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Critique de film
Le film

Billy le menteur

(Billy Liar)

L'histoire

Au début des années 60, Billy Fischer, jeune homme vivant toujours chez ses parents, traîne sa morne existence en travaillant comme assistant. Il ne rêve que d’une chose : partir à Londres afin de réaliser son rêve, devenir script pour un grand comique.

Analyse et critique

A l’instar de la Nouvelle Vague Française, celle du cinéma Britannique bat son plein en ce début des années 60, grâce à des cinéastes tels que Tony Richardson, Karel Reisz et bien sur John Schlesinger. Le film de ce dernier s’inscrit donc aisément dans ce mouvement autant par son sujet que par le choix des comédiens.
Néanmoins, lorsque le film est sorti, quelque chose a changé et vient en quelque sorte annoncer la fin de la Nouvelle Vague Anglaise. Le monde du cinéma et la société ont évolué et Billy Liar annonce très clairement la couleur : il s’agit d’une œuvre clairement ancrée dans son époque et représentative de l’état d’esprit qui régnait au début des années 60.

Quatre années avant la sortie du long-métrage en 1963, Keith Waterhouse publie son roman éponyme. Le livre, lui aussi, est typique de son époque dans son postulat initial : représenter la jeunesse de l’Angleterre. L’idée d’adapter le roman pour en faire une pièce vient rapidement, l’auteur faisant appel à Willis Hall pour l’adaptation (co-auteur qui participera également au scénario du film). Le succès de la pièce aidant, le projet cinéma se monte d’autant plus facilement que les droits ont été achetés par un producteur Italien du nom de Joseph Janni.

Billy Fischer est inconsciemment un idéaliste. Le personnage, savant mélange de naïveté et d’anti-conformisme, témoigne d’un tempérament unique visant à se détacher le plus possible de "la masse" que constitue la jeunesse anglaise de l’époque, dont le but plus ou moins avoué était de coller à "l’américan way of life" ! Une belle scène à la fin du film témoigne de ce doux rêve (une fois n’est pas coutume, américain) : Billy et Liz parlent de leurs fantasmes (non sexuels) et idéaux respectifs, chacun d’eux évoquant un pays imaginaire répondant à toutes leurs attentes. Son désir de quitter le foyer familial pour gagner la capitale l’amène à quitter son poste d’assistant et à courtiser le célèbre comique Danny Boon (toute coïncidence avec un comique serait purement fortuite). Comme tous les idéalistes, Billy perdra ses illusions, tel un héros Spielbergien.

Ce côté le plus sombre du film ne doit en rien faire oublier que Billy Liar est avant tout un film souvent drôle avec de forts relents de comédie. Cet aspect plus léger vient en fait à point pour contrecarrer l’aspect social noir du film. Car si l’idée de rébellion est souvent émise (le terme est employé à plusieurs reprises), un ton doux-amère vient rendre le film à la fois plus juste dans sa peinture sociale, mais aussi plus tendre (avec ses personnages) et attachant. A ce sujet, une scène à la fin du film qui a priori devrait être un moment tragique, devient tout d’un coup presque anodine, étonnamment peu émouvante ; comme si Schlesinger tenait à nous émouvoir sur ce qui est d’apparence amusant et inversement, la face la plus désespérée et triste du long-métrage apparaissant dans les moments où le spectateur est le plus plongé dans une ambiance des plus optimistes voire des plus gaies.

Toute la mise en scène semble reposer sur cet adage qui vise à surprendre à tout instant le spectateur. Schlesinger qui semble avoir sans cesse à l’esprit qu’il est train d’adapter une pièce de théâtre pour le cinéma, tente de bien utiliser toutes les possibilités offertes par ce dernier et se montre de ce côté très inspiré : rythme particulièrement soutenu, mise en scène littérale des rêves du personnage principal, construction scénaristique anti-théâtrale.

Toutes ses qualités permettent à la fois à Billy Liar d’être un film social au sens le plus noble du terme (autrement dit à cent lieux du cinéma anglais dit "social" actuel) autant qu’une comédie, au ton certes nostalgique et décalé, mais très efficace. Une conjugaison des plus réussie.

Dans les salles

Distributeur : TAMASA DISTRIBUTION

Date de sortie : 26 septembre 2012

Le Dossier de presse du film

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Leoplod Saroyan - le 9 février 2003