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Critique de film
Le film
Affiche du film

La Femme nue

L'histoire

Nous sommes à Montparnasse en 1932. Lolette est modèle d’un vieux peintre. Bientôt elle s’éprend d’un jeune artiste et abandonne son ancien mentor.

Analyse et critique

Jean-Paul Paulin est un réalisateur peu diffusé, et donc quelque peu oublié. Les quelques notules biographiques qui lui sont consacrées évoquent un penchant pour les œuvres colonialistes et militaristes (Trois de Saint-Cyr, L’Esclave blanc) et mettent systématiquement en exergue la déclaration de Pétain présentant La Nuit merveilleuse comme son film préféré. Ses films, peu vus, offrent une vision parcellaire de l'oeuvre globale et de leur auteur, et poussent le critique à se concentrer sur ces quelques données un peu croustillantes. La Femme nue, son premier film, mérite toute notre attention. D'abord pour découvrir un peu qui est Jean-Paul Paulin, ensuite pour la présence au générique de deux personnalités incontournables du cinéma français d’avant-guerre. Tout d’abord Léonce-Henri Burel, futur chef opérateur de Bresson (Le Journal d'un curé de campagne, Pickpocket, Un condamné à mort s'est échappé, Le Procès de Jeanne d’Arc), Decoin, Duvivier ou encore Mocky, qui a déjà tourné avec Jacques Feyder (Crainquebille, Visages d'enfants) et Abel Gance (seize films dont Napoléon). Ensuite Lazare Meerson qui s’est illustré par les magnifiques décors des films de René Clair (A nous la liberté, Le Million, Sous les toits de Paris, salué à l’époque comme le plus beau film du monde) ou encore par ceux de L’Inhumaine de Marcel L’Herbier ou de La Kermesse héroïque de Feyder. Il est alors reconnu comme le plus talentueux décorateur français. Tous deux offrent au film de Paulin une approche inédite du Montparnasse artistique des années 30, Burel utilisant à merveille les prises de vue en décors naturels, Meerson jouant pour les décors sur deux mouvements qu’il marie avec grâce. Il joue tour à tour sur le réalisme et sur l’élégance raffinée des intérieurs. Il peint un univers par petites touches, construit une ambiance à partir de détails du quotidien, puis, soudainement, on retrouve la surenchère et les influences Art Déco de L’Inhumaine ou encore de Gribiche de Feyder. La séquence du bal des Quat’Zarts est à ce titre une franche réussite, scène échevelée qui reconstitue le scandale que pouvait être cette Cléopâtre nue portée par quatre mâles huilés.

La Femme nue est également intéressant pour sa figure féminine, incarnée par Florelle, actrice alors très présente dans le cinéma français, croisée chez Pabst (L’Atlantide), Siodmak (Tumultes), ou encore Lang (Lilliom). Si Lolette de prime abord se situe dans la lignée des femmes arrivistes et instables, de ces garces qui peuplent alors le cinéma français et utilisent sans vergogne Michel Simon, Bernard Blier et consorts, le personnage se révèle plus complexe et attachant, tour à tour souffrant de ne pas trouver sa place dans la société bourgeoise, et faisant souffrir les autres car aspirant tout simplement à la liberté.

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Les Documents cinématographiques éditent deux autres oeuvres de Paulin : Le Chemin de l'honneur et L'Esclave blanc, occasion de découvir plus avant ce cinéaste méconnu et de dépasser les à priori en exergue de ce texte.

L'éditeur a également conacré un dossier à La Femme nue :
http://www.lesdocs.com/fiches/dossier%20de%20 presse/femmenue.dossier%20de%20presse.htm

Par Olivier Bitoun - le 25 septembre 2006