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Critique de film
Le film
Affiche du film

Koko, le gorille qui parle


L'histoire

Née en captivité au zoo de San Francisco, Koko a appris la langue des signes et communique avec une chercheuse qui l’éduque à la façon d’un enfant humain. Une curieuse relation naît alors.

Analyse et critique

Quatre ans après Général Amin Dada, retour au documentaire pour Barbet Schroeder avec un sujet radicalement différent, quoiqu’il s’agisse là encore de comportement humain : sa caméra suit en effet l’expérience de la chercheuse Penny Patterson, qui travaille sur une femelle gorille prêtée par le zoo de San Francisco à laquelle elle enseigne le langage des signes.

Il s’agissait à l’origine du travail de recherche pour un film de fiction produit par Saul Zaentz, qui ne se fera jamais en partie pour des raisons financières. Etrange expérience dans la mesure où l’on comprend petit à petit que l’étude de l’apprentissage de la langue et du comportement n’est qu’un aspect de la scientifique de Stanford. Son but, même s’il est sans doute inconscient, est d’humaniser Koko, dont on nous dit à plusieurs reprises qu’elle a le niveau d’un enfant humain attardé d’une dizaine d’années. Dès lors, que voit-on à l’écran ? La rencontre et le dialogue entre deux espèces. En définitive, non. Koko est née en captivité, et n’a que peu connu sa famille et l’environnement des gorilles. Elle n’a donc pas leur comportement, elle ne connaît pas leur règles, et un retour à la nature semble impossible : comme le souligne Frédéric Joulian, on nous présente en réalité un hybride, une chimère, le résultat improbable d’un animal, manifestement d’une grande intelligence, élevé par des humains. Il n’est pas trop fort de dire que Penny Patterson se conduit comme sa mère adoptive. Et le comportement de Koko n’a parfois plus rien d’animal : comment ne pas se poser de questions lorsqu’on la voit apprendre à se maquiller ?

De plus, Schroeder montre qu’elle a conscience de la caméra qu’elle allume parfois elle-même, et que son comportement est modifié par sa présence. Dès lors, les arguments du directeur du zoo de San Francisco sont compréhensibles : outre que Koko, prêtée à l’Université, est leur propriété légale, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un animal, qui doit avoir le droit de vivre comme tel. Car la question de ses droits est clairement posée : à partir du moment où elle manifeste une personnalité consciente d’elle-même, pourquoi lui nier des droits humains élémentaires ? Au final, un film étrange, hybride autant que Koko, qui dépasse le documentaire scientifico-animalier, et nous en dit surtout beaucoup sur notre rapport biaisé à la nature et notre tendance à l’anthropomorphisme.

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Franck Suzanne - le 16 octobre 2006