous sortons des DVD depuis six ans, et le nombre de sorties augmente chaque année. Là encore, des joies et des déceptions, c’est presque impossible à prévoir. Un de nos plus gros succès à ce jour reste Salò ou les 120 journées de Sodome. Plus récemment, Verdun, Visions d’histoire, Berlin Alexanderplatz ou le Coffret mélodrames de Douglas Sirk ont aussi très bien marché. A l’opposé, les scores de L’Argent sont très décevants à ce jour, surtout par rapport au travail fourni. On avait à mon avis fait le maximum sur ce titre que ce soit en terme de contenu éditorial, d’habillage graphique ou de packaging. Personnellement, je trouve qu’il s’agit d’une de nos plus belles sorties. J’en suis vraiment fier.

FS : Cela remet-il en cause d’éventuelles sorties de muets français ?

Non. Si celui-là ne marche pas suffisamment bien, ça ne veut pas dire qu’un autre ne fonctionnera pas, même si nous n’avons pas de titre en projet pour le moment. Il y a tellement de facteurs qui interviennent, chaque sortie est tellement spécifique qu’on ne s’arrête pas à ça. Sinon, il suffirait d’un flop pour arrêter de sortir du cinéma américain ou italien par exemple.

FS : Quelles sont les grandes tendances de sorties DVD jusqu’en 2009 ?

Pour l’instant, nous continuons notre travail sur Douglas Sirk et ses grands mélodrames, avec la sortie d’un coffret 8 DVD que l’on souhaite d’un niveau équivalent, voire meilleur que le précédent. Il comprendra All I Desire, Demain est un autre jour, La Ronde de l’aube et Les Amants de Salzbourg, et sortira le 3 novembre. Nous avons trouvé des perles pour les suppléments, dont un entretien entièrement inédit datant du début des années 80 appartenant à Dominique Rabourdin et Pascal Thomas et diffusé dans l'émission Cinéma Cinémas dans une version d’un quart d’heure. On a retrouvé de nombreux rushes, contenant des parties très touchantes, où l’on voit par exemple Sirk présenter Le Temps d’aimer et le temps de mourir à la Cinémathèque. On vient aussi de recevoir des entretiens pour la télévision allemande avec Dorothy Malone, Rock Hudson, Robert Stack et Douglas Sirk évoquant les tournages de Écrit sur du vent et La Ronde de l’aube. Mais il y aura beaucoup d’autres choses dont la suite des entretiens entre Jean-Loup Bourget et Pierre Berthomieu et la première version de Interlude par John M. Stahl !

Jean-Marc Oudry : Pensez-vous qu’il y a matière à d’autres sorties autour de Sirk ?

Oui. Nous avons un moment songé à reprendre Écrit sur du vent, déjà sorti chez Universal. Mais on s’est dit qu’il serait plus intéressant de travailler sur des titres inédits. En tout cas, Sirk chez Carlotta, ce n’est pas fini : comme Pasolini et Fassbinder, il fait partie des réalisateurs que l’on aime suivre et qui nous passionnent d’années en années.

FS : Justement, quels sont vos projets pour ces deux derniers ?

Pour Fassbinder, je ne sais pas encore, mais il y a encore des perles à faire découvrir. En revanche, Pasolini aura les honneurs de la haute définition, puisqu’en 2009 nous sortirons Salò ou les 120 journées de Sodome en Blu-ray.

JMO : Vous savez que Bfi le sort en septembre ?

Oui, on sait (sourire). Mais nous sortirons en même temps La Trilogie de la vie, toujours en Blu-ray. En DVD, nous préparons quelque chose d’exceptionnel autour de la thématique Pasolini documentariste.

JMO : Porcherie est-il sortable ?

On aimerait beaucoup, mais c’est très compliqué, les problèmes de droits sont nombreux.

FS : D’autres titres annoncés ?

Oui, dans un premier temps, deux inédits de John Huston sortiront le 8 octobre. Au-dessous du volcan et Le Malin. Au-dessous du volcan sera une édition double DVD qui comprendra le documentaire de Gary Conklin déjà présent sur l'édition Criterion. Ces deux éditions seront riches en bonus : entretien de John Huston avec Michel Ciment - vidéo et audio -, intervention de Christian Viviani, analyse par Serge Chauvin, introduction par Patrick Brion… Le tout avec des masters haute définition. Nous sommes très content de pouvoir faire redécouvrir Le Malin, un film très étonnant dans la carrière de Huston, doté d’un humour particulier. Les deux films seront aussi réunis dans un coffret 3 DVD.

Sa Majesté des Mouches, que nous avions ressorti en salles l’année dernière pour lequel nous aurons un entretien avec Peter Brook ; il y aura une énorme section DVD-ROM très pédagogique à l’attention des professeurs, riche en analyses. A part ça, Les Onze Fioretti de François d’Assise, tiré d’un master haute définition avec la présence du prologue américain et un passionnant entretien avec Alain Bergala. Les Aventures du Prince Ahmed, autre joli succès salles, décliné sous la forme d’un superbe digipack avec pop-up et d’un coffret prestige 2 DVD avec des goodies autour du film. Là encore, notre approche éditoriale souligne le souhait de faire redécouvrir Lotte Reiniger. On y trouvera beaucoup de ses courts-métrages (pour la plupart inédits) ainsi que des documentaires sur l’art des silhouettes en papier. Sortira à la même date (le 19 novembre) L’Esprit de la ruche, il devrait comprendre un documentaire sur le cinéma espagnol et un entretien avec Victor Erice, mais ce projet est en cours de production, donc tout est encore possible sur le contenu éditorial. Enfin en décembre, nous sortirons Richard III de Laurence Olivier, toujours à partir d’un élément HD. Mais il est encore trop tôt pour donner plus de détails.

JMO : Vous sortez vos premiers titres en blu-ray le 8 octobre ?

Oui, mais deux au lieu de trois. Pour le moment, Assurance sur la mort est en stand-by, essentiellement pour des raisons matérielles : le master HD a été détruit lors de l’incendie des studios Universal. Mais ce n’est qu’un report. On l’a annoncé, on veut le faire, il sortira dès que possible.

FS : Qu’est-ce qui a justifié vos choix ?

Ce sont deux beaux succès en DVD. Pour Le Casanova de Fellini, c’est aussi l’occasion de proposer le film en 16/9 – le master du DVD était seulement 4/3. C’est un film assez difficile à restituer en vidéo, sa lumière est diffuse, mais honnêtement, on ne l’a jamais vu comme ça. Sur One + One, on a vraiment voulu se faire plaisir et faire plaisir aux nombreux fans des Stones. C’est aussi une manière d’exploiter les possibilités du support avec par exemple la fonction seamless branching permettant de voir les deux versions du film. Ça fonctionne encore mieux qu’en DVD. Sur Casanova, on a fait un Picture-in-Picture. C’est complexe à concevoir, surtout qu’il s’agit d’une première en France, mais ça fonctionne. Le Blu-ray nous permet d’oublier très vite les limites imposées par le DVD.

Pour One + One, nous sommes partis du master haute définition restauré par le Bfi et déjà utilisé sur notre édition DVD. Pour Casanova, c’est un master HD tiré en Italie par Technicolor et entièrement restauré en France par Vdm. Côté technique, pas de soucis, c’est du 1080p à 24 images/seconde. Après quelques tests, on a opté pour l’AVC aux dépends du VC1, le contraste nous a semblé meilleur, les noirs moins enterrés. Mais c’est aussi une question de perception, je ne pense pas que l’un soit meilleur que l’autre. Pour le son, ce sera du PCM non compressé, et ce sera le cas pour toutes les pistes mono ou stéréo de nos futurs Blu-ray. Si on sort un jour un film en 5.1 sur ce support, on optera sans doute pour le DTS HD Master Audio – le grand public n’est pas encore suffisamment équipé en HDMI 1.3 pour pouvoir accéder au PCM 5.1. Et le résultat est équivalent.


FS : Sortir des Blu-ray, c’est aussi un défi financier ?

Clairement. On avait envie de se lancer, et les 10 ans de Carlotta Films sont l’occasion idéale. Nous allons faire en sorte que la presse non spécialisée s’intéresse vraiment au support et comprenne qu’il s’agit là d’une révolution technologique. Pour l’instant, peu d’articles y sont consacrés. C’est compliqué : les généralistes n’ont pas toujours le temps, ne sont pas forcément équipés, ça rappelle les premiers temps du DVD. C’est aussi pour cette raison que nous avons dans nos locaux une salle de projection équipée en vidéoprojection Full HD. Notre objectif est de faire comprendre que le cinéma de patrimoine en Blu-ray c’est possible, et que c’est aussi de la haute définition – tout le monde ne semble pas encore convaincu.

JMO : De nombreux titres sont annoncés par les éditeurs français dans les trois mois qui viennent, pensez-vous qu’ils sont trop confiants ?

Je pense qu’en règle générale ils veulent développer ce support, et à mon sens la fin d’année sera décisive. C’est donc un risque économique pour tous les éditeurs, surtout les indépendants, mais ce risque est inévitable si l’on souhaite que le support explose. C’est un pari. On prend des risques, mais après tout c’est un peu le cas de chaque sortie. Et quand on voit les choix de sortie audacieux de certains éditeurs étrangers comme le Bfi ou Criterion prochainement, on se dit que nous ne sommes pas seuls. C’est très encourageant.

JMO : Vos Blu-ray seront-ils zonés ?

Oui. C’est contractuel.

JMO : Les sous-titres seront-ils imposés ?

C’est aussi une clause contractuelle, ça se fera au cas par cas.

JMO : Quel est votre prestataire ?

DVDPartners, avec qui nous produisons la plupart de de nos DVD se lance à nos côtés dans le pré-mastering Blu-ray. C’est aussi pour eux un sacré challenge. Arveto Digital Service, plus connus sous le nom de Sonopress se charge du pressage. Nos Blu-ray seront exclusivement des double couches, et les 50 gigas seront pratiquement remplis – Casanova doit faire 47 ou 48 gigas. La demande commence à être élevée – il faut compter trois semaines de délai pour recevoir un Blu-ray test, alors que pour un DVD ça prend trois jours. Mais c’est le lot des technologies pionnières.

FS : Et au niveau du packaging, ce seront des boitiers traditionnels ?

Ah non ! Nous allons faire du mediabook, comme certaines éditions Warner aux États-Unis, à cette différence que pour nous le livret sera collé sur le plateau de gauche. Pour Casanova, nous sommes entrés en contact avec la Fondation Fellini de Sion en Suisse qui dispose d’une collection hallucinante de costumes, de photos de plateaux etc, et nous avons sélectionné plus d’une vingtaine de dessins préparatoires dessinés par Fellini. Ils sont superbes ! Sur One + One, comme le film a connu plusieurs sorties, nous sommes partis sur l’idée d’un parcours critique, et nous n’avons pas choisi que de bons articles.

JMO : Ce sera un format 1.37 : 1 respecté ?

Oui, pas de cropping. Il sera donc plein cadre – avec cette particularité que les cartons sont en 1.66 : 1. Ce devait être un choix de Godard pour la projection du film en salles. L’éternelle question du format qui diffère entre celui du tournage et celui de la projection.

FS : Attendez-vous les premiers résultats des ventes de Blu-ray pour envisager la suite ?

Ce qui est sûr, c’est la future sortie de Salò et La Trilogie de la vie en 2009 – la date précise reste à déterminer. Et bien sûr Assurance sur la mort, dès que ce sera possible. Evidemment, si les résultats sont très mauvais, on réfléchira, mais on n’en est pas encore là. Et comme on l’a dit précédemment, c’est un pari, donc on y croit !

JMO : Ne serait-il pas plus facile de sortir des titres Universal et Fox, étant donné qu’on ne sait toujours pas quand Universal va s’attaquer à son fond de catalogue ? Ne seraient-ils pas plus enclins à vous céder les droits Blu-ray ?

Le Blu-ray est encore aujourd’hui une option comprise dans les droits DVD. De nombreuses questions entrent en jeu : tout n’a pas encore été tiré en HD, des titres du catalogue sont encore en BetaNum (SD). Par exemple, quand on a sorti Les Tueurs, on ne disposait que d’un master SD, le master HD n’existe pas à ce jour.

JMO : Avez-vous une idée des titres de votre catalogue dont des masters HD sont disponibles ?

C’est difficile à estimer, c’est très variable d’un ayant-droit à l’autre.

JMO : Si vous aviez sorti Assurance sur la mort, le téléfilm aurait-il été en HD ?

Non, il n’est pas disponible, on l’aurait donc upscalé, comme pour les autres bonus. Evidemment, ne rêvons pas, ce n’est pas de la HD, mais le confort de visionnage est accru, ne serait-ce qu’au niveau des sous-titres et de la qualité de l’encodage. C’est là qu’on voit la différence entre l’AVC et le MPEG 2 ! Mais c’est à réserver aux bonus, il ne faudrait pas que certains éditeurs tombent dans le piège d’upscaler leurs films SD en HD, ça pourrait vraiment tuer le support…





FS : Pour parler d’un autre support, ou plutôt non-support, comment vous positionnez-vous par rapport à la VOD ? Les éditeurs communiquent assez peu sur leurs chiffres en VOD, en off on arrive à savoir qu’en général ils ne sautent pas de joie. Même TF1 qui s’est bien positionné sur ce terrain annonce 20 titres en Blu-ray d’ici la fin 2008.

On a fait une tentative l’année dernière sur Cria Cuervos et malheureusement, malgré la mise en avant, les résultats n’étaient pas du tout au rendez-vous. La VOD peut être complémentaire mais le support physique reste un incontournable d’autant plus que nous parlons de cinéma de patrimoine, où l’esprit de collection, d’attachement à l’objet reste très important. Je sais que je prêche des convaincus, mais je ne sais pas s’il en est de même pour l’ensemble du public. Je ne crois pas que les trentenaires soient vraiment attirés par la dématérialisation, mais pour les moins de vingt ans, c’est peut-être une autre histoire.

FS : C’est vrai qu’ils ont toujours connu ça, mais pour caricaturer, ils n’ont pas forcément été habitués non plus à payer.

C’est vrai aussi. Mais ça viendra, il ne faut pas rêver. Reste qu’un digipack, une belle sérigraphie, c’est beau et ça fait envie. Et c’est pourquoi nous avons tous intérêt à ce que le Blu-ray décolle.

JMO : Le dernier rapport du CNC annonce le hors-film en difficultés, et les éditions de films en progression, à l’inverse des tendances récentes. A ce propos, recevez-vous des aides du CNC pour le Blu-ray ?

Pour le moment, on l’ignore encore. Nous attendons les prochaines commissions.

FS : Parlons des films libres de droit : vous avez sorti La Rue Rouge de Fritz Lang alors que de nombreuses éditions, en général calamiteuses, existaient déjà. Comment marche la votre ?

Très correctement pour un titre sorti au moins 3 ou 4 fois en 10 ans !

FS : Cela vous encourage-t-il à poursuivre dans l’édition de films libres de droits ?

Je ne sais pas, c’est vraiment au cas par cas ; c’est intéressant si on peut proposer quelque chose de vraiment mieux techniquement. Mais bien souvent, Films libres de droits ne riment pas avec Haute Définition…

FS : Vous craignez la future édition de Wild Side ?

Non, c’est la règle du jeu concernant les titres libres de droit. Je suis sûr qu’ils feront quelque chose de bien. Wild Side est un éditeur sérieux, et leur investissement sur le cinéma de patrimoine est souvent de grande qualité. On verra s’ils parviennent à retrouver la mythique scène coupée. Tout ce que l’on a pu dénicher de notre côté, c’est la bande-annonce d’époque, dont le dernier plan est justement tiré de cette fameuse scène, considérée comme disparue. Mais après tout, voyez Metropolis : on pense que tout est perdu, et pourtant des éléments ressurgissent.

FS : Autant La Rue Rouge est réussi, autant Les Bourreaux meurent aussi souffre de problèmes techniques.

C’est vrai que le master est en dessous des standards actuels, pourtant nous sommes partis du meilleur matériel existant actuellement, c'est-à-dire le master de Kino. Effectivement, c’est nettement moins bon que ce qu’on a l’habitude de sortir, maintenant il ne faut pas oublier que ce n’est pas un film de studio, que c’est un titre de Fritz Lang quelque peu oublié et qu’il n’a jamais été restauré au fil du temps. Nous l’avons sorti de la meilleure façon possible, on a même effectué une restauration sur le matériel de Kino. Maintenant, il faut se poser la question : se prive-t-on de le sortir parce le résultat est moins reluisant ? Je crois qu’il faut accepter que la qualité puisse être inférieure sur certains films, même si on en a perdu l’habitude. C’est une question importante, et la réponse n’est pas simple. On peut se faire taper sur les doigts, mais il nous semble plus judicieux de sortir le film, même si la qualité n’est pas optimale, plutôt que ne rien faire.

FS : Si de meilleurs éléments ressurgissent, une réédition est-elle envisageable ?

Dans l’immédiat, j’ai envie de vous dire non, mais d’ici quelques années pourquoi pas.

FS : Quelles sont les sorties prévues du côté du cinéma italien ?

Parmi les certitudes : Mariage à l’italienne en 2009, ainsi que Casanova 70, plus d’autres titres qui restent à préciser, le planning n’est pas encore fixé.

FS : Le rythme de sorties de Films Noirs s’est ralenti, est-ce un changement de ligne éditoriale ?

Disons qu’on ne souhaite pas s’enfermer dans un genre particulier, mais ce n’est pas un choix conscient, ça reviendra sans doute – il y a quand même eu La Rue Rouge cette année.

FS : D’un autre côté, on a constaté un plus grand nombre de sorties en cinéma japonais, prenez-vous le relais de Wild Side qui abandonne ce secteur ?

C’est un hasard, mais on a commencé et on va continuer, en particulier sur ce que l’on appelle la Nouvelle Vague Japonaise. On a sorti deux coffrets Yoshida, deux sont encore à venir – des films plus expérimentaux, très formels et fascinants. J’ignorais tout de ce cinéaste, ça a été une révélation. On va également sortir d’autres films d’Oshima, et commencer une rétrospective dédiée à Kon Ichikawa, avec notamment La Harpe de Birmanie.







FS : Vous continuez également le Bollywood ?

Déjà, pas de Sholay en Blu-ray – je doute que le matériel existe. Sinon, en décembre, Bodega Films - la seconde société de distribution et d'édition DVD dirigée par Vincent-Paul Boncour - sortira Jodhaa Akbar, le gros succès bollywood de l’année mis en scène par Ashutosh Gowariker, le réalisateur de Lagaan et de Swades. Ce sera une sortie évènement puisque le film paraîtra en DVD, Blu-ray et en tournée cinéma.

JMO : Vous avez sorti The Browning Version et Pygmalion, vous annoncez Richard III, allez-vous plus vous intéresser au cinéma anglais ?

C’est une opportunité que l’on a eu envie de saisir, même si les films étaient dans le cas des deux premiers peu connus.

FS : Pour finir, parlons un peu du coffret anniversaire.

Ce sera un très bel objet regroupant dix succès emblématiques, limité à 2000 exemplaires, accompagné d’un livre rétrospectif sur Carlotta, et qui comprendra des incontournables tels que L’Aurore, Salò, Assurance sur la mort, Voyage à Tokyo, Voyage à deux… un panel des différents cinémas que nous aimons. Viendront s’ajouter au coffret une opération spéciale sur 20 DVD Collector disponibles pour une durée limitée à 14.99€ ainsi qu’une rétrospective d’un mois au cinéma Le Champo, avec une programmation dédiée entièrement à Carlotta Films. Enfin, nous terminerons notre 10è anniversaire avec la ressortie en salles et en copies neuves d’un des très nombreux chefs-d’œuvre d’Hitchcock : Fenêtre sur cour. Après notre première reprise en salles, La Mort aux trousses il y a dix ans, la boucle est bouclée !

Par Franck Suzanne et Jean-Marc Oudry - le 28 août 2008